samedi 30 septembre 2023

Agents des USA, c’est aussi un métier

  

La colonisation commence comme ça. L’emprise des Américains sur les institutions européennes est tentaculaire. Pourtant tout est là sous nos yeux, il n’y a pas besoin de faire des gros efforts pour le comprendre et le documenter. Mais cette influence ne finit pas d’étonner. Cela dure au moins depuis la création de la CIA en 1947. Les Américains ont compris depuis très longtemps qu’ils devaient circonvenir les intellectuels et les politiciens afin de donner du corps à leur idéologie expansionniste et de la justifier, mais sans le dire, c’est pourquoi « l’intellectuel » leur plait, c’est plus discret que d’acheter un journal directement, ça donne à la propagande un petit côté neutre ou « expert ». Ils ont des tas de fondations, des think tanks, qui arrosent la planète entière pour acheter des consciences. Les fonds transitent par des fondations, Ford ou Rockfeller, ou par les ONG de Soros, Open Society Foundations[1] ou encore par le NED – New Endowment for Democracy qui est directement lié à la CIA. Ces agents ne sont pas des agents de l’ombre, mais au contraire ils se mettent en pleine lumière, ils la recherchent même. Ils sont camouflés le plus souvent en experts ou en philosophes, en universitaires, laissant entendre qu’ils connaissent bien la question et que s’ils défendent les intérêts des Etats-Unis c’est au nom de leur savoir supérieur à celui du commun parce qu’ils ont découverts après de savantes études quel était le camp du bien. Parmi les techniques utilisées pour « acheter des consciences », il y a l’argent, mais l’argent ne circule pas directement. Ainsi ça peut passer aussi par des facilités faites à des écrivains ou des universitaires pour faire des séjours grassement rémunérés dans les universités américaines. Les universités américaines ont toujours été des lieux privilégiés de recrutement d’agents américains. C’est ainsi que le défroqué François Furet versa dans l’anticommunisme primaire, allant jusqu’à voir stupidement dans la Révolution de 1789 la matrice de l’impérialisme russe, c’était un peu la contrepartie de son enseignement à l’Université de Chicago. Ses collègues de French Theory, Michel Foucault en tête, prirent le même train. Mikhaïl Chichkine donne des cours à la Université Washington et Lee de Virginie, là où ont été élevés Robert Paxton, ou encore Pat Robertson, télévangéliste. Qu’est-ce qu’un agent américain ? C’est celui ou celle qui fait semblant de posséder des convictions atlantistes chevillées au corps et dont la rémunération en argent, en poste ou en reconnaissance reste cachée ou camouflée derrière une apparente neutralité « scientifique ». Les Américains aiment bien recruter dans les marges, ils sont intéressés par les profils gauchistes, anciens trotskistes ou anciens maoïstes comme Alexandre Adler par exemple, du moment qu’ils sont hostiles à la Russie, cela leur convient. Après tous les anciens gauchistes avaient la fibre mondialiste, ils appelaient cela l’internationalisme. 

Les frères Benoît et Antoine Vitkine, petits soldats de l’atlantisme 

Les frères Vitkine sont les croisés modernes de l’atlantisme. Moins turbulents et caricaturaux que BHL, ils défendent pourtant exactement les mêmes idées férocement américanophiles. Benoît est journaliste au Monde, c’est un menteur de premier ordre. Ses articles nombreux sont toujours à peu près les mêmes, Poutine est méchant et c’est un dictateur. Sauf que lui est très souvent en Russie et ne subit aucune interdiction de quoi que ce soit, l’inverse ne serait pas permis en France où on interdit tous les médias russes qui ne donnent pas le même son de cloche. Benoît vous parlera des crimes de guerre des soldats russes, mais il oubliera de parler des crimes de guerre pourtant avérés et documentés des soldats ukrainiens, particulièrement ceux du régiment Azov. C’est un menteur par omission. Comme il est « journaliste » officiellement, il ne fait pas des discours dithyrambiques à la BHL, il s’applique juste à monter en épingle ce qui l’arrange et occulte tout ce qui ne fonctionne pas. En 2022 il laissait entendre que les Russes étaient à court de munitions, ce qui était totalement faux comme la suite le montra.  Benoît Vitkine n’est pas le seul « journaliste » du Monde à avoir été formé par les Américains, c’est aussi le cas de Sylvie Kauffmann qui se dit spécialiste de la Russie – ce qui veut dire russophobe dans le langage en clair de ce journal. Cette Sylvie Kauffmann est annoncée dans son journal comme donnant des « cours » sur la Russie d’aujourd’hui au mois de novembre 2023. Ça s’appellera cours du soir géopolitique. Elle aussi après des études de sciences politiques – terme creux pour expliquer qu’elle ne sait rien – elle a suivi le programme de décervelage des Young leaders et elle est aussi membre de la Commission Trilatérale, autre boutique mise en place par les conservateurs américains, Henry Kissinger et Zbigniew Brzezensky, ce même Brzezensky qui annonçait la nécessité d’une nouvelle guerre avec la Russie depuis la fin de la Guerre froide en 1991. Le monde est une pépinière de faucons et de néocons. Ils sont peut-être WOKE, LGBTQ+, pour la PMA et pour l’euthanasie, mais pour ce qui est important, ils sont ultra-conservateurs, comme tous les agents des États-Unis qui ne se sont pas faits à la fin de la Guerre froide. Sylvie Kauffmann, cette médiocre semi-intellectuelle s’était faite remarquée en 2022, au début du conflit en Ukraine, parce qu’elle annonçait que pour la Russie son exclusion du système SWIFT ruinerait son économie[2]. Du Bruno Le Maire dans le texte qui prouve, non seulement qu’elle ne comprend rien à l’économie, mais qu’elle ne comprend rien non plus aux capacités de résistance de la Russie dont elle se dit pourtant une spécialiste. Également elle fait de la propagande pour expliquer que nous devons aider l’Ukraine parce que sinon ensuite Poutine avalera le pays tout entier, puis le Pologne, et puis l’Allemagne et enfin la France. C’est nous dit-elle « une question existentielle pour les démocraties occidentales », autrement dit si les Russes gagnent, s’en est fini de nous ! Cela suffit pour justifier l’expansion de l’OTAN vers l’Est, et les milliards d’armement déversés sur l’Ukraine pour préserver la paix ! Vous écoutez Sylvie Kauffmann, vous avez l’impression d’entendre le sinistre croquemort Jens Stoltenberg. C’est la même logorrhée. Dans un article récent, cette propagandiste a commencé à retourner sa veste, sans doute elle anticipe un changement de politique de la part des Etats-Unis. Dans un article intitulé « Entre l’Occident en recul et le Sud qui s’affirme, l’heure du rééquilibrage est venue. Ça va vite et c’est brutal », si elle dénonce l’insuccès des Etats-Unis sur le plan diplomatique, elle annonce surtout un changement de cap qui laisse entendre que les Etats-Unis vont délaisser la trique pour faire avancer leurs intérêts, supposant qu’ils ont encore les moyens de reconstruire leur leadership[3]. 

 

Après cette parenthèse, revenons à la fratrie Vitkine. Antoine Vitkine est plus discret, soi-disant réalisateur et journaliste, il est en réalité membre du think-tank néo-conservateur, le Cercle de l’Oratoire. Il faut s’intéresser à ce cercle dont on ne sait pas grand-chose en ce qui concerne les sources de financement. Antoine Vitkine, c’est l’école BHL, Sciences Po Paris, avec accès facile aux sources de financement public pour monter des films qui ne semblent pas avoir marqué les esprits, il est payé pour porter la bonne parole. Mais cette manière de faire de la politique dans l’ombre, outre qu’elle est prétentieuse parce qu’elle suppose que leur public potentiel sont des idiots de village, montre que les intentions de ceux qui tirent les ficelles sont peu claires, pas montrables. Les frères Vitkine traficotent dans cette zone grise qui leur permet de ne pas dévoiler directement leurs buts de guerre, en restant abrités derrière leur statut de semi-intellectuels. Regardons la manière de faire de Benoît. En 2018 Zakhar Prilepine qui s’est battu aux côtés des révoltés du Donbass contre Kiev, publie en français un excellent ouvrage, Ceux du Donbass aux éditions des Syrtes[4]. Ce livre est remarqué à la fois sur le plan littéraire et sur le plan de la connaissance de ce qui se passe réellement dans le Donbass depuis 2014 avec le coup d’État du Maïdan qui a vu se développer l’idée selon laquelle il fallait soumettre les populations russophones du Donbass, éventuellement les épurer. Benoît Vitkine écrit en réponse à Prilepine un ouvrage qui va porter presque le même titre, Donbass, aux éditions les Arènes en 2020. Il se débrouille, grâce au carnet d’adresse du Monde, pour avoir quelques prix littéraires, et cela lui permet de développer l’idée fausse et inverse à celle de Prilepine : la révolte du Donbass serait téléguidée par Moscou ! Cela lui permet d’inverser les responsabilités dans ce qui va devenir la guerre d’Ukraine. Ce n’est pas l’OTAN qui vise l’expansion de l’Empire, mais la Russie qui veut reconstituer le sien et sui oblige l’OTAN à s’étendre pour prévenir le risque ! Il oublie volontairement de dire ce que tout le monde sait pourtant que les habitants du Donbass critiquent au contraire la position de Poutine qui tarde à intervenir, ne comptez pas sur Benoît Vitkine pour vous renseigner sur cette question. 

