lundi 30 mai 2022

Les apprentis sorciers américains provoquent un défaut de paiement de la Russie

  

Les Américains possèdent de nombreuses armes plus ou moins efficaces pour faire la guerre. Incapable de gagner en Ukraine par Ukrainiens interposés, en livrant des milliards de dollars d’armes, ils tentent une ultime manœuvre en interdisant aux Russes de payer leur dette, environ 50 milliards de dollars dans la monnaie américaine. Cette nouvelle fantaisie vise à provoquer un défaut de paiement de la Russie. Ne rentrons pas dans les détails de la légalité de cette nouvelle action. Les Américains se moquent depuis bien longtemps de cette dimension. Il est plus intéressant de comprendre ce qu’en seraient les conséquences. Les Russes évidemment vont contester ce nouveau viol du droit international. On sait que les Russes ont augmenter depuis des années leurs réserves d’or et de devises étrangères, et également qu’ils sont très peu endettés – la dette russe est évaluée à 13% du PIB, contrairement aux Etats-Unis dont la dette publique atteint à peu près 100% du PIB, mais cette somme doit être multipliée par 3 si on veut y ajouter la dette des ménages et des entreprises. La stupidité de l’impérialisme monétaire américain tente de créer un chaos monétaire généralisé. En effet, en interdisant – sans base juridique bien entendu – aux Russes de payer leur dette, ils visent à les exclure du circuit monétaire international. Mais s’ils ne peuvent pas payer en dollars, vont-ils payer en roubles ? en or ? La somme n’est pas très importante pour la Russie, moins de 10% de leurs avoirs en or et en devises étrangères. Mais comme les contrats sont libellés en dollars, la phase II sera de dénoncer les Russes qui voudraient payer autrement qu’en dollars, et il s’ensuivra probablement une volonté de confiscation des biens russes dans le monde entier. Mais cette tactique misérable à plusieurs significations :

– d’abord elle intervient juste après que Janett Jellen, la patronne de la FED ait avoué que la confiscation des biens des oligarques russes était une opération tellement compliquée sur le plan juridique qu’elle n’avait pas d’avenir, sauf pour les cabinets d’avocats spécialisés ;

– ensuite elle va faire sur le long terme nécessairement chuter le dollar, car de nombreux pays, la Chine, l’Arabie saoudite, et quelques autres ont déjà annoncé qu’ils acceptaient les roubles et d’autres monnaies internationales. Seulement 6% des avoirs monétaires russes sont bloqués dans les banques américaines. 

Janett Jellen est considérée aux Etats-Unis comme une colombe 

Le FMI dit qu’il n’y a pas de risque systémique en bloquant les paiements de la Russie, ils veulent dire que le système monétaire fondé sur le dollar s’effondre[1]. C’est certainement vrai, mais cette opération de guerre monétaire ressemble un peu à la démarche de Macron qui abandonne Renault en Russie, livrant gratuitement une usine clés en mains, pour « punir » Poutine ! La partie de la dette que la Russie ne pourra pas payer en dollars est difficile à évaluer, est-ce 10%, 20% ? Personne ne le sait et les Américains non plus. Ce qui veut dire que certains pays qui travaillent avec les Russes préféreront des roubles ou de l’or ou des euros plutôt que de perdre de l’argent. Il est cependant très probable que les Américains comptent sur la Commission européenne dirigée par l’Allemande Ursula von der Leyen pour que la BCE suive le mouvement. Sur le plan technique, cette manœuvre va raréfier à très court terme un peu le dollar sur le marché des changes, ce qui veut dire que son cours va s’élever, par contre le cours du rouble qui deviendra plus abondant sur les marchés, devrait baisser. Mais cela sera-t-il assez pour contrebalancer la hausse du rouble depuis deux mois et relancer l’inflation en Russie ? J’ai des doutes sérieux. Il me semble que ces fantaisies monétaires ne sont possibles que dans un monde interdépendant, autrement dit que lorsqu’une nation à des comptes extérieurs relativement équilibrés et qu’elle est souveraine en ce qui concerne sa politique monétaire, elle est mieux protégée. Les Américains prétendent au mépris des lois exclure tel ou tel pays de leur sphère d’influence, mais c’est un combat d’arrière-garde, essentiellement parce que le reste du monde est en train d’apprendre à se passer de l’Occident sur à peu près tous les plans, et donc aussi sur le plan de la gestion des flux financiers. Car derrière les sanctions monétaires que l’Empire américain teste contre la Russie, se profile une autre guerre monétaire contre le Yuan et contre la Chine. De ce côté-là les manœuvres ont commencé. Le journal Le monde, pointe avancée de la propagande étatsunienne, accélère les reportages sur les répressions que subissent les Ouïgours[2] – ce qui est assez vrai, mais ce journal se préoccupait beaucoup moins de la répression fascisante des Gilets jaunes et des soignants, étouffant volontairement le scandale. Joe Biden avance que les Etats-Unis vont défendre militairement Taïwan contre toute velléité de soumettre l’île au pouvoir pékinois[3]. Je ne vais pas défendre le pouvoir capitaliste chinois, ce n’est pas trop mon genre, mais je m’interroge sur le fait que les Etats-Unis usent de plus en plus pour maintenir leur emprise sur le reste du monde de menaces militaires et monétaires. Peuvent-ils s’engager dans le monde entier, sans dommage pour eux ? Cette logique agressive se heurte à deux obstacles :

 

– le premier est que le monde entier déteste les Etats-Unis, et de plus en plus fortement, l’Amérique du Sud, la Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique, le Moyen-Orient, et même une très large partie de l’opinion publique européenne ;

 – le second point, ce n’est un secret pour personne, c’est que le reste du monde a appris à se passer des Etats-Unis, y compris sur le plan de la technologie. Quand on regarde l’évolution des systèmes d’enseignement dans le monde, il est clair que le monde occidental est complètement en déclin. Ce qui veut dire qu’à terme, la production des technologies modernes se fera en Asie ou en Russie. 

