samedi 30 octobre 2021

Quel rôle joue Rémy Daillet dans la pantomime d’un coup d’Etat avorté ?

  

Depuis quelques jours le gouvernement met en scène l’idée d’un coup d’Etat qu’aurait tenté de mener un certain Rémy Daillet qualifié très hâtivement de « gourou d’extrême droite ». En y regardant de près, on s’apperçoit que ce projet est au minimum farfelu. En effet, faire un coup d’Etat demande une solide organisation, et il n’y a que deux méthodes pour y arriver :

– soit une prise de contrôle des institutions par l’armée qui controlerait un certain nombre d’institutions clés, dont l’information. Il y faut surtout des complicités à un niveau élevé dans l’armée ;

– soit un soulèvement populaire massif, contrôlé et orienté par un noyau d’hommes déterminés, capable d’utilisé la colère populaire pour prendre le pouvoir.

Dans le projet fumeux de Rémy Daillet, aucune de ces deux conditions n’est réalisée ou réalisable, non seulement parce que l’armée est considérée comme très loyale, mais parce que Daillet n’a aucune relation de haut niveau dans cette institution. Je rappelle que la dernière tentative de coup d’Etat remonte à 1961 quand une coalition de généraux d’un rang très élevé avait pris le pouvoir et avait tenté d’entraîner le reste de l’armée française pour prendre le pouvoir à Paris et renverser le général de Gaulle[1]. Ces généraux expérimentés avaient rallié à eux un certains noùbre de régiments d’élite et avaient une cause à défendre : conserver l’Algérie Française. Or, malgré tout cela et un large appui de la population des Français d’Algérie, ils n’arrivèrent strictement à rien. L’affaire fut réglée en moins d’une semaine. Et finalement cela fut un accélérateur pour régler la question Algérienne dans le sens que de Gaulle avait décidé. 

 

La France n’est pas un pays où la tradition des coups d’Etat existe. C’est plutôt un pays de révolutions, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Cet épisode du putsch des généraux est là pour rappeler qu’un coup d’Etat demande l’appui d’au moins une partie de la population. Les généraux d’Alger avaient celui des Français d’Algérie qui ne voulaient pas que la France les abandonne et donc qui ne voualient pas de l’indépendance. Mais comme le reste de la population française et de l’armée était favorable à l’indépendance, il était impossible que ces généraux puisse réussir leur coup. En Métropole, la population – gaullistes, socialistes et communistes – semblait même prête à descendre dans la rue pour défendre la République. A l’époque on a moqué ces généraux pour leur impréparation, pour leur manque de réalisme dans la conduite du putsch – c’est ainsi qu’on appelait cette tentative de coup d’Etat. Il n’est pas dans mon idée ici de discuter des raisons bonnes ou mauvaises de cette tentative de coup d’Etat, ni même de celles de Daillet.  Nous savons que les trois quart des Français haïssent Macron, que certains lui jettent des œufs ou d’autres lui donnent des gifles. Et comme le disait Tapie beaucoup voudraient le tuer. Mais entre réver de voir disparaître cet ignoble individu que beaucoup à droite considèrent comme un usurpateur, et l’assassiner ou le renverser par un coup d’Etat, il y a une marge énorme. Il faut ajouter que Donald Trump, avec pourtant l’appui du’ne partie de la population a lamentablement échoué dans la prise du Capitole, faisant ainsi la preuve non seulement de son imbécilité, mais également de la difficulté qu’il peut y avoir, même dans une phase de décomposition de l’idée de république et de démocratie, à fomenter un coup d’Etat.

  

Rémy Daillet, à la lecture de ses engagements et à travers ses actions, n’apparaît pas comme un garçon très sérieux. Le Parisien, le plus pur journal macronien, parlait d’un « inquiétant projet secret ». Ce Rémy Daillet avait donc décidé de passer à l’action, c’est un fait. Il aurait été un des « influenceurs » de l’enlèvement de la petite Mia que sa mère ne pouvait  voir que dans des conditions restreintes[2]. Mais Daillet qui se trouvait en Malaisie à ce moment-là n’a pas participé à cet enlèvement. Du reste la petite fille de 8 ans a été très rapidement retrouvée saine et sauve[3]. Sans doute Daillet avait-il compris que dans la situation actuelle très décomposée, tout pouvait advenir. Il venait du parti de François Bayrou, le MODEM, et manifestement avait épousé les thèses complotistes  extrêmes, avec un mix antivax, antisémite et tout ce qu’on veut. Il avait tout de l’illuminé opportuniste. Manifestant la nécessité d’agir, il est à peu près normal qu’il ait attiré vers lui des individus tout autant dégoûtés par l’évolution de la situation du pays et la corruption de la classe politique. Ayant acquis une certaine popularité, Daillet a pensé que cela lui suffirait pour lever une armée et renverser le gouvernement ! Bien entendu il a trouvé des oreilles attentives auprès de ceux, et ils sont nombreux, qui en ont marre d’un peu tout, de la politique sanitaire liberticide à la hausse du prix de l’essence, en passant par les débordements dans les quartiers perdus de la République. Mais il est très probable que tous ceux qui ont écouté Daillet n’auraient jamais été jusqu’à la suivre. Il y a forcément du déchet entre ceux qui aimeraient que ça pète et ceux qui sont prêts à s’activer pour renverser le gouvernement et prendre l’Elysée. Les détails de l’Opération Azur révélés par Le Parisien du 28 octobre 2021 ne laissent aucun doute à ce sujet, le montage de ce coup d’Etat était farfelu, et en outre il en était plus au stade du fantasme que de l’organisation proprement dite. On verra dans les mois qui viennent que la justice aura bien du mal a condamné Daillet pour des intentions plutôt que pour des actes avérés. En vérité cette affaire Daillet montre que l’extrême-droite violente est en voie d’effacement. C’est seulement un épouvantail à moineaux pour motiver les électeurs. 

