mardi 28 mars 2023

La guerre civile en France, 2023

 

En moins d’une semaine nous avons vu la France bruler, à Paris comme en Province, et une escalade dans la violence, ce sont des images de guerre civile et non pas de simples débordements d’éléments radicalisés comme tente de le faire croire Darmanin. De la réforme des retraites à la manifestation de Sainte-Soline, ce n’est plus de rébellion dont il faut parler, mais de guerre civile. Il y a aujourd’hui deux camps en présence, le bloc bourgeois et le reste de la France. Le premier camp c’est la finance et ses valets, la presse et les miliciens censés défendre la République. Le second est fait des Français appauvris et martyrisés par le premier. Cette guerre larvée depuis au moins la crise des Gilets Jaunes a pris ce printemps un tour nouveau. Que ce soit à Paris ou à Sainte-Soline, à Rennes ou à Nantes, les miliciens violents de la Macronie ont été surpris devoir ceux qu’ils martyrisaient ripostaient avec les moyens du bord. Il est assez cocasse devoir ces robocops suréquipés venir pleurnicher dès lors qu’ils se trouvent en difficultés. Le cinglé de l’Élysée a décidé le 22 mars de déclarer la guerre civile, derrière une apparente légalité – bien peu légitime – il s’est arcbouté pour affirmer que son pouvoir minoritaire était d’essence fasciste. Il faut appeler un chat, un chat, et cesser de dire que Macron et son gang représenterait une sorte de centrisme introuvable, oint par un vote démocratique. La nature du pouvoir en France est au-delà d’un simple autoritarisme, c’est l’affirmation d’une droite-extrême. La seule chose qui distinguer la droite-extrême macronienne de l’extrême-droite traditionnelle est l’absence de racisme. Le racisme est remplacé par la haine du peuple et des travailleurs. 

Nous sommes passés en un temps record des revendications catégorielles à une lutte des classes assumée par le peuple. A Paris ce sont les prolétaires, y compris les classes moyennes prolétarisées qui ont relevé le gant, récusant cette augmentation de la plus-value par allongement de la durée de la vie active. À Sainte-Soline ce sont les paysans véritables qui sont entrés en lutte contre l’agro-business qui tente de mettre la main sur l’eau – un produit qui se raréfie, mais qui dans le cas des méga-bassines est payé par l’État – et donc qui menace de les ruiner. Or il se passe depuis quelques années qu’une nouvelle paysannerie émerge et tente de survivre à la marge de l’agro-business, et c’est de ça que parle la bataille de Sainte-Soline. Si la réforme des retraites vise à donner la possibilité aux grands groupes financiers de mettre la main au moins partiellement sur le financement des retraites, les méga-bassines travaillent dans le sens de la concentration de la production agricole en mettant la main sur l’eau. Je passe sur le fait que ces méga-bassines sont aussi une horreur sur le plan écologique. 

 

Le sale boulot est fait par cette horde sauvage qu’on appelle les forces de l’ordre et qui ne sont que des délinquants en uniforme. Ce ne sont pas des travailleurs comme les autres, mais des domestiques hypocrites qui adorent martyriser des personnes supposées plus faibles qu’eux, parce que désarmées, et le plus souvent ils se mettent à plusieurs pour cogner. On les a vu plusieurs fois tirer lâchement avec des LBD en visant manifestement la tête. Certains avancent que c’est parce qu’ils ont peur de la foule qu’ils se conduisent aussi laidement. On peut dire aussi que c’est parce qu’ilsont honte d’être ce qu’ils sont. Parler de démocratie en France et d’État de droit est du niveau de la plaisanterie. Les domestiques qui travaillent dans les médias tentent bien de faire croire que ce sont les manifestants qui sont des sauvages et des délinquants, ils n’y arrivent plus, et même le journal macronien, Mandatés par la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), des observateurs des pratiques policières ont « constaté l’entrave par les forces de l’ordre à l’intervention des secours pour une situation d’urgence absolue ». Selon la Ligue, le SAMU aurait affirmé « ne pas pouvoir intervenir dès lors que le commandement leur avait donné l’ordre de ne pas le faire ». La victime se trouvait dans « une zone parfaitement calme, selon la LDH. La situation sur place. Le monde, vient de renoncer d’une manière spectaculaire à défendre les miliciens de Macron. Autrement dit, le fait que les violences policières soient une réalité disproportionnée pour l’ensemble des Français entraîne mécaniquement un renforcement de leur détermination, une radicalisation pour parler comme Darmanin, qui a son tour engendrera une nouvelle escalade dans la violence de la part du pouvoir. 

Ces violences mettent à jour ce qu’est la démocratie dans le système capitaliste : on n’en fait un usage que par temps calme, et surtout pas pour régler les conflits de classes. Tant que le peuple vote pour des fausses alternances et ne dérange pas les petites affaires, on dit c’est la démocratie, mais si le peuple se rebelle, tout soudain la chanson change de refrain. Quand le conflit s’étend à l’ensemble du pays, alors les habillages présentés par les journalistes pour faire croire à la sauvagerie des manifestants ne suffisent plus à condamner le mouvement, c’est même le contraire qui se passe, on l’a vu naguère avec les Gilets jaunes. Plus les affrontements sont violents, et plus le peuple se mobilise contre Macron et son gang. On a vu les journalistes, tous en chœur réclamer des opposants au pouvoir qu’ils condamnent la violence des manifestants. Mais ils se sont faits envoyer sur les roses quand on leur a demandé s’ils condamnaient ou non les violences policières. Ils étaient très gênés, ne sachant plus quoi dire, et comprenant, mais trop tard, qu’ils apparaissaient comme des collaborateurs du régime et non comme des « journalistes ». On comprend mieux en effet pourquoi les milliardaires veulent détenir des moyens d’information, journaux, chaînes de télévision, malgré que cela leur coûte. C’est sans doute cet aspect qui aujourd’hui distingue le mouvement social de celui des Gilets Jaunes ou de celui des soignants. Tout le monde n’est pas forcément concerné par la hausse du prix de l’essence où par les problèmes des soignants et de l’hôpital, mais tout le monde l’est par sa retraite et son financement ! Dans ce contexte, la sauvagerie de la répression policière à Sainte-Soline a un écho direct sur les manifestants hostiles à la réforme des retraites. 

La répression sauvage de la milice, manipulée comme des chiens de cirque par un pouvoir cynique et criminel, a poussé les manifestants à se retourner vers des actions moins conventionnelles que les défilés où le feu domine. Cette tactique de la terre brulée par Macron et son gang, pousse consciencieusement à la radicalisation, en espérant évidemment que les moins aguerris rentrent chez eux, arrêtent de battre le pavé, les autres ont les dénoncera comme des fauteurs de troubles ou des black-blocs. Les manifestants du 28 mars 2023 étaient en effet moins nombreux. Mais le pouvoir fasciste qui siège aujourd’hui à l’Élysée devrait comprendre que les plus radicaux dans les manifestations du mois de mars 2023 sont les cheminots, c’est-à-dire, ceux qui ont été le plus martyrisés par Macron. Autrement dit, les grèves coûtent très cher aux salariés, et les défilés paraissent insuffisants pour faire reculer la crapule gouvernementale. Il faut donc se renouveler et trouver des nouvelles formes de lutte. C’est déjà en cours, blocage des raffineries et des gares, levé des barrières aux péages autoroutiers, par exemple, c’est le bon chemin. 