Raphael Glucksmann et son ex-épouse qui se fit prendre la main dans le sac de billets 

Penchons-nous sur les « convictions » à géométrie variable de Raphael Glucksmann, c’est d’ailleurs cela qui le désigne le plus sûrement comme agent des Américains qui aiment à recruter à droite comme à gauche dans la zone grise des pensées à la mode. Il fut un ami et un grand défenseur de Mikheil Saakachvili, un Georgien totalement corrompu que les Américains avaient installé en Ukraine comme gouverneur de l’oblast d’Odessa, il finira en prison après un coup d’État manqué en Géorgie. Ces allers-retours entre la Géorgie et l’Ukraine sont fascinants et montrent par ailleurs que l’entreprise américaine de déstabilisation de la Russie est ancienne et remonte au moins à 2008. Raphael Glucksmann a été marié également avec une Georgienne, Eka Zgouladze, qui fut, après avoir pris des positions officielles en Géorgie, nommée ministre de l’intérieur à Kiev par les Américains avant de prendre la fuite et de se faire arrêter par les services de la douane à l’aéroport de Kiev avec une valise contenant plusieurs millions de dollars en 2013, elle s’en tirera après une intervention d’un ministre ukrainien qui n’avait rien à refuser aux Américains. Ils reviendront un peu plus tard à Kiev dans les valises de Victoria Nuland quand celle-ci aura réussi son coup d’État qui a coûté tout de même selon elle 5 milliards de dollars et une cinquantaine de morts, pour mettre en place Porochenko. Le modèle de Glucksmann le fils est BHL, il mélange volontiers affairisme et posture people. Le père de Raphael Glucksmann, André, était un ancien prochinois défroqué – ce sont les pires – qui se reconvertit par haine de Moscou à l’atlantisme forcené, passant de la lutte des classes à la défense des droits de l’homme de partout dans le monde, soutenant toutes les guerres des USA, de l’Afghanistan à l’Irak justement sous couvert de ce vocabulaire qui recouvre tout et n’importe quoi, même quand on sut dans ce dernier cas que les menaces d’une guerre bactériologique menée par Saddam Hussein était à une fable inventée par les Américains, Colin Powell avouant avoir menti à la face du monde en montrant une fiole qui était censée être la preuve de ce qu’il disait, mais qui était en réalité seulement la preuve que les Américains n’ont pas de scrupule à mentir à la face du monde dans l’enceinte de l’ONU. Pour ce mensonge qui justifiait une guerre cruelle, aucun Américain ne fut jugé, ni même poursuivi, chacun sachant bien qu’un Américain « officiel », un représentant de l’Empire ne peut pas être jugé pour des crimes de guerre. Le fils Glucksmann, encore plus médiocre sur le plan intellectuel que BHL et son père, a repris le vieux fonds de commerce des vieux Nouveaux Philosophes. Un tel ignorant est tout de même parvenu à devenir tête de liste d’une coalition entre les débris de la gauche atlantiste – PS, Place Publique, PR, Nouvelle Donne pour les élections européennes. S’il a été mis là, alors que chacun sait que c’est un va-t-en guerre furieux et un menteur, c’est bien parce que les Américains qui financent ces faux partis le voulaient. Je n’en ai pas la preuve, bien entendu, mais c’est la logique qui l’indique. Raphaël Glucksmann c’est le même cercle – le Cercle de l’Oratoire – que BHL ou les frères Vitkine. De l’avis de tous ceux qui l’ont rencontré, il est totalement creux sur le plan intellectuel, mais c’est peut-être pour cela que les Américains l’ont choisi comme leader des vieux débris de la gauche atlantiste, comme ils ont choisi Macron parce qu’il est stupide et ne se pose pas de question dans l’application des consignes. 

Quand deux petits médiocres agents des Etats-Unis se rencontrent 

Giorgia Meloni a été formée à l’Aspen Institute qui donnera aussi des ministres « américains » au gouvernement de Kiev après le coup d’État du Maïdan. Pour se faire elire elle a usé d’une rhétorique souverainiste, puis une fois au pouvoir, elle s’est alignée sur les intérêts de Washington. Le fait qu’en Ukraine ce soient les Américains qui forment le gouvernement en dit long sur les origines de la guerre en Ukraine. Ainsi Natalie Jaresko, formée elle aussi à l’Aspen Institute, citoyenne américaine, obtiendra la nationalité ukrainienne, juste le jour de sa nomination comme ministre de l’économie[5]. La première loi qu’elle promulgua fut celle qui permettait aux multinationales américaines – Black Rock notamment – d’acheter des terres agricoles ukrainiennes. Les Américains en récupérèrent ainsi à peu près un tiers. Les choses ont été encore plus loin, elle avait pour ambition de devenir premier ministre de l’Ukraine, mais le parlement ukrainien n’en a pas voulu. Sa mission terminée, elle deviendra un membre dirigeant de l’Aspen Institute, devenant la présidente de l’Aspen Institute de Kiev. Meloni est appelée en Italie Meloni l’Americana, ce qui veut dire beaucoup. Les Italiens s’étonnent qu’elle n’ait pas tenu ses promesses électorales, que ce soit en ce qui concerne l’Europe – sujet sur lequel elle s’est faite cornaquée par le banquier de Goldmann & Sachs Mario Draghi – ou sur les migrations. Complètement soumise à Washington, elle satisfait les Etats-Unis sur tous les segments de la stratégie de l’Empire. Russophobe dans un pays qui ne l’est pas, elle soutient la guerre en Ukraine, elle est pour l’euro et pour l’Europe, met la pédale douce sur la question des migrations[6]. La déception des Italiens après quelques mois de la potion Meloni est perceptible. Son modèle est celui de Macron, raconter n’importe quoi pour se faire élire, puis faire la politique européenne décidée en fait à Washington. Comme l’a montré le livre de Frédéric Charpier, La CIA en France, trente ans d’ingérences dans les affaires françaises, Le Seuil, 2008, la domination de l’Empire américain passe aussi bien par l’appareil d’Etat que par le biais des fondations des milliardaires américains, comme si cette collusion dessinait les formes d’un contrôle qui prétend exercé une « gouvernance » mondiale par le biais du marché et des « experts » en tout genre. On remarque que tous ces agents américains parlent anglais, la langue du maître, ce qui facilite la transmission des consignes. 

