jeudi 28 juillet 2022

Désinformation sur la guerre en Ukraine

 

Le sujet n'est pas vraiment la guerre en Ukraine, mais la désinformation. La désinformation est un exercice récurrent de la propagande de guerre. Les désinformateurs ukrainiennes disent depuis au moins le début du mois de juin que les Russes auraient perdu plus de 30 000 soldats et en juillet 39 000. Mais les alliés de Zelensky ont déjà divisé ce chiffre par deux au 20 juillet, les Américains et les Britanniques avançaient pour leur part un chiffre de 15 000 morts du côté russe, ce qui classe directement le gouvernement ukrainien dans le camp du déni[1]. Connaissant la capacité des Américains et des Britanniques a falsifier le réel, on se souvient de la Guerre en Irak, il est probable que ce chiffre doive à son tour être divisé encore par deux. Le but de la désinformation est double, d’abord conforter le moral des Occidentaux qui se sont lancés dans ce combat obscur. Il faut donc montrer que grâce à l’aide occidentale l’armée ukrainienne qui est en réalité sous le commandement otanien, résiste très bien à l’armée russe qui serait mauvaise sur le terrain et se moquerait de faire tuer les malheureux soldats russes. Le chef du renseignement britannique, le fameux MI6 : « C’est environ le même bilan que lors des dix ans qu’ils ont passés en Afghanistan dans les années 1980 », a-t-il ajouté depuis le forum sur la sécurité d’Aspen, dans les Rocheuses américaines. « Et on ne parle pas ici de jeunes issus de la classe moyenne de Saint-Pétersbourg ou de Moscou », a-t-il estimé. « Ce sont des pauvres enfants de la Russie rurale, ils viennent des villes ouvrières de Sibérie et sont pour beaucoup issus des minorités ethniques. Ils sont sa chair à canon ». C’est assez cocasse puisqu’on sait que la chair à canon de l’armée américain ce sont principalement des noirs des quartiers pauvres des grandes villes.

 

Ci-dessus le tableau des pertes russes selon The Kyiv independant qui semble n’avoir d’indépendant que le nom. Cette propagande par le chiffre est là pour en réalité minimiser les pertes ukrainiennes, plus on gonfle artificiellement les pertes russes et plus cela va justifier les sacrifices des soldats ukrainiens sur l’autel de la logique otanienne. Mais dire que les pertes russes sont très importantes, c’est en même temps justifier la stratégie militaire de l’OTAN qui apparait comme étant erronée dans ses fondements stratégiques et tactiques. Il serait bien sûr idiot de dire que les pertes russes sont faibles et sans conséquences. Mais à l’évidence quand on voit la débandade sur le terrain des forces ukraino-atlantises, comme les désertions, évaluées à 25 % des conscrits, il est à peu près certain que les pertes ukrainiennes sont bien plus importantes que les pertes russes. C’est une question de tactique militaire. 

Prenons un cas plus sensible. La guerre que mène la Russie sur le sol ukrainien est censée aggraver la pénurie céréalière, autrement dit, c’est un prétexte pour donner le mauvais rôle à la Russie, mais aussi pour augmenter les prix des céréales sur les marchés mondiaux. Pourtant un rapide calcul montre que la guerre, quoi qu’on en pense par ailleurs, n’est pas à l’origine d’une pénurie et donc d’une famine potentielle en Afrique. Voici ce qu’en dit Poutine en s’appuyant sur des données statistiques généralement admises[2] : « Le monde produit environ 800 millions de tonnes de céréales, de blé par an. On nous dit maintenant que l’Ukraine est prête à exporter 20 millions de tonnes. Donc, 20 millions de tonnes sur 800 millions de tonnes, cela représente 2,5 %. Mais si nous partons du fait que le blé ne représente que 20 % de tous les produits alimentaires dans le monde – et c’est le cas, ce ne sont pas nos données, elles proviennent de l’ONU – cela signifie que ces 20 millions de tonnes de blé ukrainien ne représentent que 0,5 %, pratiquement rien. » Le prix du blé a augmenté bien plus que de 0,5% du fait de la spéculation et de la gestion des stocks.

Mais Zelensky en menteur professionnel nous dit que les Russes pourraient entre 60 et 75 millions de tonnes en Ukraine, et donc que cela assurerait une grande famine mondiale, particulièrement dure pour les Africains[3]. En vérité il n’en est rien, non seulement les récoltes s’annoncent bonnes cette année et l’année prochaine, mais les marchés ont déjà anticipé une baisse des prix mondiaux[4]. Le but de ces mensonges zelenskiens, répercutés par les médiés occidentaux, est de renforcer son statut de victime et donc de réclamer encore de l’aide financière dont une partie sera nécessairement détournée. On sait que par ailleurs les Russes n’empêcheront pas les exportations de blé, même si les Turcs, toujours à l’affût des bonnes affaires, prendront au passage leur petite commission. L’aboutissement des négociations, entre les Ukrainiens, les Turcs et les Russes, sur cette question montre à l’évidence que le gouvernement ukrainien désinforme de manière flagrante pour obtenir de nouveaux appuis, des armes et de l’argent de la part de ses commanditaires[5]. 

Luydmila Denisova, menteuse professionnelle 

Les guerres sont des terrains propices pour développer des mensonges grossiers, les uns annoncent des victoires inexistantes sur le terrain et de façon concomitante la sévère défaite de leurs adversaires, les autres que le repli est d’ordre stratégique, par exemple la déroute de l’armée ukrainienne à Severodonestk est présentée par Zelensky comme un simple redéploiement, mais qu’elle a eu auparavant quelques succès qui montrent l’usure de l’armée russe[6]. Dans les guerres modernes, la bataille de la communication est presqu’aussi importante que celle qui a lieu sur le terrain. A défaut de convaincre une opinion de plus en plus rétive, cela permet de justifier la canaillerie des politiciens occidentaux dans leur croisade contre la Russie. La Commissaire ukrainienne aux droits de l’homme, Luydmila Denisova, a été démise de ses fonctions. C’est en effet elle qui a colporté les rumeurs de viols massifs qu’elle attribuait à la Russie, et ces rumeurs ont été reprises sans filtre par toute la presse occidentale. Ces mensonges grossiers ont même lassé le gouvernement ukrainien, notamment parce que depuis sa nomination, elle passait son temps en Europe de l’Ouest. Bien entendu si elle a été démise de ses fonctions, après qu’elle ait bien servi la propagande zelenskienne, ce n’est pas parce que le gouvernement ukrainien ne ment pas, mais parce que les mensonges de Denisova étaient devenus insupportables pour les instances internationales, qui sont pourtant très favorables à Zelensky[7].  