 

Pour l’instant les Etats-Unis ont limité les dégâts en achetant littéralement des milliers de chercheurs et d’ingénieurs chinois ou indiens, autrement dit en pillant les systèmes d’enseignements des nations émergentes. Il semble qu’aujourd’hui se processus est proche de la fin et ne pourra pas masquer longtemps le déclin de l’empire américain. Si on remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’empire américain reposait sur trois piliers, une production industrielle importante qui représentait un peu plus de la moitié de la production industrielle mondiale, une monnaie hégémonique, et bien sûr sur une puissance militaire inégalée. Les deux premiers points ont disparu. L’industrie américaine, en dehors de l’entertainment, non seulement n’est plus indispensable dans aucun pays du monde, mais elle est devenue elle-même dépendante des industries asiatiques, dans le domaine de l’électronique par exemple. La monnaie américaine est encore dominante, mais elle doit subir la concurrence de l’euro, du yen et du yuan. Il ne lui reste plus que l’industrie de guerre pour asseoir une domination de plus en plus contestée, et son bras armé qu’est l’OTAN. Et celle-ci est entièrement financée par de la dette ! Ça peut tenir encore un moment, mais cette tendance est forcément condamnée à plus ou moins long terme. Que ce soit la guerre en Ukraine, ou la crise sanitaire liée à la pandémie covidienne, la tendance est à la démondialisation, et cette tendance est d’abord défavorable à l’hégémonie du dollar[4], et même à l’expansion de l’OTAN. 

 

Moscou ne semble pas ébranlée par cette nouvelle provocation américaine. La Russie remboursera sa dette en roubles, a fait savoir mercredi le ministère des finances russe, les Etats-Unis ayant décidé de mettre fin à partir de mercredi à une exemption permettant à Moscou de payer ses dettes en dollars. « Etant donné que le refus de prolonger cette licence rend impossible de continuer à honorer la dette extérieure en dollars, les remboursements se feront en devise russe avec la possibilité de les convertir ensuite en devise originale par l’intermédiaire du National Settlement Depository, qui servira d’agent payeur », affirme le ministère dans un communiqué. Ajoutons deux éléments à la réflexion, rembourser la dette russe en roubles permettra aux créanciers de payer du gaz et du pétrole avec ses roubles, et ensuite, cela accroitra de fait le poids du rouble dans le commerce international ! Bien que cette nouvelle fantaisie américaine qui va semer le trouble sur les marchés financiers vise à exclure les Russes des marchés financiers mondiaux, on se demande quel est le véritable but. Les acteurs des marchés financiers ne semblaient pas vraiment comprendre le sens de la manœuvre puisqu’in fine, les Russes pouvaient toujours se dégager de leurs obligations en payant dans une autre devise, mais ils peuvent tout aussi bien bazarder leurs dollars pour faire chuter la devise américaine. Les Américains croient pouvoir contrôler indirectement la totalité des flux de capitaux qui circulent sur les marchés, mais cela pourrait aboutir au contraire à des formations monétaires régionalisées qui priveraient le monde entier d’une partie de ses financements. Comment la Chine va-t-elle réagir ? N’oublions pas qu’elle détient deux mille milliards de dollars de la dette américaine. Que se passera-t-il s’il lui prend la fantaisie de s’en débarrasser sur les marchés ?



[1] https://www.latribune.fr/economie/international/washington-interdit-a-moscou-de-payer-sa-dette-en-dollars-et-precipite-la-russie-vers-le-defaut-de-paiement-919209.html

[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/24/ouigours-au-c-ur-de-la-machine-repressive-chinoise_6127417_3210.html

[3] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/23/joe-biden-previent-que-les-etats-unis-defendront-militairement-taiwan-en-cas-d-invasion-par-la-chine_6127278_3210.html

[4] https://www.bilan.ch/story/conflit-ukrainien-vers-un-nouvel-ordre-monetaire-878195015035

mercredi 25 mai 2022

La technique du barrage comme horizon indépassable de la politique politicienne

  

Après que les crétins de gauche, du syndicaliste de la CGT Philippe Martinez à Mélenchon en passant par Fabien Roussel, soi-disant communiste, aient appelé à faire barrage contre l’extrême-droite et à voter Macron aux présidentielles, voici les crétins de droite, de Bardella à Macron et aux débris du PS qui appellent à faire barrage à « une union d’extrême-gauche et antirépublicaine », avec de tels opposants, Macron est tranquille pour les cinq ans à venir. Aujourd’hui on voit les mélenchonistes qui s’indignent des propos de Bardella ou de ceux de Marine Le Pen qui a indiqué que Macron devait avoir une majorité pour gouverner selon la logique des institutions, mais ces même idiots mélenchonistes ne s’indignaient pas quand il fallait entre les deux tours appeler à faire barrage à l’extrême droite. Il est tout de même étrange que tous les politicards aient exactement le même discours, ils disent tous qu’il faut faire barrage au nom des valeurs de la République. Mais les soi-disant opposants de la FI, de la NUPES, de Reconquête et du RN, ne disent jamsi qu’il faut faire barrage à Macron l’éborgneur, à Macron qui a réduit comme jamais les libertés individuelles, qui massacre les soignants aussi bien que la santé publique et l’éducation nationale. Au contraire entre les deux tours, soit par lâcheté, soit par opportunisme, ils ont fait bloc avec Macron. Les soutiens de Marine Le Pen accusaient Mélenchon d’être un opposant en carton lorsqu’il disait vouloir barrer la route à l’extrême-droite, et voilà que les mélenchonistes dénoncent la collusion entre Macron et l’extrême-droite, arguant que MLP est une fausse opposante. Dans cette conjuration des imbéciles, il est difficile pour l’électeur de retourner mettre un bout de papier dans l’urne. Pourquoi faire ? 

