jeudi 29 juin 2023

Le drame de Nanterre et ses conséquences

 

Tout le monde a vu cette vidéo où un policier abat un jeune de 17 ans à Nanterre. Cette vidéo montre clairement que le policier n’était en aucun cas menacé et qu’au contraire il hurlait à ce jeune qu’il allait se prendre une balle dans la tête. À partir de là, deux réactions s’opposent : la première est que ce jeune garçon roulait sans permis, et qu’en outre il était défavorablement connu des services de police, et qu’ayant refusé d’obtempérer, ceci explique et permet d’approuver la réaction du policier. Les policiers ont commencé par faire courir le bruit que ce jeune avait tenté de rouler sur les policiers, mais ce mensonge ne tient pas debout lorsqu’on visionne le petit film. L’autre réaction est que la police est raciste, la victime étant issue de l’immigration. Comme dit le proverbe juif, « entre deux solutions choisis toujours la troisième ». Je n’ai aucune sympathie ni d’antipathie pour ce jeune, ne le connaissant pas, et bien sûr je comprends la douleur de ses proches. Mais ce qui me choque c’est qu’un policier se donne le droit d’abattre un jeune qui ne lui obéit pas, alors qu’ayant une arme braquée sur lui, il peut avoir démarrer à cause de la terreur que cela lui a inspiré. Or dans un État de droit, ou une démocratie, fut-elle naine, les policiers ne sont pas des juges et n’ont pas le droit de décider de la peine de mort qui par ailleurs est abolie en France depuis quarante ans. Cet assassinat confirme pour moi que la police française est complètement en roue libre et ne se contrôle plus. Ce qui est arrivé le 27 juin du côté de Nanterre est le pendant de ce qui se passe dans la répression des manifestations où la milice s’assoie complètement sur le code pénal, avec il faut le dire la complicité des juges. On comprend bien que ce métier est difficile, Macron et son gang ayant semé le désordre dans tous les secteurs de la vie civile. En matière de sauvagerie de la police, quel que soit le sujet, nous suivons d’une manière accélérée le modèle étatsunien où se mélange à la fois le problème du multiculturalisme et la violence policière avec des meurtres réguliers comme conséquences. 

Réaction à la suite de la mort du jeune Nahel 

Comme on devait s’y attendre, les réactions ont été, à gauche l’indignation et le racisme de la police, à droite soutien à la police, Macron qui est le premier responsable de la dérive de la police, « a exprimé son émotion ». Omar Sy, Kylian Mbappé et autre vedette du spectacle, avec des propos imbéciles, « Mes pensées et prières vont à la famille et aux proches de Nahel, mort à 17 ans ce matin, tué par un policier à Nanterre », écrit Omar Sy. Le second qui n’a jamais rien dit sur la répression des Gilets Jaunes ou de ceux qui manifestaient contre la réforme des retraites nous a fait savoir qu’il « avait mal à sa France » et il a comparé Nahel à un petit ange, au moins il n’a pas peur du ridicule. Cet assassinat a engendré, presque naturellement des flambées de violence, et à nouveau des voitures ont été brulées, ce qui renforce le lien avec les manifestations contre la réforme des retraités, même si on sait que les quartiers comme on dit n’ont pas bougé durant cet épisode honteux de la présidence de Macron. À Nanterre on a envoyé les CRS, la C8 qui s’est fait une sinistre réputation durant les manifestations contre la réforme des retraites, avec interpellations musclées à la clé. À droite, les imbéciles ont sorti que la Mercedes dans laquelle Nael roulait valait 70 000 euros, comme si cela justifiait le crime. En fait cette voiture était louée, mais les flics ne le savaient pas. Et même s’il s’agissait d’un dealer qui gagne beaucoup d’argent dans le crime, aucun article de loi autorise un policier à abattre un individu pour un refus d’obtempérer. 

Nanterre dans la soirée du 27 juin 2023 

En Europe la police française est la plus violente ce qui devrait tout de même interpeler les bonnes âmes qui soutiennent la police jusqu’au jour où eux-mêmes ou leurs enfants se feront taper dessus. C’est donc bien un système de gouvernement qui s’est mis en place progressivement en France, depuis au moins Sarkozy, obtenir le consentement des citoyens en faisant régner la terreur. Macron et Borne ont critiqué les policiers. Ce que les syndicats n’ont pas apprécié. Le premier a jugé que ce drame était inexplicable et inexcusable, même avec la logique débile du en même temps, on voit mal comment un drame inexplicable serait inexcusable, car le terme inexcusable s’est déjà un jugement, or si on ne peut l’expliquer, il sera impossible de le juger. On aimerait parfois que les hommes politiques connaissent un peu mieux la langue française. Les syndicats policiers ont mis en avant que Macron, Borne et Darmanin se substituaient à la justice. Et donc qu’au nom de la séparation des pouvoirs ils auraient dû se taire. Il est très probable que cette nouvelle affaire entrainera une crise dans les relations entre les policiers et le pouvoir exécutif, parce que ceux-ci vont devoir rendre des comptes et que le meurtrier de Nahel sera radié de la police et condamné. Ce qui rend d’autant plus intolérables les événements de Nanterre est qu’il s’agit d’un drame pour ainsi dire annoncé. Le lien entre la loi de sécurité publique de février 2017 (portant notamment sur l’usage des armes à feux par les forces de l’ordre), la forte augmentation, depuis lors, du nombre de tirs policiers « sur des véhicules en mouvement » et le nombre de morts ne fait guère de doute et a été déjà pointé à plusieurs reprises. 

Deuxième nuit d’émeute à Nanterre 

Dans la nuit du 28 au 29 juin, les émeutes ont continué un peu partout, Toulouse, Moulins, la banlieue parisienne, le commissariat de Rouen a été incendié, et bien sûr principalement à Nanterre. Les policiers n’ont pas eu la maitrise du terrain, les voitures brulaient, et ils ont dû se replier après avoir tenté de pénétrer dans la cité Pablo Picasso. La remarquable incompétence du gouvernement et de Macron s’est manifesté une fois de plus, dévoilant clairement l’absence de maitrise de la situation. Les quartiers où sont stockées les populations issues de l’immigration sont devenues depuis longtemps des zones à part. Ça s’est vérifié encore durant ces nuits d’émeutes, ces populations ont défendu leurs territoires de l’intrusion des forces de l’ordre. Le Monde, ébahi, commentait ces émeutes comme ils commentent la guerre en Ukraine, sans trop savoir comment cela pouvait se passer. On se dit évidemment que si ces populations étaient descendues dans la rue au moment des manifestations contre la réforme des retraites, celle-ci ne serait pas passé. Mais cette population n’est guère préoccupée par le devenir social de la France, c’est le lumpenprolétariat comme disait Marx, chose que n’ont pas compris la plupart des partis de gauche qui sont maintenant engagés dans les analyses à la Terra Nova. Le bouffon de l’Élysée s’était donné cent jours pour apaiser la France en se fixant comme horizon le 14 juillet prochain ! le moins qu’on puisse dire c’est que c’est raté. Il est au pouvoir d’une manière ou d’une autre depuis 2014, soit neuf ans. Et le bilan est catastrophique dans tous les domaines. Ce que raconte la mort de Nahel, c’est tout simplement un effondrement du service public de la sécurité publique. On en avait un avant-goût avec les Gilets Jaunes, les soignants et les manifestants contre la réforme des retraites, on le voit encore plus aujourd’hui. À force de donner le droit à la police de faire n’importe quoi, en lui fixant comme horizon prioritaire de tabasser violemment tous les récalcitrants, la France brûle une fois de plus. Voilà le bilan des cent jours ! La vérité est que ce désastre est le résultat d’une incompétence générale : les policiers qu’on transforme volontiers en miliciens sont mal recrutés et mal formés. C’est le résultat d’une doctrine particulière qui désigne tout le monde ou à peu près sur le territoire national comme un ennemi à réduire. Quel que soit le motif des révoltes, la réponse de l’État macronien est la répression. C’est bien cette logique initiée par Sarkozy et aggravé par Macron qui est en cause. Macron qui prétend incarné cet autoritarisme borné et sans dialogue est le premier responsable de la décomposition de la République. En 2022, 13 cas comme celui de Nahel avaient été décomptés, c'est beaucoup.

