lundi 9 septembre 2024

Michel Barnier, représentant de la vieille droite européiste, affairiste et cosmopolite

 

Jeune, déjà il était déjà vieux : des yeux chafouins enfoncés, la bouche en cul de poule, la coiffure sournoise d’un majordome empressé auprès de ses employeurs, il est une sorte de Raffarin, une émanation de cette classe politique crapoteuse que nous voudrions voir s’effacer de notre horizon. Très jeune, avec sa tête de séminariste dévoyé, il adhère à la Conférence Olivaint, une association de jésuites qui forment des futurs hommes politiques selon les idées qu’ils se font de ce que doit être la société, ce qui expliquera d’ailleurs son positionnement réactionnaire au moment de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Cette Conférence Olivaint qui fonctionne avec la bénédiction du Pape  est une sorte de réseau qui traficote dans le développement de la pensée européiste, c’est-à-dire dans la promotion de la disparition des nations. Il est donc d’abord membre d’un réseau ultra-réactionnaire où se rencontrent des grands chefs d’entreprises et des représentants du Vatican. Et on sait grâce aux travaux de l’excellente Annie Lacroix-Riz que cette alliance du pognon et du goupillon a été le fer de lance de la construction européenne sous l’égide des Américains[1]. Barnier qui de temps à autre fait semblant de défend re la souveraineté de la France, est en réalité un agent de sa disparition, il a au moins ça en commun avec Macron.

Ce 20 décembre 1981, les débats dans l’hémicycle débutent donc sur cette proposition de loi et en particulier sur l’abrogation du délit de l'homosexualité, qui figure alors à l’article 331 du Code pénal. Michel Barnier a bel et bien voté contre "l'article unique de la proposition de loi abrogeant le deuxième alinéa de l'article 331 du Code pénal". Je n’accorde pas beaucoup d’intérêt à la cause des minorités sexuelles, c’est pour moi un sujet marginal surtout aujourd’hui, lui préférant celui de la lutte de classes, cependant, il va de soit que de pénaliser l’homosexualité relève de l’imbécilité criminelle, et donc s’élever contre la dépénalisation relève de la posture imbécile d’une droite congelée, visant à se faire seulement remarquer des vieux électeurs. Depuis elle s’est modernisée cette droite affairiste au point de voir ses représentants comme Gabriel Attal revendiquer cette fausse émancipation comme un trophée, une exigence de la fonction de premier ministre. 

 

Michel Barnier épouse les idées de son temps, du moins ce qu’il croit être les idées de son temps, en fait les idées de la classe dominante du moment. Mais il se débrouille pour être toujours du côté du manche pour mieux se servir. Soi-disant gaulliste quand c’était encore à la mode, il est devenu au fil du temps un européiste farouche, son échine souple très appréciée de von der Leyen. Il fui donc le malheureux négociateur du Brexit, se faisant fort de ramener les Britanniques à la raison, il a fait trainer les choses en longueur volontairement, laissant planer des menaces de rétorsion d’un autre temps, mais sans résultat aucun, le Royaume-Uni a tout de même réussi sa sortie sans dégât, alors que Barnier promettait à nos voisins d’Outre-Manche les pires calamités. Cet épisode oublié s’est conclu sur un vrai fiasco diplomatique qui prouve que, contrairement à ce que disent les médias il n’a aucun talent particulier de négociateur. Notez cela, car cela va se vérifier assez rapidement.

« Pour tout dire, mon sentiment est que les Britanniques se parlent à eux-mêmes, comme ils l'ont fait dans la campagne du référendum, et qu'ils sous-estiment la complexité juridique de ce divorce et beaucoup de ces conséquences.
Une preuve de ce manque de réalisme a été apporté il y a trois jours à peine par David Davis lui-même. Dans une interview à la radio, il a affirmé que les agences européennes pour la supervision des banques et pour les médicaments basées à Londres pourraient éventuellement rester au Royaume-Uni après le Brexit et que ce serait un point à négocier avec les Européens. Il n'y a évidemment rien à négocier sur ce sujet. Le Royaume-Uni a choisi de quitter l'Union européenne et ces agences européennes vont automatiquement quitter son territoire. » écrivait-il dans La grand illusion, paru en 2022 chez Gallimard qui n’est pas très regardant dans ce qu’il publie.

Le médiocre Barnier qui n’en rate pas une, est évidemment, sans le dire, pour l’intégration de la Turquie dans l’Europe institutionnelle. Quand il signale que la Turquie ne pourra pas changer l’endroit où elle se trouve, cette facétie signifie pour lui que l’intégration de ce pays est une issue naturelle de l’histoire, car la géographie l’impose ! Bien entendu, les Européens sont à 80% hostiles à cette imbécilité car le peuple sait très bien que ce pays n’est pas dans l’Europe et qu’en outre il est porteur d’une autre civilisation.