Depuis qu’Emmanuel Macron a été élu malencontreusement en 2017, on s’est penché sur cette French-American Foundation. C’est elle qui finance la formation des Young leaders. Sponsorisée par les banques et les grosses multinationales comme Amazon, cette fondation ne manque pas de fonds ! Quel est son but ? Le but affiché est simple, faciliter le dialogue entre les deux pays. Mais ça c’est le conte de fée. En vérité il s’agit de former des hommes politiques qui exerceront le pouvoir et des journalistes qui expliqueront la politique des hommes politiques… nommés indirectement par les Etats-Unis. De nombreux journalistes du Monde ont été déformés de cette manière, les atlantistes féroces, Jean-Marie Colombani, Bernard Guetta et Sylvie Kauffmann, déjà nommée plus haut, par exemple, ou encore Annick Cojean qui obtint le prix Albert Londres, et qui en devint la présidente pour donner ensuite ce même prix à Benoît Vitkine, un autre journaliste du Monde en 2018 ! Le monde est petit et tout se passe en famille, c’est bon pour la confiance ! Citons dans cette pépinière atlantiste Erik Izraelewicz qui deviendra directeur de la rédaction, arrivant dans les bagages du milliardaire Xavier Niel et du banquier Mathieu Pigasse, lui aussi formé par les Young leaders. Mais les Young Leaders ne misent pas que sur Le Monde, leur éclectisme leur permet d’être aussi présents à Libération avec Laurent Joffrin dont l’immense bêtise n’a d’égale que son entregent, et encore au Nouvel Obs avec Mathieu Croissandeau. Pour autant, les gens sont devenus méfiants et avoir été formé par les Young leaders est une marque d’infamie dont il n’est pas très facile de se débarrasser ! Un Young leader est forcément un traitre en puissance, un vendu ou un collaborateur. En vérité pour gêner ces gens, il suffirait de rappeler chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, ou qu’ils prennent la plume, qu’ils sont des Young leaders, pour que leur parole soit complètement dévalorisée. Ils sont tous de la même famille ! Imaginez qu’on élise Edouard Philippe à la présidence de la République, ce serait le troisième président de rang, après Macron et Hollande qui représente la secte des Young leaders. Tous les trois sont des atlantistes confirmés, attachés à prévenir les desiderata des Etats-Unis, la vassalisation, déjà bien entamée, serait totale. Nous serons la cinquante-deuxième étoile sur le drapeau américain, après l’Ukraine ! Edouard Philippe est en outre le lobbyiste du nucléaire. 

 

En France, le plus impressionnant c’est le nombre d’hommes et de femmes politiques qui ont été cornaqués par les Young leaders. Il faut remarquer qu’ils ont tous un profil médiocre, peu intelligent, mais âpres au gain, et sans doute cela garantit-il leur docilité. On compte déjà deux présidents, les deux derniers, François Hollande et Emmanuel Macron, les deux plus bêtes sans doute de la Cinquième république. Mais aussi les premiers ministres Alain Juppé et Edouard Philippe qui est programmé pour remplacer Macron en 2027. D’autres ministres comme Marisol Touraine, fille de l’atlantiste Alain Touraine, tenant encore de la seconde gauche, beaucoup de membres du Parti Socialiste, comme Arnaud Montebourg, Najat Vallaud-Belkacem, Pierre Moscovici. Les Young leaders aiment bien la seconde gauche ou les résidus de l’UMP puis des Républicains. Au défilé de ces noms, on comprend que la politique atlantiste de la France n’est pas près de cesser et que plus généralement les politiciens ne se risquent guère à traiter de la question de l’appartenance de la France à l’Union européenne ou à la zone euro, ni même à remettre en question les folles dépenses pour financer la guerre des Etats-Unis contre la Russie. Le système politico-médiatique européen dans son entier nous apparait ainsi totalement verrouillé et directement sous la domination de Washington. Jamais les Américains n’ont eu les mains aussi libres pour faire avancer leurs pions dans le processus de vassalisation des pays européens qu’aujourd’hui. Qu’on ne s’étonne pas si ces mêmes pays européens suivent aveuglément les errements américains en Ukraine au risque de disloquer l’Europe et de la rabaisser sur à peu près tous les plans, économiquement, politiquement et militairement, comme cela a été leur projet avéré en coupant l’Europe de la Russie pour mieux la dominer. Ce plan n’est même pas caché, en 2015, soit sept ans avant l’entrée de la Russie en Ukraine, Georges Friedman, un néocon américain de premier plan, l’énonçait dans une conférence donnée à Chicago le 4 février exactement comme une manière d’entraîner la Russie dans la guerre, avec pour but de la détruire par ukrainiens interposés[7]. Cette soumission de l’élite politico-médiatique est totalement assumée, mais elle explique aussi qu’au fil des alternances depuis quarante années en France, rien n’ait changé fondamentalement sur le plan de la politique extérieure de la France comme sur celui de la politique intérieure. Cette stratégie semble avoir cependant atteint ses limites avec le caricatural Macron. 

Fiona Scott Morton disant du mal de la France 

On le sait la plupart des commissaires européens sont des atlantistes, des domestiques des Etats-Unis qui font des allers-retours nombreux entre le secteur privé et le secteur public. Que ce soit von der Leyen, descendante d’un marchand d’esclaves aux Etats-Unis, et dont les liens avec Pfizer sont avérés, ou Josep Borrell. Très souvent on retrouve les anciens commissaires européens après leur mandat dans des multinationales auxquelles ils ont rendu de gros services. Le comble de l’arrogance américaine a été atteint je crois avec la nomination de Fiona Scott Morton. Celle-ci devait être nommée au poste d’économiste en chef à la concurrence, évidemment pas pour s’y amuser. Mais il y avait deux problèmes, le premier c’est qu’elle était de nationalité américaine, un peu comme Nathalie Jaresko, le second était que jusqu’ici elle avait brillé essentiellement comme lobbyiste des GAFAM, or si on lui avait donné ce poste, elle aurait eu justement à traiter de la façon dont ces GAFAM truande le fisc. Ça a fait tout un pataquès, mais au final, dit-on sous la pression des Français, on y a renoncé. La Fiona Scott Morton est amère et se répand partout pour dire du mal des Européens qui n’ont pas compris quelle chance ils avaient de recruter une personne de sa compétence[8]. Dans un premier temps Ursula von der Leyen, chien de garde des intérêts étatsuniens, refusa d’écarter cet agent des Etats-Unis de la Commission européenne, mais il semble que la bronca du Parlement européen et Macron l’ait finalement convaincue, non pas que Macron soit devenu anti-américain et souverainiste, il a non seulement une mentalité de traître, mais il n’est pas assez intelligent pour ça, mais plutôt qu’il a dû se dire que la domination des Américains sur la Commission européenne devenait un peu trop voyante, déjà qu’elle est considérée par le peuple comme totalement corrompue et que les électeurs rechignent à aller voter pour ce « machin », or les élections européennes qui s’annoncent désastreuses pour Macron auront lieu dans  moins d’un an maintenant. 

 

Il n’y a pas qu’en France que les agents Américains circonviennent la politique. En Grèce où la gauche est dans les choux, on cherche un successeur au traitre Tsípras pour prendre la tête de Syriza, il faut prévoir que tôt ou tard la droite du type Kyriakos Mitsotakis sera rejetée, vu ses misérables résultats dans presque tous les domaines. On l’a apparemment trouvé avec Stefanos Kasselakis, 35 ans. Syriza s’était donné des airs de « radicalité » en 2015, elle avait le vent en poupe, puis Tsipras, effrayé par ses résultats électoraux l’a ouvertement trahie. Les dernières élections ont montré qu’il était totalement démonétisé dans le jeu électoral. Il faut pourtant faire semblant qu’il puisse y avoir une alternance, ne serait-ce que pour empêcher le peuple de se lancer dans la révolution. Ce nouveau venu a été élevé directement aux Etats-Unis, c’est même une caricature : il a reçu une bourse complète de la Phillips Academy High School à Andover, Massachusetts, États-Unis, et d’autres encore, ce qui n’est pas innocent. Impliqué dans la campagne de Joe Biden le va-t-en-guerre, il a travaillé aussi pour Goldmann & Sachs, banque qui connait très bien la Grèce pour l’avoir pillée. On vend ce Kasselakis, un peu comme on a vendu Macron, les vieilles recettes sont celles qui marchent le mieux. Il est jeune, présente bien, il est moderne à la manière des traders. Ce que vend ce garçon, c’est le récit suivant : si la gauche veut revenir au pouvoir, il faut qu’elle soit de droite, comme Tony Blair si vous voulez. Le seul marqueur de gauche qu’on pourrait voir en Kasselakis, c’est qu’il défend les droits des minorités sexuelles, lui-même étant homosexuel et marié en tant que tel. Si cet individu qui vient de prendre la tête des débris de Syriza, n’a pas beaucoup de chance d’arriver au pouvoir, il aura au moins l’avantage de liquider ce parti, comme Hollande l’a fait avec le PS. L’intérêt de cette petite histoire, outre qu’elle montre combien la gauche d’aujourd’hui est décomposé, c’est qu’elle met à jour le rôle des agents des Etats-Unis dans le maintien d’une fiction destinée à capter l’attention du peuple sur une fausse opposition.           