Les émeutiers attaquent la milice 

Macron sera bientôt oublié, et dans les livres d’histoire il restera le président le plus haï et le plus incompétent de la Vème République. Au XXIème gouverner par des éléments de langage et la violence policière est inadmissible, personne n’en veut, même si pour Macron cela équivaut à revenir au modèle capitaliste du début du XIXème siècle. C’est un homme du passé, qui gère la France avec les recettes du XIXème siècle. Pour bien comprendre la gravité de la situation dans laquelle Macron-le-fou a mis la France, il faut relier cette affaire à ce qui s’est passé comme sauvagerie avec la crise des Gilets Jaunes et celle de la réforme des retraites. Depuis cinq la France est en feu, La vie des Français se dégrade tous les jours un peu plus, et le pouvoir ne repose que sur la violence policière. Mais cette violence policière non seulement a un coût, mais elle a des limites évidentes. D’abord parce qu’elle entraîne des réponses de plus en plus violentes et fracture toujours un peu plus la société. Ensuite parce que le désordre engendré est ruineux dans tous les sens du terme. Macron se rend-il compte du coût économique des manifestations et des émeutes depuis 2018 ? Le nombre de voitures brulées en France à cause du geste criminel d’un policier est très élevé, des bus ont été brûlés également. Personne ne calcule le coût de la violence policière en France depuis 2018, mais à mon avis il est très élevé. Au lieu de perdre notre temps pour savoir su Nahel était un petit ange ou un délinquant, il serait bon de s’interroger sur les compétences du gang Macron en matière de maintien de l’ordre et de sécurité. Où se trouvent les responsabilités de ce désastre ? 

Bus incendié à Viry-Châtillon 

La marche blanche qui a eu lieu à Nanterre le 29 juin après-midi indique clairement qu’on n’en restera pas là. Il va se développer un mouvement sur le modèle de celui d’Adama Traore. Pour calmer les choses, Macron sera encore obligé de reculer, ce qui veut dire qu’il adoubera la volonté sécessionniste des « quartiers » qui sont déjà des territoires abandonnés de la République. Cet épisode montre combien un État-policier est fragile, dès lors qu’une partie de la population investit la rue. Par contraste cela fait ressortir combien les manifestants contre la réforme des retraites ont été très passifs et très conciliants malgré tout ce qu’ils ont reçu sur la gueule. Le jour où les « quartiers » – il faudrait plutôt dire le peuple des ghettos – se joindront au mouvement social, Macron pourra sûrement demander l’asile politique à l’Allemagne ! Deux questions vont cliver le débat à venir : 1. Qu’est-ce que signifie cette violence policière sans frein dans une soi-disant démocratie ? 2. Qu’est-ce que donc que ce peuple des ghettos ? Quel est son statut ? Pour quelle raison est-il stocké aux portes de Paris alors qu’il n’a pas de travail ni d’avenir ?

La mère de Nahel ouvre la marche blanche

mardi 27 juin 2023

Après le coup manqué de Prigojine, la presse occidentale dans l’expectative

  

Je crois que ce qui m’intéresse le plus dans cette guerre, c’est moins son aspect militaire que ce qu’elle dit du traitement honteux de l’information en Occident. C’est à tel point qu’on se demande si on pourra encore leur faire confiance même pour la météo ! S’il est concevable que l’on développe des analyses pour soutenir l’Ukraine, il l’est moins quand il s’agit d’adapter le réel à un narratif préparé de longue main dans les sous-sols du Pentagone. Le coup d’État tenté par Prigojine avait donné de l’espoir à l’Occident global et à sa marionnette Zelensky. Les médias étaient déchainés, voyant déjà se profiler une guerre civile en Russie qui faciliterait le travail de l’Oncle Sam pour démanteler ce pas et mettre la main sur ses richesses – ce qui est un des buts de cette guerre, l’autre but étant de couper l’Europe de la Russie par tous les moyens. Mais cette tentative de coup d’État a lamentablement échoué, et il a donc fallu modifier le narratif. Que Poutine ait résolu cette crise en moins de vingt-quatre heures et sans effusion de sang, a été montré comme de la faiblesse, la preuve qu’il y avait une fissure au sommet – le mot qu’emploie le propagandiste Benoît Vitkine ! Le problème n’est pas que cette thèse ait fait surface, mais qu’elle soit la seule à être développée par les médias occidentaux. En effet on aurait pu tout aussi bien après cette tentative avortée de renverser Poutine considérer que la rébellion était vraiment minoritaire et que l’équipe autour de Poutine était soudée dans la crise, le peuple le suivant. Car justement la pantomime de Prigojine n’a pas réussi à entraîner ne serait-ce qu’une petite fraction de l’armée régulière derrière elle. Je ne suis sûr de rien bien entendu, mais il me semble que cette fantaisie est la rébellion d’un homme isolé qui se trouve dans une impasse : les décrets de Choïgou demandant que les Wagner signent des contrats avec l’armée régulière, annonçait une mise au pas de l’armée de Prigojine, et donc une perte énorme pour lui en termes de pouvoirs. Ayant voulu attirer une partie de l’armée avec lui pour remplacer le gouvernement, il n’y est pas arrivé et a dû faire marche arrière pour sauver sa peau. La maîtrise du Kremlin a été efficace puisqu’elle a évité un bain de sang, donc un début de guerre civile et que le coup d’État a fait long feu. Je peux me tromper dans ce séquençage et qu’il y ait quelqu’autre raison à cette fantaisie paramilitaire. 

 

À partir de là le narratif occidental a complètement dérapé. Ils ont tenté de dire que cette rébellion de Prigojine était la preuve du fait que la Russie n’adhère pas à la guerre et regarde passivement les choses se faire, oubliant que Prigojine n’a aucun plan militaire et qu’il serait plutôt partisan d’une guerre éclaire qui massacre l’Ukraine, plutôt que pour une guerre d’attrition qui ruine jour après jour l’armée otano-ukrainienne. Le Monde mettait en scène le fait qu’à Rostov des Russes avaient applaudi à l’arrivée des Wagner, c’est exact mais ceux qui se sont manifesté en soutien à Prigojine, n’étaient pas nombreux, et très rapidement les habitants de Rostov se sont regroupés au contraire pour manifester contre les Wagner, les insulter et leur demander de rentrer chez eux. Mais ce second volet n’est pas rapporté dans les médias occidentaux où quand on ne ment pas en inventant des faits qui n’existent pas, on ment par omission, grande spécialité du Monde. Les Français pourtant devraient se souvenir de ce qui s’est passé le 21 avril 1961 en Algérie. Une poignée de généraux ont tenté une sorte de coup d’État qui devait passer par le ralliement d’une partie de l’armée. On sait ce qu’il advint, le général de Gaulle qui avait l’opinion majoritaire avec lui a réagi fermement et en se ralliant le reste de l’armée et a dissuadé les putschistes d’Alger d’aller plus loin. Tous les journaux de la métropole à l’époque, donc Le Monde, ont souligné la grande maîtrise du général et plus encore la solidité des institutions. Mais les Occidentaux ne veulent pas entendre parler d’une cohésion des équipes au Kremlin. Ça ne peut pas exister puisque pour eux Poutine est seulement un dictateur fou, assoiffé de sang dont l’entourage guette la chute pour le remplacer. Ils ont donc repris sans précaution la thèse du Pentagone et de Zelensky selon laquelle, la Russie c’est le chaos et rien d’autre. Mais nous savons qu’en Russie Prigojine et ses Wagner ne représentent rien, comme d’une autre manière Navalny ne représente rien et, les sondages l’attestent, les Russes sont à 80% derrière Poutine. Présenter Prigojine comme la preuve de profondes divisions au sommet, est un mensonge éhonté. Le New York Post, présentait bêtement cet épisode comme une « rébellion russe ». Non, c’était juste une rébellion de Prigojine et Prigojine et ses Wagner c’est aujourd’hui entre 15 000 et 20 000 soldats, comme Navalny, en Russie il ne représente rien et il est même plutôt détesté par les Russes qui ont de la famille sur le front. Ce n’est pas une partie de la Russie qui se révolte contre Poutine et son système. Bien entendu cela aurait pu plus mal tourner si par exemple on en était venu à l’affrontement avec plusieurs centaines de morts. La presse occidentale le regrette. Les Russes sont plutôt soulagés de voir les Wagner regagner leur casernement. 