Les mêmes mensonges circulent sur les sanctions économiques. Passons sur les imbécilités qui nous promettaient un effondrement rapide de l’économie russe[8]. N’importe qui sait que ces sanctions ne sont pas efficaces, et qu’à l’inverse elles ont renforcé la Russie et affaibli l’Europe. Mais le pire est sans doute qu’elles ne sont pas vraiment appliquées, ou qu’elles sont appliquées dans le désordre. Après une pause, les livraisons de gaz russes via Nord Stream I ont repris. Certes elles ne tournent pas encore à plein[9], mais les Allemands – au grand dam de l’ubuesque Ursula von der Leyen – y croient suffisamment pour réviser à la hausse leurs prévisions de croissance pour l’année en cours[10]. L’opposition frontale qui se dessine entre Ursula von der Leyen et le gouvernement allemand devient maintenant évidente et montre que les Européens sont complètement divisés sur ce qu’ils doivent faire. Macron et Scholz sont pour solution négociée, ce qui veut dire une modification des frontières. Le gouvernement italien est tombé sur cette question du soutien à l’Ukraine. Le monde a beau se lamenter sur le départ du banquier non élu à la tête de l’Etat[11], les sondages montrent que 70% des Italiens sont hostiles à la poursuite de la guerre avec la Russie[12]. Mais en regardant d’un peu plus près, les sondages montrent que la confiance des Italiens dans la « gouvernance » de Mario Draghi s’était beaucoup érodée. Et non Draghi ne faisait pas l’unanimité. Mais on a besoin d’entretenir cette légende par paresse intellectuelle, pour ne pas dire que Draghi a échoué. Certes la vérité est incertaine, et en ce qui concerne les conflits armés, les deux camps sont toujours en train de mentir, mais dans ma seure où en Occident on a coupé la parole aux médias russes, on peut plus que s’en prendre aux médias occidentaux. Parmi les mensonges déversés, il y a celui de dire qu’on n’est pas en guerre avec la Russie, mais alors pourquoi donne-t-on des armes à Zelensky ? Mais alors pourquoi interdit-on les médias russes de notre territoire ? Au bout du compte les contradictions et les mensonges de la position occidentale ne sont plus vraiment tenables. Mais s’ils ne sont pas tenables sur la question ukrainienne pourraient-ils être plus crédible sur le vaccin, la lutte contre le réchauffement climatique ou sur la répression policière ? Le peuple est devenu sceptique, malgré la censure, Internet y a aidé. C’est bien ce que les politiciens professionnels et les journalistes habitués à mentir sans conséquence lui reprochent.

 

 On reprend d’abondance ces temps-ci ce qu’a dit George Orwell sur la vérité, on ne peut qu’être d’accord avec cette phrase qu’on peut traduire par A une époque de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. Orwell était révolutionnaire et socialiste, mais aussi très hostile à la bureaucratie. Isidore Ducasse écrivait dans Poésies II : La poésie doit avoir pour but la vérité pratique. Phrase que Paul Eluard reprendra comme titre d’un de ses poèmes en 1947. Mais les situationnistes détourneront cette phrase en énonçant Avoir pour but la vérité pratique, ce sera le titre d’un article de Raoul Vaneigem dans le numéro onze de la revue Internationale situationniste, en 1967. Le fond de l’affaire est clair, sur toutes les questions politiques, le déni n’est une arme que sur une courte période. Ces dernières années on a vu fleurir les mensonges grossiers sur les questions suivantes, l’immigration, la délinquance, les vaccins, le réchauffement climatique et maintenant sur la guerre. Le fait que l’abstention soit maintenant un choix réfléchi et non une saute d’humeur, montre que cette question de la vérité est au cœur de la méfiance qu’on entretient envers les hommes politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite. Pour l’instant, les hommes de pouvoir, en Franc et ailleurs ne s’intéressent pas trop à cette crise de la vérité. Et même si la majorité des Français ne vote plus, il se pourrait que l’opinion publique descende dans la rue en France et ailleurs pour demander des comptes de ces tonnes de mensonges déversées jour après jour avec un cynisme qui confine maintenant à la folie, quel que soit le sujet. Je pense ici aux mensonges constants et répétés de Darmanin qui tente en la matière et battre le record de Macron, que ce soit avec les 40 000 faux billets au Stade de France pour la finale, ou avec le faux criminel algérien, rapidement dédouané mais le ministre de l’intérieur voulait expulser ! Mentir sans raison apparente autre que de se faire remarquer à la télévision est le marqueur des hommes politiques d’aujourd’hui, qui peut croire que Zelensky dit la vérité quand il avance qu’il va lever une armée d’un million d’hommes pour vaincre la Russie ? 

Confiance dans les médias, source Reuters ; 2019


[1] https://www.lemonde.fr/international/live/2022/07/21/guerre-en-ukraine-en-direct-environ-15-000-soldats-russes-tues-selon-londres-et-washington_6135582_3210.html

[2] https://arretsurinfo.ch/entretien-de-poutine-avec-pavel-zaroubin-de-russia-1/

[3] https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-et-crise-alimentaire-les-etats-unis-jugent-credible-que-la-russie-vole-du-ble-pour-le-vendre-2222267.html

[4] https://www.reussir.fr/ladepeche/important-potentiel-de-baisse-des-prix-en-ble-tendre-mais-pas-avant-la-fin-de-lete-2022-selon

[5] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/agroalimentaire-biens-de-consommation-luxe/cereales-bloquees-en-ukraine-negociations-confidentielles-entre-experts-militaires-russes-ukrainiens-et-turcs-925410.html

[6] https://www.bfmtv.com/international/zelensky-affirme-que-l-armee-ukrainienne-a-eu-quelques-succes-dans-la-bataille-pour-severodonetsk_AD-202206030025.html

[7] https://www.ukrinform.fr/rubric-ato/3496821-la-commissaire-aux-droits-de-lhomme-ukrainienne-demise-de-ses-fonctions.html?fbclid=IwAR2fGnljyFyHa1efEQuqN6TfFJthQ0Z6IW-58KKpnm3S7gwcuxEe0yCuNKg

[8] https://www.lepoint.fr/politique/nous-allons-provoquer-l-effondrement-de-l-economie-russe-previent-bruno-le-maire-01-03-2022-2466571_20.php

[9] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/gaz-russe-les-livraisons-via-nord-stream-ont-repris-mais-a-un-rythme-toujours-inquietant-pour-l-europe-926533.html

[10] https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/gaz-russe-nord-stream-a-redemarre-apres-la-maintenance-1777784

[11] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/22/l-apres-draghi-inquiete-les-europeens_6135698_3210.html