 

Bien évidemment on peut dire que les tentations terroristes de l’extrême-droite en France sont le miroir du terrorisme islamiste[4], ce n’est pas faux, mais avec des moyens beaucoup plus faibles. Il existe en France des dizaines de groupuscules d’extrême-droite qui trouvent que Marine Le Pen a été contaminée par la pensée gauchiste, et que Zemmour n’est qu’un juif infiltré et qui voudraient bien passer à l’action. Mais clairement ils n’arrivent à rien, pas même à brûler une mosquée ! A côté des terroristes islamistes, ils sont plus qu’inefficaces. Certains éditorialistes hâtifs ont voulu les voir dans les débordements causés par les Gilets jaunes en décembre 2018. Mais c’est évidemment faux, s’ils avaient cette capacité de fomenter et d’orienter les désordres, ils seraient bien plus présents. L’existence de ces groupuscules d’extrême-droite prouve au contraire la régression de cette même extrême-droite dans les représentations politiques françaises. C’est bien ce qu’avait compris Florian Philippot dans le processus de dédiabolisation du Front National. Si Zemmour se veut le représentant d’une pensée d’extrême-droite, c’est pour rigoler, il n’a pas l’intention de renverser la République. Et c’est pour cela qu’il arrive à avoir quelques succès. C’est un bateleur, sûrement pas un chef de guerre. Qui donc a intérêt à monter en épingle les aventures de ces pieds nickelés d’extrême-droite ? Il y a d’abord tous ceux qui ne supportent pas qu’on accuse l’Islam et l’islamisme de terrorisme. Et donc qui aiment à renvoyer l’idée selon laquelle chaque communauté à ses terroristes, donc qu’il y a une sorte d’équivalence entre le terrorisme islamiste et le terrorisme de type fasciste. Ceux là on les reconnaît au fait qu’ils sautent comme des cabris dès qu’ils semblent percevoir quelque acte violent de la part de l’extrême-droite, on les reconnaît aussi à la mollesse de condamner le terrorisme islamiste, ou encore dans l’équivalence stupide qu’ils peuvent faire entre un tir de pistolet contre la mosquée de Bayonne[5] et l’attentat du Bataclan qui a fait des dizaines de morts[6]. 

 

La mise en scène des pseudo-attentats fascistes en France est plutôt grossière, elle masque principalement le vide d’une classe politique en voie d’effondrement sur tous les plans. Sur le plan tactique deux groupes ont intérêt à dénoncer le terrorisme d’extrême-droite, d’abord macron et le gouvernement qui tentent de faire croire qu’ils luttent de manière efficace contre toutes le formes de terrorisme. Ensuite les « gens de gauche » qui pensent qu’un danger d’extrême-droite existe et qu’il faut s’allier avec n’importe quelle crapule pour le circonvenir, avec Estrosi, Muselier ou Macron. Evidemment plus les politiciens de gauche joueront ce jeu d’une alliance contre l’extrême-droite avec la droite affairiste et cosmopolite façon Macron, Larcher ou Bertrand, et plus ils alimenteront l’idée que le système est tellement vermoulu qu’il faut bien faire le ménagé d’une manière violente. Autrement dit, plus on fera du battage autour d’un terrorisme d’extrême-droite pour l’intant quasi-inexistant, et plus on le fera prospérer à moyen terme. Mais entre-temps on aura repousser l’examen des problèmes bien réels qui se pose dans le pays. Regardez ces deux photos accolées ensemble : en haut ce sont des supposés des fascistes revendiqués, en bas des antifascistes de profession. On dirait les mêmes, vêtus de noir, le cheveu ras, la même morosité les habite derrière leur look de hordes paramilitaires. Ces deux groupes d’idiots utiles travaillent pour le renforcement du système, se situant en dehors des mouvements de masse et donc de toute caution populaire, ils prétendent dicter leur agendas en provoquant le trouble qui conduira à l’insurrection. Daillet lui s’est cru très fort parce qu’il avait diffusé un jour une vidéo vue par plus de 300 000 personnes. Il s’est pensé chef de guerre, un chef qui commanderait de loin, de la malaisie, le combat final. Il a confondu les curieux avec des soldats capables de s’enrôler pour le combat d’une vie. Il n’a pas mesurer le dérisoire de son parcours. Cette idée selon laquelle une minorité agissante serait capable de déclencher une révolution est une aberration de l’esprit, on la trouve chez Trotski par exemple dans Terrorisme et communisme. Dans cet écrit de 1920, il justifie les provocations qui vont engendrer les massacres qui vont obliger le peuple à se révolter[7]. Les trotskistes ne sont jamais arrivé à rien sur le plan politique. La raison en est que Trotski avait confondu la cause et l’effet. Il supposait qu’un acte violent pouvait être le déclencheur d’un mouvement de masse, mais en vérité c’était l’inverse qui se passait dans un mouvement révolutionnaire que ce soit en 1789 ou 1917 : c’est le mouvement de masse qui en se heurtant aux structures du pouvoir engendrait la violence et la guerre civile. Que ce soient les black blocs ou les fachos, ils n’ont eu aucun impact sur les mouvements sociaux importants, notamment sur celui des Gilets jaunes. Et quand les trotskistes ont tenté de se réapproprier ce mouvement pour l’encadrer et le diriger, celui-ci s’est vidé de ses troupes. 

Au spectacle du fascisme répond la posture de l’antifascisme, mais c’est le même vide 

Pour en revenir à cette mise en scène de l’inculpation de Daillet, il faut partir du fait que cette conjuration des imbéciles ressort d’abord du fantasme chez ceux qui se sont crus intelligents parce qu’ils parlaient haut et fort, usant de la simplicité immédiate du langage pour tenter d’entraîner derrière eux le peuple tout entier. Le Parisien racontait que les réseaux de Daillet étaient très larges, touchaient toutes les catégories de la population, du Nord au Midi. Mais des followers dur les réseaux sociaux, c’est un peu comme les adhérents fantômes de LREM. Les journalistes de ce journal macroniens se sont donnés beaucoup de mal pour tenter d’effrayer les électeurs, mais on sent bien qu’eux-même n’y croient pas vraiment. Le retour de la bête est un thème vendeur, quoique de moins en moins.