Macron et sa perruque vont faire aussi barrage au bolchevique en carton Mélenchon et à la NUPES 

Macron et sa perruque toute neuve ont décidé de faire barrage à l’extrême-gauche, du moins c’est ainsi qu’il qualifie le candidat social-démocrate Mélenchon[1]. Pour cet imbécile de Macron, comme de son mentor Hollande d’ailleurs, il y a une bonne gauche quand elle est ouvertement de droite et progressiste, et une mauvaise gauche, dite extrême frauduleusement, qui, elle, serai réticente à se coucher devant les exigences de Bruxelles ou de l’OTAN. Les électeurs vont finir par se demander ce que recouvre cet unanimisme dans le vocabulaire. Ce principe du barrage à ceci ou à cela est totalement vide de sens, Mélenchon n’est pas plus révolutionnaire, même pour rire, que Marine Le Pen est nazie. Mais sur le plan tactique cela permet de présenter Macron, candidat de la droite extrême et violente, de se présenter comme le candidat du centre, objet politique non-identifié qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais. Macron est en effet celui qui se présente pour faire barrage un coup à l’extrême-droite, et le coup suivant à l’extrême-gauche. Si le Mélenchon bashing est déplaisant, ce n’est pas parce que ce louvoyant personnage, passer du trotskisme  la gauche social-démocrate, avec une petite station chez le sournois Rocard, mérite la sympathie, mais simplement parce que cette manière de faire de la propagande indirectement pour Macron tape très exactement à côté du sujet. Selon la saison on passé du Le Pen bashing au Mélenchon bashing. Et les mélenchonistes comme les lepénistes sont complices de ce cirque. 

 

L’idée générale de cette démission politique c’est la traditionnelle politique du moindre mal. Les insoumis qui n’ont d’insoumis que le nom, pense que Macron est un moindre mal face à Marine Le Pen, en fait leur but inavoué est d’apparaître comme les seuls opposants sérieux. Les lepénistes, c’est la même chose, ils vous diront que Macron est moins dangereux que le bolchévique en carton de Mélenchon. Eux aussi pensent qu’en se débarrassant de Mélenchon ils resteront les seuls opposants crédibles. Entre temps dans cette volonté de ne pas gêner Macron, ils aboutissent à trois résultats. Sur le plan pratique ils pensent que c’est la seule manière de gagner quelques sièges. Mélenchon qui est complètement grillé à Marseille ne se représente pas, il laisse la place à Bompart, faisant semblant qu’il pourra tout de même être choisi comme premier ministre de Macron si la NUPES gagne les élections. Ensuite, voici Robert Ménard, transformiste de la politique politicienne, d’abord de gauche, puis compagnon de route du Front Nationale, pui soustien de l’obscur aventurier du Café de Flore, Zemmour, le voilà qui lui aussi nous dit qu’il faut toujours choisir le moindre mal à défaut du vote utile. Pour lui Macron est le moindre mal face au terrible Mélenchon. 

 

Nous sommes, nous disent les éditorialistes, dans une période de recomposition politique. Nous avons connu ça avec Vichy. Aujourd’hui ça retourne sa veste dans tous les sens. Voici le vieux Jean-Pierre Chevènement que certains ont pris pour un souverainiste, il rejoint dans son extrême décrépitude Macron, le parangon de l’OTAN et d’une mondialisation à marche forcée. Voilà Aurélien Taché, un imbécile crypto-islamiste qui passe de la droite extrême macronienne à Mélenchon qui tente ainsi de trouver des voix musulmanes pour lui offrir quelques sièges de députés qui lui feront croire qu’il est vivant et qu'il a encore un avenir.

  

Voici l’autre pitre de Zemmour, semi-instruit qui serait bien capable d’écrire un Que sais-je ? à la gloire du Marécal Pétain qui se propulse à Saint-Tropez comme candidat déjà battu d’avance, il a construit lui aussi son idée de rassembler la droite pour faire barrage à la gauche, tout en ajoutant une candidature dissidente supplémentaire pour mieux diviser l’extrême-droite. On suppose qu’il va s’installer à Saint-Tropez pour arrêter les hordes barbares qui décideraient d’envahir la France en venant pas la mer. En vérité il vient emmerder Brigitte Bardot qui l’a dans le nez. « Je ne suis pas un parachuté » dit ce menteur de compétition, au motif qu’en fréquentant la jet set il venait souvent en vacances à Saint-Trop’ et y danser au Papagayo. Certains avaient cru lire Je ne suis pas un parachutiste, lui qui n’a pas fait son service militaire au motif qu’il était un peu mou du genou. Sans doute vient-il faire barrage aux riches Arabes qui veulent envahir la piste du Papagayo. Il parie sans doute sur le fait que les véritables Tropéziens ont été grand-remplacés depuis des lustres par des pitres germanopratins comme lui. Comment en effet un authentique Tropézien pourrait avoir l’idée de voter pour lui, lui qui ne sait pas faire la différence entre un thon et une sardine ? Mais sans Zemmour le clown triste, il faut bien le dire, le cirque ne serait pas au complet. 

 

Habitués à amuser le tapis, cette conjuration des imbéciles devrait horrifier encore un petit peu plus les électeurs qui verront dans ces pitreries que des gestes d’hommes et de femmes sans conviction, courant de droite et de gauche comme des canards sans tête en quête d’une identité incertaine. Cela doit nous conforter dans l’idée que ce ne sont pas avec ces vieux combinards qu’une nouvelle forme de combat politique émergera, et également nous confirme que nous avons bien eu raison de nous abstenir de voter pour ces pitres aux diverses représentations simulacres de démocratie. 

Portraits de délinquants ordinaires de la Macronie 

Barrage ou pas, la crapule macronienne ne renonce pas, ou renonce difficilement, même si elle a été condamnée par la justice. Voici Michel Fanget, condamné le 18 mai dernier pour escroquerie envers un organisme de protection sociale, notamment à deux ans d’inéligibilité[2]. Evidemment ce vieux crapaud macronien nous dit que c’est un complot ourdi par les juges rouges. Voici maintenant Jérôme Peyrat, condamné pour avoir donné des coups à sa femme. Mais cela semble plus grave pour les macronistes que de voler la Sécurité sociale. Il renoncera à se présenter sous la pression du chef de la crapule macronienne, Stéphane Guerini qui un temps avait contesté la décision des juges en disant qu’il ne croyait pas une seule minute que ce gros lard gonflé d’importance puisse battre une femme[3]. Le meilleur est pour la fin, M’Jid El Guerrab, ancien membre du parti socialiste, représentant de la diversité méritante, avait trahi les siens en passant chez Macron où la gamelle semblait mieux garnie. Croisant un ancien collègue du PS il l’avait assommé à coups de casque de moto, envoyant ce malheureux dans le coma. Condamné le 12 mai 2022, pour des faits remontant tout de même à 2017, il prétendait se présenter à la députation, mais sous la pression des instances LREM, il a décidé finalement d’abandonner[4]. dans cette galerie il ne manque que le misérable que Damien Abad, sous-ministre des handicapés et poursuivi pour violences sexuelles. 