[12] https://www.tag24.it/338594-sondaggi-draghi-bis/?fbclid=IwAR0-4cjUjE7CQdQxiqShSBsP-xEIgg88_Jv_Br5wvet-ie0uHlzaKIISS0E

mardi 26 juillet 2022

Le nouveau héros de l’OTAN : Zelensky, Elena Loginova, arrêts sur infos

   

Récemment la purge menée par Zelensky sous la direction de l’OTAN a fait s’interroger sur sa signification. Il est bien trop tôt pour trancher définitivement sur ce sujet. Il est certain que l’argument de la trahison dans un pays aussi corrompu que l’Ukraine ne tient pas debout, comme il est sûr que cette purge montre une guerre à outrance au sommet de l’Etat Ukrainien, situation qui reflète sans doute une profonde division dans la société. Dès lors les hypothèses évoquées sont les suivantes :

les militaires lassés de l’incohérence de la stratégie imposée par l’OTAN et vendue par Zelensky, vont tenter de réaliser un coup d’Etat contre lui pour tenter de mettre fin à une guerre ruineuse, ce qui voudrait dire almler à la négociation pour sauver ce qui peut encore l’être. D’autant que mêmes les Américains commencent à rechigner à livrer des armes ;

l’OTAN pourrait également se débarrasser de Zelensky, justement au nom de la lutte contre la corruption, sachant qu’au moins un quart des armes livrées par les Occidentaux finissent soit dans les arsenaux de l’armée russe ou de l’armée séparatiste. Mais cette hypothèse est un peu douteuse dans la mesure où Zelensky est le champion de la communication de l’OTAN, la mouche du coche qui tente avec plus ou moins de succès de pousser les pays européens à lui donner de l’argent et des armés ;

également une faction non pas pro-russe, mais au moins pro-négociation qui aurait pu négocier en abandonnant simplement le Donbass pour éviter la guerre, devenant de plus en plus importante, pourrait tenter de se défaire de l’emprise des Américains sur le gouvernement ukrainien.

Dans ce pays corrompu jusqu’à l’os, Zelensky était apparu – bien que financé par Kolomoisky – comme celui qui pouvait atteindre deux buts : lutter contre la corruption endémique et se réconcilier avec les Russes en réglant la question du Donbass. Le moins qu’on puisse dire est que ce programme n’a pas été réalisé. La raison en est simple, c’est que ce n’est pas Zelensky qui l’a décidé, mais les Américains dont il est devenu le simple porte-voix. En dehors des Européens, tout le monde se méfit de Zelensky, notamment les Israéliens qui n’apprécient guère ses mensonges sur le massacre de Babi Yar, mais également ses compromissions avec les nazis et néo-nazis qui sont soutenus et financés par la CIA. Les pitreries de Zeelensky qui ordonne que les Occidentaux de lui donner des armes et de l’argent en quantité toujours plus importante, alors même qu’il n’a pas les hommes pour s’en servir, commencent à agacer, notamment les Allemands qui ne voient guère d’issue à cette stratégie de la terre brûlée que met en œuvre l’OTAN.

Nous reproduisons ci-dessous l’article d’Elena Loginova qu’elle avait publié sur le site Arrêt sur infos. Elle explique les compromissions du personnage, et donc indirectement pourquoi Zelensky n’a jamais tenu une ligne ferme dans la conduite des affaires de l’Ukraine. On se souvient que dès le début du conflit il souhaitait des négociations, or négociations cela veut dire un compromis, et le seul compromis qu’il pouvait négocier à la fin février, c’était l’autonomie des républiques séparatistes. Mais il a fait volte-face, ce qui ne peut s’expliquer que par la pression des Américains et de l’OTAN, et non pas par des convictions personnelles. L’Union européenne aété principalement choisie par l’OTAN pour être la bailleur de fonds de cette guerre qui ne dit pas son nom, aux côtés des Etats-Unis qui mènent la danse. Cette analyse des malversations de Zelensky, qui sans la guerre l’auraient rattrapé et amené devant un tribunal[1], montrent qu’après avoir été l’instrument de Kolomoisky qui semble aujourd’hui en disgrâce auprès des Américains, il est devenu suffisamment autonome pour s’affranchir de sa tutelle et se vendre à l’OTAN !

 

Blanchisseur officiel de l’oligarque Kolomoisky, lui-même propriétaire des chaînes télévisées sur lesquelles se produisait ce pitre, cocaïnomane reconnu, l’acteur Volodymyr Zelensky a fait irruption à la présidence ukrainienne en 2019 sur une vague de colère publique contre la classe politique du pays, y compris les dirigeants précédents qui ont utilisé des sociétés secrètes pour cacher leur richesse à l’étranger.

Maintenant, des documents ayant fait l’objet d’une fuite prouvent que Zelensky et son cercle proche ont eu leur propre réseau de sociétés offshore. Deux d’entre elles, appartenant aux partenaires du président, ont été utilisées pour acheter de coûteuses propriétés à Londres.

Les révélations proviennent des documents des Pandora Papers, des millions de fichiers provenant de 14 prestataires de services offshore qui ont été divulgués au Consortium international des journalistes d’investigation et partagés avec des partenaires du monde entier, dont l’OCCRP.

Les documents montrent que M. Zelensky et ses partenaires d’une société de production télévisuelle, Kvartal 95, ont mis en place un réseau de sociétés offshore depuis au moins 2012, année où la société a commencé à produire régulièrement des contenus pour des chaînes de télévision appartenant à Ihor Kolomoisky, un oligarque poursuivi par des allégations de fraude portant sur plusieurs milliards de dollars. Les associés de Zelensky se sont également servis de ces offshores pour acheter et posséder trois propriétés de premier ordre dans le centre de Londres.

 

Les documents montrent également que, juste avant son élection, il a fait don de sa participation dans une société offshore clé, la Maltex Multicapital Corp. enregistrée dans les îles Vierges britanniques, à son partenaire commercial, qui allait devenir son principal assistant présidentiel. Et bien qu’il ait renoncé à ses parts, les documents montrent qu’un arrangement a rapidement été conclu pour permettre à la société offshore de continuer à verser des dividendes à une société qui appartient désormais à sa femme.

Comédien et acteur célèbre depuis les années 2000, Zelensky a commencé son ascension politique quelques années après avoir endossé le rôle principal dans la satire politique « Serviteur du peuple », qui a commencé à être diffusée sur le réseau de l’oligarque en 2015. L’émission mettait en scène Zelensky dans le rôle d’un humble professeur d’histoire dont la diatribe anti-corruption en classe est filmée par un étudiant, devient virale en ligne et lui fait gagner un poste national.