[1] Maurice Vaïsse, Le putsch d’Alger, Odile Jacob, 2021

[2] Voir cette vidéo où Daillet justifie l’enlèvement des enfants suite à des décisions de justice. https://www.dailymotion.com/video/x80r90n

[3] https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/enlevements/enlevement-de-mia/

[4] http://revuecivique.eu/articles-et-entretiens/lalarmante-menace-terroriste-dultra-droite-entretien-avec-j-m-decugis-co-auteur-de-la-poudriere/

[5] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/bayonne-des-tirs-d-arme-a-feu-devant-une-mosquee-un-individu-interpelle-20191028

[6] https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/

[7] 10-18, 1963. Voir aussi Jean-Pierre Le Goff, « Permanence et métamorphoses du trotskisme », Études, vol. 400, no. 1, 2004, pp. 43-53.

jeudi 28 octobre 2021

Gérard Davet & Fabrice Lhomme, Le traitre et le néant, Fayard, 2021.

 

« … c’est un escroc dont les affaires sont de la cavalerie médiatique, comme l’essentiel de celles de son temps. »

Guy Debord, Lettre à Annie Le Brun, 5 décembre 1992 

L’heure du bilan du quinquennat Macron est arrivée. Et si les derniers présidents ont été lamentables dans tous les domaines, Macron l’aura été encore un peu plus. Ce bilan peut être conduit de différentes manières. On peut compter par exemple le nombre des manifestants et de manifestations qui auront émaillé le quinquennat, c’est impressionnant sans doute un record absolu. Ça va des cheminots aux soignants, en passant par les Gilets jaunes, les policiers ou encore les antivax. Avec des fortunes diverses, les manifestants ont occupé la police pratiquement tous les samedis depuis le début, sans répit, allant jusqu’à menacer physiquement Macron : à l’Elysée on avait préparé son exfiltration, au Puy-en-Velay il ne dut son salut qu’à la vitesse du démarrage de son chauffeur. Ici il reçut une gifle, là un œuf. Il aura été le président sur lequel on a le plus craché. Son irrésolution dans la crise sanitaire aura sans doute coûté quelques milliers de morts. Sur le plan économique, il aura achevé ce qu’il avait si bien commencé en tant que ministre de l’économie, la destruction de l’industrie haut de gamme en France. Mais cette comptabilité déficitaire des errements politiques douteux de Macron dans tous les domaines n’est pas tout à fait le point de vue de Davet et Lhomme. Ils vont s’intéresser à son parcours à travers des entretiens avec ceux qui l’ont connu, qui l’ont soutenu et qui souvent ont été séduits bêtement par lui. Il a séduit l’élite et les imbéciles, notamment Cohn-Bendit, mais il n’a jamais séduit le peuple, ce qui est la preuve non seulement d’un grave divorce entre le peuple et les élites autoproclamées, mais aussi que le peuple a le plus souvent raison contre les élites. Macro n’aime pas le peuple, n’aime pas les jeunes, n’aime pas les Français, surtout s’ils sont pauvres, il n’aime que les vieux et encore à condition qu’ils soient riches et qu’ils votent pour lui ! 

Macron prend une gifle très méritée 

A travers ce voyage que nous proposent Davet et Lhomme, nous comprenons d’abord que Macron n’a pas détruit les partis, ils s’étaient déjà disqualifiés d’eux-mêmes, il a seulement surfé sur leur inconsistance. L’ouvrage s’appelle Le traître et le néant. C’est bien trouvé, Macron est un traître de comédie en effet, il faut être stupide comme Hollande – pourtant un vieux routard de la politique s’il en est – pour ne pas vouloir voir venir le coup. Macron a bénéficié des ennuis judiciaires de l’incompétent Fillon, incompétent dans tous les sens du terme. Mais il a surtout bénéficié de la lâcheté d’Hollande qui ne s’est pas représenté. En effet s’il avait retenté sa chance en 2017, il aurait sauvé le PS de l’effondrement et surtout il aurait empêché Macron, un plus incompétent que lui, d’arriver à la tête de l’Etat. Nous ne lui pardonnerons pas cette lâcheté qui finit de nous pourrir la vie. Les deux auteurs vont parler de Macron à travers ce qu’en disent les membres de cette caste hors-sol qui se pense comme l’élite de la nation et qui ne représente rien du tout. C’est leur méthode. Macron avait avancé cette idée selon laquelle il fallait contourner ce vieux monde en faisant émerger des représentants de la société civile. Mais en s’entourant de technocrates encore pires que lui, il a au contraire renforcé un système hors-sol. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait, il a construit son ascension ubuesque sur les débris du PS, racolant les plus médiocres, puis il a gouverné avec les plus médiocres des Républicains, Philippe, Le Maire, Darmanin. Contrairement à ce qu’il raconte, ou qu’il laisse raconter, Macron prend des assurances, c’est un trouillard. Avant de se lancer il mentait à Hollande parce qu’il n’était pas sûr de posséder tous les atouts. Son assurance, ce sont les très riches. Il se débrouille pour les mettre de son côté à coups de cadeaux mirobolants, baisse d’impôts, CICE et autres facilités. C’est peut-être ruineux pour la France, mais c’est son assurance d’avoir des appuis solides du type ceinture et bretelles. C’est la même chose pour le vaccin, deux doses, trois doses, bientôt quatre sans doute, les laboratoires n’auront rien à lui refuser. Davet et Lhomme suggèrent que ce ne sont pas les milliardaires qui ont fait Macron qui lui auraient préféré Fillon, mais plutôt que c’est Macron qui s’est mis à leur service et comme dirait Roux de Bézieux, ils ne s’en sont pas plaint, une fois que leur candidat naturel s’était disqualifié. Je ne partage pas cet avis, je pense que les très riches étaient partagés. Avant même que Fillon se scratche, les patrons les plus modernistes s’étaient déjà rangés du côté de Macron. Il y a d’ailleurs des erreurs toutefois un peu marginales dans leur livre. Par exemple ils écrivent : Philosophe, Paul Ricœur, mort en 2005 à l’âge de 92 ans, avait fait sur ses vieux jours d’Emmanuel Macron son assistant et confident. Les témoignages nombreux indiquent tous qu’il n’a jamais été son assistant et encore moins son confident. 