 

Elisabeth Borne qui est définie comme l’aile gauche de la Macronie – on se demande bien pourquoi, si c’est pour avoir privatiser la SNCF, la RATP, ou si c’est pour avoir fait baisser les allocations chômage – est une millionnaire. Elle avait déjà eu maille à partir avec la pourtant très complaisante HATVP lors de ces précédentes déclarations de patrimoine, oubliant de déclarer des avoirs qui la faisaient passer dans le camp des redevables de l’ISF. Cette comédienne, soi-disant méritante, qui est chargée par Macron-la-perruque de faire barrage à l’extrémiste bolcho-souverainiste Mélenchon. Elle se présente aussi à la députation, en Corrèze, histoire de rappeler qu’elle fut un jour une proche du Parti socialiste aujourd’hui défunt. Elle fait barrage tous azimuts, contre l’extrême-droite, pour ne pas dire les nazis du RN, et contre les hordes bolcheviques emmenées par Mélenchon pour détruire le bel équilibre de la société française. bien entendu, pour limiter les risques de gifle électorale, elle s’est choisi une circonscription aux petits oignons dans le Calvados. Où si tu échoue quand tu représentes la droite cosmopolite, affairiste et européiste, tu n’as plus qu’à te suicider !


[1] https://www.franceinter.fr/politique/devant-ses-candidats-emmanuel-macron-denigre-l-union-a-gauche-qui-a-choisi-le-communautarisme

[2] https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/le-depute-du-puy-de-dome-michel-fanget-condamne-a-2-ans-d-ineligibilite-je-maintiens-ma-candidature-2545068.html

[3] https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives-condamne-pour-violences-conjugales-le-candidat-de-la-majorite-jerome-peyrat-se-retire-de-la-course-dans-la-4e-circonscription-de-dordogne_5145577.html

[4] https://www.valeursactuelles.com/politique/legislatives-condamne-a-de-la-prison-ferme-le-depute-lrem-mjid-el-guerrab-renonce-a-se-representer

vendredi 20 mai 2022

La défaite de l'armée ukrainienne et de l’OTAN à Marioupol, un tournant dans la guerre

Reddition des soldats ukrainiens de l’usine Azovstal le 16 mai 2022 

La reddition des soldats ukrainiens enfermés dans l’usine d’Azovstal est une victoire incontestable pour la Russie. Cette victoire était inévitable, même si Zelensky, pour gagner du temps, encourageait ses « soldats » à se battre jusqu’à la mort. Elle a pour conséquence que la Russie contrôle la totalité de la Mer d’Azov, et permet de relier le Donbass et la Crimée. Et cela va lui laisser les mains libres pour continuer à libérer le Donbass. Mais cette victoire russe est aussi un revers symbolique pour ceux, les Américains, le journal Le monde, l’OTAN, qui voulaient engager les Ukrainiens à se battre jusqu’à la mort en un combat douteux. Cette défaite appelle deux remarques :

 la première est que cette reddition est le résultat de négociations secrètes entre Kiev et Moscou[1]. Il est assez significatif que Le monde, toujours à la pointe du combat aux côtés de l’impérialisme américain mette le mots « héros » avec des guillemets, c’est une manière de les mépriser pour s’être rendus, sans doute les journalistes de cet organe de propagande aurait-il préféré qu’ils se suicident dans leur bunker, après tout, nazi pour nazi ; le modèle était tout trouvé ;

– la seconde est évidemment le fait que ces prisonniers de guerre vont être enregistrés en tant que tels par la Croix-Rouge et qu’on va enfin savoir qui sont ces gens qui se terraient dans les sous-sols de l’usine. Etaient-ils des nazis, des instructeurs de l’OTAN ? On sait déjà qu’un certain nombre de mercenaires étrangers, britanniques, canadiens, ont déjà raconté leur combat à Marioupol après avoir été capturés par les Russes. 

 

L’autre évidence c’est que les Ukrainiens et les Russes continuent de négocier, et il semble que la reddition des soldats ukrainiens de Marioupol servira ensuite de monnaie d’échange d’avec des prisonniers russes. Ce qui laisse une fenêtre ouverte pour que des négociations plus sérieuses puissent enfin avoir lieu sur la rectification des frontières et sur la sécurisation des frontières russes. Cette reddition laisse aussi peu d’espoir à l’armée ukrainienne de reprendre pied un jour sur les bords de la mer d’Azov. Sur le plan militaire, cette victoire en annonce d’autres dans le Donbass puisqu’en effet, elle libère des troupes russes coincées à Marioupol, mais aussi elle va permettre une jonction facilitée entre les troupes russes et l’armée de la RDP. Et de fait les attaques russes se sont accélérées des villes importantes comme Severodonestk et Kramatorsk vont rapidement tomber. 

 

La chute définitive de Marioupol permet maintenant à la vie de reprendre un cours plus paisible. Bien entendu les dégâts sont considérables, et il faudra sans doute reconstruire une grande partie de la ville. Mais les choses retournent à la normale et le 16 mai 2022, les enfants ont pu revenir suivre des cours dans les écoles[2]. Ce sont évidemment des images que les médias occidentaux ne montreront pas et qui prouvent que contrairement à ce qui est dit, Marioupol n’est pas totalement rasée, qu’elle possède une partie de la ville encore intacte. Voici ce que dit le directeur de l’école : « Je suis de Marioupol, mes parents sont réfugiés depuis 2014 en Crimée et nous attendions la libération depuis longtemps. Vous comprenez je suis né durant l’Union soviétique, l’Ukraine ne veut pas dire grand-chose pour nous. Mon père est Ukrainien, c’est une réalité, mais pour moi ce pays c’est une partie de la Russie, du moins bien sûr tout l’Est du pays, au-delà c’est autre chose, l’Ouest est un cas à part ». En quelques mots, ce directeur résume le problème, d’abord que les habitants de Marioupol étaient plutôt pour la Russie et donc qu’ils ont vu l’arrivée des troupes russes comme une libération. Ensuite, que l’Ukraine est un pays très divisé qui ne pourra éviter la guerre civile continue qu’en admettant une partition, au moins en ce qui concerne les zones de l’Est. 