 

La presse occidentale a passé également sous silence deux réactions importantes sur le plan géopolitique, celle d’Erdogan qui est pourtant censé être un membre de l’OTAN et celle de la Chine. Les deux ont assuré Poutine de leur ferme soutien quoi qu’il arrive, Le Monde mentant effrontément en disant que le message de soutien de la Chine à Poutine était plutôt tiède. Je ne parle même pas de Kadyrov et de ses Tchétchènes qui, juste avant que Prigojine renonce, étaient tout prêts de rentrer dans Rostov pour affronter les Wagner. Si Prigojine a reculé, c’est parce qu’il a compris qu’il n’arriverait jamais à Moscou, même au prix d’un bain de sang. Il y a eu quelques combats et quelques morts du côté de Voronej où l’armée russe avait installé des barrages sur l’autoroute menant à la capitale. Les médias occidentaux n'ont pas parlé préférant élucubrer sur la décomposition du régime poutinien. Le Monde a sorti le ban et l’arrière-ban de la russophobie universitaire, Julien Vercueil par exemple[1] ou le sombre Dimitri Minic[2], ils disaient tous les deux la même chose, sans le démontrer, l’autorité de Poutine est ébranlée. Minic qui est peut-être le plus bête des deux, avançait dans L’opinion, que Prigojine avait déposé Poutine pendant une heure[3]. De même en répondant au russophobe Jean-Dominique Merchet, il soutenait la thèse que déjà avant même le coup de Prigojine l’autorité de Poutine était ébranlée, par quoi, par qui, on se le demande. L’idiotie de cette thèse, soufflée directement par leurs patrons du Pentagone, repose déjà sur une prémisse erronée, selon lequel Poutine gouvernerait seul. Justement le fait que Prigojine n’ait pas pu rallier à lui un seul régiment de l’armée, voire un seul général – tandis qu’une partie des siens se ralliait à l’armée régulière, bien qu’on ne sache pas dans quelles proportions – montre que la Russie reste rassemblée globalement derrière Poutine. On pourrait même voir cette fantaisie prigojienne comme une occasion pour Poutine de renforcer sa légitimité, comme de Gaulle est sorti renforcé de sa brève confrontation avec les généraux putschistes d’Alger. Je trouve qu’il a fallu beaucoup de talent à Poutine pour résoudre rapidement et sans trop de casse cette crise. C’est un peu ce que pensent aussi Jacques Baud et Xavier Moreau qui voient le pouvoir central russe renforcé, contrairement à ce que répète les médias main-stream[4]. Si on voulait une preuve de la reprise en main de Wagner par Poutine, il faudrait considérer plus sérieusement ce qui a été annoncé le 26 juin 2023 par le ministère de la défense russe : les armes lourdes de Wagner seront transférées directement à l’armée russe[5]. Le Monde qui rapporte cette nouvelle, reste pourtant persuadé que Poutine a perdu son pouvoir, or, il va de soi que Wagner sans les armes lourdes, ce n’est plus tout à fait Wagner, ou du moins ce n’est plus un danger militaire. On peut raconter ce qu’on veut, mais c’est bien à une liquidation de Wagner que le coup de force de Prigojine a abouti. 

La Croix, porte-parole du Vatican en France, était plus prudent que les va-t-en-guerre du Monde. Il faisait sa une avec « Le jour où Poutine a tremblé », ce qui sous-entendait que la crise de tremblement était terminée. Le Temps, journal suisse, mais pas neutre pour autant, se contentait de poser la question « Après la rébellion de Wagner, le crépuscule de Poutine ? » Cette manière rendait compte d’une incertitude, et qu’au fond toutes les spéculations de la veille étaient remises en question. Libération pour une fois ne suivait pas trop le troupeau et parlait plus justement de la trahison de Prigojine. En effet l’Occident est tout de même gêné par cette action, parce que sur le plan moral c’est bien d’une trahison dont il s’agit et que celle-ci facilité – un peu – les manœuvres de l’OTAN. D’ailleurs Le Monde ajoutait dans son fil sur la guerre en Ukraine que l’évacuation de Wagner aurait permis à l’armé ukro-atlantiste de reprendre du terrain autour d’Artëmovsk, mais seulement sur la foi d’un communiqué de Kiev dont connait le manque de fiabilité. De là à imaginer que Prigojine a été retourné par les services secrets américains, certains ne se sont pas gênés pour le dire sur les réseaux sociaux. Cela parait cependant assez improbable, non pas parce que Prigojine conserverait un sentiment patriotique, mais parce qu’il sait très bien ce que ça coûte que d’être l’obligé des Etats-Unis. Zelensky l’apprendra à ses dépens quand la guerre sera terminée. 

Le panorama de cette débauche ne serait pas complet si pour compléter cette conjuration des imbéciles on n’invoquait pas BHL. Ce triste agent des États-Unis, a prétendu sur son compte Twitter que lui savait depuis des semaines qu’un coup d’État se préparait, alors que les Etats-Unis justement disaient ne pas être au courant et ne pas l’avoir vu venir. Ce qui est intéressant avec BHL ce n’est pas tant qu’il bouffonne et se pavane devant les objectifs, mais c’est bien le contenu de ce qu’il raconte. Chaque fois qu’il dit une chose, surtout sur la guerre, vous pouvez être sûrs que c’est le contraire qui est vrai ! Donc il ne sait rien et ne savait rien. Rappelez-vous de ce qu’il disait en septembre dernier, avant le fiasco de son film Slava Ukraini, que les Russes étaient aux abois tout le long de la ligne de front et que la guerre était quasiment terminée avec une victoire du camp ukro-otanien. C’était bien entendu stupide. Pourquoi dit-il cela contre toute vraisemblance ? Depuis septembre, soit quelques dizaines de milliers de morts ukrainiens plus tard, les lignes n’ont pas vraiment bougé et le front est sur à peu près la même ligne. La première hypothèse c’est qu’en tant qu’agent des Américains, il justifie l’action de l’OTAN, pensant sans doute qu’ainsi il influencera Macron pour qu’il engage toujours plus la France dans la guerre. Ses bailleurs de fonds ne semblent pas savoir qu’il n'a aucune influence, ni en France, ni ailleurs, il s’agite seulement.