Macron incarne tout de suite la figure du prédicateur illuminé 

La clé d’une élection c’est le financement. S’ils ne vont pas jusqu’à parler de corruption ou de pacte de corruption comme certains, Davet et Lhomme analyse le désastre Alstom porté par le voyou Patrick Kron comme l’assurance d’avoir de gros donateurs pour sa campagne. A propos de cette affaire des plus scandaleuse qu’Hollande n’a pas su gérer – il était trop préoccupé par Julie Gayet – Davet et Lhomme donne tout de même une version un peu différente de celle de Montebourg, tout en confirmant que Macron travaillait dans le dos du ministre de l’économie de l’époque. Se basant sur les dires de Marleix qui a bataillé durement contre Macron dans cette affaire qui est d’ailleurs loin d’être close, ils ne semblent pas croire que Montebourg se soit battu férocement contre Macron pour défendre les intérêts français. Mais peu importe, dans cette affaire on retrouve toujours l’inconsistance et la cécité d’Hollande. Mais pour couvrir toutes ces turpitudes Macron s’est fait le roi de baratineurs. Il n’a pas de colonne vertébrale et aucune idée personnelle. C’est un garçon qui n’est pas construit, les connaissances qu’il possède semblent sortir d’un manuel du type culture générale du type de ce qu’on s’enfile pour passer des concours d’entrée dans les écoles de commerce. Pour s’éviter de penser, il se rattache à l’idée de l’Union européenne, idée dépassée et qui a démontré sa nocivité. Si sur le plan stratégique il est médiocre, son idée de ruissellement c’est un gros flop selon France stratégie[1], il est tout aussi mauvais sur le plan de la manœuvre politique. Davet et Lhomme retrouvent une constante rapportée par ceux qui ont travaillé avec lui, ce n’est pas un manager d’hommes. Ils avancent que Macron s’entourerait très mal, ce qui pourrait excuser certaines prises de position particulièrement débiles, comme la baisse de 5 € de l’APL. Mais cette approche est erronée. D’abord parce que si Macron s’entoure d’imbéciles, ce n’est pas seulement parce qu’il aime les flatteries, mais c’est aussi parce qu’il n’a pas mieux à sa disposition. Ces experts, conseillers, voire ses ministres, sont médiocres parce qu’ils ont tous été formatés dans les mêmes écoles et qu’ils n’ont aucune connaissance de la France et des Français. Ensuite, c’est parce que lui-même en dehors des réformes basiques réclamées par la Commission européenne, n’a pas d’idée de ce qu’il faudrait faire. Ce manque de vision se traduit non seulement par des discours creux et grandiloquents pour masquer le vide, mais aussi dans le fait que finalement d’une manière ou d’une autre il s’en remet toujours à des avis d’expert qui ne valent pas le coup de cidre. Etant par nature incertain dans ses jugements, il change d’avis comme de chemise sur presque tous les sujets, c’est pourquoi il fait semblant de croire qu’un jour il fera passer sa réforme ubuesque des retraites dont personne ne veut du côté des partenaires sociaux. Cet épisode est intéressant parce que Delevoye voulait une réforme systémique et Philippe, décrit comme un individu particulièrement raide et borne, un recul de l’âge pivot. Incapable de trancher Macron avancera qu’il faut faire les deux en même temps ! Son irrésolution est le plus souvent masqué par une agitation permanente et une capacité extraordinaire à mentir. On sait que les politiciens utilisent tous du mensonge, mais à ce niveau, je crois que c’est assez unique car il en arrive à dire tout et son contraire dans un laps de temps bien trop court pour qu’on ait oublié la première formulation. 

« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l’Europe !", "l’Europe !", "l’Europe !", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. » de Gaulle, deuxième entretien radiodiffusé et télévisé avec M. Michel Droit, 14 décembre 1965 

Le livre décrit Macron comme un raté de A jusqu’à Z. D’abord parce qu’il a raté deux fois le concours d’entrée à Normale Sup et que cela l’a marqué durablement. Mais ensuite parce que son quinquennat n’est qu’une suite d’échecs politiques. Quand se réformes ne sont pas avortées dans la rue, elles n’ont aucune importance ou alors une importance négative. Il n’a même pas été capable de structurer un parti majoritaire. Mais le pouvait-il ? Avec des Griveaux, des Loiseau, il ne pouvait que perdre les élections aussi bien à Paris que les européennes. Là encore il a collectionné les candidats à la limite de la stupidité. Mais il n’avait rien d’autre à se mettre sous la dent. Que penser d’un individu incapable de n’attirer à lui que des imbéciles ou des crapules ? Le nombre des macroniens inquiétés par la justice est impressionnant, à commencer par Bayrou et sa bande, et jusqu’à Dupont-Moretti qui est un des rares ministres de la justice poursuivi par les tribunaux à la fois pour avoir oublié de déclarer son patrimoine et pour prise illégale d’intérêt dans les affaires de Sarkozy. Notez que si au début de son mandat Macron avait fait le malin en demandant à la bande à Bayrou de démissionner à cause de leurs affaires des assistants parlementaires, il ne s’y risque plus avec Dupont-Moretti. En 2017 LREM le parti croupion de Macron était majoritaire, mais les démissions puis les mises en examen l’ont rendu minoritaire.  Ce qui me frappe dans cet ouvrage, bien plus que l’incompétence bien réelle de Macron dans tous les domaines, c’est de le voir comme le produit de la décomposition accélérée de la classe politique dans son ensemble. En quelque sorte qu’un aventurier de la sorte arrive aussi vite au sommet de l’Etat en dit moins sur son talent que sur la déliquescence d’un système. Macron n’est que le point final de la prise du pouvoir par des « experts » autoproclamés et complètement corrompus. C’est l’achèvement d’une classe politique dégénérée. Cette conjuration des imbéciles laisse pantois, on se dit que tous les gens qui sont un peu intelligents ne font plus de politique active et préfèrent s’adonner à d’autres passetemps. 