Dans un cas où la vie imite l’art, Zelensky a fini par remporter la présidence ukrainienne dans le monde réel, trois ans et demi seulement après le lancement de l’émission, avec plus de 73 % des voix.

Zelensky a tiré parti de la colère générale du public contre la corruption, mais sa campagne de 2019 a été marquée par des doutes quant à sa bonne foi en matière de lutte contre la corruption, étant donné que sa campagne a été stimulée par des médias appartenant à Kolomoisky – qui est accusé d’avoir volé 5,5 milliards de dollars américains de sa propre banque et de les avoir transférés à l’étranger de concert avec son partenaire, Hennadiy Boholiubov.

Dans le feu de la campagne, un allié politique du président sortant Petro Porochenko a publié sur Facebook un tableau censé montrer que M. Zelensky et ses partenaires de production télévisuelle étaient les bénéficiaires d’un réseau de sociétés offshore qui auraient reçu 41 millions de dollars de la Privatbank de M. Kolomoisky.

Cet allié, Volodymyr Ariev, n’a pas fourni de preuves, et ses accusations n’ont jamais été prouvées. Mais les « Pandora Papers » montrent qu’au moins certains des détails de ce prétendu stratagème correspondent à la réalité. Les documents divulgués montrent des informations sur 10 entreprises du réseau qui correspondent aux structures détaillées dans le tableau d’Ariev. 

Iryna Venediktova et Ivan Bakanov ont été limogés par Zelensky 

Les nouveaux documents montrent qu’une partie du réseau était gérée avec l’aide de Fidelity Corporate Services, une société de conseil offshore qui était l’une des 14 entreprises dont les documents font partie de la fuite des « Pandora Papers ». Les documents montrent que Zelensky et ses partenaires ont utilisé des sociétés basées dans les îles Vierges britanniques (BVI), au Belize et à Chypre.

Deux des associés de Zelensky dans le réseau offshore, qui faisaient également partie de sa société de production télévisée, occupent aujourd’hui des postes puissants. Serhiy Shefir est le principal assistant présidentiel de Zelensky, tandis qu’Ivan Bakanov dirige le Service de sécurité de l’Ukraine.

Ces postes puissants comportent également des risques. Serhiy Shefir a échappé de justesse à une tentative d’assassinat lorsque sa voiture a été la cible de tirs à l’extérieur de Kiev le 22 septembre. Il est sorti indemne, mais son chauffeur a été blessé.

Zelensky s’est engagé à plusieurs reprises à lutter contre les oligarques. Le lendemain de l’attaque contre Shefir, le parlement du pays a adopté un projet de loi visant à créer un registre des oligarques et à leur interdire de financer des partis politiques ou de participer à des privatisations. M. Zelensky a déclaré que l’attentat contre M. Shefir recevrait une réponse forte et n’influencerait pas sa lutte contre les intérêts particuliers. 

Un porte-parole de Zelensky s’est refusé à tout commentaire. Shefir et Bakanov n’ont pas répondu aux questions.

Les documents contenus dans les Pandora Papers contiennent également des détails qui rejoignent des allégations plus larges de machinations offshore formulées contre Zelensky et ses partenaires pendant l’élection de 2019.

Pendant la campagne, le député pro-Porochenko Ariev a affirmé que Zelensky et ses partenaires étaient les bénéficiaires d’un réseau offshore de sociétés ayant reçu 41 millions de dollars de paiements provenant de Privatbank, l’institution financière ukrainienne que l’oligarque Kolomoisky aurait pillée.

Les allégations d’Ariev ont été détaillées dans un graphique qu’il a publié sur Facebook et qui montre un réseau complexe de transactions entre des couches de sociétés basées dans des paradis offshore, notamment les îles Vierges britanniques, Chypre et Belize. Le graphique montre que l’argent circule de la banque, via une série d’entités fictives, vers des sociétés qui appartiendraient à Zelensky et à ses associés.

Ariev n’a pas fourni de documents pour étayer ses affirmations.

Cependant, les documents des Pandora Papers fournissent la première corroboration d’éléments de son allégation : que 10 des sociétés qui auraient reçu l’argent appartenaient réellement à Zelensky et à ses associés. Cette information n’avait pas été rendue publique auparavant.

Les nouveaux documents ne corroborent toutefois pas les affirmations d’Ariev selon lesquelles les filiales ont reçu des fonds de la Privatbank de Kolomoisky. Ils ne fournissent que des informations fragmentaires sur la manière dont l’argent circulait dans le réseau offshore de Zelensky et de ses partenaires. Les flux financiers qui ressortent des documents semblent être liés à leur activité de production télévisuelle, dont Kolomoisky était un client. 

Zelensky entouré par deux de ses commanditaires américains, Antony Blinken, secrétaire d'État américain, et Lloyd Austin, ministre américain de la Défense 

Elena Loginova Source : Arrêt sur Infos.



[1] https://www.humanite.fr/monde/ukraine/ukraine-volodymyr-zelensky-piege-par-les-pandora-papers-723110

jeudi 21 juillet 2022

L’Union européenne s’effondre sur elle-même

  

Erdogan a obtenu gain de causes face aux faibles représentants de la Finlande et de la Suède 

L’Union européenne a une mauvaise image de marque et ne tient encore debout que parce qu’elle déploie une communication coûteuse et à grande échelle pour faire croire qu’elle existe encore au-delà de sa corruption endémique et de son rôle de relais de la politique étatsunienne. Ces derniers temps, c’est le dictateur Erdogan qui révèle sa veulerie aussi bien que son inconsistance. Soyons précis, on peut et on doit détester Erdogan pour tout ce qu’il représente, mais en matière de diplomatie il est vraiment efficace, il sait ce qu’il fait et il obtient à peu près ce qu’il veut. La dernière farce européiste est de pousser la Suède – pays dont la diplomatie a l’intelligence d’une buse, coincée entre un salmigondis de politiquement correct et des velléités va-t-en-guerre otaniennes – et la Finlande qui, on ne sait pourquoi veut faire partie de l’OTAN. Or le sinistre Erdogan leur a fait savoir que la Turquie bloquerait la volonté d’adhésion à l’OTAN de ces deux pays congelés s’ils ne mettaient pas le PKK – le parti kurde qui lutte contre l’oppression turque et qui revendique un Etat national pour les Kurdes – sur la liste des organisations terroristes. Les Suédois et les Finlandais se sont pliés à cet oukase[1]. C’est évidemment un scandale énorme que de céder sur ce point, surtout au moment où la Turquie procède à un nettoyage ethnique dans le nord de la Syrie en chassant les Kurdes. Mais les européistes vont cacher leur misérable défaite diplomatique derrière une forme de realpolitik ignoble. Au fond c’est comme si au nom de la realpolitik on demandait le démantèlement de l’Ukraine. Cette très lourde défaite diplomatique de l’OTAN et de l’Union européenne aura forcément des conséquences d’abord en marginalisant les Kurdes que déjà ils n’ont jamais soutenus, les laissant littéralement crever sous les bombes turques. Car pour l’OTAN le seul ennemi ne peut être que la Russie et le seul pays au monde à soutenir ne peut donc être que l’Ukraine. Cette tactique qui consiste à lâcher les Kurdes pour faire plaisir à un partenaire très peu fiable, montre toute l’ineptie de la politique guerrière de l’OTAN en Ukraine. 

