vendredi 25 février 2022

Réflexions sur la drôle de guerre en Ukraine

 

Les buts de guerre de Poutine sont relativement incertains. Et personne à l’heure actuelle n’est capable de les commenter sérieusement. Veut-il conquérir l’Ukraine ? Veut-il seulement détruire son potentiel militaire ? Ou veut il frapper fort pour mieux négocier quelques rectifications de frontières ? Pour ma part je privilégierai cette dernière option. C’est aussi l’opinion de Xavier Moreau qui certes est installé à Moscou, mais qui suit l’évolution de la question ukrainienne depuis des années[1]. Il considère que l’armée russe ne vise pas l’occupation et qu’elle n’en a pas les moyens politiques. Pour lui, si l’armée russe détruit en quelques jours le potentiel militaire de l’Ukraine, et qu’elle se retire en bon ordre, elle aura atteint son but. Je partage cet avis. Mais je peux me tromper bien entendu, je me suis déjà trompé sur les manœuvres de l’armée russe, n’ayant pas anticipé les attaques sur les cibles militaires à l’intérieur du pays[2], et il se pourrait bien que je me trompasse encore. Par ailleurs je ne voudrais pas qu’on me croit poutinien, mais je suis obligé de constater que la Russie possède un véritable plan, pensé et maîtrisé, ce qui n’est pas le cas ni de l’OTAN, ni des Américains et encore moins évidemment de l’Union européenne.

A travers le fatras des informations diffusées ces derniers jours qui mêlent allègrement information et propagande, trois points m’ont sauté aux yeux :

– d’abord la tactique poutinienne qui a endormi tout le monde, et alors qu’on l’attendait certainement dans le Donbass, il a fait pilonner principalement des objectifs militaires sur l’ensemble du territoire ukrainien, même si quelques immeubles civils ont pu souffrir ici et là. Les services de renseignement occidentaux ont été pris de court. La presse occidentale parle d’invasion, mais cela ne semble pas approprié. Une invasion ce serait d’entrer en Ukraine, de l’occuper avec des troupes au sol et d’y imposer un ordre nouveau. Pour l’instant cela ne semble pas être le cas. « Aller jusqu’à Kiev avec des chars, c’est possible, mais occuper tout le pays serait une autre affaire. L’armée russe risquerait de se confronter à une guérilla qui serait soutenue par les Occidentaux. L’OTAN, dont l’Ukraine ne fait pas partie, n’a pas la possibilité d’intervenir militairement sur place mais elle pourrait facilement soutenir une lutte armée », détaillait à Marianne le général Dominique Trinquand[3].  Du reste il n’y a pas eu beaucoup de morts dans les affrontements de ces dernières heures, 137 morts et environ 300 blessés selon un bilan peut-être incomplet du gouvernement ukrainien du côté ukrainien[4], certes c’est toujours trop, mais ce n'est pas la marque de combats acharnés au sol, d’une véritable résistance du peuple ukrainien aux avancées de l’armée russe, ce qui semble être à la fois la preuve que l’armée ukrainienne n’a pas été très performante et que l’armée russe ne vise pas, du moins pour l’instant, une invasion ;

– ensuite, il y a l’extrême faiblesse de l’armée ukrainienne qui est apparue comme une évidence mais qu’on n’a pas commentée. Or si les militaires ukrainiens ne veulent pas mourir pour leur pays, on se demande bien qui le fera à leur place. On la présentait il y a encore quelques jours comme bien préparée et bien équipée, grâce aux millions de dollars dépensés par les Américains qui semblent d’être faits escroquer dans cette histoire, une fois de plus. Les Russes sont rentrés en Ukraine sans résistance militaire dans les points qu’ils ont choisi, c’est rentré comme dans du beurre. Le gouvernement de Zelensky a appelé à la mobilisation générale dans l’indifférence de la population, et avec un grand retard. Alors que le gouvernement ukrainien et l’OTAN menacent depuis des années les Russes d’une réponse énergique, manifestement ils n’étaient pas préparés à contenir l’armée russe. Il y a quelques jours encore Paris Match publiait sur soin site un reportage dithyrambique sur l’entraînement des militaires ukrainiens qui se préparaient vigoureusement à défendre la zone de Tchernobyl[5]. Or ce point d’entrée sur le territoire s’est révélé être des plus fragiles et les militaires ukrainiens ont évacué cette partie stratégique de leur territoire pratiquement sans combattre ; 