 

Les agents des Etats-Unis peuvent apparaître sur les plateaux de télévision comme des experts, ce qui leur permet de masquer le fait qu’ils sont en mission.  Xavier Tytelman est le désinformateur en chef de LCI sur la question ukrainienne, mais il se déplace aussi sur BFMTV. Il est surtout connu pour traficoter les faits pour tenter de faire croire à la fable otanienne selon laquelle la guerre de la Russie en Ukraine est « une guerre d’agression ». Le langage qu’il utilise, le classe clairement comme un agent américain. Ce qui veut dire que ses analyses ne s’appuient pas sur des faits objectifs, mais sur la nécessité de présenter la Guerre de l’OTAN en Ukraine comme une nécessité pour défendre la démocratie. Après avoir vanté les avancées de la contre-offensive ukrainienne, la dernière de ses frasques connues est de présenter le sabotage des gazoducs Nord Stream, plus d’un an après, comme étant un méchant coup des Russes ! Comme je ne pense pas qu’il soit complètement idiot, cela veut dire qu’il prend ses auditeurs pour des imbéciles. Il prend le contrepied de Seymour Hersh[9]. Il fait semblant d’examiner le rôle des différents acteurs, puis conclue bêtement par « c’est les Russes »[10] ! Sa thèse ne tient pas debout pour trois raisons : 1. Les Américains ont menacé de longue date d’empêcher la mise en œuvre de ces gazoducs, leur but étant de couper l’Allemagne de la Russie ; 2. Le sabotage s’est passé dans la zone la plus surveillée du monde, et sous le contrôle de l’OTAN ; 3. l’opération ne peut être que le fait de commandos spécialement entraînés, possédant une technique très onéreuse et très sophistiquée. Quel est donc le but de ce médiocre ? Dédouaner les Etats-Unis de ce qui est un acte de guerre contre ses alliés européens ! Il tire argument de son passé militaire pour jouer les experts de plateaux. Mais quand on gratte un peu on s’aperçoit qu’il est aussi rémunéré par la CGI, une entreprise plus ou moins canadienne dans laquelle des fonds américains, Black Rock et The Vanguard Group possèdent des intérêts importants. L’acronyme est dérivé de Conseillers en Gestion et Informatique. Et je rappelle que ces deux entreprises qui gèrent des milliers de milliards de dollars, ont des intérêts importants en Ukraine. On remarque que la thèse moisie de Tytelman sur le sabotage des gazoducs est reprise telle quelle par Marion Van Renterghem qui vient de commettre un livre sur sujet[11], thèse qu’elle noie dans un luxe de détails inutiles sur les luttes intestines des oligarques du gaz. Au passage dans ce livre, elle se montre partisane d’une rupture totale avec la Russie, accusant de complaisance avec Moscou, tous ceux qui pensent différemment de Washington. Notez que cette Marion Van Renterghem anciennement journaliste au Monde, écrit pour The Gardian ou encore pour le journal europhile The New European, journal qui compte le ban et l’arrière-ban de l’atlantisme, dont des canailles comme Tony Blair, Daniel Cohn-Bendit. Cette ineffable bourrique a même commis un ouvrage d’entretiens avec la très creuse Valérie Pécresse mais qui a comme qualité première d’avoir été formée par les Young leaders ! 

C’est une campagne bien orchestrée, relayée évidemment par Le monde qui en remet une couche pour faire croire qu’on ne sait pas qui a fait sauter les gazoducs. La fable selon laquelle il y aurait plusieurs pistes, des Russes, des « dissidents amateurs ukrainiens, des Américains, des Britanniques, ou encore d’autres, est ravivée par des pseudos révélations du Gardian, journal atlantiste s’il en est[12]. Le but est de semer le doute sur l’enquête de Seymour Hersh, et donc indirectement dédouaner les Etats-Unis qui n’ont pas une bonne réputation, de cet acte malveillant envers des intérêts économiques européens. Cet exemple suffit à montrer pourquoi les Etats-Unis tiennent tant à former des personnes qui ensuite investiront les médias pour porter leur propagande. L’exemple du Monde est très révélateur de cette politique. En tenant Le monde, principal agent de l’atlantisme en France, ils exercent une pression non seulement sur l’opinion publique qui se forme à travers les médias qui cadrent leur analyse sur celle de ce journal, mais aussi sur les politiciens de droite et de gauche qui n’osent pas dévier de la doxa dominante. 

 

Pour comprendre pourquoi ma diatribe n’a rien de complotiste, terminons sur cette idée importante, les agents étrangers des Etats-Unis ne sont pas forcément rémunérés en liquide. Ils peuvent l’être par l’intégration à des réseaux d’influence qui leur donne le sentiment d’exister, d’appartenir à une sorte de famille – au sens mafieux du terme. Une famille qui les protège des aléas de la vie. Sylvie Kaufmann fait partie de cette franc-maçonnerie atlantiste de laquelle elle fait mine d’épouser les principes par simple opportunisme. Elle a certainement un bon salaire au Monde, mais elle a aussi des conférences qui lui permettent d’instiller sa propagande tout en étant payée. Et puis elle a aussi, du fait de son statut, accès aux grands éditeurs parisiens. On peut évidemment m’accuser de « complotiste », de sbire de Poutine, et de ne voir de la traitrise que là où il n’y a que des convictions. Mais je n’appartiens à aucun parti, russe ou français et encore moins américain, je ne suis membre d’aucun cercle, cénacle ou franc-maçonnerie, essentiellement parce que je veux rester un homme libre qui ne doit rien à personne. Si j’écris des bêtises, elles sont miennes uniquement et certainement pas rémunérées !



[1] Cette boutique a décidé de se retirer d’Europe, et le désarroi de ceux qui la servent est assez réjouissant dans la mesure où elle montre sa puissance de nuisance et ce que sont ses affidés.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/12/la-decision-de-l-open-society-foundations-de-quitter-l-europe-met-en-peril-des-organisations-de-la-societe-civile-europeenne_6189025_3232.html#:~:text=Publi%C3%A9%20le%2012%20septembre%202023%20%C3%A0%2013h00%20Lecture%203%20min.&text=Le%20visage%20de%20l,de%20ses%20activit%C3%A9s%20en%20Europe.

[2] https://www.fdesouche.com/2022/02/26/sylvie-kauffmann-si-la-russie-est-exclue-du-systeme-swift-cest-tres-dur-pour-la-russie-mais-ce-sera-dur-pour-nous-aussi-il-y-aura-une-hausse-des-prix-et-la-croissance-economique-va-forcement/

[3] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/27/entre-l-occident-en-recul-et-le-sud-qui-s-affirme-l-heure-du-reequilibrage-est-venue-ca-va-vite-et-c-est-brutal_6191154_3232.html

[4] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2022/06/zakhar-prilepine-ceux-du-donbass.html

[5] https://www.lexpress.fr/monde/ukraine-une-americaine-ministre-des-finances-un-lituanien-a-l-economie_1628337.html

[6] Encore que sur ce thème la réalité la rattrape avec la crise de Lampedusa et l’envahissement de la petite île. https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/l-ile-de-lampedusa-epicentre-de-la-crise-de-la-gestion-des-flux-migratoires-par-les-etats-europeens_6189471_3210.html

[7] https://www.youtube.com/watch?v=QeLu_yyz3tc

[8] https://www.lefigaro.fr/conjoncture/evincee-de-la-commission-europeenne-l-economiste-fiona-scott-morton-s-en-prend-a-la-france-20230830

[9] https://seymourhersh.substack.com/p/how-america-took-out-the-nord-stream

[10] https://www.youtube.com/watch?v=iuSnUTlfI6Q

[11] Le piège Nord Stream, Les Arènes, 2023.