Macron a une passion irrémissible pour les femmes âgées 

Davet et Lhomme qui sont journalistes au Monde sont très certainement européistes, au début de leur ouvrage ils avancent, sans trop s’attarder toutefois, que c’est peut-être sur la scène internationale que Macron a connu ses seules réussites, ils parlaient aussi de l’Afrique. C’est la grosse lacune de leur ouvrage.  Mais ils n’avaient pas eu le temps au moment de boucler d’évaluer les dégâts de la politique macronienne à l’international, notamment avec l’affaire des sous-marins australiens et le départ un peu inattendu et piteux du Mali. Il est vrai que personne ne s’y risque trop, j’ai commencé à le faire[2] démontrant facilement trois choses, la perte d’influence de la France au sein de l’Union européenne, la nomination de Ursula Von Der Leyen à la place de Barnier le prouve, la perte d’influence de la France en Afrique et enfin l’éviction de la France de la zone Asie-Pacifique. Les multiples concessions que Macron a cru bon de faire à l’Allemagne n’ont eu comme effet que de nous décrédibiliser et de nous isoler un peu plus sur la scène internationale, de nous éloigner pour longtemps de nos alliés naturels. Ses obséquiosités indécentes face à Merkel n’ont pas été récompensées, pendant que Macron se faisait rouler dans la farine par les Australiens, Merkel ; mercantiliste chevronnée, transactionnait avec eux pour faire encore des affaires prouvant une nouvelle fois que l’Europe n’existait pas. Au cœur de l’Union européenne l’Allemagne truste pratiquement toutes les grandes fonctions, du moins celles qui comptent, sauf à la tête de la Banque Centrale Européenne où résiste encore Christine Lagarde. 

Moscovici n’est pas vraiment ami avec Macron 

Macron n’a pas d’amis c’est bien connu, et durant son quinquennat il se sera fait beaucoup d’ennemis. Il est cependant plein d’énergie et entretien le mythe qu’il ne dort jamais. Mais il a beaucoup vieilli et ses traits se sont durci. Malgré son sourire commercial de circonstance, on se dit que la vie n’est pas franchement drôle pour lui. Dans la classe politique il s’est fait des ennemis mortels, notamment chez les strausskhaniens qui ne supportent pas que Macron ait pillé leur fonds de commerce. Davet et Lhomme ont rencontré longuement le pâle Moscovici. Celui-ci est un autre raté. Fils de Serge Moscovici, un intellectuel renommé, il n’a fait que l’ENA. Il est devenu député, ministre de l’économie sous Hollande, puis commissaire européen en charge de l’économie, ancien trotskiste comme Mélenchon, Romain Goupil ou même Lionel Jospin, il s’est fait européiste et strausskhanien. Mais il en veut beaucoup à Macron dont il raconte ouvertement le plus grand mal. Il doit avoir des réseaux importants puisque tout de même ce médiocre politicien, plutôt borné, est tout de même arrivé à atteindre la présidence de la Cour des comptes. Ce qui lui permet depuis ce poste d’emmerder Macron. Il est assez difficile de comprendre l’origine de la haine entre ces deux individus, mais en tous les cas, grâce à Davet et Lhomme nous comprenons mieux pourquoi il dénonce le manque de rigueur de Macron et de ses gouvernements dans la gestion des dépenses publiques, il lui oue une haine rancuneuse et implacable. Le passage sur les relations entre Sarkozy et Macron est intéressant aussi, quoique leur « amitié » soit maintenant mieux connue, étalée à la une des journaux. Il semble que ces deux histrions aient passé un marché Macron en nommant Dupont-Moretti son ancien avocat contrôle autant qu’il le peut les différents procès de l’ancien président, tandis que Sarkozy s’engage à débaucher ce qu’il lui reste de troupes chez Les Républicains pour l’aider à sa réélection. Il semble cependant que ce soit là un marché de dupes, d’une part parce que Dupont-Moretti ne peut plus rien contrôler du tout et que d’autre part les troupes de Sarkozy se sont partagées entre Zemmour et Bertrand, le résidu n’ayant pas vraiment beaucoup d’importance. Rappelons tout de même qu’à la primaire des Républicains, Sarkozy avait été sèchement battu et par le gangster Fillon et par Juppé, ce qui en disait long sur sa perte d’influence dans le parti 

Le ridicule ne tue pas, Madame Macron en est la preuve 

Ce n’est pas le plus important, mais le couple Macron en prend aussi pour son argent, il est décrit dans toute sa vulgarité, la vieille Brigitte aimant faire la démonstration qu’elle a beaucoup de copains dans le showbizz, des histrions du type Stéphane Bern ou Marc-Olivier Fogiel, des opportunistes comme elle qui se vendraient pour un plat de lentilles. Elle aime aussi dépenser des centaines de milliers d’euros pour refaire la moquette. Ce sont des goûts de parvenus. Elle aime à se pavaner avec des tenues impossibles, mais très chères, oscillant entre la tenancière de bordel et la bouchère endimanchée. On avance que c’est elle qui a fait la carrière du petit banquier, qui l’a poussé. Je ne crois pas, elle n’est pas suffisamment intelligente et bien trop âgée pour mettre en place des plans de long terme. Et pendant ce temps-là, Macron lui-même passe son temps chez le coiffeur à se refaire la couleur pour masquer la progression de sa calvitie et le blanchissement accéléré des cheveux qui lui restent. L’encanaillement du couple Macron avec la sulfureuse Mimi Marchand, ancienne dealeuse, donne lieu à des pages assez drôle aussi. 

Le rôle de croquemort lui va si bien 

Si Macron perd son travail en 2022, il pourra toujours se reconvertir dans les pompes funèbres chez Roblot ou chez Roc Eclerc. Il a acquis un vrai savoir-faire pour les enterrements, aucun président n’avait jamais autant enterré de « grands personnages ». Il est devenu un habitué des Invalides. Cette manière sinistre et saugrenue de faire sa publicité a sans doute un rapport inconscient avec le fait qu’ayant tout raté dans sa vie il ne reste plus qu’à l’enterrer lui-même et à passer à autre chose. Peut-être aussi cela le rassure-t-il d’être encore vivant ! Quoi qu’il en soit, Macron restera un cas pour la psychanalyse non seulement du personnage, mais aussi d’une époque malade. Zemmour ayant vu qu’on peut devenir président en partant de rien avec un bon sens du marketing, en n’étant rien, tente de suivre cette voie, il n’est pas sûr que cela marche deux fois de suite !