 

Il a tellement tout compris que le 24 juin, il annonçait quasiment une guerre civile en Russie, et que cela hâterait la victoire de l’Ukraine. C’est encore raté Bernard ! Ses prédictions ne valent strictement rien pour deux raisons, la première est qu’il confond la réalité du terrain avec ses souhaits, et la seconde qu’il ment ouvertement croyant qu’ainsi il influencera les puissants de ce monde. Le scandale n’est pas dans ce qu’il dit, mais dans le fait que le système médiatique lui donne du crédit en le mettant en avant à la moindre occasion, alors que depuis au moins trente années il s’est toujours trompé sur tout et sur le reste. 


[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/25/russie-cinq-lecons-des-vingt-quatre-heures-de-la-rebellion-wagner_6179159_3232.html

[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/24/dimitri-minic-la-credibilite-du-kremlin-est-ebranlee_6179091_3210.html

[3] https://www.lopinion.fr/international/dimitri-minic-cette-tentative-de-coup-detat-est-un-tournant-majeur-pour-la-russie

[4] https://www.youtube.com/watch?v=pQvZAtw8JhY Invité par André Bercoff, au moins Sud Radio apporte une approche différente de la loghorée qui se débite au quotidien ailleurs

[5] https://www.lemonde.fr/international/live/2023/06/27/guerre-en-ukraine-en-direct-volodymyr-zelensky-salue-la-progression-de-son-armee-dans-tous-les-domaines-lundi-etait-un-jour-heureux_6179342_3210.html?#id-1011156

samedi 24 juin 2023

Tentative avortée de coup d’État en Russie

  

En pleine guerre avec l’OTAN, la sédition de Prigojine s’apparente clairement à une trahison. Dans la nuit du 23 au 24 juin, les troupes de son armée privée a commencé de bloquer la ville de Rostov-sur-le-Don, avec des tanks et des hommes armés. L’idée stupide de Prigojine est d’inciter le reste de l’armée russe à le rejoindre avec comme but ultime renverser Poutine. Autrement dit Prigojine travaille clairement pour l’OTAN et les Américains qui n’en espéraient pas tant au moment où la contre-offensive ukro-atlantiste se casse les dents sur les défenses russes. C’est un coup de poignard dans le dos, ainsi que le dit fort justement Poutine. En prenant le contrôle de Rostov-sur-le-Don, Prigojine désorganise clairement la stratégie militaire russe puisque cette place est un centre de décision militaire et logistique important. Le prétexte pris par Prigojine est que l’armée russe ne l’a pas aidé et que cela a provoqué la mort de nombreux soldats de Wagner. Évidemment les Ukrainiens ont dit que c’était là une belle opportunité pour eux puisque l’armée russe devra se battre sur deux fronts en même temps. Cette affaire est très grave, quelques militaires de second rang semblent vouloir adhérer à l’idée d’un renversement du pouvoir à Moscou. Pour quoi faire ? on se pose la question. En effet les Wagner ne semblent pas avoir des forces suffisantes pour gagner la guerre contre l’armée régulière. Mais ce début de guerre civile va évidemment complètement entraver les défenses russes dans le Donbass. Les Wagner ont annoncé sur Telegram que le but était le remplacement rapide du président. Ils ne semblent cependant pas en avoir les moyens, même si une partie de l’armée les rejoint. On peut d’ailleurs se demander comment des militaires conscients de leur devoir pourrait faire confiance à Prigojine un homme très peu fiable et très changeant, mentant en permanence, mais surtout qui n’a pas de ligne de conduite véritable, sauf à remplacer Poutine ! 

 

La thèse avancée le plus généralement est celle-ci : Prigojine est depuis des mois en conflit avec l’armée russe, mais ce conflit a pris des proportions énormes depuis que le ministre de la défense a demandé aux Wagner de signer des contrats en bonne et due forme. Il est probable que Prigojine ait compris à ce moment-là qu’en intégrant ses hommes à l’armée régulière, il perdrait de son influence. Entre temps Poutine a reçu le soutien déterminé de Kadirov qui assure qu’il va envoyer ses hommes dans les zones de tension, et plus curieusement celui d’Erdogan qui pourtant est censé faire partie de l’OTAN. Loukachenko qui soutient Poutine, a parlé d’un vrai cadeau fait à l’Occident par les Wagner.  Dans la journée du 24 juin, on apprenait que l’armée russe avait ouvert le feu contre une colonne de Wagner qui tentait de s’approcher de Voronej, étape sur la route de Moscou. Les Wagner semblent avoir pris des généraux en otages à Rostov, et avoir abattu un hélicoptère de l’armée russe. Ce début de guerre civile, certainement non voulu par la population russe est la démonstration qu’un État ne peut pas entretenir en son sein une armée privée qui peut échapper à tout moment à son contrôle. Alors que depuis le début de la guerre l’armée russe est restée relativement soudée malgré des critiques internes, il semble peu probable que le coup d’État de Prigojine rallie suffisamment de monde autour de lui pour un devenir incertain. Il est même probable qu’une partie des Wagner abandonne son chef. La Russie est sous le choc de cette trahison. 

 

D’autres ont avancé que Prigojine aurait été retourné par les services secrets américains, il me semble que cette hypothèse est assez peu probable, bien que cette trahison arrange clairement les affaires des Américains et de Kiev, le montage me semble un peu trop compliqué. Les Tchétchènes de Kadirov sont arrivés à Rostov-sur-le-Don, et on pense que l’affrontement avec Wagner est imminent, c’est du moins ce qui se disait samedi 24 juin à 19 heures, heure française. La jubilation de Zelensky était la preuve que la tentative de coup d’État de Prigojine rend d’abord service à l’OTAN et son vassal en Ukraine. Il est très probable que les soldats russes qui sont sur le front ressentiront la trahison de Prigojine comme un affront. On sait déjà que l’armée régulière trouvait Wagner très encombrant, mais si en plus ils les trahissent, ils vont leur en vouloir à mort. Mais à 20 heures, il semblerait que cette tentative de coup d’État ait déjà échouée, Prigojine demandant suite à une médiation de Loukachenko à ses hommes de rentrer dans leurs casernes. La pantomime de Prigojine aura donc duré moins d’une journée, sans doute parce qu’il pensait trouver un soutien dans l’armée qu’il n’a pas trouvé. Il est trop tôt pour dire que Poutine sort renforcé de cette épreuve, mais il semble bien que cet épisode tragi-comique ne changera rien à l’affrontement sur le terrain et que les atlantistes auront eu tort de se réjouir trop tôt d’une situation chaotique. Dans Le Monde un plumitif atlantiste, Dimitri Minic, avait annoncé hâtivement que « la crédibilité du Kremlin était ébranlée ». Il semble plutôt que ce soit celle de Prigojine qui soit vraiment entamée. Il semblerait qu’à Rostov aussi les Russes soient sortis dans la rue pour s’opposer aux Wagner. Poutine va tirer avantage de cette reddition en reprenant en main des éléments qui n’arrêtaient pas de contrarier l’armée russe. 

samedi 17 juin 2023

Êtes-vous prêts pour une démocratie réelle ?