[12] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/28/nord-stream-un-an-apres-le-sabotage-des-gazoducs-en-mer-baltique-l-incertitude-demeure-sur-l-origine-des-explosions_6191473_3210.html

lundi 25 septembre 2023

Frédéric Charpier, La CIA en France, trente ans d’ingérences dans les affaires françaises, Le Seuil, 2008

  

Les méfaits, les crimes de la CIA sont plus ou moins bien connus, en France comme aux Etats-Unis. Ils sont de tous les mauvais coups, coups d’État et coups de main. Depuis qu’elle est née, l’Agence est omniprésente dans les crimes de guerre comme dans la corruption des élites, le financement de faux partis et de faux syndicats. Mais cela ce sont les méthodes des Américains. Derrière il y a des buts. Certes les agents de cette firme aiment le crime et la tricherie, c’est leur seconde nature, mais si on part du fait qu’elle poursuit des buts, aussi obscurs qu’inavoués, il faut la considérée comme un instrument au service de l’Empire. Charpier traite cette question sensible du point de vue français, non seulement parce qu’il est français, mais aussi parce que la France a été en Europe le principal problème des Etats-Unis. Notre pays avait deux défauts aux yeux de la CIA, d’abord d’avoir un parti communiste puissant, appuyé sur un syndicat puissant, la CGT. Deux freins pour la mise en place d’une mondialisation orchestrée par les Etats-Unis à leur profit, au nom de la lutte contre le communisme et pour la défense de la démocratie, deux cache-sexes pour vassaliser l’Europe et pour piller le reste du monde, comme aujourd’hui on prétend défendre la démocratie et le droit en Ukraine, mais qu’en réalité on cherche surtout à détruire la Russie – qui n’est plus communiste depuis trente ans – et à piller ses ressources. Le second défaut de la France fut la prétention du général de Gaulle à construire une politique souveraine, indépendamment des intérêts de Washington.  

Allen Dulles, pièce maitresse du gouvernement de l’ombre 

L’idée de la construction européenne est une idée ancienne des Etats-Unis qui justement sera reprise après la Seconde Guerre mondiale par la CIA. Le livre de Charpier, montre que tous les hommes politiques qui ont travaillé à la construction européenne étaient des agents de la CIA, que ce soit des Jean Monnet ou l’ancien collabo Robert Schumann, ou encore le semi-intellectuel Raymond Aron qui grenouilla beaucoup avec la CIA, notamment pour monter des colloques et des revues destinées à porter la bonne parole. Cette même CIA qui avait passé son temps à recycler les nazis de haut rang soit pour la mise en place d’un nouveau pouvoir en Europe, soit pour récupérer des savants qui lui permettront de développer une industrie d’armement importante, la première du monde. Ensuite on retrouvera les Etats-Unis en lutte avec la France, aussi bien en Indochine qu’au Maghreb, lorsqu’ils voudront évincer les Français dans leurs colonies. La CIA va bien sûr déployer ses efforts pour tenter de faire interdire le PCF, mais surtout pour soutenir les partis de gauche dissidents, à commencer par la SFIO. Ils joueront un rôle décisif dans la mise en place d’un syndicalisme français pro-patronat, FO, la CFTC, puis ensuite la CFDT. 

Irving Brown, syndicaliste et agent de la CIA, le grand financier de la gauche anticommuniste 

Derrière cette ligne politique il y a des hommes qu’on commence à bien connaître. D’abord Allen Dulles, un des fondateurs de la CIA. Il en restera le grand ponte, jusqu’en 1961, démis par John F. Kennedy à cause du fiasco de la Baie des Cochons. Il gardera une influence au cœur de l’Agence bien après sa démission, au point que David Talbot avancera que c’est lui qui a concocté l’assassinat de Kennedy. Son domaine c’est la paranoïa de la lutte contre communisme. Avec son  frère John Foster qui est secrétaire d’Etat d’Eisenhower, ils forment un duo de choc de la lutte anticommuniste. Ils mettent en place des structures en réseaux très compliquées, de façon à ce que la CIA ou le gouvernement n’apparaissent pas. Pour acheter des consciences et monter des syndicats, des partis et des revues, ils disposent de « fondations » qui distribuent les liquidités. Ces liquidités par exemples serviront le gouvernement français, avant le retour de de Gaulle au pouvoir, pour financer non seulement FO, mais aussi les hommes de mains, notamment à Marseille qu’il faudra embaucher pour tenter de casser les dockers sur le port. Irving  Brown va jouer un rôle décisif en ce sens, en se protégeant derrière son statut de syndicaliste, il financera aussi bien les trotskistes que le FLN. Tout est bon à financer, du moment que c’est anti-communiste et anti-gaulliste. Beaucoup d’intellectuels, y compris George Orwell, se laisseront prendre à ce piège, certains sont de bonne foi et pensent qu’ainsi ils luttent contre le stalinisme. Mais en réalité la lutte contre le stalinisme est un leurre. D’autres plus cyniques, comme le semi-intellectuel Raymond Aron, savent très bien qu’ils travaillent pour l’Empire. D’autres encore sont des demi-soldes de la culture en mal de revenus. A l’évidence la CIA a compris comment utiliser son argent pour faire avancer ses « idées ». Si l’argent n’est pas suffisant d’ailleurs l’Agence peut utiliser le chantage. 

 

L’intellectuel français de la CIA c’est Raymond Aron qui, après avoir été gaulliste, s’est rapidement retrouvé du côté de Washington à manger les subsides de la CIA pour financer une revue anticommuniste primaire, Preuves, qui était censée concurrencer la renommée des Temps modernes de Jean-Paul Sartre. Aron se dépensera beaucoup pour monter des colloques sur le thème de l’anticommunisme. Il tentera aussi de donner du corps à une critique de Marx qu’il avait manifestement lu de travers. Cette revue disparaitra faute de lecteurs et d’indifférence de l’université. Plus tard, mais là je ne sais pas avec quels fonds, Raymond Aron créera la revue Commentaire, à la fois conservatrice, atlantiste et européiste. Ces revues qui se créent sans lecteurs et sans véritables penseurs d’ailleurs et qui sont le cache-misère de la pensée libérale, sont propices aux détournements de fonds, Charpier en donne de nombreux exemples, comme pour les colloques. Dans ses Mémoires, Aron prétendra qu’il n’était pas au courant d’un financement de sa revue Preuves par la CIA[1]. Soit il ment, soit c’est un imbécile, parce qu’à Paris tout le monde le savait. Aron était également une des chevilles ouvrières du Congrès pour la Liberté de la Culture, une gabegie sans fonds qui ne rencontra que très peu de succès. La CIA a eu l’idée de coloniser les universités. Ils mirent le paquet sur l’Université de Chicago d’où sortit la matrice de ce qui est devenu aujourd’hui le noyau dur de l’économie politique, celle qui justifie, le libre-échange, la mondialisation, la théorie de l’offre, le recul de l’État-Providence. Mais à travers les fondations, notamment la fondation Ford, elle colonisa aussi les universités étrangères. Elle participa ainsi à la naissance de l’EHESS, Prenant langue avec des sommités comme Fernand Braudel ou Claude Lévi-Strauss. Cette idée de ramener dans ses filets des hommes d’influence deviendra au fil du temps des institutions pérennes qui formeront directement le personnel politique européen, de Macron à von der Leyen, de Meloni à Josep Borrell. Cela devint l’institut Aspen ou encore les fameux Young Leaders. En somme l’Empire en achetant des consciences qui n’étaient pas toujours conscientes de ce qu’elles faisaient, formait sa propre domesticité. Manquant de fonds, elle passa ensuite le relais à la Commission Européenne qui fit le même travail en finançant des chercheurs très dociles qui ont encore aujourd’hui la crainte de déplaire et de perdre ainsi une source de revenus importante. 