Gare le Lyon, le 28 mars 2023 

Les rassemblements du 28 mars 2023 étaient un peu moins fournis que pour celle du 23 mars, mais sur la France ça faisait tout de même plus de deux millions. Mais tout de même ils restaient importants. La CGT nous disait que le cortège parisien avait rassemblé plus de 400 000 personnes contre 800 000 pour la dernière édition. Il y a eu encore de nombreux affrontements, à Lyon, Nantes, Bordeaux. À Paris la manifestation syndicale s’est déroulée dans le calme, parce que la police était moins présente. Puis ensuite ça a dégénéré quand les miliciens ont commencé à arroser la manifestation de grenades lacrymogènes, et donc cela suffit à mon sens à prouver que c’est bien la milice noire de Macron qui est à l’origine des troubles. L’exaspération a fait le reste. Tandis que les manifestants défilaient, l’ignoble Darmanin, franchissant un seuil dans la mise en place d’un régime fasciste, demandait l’interdiction du collectif Les soulèvements de la terre, ceux-là même qui ont été victimes des exactions de la milice. Au moment où j’écris ces lignes, le pronostic vital d’au moins trois manifestants de Sainte-Soline restait engagé, soit trois jours après que les miliciens furent lâcher sur les protestataires. Ce qui semble évoluer c’est la composition des cortèges, on remarquait que les jeunes étaient beaucoup plus nombreux que d’habitude. Est-ce un renouveau de « politisation » ? Dans la soirée on apprenait que la rigide Borne acceptait finalement de recevoir les syndicats dans la semaine prochaine sur la question des retraites. Désavouant le clown Véran-le-véreux qui disait que jamais au grand jamais l’exécutif ne rediscuterait avec les syndicats de la réforme des retraites. 

Lyon, le 28 mars 2023 

Paris, le 28 mars 2023

Besançon, le 28 mars 2023, affrontements devant la préfecture


jeudi 23 mars 2023

La France dans la guerre sociale

Nantes le 21 mars 2023

La France est en feu, tous les soirs depuis que le gouvernement a décidé de passer avec le 49-3 puis avec le rejet des motions de censure. Cette pratique fait qu’en réalité le texte a été adopté sans examen et sans vote. C’est bien une forme de dictature. Les manifestations se succèdent avec un rituel tout le temps le même. On se rassemble, on crie contre l’imbécile de l’Élysée et les Playmobils de l’Assemblée nationale, puis la milice arrive, cerne les manifestants, leur balance des lacrymogènes et tape sur n’importe qui qui leur tombe sous la main. Il y a donc le feu tous les soirs et jusqu’à tard dans la nuit, que ce soit à Paris, à Rennes, à Limoges ou ailleurs. C’est un État fasciste qui se dresse contre la volonté populaire. Macron nous dit – en fait il fait dire par un de ses larbins – que la foule n’est pas légitime et que ceux qui sont légitimes sont ceux qui ont été élus, même s’ils ont été mal élus. Le peuple est devenu dans la bouche de cet imbécile une foule, sous-entendant par là que la foule est stupide. Du reste cette conception, si 80% des Français rejettent la réforme c’est qu’ils n’ont pas compris qu’elle était bonne. Et donc il va faire de la pédagogie. Autrement dit il va nous prendre pour des imbéciles en nous injuriant et en nous montrant combien stupides nous sommes de ne pas admettre la nécessité de l’ignominie. La retraite pour les morts nous dit cette crapule de Borne c’est une manière de sauver la retraite par répartition. Mais le point le plus important c’est que la démocratie ce n’est pas d’avoir raison, c’est le gouvernement du peuple par le peuple, que celui-ci ait tort ou raison. Du reste personne n’est capable de dire ce que seront les caisses de retraite à l’horizon de cinq ou dix ans, parce que personne ne sait où va l’économie à l’heure actuelle. Macron prétend préparer l’avenir, sans même savoir quelle croissance sera possible en 2030 et plus encore 2070. Les bouleversements que nous vivons sur le plan géostratégique n’autorisent pas les projections à long terme. 

Lille 20 mars 2023 

Macron est le champion des mauvais résultats en tout genre et cela depuis 2014, date à laquelle Hollande l’inconscient l’a nommé ministre de l’économie. La dette publique a explosé, passant en gros de 2000 milliards d’euros à 3000 milliards, soit une hausse de 50%. Le déficit du commerce extérieur français a triplé, passant de 58,2 milliards d’euros à 164 milliards d’euros. Le seul résultat positif est le doublement en pourcentage de la fortune des 500 familles les plus riches de France qui est passé de 20% du PIB en 2017 à 43% en 2021. La part de l’industrie de la France dans le PIB a été divisée pratiquement par 2 entre 2014 et 2022, nous situant de ce point de vue au niveau de la Grèce. Les fleurons de l’industrie française ont été bradés à l’étranger, particulièrement aux Américains. Le 22 mars, dans son cours télévisé à l’usage des imbéciles, il assurait vouloir poursuivre le redressement industriel de la France, ce serait comique si le mensonge ne venait pas de celui qui justement a créer le problème[1]. Si sur le plan économique la gestion de la France sous Macron est un désastre consommé, sur le plan des relations extérieures, c’est encore pire. La France ne pèse plus rien, ni en Europe, ni en Afrique, louvoyant entre une tentative de dialogue avec Poutine et un alignement stupide et ruineux sur les Etats-Unis, Macron a considérablement réduit la voix de notre pays sur la scène internationale. En regardant dans le rétroviseur, on serait bien en peine de trouver quelque chose de positif qu’on pourrait mettre à son crédit. Sur le plan politique, il restera non seulement comme le président le plus mal élu, mais aussi celui contre lequel les Français auront le plus manifesté, de la loi El Khomri à la réforme des retraites. La seule réponse qu’il a trouvée est la matraque, le canon à eau et les lacrymogènes. L’idiot appelle cela le dialogue social. On rappelle qu’il est le seul président depuis 1945 a avoir envoyé la milice pour fracasser un 1er mai 2019 le cortège de la CGT, dirigée pourtant par le mollasson Philippe Martinez. Cet épisode n’est pas souvent remarqué, mais il est très significatif de ce qu’est Macron. La répression est le leitmotiv de la politique de Macron, quand on ne tape pas sur les Gilets Jaunes, c’est sur les soignants, ou sur les antivax, sur les pompiers ou sur les millions de personnes qui protestent contre la réforme des retraites. La France de Macron a été plusieurs fois condamnée par des instances internationales, l’ONU ou l’Union européenne[2], pour les manquements répétés aux principes d’un État de droit, je passe sur les éborgnés et les amputés d’une main au moment de la révolte des Gilets Jaunes. Ces rappels sont là pour bien faire comprendre que c’est n’est pas seulement contre la réforme des retraites que le peuple descend dans la rue, mais cela s’ajoute à tous les manquements d’une équipe incompétente et sous l’influences des cabinets de conseils américains. 