 

Le peuple à la porte de la démocratie représentative 

Comme le montre la photo ci-dessus, les faux représentants du peuple discutent dans leur bunker de ce qui concerne le peuple, notamment la question des retraites, mais le peuple est à la porte. La réforme des retraites a démontré que le bloc bourgeois peut utiliser tous les contournements possibles et imaginables que permettent les institutions non seulement pour empêcher qu’une loi haïe massivement par le peuple soit discutée et votée, mais pour empêcher également qu’on discute de son abrogation. Les pitreries parlementaires de la Macronie ont au moins une vertu, démontrer que nous ne sommes pas en démocratie, même un petit peu, et que de voter c’est une farce sinistre et sans avenir. La semi-idiote Yaël Braun-Pivet qui vient du parti socialiste, s’est chargée du travail, mettre en scène ce moment particulier où on passe sous les yeux sidérés des Français d’une pseudo-démocratie à une vraie dictature. Même les Ripoublicains ou le Rassemblement National n’aurait pas osé. Le Conseil Constitutionnel a démontré lui aussi son inanité et sa fonction qui est de consolidé le pouvoir du bloc bourgeois. Une poignée de guignols élus dans des conditions douteuses et sans assise nulle part, impose des règles au profit d’un clan, celui du lobby banque-assurance, autrement dit l’Institut Montaigne. Car ces réformes pourries, même si elles sont rejetées par 80% de la population, même si elles ne sont pas votées et discutées à l’Assemblée Nationale, aident à l’avancée d’un modèle néo-libéral qui veut privatiser pour son profit la Sécurité Sociale et la manne du financement des retraites. Le dernier épisode de cette fantaisie a été la manœuvre de la crapule macronienne pour empêcher que les députés se prononcent l’abrogation de la loi faisant passer l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. Le monde qui accompagne et soutient cette forfaiture écrivait bizarrement : « les oppositions échouent à abroger la réforme des retraites », au lieu d’écrire plus justement les manœuvres politiciennes du gang de Macron empêchent le débat et le vote sur l’âge de départ à la retraite[1]. Les plumitifs du Monde entendaient ainsi faire la démonstration de l’inutilité d’une telle opposition, ils avaient déjà fait le coup en disant que si le Conseil Constitutionnel avait retoqué les RIP, c’est parce que ceux qui les avaient présentés avaient bâclé le travail. Mettre la faute sur les oppositions, c’est nécessaire pour masquer que les institutions ne garantissent en rien l’expression démocratique du pays. Je ne veux pas dire par là que « les oppositions » sont belles et bonnes, mais seulement que cette fantaisie d’empêcher tout débat et tout vote, n’est que de la responsabilité des Macroniens, qui mentent effrontément, trafiquent en toute impunité. Soyons clair la démocratie dite représentative n’a jamais représenté autre chose qu’une forme bourgeoise de domination, mais jamais le pouvoir du peuple. Elle a toujours été une caste, souvent une profession, liée plus ou moins directement aux possédants. Entre ceux-ci il peut y avoir des guerres de clans, comme en 2017 entre François Fillon – le clan des assureurs – et Emmanuel Macron – le clan des banquiers, mais tous les deux avaient logé leur candidature à l’enseigne de l’Institut Montaigne qui est le grand ordinateur de la religion du profit en France. Le ver était dans le fruit si je puis dire, mais si le général de Gaulle pouvait se targuer d’une adhésion des Français à sa politique, justifiant l’usage ambigu qu’il faisait de sa Constitution, Macron et son gang ne peuvent plus faire la même chose. 

 

Une crétine au perchoir 

La classe politicienne est haïe à un point jamais atteint auparavant, et les Macroniens encore un peu plus que les autres, ils gouvernent mais ne représentent rien d’autre que la corruption et l’imbécilité. Ils ne se déplacent plus qu’entourés d’une milice qui les protège de la vindicte populaire. C’est sans doute la différence entre les anciennes formes fascistes de dictature et celle d’aujourd’hui, les Hitler, Mussolini, ou Franco avaient tout de même une assise populaire qui allait au-delà du bloc bourgeois, et quand Staline est mort des millions de personnes ont pleuré. Quand Macron mourra, tout le monde s’en foutra et personne ne se rappellera vraiment qu’il aura existé, c’est évidemment encore plus vrai pour toutes ces femmes comme Borne ou Braun-Pivaut qui croient que d’exercer un pouvoir de domestique en chef c’est un élèvement, alors qu’elles se rabaissent tous les jours un peu plus dans l’opinion et aussi dans la vision qu’elles ont d’elles-mêmes. La réforme des retraites a déjà donné lieu à plusieurs manquements :

1. refus des Macroniens de discuter des amendements proposés par l’opposition ;

2. refus de voter sur la loi elle-même en jouant du 49-3 ;

3. intervention opportune du Conseil Constitutionnel pour refuser par deux fois un RIP – référendum d’initiative partagé – donc de permettre de consulter le peuple ;

4. refus par Braün-Pivet qui a atteint des sommets dans la bétise confite, de mettre à l’ordre du jour une proposition de loi pour abroger la réforme des retraites.

Dans la rue évidemment l’opposition qui a tentée de se faire entendre a été matraquée, gazée, empêchée de manifester, c’est le complément nécessaire du refus de débattre à l’Assemblée Nationale. La brutalité de cette conjuration des imbéciles a cependant un gros avantage en ce sens qu’elle dévoile la supercherie qui est celle de voter dans les conditions actuelles pour Pierre, Paul ou Jacques : il n’y a rien à attendre d’un système politique aussi décomposé. 

 

Tout le monde parle de démocratie, avec l’idée qu’on se bat en Ukraine pour la démocratie, avec l’histrion BHL qui nous dit que pour mieux préparer la paix il faut encore plus d’armes et faire plus la guerre. Pourtant le peuple n’est pas appelé à se prononcer en Occident sur cette idée baroque, digne de George Orwell : La guerre c’est la paix, selon l’idée de Big Brother. Dans le système occidental actuel, la démocratie qui est selon la définition le gouverne du peuple par le peuple n’existe pas. La fin de la démocratie en France a été actée en 2005 quand le peuple français, mais aussi les Néerlandais et les Irlandais ont rejeté le TCE et qu’on l’a imposé par le vote du parlement. C’est le divorce total entre le peuple et ses soi-disant représentants qui a été enregistré. Mais avec Macron on a été encore plus loin, même les faibles députés sont interdits de se prononcer. Ni le peuple, ni ses pseudo-représentants ont le droit à la parole. Le pouvoir est concentré aujourd’hui dans les mains d’une poignée d’imbéciles sans morale, âpres au gain, corrompus jusqu’à l’os et qui n’ont aucune idée – fut-elle fausse – de ce que peut être le bien public. Ils gouvernent ainsi en prétendant que le peuple est un peu stupide, il n’a pas fait les bonnes études, et donc qu’il ne peut pas comprendre ce qui est bon pour lui. Mais les résultats de ces pseudo-savants sont tellement minables – rappelez-vous le misérable Bruno Le Maire qui prétendait mettre l’économie russe à genoux – que cela les disqualifient pour toujours. Bons à rien, mauvais à tout, ils ont cette arrogance des imbéciles qui sont là par hasard. Cependant la question n’est pas vraiment de savoir si le peuple est plus bête ou moins bête que ceux qui prétendent le diriger. L’idée de démocratie suppose que le peuple peut se gouverner par lui-même et qu’au fond les experts ne sont pas plus qualifiés que lui pour décider. Le Référendum d’Initiative Citoyenne permettrait de retoquer une loi, ou d’en proposer une. Bien entendu pour cela il faudrait modifier la Constitution, c’est quelque chose qui se discute un peu partout dans le monde et notamment au Chili où on a vu que l’exercice était difficile dès lors qu’elle tendait à consolider des droits pour des minorités[2]. 