Jacques Foccart cible des Américains 

Mais cette volonté d’acheter des consciences n’est pas incompatible avec les coups tordus. Le livre de Charpier va aussi donner quelques éclaircissements sur la lutte sanglante que se sont livrés les services secrets américains et français en Indochine, ou encore sur le financement des mouvements indépendantistes au Maghreb. Mais si cette lutte a semblé tourné aux avantages des Etats-Unis, ce fut une victoire à la Pyrrhus. D’abord parce que de remplacer les Français en Indochine les a mené au fiasco de la Guerre du Vietnam, ensuite parce que s’ils comptaient mettre la main sur les ressources naturelles de l’Algérie, ils n’y sont pas parvenus. C’est d’ailleurs un des guides de la politique étrangère des Etats-Unis que de vouloir contrôler le pétrole, c’est pour cette raison qu’ils fomenteront le coup d’État contre Mossadegh. Spécialistes des fake-news, ils feront courir le bruit que l’entourage de de Gaulle est acquis à l’URSS, notamment Jacques Foccart qui en réalité gênait les projets américains en Afrique. Au passage on croisera des personnages connus mais aussi moins connus comme l’incroyable Louise Page Morris qui travailla semble-t-il pour le plaisir pour le compte de la CIA au Maghreb, issue d’une famille riche, elle refusa semble-t-il de toucher son chèque d’espionne ! Il y a de quoi faire un film, ou plutôt une série avec plusieurs saisons – autre chose que le faiblard Bureau des légendes – c’est ce que réalisa Robert De Niro qui développa cette saga de la CIA dans le film The Good Sheperd en 2006. Tout cela a des résonnances aujourd’hui avec ce qui se passe en Ukraine quand on voit comment les journalistes se vautrent dans la désinformation, ou l’assassinat des négociateurs ukrainiens en 2022 qui étaient parvenus à un accord avec les Russes, mais dont les Etats-Unis n’ont pas voulu, ou encore le sabotage des gazoducs Nord Stream. Évidemment en dévoilant les turpitudes de l’Agence, et l’importance qu’elles ont pour le gouvernement de l’Empire, on ne peut plus croire à la fable selon laquelle les Etats-Unis travaillent pour la paix dans le monde et pour la démocratie, ce sont des contes de fées auxquels seuls les imbéciles continueront de faire semblant de croire. 

Jay Lovestone, un ancien du parti communiste américain qui trahira les siens pour la CIA 

Toutes ces histoires révèlent bien qu’il existe une sorte de gouvernement de l’ombre dont les contours et les objectifs restent tout de même assez flous. Les hommes qui l’alimentent ne semblent guère savoir ce qu’ils font, c’est un mélange de caractériels et d’opportunistes auquel il manque une culture historique sur ce qui fait qu’une société évolue. Dès lors la CIA et ses organisations satellites apparaissent seulement comme des instruments de puissances occultes comme le groupe Bilderberg par exemple. Si les services secrets américains organisent à travers le monde des mauvais coups à répétition, contournant les lois les plus élémentaires, leurs buts changent en fonction des commanditaires. En effet, comment croire que dans la haine de la Russie il y a encore aujourd’hui une volonté de lutter contre le communisme ? Quoiqu’on pense de la Russie, son système économique, politique et social n’a plus rien à voir avec le soviétisme, mais pourtant les services secrets américains font comme si, comme aujourd’hui on fait semblant de croire que Poutine après avoir avalé l’Ukraine, avalera la Pologne puis l’Allemagne et arrivera aux portes de Paris. Mais sans doute le plus intéressant est dans le fait que les gouvernements français qui se sont succédés ont très certainement mal défendu la souveraineté de la nation, laissant la CIA faire de la France un terrain de jeu et un laboratoire pour tester l’efficacité de ses méthodes. 

Références 

Philip Agee, Inside the Company : CIA Diary, ‎ Farrar Straus & Giroux, 1975

Robert Baer, See No Evil : The True Story of a Ground Soldier in the CIA's War on Terrorism, Crown Publishing Group, 2002

Yvonnick Denoël, Le livre noir de la CIA, Nouveau Monde, 2021

Frances Stonor Saunders, Qui paye la danse ? Denoël, 2003

David Talbot, The Devil’s Chessboard, Allen Dulles, the CIA and the Rise of American Secret Government, William Collins, 2016

Gordon Thomas, Les armes secrètes de la CIA : Tortures, manipulations et armes chimiques, Nouveau Monde, 2006

lundi 18 septembre 2023

La crise sur l’île de Lampedusa et ses conséquences, économiques, sociales et politiques

 

 

Le 14 septembre 2023 sur l’île de Lampedusa 

Discuter de ce sujet est très difficile et tabou, et on ne se fait pas que des amis. En effet tous ceux qui ne sont pas favorables à une immigration de masse sont considérés comme des fascistes et des racistes, sans cœur donc on ne leur parle pas, et on fait comme si c’était un non sujet, c’est vrai de la gauche qui croit défendre les pauvres en défendant les migrants, mais c’est aussi vrai à droite, chez Macron et même chez les Républicains. La doxa libérale, de Macron à Mélenchon, c’est que l’immigration est une chance pour la France et une opportunité pour la croissance économique, que cela permet de contourner le déficit des naissances et donc de payer sur le long terme les retraites. La différence entre la gauche et la droite porte seulement sur l’accueil, la gauche pense que l’État doit prendre en charge les migrants, les former, les loger, avant que de les faire travailler, supposant que le marché du travail est parfaitement élastique, et la droite pense que le marché y pourvoira. Au début les migrants seront peu payés, seront orientés vers travaux difficiles dans l’agriculture intensive, ou le ramassage des ordures, et ensuite, ils s’élèveront. Sauf évidemment que les Français, comme d’ailleurs les Européens en général sont hostiles à une arrivée continue de migrants, dans des proportions qui varient entre 65 et 80% selon les sondages. Plus que du racisme, cette hostilité reflète une crainte et une saturation qui ne réjouit que les imbéciles du type Benoît Hamon qui, avant de disparaitre heureusement du paysage politique, faisait campagne pour le parti socialiste sur le thème du métissage lors de la campagne présidentielle de 2017, et qui récoltera un peu plus de 6% au premier tour.  Seulement les 13, 14 et 15 septembre, c’est 11 000 personnes, selon Le monde, qui ont débarqué sur l’île de Lampedusa[1]. C’est plus du grand remplacement, c’est une invasion. Les problèmes de Lampedusa ne sont pas nouveaux, mais c’est la première fois que cette petite île fait face à un tel nombre de migrants, d’un seul coup. 

 

Cette petite île de 20 kilomètres carrés est bien connue comme étant la première porte d’entrée sur l’Europe, c’est le point le plus près de la Tunisie utilisé par la mafia sicilienne et par les ONG pour faire leur business. Officiellement elle comprend un peu plus de 6 000 habitants, et le camp pour les réfugiés c’est 400 places. En trois jours, selon Le monde qui a beaucoup varié sur ces chiffres, ce serait 11 000 migrants qui auraient débarqué ! Ça ce sont les données brutes du problème. La première question qui vient à l’esprit est que le nombre de bateaux arrivés sur l’île étant estimé à 200, selon l’OIM[2], il est impossible que le gouvernement italien et Frontex n’aient pas su que cette déferlante arrivait, dans un état d’impréparation incroyable, au point de se demander s’il y a encore un gouvernement à Rome et une commissaire européenne qui s’occupe de ce sujet. Cette question est d’autant plus insupportable que Meloni l’Americana s’était fait élire sur sa volonté de contrôler et de limiter les flux migratoires venus d’Afrique. Elle avait même émis l’idée d’un blocus naval pour endiguer les bateaux de migrants, mais elle y avait renoncé invoquant son coût trop élevé. Les arrivées irrégulières de migrants ont été évaluées dans un premier temps à 114 300 entre janvier et aout 2023. Et la première conséquence de cet afflux sera sans doute de signer la fin de son gouvernement, à la fois pour ses mensonges et pour son incompétence. La seule chose que l’ubuesque Meloni a trouvé à dire pour sa défense, c’est :« La pression migratoire que l'Italie est en train de subir depuis le début de l'année est insoutenable. Elle est fille d'une conjoncture internationale difficile »[3]. Elle n’est pas acoquinée avec Zemmour pour rien. En croyant ainsi repasser le Mistigri à l’Union européenne, elle ne fait que démontrer sa propre inutilité, son incapacité, ou son peu d’envie à affronter la Commission européenne. Cependant, au-delà du cas de la Meloni qui n’a guère d’intérêt, sauf celui de décrire la fourberie de cette femme, il faut se poser la question d’abord de savoir pourquoi l’Union européenne n’a rien vu venir, et conséquemment pourquoi elle n’a rien fait. On a dit que cette masse de migrants est arrivée à bord près de 200 bateaux, ce qui ne passe certainement pas inaperçu. La question est double : ne peut-on pas prévoir cette arrivée, à moins de jouer comme Macron les faux naïfs – qui aurait pu prévoir ? – qui finance ces embarcations ? Ces derniers temps Frontex avait été mis à l’amende par la Commission pour avoir laissé les Grecs renvoyer leur surplus de migrants, sous couvert d’une critique de la gestion de son budget, mais en vérité il s’agissait d’une punition parce que cet organisme n’avait pas suivi les consignes de l’Europe en ce qui concerne une politique de laisser-faire, laisser-passer, ce qui correspond à la doxa libérale[4]. Il est possible que cet organisme qui est le bouc émissaire ait voulu ainsi montrer qu’en réalité ils peuvent jouer un rôle décisif si on le laisse travailler, et donc qu’on ne peut pas se passer d’eux. 