Paris 21 mars 2023 

Évidemment cela ne serait pas possible si les forces du désordre ne venaient pas lui manger dans la main. Disons le ici, à part l’opposition remarquable du syndicat France Police qui a pris ouvertement position contre le gouvernement, annonçant que si la motion de censure ne passait pas[3], il y aurait le feu, le reste de cette engeance prend du plaisir et un peu d’argent aussi à matraquer, nasser, martyriser, des personnes désarmées. La responsabilité de ces gens qui n’ont plus rien d’humain est écrasante. Tous les soirs ils arrêtent des dizaines de personnes que les juges sont obligés de relâcher par ce que le dossier est vide, des magistrats un peu plus courageux que les autres ont protesté contre l’indécence de la répression[4]. Sans la lâcheté des policiers transformés en miliciens, macron aurait déjà été obligé de demander l’asile politique en Germanie ou aux Etats-Unis. Un régime qui ne tient que par la volonté misérable de la milice est un État policier, cela ne se discute pas. Mais bien entendu il leur arrive de tomber sur des résistances. On a vu les robocops obligés de reculer à Fos-sur-Mer lors de la réquisition de la raffinerie. Face à la détermination des ouvriers, pourtant désarmés, ils n’avaient pas la partie gagnée. Plusieurs de ces miliciens ont été transférés à l’hôpital de Martigues. 

Fos-sur-Mer, le 21 mars 2023 

Le printemps est souvent favorable aux mouvements sociaux. On ne voit pas comment, en dehors de la matraque et d’un durcissement d’un régime déjà fasciste, la colère pourrait être apaisée. Preuve que Macron ne réfléchit pas beaucoup, c’est qu’il n’a pas mesuré les capacités de réaction des Français. Sans doute pensait-il les assommer et que ceux-ci ravaleraient leur rancœur. Comme beaucoup d’observateurs, y compris moi-même, il pensait que la colère mettrait plus de temps à monter et que les syndicats en organisant des manifestations montres, contribueraient à faire tomber la tension.  Les manifestants ont mis le feu de partout pour montrer leur colère, s’appuyant sur les grèves des éboueurs, ils se sont servis des poubelles accumulées dans les rues des grandes villes pour faire des barricades et retarder les chocs avec la milice, puis pour leur mettre le feu. La tactique était bonne, en se déplaçant très vite, ils prenaient toujours de vitesse les miliciens en noir, n’ayant pas de point de fixation. Épuiser les miliciens est la bonne méthode, ils sont responsables des violences et soutiennent un régime fasciste. Il ne faut pas rester dans l’euphémisme, appeler cette dérive monstrueuse par son nom. 

Donges 21 mars 2023 

Nous assistons à une double tactique de la part du mouvement social. Il y a les plus jeunes, les étudiants, les désorganisés qui mettent le feu dans les villes en les parcourant. Puis à côté on a des prolétaires qui tiennent la position, même si c’est difficile, c’est le cas dans les raffineries et les dépôts de carburant, mais aussi avec les marins-pêcheurs et les dockers, à Brest ou à Rennes. A Rennes, les agriculteurs se sont retrouvés eux aussi face à la milice qui ne sait pas vraiment ce que veut dire le mot travailler. Dans ces derniers cas les affrontements sont violents. Contrairement à ce que rencontre Macron à sa perruque, ce ne sont pas des racailles de banlieues ou des marginaux d’extrême-gauche qui vont au contact, mais ce sont aussi des prolétaires, des travailleurs, qui sont d’autant plus déterminés qu’on les trouve dans les secteurs de l’industrie. Bien entendu nous n’en sommes pas encore à une insurrection véritable, la marche sur l’Élysée n’est pas encore là, et on aimerait que la grève générale emporte le menteur emperruqué et son gang loin de chez nous. Macron qui a comme seule constance l’entêtement imbécile, répétant comme une mécanique détraquée, « c’est la seule solution », reste déterminé, tant que la milice le protège. 

Limoges 20 mars 2023 

Menteur et louvoyant – comme presque tous les hommes politiques et les robots élevés en batterie aux Etats-Unis – il n’a pas assumé le fait qu’il avait ordonné via cet imbécile de Darmanin (celui-là même qui annonçait en 2017 que si Macron était élu, ce serait le chaos – c’est la seule fois qu’il a dit la vérité) de durcir la répression pour faire peur au bout de quelques jours en renvoyant tout le monde dans ses foyers. Les miliciens, malgré leur lâcheté native, ne font que ce qu’on les autorise de faire, même s’ils prennent un plaisir vaguement orgasmique à martyrisé des manifestants désarmés. Il indique que la France est un pays démocratique, et que la preuve est qu’il tolère qu’on manifeste sans gêner personne, et si possible en se rendant invisible et insignifiant, en allant manifester leur mécontentement dans les collines. Des ONG, notamment Amnesty International ont commencé à documenter la sauvagerie de la répression. L’ennuyeux pour le menteur Macron, c’est qu’aujourd’hui, les possibilités de filmer les exactions de la milice sont très nombreuses, et donc que tout le monde est renseigner de ses crimes, soit via les chaînes d’information en continu, soit les réseaux sociaux. Et que persister dans la négation de ces débordements ne fait que démontrer le caractère ignoble de ce gouvernement qui travaille à la destruction totale du pays.

 

18 mars 2023 des manifestants obligés de s’asseoir et de mettre les mains sur la tête 

L’originalité de ce mouvement semi-organisé, qui s’appuie plus ou moins sur les syndicats, c’est que quand ça s’arrête d’un côté, ça repart de l’autre. La milice a réussi le 21 mars à débloquer la raffinerie de Fos-sur-Mer, au pris de plusieurs miliciens blessés et envoyés à l’hôpital, mais le 22 mars, c’était le port de Fos qui était bloqué et occupé ! Et le même jour celui de Marseille, tandis que des bagarres avec la milice éclataient sur le port du Havre, bagarres où le prolétaire faisait mieux que bonne figure et obligeait la canaille en uniforme à reculer. Cette rotation dans les occupations est intéressante parce qu’elle évite la confrontation directe avec les miliciens, mais elle continue cependant de les fatiguer. La révolte touche toutes les catégories de la population, des étudiants aux retraités, en passant par les salariés qui désapprouvent cette réforme à plus de 90% ! Seul le camp du capital la soutient. La palinodie du vote des motions de censure a un peu plus dévalorisé une représentation nationale déjà peu respectée et peu respectable. Ce rabaissement du parlement entraîne mécaniquement que les révoltés pensent forcément que seule l’action directe dans la rue ou dans les entreprises est possible. 