Les enfants retournent à l’école et apprécient de retrouver un enseignement en russe 

Les derniers réfugiés d’Azovstal se sont finalement rendus, il ne faut pas sous-estimer tout le travail qu’il va falloir faire pour nettoyer la ville de leur présence, d’autant que certains avancent que ces résidus de combattants sont des néo-nazis et, qu’ayant du sang sur les mains, vont devoir affronter un jugement qui risque d’être dur pour eux. C’est la thèse d’Erwan Castel[3]. Entre temps on a eu vent de dissensions entre Zelensky, toujours très appliqué à faire la morale au monde entier, et son chef d’Etat major qui pense que la conduite de la guerre en ukrainienne est ruineuse, non seulement en matériel, livré par les Américains essentiellement, mais en termes humains.   

 

PS Comme nous ne pouvons pas faire confiance aux médias dominants, voici les sites en français qui vous permettent d’avoir une vision différente de la guerre en Ukraine, loin de la propagande otanienne reliée par les médias français.

https://alawata-rebellion.blogspot.com/

C’est le site d’Erwan Castel, il a le mérite de donner une analyse de terrain sur l’aspect militaire de la guerre, il est lui-même un ancien militaire et s’est engagé très tôt du côté des séparatistes ukrainiens 

https://www.donbass-insider.com/fr/accueil/

Un site qui donne des nouvelles plus concrètes sur les habitants des régions de l’Est de l’Ukraine et sur leur relation avec la Russie. 

https://russiepolitics.blogspot.com/

C’est le site de Karine Bechet-Golovko. Elle donne une vision un peu plus politique au conflit. Elle dénonce aussi très souvent les mensonges portés par les médias occidentaux qui tentent de faire croire que seuls les soldats russes auraient commis des crimes de guerre, tandis que les soldats ukrainiens, non !

On peut suivre également la chaine de Xavier Moreau, Stratpol, sur You Tube, même si sur le plan politique on peut marquer des désaccords avec lui, il a de bonnes analyses que le plan des mouvements de troupes et les avancées ou les reculs des deux armées. 


[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/17/guerre-en-ukraine-la-reddition-des-heros-d-azovstal_6126462_3210.html

[2] https://www.donbass-insider.com/fr/2022/05/17/la-vie-reprend-a-marioupol-des-ecoles-sont-ouvertes-aux-enfants/

[3] https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/05/la-1ere-defaite-dazov-ne-doit-pas-etre.html

jeudi 19 mai 2022

Un des objectifs cachés de la guerre en Ukraine : le dépeçage et la ruine de l’Europe

 

Missiles Javelin américains réceptionnés par les militaires ukrainiens 

Une fois n'est pas coutume, je publie un article qui n'est pas de moi. Il est de François Martin et a été initialement publié sur Smart Reading Press. Je ne suis pas forcément d’accord avec tout ce qui est dit ci-dessous, mais je le diffuse parce que cette réflexion ouvre des portes sur la manière de comprendre ce douloureux conflit, au-delà de l’émotion surjouée des médias dominants.

 

Parmi les diverses formes d’impensé politique que constitue l’atlantisme américain1, l’économie figure en bonne place. La guerre d’Ukraine offre aux néo-conservateurs et aux hommes d’affaires de ce pays une opportunité exceptionnelle, d’abord pour ruiner l’Europe, ensuite pour la dépecer.

À supposer que les herbivores aient une forme de conscience d’eux-mêmes, on peut penser qu’ils ne se perçoivent pas d’abord comme de la viande. Le problème, c’est que les carnivores, eux, ne voient pas les choses à la même enseigne. C’est toute la question de l’Europe.

Hubert Védrine a souvent dit que l’aventure européenne souffrait d’un défaut rédhibitoire, c’est le fait qu’elle était «un projet d’herbivores au milieu de carnivores». Et, de fait, l’Europe est construite depuis le départ sur une équivoque, une faiblesse si grave qu’il est essentiel, comme toutes les faiblesses majeures, de ne jamais la rappeler, même si elle est visible par tous : sa propre défense. 

L’« AMITIÉ AMÉRICAINE » : PETITE RÉTROSPECTIVE

Cette prérogative essentielle est confiée, à travers l’OTAN, aux États-Unis2. Or il n’existe pas d’exemple dans l’Histoire où un pays ait eu à assurer durablement la sécurité d’un pays ou d’un groupe de pays sans qu’il ait perçu ces autres, à un moment donné, comme « de la viande ». Les appétits du protecteur s’aiguisant, et les protégés étant à sa merci, il arrivera forcément un jour où il « passera à l’acte ».

C’est dans la nature des choses : imaginons que nous engagions un « homme fort », suffisamment armé et au caractère bien trempé, pour protéger notre famille et notre maison. Il vit avec nous, il partage tous nos instants. Qui empêchera qu’un jour, quand l’envie lui en prendra, il se serve dans le frigidaire, puis dans la caisse domestique ? Puis il nous menacera si nous protestons. Il changera la décoration si celle-ci ne lui plaît pas, puis il battra nos enfants, enfin, il dormira dans notre lit, de préférence avec notre femme… Et ceci d’autant plus que le contexte du quartier sera plus dangereux. Dans ce cas-là, il se croira tout permis. Qui l’en empêchera, surtout si, pendant des décennies, nous lui renouvelons notre confiance malgré ses abus, sans jamais chercher ni à nous écarter de lui, ni à équilibrer nos relations en nous rapprochant d’un autre protecteur ? Certainement, ce moment arrivera un jour. L’Europe s’est mise dans cette situation, et ce jour, celui d’un pas supplémentaire dans la sujétion et l’humiliation, et demain la pauvreté et la misère, est arrivé. 