Les migrants débarquent à Lampedusa le 15 septembre 2023 

La situation chaotique de Lampedusa est semblable à celle des îles grecques de Lesbos, Samos, Chios et Kos, qui servent à retenir les migrants qui arrivent par la Turquie, et que de temps à autre Erdogan relâche pour faire chanter la Commission européenne et obtenir quelques milliards supplémentaires[5]. Là c’est probablement le président tunisien, l’ombrageux Kaïs Saïed, qui a voulu se rappeler à l’attention de la Commission. C’est évidemment un chantage. Comme la Lybie il retient sur son sol des Africains contre rémunération de la part de la Commission européenne. On sait que dans les pays du Maghreb la coupe est pleine et que les Maghrébins ne veulent plus de ces migrants qui viennent de l’Afrique noire et qui leur posent des problèmes[6]. Ils les chassent, les traquent, les maltraitent, mais à gauche personne en France ne s’inquiète de dire que les Algériens, les Marocains, les Tunisiens ou les Libyens sont racistes et fascistes, car les racistes, comme vous le dira Houria Bouteldja, ne peuvent être que des blancs. Les Américains et le journal Le monde sont sur la même longueur d’onde quand il s’agit de condamner Frontex qui tente, avec très peu de moyens, de limiter les flux migratoires, c’est-à-dire de faire respecter la loi[7]. Autrement dit les mondialistes poussent, sans le dire, dans le sens d’une ouverture totale des frontières, sans même vouloir comprendre que l’Union européenne dont les finances publiques sont exsangues, ne peut plus assurer ce genre de fantaisie. Ou alors si elle le peut, ce sera au détriment des autochtones, et avec les séquelles qu’on connaît en matière de violences, de délinquance et d’intolérance religieuse. L’Union européenne, telle qu’elle a été voulue par les Etats-Unis, s’appuie sur une doctrine d’ouverture sans réserve… sauf pour les Russes comme on l’a dit ! Mais confrontée à la réalité, il lui faut s’adapter et tenter de limiter les dégâts. Il y a bien un double langage qui est en vérité le reflet de l’échec du modèle libéral et le reflet d’une incapacité à affronter le problème.

Migrants enfermés comme des bêtes à Tripoli 

Les politiciens qui suivent la doxa libérale de l’ouverture sans frein – sauf pour les Russes – gouvernent, que ce soit au niveau de la Commission européenne ou au niveau de la France, contre la volonté populaire. Ils imposent une immigration dont le peuple ne veut pas pour des raisons à la fois culturelles, sociales et économiques. Cette question serait d’ailleurs vite réglée « démocratiquement » par un référendum qu’on se garde bien de faire parce que l’issue serait défavorable aux mondialistes. Macron qui ne fait rien, qui n’a pas d’idée sur ce qu’il faudrait faire, rappelle « le devoir de solidarité européenne », ce qui veut dire clairement qu’il va faire le choix contre les Français de prendre une partie de ce flux migratoire en France[8]. On verra quels pays le feront, mais je pense qu’il y aura des défections. L’argument économique d’une chance pour la France ne marchant plus, il en vient au devoir de solidarité. Étant donné la popularité de Macron[9], il est probable que cela dissuade au contraire les Français de soutenir cette politique d’autant que pour eux, la prolifération des migrants dans les villes de France est associée au déclin du pays et à la montée de la délinquance. Cet épisode fortement médiatisé qui a été monté par les ONG pour forcer la main aux Européens, est un formidable tremplin pour ce qu’on appelle l’extrême droite en Europe, du Rassemble National en France à l’AfD en Allemagne, sauf en Italie où manifestement, sur ce dossier, Meloni a failli – en vérité elle est tout autant inconsistante sur le reste, étant incapable de s’écarter de ce que lui dit de faire la Commission européenne, que ce soit sur la Guerre en Ukraine ou sur l’euro. Mais c’est aussi une critique directe de la Commission européenne, avec le même jour, le 13 septembre, Ylva Johanson, commissaire chargée du dossier de l’immigration qui tricotait de la layette au Parlement européen pendant le discours de von der Leyen. Manifestement elle n’était pas au courant de ce qui se passait à Lampedusa. 

Au Parlement européen, la commissaire à l’immigration fait du tricot, le 13 septembre 2023 pendant le discours de von der Leyen 

Les associations d’aide aux migrants qui sont à l’origine du désastre de Lampedusa sont dans le collimateur. Ces associations ont de l’argent et l’investissent pour faire traverser les migrants. Elles sont évidemment complices des trafiquants de chair humaine sur les deux rives de la Méditerréanée, notamment la mafia sicilienne et les passeurs libyens ou tunisiens qui s’enrichissent sur la misère des migrants. Pour Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d’Asile, semi-idiote qui gagne sa vie en tant que passeuse d’hommes, « C’est la désorganisation et le non accueil qui nourrit le rejet »[10]. Elle suppose donc que les capacités d’accueil de la France et de l’Europe sont infiniment élastiques, aussi bien sur le plan financier que sur le plan culturel – tout ça fera de bons petits Français – et donc que ce n’est pas un problème que d’accueillir toujours plus de migrants. Pour ces gens, il n’y a aucune limite aux capacités d’absorption, un million, c’est pareil que dix ou cent millions. Delphine Rouilleault minimisera le désastre de Lampedusa en avançant stupidement que ces derniers temps, il y a peu de bateaux de migrants illégaux qui avaient accosté et donc que cette invasion est juste « un simple rattrapage ». Mais la bêtise de la directrice de France Terre d’Asile, est en vérité une bêtise intéressée. L'association France terre d'asile a un budget de 68,249 millions d'euros qui provient presque entièrement des subventions publiques (dont 70 % du ministère de l'Intérieur). Cette association emploie, en sus des bénévoles, plus de 900 salariés, c’est une grosse PME. France Terre d'Asile précise qu'elle ne reçoit pas de subventions, mais « des dotations en contrepartie de prestations réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de politiques publiques ». Cet euphémisme prouve évidemment que l’État puissance publique délègue une partie de sa politique – en l’occurrence qui peut entrer sur le territoire en contournant la loi. Donc que si l’État traite de l’immigration légale, il délègue le soin de traiter l’immigration illégale à une structure privée qu’il alimente avec de l’argent public. Le développement des ONG est bien entendu la conséquence du rabaissement continu de l’État dans ses prérogatives régaliennes. Le ministère de l'Intérieur a recensé en France près de 1 500 associations qui viennent en aide aux migrants dès leur arrivée jusqu'à leur parcours administratif. Ces associations sont dans une concurrence féroce pour ramasser des subventions. Mais un paradoxe existe puisque ces associations, pour certaines, sont critiquées par le gouvernement, alors que c'est l'État qui les mandate pour intervenir. Nous restons encore dans le double langage. 