 

Il y a pire, parce qu’il y a toujours pire avec les européistes. Tandis que les bureaucrates otaniens et européistes tentaient de convaincre les Suédois et les Finlandais de faire plaisir au dictateur Erdogan, celui envoyait des migrants – on parle d’un millier – à l’assaut des frontières de la Grèce[2]. A l’évidence l’Union européenne d’Ursula von der Leyen regardait ailleurs et laissait faire cette attaque, comme si la Grèce ne se trouvait pas à la frontière de l’Union européenne. Il faut dire que l’Union européenne n’a aucune doctrine sur rien, elle ne sait pas ce qu’est une frontière, et par ailleurs elle prétend défendre le droit des migrants d’où qu’ils viennent à s’installer où ils veulent, sauf évidemment s’ils sont Russes. Car être Russe est certainement le plus grand péché dénoncé par les Eglises de l’Occident, l’OTAN, le FMI, la Banque Mondiale et l’Union européenne. Les « journalistes » européistes non seulement ne soutiennent pas les Grecs, comme toujours, mais ils en rajoutent une couche pour les dénoncer comme de mauvais sujets. En 2015 on les désignait comme des dépensiers, des fainéants, des revanchards qui voulaient piquer du pognon à la vertueuse Allemagne. Aujourd’hui on les dénonce comme des fourbes qui n’ont comme but que de nuire aux pauvres migrants. Les journaux de la bienpensance, Le monde, Der Spiegel, The gardian, plus quelques autres boutiques dont le cartel allemand ARD et l’obscur Lighthouse reports, se sont lancés dans une nouvelle croisade. Ne vous inquiétez pas ils ne cherchent pas à nuire à la Turquie qui est une pièce maitresse de l’OTAN dans sa guerre contre les Russes, mais au contraire ils dénoncent les Grecs qui osent défendre leur frontière face aux assauts de la Turquie. Tout le monde sait que les Turcs stockent les migrants à la frontière grecque et que périodiquement Erdogan les fait partir à l’assaut de l’Europe, aussi bien pour faire pression sur la Grèce que pourt obtenir des avantages – de l’argent notamment – de la part de l’Union européenne. Mais ce le cartel de plumitifs sans cervelle préfère dénoncer la Grèce[3]. Ce n’est plus de la realpolitik, ou du cynisme, c’est ouvertement de l’imbécilité, avec en arrière-plan l’idée de promouvoir l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. Donc ils dénoncent le fait que les Grecs défendraient leur frontière qui est aussi pourtant, rappelons-le, celle de l’Union européenne, d’une manière déloyale. On voit le mélange des genres des européistes, le migrant est par définition sacré, toute entrave à sa mobilité est par nature mauvaise – sauf s’il est russe bien entendu – et la Turquie est malgré tout un partenaire plus intéressant que la Grèce. Il faut se méfier de la Grèce, c’est le message éternel, comme de la Russie et d’ailleurs.

 

Ce soutient éhonté à la Turquie n'est pas populaire en Europe où la très grande majorité des Européens ne souhaite pas l’entrée de ce pays dans l’Union européenne, notez que la Turquie est candidate à devenir membre de l’Union européenne depuis 1987, soit trente-cinq ans. Elle n’y rentrera sans doute jamais mais cela permet à ce pays dirigé d’une main de fer par l’islamiste Erdogan d’encaisser de l’argent pour soi-disant mettre à niveau le pays. Les récentes candidatures de l’Ukraine et de la Moldavie si elles ne pourront probablement jamais se traduire par une adhésion en bonne et due forme vont pourtant rapporter à ces pays considérés comme des pièces maitresses du dispositif guerrier de l’OTAN de l’argent beaucoup d’argent. Les premières estimations laissent à penser qu’ils vont récolter chacun environ deux milliards d’euros, pour cette fameuse mise à niveau qui ne viendra jamais. Les conditions pour adhérer à l’Union européenne sont en effet drastiques aussi bien sur le plan économique, il faut une faible inflation, des finances publiques équilibrées, une privatisation quasi-totale des biens publics, que sur le plan politique, il faut par exemple lutter contre la corruption et assurer une vie démocratique, soit une liberté d’expression politique, deux critères qui seront loin d’exister en Ukraine et en Moldavie bien sûr. Où iront ces milliards ponctionnés sur les finances publiques des pays contributeurs comme l’Allemagne, la France ou l’Italie ? Une partie sans doute sur les comptes offshores de Zelensky et de ses affidés. 

 

Cette utilisation des fonds européens risque de poser problème au moment où par ailleurs la Banque Centrale Européenne commence à relever ses taux pour lutter contre l’inflation. Pourquoi lutter contre l’inflation ? On suppose que l’inflation ronge le pouvoir d’achat et que cela engendre une spirale infernale des salaires et des prix. Cette vieille thèse est relativement erronée, on le sait depuis très longtemps. En vérité, si on lutte contre l’inflation, ce n’est pas pour protéger les salaires dont on se moque comme de sa première chemise, mais pour protéger l’épargne et les profits. Le problème est double, d’abord comprendre d’où vient l’inflation, ensuite comment la combattre sans risquer de tuer l’activité et l’emploi. La guerre en Ukraine a bon dos, et donc les Russes une fois de plus peuvent jouer le rôle du bouc émissaire, ce qui évite les révisions doctrinales déchirantes. Il est remarquable qu’au fil du temps le bouc émissaire change de figure, avant c’était l’Etat dépensier qui était en accusation, ou alors les revendications trop extravagantes des salariés qui voulaient des hausses de salaires. Aujourd’hui c’est la Russie qui par la guerre enclenchée fait grimper le prix des matières premières et du blé. Mais techniquement, l’inflation c’est d’abord un excédent de liquidités en circulation en regard de la production réelle. Autrement dit il faut se demander :

1. pourquoi l’excédent de monnaie n’a pas provoqué une hausse suffisante de la production ?

2. et subsidiairement quels sont les rôles de la demande et des profits dans ce désastre ?