 

Beaucoup parlent de restaurer la démocratie, cependant la plupart des politiciens, et également ceux qui font profession de politologues, ne sont pas favorables au RIC, à gauche comme à droite. Il y a deux raisons à cela : d’abord le fait qu’ils se croient plus qualifiés que le commun pour conduire la politique, on l’a dit ci-dessus, cette illusion est fausse, parce que le peuple rassemblé est différent de la somme de ses composantes et que l’on n’a pas encore trouver de balance qui mesure avec exactitude le degré de stupidité de la classe politicienne pour dire qu’il serait plus faible que celui du peuple. La seconde raison est qu’ils comprennent que le peuple risquerait de remettre en question le « progrès » de la société. Par exemple, il est assez clair que si les Français avaient le droit de se prononcer, ils fermeraient la porte à l’immigration, durciraient les lois sur les exhibitions de l’Islam, ils interdiraient sans doute aussi l’écriture inclusive, et peut-être même rétabliraient-ils la peine de mort. Au passage ils destitueraient Macron et retoqueraient la loi sur les retraites et produiraient une loi pour favoriser la hausse des salaires. Mon but n’est pas de dire si cela serait un bien ou un mal, mais plutôt de montrer que lorsqu’on instaure une démocratie directe, il faut s’attendre à ce que le peuple ne soit pas d’accord avec vous. Accepter ce verdict est la seule garantie qu’on puisse avoir d’une démocratie réelle. Certains vous sortiront que les nazis se sont installés démocratiquement pour commettre les crimes qu’ils ont commis. Cette idée est fausse, Hitler et son gang sont justement arrivés au pouvoir d’une manière non-démocratique puisqu’ils ne recueillaient qu’un tiers des suffrages exprimés, ensuite, ils sont passés à la dictature d’une minorité, et l’expression démocratique a disparu, l’opposition a été interdite, massacrée et emprisonnée. 

 

La gauche serait prête à ce qu’il y ait un référendum sur la réforme des retraites, c’est ce qu’ils disent. Ce référendum est interdit parce que Macron et son gang le perdrait et pas pour une autre raison. Moi aussi je suis pour un référendum sur le sujet qui clôturerait tranquillement le débat, mais la gauche serait-elle prête à assumer d’autres référendums sur l’immigration ou sur le voile ? Cette liberté que doit posséder le peuple pour trancher des affaires qui le concernent, ne se détaille pas, même si elle doit heurter ceux qui se croient intelligents et instruits. Les libéraux et les néolibéraux usent de la figure rhétorique de l’État de droit pour interdire que le peuple se prononce. Ils avancent que les minorités doivent être protégées, que ces minorités soient religieuses – l’Islam par exemple – sexuelles – voir les débordements de propagande LGBTQ+ ou des immigrés. Rejetant la tyrannie de la majorité, ils imposent de fait une tyrannie des minorités dans presque tous les domaines. Ils protègent en fait ces minorités en voie de sécession comme ils protègent la minorité patronale, au détriment du reste de la nation ! Les partisans d’une entrave à la démocratie directe vous lanceront à la figure par exemple le cas de la Pologne dont le gouvernement conservateur restreint le droit à l’avortement[3]. Bien entendu, étant donné que je suis pour la liberté, je suis pour que les femmes puissent choisir d’avorter ou non. Mais on sent bien que cet exemple est juste là à titre d’exemple pour justifier l’interdiction d’un véritable régime démocratique.  C’est toujours un peu comme ça dès lors qu’on aborde ce qu’on nomme improprement « problèmes de société ». 

 

La gauche en arrivant au pouvoir en 1981 avait réalisé de nombreuses réformes, nationalisations des grandes banques, de quelques grosses entreprises industrielles, augmentation des droits des travailleurs dans les entreprises, elles se sont toutes évanouies, notamment celle de la retraite à soixante ans. La gauche bobo considère pourtant qu’en abolissant la peine de mort sous l’impulsion de Robert Badinter, elle avait fait faire un grand pas en avant à l’humanité. C’est bien la seule chose qui reste encore debout du passage de François Mitterrand à l’Élysée : c’est plutôt maigre, mais Badinter toujours content de lui-même s’en gargarise à n’en plus finir. Au fil du temps cette réforme semblait acceptée par le peuple. Mais aujourd’hui, suite à l’ensauvagement considérable de la société, une majorité de la population française reviendrait volontiers sur cette réforme. Personnellement j’ai toujours été hostile à la peine de mort pour des tas de raisons philosophiques que je ne veux pas développer ici. Mais est-ce que si le peuple souhaite son retour, je dois l’empêcher d’en décider ? Et au nom de quoi ? D’une science supérieure au commun ? Je peux toujours essayer de convaincre du bienfondé de cette abolition, mais c’est bien tout. En vérité l’abolition de la peine de mort en France ne concernait guère la société dans son ensemble, et même si on est contre cette barbarie, ce n’était pas évidemment une question sociale. La démocratie, la vraie, ne peut qu’accorder une grande confiance au peuple, même si celle-ci se trouve en contradiction avec les représentations intellectuelles des « élites » autoproclamées qui ont étudié à l’ENA ou à Sciences Po. Tant que nous n’aurons pas admis que le peuple puisse penser différemment des intellectuels qui prétendent à le diriger, il n’y aura pas d’expression démocratique véritable, mais toujours une opposition entre l’élite autoproclamé et le reste de la population. Car ce qui est frappant ces dernières années, disons au moins depuis la forfaiture du référendum de 2005, c’est que de partout dans le monde il y a une demande qui va dans le sens d’un plus grand contrôle du peuple sur ses « représentants ». C’est le résultat de trois éléments :

– d’abord de l’évolution des moyens d’information, la multiplication des sources, qui font que les médias dominants qui n’ont que le mensonge comme mode d’être sont en porte à faux avec l’opinion ;

– ensuite les dérives inévitables des organisations internationales dont la bureaucratie prétend imposer sa façon de voir les choses, le meilleur exemple c’est évidemment l’Union européenne qui depuis plus de trente années tente d’imposer l’adhésion de la Turquie alors que les Européens rejettent massivement cette idée ;

– enfin cette maladie moderne d’imposer avec constance des décisions politiques à un peuple qui n’en veut pas. 

 

Évidemment Tout cela ne serait rien, si par ailleurs « l’élite savante » obtenait des résultats satisfaisants sur le plan économique, social ou politique. Mais depuis le début des années 2000, les crises succèdent aux crises et les conditions d’existence en Occident se détériorent rapidement. L’Union européenne ne peut même plus masquer qu’elle travaille pour la paix avec son engagement militant contre la Russie derrière la bannière étatsunienne. Le fait que les élites soient incapables de dire quoi que ce soit de sérieux sur cette question, et encore moins de prendre quelque décision cohérente pour tenter d’enrayer l’effondrement de la civilisation occidentale, conduit tout naturellement le peuple à revendiquer sa souveraineté, c’est-à-dire à remettre en question les structures du pouvoir afin de mieux contrôler les décisions des gangsters qui se trouvent au pouvoir, en France ou à la tête de l’Union européenne. La réponse des gouvernants à ces revendications souvent désordonnées se traduit uniquement par une intensification de la répression. Cette répression est multiforme, l’Europe fabrique des règles de plus en plus contraignantes pour surveiller les population grâce à la révolution du numérique. Chez nous en France elle prend la figure d’une milice matraquant systématiquement tous les récalcitrants, mais elle peut aussi prendre la forme d’une obligation de se vacciner à répétition, ou encore l’obligation d’installer une boîte noire sur sa voiture pour être espionné en permanence[4], récemment les macroniens ont fait passer une loi qui permet à la police de nous espionner sur notre ordinateur ou notre smartphone[5]. On comprend que le développement du numérique est le complément de cette volonté d’empêcher une évolution naturelle d’émancipation, mais en même temps cela produit un rejet instinctif de la plupart d’entre nous. La Guerre en Ukraine c’est aussi une forme de répression, l’Empire américain, ne supportant pas l’émancipation des peuples qu’il juge inférieurs à lui, il a décidé de les matraquer afin de les faire rentrer dans le rang.