[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/14/suppression-de-l-isf-flat-tax-pour-france-strategie-le-ruissellement-n-a-pas-eu-lieu_6098339_823448.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/10/leurope-des-coups-de-poignard-dans-le.html

samedi 23 octobre 2021

De la prolongation du pass sanitaire à la hausse du prix de l’essence

  

Très difficilement, le gouvernement a fait voter la prolongation de la loi sur le pass sanitaire jusqu’à l’été 2022. 125 députés ont voté pour et 115 contre[1]. N’insistons pas sur le faible nombre de députés présents à cette pantalonnade sur les 577 que nourrit grassement le budget. Même pas la moitié des députés étaient là, et les LREM qui ne représentent strictement rien, on l’a vu aux dernières élections régionales, n’ont même pas tous voté cette prolongation de la dictature sanitaire. Ils sont officiellement 265, mais ils préféraient se cacher et laisser voter cette ignominie sans y participer directement. A quoi bon payer ces gens s’ils ne prennent pas part à des débats qui concerne la vie quotidienne des Français.  L’article 2 du projet de loi sur la vigilance sanitaire adopté à 74 voix contre 73 – qui permet à l’exécutif de prolonger le pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022 si la situation sanitaire le justifie. La majorité a cependant évité de justesse un couac retentissant peu avant 22 heures, au moment du vote de l'article 2, cœur du projet de loi, avec une adoption ric-rac par 74 voix pour et 73 contre. Dans Libération Jean Quatremer, grand défenseur de l’intégration européenne et un des premiers soutiens à cette canaille de Macron parle fort justement d’un coup d’Etat permanent[2]. En quoi cette prolongation peut-elle être utile alors qu’au 21 octobre 2021, 76% des Français avaient reçu au moins une première dose, et 68% étaient totalement vaccinés ? Pour quelle raison les autorités visent elles une vaccination obligatoire de 100% de la population, sans le dire ? 

 

Si le vaccin était efficace on n’aurait guère besoin d’aller au-delà en forçant les populations résiduelles à se faire vacciner. Mais voilà on a un doute, non seulement sur les effets secondaires de ces vaccins, après AstraZeneca qui est passé à la trappe à cause des effets secondaires qu’il engendrait, c’est au tour de Moderna, le vaccin le plus cher du marché, d’être sur la sellette[3]. Quant à Elisabeth Borne, ministre du patronat et du chômage, elle n’excluait pas que la perte du pass sanitaire pourrait être liée au refus d’une troisième dose[4]. La dictature sanitaire – je n’ai pas d’autre mot – modifie les paramètres de sa propre politique, à son gré et demande qu’on lui laisse les mains libres en la matière. Ces propos rassemblés montrent que des travailleurs, même vaccinés deux fois, perdraient leur accès à l’emploi, seraient suspendus avec perte de salaire, s’ils se refusaient à une troisième puis à une quatrième dose. Et pourquoi pas une cinquième ! Il n’y a pas d’horizon et pas de fin à cette ignominie. Cette prolongation du pass sanitaire qui vise à vendre toujours plus de doses à discrétion – Pfizer peut se féliciter de l’élimination d’AstraZeneca et de Moderna, il se retrouve pratiquement seul sur un marché captif – intervient justement au moment où la pandémie a nettement régressé comme le montrent les graphiques suivants. La canaille politicienne vous dira que nous risquons une cinquième vague, ceinture et bretelles, il vaut mieux prévoir. 

 

A mon sens les raisons de ce prolongement sont doubles, d’abord suivre les recommandations des « experts » dont la plupart sont rémunérés par les laboratoires, la seconde est d’emmerder le peuple et de lui montrer toute l’étendue des dispositifs qui peuvent forcer à la soumission. Pendant que l’hôpital est à l’agonie, et qu’on met une dictature sanitaire en place, on remarque que les candidats à la présidentielle, ou les candidats à la candidature, ne discutent guère de cette perte de liberté. Zemmour, cet imbécile, n’a pas d’opinion sur la politique vaccinale et sur la politique en général, en dehors de l’obsession du prénom des musulmans, il est vrai que dans sa quête d’un pouvoir fascisant, il n’est pas hostile à ces atteintes aux libertés. Les Républicains, Pécresse, Ciotti, Barnier, se demandent seulement comment faire pour réduire le nombre de fonctionnaires, l’un veut 150 000 fonctionnaires en moins, l’autre 200 000, et puis on monte jusqu’à 250 000 dans cette surenchère débile alors que ces fonctionnaires coûtent bien moins cher que les largesses octroyées à Pfizer. Dans cette course à l’échalotte du plus ridicule, il y a quelques politiciens qui se sont élevés contre ces abus, Mélenchon, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan. Les têtes pensantes du syndicalisme, Philippe Martinez, Laurent Berger, n’ont presque rien à dire pour la défense des salariés qui tous les jours perdent leur emploi ou sont suspendus de salaire. Les salariés sont seuls, ici et là ils ont porté plainte contre leur suspension de salaire, avec des fortunes diverses. Le fait d’ailleurs qu’ici ils gagnent et là ils perdent ajoute à la confusion puisque nous entrons dans une justice à plusieurs vitesses[5]. Cette ignominie intervient alors même que l’hôpital reste toujours sous tension par manque de personnel. La résistance paye, en Martinique le CHU a abandonné l’exigence d’un pass sanitaire pour les soignants, au risque de ne plus pouvoir fonctionner[6]. Mais il est vrai que dans ce cas particulier les syndicats ont fait front et se sont battus pied à pied. 

Le prolongement du pass sanitaire n’ayant été approuvé que d’une courte tête, il va revenir le 28 octobre devant les sénateurs. C’est bien pour cela qu’il est important de manifester contre la dictature sanitaire, même si on est vacciné. Car, on le sait, ceux qui ont été vaccinés seulement deux fois sont en sursis et seront contraints de continuer à se faire piquer à intervalles réguliers. N’oublions pas que ces jours-ci va commencer la campagne vaccinale contre la grippe. Si évidemment la loi est retoquée devant les sénateurs, cela va devenir compliqué pour le gouvernement. Larcher a déjà dit qu’il n’était pas question d’aller jusqu’à fin juillet[7]. Ne comptons pas sur Larcher dont on connaît la lâcheté native. Mais le fait qu’il refuse de se plier à la demande de Castex et Véran doit être compris comme le signe d’une lassitude qui gagne peu à peu du terrain. Les efforts de soumission que les Français ont faits pour complaire à la canaille gouvernementale et à Pfizer n’ont pas été couronnés de succès, illustrant le proverbe : On lui donne le doigt, il vous prend la bras. 