L’excédent de liquidités, c’est d’abord la dette émise par les banques centrales, cette dette n’est pas seulement la dette publique comme font semblant de croire les économistes libéraux ou les européistes. Comme le montre le graphique suivant, elle se compose de trois parties, la dette publique qui correspond au niveau mondial à une année de PIB mondial, la dette des entreprises qui est à peu près équivalente, et la dette des ménages qui est un petit peu moins élevée. Cette croissance régulière de la dette vient de très loin. Elle est le résultat de ce qu’on a annoncé comme le Big Bang monétaire quand Reagan et Thatcher ont décidé de donner la possibilité aux banques de second rang de créer autant de monnaie qu’elles le voulaient, puis il devint nécessaire de continuer à produire de la monnaie pour couvrir les pertes récurrentes des banques et éviter une faillite colossale. 

Evolution de la dette mondiale 

Le premier problème qui a engendré l’inflation d’aujourd’hui est que l’excès de liquidités balancé sur les marchés, n’a pas été épongé par une croissance de la production équivalente. La raison essentielle à cela est que dans le même temps où les Banques centrales et les banques de second range se livraient à une débauche de création monétaire on mettait l’inflation sous l’éteignoir de deux manières :

– d’abord en refusant d’alimenter la demande par des hausses de salaires, on supposait que la baisse des taux d’intérêt et l’excédent de monnaie en alimentant la hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée, irait « naturellement » vers l’investissement et que l’investissement ensuite se traduirait par une hausse de la production et de l’emploi. Il n’en a rien été parce que les investisseurs sont des gens rationnels et ils n’investissent pas s’il n’y a pas de demande, sauf pour faire des investissements de productivité qui tireront l’emploi vers le bas. Donc cet excèdent de monnaie s’est retrouvé oisif, il a alimenté la spéculation boursière et immobilière, avec les crises récurrentes qui ont commencé à la fin du XXème siècle et qui n’ont jamais cessées depuis. L’excès de profit tuera à terme le profit.

– ensuite une grosse partie de ces liquidités est venue, surtout dans la zone euro, consolider le bilan des banques de second rang qui sans cela auraient été en faillite, si on avait laissé faire le darwinisme des lois du marché, c’était le cas des banques espagnoles et italiennes. Mais cela est la preuve que l’Union européenne n’existe pas sur le plan économique puisque l’ensemble de ses membres sont placés sur des trajectoires de croissance, d’inflation et de chômage différentes, ce qu’on sait depuis des dizaines d’années, mais dont on ne tient jamais compte. 

Evolution du bilan de la BCE entre 2007 et 2017 en milliards d’euros 

En attendant la corrompue Ursula von der Leyen qui semble travailler directement pour le compte des Américains, constatant l’échec des sept premières vagues de sanctions contre la Russie, tente d’en imposer une huitième[4], alors que les Allemands essaient d’imaginer comment ils vont pouvoir réenclencher Nord Stream I pour se chauffer cet hiver. Le chaos est définitif au sommet de l’Union européenne. Ainsi Thierry Breton essaie d’imposer un achat d’armes groupé pour l’ensemble des pays européens[5]. Sachant le degré de corruption qui atteint le marché très opaque des vaccins Pfizer sur l’impulsion d’Ursula von der Leyen, on peut craindre le pire. Il semble que cette volonté sera favorable à l’industrie d’armement américaine et détruira un peu plus les industries d’armement européennes. La réalité est celle-là : les turpitudes européistes dans son engagement guerrier contre la Russie mènent l’Union européenne directement vers la récession économique[6]. Ce choc brutal va mettre l’incompétente von der Leyen au pied du mur. On sait qu’une récession additionnée à une inflation galopante va faire éclater la zone euro. On le sent déjà avec une remontée des taux en Italie par exemple. La colère sociale est très forte en Europe, et déjà que la Commission européenne a une très mauvaise image, celle-ci ne pourra que se dégrader encore. Dès lors quelle est la solution ? Il y a deux issues possibles, la première qui semble préférée par Ursula von der Leyen et de renter directement en guerre contre la Russie, au nom de la défense de la démocratie. Une bonne petite guerre pourrait détourner le regard des problèmes concrets. Mais l’Europe en a-t-elle les moyens ? Je ne le pense pas. L’Italie qui est en train de perdre son gouvernement pour cause de soutien inconsidéré à l’Ukraine[7], risque de ne pas suivre, l’Allemagne trainera les pieds, Macron dont le gouvernement est instable, probablement aussi. La seconde issue qui ne plairait pas aux Américains qui ont pris l’habitude de traiter le personnel politique européen comme de simples petits soldats de leur Empire, serait de se désengager de ce bourbier et de travailler à un scénario pour la paix avec la Russie. Cette issue est tout à fait envisageable si les tensions au sein du groupe dirigeant autour de Zelensky augmentent après la purge qu’il vient d’effectuer. Il n'a pas seulement viré un procureur et le chef du SBU, il a limogé plus de 600 cadres de haut niveau au motif qu’ils auraient couvert des traitres. A son tour il risque une révolution de palais qui pourrait réorienter la guerre vers une issue négociée, sachant que les soldats ukrainiens sont épuisés et que les Américains commencent à trouver la facture ruineuse pour le peu de résultat obtenu sur le terrain. 

Ursula von der Leyen serrant la main au dictateur Ilham Aliev 

Voici Ursula von der Leyen main dans la main avec Ilham Aliev, dictateur de l'Azerbaïdjan, qui voulait exterminer les Arméniens dans le Haut Karabakh. On a les amis qu'on peut au nom de la démocratie. Dans cette louche affaire il était allié à Erdogan, un autre dictateur, sans que l'Union européenne ne trouve à y redire. Rappelons que ce sont les armées russes qui ont empêché le massacre – il est d’ailleurs très probable à la vue de ce qui se passe aujourd’hui que cette attaque contre le Haut Karabakh ait été une provocation montée de toute pièce par les Américains. Maintenant Ursula veut acheter du gaz à Ilham Aliev qui voit là, la possibilité de redorer son blason. Comme on le voit l'Union européenne suit la politique étrangère américaine, elle se fout des Kurdes et des Arméniens et ne défend que l'Ukraine, parce que les Américains le lui disent et parce qu’elle pense que cela élargira à terme son marché. Les grands coups de trompette de cet accord entre l’Union européenne et Ilham Aliev, ne masquent pas cependant que ces livraisons un peu hypothétiques seront coûteuses et très insuffisantes pour compenser le gaz russe[8]. La fable selon laquelle l’Europe c’est la paix, risque ne plus faire beaucoup recette dans les mois à venir.