Le ridicule ne tue pas. Les gens de droite se reconnaissent à cette idée loufoque selon laquelle l’État peut faire mieux avec moins ! seuls les milliardaires ne peuvent pas faire mieux avec moins ! C’est bien connu ! Depuis Michel Rocard, représentant de la droite avec un faux-nez, qu’on appelle parfois la seconde gauche, on a multiplié les réformes de l’administration publique sans effet. Certes on peut diminuer les dépenses étatiques par exemple en sortant de l’Union européenne – économie de 7 milliards d’euros – ou en refusant que Michel Barnier cumule ses différentes retraites qui doivent tourner autour de 30 000 € par mois sans compter son salaire de premier ministre. Mais il faut reconnaitre que c’est relativement peu de chose. En France les dérives des dépenses étatiques procèdent essentiellement des subventions aux entreprises et des allégements de charge qui pèsent pour 160 milliards d’euros par an[2] ! Ce qui est incongru puisque ces gouvernements libéraux sont censés faire confiance au marché, et donc ce qui s’apparente à un transfert de ressources publiques vers le secteur privé, vers les riches. Barnier avec sa tête de séminariste usé, va proposer sans doute une baisse des dépenses, mais surtout des dépenses sociales, pas des subventions aux entreprises. Plus fondamentalement, l’histoire enseigne que la croissance économique que veulent les « gens de droite » ne peut pas s’effectuer sans croissance des dépenses étatiques. Or les dépenses étatiques croissent naturellement plus vite que la croissance économique, parce que les forces du marché absorbent les effets externes positifs des investissements étatiques. C’est ce qu’on appelle la loi de Wagner et qui est vérifiée depuis au moins deux siècles. Le marché ne se développe jamais tout seul, mais grâce aux dépenses de l’État. C’est pourquoi Schumpeter considérait que tôt ou tard le sens du progrès nous amènerait au socialisme inéluctablement. Pour ma part je ne crois pas à l’inéluctable, et il se pourrait bien que l’entêtement imbécile à refuser la voie du socialisme nous mène sur le long terme à la catastrophe. Les graphiques ci-dessous montrent qu’il y a une corrélation positive entre les dépenses publiques et le PIB par tête. Et donc il vient tout de suite que les politiques austéritaires ne peuvent pas marcher. On en a eu la preuve ces dernières années avec la purge infligée par l’Europe aux malheureux grecs. 

Que l’on regarde les dépenses publiques en coupe ou en données chronologiques, qu’on regarde les dépenses publiques globalement ou du point de vue des seules dépenses de santé et d’éducation, la corrélation avec le PIB par tête est toujours positive. C’est évidemment le discours patronal qui, depuis Adam Smith en 1776, énonce que ces dépenses publiques seraient un frein à la croissance, seulement des dépenses de confort, totalement improductives. Du reste après la Seconde Guerre mondiale, on a pris l’habitude de regarder ces dépenses comme des investissements et non comme des consommations inutiles et comprimables à l’infini. Certains comme Margaret Thatcher s’y sont réellement essayés, mais cela leur a coutée très cher et cela a couté très cher au pays. Fabriquer milliardaires en sabrant dans les dépenses sociales conduit toujours à augmenter le nombre de pauvres et à la régression.


Ce vieux machin de Barnier coche toutes les cases de l’imbécilité satisfaite, pour lui le chômage est de l’assistanat. Rappelons encore une fois que ce misérable couillon n’a jamais travaillé de sa vie, il n’a fait que de la politique, un autre point commun avec Macron et Attal, et il ne semble pas savoir que les allocations chômage ne sont pas de l’assistanat mais le résultat des cotisations sociales qui sont payées à la fois par les salariés et par les employeurs.
C’est une partie du salaire. En outre tous les travaux convergent pour démontrer qu’il n’y a aucun lien entre le niveau des allocations chômage et le taux de chômage. La relation qui explique le mieux le niveau du chômage, de partout dans le monde c’est le taux de croissance. C’est ce qu’on voit dans le graphique ci-dessous : lorsque la croissance est forte le taux de chômage diminue, lorsqu’elle faiblit le taux de chômage augmente. Cette corrélation négative entre les deux termes rend dérisoire toute la rhétorique que les médias et les politicards déverse à longueur de temps sur le peuple selon laquelle un resserrement des conditions d’éligibilité permettrait de faire baisser le chômage. En outre, il faut signaler à cet ignorant de mauvaise foi que pour l’heure les caisses gérant l’allocation chômage sont pleines, excédentaires, et qu’en réalité l’État – c’est-à-dire depuis 10 ans le sinistre Macron et son gang – cherche à y mettre la main dessus pour combler les déficits que sa gestion laxiste crée en permanence. En 2021, ce parangon de la droite ultra libérale plaidait pour une suppression systématique des allocations chômage « après deux refus d’offres d’emploi raisonnables », une mesure entrée en vigueur cette année pour certains refus de CDI. Plus généralement, le nouveau locataire de Matignon affirmait qu’il ne voulait « plus de passagers clandestins dans notre système social ».

