La nomination de Michel Barnier au poste de 1er ministre est exactement un non-évènement. En effet, ce petit magouilleur épouse n’importe quel pouvoir. Il a été le négociateur qui se faisait fort de faire revenir la Royaume Uni dans l’Union européenne. Il avait même proféré des menaces d’un autre âge, avançant qu’il allait ruiner la perfide Albion ! Il a magouillé dans tous les gouvernements de droite, de cette droite cosmopolite, atlantiste, européiste. Il cherche toujours à être dans l’air du temps, et le journal Le monde, rappelait avec perfidie qu’en 1981 il avait voté contre une loi dépénalisant l’homosexualité ! Plus vieux premier ministre nommé de la Vème République, il va avoir du mal à former un gouvernement. D’autant que la gauche ayant décidé de déposer une motion de censure, Barnier ne devra sa survie qu’au bon-vouloir du Rassemblement National. Sans surprise il est pour faire la guerre à la Russie par Ukrainiens interposés. Bref pendant que macron amusait le tapis avec des noms tous plus incongrus les uns que les autres, il travaillait au corps son favori de façon à ce qu’il maintienne la même politique que celle qui est en échec depuis 2014, et sans doute même un peu avant si on se souvient que Macron fut ministre de l’économie de Hollande, et à ce titre l’ennemi des travailleurs. Barnier est un homme flexible, je veux dire à l’échine souple, prêt à avaler n’importe quelle couleuvre pour peu qu’elle soit bien rémunérée ! Mais laissons là ce médiocre bureaucrate et venons-en aux questions sérieuses. C’est un homme de droite, nommé par un président qui représente une droite extrême, et on prévoit qu’il mettra en œuvre une logique économique de droite, c’est-à-dire compatible avec les exigences du MEDEF et avec celles de l’Union européenne qui sont à peu près semblables... La leçon de cette nomination est toujours la même la politique du barrage est stratégique imbécile et tactiquement vouée à l’échec. Miche Barnier est devenu miraculeusement Premier ministre, parce que la gauche imbécile a sauvé Macron et ses Playmobils de la débâcle.
Le premier écueil que va rencontrer le nouveau gouvernement est le vote du budget. Les palinodies de Macron pour la nomination d’un nouveau premier ministre ont plusieurs raisons, la première étant qu’il a refusé d’admettre sa défaite et que sa politique était rejetée par tous les Français. La seconde est qu’il tente de faire croire qu’il a encore du pouvoir, alors qu’il s’est vraiment tiré une balle dans le pied avec dissolution, même si les ânes de gauche ont fait barrage pour le sauver d’un désastre programmé. Mais tout ça n’est pas important. En mettant un temps infini pour se décider, il retarde le vote du budget. Le nouveau premier ministre n’a pas le temps de consulter pour faire un travail sérieux et Macron pense qu’il s’en remettra aux orientations décidées unilatéralement par les démissionnaires Attal et Le Maire. Le comique Bruno Le Maire qui n’a jamais été un garçon sérieux « alerte sur le dérapage budgétaire » qu’il a lui-même provoqué. En effet depuis quelques semaines la Commission européenne a placé la France dans une procédure de déficit excessif[1]. Ce qui veut dire que la France est mise sous tutelle et doit fournir des gages selon lesquels elle va retrouver une trajectoire normale qui consiste à résorber ce déficit. La première cause de ce déficit excessif est que la droite a massivement gouverné ces dernières décennies ! Comme le montre le graphique suivant, ce sont les ministres de l’économie de droite qui ont creusé les pires déficits. Le champion en la matière étant l’incompétent Bruno Le Maire. En dix ans au ministère de l’économie, le déficit budgétaire à augmenté de près de 1000 milliards d’euros, un record !
Il faut bien comprendre que si la France est en déficit excessif, tous les pays occidentaux s’en approchent à grande vitesse. Avant de discuter des solutions pour revenir vers un équilibre budgétaire, il faut comprendre les raisons de cet accroissement continu de la dette. Mathématiquement parlant, pour revenir à l’équilibre, soit on augmente les recettes, soit on diminue les dépenses. En Occident on a choisi depuis le Big bang des années Thatcher-Reagan de lutter contre les dépenses et de limiter les prélèvements obligatoires. L’explication la meilleure nous semble être que la plupart des États endettés se sont lancés dans une politique de l’offre qui vise à diminuer les recettes fiscales et les prélèvements obligatoires pour renforcer la compétitivité des entreprises. Cette politique stupide poursuivi avec obstination par les États occidentaux n’a jamais marché et ne marchera jamais. Cette politique de l’offre était censée accélérer la mondialisation, mais ce que les Occidentaux n’avaient pas prévu c’était l’émancipation des pays émergents. Non seulement ils sont assez faiblement endettés, mais ils ont rattrapé très largement le gap technologique avec l’Occident. Or c’est l’Occident et principalement les Etats-Unis qui ont fourni les capitaux nécessaires à ces pays qui sont aujourd’hui des concurrents directs, pour se développer. Mais cela a entrainer des déficits commerciaux importants qui ont été compensé par un endettement excessif : c’est ce qu’on appelle les déficit jumeaux, celui du commerce et celui de la dette. Évidemment la gabegie du financement de la Crise du COVID n’a pas arrangé les choses. Mais en vérité l’endettement des pays occidentaux a une raison structurelle, c’est qu’en se mondialisant l’économie a engendré un transfert massif d’emplois et d’activité vers les pays émergents. Résumons cela dans la formule suivante : c’est parce que la mondialisation n’a pas engendré assez de bénéfices pour les économies occidentales qu’elles se sont maintenant sur- endettées