[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/29/accord-sur-l-adhesion-de-la-suede-et-de-la-finlande-a-l-otan-ankara-celebre-une-victoire-nationale-inquietude-et-indignation-a-stockholm_6132436_3210.html

[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/la-grece-empeche-plus-de-mille-migrants-venant-de-turquie-de-debarquer-sur-ses-iles-20220627

[3] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/28/a-la-frontiere-avec-la-turquie-des-migrants-enroles-de-force-par-la-police-grecque-pour-refouler-d-autres-migrants_6132286_3210.html

[4] https://www.nouvelobs.com/guerre-en-ukraine/20220717.OBS61010/l-union-europeenne-veut-durcir-les-sanctions-contre-la-russie-accusee-de-tir-de-missiles-depuis-une-centrale-nucleaire.html

[5] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/armement-les-pays-de-l-union-europeenne-vont-tester-des-achats-communs-926126.html

[6] https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/le-scenario-de-la-recession-doit-etre-desormais-anticipe-par-les-banques-europeennes-selon-la-bce-923940.html

[7] https://www.france24.com/fr/europe/20220715-italie-m5s-divis%C3%A9-incin%C3%A9rateur-romain-pourquoi-mario-draghi-a-pr%C3%A9sent%C3%A9-sa-d%C3%A9mission

[8] https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/gaz-l-ue-se-tourne-vers-l-azerbaidjan-pour-diversifier-ses-approvisionnements_2177221.html

samedi 16 juillet 2022

Michèle Tribalat, Immigration, idéologie et souci de la vérité, L'Artilleur, 2022

  

Discuter sereinement de l’immigration en France est une mission impossible. Il est quasiment interdit d’en contester les bienfaits aussi bien pour le pays émetteur que pour les pays d’accueil. Michèle Tribalat  est mise régulièrement au ban de la « bonne pensée » et a connu beaucoup de difficultés dans sa carrière de chercheuse. Elle est une démographe connue pour avoir été marginalisée au sein de sa propre tribu. Son péché est d’avoir combattu les discours lénifiants et rassurants sur la question de l’immigration, autrement dit de ne pas s’être placé sur le plan politique du combat contre les politiciens d’extrême-droite dont le fonds de commerce sont les dégâts consécutifs à l’immigration de masse. Dans ses travaux elle s’est élevée contre les universitaires qui confondent l’étude d’un sujet avec le militantisme. Mais ici elle ne développe aucune thèse particulière sur cette question épineuse qui empêche la gauche d’exister. Son propos est plutôt de montrer comment on travaille à l’université dans son domaine. Mais on pourrait dire que dans tous les autres domaines c’est un peu pareil. Tribalat est une femme de gauche qui fait son métier correctement et qui ne tripote pas les statistiques. Pour cela elle est décrite comme un suppôt de l’extrême-droite. La gauche est en voie de disparition, parce qu’elle s’applique à nier la réalité, aussi bien en ce qui concerne l’immigration qu’en ce qui concerne la laïcité. Mais cette cécité se range sous le parapluie des travaux d’universitaires peu scrupuleux, un peu fainéants et très malhonnêtes. Tribalat nomme clairement François Héran, professeur au Collège de France, il n’en est pas moins un clown. Du reste il n’est pas le seul pitre dans cette boutique, Pierre Rosanvallon, militant de la deuxième gauche CFDT, macronien de choc, en est un autre. Ce qui est intéressant dans le livre de Tribalat est qu’elle décortique comment ces idéologues sans rigueur intellectuelle aucune usent de l’arme ultime de l’argument d’autorité. L’idée est la suivante, ce que dit ou écrit Héran serait toujours très bon et excellent parce qu’il est en poste au Collège de France, et donc que s’il est arrivé jusque-là, c’est bien la preuve qu’il est le meilleur. Et quand les idées moisies d’Héran se heurtent à la réalité tangible, on va vous expliquer à l’aide d’un discours tortueux et paradoxal, que c’est parce que vous n’avez pas le niveau suffisant pour comprendre ce que vous croyez évident. Vieille ficelle des maîtres à penser. Les économistes nous font le coup depuis des décennies. Augmenter le SMIC c’est mauvais parce que ça tue l’emploie, ou le droit du travail en restreignant les licenciements pèse sur le chômage, ou encore plus cocasse, l’euro est excellent et sans lui la situation serait encore bien pire que ce qu’on peut observer. Bien avant de lire Tribalat j’avais une mauvaise opinion de ce cuistre, essentiellement parce que quand il discutait de l’immigration, il utilisait les flux ou les stocks selon ses besoins de démonstration. Par exemple, en mettant en avant la faible proportion de flux d’immigrés annuels en le rapportant à la population totale, cela lui permettait de dire qu’on surestimait le problème. Mais bien évidemment n’importe quel profane comprend que la démographie c’est une dynamique. Ce n’est pas un flux à un moment t rapporté à un stock de population issu de plusieurs générations successives. Masquer cela relève de l’escroquerie intellectuelle, car on ne croit pas Héran suffisamment stupide pour croire à ses propres idioties, mais cela ne l’empêche pas d’être publié dans Le monde, le journal de la mondialisation heureuse. En vérité il s’agit d’une forme de terrorisme intellectuel : la gauche étant coupée de classes qu’elle prétend défendre contre elles-mêmes, passe sous les fourches caudines d’une forme théorique néo-libérale qui ne dit pas son nom et qui vise à la dillution des nations dans une mondialisation qui serait gouvernée par des experts et par les lois du marché qui comme l’on sait donnent un optimum indépassable, sauf en cas de guerre, de monopole ou de catastrophe boursière ! 