[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/08/a-l-assemblee-les-oppositions-echouent-a-abroger-la-reforme-des-retraites_6176790_823448.html

[2] https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20220905-chili-les-cinq-points-cl%C3%A9s-pour-comprendre-le-rejet-massif-de-la-proposition-de-constitution

[3] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/01/08/en-pologne-les-ravages-des-restrictions-d-acces-a-l-ivg_6157024_3210.html

[4] https://www.automobile-magazine.fr/conseils-pratiques/article/34007-tout-savoir-sur-les-boites-noires-qui-seront-installees-dans-vos-voitures

[5] https://actu.fr/societe/camera-et-micro-de-notre-telephone-actives-a-distance-par-la-police-ce-qu-il-faut-savoir_59706315.html

samedi 10 juin 2023

Destruction du barrage de Nova Kakhovka

  

Le barrage de Nova Kakhovka a été éventré 

Voilà une nouvelle énigme pour amuser le tapis. Qui a fait sauter le barrage de Nova Kakhovka ? Dans les arguments que je vais développer ci-dessous, je ne dirais pas que je suis sûr de la réponse. Tout le monde ment durant une guerre, mais je pointerais les contradictions du discours occidental. Pour les menteurs Occidentaux, dont Macron et Zelensky en tête, il ne fait aucun doute que ce sont les Russes qui ont fait ce mauvais coup pour empêcher les Ukrainiens de passer par la zone de Kherson et de filer directement sur la Crimée pour la reprendre. Mais comme le dit le propagandiste atlantiste qui se fait passer pour un expert militaire sur la chaîne de l’OTAN LCI, l’offensive ukrainienne devrait passer par Zaporojie très largement au nord du barrage qui a été saboté ! Michel Goniak qui s’est systématiquement trompé sur tout donne finalement les verges pour se faire battre. Car les Russes contrôlent le barrage de Nova Kakhovka, et donc, s’ils avaient voulu inonder la zone pour freiner la contre-offensive fantôme des ukro-atlantistes, il leur aurait été loisible d’ouvrir les vannes sans détruire un barrage qu’ils devront reconstruire après la guerre. Les Russes ont fait remarquer que le bombardement du barrage par l’artillerie ukrainienne intervenait, juste après que le régime de Kiev avait fait remonter le niveau de l’eau dans ce barrage[1]. C’est ce que nous voyons précisément dans le graphique suivant. Par ailleurs les Russes avaient fortifié pendant des mois la rive Est du Dniepr, ce qui est contradictoire avec l’idée de faire sauter le barrage qui rend inutile ces défenses qui ont coûté très cher à construire. Mais soldats russes qu’on a vu surpris par la montée des eaux cela permet aux Ukrainiens de récupérer quelques troupes à l’ouest de Kherson et de les envoyer du côté de Zaporojie où justement Michel Goniak nous dit que c’est par là que la contre-offensive ukrainienne va passer. 

Niveau des eaux dans le barrage de Nova Kakhovka 

Essayons de trouver un peu de logique dans ce désordre. La propagande occidentale ressemble beaucoup trop à celle qui revenait à accuser les Russes d’avoir détruit leurs propres gazoducs ! Il semble donc que cette attaque criminelle contre le barrage soit d’abord la conséquence de l’échec de la contre-offensive ukrainienne de dimanche 4 juin au sud du Donetsk du côté de Zaporojie. Cette contre-attaque que les médias occidentaux ont complètement passée sous silence s’est traduite par 4000 soldats ukrainiens morts ou blessés et plus de quarante chars détruits contre 280 soldats russes mis hors de combat. L’incursion sur Belgorod a aussi été un fiasco lamentable des nazis russes passés traitreusement à l’ennemi. On a même vu Biden faire les gros yeux à Zelensky pour lui dire que les blindés américains ne devaient pas être utilisés sur le sol russe – ce qui est une farce grossière, mais qui indique tout de même que pour l’instant les Américains ne veulent pas trop s’avancer dans cette guerre ruineuse ! Toute cette série de déboires explique que pour se montrer actifs les Ukrainiens qui sont maintenant encore plus menteurs que les Américains, pourtant les maîtres en la matière, s’orientent vers des actions terroristes qui sont dommageables pour les civils aussi bien Russie que sur le territoire ukrainien qu’ils contrôlent encore. Une preuve indirecte de l’implication des Ukrainiens dans l’éventrement du barrage de Nova Kakhovka est en réalité donnée par l’ISW britannique, peu suspect de poutinisme, qui indique que cela complique la tâche des Russes[2]. On peut être anti-russe haineux, mais de là à prétendre qu’ils sont tellement débiles qu’ils se compliquent leur situation, il y a un pas difficile à franchir. Il semble aussi que l’explosion du barrage rendra les choses plus faciles pour les ukrainiens qui veulent lancer leur fameuse contre-offensive, et puis cela met les russes dans une position difficile pour refroidir la centrale nucléaire de Zaporojie en outre cela compliqué l’approvisionnement en eau de la Crimée. La Russie a déclaré qu’elle portait plainte devant la Cour Internationale de Justice, ce qui laisse entendre que les Russes possèdent des preuves du rôle de Kiev dans la destruction de ce barrage. 

Usine d’ammoniaque de Togliatti 

Mais il faut encore rapprocher cette action terroriste d’autres événements du même type. Un pipeline d’ammoniac a été visé dans le nord-est de l’Ukraine Inactif depuis le début de l’invasion russe, en février 2022, le pipeline Togliatti-Odessa, qui transporte de l’ammoniaque de la Russie vers l’Ukraine, le mercredi 7 juin, Kiev et Moscou. Selon le ministère russe de la défense, un « groupe de saboteurs ukrainiens » aurait fait exploser une partie du pipeline lundi soir, dans un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine[3]. Selon le gouverneur ukrainien, Oleh Synehoubov, les militaires russes l’auraient bombardé, mais quand c’est un affidé de Zelensky qui parle, l’information est douteuse, surtout si elle est reprise par Le monde. La reprise de l’approvisionnement via le plus grand pipeline au monde transportant de l’ammoniaque est au cœur des négociations pour la reconduite de l’accord sur les céréales en mer Noire conclu en juillet 2022. Les mensonges de Kiev ne tiennent pas la route car ce sont bien les Russes qui pâtissent le plus du point de vue stratégique de ce sabotage, je sais bien que l’Occident global les considèrent comme des imbéciles, mais ça ne correspond guère à leur conduite générale que de se saboter volontairement.

Les Ukrainiens évacuent les populations touchées par les inondations 

Sur cette affaire pourtant le camp anglo-saxon, celui qui conduit en vérité la guerre, s’est fait discret. Les Américains, n’osant pas aller aussi loin que leur marionnette Zelensky ou que le menteur de l’Élysée, ont refusé de dire que c’étaient les Russes qui étaient à l’origine de cette destruction, ils ont seulement avancé que c’était la conséquence de la guerre d’agression menée par eux en Ukraine. C’est un désastre humain et écologique honteux bien entendu, on plaint les malheureux Russes ou Ukrainiens qui seront emporté par cette détresse, mais aussi bien sur les animaux, les poissons qui meurent par millions, et le fait que les terres de la région ne seront plus cultivables pour longtemps. L’ISW rapportait que les Russes réagissaient très mal à cette inondation, ce qui voudrait dire qu’ils ne l’avaient pas prévue. On ne voit pas cependant que de manière délibérée, alors que les Russes depuis le début de l’opération spéciale économisent le plus qu’ils peuvent leurs hommes, prendraient le risque de les noyer du côté de Kherson. Le clown de Kiev en a profité pour faire une fois de plus la manche en disant que face à ce drame l’ONU et la Croix-Rouge n’étaient pas empressées d’aider les pauvres Ukrainiens, il les a copieusement insultées, c’est sa tactique de faire pression pour obtenir de l’argent qui finira on ne sait dans quelles poches[4]. Macron pourtant a promis son aide, quoique les promesses de Macron ne soient pas très fiables non plus. La hargne de Zelensky était étonnante, ressemblant à celle d’un homme aux abois qui n’a plus beaucoup de soutiens, comme s’il se rendait compte que ses éléments de langage éculés ne mordent plus auprès de ses alliés. À ce niveau de mensonge et de cuistrerie, il n’y a que Goebbels qui tient la comparaison. Ces actions interviennent au moment même où le Washington Post affirme que les Ukrainiens, selon des documents diffusés par un canal des plus douteux, auraient fait sauter les gazoducs Nord Stream[5]. Cette « révélation » semble être un contre-feu pour dédouaner les Américains eux-mêmes de cette vilenie. Mais ça ne tient pas debout pour au moins trois raisons :