L’idée générale de la théorie de l’offre est de dure qu’en abaissant les couts de production – notamment les salaires – on gagne en compétitivité, donc en croissance et en emploi. Et donc les États occidentaux se sont lancés dans une course au moins-disant social. Autrement dit en faisant baisser les salaires, directs ou indirects, alors on était plus compétitifs, donc on a abaissé les « charges sociales », on a cherché à faire gonfler les profits de façon à investir et à produire moins cher. Comme nous le voyons dans le graphique ci-dessous, on a abaissé relativement la part des prélèvements obligatoires qui pesaient sur les entreprises – donc les « charges » sociale – et cela s’est fait au détriment des ménages donc du pouvoir d’achat. Globalement et depuis le début des années quatre-vingts, la part de la valeur ajoutée a basculé de plus en plus en faveur des profits et de moins en moins en faveur des salaires. Pourquoi cela ne marche pas ? il y a plusieurs raisons. La première est que les surprofits ne s’investissent pas si en face il n’y a pas de demande solvable. Or cette demande solvable stagne clairement si on la compare aux gains de productivité du travail qui eux sont confisqués par les détenteurs de capitaux. Ces derniers temps cette réalité a été masquée par l’argent sans limite que l’État a balancé pour combattre la crise du COVID, que ce soit dans l’achat des vaccins ou dans la distribution de fonds illimités aux entreprises, ce qui a déclenché finalement une forte inflation. Nous sommes là au cœur du déficit : les pays occidentaux produisent globalement moins qu’ils ne consomment, ils maintiennent une activité artificielle en s’endettant. Les superprofits ne trouvant pas à s’investir dans l’investissement productif, se reporte sur les valeurs spéculatives, notamment la bourse, ce qui explique sa relative bonne tenue.
Quelles sont les solutions pour rééquilibrer le budget ? Bruno Le Maire réclame une baisse de 100 milliards d’euros des dépenses publiques ! Le nouveau premier ministre va très certainement nous chanter la chanson selon laquelle il faut produire plus et ne pas augmenter les salaires. Autrement dit il va poursuivre la politique de l’offre qui a déjà été un échec. Cette approche qui est celle de la Macronie et du MEDEF, n’est pas plébiscitée par les Français. Parce que cela signifie que les dépenses de l’État doivent diminuer, ce qui veut dire moins de crédits pour la Santé, pour l’Éducation et pour les services de l’État. Très massivement, comme nous le voyons sur le graphique suivant, les Français plébiscitent une hausse des superprofits des entreprises, et une augmentation des impôts sur les revenus des plus riches. En même temps ils réclament une hausse des salaires et particulièrement du SMIC. Le Nouveau Front Populaire pensait pouvoir engranger facilement 50 milliards d’euros supplémentaires par ces mesures fiscales. Ce n’est pas irréaliste, étant donné que cela ne détournerait pas d’argent des investissements productifs qui sont, malgré une hausse des profits des grosses entreprises, plutôt orientés vers les investissements de spéculation. Mais il y a d’autres mesures qui permettraient de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État facilement. J’en cite quelques-unes. D’abord sortir de l’Union européenne et de l’euro, ce qui nous ferait économiser au moins 7 milliards d’euros, la France étant le second contributeur net au budget de l’Union européenne, sans parler que cela permettrait de créer environ 2 millions d’emplois et de rééquilibrer aussi le commerce international en dévalorisant le franc. 2 millions d’emplois en plus permettrait de renflouer les caisses de l’URSAFF et donc de faire encore baisser le déficit. Enfin, on peut cesser de participer à la guerre contre la Russie, ce qui au bas mot nous permettrait d’économiser encore 2 milliards par ans. On peut également renationaliser les autoroutes qui rapporteraient facilement 5 ou 6 milliards par an, etc… Cet énoncé des solutions montre que le choix est politique et non pas « économique » ou technique.
C’est justement parce que le choix est politique que la
bataille pour le budget s’annonce féroce à l’Assemblée nationale. Le nouveau
gouvernement n’aura pas la possibilité de jouer avec le 49-3. L’arbitre du
budget sera le Rassemblement national : soit il laisse passer un budget
conforme aux orientations européennes, soit il le sanctionne, la gauche votera
facilement contre. Si le budget est sanctionné, alors ce sera une nouvelle
crise politique. En attendant, il est très probable que les populations vont rester
remontées contre Macron qui aura échoué exactement dans tous les domaines.
Cette année il aura battu le record de la dette publique, et probablement celle
de la progression du nombre de faillites d’entreprises. La CFDT ne veut pas
manifester contre la réforme des retraites alors que pourtant le Rassemblement
National a dit qu’il voterait l’abrogation de la réforme des retraites détestée
et dénoncée par la très grande majorité des Français. La CGT prend son temps
pour manifester vers la fin du mois de septembre. Les syndicats ont annoncé
leur détermination avec une mollesse extrême ! Il est très probable, mais
pas certain que la suite se déroule dans la rue.
[1] https://www.publicsenat.fr/actualites/economie/procedure-de-deficit-excessif-quelles-consequences-pour-la-france
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