La milice vise la tête avec des LBD 

Le texte est voté, et c’est justement ce vote sans discussion aucune du parlement qui l’a permis. En théorie la loi est adoptée. Quelles sont les sorties possibles ? La première piste qui semble être évoquée par l’idiot de l’Élysée est celle du pourrissement, genre « je suis droit dans mes bottes », à la manière d’Alain Juppé qui dut manger son chapeau. Donc comme il est très impliqué dans son ignominie, Macron peut tenter la surenchère répressive, ce qui lui plait d’autant qu’il envoie les robocops en première ligne et évitera de se montrer en public. Cette voie est très incertaine parce qu’on ne sait pas à combien de morts elle finira par conduire et qu’elle risque de déclencher pour de bon une grève générale du type Mai 68 – idée qui agite de nombreux esprits en ce moments. La seconde voie est celle du RIP – Référendum d’Initiative Populaire – la procédure est très compliquée, c’est une course d’obstacles avec l’obligation de réunir au moins 4,8 millions de signatures, puis la décision des parlementaires de valider ou non cette demande. Macron n’en veut pas, car il sait très bien que ce référendum serait forcément perdu, ce qui le rabaisserait encore un peu plus. Avec la complicité de la crapule du Sénat et des Ripoublicains, il fera tout pour l’entraver, en disant que les enjeux sont bien trop importants pour qu’on laisse le peuple se déterminer. On hurlera au déni de démocratie, on brulera pendant quelques jours des voitures et des poubelles, puis la vie reprendra son cours. 

Chambéry le 21 mars 2023 

L’autre option est que le Conseil constitutionnel retoque complètement la loi. C’est la thèse que développe depuis quelques jours le constitutionnaliste Dominique Rousseau[5]. Selon lui ce n’est pas sur le fond de la loi que le Conseil constitutionnel se prononcerait, mais sur la forme, par exemple sur le fait qu’il n’y a pas eu de débat régulier à l’Assemblée Nationale. Certes le Conseil constitutionnel est le plus souvent mou et complaisant. Mais il y a des éléments nouveaux. D’abord parce que les règles de sincérité des débats n’ont pas été respectées, l’usage du 49-3 n’est pas en cause, mais plutôt celui de l’article 38 qui a été utilisé au Sénat par l’ignoble Larcher pour empêcher le débat. Autrement dit ils ont violé la loi ! Le Conseil constitutionnel qui avait prévenu maintes fois l’exécutif des problèmes qu’une telle loi ignoble posaient techniquement, n’a pas été entendu. Et donc il pourrait vouloir faire la leçon à un gouvernement incompétent pour qu’il rentre dans les clous de la loi. Bien entendu les violences quotidiennes sont un facteur qui poussera le Conseil constitutionnel à se refaire une légitimité. Mais Dominique Rousseau pense que cette censure arrangerait Macron. En effet, il pourrait se retirer du jeu, arguant que Borne et ses services ont été incompétents pour produire un texte législatif convenable. Il passerait alors à la nomination d’un autre premier ministre – ça se bouscule au portillon – et renverrait la morne Borne à sa retraite. Elle a l’âge de la prendre. Cette censure arrangerait tout le monde et Macron dirait qu’il va reprendre un peu plus tard cette réforme, dans d’autres conditions quand les esprits seront apaisés. Mais il n’est pas sûr que Dominique Rousseau ait raison, nous le saurons bientôt. S’il se trompe, la tension montera d’un cran. Il n’est cependant pas le seul à penser que le Conseil Constitutionnel peut annuler cette loi maudite. Le constitutionnaliste Michel Offerlé dans une tribune donnée au Monde le 23 mars 2023 est un peu sur la même ligne, ouvrant même des pistes pour refonder l’âge de départ à la retraite sur autre chose que l’espérance de vie, mesure qui renforce évidemment les inégalités. Michel Offerlé pense qu’il faut repartir de l’espérance de vie en bonne santé, ce qui modifierait radicalement les choses[6]. 

Les dockers bloquent le port de Brest le 22 mars 2023

La conclusion de tout cela est que la fascisation du régime entraine la lutte des classes non pas comme une idéologie, mais comme une nécessité quasi biologique. Le fait que dans le mouvement contre les retraites on retrouve aussi bien les jeunes que les vieux, le peuple des grandes villes et celui des petites est un signe avant-coureur. La popularité des Giles Jaunes aurait dû pourtant alerter Macron et son gang, le fait que ce premier grand mouvement se soit éteint ne voulait pas dire qu’il ne conservait pas encore des braises pour rallumer l’incendie. Pour avoir oublié cela Macron et sa perruque se retrouve aujourd’hui le dos au mur. Moqué par tout le monde, y compris son coiffeur, sa perte de crédibilité est évidente, non seulement parce qu’il a produit une loi ignoble et rejetée, mais parce qu’il s’est révélé un piètre tacticien, en effet la manière dont il a traité les syndicats et particulièrement la CFDT est significative d’un grand aveuglement, mais aussi d’un épuisement moral et intellectuel. Il voudrait pousser à l’émergence d’un syndicalisme de combat incarné par Olivier Mateu qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Le pire est sans doute que dans ce gouvernement corrompu, il n’y en ait aucun qui fasse preuve d’un peu de modération. Les images de Macron lors de sa petite comédie montraient un individu aux abois, nerveux, avec peu de suite dans les idées. Mais on l’a vu, subrepticement, aussi enlever sa montre durant l’interview pour ne pas heurter le peuple, c’est une montre qui coûterait selon la rumeur 80 000 €. 

À Rennes, les marins-pêcheurs affrontent la milice le 22 mars 2023 

Le mercredi 23 mars 2023, les manifestations organisées par l’ensemble des syndicats se sont multipliées dans tout le pays. C’était une réponse envoyée à Macron qui a envoyé tout le monde promener lors de son discours télévisé au journal de 13 heures de la veille. De nombreuses ONG ont dénoncé « les conditions du maintien de l’ordre », arguant que la France de Macron sortait de l’État de droit. Mais l’allocution verbeuse du locataire de l’Élysée qui avait l’air d’être une fois de plus sous l’emprise d’une drogue dure, a remonté le moral de la canaille en uniforme qui se sont mis à cogner derechef. Il semble bien que l’arrogance du guignol ait remobilisé les troupes au lieu de les décourager. Quelles sont les intentions réelles de Macron ? Personne ne le sait et peut-être même pas lui-même ? Il semble qu’il cherche le coup dur, quelques morts par exemple, ce qui va finir par arriver, de façon à imposer un couvre-feu à la manière de feu Pinochet. On constatait un très net rebond de la mobilisation par rapport aux dernières sorties syndicales, le peuple français relevant le défi que l’hurluberlu emperruqué de l’Élysée lui avait lançait la veille. Pour les syndicats la mobilisation avoisinait 3,5 millions. Les services de Darmanin évidemment tentaient de minimiser pour faire croire à un reflux, mais ce n’était pas sérieux. 