  

Evolution du prix de l’essence à la pompe 

En cette période pré-électorale, Macron a encore des soucis supplémentaires. En effet outre le pass sanitaire qui est contesté tous les samedis, s’ajoute maintenant la question du prix de l’énergie, le gaz a fortement augmenté, l’électricite suivra, et bien sûr c’est la hausse du prix de l’essence à la pompe qui focalise le plus l’attention. Beaucoup craignent un retour des Gilets jaunes, on les a vu déjà le 16 octobre revenir sur les ronds-points[8]. Même si ce n’était pas massif, c’était suffisamment significatif pour que le gouvernement tente d’éteindre le feu. Il a donc lâché du lest. Certes il a refusé de baisser les taxes sur l’essence qui sont tout de même le principal du prix. Les raisons à ce refus sont les suivantes :

– d’abord la logique de la fiscalité française étant néolibérale ce sont les taxes indirectes qui alimentent principalement les recettes de l’Etat et non les impôts sur le revenu ou sur les sociétés. Abaisser les taxes sur les produits pétroliers, devrait être compenser par un alourdissement des impôts sur les plus riches ou l’annulation des dépenses du types CICE ;

– ensuite, il y a le fait que Bercy et le gouvernement dans son ensemble pensent que la transition écologique ne peut être assurée que par une modification des prix de l’énergie, hausse qui serait sur le long terme dissuasive. Cette logique d’une écologie punitive est celle déployée par Sandrine Rousseau[9], mais c’est celle qui est dans toutes les têtes des experts du gouvernement. C’est la logique d’une économie gérée par les lois du marché, celle de l’offre et de la demande. Et c’est d’ailleurs comme ça avec un zeste de rigueur budgétaire que Macron a explique pourquoi il refusait une baisse des taxes sur l’essence, « ça coûterait trop cher »[10]. Cette logique amusera les cons qui refusent de s’interroger sur le coût du CICE depuis 7 ans déjà, ou de celui de la suppression de l’ISF, alors même qu’un rapport de France stratégie a avancé que le ruissellement promis n’avait pas eu lieu, donnant raison à ceux qui disaient que cette réforme de la fiscalité n’avait qu’un seul but, enrichir un peu plus les très riches, et non pas relancer l’activité[11]. Mais il fallait bien tenter de faire quelque chose, du moins de faire semblant. On a donc envoyé l’ubuesque Castex présenter comme une quasi révolution une aumône de cent euros, versée en une seule fois à environ 5,8 millions de Français et non pas à 38 millions comme annoncé imprudemment par des médias trop habitués à passer la brosse à reluire. Mais peu importe le périmètre des personnes concernées, ces cent euros non renouvelables sont censés compenser sur l’année la hausse du prix du diesel, plus celle du gaz, plus celle de l’électricité. Emmanuel Lechypre, peu suspect de tendances révolutionnaires ou radicales a avancé que la facture des Français avait en moyenne augmenté de 40%, soit en euros, une hausse de 1100 €[12]. On comprend bien qu’une aumône de 100 € ne peut pas compenser une hausse de 1100 €. Elle ne couvre que moins de 10% de cette augmentation, exactement 9%, 91 % de la hausse va rester à la charge des Français. Ceux-ci vont bien se rendre compte qu’on les prend pour des cons, mais ils vont être obligés de se restreindre dans leur consommation en général et leur consommation énergétique en particulier. Même en supposant que cette prime soit distribuée à 38 millions d’individus – on a vu circuler aussi le chiffre de 36 millions – cela ne représenterait que 3,8 milliards d’euros, quand la suppression de l’ISF a engendré une perte pour l’Etat comprise entre 12 et 15 milliards d’euros. Quant au CICE, il a coûté pour l’instant depuis sa mise en place par Macron en 2014 au bas mot 160 milliards d’euros ! Mais ces salauds de pauvres ne veulent pas se contenter des miettes et continuer à vivre dans le froid !

Paris, le 23 octobre 2021 

Le versement de cette prime se fera par le biais des employeurs qui la déduiront du montant des cotisations sociales qu’ils versent à l’Etat[13]. Cette mise en perspective des largesses de l’Etat a permis de voir que plus de la moitié des Français, 56% exactement gagnaient moins de 2000 € nets par mois. On comprend facilement qu’une hausse des dépensent énergétiques d’environ 100 € par mois est une charge plutôt insupportable. Ces fantaisies annoncent clairement que dans les mois qui viennent, en sus de la prolongation sur le pass sanitaire jusqu’à la Saint-Glinglin, et peut-être plus, la question du pouvoir d’achat va être posée, même si Zemmour, ce con, ne veut pas en entendre parler. Et quoi qu’en disent les macroniens résiduels, le pouvoir d’achat va apparaître, avec la gestion de la crise sanitaire, comme l’un des grands échecs de la politique menée par Macron et ses sbires. Toujours selon l’INSEE 10% des Français vivent avec moins de 900 € par mois, et 20% ont un revenu inférieur à 1131 € par mois. Beaucoup de ces Français ne sont pas salariés et vivent des aides sociales, ceux-là par principe ne bénéficieront pas de cette aumône de 100 €, non renouvelable, ils subiront de plein fouet la hausse du prix de l’énergie dans leur vie quotidienne, on commence à entendre des plaintes de la part de ceux qui ont commencé à se restreindre en ce qui concerne le chauffage. On doit leur souhaiter que le froid ne devienne pas plus vif. 