L’armée ukrainienne est passée pour partie sous contrôle nazi 

D’abord, il faut remarquer que les USA, lorsqu’ils veulent quelque chose, ne font pas dans le détail, y compris avec leurs amis. Un exemple des plus éclairants est le plan du Débarquement de juin 1944. Ceux qui ne croient pas aveuglément l’Histoire officielle (celle des « libérateurs » de l’Europe) savent que le plan ne consistait pas à sauver Paris, mais au contraire à contourner le Bassin parisien, par le sud et par le nord, de façon à enfermer l’armée allemande dans une poche. Ainsi, cette dernière se serait certainement acharnée sur Paris3, ce qui aurait eu deux avantages : faire gagner du temps aux armées alliées pour foncer sur Berlin et, par ailleurs, faciliter ensuite la «prise en main» de la France, profondément traumatisée par une destruction atroce de sa capitale, par le système politique et administratif américain, ses gouverneurs et même sa monnaie. C’est le génie manœuvrier de de Gaulle et sa force de caractère qui nous ont sauvés de cette tragédie4. 

Les nazis ukrainiens recyclés par Zelensky sont la force politique montante 

Les Américains ont agi de même dans de nombreuses occasions, en trahissant, puis en ruinant leurs propres alliés :

En Iran, à l’époque du Shah5, celui-ci s’est d’abord appuyé sur les USA, grâce à son amitié avec Eisenhower, puis avec Nixon, pour prendre, puis consolider son pouvoir. Lorsque, plus tard, il tente de s’émanciper un peu en se rapprochant de l’Union soviétique et de la Chine, puis de l’Europe, les Américains se serviront précisément des oppositions internes à sa politique, jugée trop moderne, pro-occidentale et pro-américaine (ce qui est un comble !). Ils pousseront Komeyni pour le faire renverser. Il finira ses jours, atteint d’un cancer, en Égypte. On sait où en est l’Iran d’aujourd’hui, un pays où se conjuguent isolement et pauvreté.

Saddam Hussein6 est un autre exemple de « l’amitié » américaine. Il faut rappeler qu’à l’époque, l’Irak était, malgré ou à cause des méthodes du dictateur, le pays le plus développé du Proche-Orient. Lesquelles méthodes ne gênaient nullement l’Amérique7. D’aucuns ont affirmé que lorsque Saddam décide d’envahir le Koweït, en 1990, il a obtenu l’aval préalable de ses «grands amis». Mal lui en prend, comme on le sait8. Ensuite, l’Histoire a montré que la deuxième guerre du Golfe, en 2003, n’était pas une «guerre préventive», mais bien une opération de prédation pure, menée de main de maître, certainement, par Georges W Bush et son entourage néo-conservateur9. Aujourd’hui, l’Irak est un champ de ruines, économique et politique. On pourrait continuer la liste. 

Mercenaire anglais capturé par les Russes 

UNE OPÉRATION MINUTIEUSEMENT PRÉPARÉE DEPUIS 2014 

Pour ces politiciens américains, souvent dirigeants eux-mêmes de groupes pétroliers et militaro-industriels américains, aucune opportunité n’est inintéressante10. Pour ces chasseurs invétérés, toujours en quête de proies, aucun gibier n’est négligeable. Lorsqu’on est persuadé de cela, suite à ces exemples historiques, il est facile d’imaginer à quel point la crise ukrainienne est pour eux une chance formidable, une opération minutieusement préparée depuis 201411 et déclenchée au moment choisi.

D’abord, le début coïncide très précisément avec la fin, assez calamiteuse, de leurs « affaires » en Irak, en Syrie et en Afghanistan, à l’été dernier12. Le début de la « phase opérationnelle » de l’affaire ukrainienne, démarrée au printemps avec le « carpet bombing13 médiatique », est trop parfait pour être l’effet du hasard. L’OTAN n’a jamais été « en état de mort cérébrale ». Les questions moyen-orientales une fois soldées, le temps était venu d’ouvrir ce nouveau chapitre de la « lutte pour la liberté des peuples » soumis, cette fois-ci, à l’arbitraire russe. Est-ce qu’on n’a pas déjà entendu chanter cette chanson ?

Ensuite, la guerre a provoqué deux réflexes, de la part des Occidentaux, ces « herbivores » objets de la prochaine chasse :

Le premier a consisté à augmenter très fortement les budgets d’armements. La réaction la plus spectaculaire a été celle de l’France, qui a débloqué immédiatement une enveloppe de 100 Mds d’euros, avec la promesse d’augmenter ensuite son budget régulièrement14. Et ceci pour acheter principalement, cela va sans dire, du matériel américain15. Ce processus est le même pour tous les autres pays de l’OTAN, y compris la France16. Le tout début de cette guerre est donc déjà une extraordinaire opportunité pour l’industrie militaire américaine. On peut penser, d’ailleurs, que l’un de ses sous-objectifs, dans ce domaine, sera de ruiner et de piller dès que possible l’industrie d’armement française, qui représente, par rapport à ce «nouveau marché» européen qui s’ouvre à eux, une concurrence qu’ils vont rapidement considérer comme intolérable17.

L’autre « réflexe » européen a été celui des sanctions. Il a été unanime et fort important. On peut penser qu’il a été moins guidé par le choix d’une méthode propre à arrêter Poutine (quelques instants de réflexion suffisent pour comprendre que ce ne sera pas le cas) que par la nécessité d’allumer un « contre-feu médiatique » aux images, véhiculées par la presse, du malheur du peuple ukrainien. En effet, le choix, presque exclusif de la part des gouvernements occidentaux, d’une politique du verbe, de l’image et de la posture, au détriment d’une politique de l’action, les rend extrêmement sensibles aux campagnes médiatiques lancées par les autres, une chose que les Américains, des spécialistes de ce type de stratégie, ont bien compris, et dont ils se sont servis sans limite, avant et pendant ce conflit, et aussi par le passé. 

Les soldats de la République du Donetsk ont capturés des centaines de soldats ukrainiens 

Il est à remarquer par ailleurs que la façon dont ces sanctions ont été votées est particulièrement significative de la faiblesse européenne. En effet, selon ce qui a été indiqué par la presse, les sanctions auraient été mises au point directement par le Département d’État américain, avec la Commission européenne, sans que les États-membres n’aient eu voix au chapitre, et qu’ils en ont été informés vingt-quatre heures avant leur promulgation. Si c’est le cas, c’est particulièrement inquiétant.