Le port de Fos-sur-Mer est bloqué le 22 mars 2023 

Dès le matin du 23 mars, les cheminots de Marseille bloquaient la Gare Saint-Charles. Des blocages similaires avaient lieu dans d’autres gares en France. L’énorme et paisible cortège parisien a rapidement été attaqué par la milice. Manifestement le pouvoir cherchait le coup dur. La tactique des miliciens a été changée : ils cassaient les cortèges sans raison. C’était aussi le cas de la manifestation de Rennes. Les attaques de la milice étaient délibérées et les charges violentes, les affrontements ont duré plusieurs heures. Ce n’est pas ainsi que les policiers se réconcilieront avec le peuple qui les méprisent à cause de ce détestable côté chien de garde de la bourgeoisie auquel ils restent viscéralement attachés. À Bordeaux c’était encore la même chose. Avant même que le cortège arrive à destination, la racaille en uniforme chargeait violemment, après un tir fourni de grenades lacrymogènes. Alors que les porte-paroles du gouvernement dénonçaient Mélenchon comme instigateur des violences, les vidéos montraient clairement qu’à Paris, les charges policières n’étaient en rien justifiées par le maintien de l’ordre, au contraire, elles visaient le chaos et peut-être des morts et des blessés.    

 

Les manifestants multipliaient les initiatives pour augmenter la pression sur les miliciens. Une foule importante s’est ainsi déplacée pour bloquer le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer que le pouvoir disait avoir mis au pas. Aucun camion n’a pu ni entrer ni sortir. La Milice ne peut pas être partout ! Mais justement c’est peut-être pour cette raison que la milice à l’ordre de taper dur et de faire peur, parce que si ça dure, les robocops vont être vite débordés. Même Le Monde, le journal de la paroisse mondialiste le signalait, les miliciens sont fatigués et dépassés par les nouvelles tactiques des manifestants. Les menteurs du ministère de l’intérieur, avançaient qu’ils avaient repéré un millier de radicalisés dans le cortège parisien, histoire de justifier leur propre radicalisation. Mais ils étaient sans doute bien plus nombreux. À Lorient, c’est le commissariat qui a été attaqué, c’est nouveau ! Évidemment le conflit va changer de dimension. À Lyon, des groupes parcourent les rues en semant des dégradations sur leur passage. Ils sont plusieurs centaines, selon la préfecture. Plusieurs individus allument des feux, dressent des barricades et cassent du mobilier urbain. Ils sont systématiquement poursuivis par les forces de l’ordre, à coups de charges et de gaz lacrymogène. Mais le plus souvent ils arrivent à s’échapper.                                                                                           

Manifestation syndicale du 23 mars 2023 à Paris 

Si Macron peut se faire du souci, c’est aussi parce que le 23 mars 2023, on a vu les pompiers avec leurs casques se joindre aux manifestants contre la police et prendre la tête du cortège ! Fabien Roussel a appelé les CRS a rejoindre le mouvement ! si cela était, Macron et son gang seraient contraints de demander l’asile politiquer à l’étranger ! Mais nous n’en sommes pas là. Le bilan de la semaine est désastreux. Paris brûle littéralement depuis une semaine. À Nantes, toujours le 23 mars, c’est le tribunal administratif qui a été attaqué, à Bordeaux c'est la porte de lmairie qui était en feu. Avec le commissariat de Lorient ce sont des symboles éloquents de la colère populaire. Signe d’un durcissement du conflit de la part des manifestants, on dénombrait plus de miliciens blessés que de contestataires. 

   

                                La milice charge dès le milieu de l’après-midi à Paris le 23 mars 2023                    

On a remarqué que le 23 mars déjà dans les petites villes, comme Arles ou Chambéry, les mobilisations étaient importantes. La bagarre sur la réforme des retraites dure maintenant depuis presque trois mois. C’est ruineux pour l’économie. Il est très probable que des petits commerces seront obligés de mettre la clé sous la porte.  La somme des dégradations et des pertes de revenus engendrée par l’entêtement imbécile d’un petit clan fascisant et corrompu va sans doute dépasser rapidement les gains de cette même réforme pour les finances publiques. 

Le commissariat de Lorient a été attaqué 

Sauf à édicter un couvre-feu, les manifestations et les violences vont continuer. Samedi 25 mars il y aura encore des mobilisations tous azimuts. Et mardi 28 mars ce sera une nouvelle manifestation intersyndicale. Les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir le départ de Macron et de son gouvernement. A l’issue de son interview du 22 mars, qui était une déclaration de guerre aux syndicats, un sondage disait que seulement 10% des Français avaient été convaincu par ses aigreurs d’estomac. Avant le vote de la motion de censure, les trois-quarts des Français souhaitaient de voir le gouvernement tomber[7]. Gageons qu’aujourd’hui les trois-quarts vont souhaiter le départ de Macron ! Dans la soirée on apprenait que la sécurité de l'Elysée avait été renforcée. Les temps ont changé et Macron malgré ses fanfaronnades a vraiment peur, et il a raison.                                                                                                                                                                   

                                                                                                                                                                   A Bordeaux la milice a déclenché la bataille contre le cortège syndical du 23 mars 2023                                                                                        

La foule se masse au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer

A Lyon les miliciens s’en prennent lâchement aux manifestants désarmés


[1] https://www.lemonde.fr/politique/live/2023/03/22/reforme-des-retraites-en-direct-a-rennes-la-manifestation-des-marins-pecheurs-degenere_6166477_823448.html?#id-897092

[2] https://www.lefigaro.fr/international/2019/02/14/01003-20190214ARTFIG00278-l-europe-condamne-l-usage-disproportionne-de-la-force-par-la-police.php

[3] https://france-police.org/2023/03/16/lusage-du-49-3-pour-passer-en-force-linjuste-reforme-des-retraites-est-une-humiliation-pour-le-parlement-et-une-provocation-pour-la-france-qui-travaille/

[4] https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/arretez-le-massacre-des-deputes-de-la-nupes-denoncent-des-violences-policieres-lors-des-manifestations-contre-la-reforme-des-retraites_5723858.html

[5] https://www.capital.fr/votre-retraite/reforme-des-retraites-les-mesures-que-le-conseil-constitutionnel-pourrait-invalider-1463528

[6] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/23/reforme-des-retraites-le-conseil-constitutionnel-a-les-moyens-de-proposer-une-sortie-de-la-crise-politique_6166648_3232.html

[7] https://linsoumission.fr/2023/03/20/censure-74-francais-gouvernement/

mardi 21 mars 2023

De la dictature et de l’État policier en France

 