Guingamp, le 23 octobre 2021, manifestation de soutien pour l’hôpital public 

Le retour des Gilets jaunes, même s’il se révèle encore laborieux est programmé. C’était visible dans la manifestation parisienne, très fournie, du samedi 23 octobre 2021. Non seulement les Gilets jaunes étaient plus nombreux, mais ils s’en sont pris directement à Zemmour dont le discours sur l’économie et le social est totalement vide, ils ont dénoncé aussi cette prime minable comme une aumône. Bien entendu ils ont dénoncé dans la foulée l’obligation sanitaire, montrant clairement que cette jonction des luttes est nécessaire. Un peu partout la mobilisation était en hausse. De nombreux ronds-points ont été également réinvestis, dans la foulée de samedi 16 octobre 2021. En dehors du slogan habituel pour la défense des libertés, il y avait une nouveauté dans la dénonciation des riches à travers les Pandora papers sur le thème « rendez l’argent ». Devant ce bouillonnement continu, il va être difficile, surtout en période pré-électorale, pour Macron de rester les bras croisés en attendant que la fièvre retombe. Ce n’est donc pas tellement le nombre de manifestants qui compte en ce moment, il y avait assez peu de rassemblements, une soixantaine, mais la détermination. En effet, les Français sont l’arme au pied, ils n’ont pas encore assimilé la prolongation du pass-sanitaire et la quasi-obligation d’une troisième dose, de même ils n’ont pas non plus compris que cette prime de 100 €, non seulement elle est ridicule par rapport à leurs besoins, mais elle n’aura lieu qu’une fois. Que Macron tente à peu de frais de se donner une image de Père Noël bienveillant est dans la logique des choses, mais il s’inspirerait plutôt du film Le père Noël est une ordure en la matière, avec le thème ce qu’il donne d’un côté avec condescendance, il le reprend sournoisement de l’autre. 

Marseille, le 23 octobre 2021 

Comme on le comprend, la tension va monter encore d’un cran. Pendant qu’on manifestait dans toute la France pour la liberté vaccinale et contre la hausse de l’énergie. Les Insoumis avec Coquerel à leur tête manifestaient contre l’extrême-droite à Lyon, comme s’ils se moquaient aussi bien de cette maudite prime de 100 € que de la possible extension du pass sanitaire jusqu’à l’été. Ce positionnement est à contre courant, avec l’idée sournoise de faire croire à un danger fasciste quasi inexistant, alors que le même jour un homme qui se jetait sur des policiers aux cris d’Allouah Akbar avec un couteau avait dû être abattu[14]. Les attentats islamistes sont une réalité presque quotidienne, les attentats de l’extrême-droite relèvent du fantasme. Heureusement on a trouve Daillet, ce con, qui aurait eu l’idée peut-être de commettre des attentats[15]. Mais Coquerel et les Insoumis participaient il n’y a guère à des manifestations islamistes derrière le CCIF qui a été finalement dissous[16]. Ce positionnement à contretemps, justement à l’époque du procès de la tuerie du Bataclan, est le meilleur agent électoral du sinistre Zemmour, avec les égorgement d’ailleurs. Comme un canard sans tête les Insoumis démontrent qu’ils n’ont pas de tactique bien claire. On les a vu un moment dans les manifestations contre le pass-sanitaire, puis, ils se sont évaporés. Comme les syndicats qui ont peu mobilisé à la manifestation du 5 octobre dernier[17], ils sont dépassé par le bouillonnement social et ne savent plus comment y participer. 

 Brest, le 23 octobre 2021 

A Pau les Gilets jaunes et les anti-pass ont opéré leur jonction devant la mairie, le 23 octobre 2021 

La manifestation de Florian Philippot le 23 octobre 2021


[1] https://www.lci.fr/politique/pass-sanitaire-covid-assemblee-adopte-un-nouveau-projet-de-loi-pour-recourir-au-pass-sanitaire-jusqu-a-l-ete-2022-2199577.html

[2] https://www.liberation.fr/idees-et-debats/opinions/prolongation-du-pass-sanitaire-emmanuel-macron-ou-le-coup-detat-permanent-20211022_O5QZQOXHZRAL3D67QCY4AKZLKE/

[3] https://www.ouest-france.fr/sante/vaccin/moderna-que-se-passe-t-il-autour-du-vaccin-americain-on-vous-repond-0e57e1a8-3277-11ec-bcc4-8c8c72734bad

[4] https://www.europe1.fr/politique/borne-nexclut-pas-la-perte-du-pass-sanitaire-pour-ceux-qui-refuseraient-la-3e-dose-4071491

[5] https://www.francebleu.fr/infos/societe/des-soignants-non-vaccines-contestent-leur-suspension-devant-le-tribunal-administratif-de-besancon-1633614978

[6] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/martinique-lechu-n-impose-plus-le-pass-sanitaire-a-ses-soignants_4814731.html

[7] https://www.midilibre.fr/2021/10/21/covid-19-la-prolongation-du-pass-sanitaire-jusqua-lete-prochain-adoptee-de-justesse-par-lassemblee-9881660.php

[8] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/10/manifestations-du-samedi-16-octobre.html

[9] https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/pour-sandrine-rousseau-il-faut-augmenter-le-prix-de-l-essence_AV-202110180145.html

[10] https://fr.sputniknews.com/20211023/macron-explique-son-refus-de-baisser-les-taxes-sur-le-carburant-1052290087.html

[11] https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/14/suppression-de-l-isf-flat-tax-pour-france-strategie-le-ruissellement-n-a-pas-eu-lieu_6098339_823448.html

[12] https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/la-facture-energetique-des-francais-a-augmente-de-40percent-en-un-an-1372429.html

[13] https://www.lenergietoutcompris.fr/actualites-conseils/cheque-energie-2021-100-euros-de-plus-accordes-aux-beneficiaires

[14] https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/un-homme-abattu-par-la-police-dans-les-hauts-de-seine-apres-avoir-menace-les-agents-avec-un-couteau_4817983.html

[15] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/10/22/remy-daillet-figure-du-complotisme-mis-en-examen-pour-association-de-malfaiteurs-terroriste-criminelle_6099595_3224.html

[16] https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/religion-laicite/le-conseil-d-etat-valide-la-dissolution-du-ccif-et-de-baraka-city-par-le-gouvernement_4783131.html

[17] https://www.ouest-france.fr/economie/greve/direct-greve-du-5-octobre-environ-200-manifestations-prevues-perturbations-dans-les-transports-b4db0a3e-25aa-11ec-af2f-332dac360860

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...