Nonobstant le fait qu’il va falloir maintenant, et ça ne va pas être une mince affaire, expliquer aux opinions qu’on a violemment impacté leur pouvoir d’achat pour une guerre qui n’était pas dirigée contre eux18, cette « délégation » aux Américains d’une politique de sanctions qui concerne essentiellement l’Europe19 ouvre évidemment la porte, pour l’entourage de Biden, à des choix qui non seulement «embêtent» les Russes, mais favorisent également l’affaiblissement de l’industrie européenne, dans le but d’une future prédation sur nos industries et nos ressources.

Qui pourrait empêcher que nos « amis » de l’Ouest n’aient envie de raisonner ainsi, puisque nous avons indiqué, d’entrée de jeu, que nous le leur permettions ? Pourquoi se gêneraient-ils pour venir faire leur marché » chez nous, alors que nous leur ouvrons si complaisamment la porte ? Et pourquoi s’empêcheraient-ils, dès aujourd’hui, de préparer ce futur raid en choisissant les sanctions qui font le plus mal aux Russes, mais aussi à nous, puisque, visiblement, nous ne faisons rien pour leur dire non ? La problématique actuelle est bien le fait que nous servons, dans ce conflit, de «chair à canon», puisque c’est nous qui sommes en première ligne et qui prenons tous les risques, économiques, militaires et aussi nucléaires20. À l’évidence, la suite des opérations sera le fait que nous soyons aussi les « morceaux » qui seront ramassés, au moindre prix. Qu’est-ce qui montre, aujourd’hui, que les choses risquent de se passer différemment ?

 

DEUX CONFIRMATIONS 

Un des exemples qui tendent à prouver que c’est bien dans ce sens que les choses se dessinent est la question du paiement des exportations russes en roubles. On sait en effet que Poutine, très intelligemment, a exigé, pour lutter contre la dépréciation du rouble induite par les sanctions, que les exportations de ses produits vers les pays « inamicaux » soient payées en roubles. Cela ne gêne en aucune façon, en principe, les pays européens. Qu’est-ce qui les empêche, en effet, d’acheter du rouble ? Les seuls que cela gêne – et c’est pour eux un point très important –ce sont les USA, parce que cela tend à remettre en cause le monopole du USD pour les transactions internationales. Si demain, l’habitude se répand que les grandes transactions internationales soient payées en yuans, en euros, en roubles ou en yens, c’en est fini de l’avantage américain. Ce serait un affaiblissement politique de première grandeur. Pour cette raison, ils tiennent à ce « dogme » comme à la prunelle de leurs yeux. 

Ils ont donc fait répondre, par l’Allemagne et la France entre autres, le refus de cette modalité. Mais si, demain matin, les Russes ne livrent plus leur gaz à l’Europe parce que nous refusons d’acheter des roubles (parce que les Américains nous l’interdisent, alors que cela ne nous gêne pas), ce sera la faillite pour de nombreuses entreprises européennes21. S’ouvrira alors, pour les fonds et les « majors » américaines, un « marché de la casse » dont ils seront bien bêtes de ne pas profiter. Dans une telle affaire, nous sommes clairement les « dindons de la farce », et les choses sont parties pour durer, puisqu’il est clair, nous l’avons démontré, que si les Russes ont tout intérêt à écourter le conflit, lorsqu’ils auront obtenu ce qu’ils veulent (la « finlandisation » de l’Ukraine), et à rentrer chez eux, les Américains, eux, ont un objectif principal, embourber les Russes sur place et «vietnamiser» leurs adversaires22.

Un autre exemple est le blocage commercial imposé par les sanctions. Il se développe dans trois directions :

L’achat de produits russes : à mesure que les sanctions nous interdisent d’acheter aux Russes, nous sommes obligés de trouver des fournisseurs de substitution. Devinons, comme dans le cas du gaz, qui nous est imposé en priorité ? 

La vente de produits aux Russes : la Russie représentait pour nous un débouché important. Si nous ne pouvons plus leur vendre, nos entreprises seront très fragilisées. Devinons, là aussi, qui sera en première ligne pour nous racheter ?

 Enfin, les partenariats commerciaux avec la Russie, essentiellement par le biais de nos filiales sur place. C’est le pire scénario des trois puisque, nous le savons, le gouvernement russe a déjà présenté à la Douma un projet de loi visant à nationaliser les entreprises étrangères qui cesseraient, même momentanément, de travailler en Russie. Ainsi sont menacés des fleurons français comme Renault, Total, Auchan ou Décathlon. Si Auchan et Décathlon ont déjà indiqué qu’ils n’interrompraient pas leurs activités russes, il n’en est pas de même pour Renault, cloué au pilori (dans son message aux parlementaires français !) par le zélé Zélinsky, toujours bien disposé à relayer les injonctions américaines23. Ceci est particulièrement dangereux puisque, dans ce cas, nous perdrons à la fois notre CA et notre capital24. Malgré ce risque, notre propre État ne nous défend pas, et il laissera nos entreprises se faire « lyncher » par les médias si elles n’obtempèrent pas aux ordres américains. Et lorsqu’elles auront fait faillite, devinons, là aussi, d’où viendront les fonds pour les « sauver » ? 

À QUI LE CRIME PROFITERA-T-IL ? 

Dans tous ces cas, à qui le crime profite-t-il25 ? Et surtout, à qui profitera-t-il demain puisque, c’est une évidence, ce conflit va durer, non pas parce que les Russes le souhaitent, mais parce que les Américains le veulent26. Où en sera notre économie dans six mois, dans un an, dans deux ans, dans dix ans ? Et l’on comprend bien que la base, ce qui permet de faire justifier auprès d’opinions crédules, dans une certaine mesure27, les sacrifices et les souffrances qu’elles endurent, et celles qu’elles endureront à l’avenir, c’est la guerre. C’est elle qui peut faire accepter la veulerie des États européens, car, face à la menace, «les Américains nous protègent» et «nécessité fait loi28». C’est elle qui doit permettre, en fin de compte, d’accélérer la prédation. Il sera donc essentiel, aux yeux des stratèges américains de la communication, de faire en sorte que l’injonction « C’est la guerre ! » et sa mise en scène durent le plus longtemps possible.