1. la première est purement technique, les Ukrainiens n’ont jamais eu les capacités militaires d’intervenir aussi profondément sous la mer. Peu de pays d’ailleurs la possèdent, on a cité les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni ;

2. le Washington Post affirme que trois mois avant le sabotage des gazoducs, Biden était au courant de cet attentat, via un service de renseignement européen non-identifié. Et donc s’il l’avait voulu il l’aurait stoppé net, étant donné que Zelensky et son gang n’existent que par la bienveillance de l’oncle Sam. Directement ou indirectement, il en endosse la paternité ;

3. enfin, non seulement les résultats des enquêtes diligentées par les pays nordiques n’ont jamais été diffusés et ne le seront sans doute jamais, mais vu le degré de surveillance occidentale exercé dans la région de l’attentat, il est impossible de croire que l’action de la marine ukrainienne ait pu passer inaperçue. À l’évidence les USA cherchent à se dédouaner d’une action terroriste contre ses alliés européens. 

La Maison de la Culture sur une rue inondée à Nova Kakhovka, en Ukraine, le 6 juin 2023 

Josep Borrell la marionnette va-t-en-guerre de Washington, et accessoirement une sorte de ministre des affaires étrangères de l’Union européenne, lui n’a pas pris de précaution pour dire que les Russes voulaient inonder l’Ukraine parce qu’ils craignaient la contre-offensive ukrainienne. En vérité il n’en sait rien, vu qu’aucune enquête, fut-elle politiquement orientée, n’a avancé quelque élément de preuve dans un sens ou dans un autre. Chaque fois qu’il parle, soit il ment, soit il ne comprend pas ce qu’il dit. Domestique zélé, sa diatribe tranche pourtant avec la prudence de ses maîtres américains. C’est aussi cette thèse que Le monde met en scène sans précaution[6]. Toutes leurs sources proviennent uniquement du camp zelenskyen dont on connait la capacité ubuesque à mentir. Pour démontrer leurs analyses – ils se sont mis à trois – ils donnent une carte qui justement contredit ce qu’ils racontent dans leur article. Pour une fois ce n’est pas Benoît Vitkine qui s’est collé à cette besogne louche.  Ils supposent que la contre-offensive ukro-atlantiste aura lieu du côté de Zaporojie, mais que les Russes pas très futés l’attendent beaucoup plus bas du côté de Kherson qu’ils ont inondé. Ils suivent seulement les imbécilités rhétoriques de Michel Goniak dont on ne dira jamais assez de mal. Il va de soi que si les journalistes du Monde et Michel Goniak savent par où passera la contre-offensive, les Russes sont aussi au courant. 

Carte publiée par le monde dans on édition datée du 10 juin 2023 

Les journalistes français sont de plus en plus nuls, ce n’est pas un scoop, et ils n’arrivent même plus à faire une propagande efficace pour laquelle ils sont payés. Ils ont avancé que ces sabotages était la preuve d’une escalade dans le conflit sans trop s’avancer sur les responsabilités. Mais ce n’est pas juste, il aurait fallu écrire que c’est la contrepartie de l’échec de l’escalade sur le front. Les Ukrainiens, incapables de tenir le front, effaçant de lourdes pertes en matériel et en hommes, se lancent dans une tactique de terre brulée. Comme s’ils devaient finir par admettre que les oblasts annexés par les Russes étaient définitivement perdus et qu’il valait mieux les noyer. Zelensky a beau s’époumoner depuis des mois pour expliquer qu’il se préparait à lancer une contre-offensive radicale, il est obligé de la repousser aux calendes grecques. J’ai remarqué que cette fois-ci les médias français, sans doute échaudés par la longue séquence du sabotage des Nord Stream, étaient assez réticents à endosser le point de vue zelenskyen, même Le Monde. 

 

Pour conclure on rappellera juste quelques évidences ici :

1. les Américains avaient fait la promesse de ne pas élargir l’OTAN au-delà de l’Allemagne, puis au fil du temps, ils ont poussé l’intégration des pays vassaux européens jusqu’à la frontière de la Russie, cette promesse a été bafouée ;

2. les accords de Minsk qui devaient assurer une Ukraine fédérale en laissant tranquille les russophones, et qui étaient soi-disant garantis par les fourbes Angela Merkel et François Hollande, n’étaient qu’un mensonge pour préparer la guerre avec la Russie ;

3. le sinistre Zelensky qui change d’avis comme de tee-shirt kaki avait été triomphalement élu sur un programme de réconciliation avec la Russie et d’une large autonomie pour le Donbass, notamment avec l’idée que le russe pouvait être une langue en Ukraine. Jamais il n’avait envisagé de rentrer dans l’OTAN. Chiffon de papier que ces promesses ;

4. quand les Russes sont entrés en Ukraine, ils n’avaient plus le choix : les armées de Kiev équipées par l’OTAN s’étaient massées à la frontière du Donbass, commençaient à bombarder les populations civiles et se proposaient de réaliser une épuration ethnique ;

5. quand au mois de mars 2022 Zelensky s’apprêtait à signer des accords de paix avec la Russie, accords qui auraient maintenu l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les Occidentaux et l’OTAN l’en ont empêché ;

6. les Américains se sont livrés à de véritables actes de guerre contre leurs alliés européens en faisant sauter les gazoducs de Nord Stream ;

7. les Américains donnent des armes en quantité suffisante pour que la guerre continue, que les Ukrainiens continuent à mourir par milliers et à faire quelques dégâts en Russie, mais pas assez pour qu’ils gagnent la guerre ;

8. les sanctions voulues et imposées par les Américains à la Russie ont eu pour effet principal d’affaiblir les Européens un peu plus sur le plan économique et de les vassaliser encore plus ;

9. la guerre en Ukraine a montré la faiblesse de l’OTAN dans la guerre, sur le plan tactique et stratégique ;

10. ce désastre politique et militaire qui a détruit à moitié l’Ukraine, a eu pour conséquence directe de recomposer le monde autour d’un pôle sino-russe – la SCO – qui montre tous les jours son dynamisme.



[2] https://www.understandingwar.org/backgrounder/russian-offensive-campaign-assessment-june-7-2023

[3] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-mercredi-07-juin-2023-4795028

[4] https://www.bfmtv.com/international/europe/ukraine/destruction-d-un-barrage-ukrainien-volodymyr-zelensky-choque-par-l-absence-d-aide-internationale_AD-202306071015.html

[5] https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/06/06/nord-stream-pipeline-explosion-ukraine-russia/

[6] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/09/avec-la-destruction-du-barrage-de-kakhovka-l-armee-russe-remet-au-gout-du-jour-les-coupures-humides_6176829_3210.html

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...