 

Toutes les « idées » de Michel Barnier sont fausses, volontairement ou non. C’est donc à nouveau un ignorant qui succédera à un autre ignorant qui ne savait rien sur rien et encore moins sur le reste, au poste de premier ministre. Mais alors pourquoi a-t-il tenu de tels propos ? Parce que ce discours qui le classe dans la catégorie des domestiques bien rémunérés plait au patronat le plus réactionnaire et que celui-ci sait que toute politique qui freine la croissance des salaires c’est bon pour les profits de court terme, même si au bout du compte cela ruine l’économie, l’état de délabrement de l’économie occidentale est maintenant très avancé. C’est seulement cela qui les intéresse et c’est pour cela que la MEDEF a applaudi la nomination de ce petit contremaitre zélé.

 

Sans surprise ce vieil homme de la vieille droite coincée proposait la retraite à 65 ans. Le débat a eu lieu et s’est mal passé, la milice a matraqué les manifestants qui refusaient l’hiver dernier la retraite à 64 ans. Les Français sont massivement contre et donc encore plus contre un report à 65 ans. Or en démocratie la question n’est pas que le peuple ait tort, mais que le peuple gouverne, et donc si nous étions dans une démocratie, une loi ne devrait pas être votée contre la volonté du peuple, c’est pourtant ce qui se fait de façon régulière depuis quarante années au moins. Rappelons deux faits : au moment où le vieux dinosaure congelé devient premier ministre, il est retraité de la Commission européenne et retraité de ses différents postes de ministre, de député, de sénateur, et j’en passe. Sans compter son salaire de premier ministre, il doit toucher au bas mot 30 000 euros par mois, dont au moins la moitié n’est pas imposable puisque sa longue carrière de bureaucrate à la Commission européenne a fait de lui un fonctionnaire international, et bien sûr il a surement d’autres revenus issus des capitaux qu’il a placés. Donc pour renflouer les caisses – à supposer qu’elles fussent vides – on pourrait commencer par interdire à ce vieux fainéant qui ne sert à rien de cumuler ses retraites.   

 

Barnier est membre du parti Les Républicains, il est donc par définition une vieille girouette et un menteur, changeant d’idée comme de chemise pourvu que cela lui assure un fauteuil. Comme avant lui Edouard Philippe, Bruno Le Maire ou encore Darmanin en 2017, il critiquait fermement Macron en 2022, avant que de le rejoindre. Évidemment pour l’instant il fait semblant d’avoir une certaine autonomie par rapport à Macron. Mais comme sur le plan économique ils sont exactement sur la même longueur d’onde, cette distance affichée est seulement un opportunisme. En servant Macron, il pense qu’en 2027 il aura tout à fait sa chance pour devenir président. Après tout d’autres imbéciles y sont parvenus. Il va donc se faire une profession de dire tout et son contraire. Il compte sur sa bonne mine, sur le fait qu’il présente bien, encravaté et bien peigné pour passer pour un brave père de famille soucieux des Français et des deniers de l’État.  

 

Sans surprise Ursula von der Leyen, arrière-petite fille de marchand d’esclaves et petite fille d’un soldat de la Wehrmacht, agente des Américains a salué la nomination de Barnier. Le contraire nous eu étonné, il est en effet et naturellement un atlantiste zélé, favorable à la disparition des nations et pour poursuivre la guerre contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien s’il le faut. Cauteleux et moins grande gueule que Macron ou même Attal, il peut faire illusion pendant quelques semaines, mais rapidement ses idées loufoques seront rattrapées par la réalité du terrain. Ne devant sa survie qu’à la bienveillance du Rassemblement National, la question est de savoir s’il passera l’hiver. 


[1] Le Vatican, l'Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre Froide (1914-1955), seconde édition complété, Armand Colin, 2010.

[2] https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/111022/160-milliards-d-aides-publiques-par-un-pognon-de-dingue-pour-les-entreprises#:~:text=Les%20r%C3%A9sultats%20de%20leur%20recherche,budget%20de%20l'%C3%89ducation%20nationale%20!

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