La guerre sociale est déclarée 

On a déjà beaucoup analysé les mensonges et les discours des macroniens et de leurs laquais planqués dans les médias[1]. Le seul argument avancé par les ignobles députés et sénateurs de la droite cosmopolite et corrompue est que puisque nous vivons plus longtemps, alors il faut travailler plus longtemps. Sauver les retraites par répartition en les supprimant est la manœuvre employée. Évidemment ils ne parlent pas du fait que le financement des retraites par répartition dépend du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital, mais en outre comme ils font semblant de se projeter dans l’avenir, à l’horizon de 2070, ils ne prennent pas en compte que justement l’espérance de vie dans les pays riches a commencé à reculer clairement, et que bien entendu prolonger la vie de travail de deux ans supplémentaires va aggraver forcément ce recul car une des causes de l’allongement de l’espérance de vie se trouve aussi dans la baisse des durées travaillées. Le petit peuple du salariat  l’a compris, et surtout  bien plus vite que les éditorialistes qui en sont à des jongleries comptables d’une autre époque. Jacques Attali, un macronien de la première heure, qui se flattait jadis d’avoir fabriqué Macron, a lui-même dénoncé cette réforme ignoble comme n’étant aucunement une priorité[2]. Philippe Aghion économiste de la chaire, qui jadis travailla au programme de réformes de Macron, lui aussi, considère que cette réforme est brutale et injuste[3]. C’est un peu le même son de cloche chez un autre économiste libéral et borné, Jean Pisani-Ferry qui pensait qu’on devait faire des concessions au moins de façade à la CFDT de Laurent Berger, ne serait-ce que pour des raisons de tactique, visant à briser l’unité syndicale[4]. Mais Macron et son gang ont décidé de s’attaquer frontalement au corps social. 

La racaille en uniforme dans ses œuvres 

Incapable de convaincre qui que ce soit, à part quelques journalistes semi-idiots, Macron a décidé de sortir ouvertement de ce qui restait encore d’apparence de démocratie en France. Le texte sur les retraites a été adopté sans discussion et sans vote à l’Assemblée nationale. Les amendements n’ont pas été discutés et le texte a été adopté sans vote, sous la menace d’une motion de censure qui renverrait des députés mal élus vers des élections à l’issue des plus incertaines. Qu’un tel texte soit adopté sans vote est déjà le signe d’une dictature avancée, d’autant que la très large majorité de la population, entre 75 et 80%. Sans doute que l’essentiel n’est pas là. En effet, après tout, les députés peuvent voter contre le gouvernement et le renverser. Mais ils sont bien trop lâches et préoccupés pour garder leur petit fromage qu’ils ne le voteront pas. En vérité ce qui est intéressant c’est que le régime macronien vire maintenant à la dictature de type fasciste. Au printemps dernier le gouvernement avait commencé à acheter des véhicules blindés destinés à la gendarmerie dans le but de mater des révoltes inévitables. Ils sont arrivés depuis le printemps dernier[5]. Déclarer la guerre au peuple, était dans le plan de Macron, en tant que domestique du grand capital. Chaque véhicule coûte en moyenne 700 000 € l’unité, et on en a commandé quatre-vingts dix ! Au moment où on nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour les retraites, on en trouve aussi bien pour l’armée – 413 milliards d’euros sur sept ans, soit 60 milliards par an – que pour donner des moyens matériels à l’Ukraine pour continuer à faire massacrer ses soldats – 2,7 milliards d’euros au mois de décembre 2022[6]. Il devient donc évident que le but de cette réforme est de déclencher une révolte qu’on matera par la force, Macron sait qu’il peut compter sur le peu de conscience et la brutalité des forces de l’ordre. Il vise clairement le chaos, quoi qu’il en coûte. 

 

Dès l’annonce du 49-3 les salariés sont descendus dans la rue, spontanément, sans même attendre le mot d’ordre des syndicats. Les pouvoirs publics et les forces de l’ordre ont été surpris et cela a donné lieu à des affrontements violents, à Paris, mais aussi dans des villes comme Rennes et Nantes. Macron, c’est le chaos, en vérité on le sait depuis le début, aujourd’hui c’est la crise des Gilets jaunes qui se répète. Si la crise des Gilets jaunes avait révélé la nature fascisante du pouvoir macronien, la crise d’aujourd’hui nous démontre que nous n’avons rien à attendre de la « démocratie » parlementaire qui est un oxymore. Nous avons vu des ministres, Borne, Le Maire – l’homme de l’effondrement de l’économie russe – se mettre à faire les couloirs pour acheter les débris des Ripoublicains, bien contents de penser qu’ils avaient encore une valeur monétaire sur le marché de la magouille politicarde. L’ignoble Zemmour qui s’offusque qu’on brûle les effigies de Borne et de Macron sur la place publique, jaloux sans doute que ça ne soit pas la sienne qui soit clouée au pilori, car cela lui permettrait de faire semblant d’exister encore un peu. Mais aujourd’hui se dévoile la vérité de ce que nous avions dit au moment des élections présidentielles : cette farce a été cautionnée par des organismes dits de gauche, au motif que Marine Le Pen serait encore pire que l’émissaire de Black Rock. Si pour des tas de raisons nous n’avons pas voté pour elle, il est à peu près certain qu’elle n’aurait pas été pire que l’ignoble freluquet de l’Élysée. Autrement dit ceux qui à gauche ont fait campagne pour Macron, se sont moqué de nous en dénonçant un fascisme qui n’existait pas et en couvrant la dictature macronienne. Tout cela explique que les hommes politiques, les partis et les syndicats sont extrêmement dévalorisés, à l’instar des médias dominants. Ces gens-là passent leur temps à mentir, et quand ils ne mentent pas, ils disent des stupidités. 

 

Cette situation bloquée et chaotique explique que les syndicats soient totalement débordés. D’une part si certains veulent découdre parce qu’ils enragent d’être maltraités du matin jusqu’au soir, et d’autre part la stratégie de guerre sociale – propre, je le fais remarquer, aux régimes totalitaires – entraine que les manifestations deviennent de plus en plus violentes. Macron et son gang, qui ne s’attendaient sans doute pas à une riposte si massive et si rapide, ont fait le choix de la répression, comme ils l’avaient fait avec les Gilets jaunes. On a vu la racaille en uniforme, suréquipée et surarmée, bastonner des jeunes femmes qui ne faisaient que passer, des « prisonniers de guerre » alignés contre les murs avant de les embarquer pour que la justice les condamne. Le monde, le journal de l’oligarchie, des vaccins obligatoires, de la guerre en Ukraine et la Macronie, fait semblant d’être choqué par les violences policières de ces derniers jours[7]. Il semblerait bien que selon ses propres critères, la France soit sortie de l’État de droit. En effet, ce n’est pas les manifestants qui sont en cause, curieusement on n’a pas vu de black blocs à l’œuvre. Et au contraire c’est bien la racaille en uniforme qui a nassé, puis chargé les manifestants totalement désarmés. Les éditorialistes stipendiés des chaînes d’information en continu, qu’elles soient privées ou publiques ont avancé que les manifestations étaient spontanées et n’avaient pas été déclarées. Déjà on peut se demander pourquoi il faut déposer une demande d’autorisation à manifester, et attendre qu’elle soit validée par les pouvoirs publics. Mais pire encore, un jugement de la Cour de cassation a rappelé au printemps dernier que de participer à une manifestation non déclarée, n’était pas une infraction. Or la police en roue libre a décidé que non, et donc contrairement au droit des citoyens de circuler librement dans leur pays, elle s’arroge le droit d’arrêter et d’enfreindre le droit de manifester des citoyens. 