Ceci est d’autant plus grave que, encore une fois, cette guerre ne nous concernait pas 29… jusqu’à ce que nous acceptions de nous-mêmes d’y entrer, en décidant de livrer des armes et en devenant cobelligérants. On comprend mieux pourquoi il était essentiel pour les Américains de nous pousser dans cette direction. On comprend aussi l’erreur magistrale que nous avons commise en ne refusant pas de nous engager sur ce terrain. Pourquoi ne pas nous être limités à l’humanitaire ? Maintenant, nous sommes de plein pied dans une « logique de guerre ». En temps de paix, nous avons déjà eu la monstruosité arbitraire de l’extraterritorialité du droit américain. En temps de guerre, un temps qui justifie tout, où s’arrêteront les exigences de nos « protecteurs » ?

Il ne sert à rien de proposer de réparer la maison vétuste sur la plage, si l’on ne voit pas arriver l’énorme tsunami, dont la crête se découpe déjà sur l’horizon. Face à une telle mécanique, un processus terrifiant, qui se met en place sous nos yeux, et pour lequel rien ne semble montrer qu’il devrait s’arrêter (puisque personne ne le dénonce !), rien moins que la ruine programmée et consentante de l’Europe et ensuite sa vente à la découpe30, les propositions franco-françaises de tous les candidats à la future présidentielle seront de bien peu d’importance. La seule chose qui pourra influer sur le cours des choses, en réalité, sera notre politique étrangère.

François Martin 

1  – Voir "l'atlantisme, un impensé politique français"dans la Smart Reading Press du 18 mars 2022.

2  – Mise à part celle de la France mais uniquement dans sa composante nucléaire. Pour le reste, la France fait partie de l’OTAN. S’y applique donc le Traité de Lisbonne, qui indique que, pour la défense européenne, l’OTAN reste «le fondement de la défense et l’instance de la mise en œuvre» de la PESC (cf. article supra, NDBP no 15).

3 – Comme elle en avait l’habitude. C’est ce qui s’était déjà passé à Varsovie, en août 1944. Suite à l’insurrection, les Allemands s’étaient atrocement vengés sur la ville, qu’ils avaient entièrement détruite. Sur l’autre rive de la Vistule, les Russes avaient attendu patiemment la fin du martyre pour intervenir… (Voir sur Wikipédia. Le plan initial américain était de permettre la même chose avec Paris.)

4 – Voir TV5Monde.

5 – Voir Wikipédia.

6 – Voir Wikipédia.

7 – En 1983, le néo-conservateur Donald Rumsfeld lui vend le gaz moutarde avec lequel il gazera ensuite les Kurdes, l’un des méfaits qu’on lui reprochera. Voir sur cette vidéo.

8 – Voir Wikipédia.

9 – Dans les jours suivant l’invasion américaine, les 7 milliards de USD de la réserve du Trésor irakien disparaîtront comme par enchantement. Voir Wikipédia.

10 – À son époque, Eisenhower se plaignait déjà de leur rapacité. Il faut rappeler que le mari de Victoria Nuland, l’égérie de l’affaire ukrainienne, n’est autre que Robert Kagan, le chef de file des néo-conservateurs américains (voir Wikipédia). Et le budget de la défense américain est passé, entre 2001 et 2022, de 280 à 773 milliards de USD. Les enjeux industriels et commerciaux sont donc colossaux.

11 – Voir «Ukraine : le piège s’est refermé… sur Poutine» dans la Smart Rading Press du 25 février 2022.

12 – Voir «Afghanistan : le changement des fondamentaux géopolitiques» dans la Smart Reading Press du 24 septembre 2021.

13 – Tapis de bombes.

14 – De façon à atteindre 2 % du PIB.

15 – Comment les Français, dans un tel contexte, ont-ils pu s’étonner d’être ainsi «trahis»&nbsp,?  Cette réaction est de la pure mise en scène, ou alors une incroyable naïveté ! 16 – 2 % du PIB au minimum également, pour tous les pays européens. Voir touteleurope.eu.

17 – Ce sont les Allemands, semble-t-il, qui sont chargés de cette «basse besogne».

18 – Du moins, elle ne l’était pas avant que l’on ne décide de livrer des armes aux Ukrainiens…

19 – Les Américains, en effet, ne sont pas impactés par les sanctions. Elles leur profitent même, en particulier pour le gaz de roche-mère, dont ils sont exportateurs, alors que nous nous en sommes volontairement privés. Nous nous sommes enfoncés dans le piège énergétique. Voir atlantico.fr.

20 – Voir Ukraine : et maintenant ? (Smart Reading Press) et le développement sur le «parapluie nucléaire américain».

21 – D’après l’économiste Charles Gave, si la Russie ne livre plus, elle peut tenir deux ans, mais la France peut tenir quatre jours avant que son industrie ne s’arrête. Voir Sud Radio.

22 – Voir Ukraine : et maintenant ? (Smart Reading Press) et la stratégie américaine.

23 – Lorsqu’un «parrain» prête à un emprunteur 10 milliards de USD, ce dernier fait exactement ce que l’autre lui demande, sinon, il risque très vite une balle dans la tête. Depuis le début des négociations entre Russes et Ukrainiens à la frontière biélorusse, deux des négociateurs ukrainiens, sans doute un peu trop zélés, ont été assassinés à leur retour à Kiev…

24 – Depuis que Renault a annoncé l’arrêt de son activité en Russie, et sans même attendre que ses activités soient nationalisées, l’action a déjà baissé de 25 %, et la direction a annoncé 2 milliards d’euros de pertes pour cette année. Comment l’entreprise s’en relèvera-t-elle ? 25 – Voir le tweet de Jean-Frédéric Poisson du 26 mars 2022.

26 – Voir ci-dessus, NDBP n° 22.

27 – Et de moins en moins, il faut l’espérer.

28 – En vérité, ils ne nous protègent pas. C’est nous qui les protégeons… en faisant le tampon ! 

29 – Ce qui ne veut pas dire que nous ne devons pas nous protéger aussi contre les Russes. La règle «si vis pacem, para bellum» ne doit souffrir aucune exception.

30 – Voir : Laurent Izard, La France vendue à la découpe, L’Artilleur, 2019.

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...