François Héran, tripatouilleur de chiffres et ennemi préféré de Tribalat 

Tribalat démonte cette malhonnêteté qui au fond s’apparente à la position de Jean-Paul Sartre quand, pour expliquer que les ouvriers ne pouvaient pas entendre une vérité blessante pour eux, il avançait : il ne faut pas désespérer Billancourt. Les universitaires à la Héran – il y en a bien d’autres, Hervé Le Bras par exemple, un autre démographe moralisateur, qui est fait du même bois, ou encore le clown Julien Brachet qui s’est donné pour mission de convertir les hérétiques qui osent penser que l’immigration massive pose des problèmes importants – s’appliquent à dire que leurs contradicteurs ne sont pas qualifiés pour les contredire ou qu’ils ne sont motivés que par l’idéologie fascisante. Ils refusent le plus souvent le débat et même les répliques aux stupidités qu’ils ont pu écrire. Dénonçant une sociologisation de la démographie qui tourne à la discussion de café du commerce, Tribalat démontre que pour faire tenir leurs thèses fumeuses, ces démographes trichent à qui mieux mieux, faisant semblant d’avoir oublié les fondamentaux méthodologiques de la statistique. Elle décortique l’usage qui est fait de la notion de taux de fécondité, ou encore les projections aberrantes qui font qu’automatiquement les taux de fécondité des femmes immigrées qui viennent d’Afrique allaient forcément baisser. Cette méthode qui consiste à prendre un trend en le fondant sur des hypothèses instables prouve qu’elle ne peut mener qu’à l’erreur et qu’à la sous-estimation de la réalité. Cette critique s’adresse toujours à ce même Héran dont les errements systématiques confirment l’insuffisance autant que la bouffonnerie. Quand celui-ci définit sa méthode pour faire des projections qui sont censées rassurer l’opinion, essentiellement des semi-intellectuels, Tribalat reprend cette méthode et l’applique au passé, montrant un écart très important entre les prédictions et la réalité observée : qu’aurait prévu la méthode d’Héran si on l’avait adopté en 1982 pour prédire le nombre des immigrés en 2015 ? Il se révèle que la méthode prédictive de François Héran est totalement défaillante, il se serait trompé du simple au double ! Selon la dméarche hypothético-déductive la plus élémentaire, une modélisation qui conduit à des erreurs de prévision aussi importante est disqualifiée à jamais. Et donc si cette méthode est mauvaise pour les années 1982-2015, elle est aussi plus que douteuse pour les années 2015-2050 et ne peut pas servir de fondement à une projection sérieuse aujourd’hui. La vérité ce n’est pas seulement qu’Héran n’est pas très intelligent, cela se sait tout autour de lui, mais c’est qu’il camoufle sa bêtise derrière la nécessité de ne pas discriminer les migrants, de ne pas donner des armes à l’extrême droite, il l’avoue parfois et ses disciples encore plus bêtes que lui, aussi. Mais cela a-t-il quelque chose à voir avec l’exposition de la réalité ? Car au fond c’est là le nœud du problème, des gens comme Héran, comme Hérou dans un autre registre qui lui s’active ouvertement à violer les lois de son propre pays avec la bénédiction du Conseil d’Etat, comme Le Bras et quelques autres, considèrent qu’ils ont pour mission première de venir en aide aux immigrés qu’ils doivent protéger contre des menaces assez peu clairement identifiées. Ce n’est même plus la vision qu’on avait comme chez Alain Badiou des immigrés ou des musulmans comme le nouveau prolétariat, les damnés de la terre qui vont initier une révolution communiste, mais c’est l’idée d’un catholicisme militant en faveur d’une population qu’ils considèrent comme des sortes de sous-hommes dont il faut guider les pas, tout en rejetant les pauvres autochtones qui, à demi idiots ne peuvent que se laisser berner par l’idéologie de l’extrême-droite. Mais ce qui peut se comprendre chez Herrou comme une forme de militantisme teinté d’idéologie religieuse, ne peut être admis chez des chercheurs qui prétendent à la scientificité de leurs travaux. Voici ce que cela donne ci-dessous sous forme de graphique. L’ensemble de ces points de vue milite pour l’abolition des frontières et des nations, donc pour la mondialisation et une « gouvernance » mondialiste qui va avec. Avec en arrière-plan que les frontières ne servent à rien d’autre qu’à faire des guerres, ou que la terre n'appartient qu’à Dieu, donc à personne et que chacun a bien le droit de s’installer où il le veut. Si l’idée d’une mondialisation heureuse peut sur le plan philosophique se comprendre, dans la réalité elle ne correspond qu’à une négation de l’histoire humaine, c’est pourquoi elle est compatible avec l’idée de fin de l’histoire telle qu’elle a été développée par Fukuyama[1]. 

Comparaison à la réalité de ce qu’aurait été l’évolution du nombre d’immigrés d’Afrique hors Maghreb en France si la méthode de François Héran avait été testée rétrospectivement en 1982 pour imaginer leur nombre jusqu’en 2015. Sources : Insee et Nations unies

Au-delà de dénoncer ce moralisme tranquille et envahissant, il y a tout de même la question de savoir ce qui se passe quand les faits percutent aussi violemment les idées reçues. Il est évident que n’importe quel chercheur part d’idées préconçues, on ne peut pas faire autrement, mais il doit les remettre en question lorsque l’observation des faits les corrigent violemment. Cette démarche hypothético-déductive devrait être le minimum d’exigence. Mais en réalité si les sociologues ou les démographes new-look ne sont pas capables de corriger leurs idées à la lumière de la réalité c’est aussi bien à cause de leur fainéantise que de leurs positions militantes. On remarque d’ailleurs qu’au Collège de France dès qu’on aborde le domaine des sciences humaines, on n’a pratiquement plus que des militants, Michel Foucault, Pierre Bourdieu, et pire encore Pierre Rosanvallon, avec une détérioration du niveau intellectuel parallèlement. Cette posture militante est clairement un levier pour l’extrême-droite qu’elle prétend combattre. En effet en militant pour l’immigration de masse, les universitaires exercent une pression sur la gauche qui se coupe ainsi de son électorat naturel et laissent le champ libre aux idéologues d’extrême-droite qui peuvent facilement conquérir un public. On peut dire que tous ces gens qui s’appliquent au nom de leur savoir à nier la réalité de terrain, facilitent la tâche d’imbéciles semi-instruits comme Zemmour qui n’ont plus qu’à ramasser les voix d’électeurs en quête d’un discours moins lénifiant ou qui corresponde un peu plus avec ce qu’ils vivent dans leurs quartiers et ce qu’ils voient de leurs yeux. 

L’ouvrage est franchement polémique, et il y a un passage franchement hilarant sur le grotesque Héran qui considère que l’immigration c’est une donnée non-maitrisable comme le baby-boom ou le vieillissement de la population, ce que Tribalat appelle la naturalisation de l’immigration, et donc que les populations autochtones doivent s’adapter sans discussion sans broncher. « François Héran pousse l’analogie entre l’immigration, le baby-boom et les vieux qui vivent plus longtemps jusqu’à employer le verbe accueillir pour ces trois « surcroîts » de population, les mettant ainsi sur un pied d’égalité. À une époque où tout est construction sociale, l’immigration étrangère serait aussi naturelle que la natalité. Il faut s’adapter à l’une comme à l’autre. Ces millions d’habitants supplémentaires dus à l’immigration depuis la fin de la guerre auraient également, non pas contribué à reconstruire la France, mais l’auraient reconstruite à eux tout seuls, reconstruction qui, pour François Héran aurait apparemment duré jusqu’à aujourd’hui ! »



[1] Francis Fukuyama, La fin de l’histoire ou le dernier homme, Flammarion, 1992.

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...