Les arrestations arbitraires se sont multipliées pour empêcher de rejoindre les lieux des manifestations. Ces arrestations se sont faites le plus souvent violemment, comme au bon vieux temps des Gilets jaunes[8]. Les témoignages sont accablants. On a même vu un « policier » tirer avec son engin de lancement de LBD, vers les fenêtres sans doute pour empêcher qu’on les films dans leur transgression de la loi ordinaire. C’est évidemment le régime de la terreur l’idée du dictateur Macron et de ses robots, c’est de faire peur pour dissuader de continuer. Nous sommes maintenant dans un État policier, ça ne sert à rien de nous dire qu’ailleurs c’est peut-être pire. La réalité est là, devant nous, la police a les mains libres pour casser les opposants. Ça va d’ailleurs avec les réquisitions des éboueurs qu’on menace d’amendes très élevées s’ils ne se remettent pas au boulot. Ils risquent selon la petite préfète Magali Charbonneau qui n’a honte de rien, jusqu’à six mois de prison et 10 000 euros d’amende. Cette femme, vieillie avant l’âge, entrave au nom de la loi – quelle loi ? – la liberté de manifester et du même coup le droit de grève. On ne voit cela que dans les dictatures africaines ou d’Amérique latine[9]. Vous noterez que le maire de Paris, Anne Hidalgo, a refusé catégoriquement de souscrire à cette fantaisie que Laurent Nunez, le préfet de Paris, voulait lui faire endosser, et pour une fois, elle a eu raison[10]. Les éboueurs résistent et vont au chagrin en traînant les pieds, ce qui est d’autant plus aisé que les incinérateurs sont toujours bloqués. 

La jeune et incompétente préfète Magali Charbonneau dans ses œuvres 

On remarque que cette logique répressive qui était d’ailleurs annoncée ouvertement par François Fillon, l’autre candidat aux côtés de Macron aux présidentielles pour le compte de l’Institut Montaigne, est méthode choisie non pas par Macron qui est en effet complètement fou, mais par l’oligarchie et ses cabinets de réflexion qui indiquent la tactique à mettre en œuvre pour faire passer ses contre-réformes rétrogrades. L’idée est de circonscrire les débats auprès de la représentation nationale où cela ne risque rien du tout, et d’interdire que cela débatte dans la rue, c’est-à-dire au sein du peuple. Mais avec cette réforme des retraites, il a été démontré que cette représentation nationale ne représente rien d’autre que des intérêts misérablement carriéristes. On traite de la France comme jadis on a traité de la Grèce, on impose des lois impopulaires opaques en utilisant la matraque et le canon à eau. C’est ici qu’on voit que le projet de l’Union européenne est bien de faire de l’ensemble des pays européens des sociétés sans caractère particulier, sociétés qui seraient des copies plus ou moins pâles des Etats-Unis, avec le cortège de violences qui les accompagnent. Il est très vraisemblable qu’à terme cela produira son contraire comme en Russie : en 1991 les Américains pensaient tenir dans leurs mains la destinée de la Russie qu’ils gouverneraient de manière indirecte pour leur profit. Aujourd’hui leur création leur a échappé définitivement.  

Des rafles qu’on croyait appartenir à une époque révolue 

Outre qu’elles visent à faire peur, les violences de la milice macronienne tentent de démontrer que le peuple est un peu comme une bête sauvage quand il est livré à lui-même et qu’il se mêle de ce qui le regarde. On a vu un « politologue » - comme si c’était un métier –, Pascal Perrineau pour ne pas le nommer, sur une chaîne de désinformation en continu, moquer les manifestants, au motif qu’ils seraient des ignorants, ne sachant pas ce qu’est un 49-3. Mais ces imbéciles tout occupés qu’ils sont à faire la réclame de leur arrogante imbécillité, ne voient pas qu’ils ne sont que des porte-paroles de l’oligarchie, de simples laquais. Voulant à tout pris faire partie du bloc bourgeois, ils crachent ouvertement sur des gens qui pourtant ont bien mieux compris qu’eux le sens de la réforme. Chaque fois que le peuple se prononce massivement contre une loi ou un projet institutionnel, on prétend le renvoyer à ses études. C’est ainsi qu’on a usé et abusé des condamnations de ce peuple rétif qui a voté en 2005 contre le TEC de sinistre mémoire. Évidemment en disant que le peuple n’est qu’un ramassis d’abrutis – sauf quand il vote bien – on justifie simultanément le fait qu’on ne fasse pas un référendum sur le sujet, et l’usage de la matraque. On ne gouverne pas pour le peuple et avec lui, mais bien contre lui. Mais quelle que soit la complaisance malsaine des forces de l’ordre pour la politique de la matraque, il reste que les politiciens qui usent de leur usage débridé sont les principaux responsables du chaos qui s’installe en France un peu plus tous les jours. Ce n’est pas une guerre civile, mais cela lui ressemble un peu tout de même. Il se pourrait que rapidement à la vitesse à laquelle le feu court dans le pays que cet épisode de la guerre sociale dépasse bientôt en importance Mai 68. On attend la déclaration de Cohn-Bendit pour s’il va retourner sa veste une nouvelle fois. 

Bordeaux, le 18 mars 2023 

Après l’amusement des motions de censure du 20 mars 2023 qui démontre que le parlement n’est qu’un simulacre de démocratie, la parole sera de nouveau dans la rue. Malgré la violence de la milice patronale, les salariés ont compris deux choses, d’abord il y a une question de nombre, et bien que nous soyons dans un État policier, la milice ne peut pas en même obliger les éboueurs à travailler à Paris, matraquer les manifestants à Nantes ou à Rennes ou encore dégager les blocages des dépôts de carburants et des raffineries dans le Sud-Est. C’est une question de mathématiques, surtout si elle doit rester vigilante quand aux mots d’ordre d’une marche sur l’Élysée qui est de plus en plus reprise et revendiquée. Tout le monde à compris depuis 2018 que Macron, comme tous ses semblables, est un peureux, et que ce qu’il craint le plus est de voir quelques milliers d’individus venir le chercher en son palais. L’avantage du mouvement social aujourd’hui, est qu’il est largement approuvé par la population, malgré la désinformation continue, et surtout qu’il est disséminé un peu de partout dans le pays. Il a la bienveillance de l’unité syndicale retrouvée. La seule question ce sera la durée. Macron a parié sur une lassitude assez rapide des salariés. Nous verrons bien, c’est peut-être vrai. Mais même si le mouvement social s’essoufflait rapidement, il resterait une telle haine et une telle rancœur qu’il redémarrerait à la première occasion. 