Le 14 septembre 2023 à Lampedusa 

France Terre d’asile n’est pas la seule association à vivre d’argent public et du trafic d’êtres humains, le fait qu’elle ait plus de 900 salariés relativise son bénévolat. SOS Méditerranée, sulfureuse ONG est également alimentée par des subventions publiques. Elle avait été mise en cause par Frontex qui soutenait qu’elle suscitait des migrants parce que c’est de cela qu’elle vit ! Plus elle secourt de migrants, et plus son budget va augmenter. C’est la loi de l’offre et de la demande. Ceux qui trafiquent dans l’humanitaire, on le sait au moins depuis Kouchner, obtiennent à la fois un salaire et un statut, faisant semblant d’être dévoués, ils évitent ainsi de travailler, et peuvent se positionner dans le jeu politique, auréolés de leur pseudo-désintéressement puisqu’ils ont travaillé dans l’humanitaire. Si aujourd’hui ce statut est un peu moins valorisé, cette posture a facilité grandement le recrutement des personnels dédiés. Le spectaculaire du travail des ONG est seulement la preuve de leur compromission avec le monde de la marchandise et rien d’autre. Ces associations bénéficient aussi de dons privés, et évidemment ce ne sont pas les pauvres qui peuvent abonder les finances des ONG qui traficotent du migrant – le migrant c’est la matière première. Le rôle de Georges Soros dans le financement de ces ONG, par le biais de son réseau de l’Open Society Foundation, est critiqué depuis très longtemps[11] et ses boutiques sont bannies de la Hongrie. Soros aurait dépensé une cinquantaine de milliards de dollars pour encourager les migrations dans le sens Sud-Nord. Personne ne peut croire que ses motivations soient philanthropiques. Mais c’est sa contribution à l’avènement d’un ordre social contrôlé au niveau mondial par une poignée de milliardaires. Tout cela n’est pas contradictoire avec le fait que c’est bien la misère qui pousse ces Africains à partir. Remarquons deux choses : d’abord que si l’Afrique est riche, le départ de ses habitants en masse prouve que ces pays sont mal gérés ou corrompus ce qui revient au même. Les coups d’État récents qui ont eu lieu en Afrique on aussi pour origine que ces pays ne sont pas maître de leur destin, mais sous la domination du capitalisme étrangers. La deuxième remarque concerne la qualité de cette population. Ce sont des hommes jeunes, sans femmes, ni enfants. Ce qui semble vouloir dire que ces migrants n’ont pas l’intention de revenir un jour au pays. Se pose alors un autre problème : l’Europe qui est trois fois moins grande que l’Afrique doit accueillir le surplus de sa population, ce qui a terme posera un problème économique évident, l’Europe est vouée à plus ou moins brève échéance à la pénurie alimentaire, parce qu’on considère que l’Afrique possède encore beaucoup de richesses naturelles inexploitées, ce qui n’est pas le cas des vieux pays européens !

 

Si on regarde froidement les choses, au-delà de l’émotion, voilà ce que nous dit la réalité. Que ce soit de la part des migrants, comme des ONG ou même des États qui retiennent des migrants contre de l’argent, il s’agit d’un chantage : quelles que soient vos lois, on ne les respectera pas, et au nom des droits de l’homme, vous serez bien obligé, que cela vous plaise ou non, de nous accueillir, de nous nourrir et de nous loger. Le migrant est ainsi une marchandise qui rapporte. Elle rapporte d’abord aux passeurs, des deux côtés de la Méditerranée, Lampedusa est un segment du marché qui rapporte beaucoup d’argent à la mafia sicilienne, des membres de cette boutique avoueront que les migrants leur rapportent bien plus que le trafic de drogue[12]. Et ça rapporte aussi aux ONG, puis aux États qui sont censés les garder sans les mettre en prison. Et puis ça rapporte aux migrants, peut-être moins que ce qu’ils croient, mais ça leur rapporte tout de même, malgré les risques encourus. A tort ou à raison, le coût est perçu moindre que l’avantage potentiel. Mais globalement c’est payant. Si on se fie aux chiffres donnés par le journal Le monde, pour 123 000 migrants ayant réussi à traverser, 2000 ce seraient noyés, soit 1,6%. Ce pourcentage est très inférieur au risque de mourir pour les Ukrainiens qui font la guerre à la Russie pour le compte de l’Oncle Sam. Les noyés se sont juste des dégâts collatéraux perçus comme tels, en pourcentage de ceux qui arrivent à bon port, Ce n’est pas beaucoup. Bien sûr pour les familles qui perdent dans ce voyage des proches, c’est un drame, personne ne peut le nier. Pour les ONG plus le nombre de noyés est important, plus ils justifient leur « travail ». C’est bon pour la communication et permettra de dire qu’il leur faut encore plus de subventions afin d’acheter des bateaux plus fiables, des gilets de sauvetage et des téléphones portables avec les numéros à appeler lorsque les migrants débarquent. Ça lasse et ça effraye les populations des pays européens bien sûr, mais ça permet aux médias de continuer leur propagande immigrationniste en jouant sur l’indignation du mauvais accueil qui est fait à ces malheureux. La gauche qui n’a plus la possibilité de revenir au gouvernement avant longtemps – en France comme en Italie – s’est trouvé un nouveau rôle, jouer la mouche du coche pour forcer la droite à faire leur politique sur ce terrain. Mais cela ne dérange pas beaucoup la droite de gouvernement qui ainsi se donne une forme de respectabilité droit-de-l’hommiste. 

Migrant noyé au large de la Tunisie 

Le 17 septembre 2023 l’impayable Ursula von der Leyen s’est rendue, avec son sourire commercial, à Lampedusa, elle était accompagnée d’une autre agente des Américains, Meloni. Elles étaient là pour constater les dégâts de leur politique. La première parce qu’elle a toujours freiné Frontex, et la seconde parce qu’elle n’a pas osé la rupture avec la politique immigrationniste de l’UE. Rien n’a été remis en question, Ursula a avancé que l’accueil serait renforcé, qu’on allait dialoguer avec les pays émetteurs de flux, bref, on continuera comme avant. Ces deux femmes ont fait semblant de découvrir le problème et au lieu de s’attaquer à la cause, elles ont à peine effleuré les conséquences. Ylva Johansson les accompagnait, elle avait pour la circonstance abandonné son tricot. Le même jour Le monde révisait son chiffre à la hausse pour ce qui concerne le nombre de migrants qui sont passés à Lampedusa, le journal donnait un chiffre de 127 000 migrants entre janvier et aout 2023, soit plus du double de ce qu’avait connu la même période de 2022[13]. Ce chiffre à lui seul montre qu’elle a été l’inutilité et l’incompétence de Meloni. Les politiciens sont en mode quand l’âne est sorti, on ferme la porte. Des réunions, des sommets sont prévus sur cette question, à l’Europe et à l’ONU. Pourtant l’impuissance de ces deux institutions en la matière montre que la seule voie est celle d’un recours à la souveraineté nationale. La dilution de celle-ci dans des organismes multilatéraux est m’assurance que tout restera comme avant. La seule politique admise par eux est celle d’une régulation par le marché, mais celle-ci ne peut fonctionner qu’avec la destruction complète du tissu social et l’appauvrissement continu des salariés. 

Les deux agentes des Américains examinant les dégâts de leur politique

[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/09/16/crise-des-migrants-a-lampedusa-l-extreme-droite-met-la-pression-sur-emmanuel-macron_6189641_823448.html

[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/16/migrants-la-presidente-de-la-commission-europeenne-va-se-rendre-a-lampedusa-dimanche_6189693_3210.html

[3] https://www.bfmtv.com/international/europe/italie/en-direct-afflux-de-migrants-a-lampedusa-reunion-de-crise-en-cours-au-ministere-de-l-interieur_LN-202309150326.html

[4] https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/video-manque-d-efficacite-lacunes-dans-son-organisation-frontex-l-agence-europeenne-de-surveillance-des-frontieres-est-dans-la-tourmente_5132218.html

[5] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/06/comment-l-europe-sous-traite-a-l-afrique-le-controle-des-migrations-1-4-frontex-menace-la-dignite-humaine-et-l-identite-africaine_6188169_3212.html

[6] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/07/au-maghreb-la-double-peine-des-migrants-subsahariens_6180897_3210.html

[7] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/27/refoulements-en-mer-egee-les-recensements-errones-ou-mensongers-de-frontex_6123944_3210.html

[8] https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/15/lampedusa-gerald-darmanin-convoque-une-reunion-et-va-echanger-avec-ses-homologues-allemand-et-italien_6189530_3224.html

[9] Qui est officiellement au début du mois de septembre à 28%, mais qui est sans doute plutôt autour de 20%.

[10] https://www.bfmtv.com/international/europe/italie/migrants-a-lampedusa-c-est-la-desorganisation-et-le-non-accueil-qui-nourrit-le-rejet-pour-delphine-rouilleault-directrice-generale-de-france-terre-d-asile_VN-202309140851.html

[11] https://www.latribune.fr/economie/international/le-milliardaire-george-soros-investit-500-millions-de-dollars-en-faveur-des-migrants-600534.html

[12] https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/video-en-italie-les-migrants-rapportent-plus-que-le-trafic-de-drogue_2014766.html

[13] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/17/lampedusa-ursula-von-der-leyen-et-giorgia-meloni-en-visite-sur-l-ile_6189769_3210.html

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...