La milice chargée de briser la grève des éboueurs à Paris 

Depuis 2018 au moins Macron alimente le chaos permanent, et du reste il n’a que des mauvais résultats sur le plan économique. La pseudo-activité qu’on a connue en 2021 et 2022 n’est que le résultat d’un endettement croissant explosif, le fameux quoi qu’il en coûte. La mauvaise santé de l’économie française se lit principalement dans le déficit extravagant du commerce extérieur et dans l’explosion de la dette publique. Le chaos est permanent avec Macron, depuis 2014, on a eu droit aux manifestations contre la loi El Khomri, contre le démantèlement de la SNCF, les Gilets jaunes, la SNCF, les soignants, les antivax, puis encore la SNCF, puis les retraites. Résultat de cette guerre sociale déclenchée par le grand capital, de plus en plus d’élus se plaignent d’être la cible de la haine du peuple pour des élus incapables de le représenter. Le louvoyant Éric Ciotti en a fait les frais récemment, et les députés macroniens ont de plus en plus la merde au cul, refusant d’aller à la rencontre de leurs électeurs de crainte de se faire agresser. De même Macron a dit à ses ministres ne pas trop se montrer face à une population particulièrement remontée contre cette crapule politicienne, il est en effet nécessaire que la crapule se cache en attendant que l’orage passe.  

A l’annonce du rejet de la motion de censure par la canaille parlementaire, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour hurler contre le fascisme macronien. Dans toute la France des manifestations et des blocages se sont étendus. Paris était en feu, les poubelles accumulées étaient là pour ça. Bien que débordée la milice faisait son sale travail, à coups de grenades lacrymogènes – que BFMTV appelle pudiquement des fumigènes, comme si nous étions à un match de foot. On remarque de partout en France les révoltés mettent le feu, qui aux poubelles, qui à des planches empruntées à un chantier proche. Cette nouvelle manière de faire qui balaye la France est un appel à la détermination, en finir avec ce gouvernement pourri par le feu, histoire de purifier l’atmosphère qui est devenue en effet bien pesante et compliquée. Les manifestants ont adopté une bonne tactique, celle de faire courir les miliciens de Macron, se déplaçant à vive allure, mettant le feu aux poubelles au passage, dressant des petites barricades, ils montraient que les forces du désordre et du chaos étaient complètement débordées et couraient derrière les manifestants avec toujours un temps de retard. Ce qui n’empêchait pas les miliciens de rafler au passage tout ce qui pouvait lui tomber sous la main, des scènes qui rappellent les heures sombres de l’histoire quand la police du maréchal Pétain, travaillait pour rafler les juifs de Paris. Tous les soirs en effet, ce sont entre 100 et 300 manifestants qui sont déférés en justice, la plupart sont relâchés, la racaille en uniforme n’ayant pas les moyens de prouver leur participation à des dégradations ou à des gestes violents envers les miliciens. Des manifestations fournies et nombreuses ont parcouru l’ensemble du pays, à Rennes, à Strasbourg, à Bordeaux, à Lille et j’en passe, avec souvent des violences policières comme c’est la règle avec le petit dictateur Macron. 

Paris quadrillé par la milice le soir du 20 mars 2023 

Un des points importants de ces manifestations vigoureuses est que le public était très jeune, contrairement aux défilés des têtes grises qu’on voit dans les défilés des syndicats. Ceux-ci préparent la grande journée de jeudi 23 mars 2023 qui va sans doute être une forte mobilisation. Je suis à peu près certain que cette journée va rester dans les mémoires pour longtemps. La patience a des limites et jusqu’ici les Français ont été très tolérants avec les fantaisies de l’hurluberlu de l’Élysée, ça risque de ne pas durer. Avant même le rejet de la motion de censure par les robots de l’Assemblée nationale, les sondages montraient que la popularité de Macron et de l’ignoble Borne étaient tombée au plus bas, en dessous des 30%, respectivement 28 et 29% soit le niveau que l’imbécile avait atteint en moment de la crise des Gilets jaunes[11]. Ces sondages ne signifient rien d’autre que ce gouvernement ploutocrate et brutal n’a aucune légitimité autre que celle que lui donne des règles électorales surannées. Il restera au petit fasciste de l’Élysée et aux membres de son gang à franchir les obstacles du Conseil Constitutionnel et ensuite d’affronter un Référendum d’Initiative Populaire. Certes cette deuxième forme est très difficile à mettre en place, on la vu quand Macron tentait de vendre les Aéroports de Paris à ses amis de la finance, jamais cette forme n’est arrivée jusqu’à un référendum, mais il se pourrait que cette fois ce soit différent, non seulement parce que les Français sont plus préoccupés de leurs retraites que par le devenir des Aéroports de Paris, mais aussi parce qu’on a compris que le fou furieux de l’Élysée, après cette réforme ignoble, s’attaquera au SMIC et aux trente-cinq heures. Une défaite de Macron au référendum sur les retraites pourrait l’obliger à partir pour le bien de tous, sauf ses amis de la finance et même si on sait qu’il est accroché au pouvoir comme la moule à son rocher. 

Tandis que la milice raflait tout ce qui lui tombait sous la main, Paris flambait 

Les rues de Paris flambent le 20 mars 2023


[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2023/03/paris-brule-t-il-note-sur-les.html

[2] https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/reforme-des-retraites-mais-que-diable-allait-il-faire-dans-cette-galere-1907595

[3] https://www.liberation.fr/idees-et-debats/philippe-aghion-reculer-lage-de-depart-a-la-retraite-a-65-ans-est-injuste-et-inefficace-20221208_XTLMPESW3ZHDVL2IIRILHWFNHA/

[4] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/19/jean-pisani-ferry-la-reforme-des-retraites-aurait-du-donner-la-priorite-a-l-augmentation-de-la-duree-de-cotisation-au-regard-de-l-equite-comme-de-l-efficacite_6158547_3232.html

[5] https://infodujour.fr/societe/58492-les-nouveaux-blindes-des-forces-de-lordre

[6] https://www.cnews.fr/monde/2022-12-13/guerre-en-ukraine-quel-est-le-bilan-de-laide-apportee-par-la-france-1299864

[7] https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/20/la-gestion-du-maintien-de-l-ordre-se-durcit-face-a-la-multiplication-des-manifestations-spontanees_6166238_3224.html

[8] https://fsu.fr/le-gouvernement-doit-cesser-la-repression-policiere-de-manifestations-legitimes/

[9] https://www.bfmtv.com/paris/la-rebellion-a-notre-maniere-requisitionnes-des-eboueurs-de-paris-font-de-la-resistance_AV-202303190184.html

[10] https://www.marianne.net/politique/greve-des-eboueurs-hidalgo-refuse-de-requisitionner-le-prefet-de-police-passe-en-force

[11] https://www.lejdd.fr/politique/sondage-macron-chute-et-passe-sous-la-barre-des-30-de-popularite-133772

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...