Entrée d’une colonne Russe au nord de l’Ukraine

– enfin les réactions désordonnées des Occidentaux laissent pantois. Les Américains ont dit qu’ils n’iraient pas faire la guerre en Ukraine, qu’ils se contenteraient de sécuriser les autres pays européens, notamment l’Allemagne, mais, je peux me tromper bien sûr une nouvelle fois, je ne vois pas du tout Poutine aller conquérir l’Allemagne. Macron et Boris Johnson qui sont tous les deux dans une période électorale, ont tenté de dire qu’il fallait aller au-delà des sanctions économiques. Mais c’est tombé à plat. Le chancelier Olaf Scholz a bien précisé qu’il n’était pas question d’entrer en guerre contre la Russie. Ursula von der Leyen ne semble guère maitriser son sujet, arguant que les sanctions économiques contre la Russie seront terribles, mais elle ne dit rien des répercussions de celles-ci sur l’économie européenne et allemande[6]. Tout cela montre que non seulement les Occidentaux ne savent pas ce qu’ils doivent faire, et c’est pour cela qu’ils se disputent, mais qu’en outre ils n’avaient pas anticipé l’attaque russe sur l’Ukraine, ce qui confirme une fois de plus la décadence pour ne pas dire plus de la classe politique occidentale qui montre qu’à l’inverse de Poutine, elle ne sait pas du tout où elle va et ce qui la guide. Rapidement on s’éloigne des roulements d’épaule de Biden et de Stoltenberg qui promettaient le pire à la Russie si Poutine s’entêtait. Zelensky a regretté que les occidentaux le laissent seul face à l’armée russe[7]. Mais à quoi s’attendait-il ? On peut s’interroger sur les relations qu’il a entretenues ces derniers mois avec l’OTAN, l’Union européenne et les Américains, boutefeux inconscients. Tous ces gens qui ont poussé le gouvernement ukrainien à ne rien entendre des revendications russes, l’ont mis en première ligne et ne veulent pas payer l’addition. Macron a fait savoir à la presse qu’il avait appelé Poutine pour lui dire qu’il exigeait « l'arrêt immédiat des opérations militaires russes, en rappelant que la Russie s'exposait à des sanctions massives »[8]. Il tombe sous le sens que quand on exige quelque chose, c’est qu’on possède les moyens d’imposer cette exigence en représailles ! La Suisse maintient une position de neutralité et ne s’engagera pas dans les sanctions financières réclamées par les pays occidentaux. Cette décision n’est pas du tout étonnante, les affaires sont les affaires, et il faut bien qu’il y ait un sas entre les deux parties ! 

Manifestation pro-ukrainienne à Paris le 24 février 2022 

Les réactions de l’opinion en France comme en Occident en général ont été des plus lénifiantes. Substituant le mode émotionnel à l’analyse rigoureuse, on a beaucoup manifesté – encore que si les manifestations étaient nombreuses, les cortèges restaient maigres – pour dire que la guerre ce n’est pas bien, ça tue même des gens, et que Poutine était fou qu’il voulait rayer l’Ukraine de la carte. Les politiciens à l’unisson pour une fois, ont dénoncé « l’agression russe ». C’était assez drôle de voir Fillon, le délinquant promis à la prison qui siège au conseil d’administration du géant russe de la chimie Sibur, dans une déclaration alambiquée dénonçait Poutine, tout en tentant de conserver son travail bien rémunéré pour les Russes[9]. Il finit par démissionner de ses mandats russes, complètement à contretemps : « Aujourd’hui, la guerre est de retour au cœur de l’Europe, écrit-il dans les colonnes de nos confrères. C’est un échec collectif mais dans la hiérarchie des responsabilités, Vladimir Poutine est le seul coupable d’avoir enclenché un conflit qui aurait pu, qui aurait dû être évité. En politique étrangère, il faut faire avec les réalités. En fonction des intérêts de la France et de ceux de la sécurité du pays. »[10] On a vu le clown Zemmour qui depuis des mois nous faisait l’éloge de la guerre et de la force et qui manifestait bruyamment son soutien à Poutine, dans une déclaration aussi précipitée que brumeuse a complètement retourné sa veste et s’est aligné. En décembre dernier, il prédisait que la Russie n’envahirait jamais l’Ukraine. Quel oracle ! « Le problème de l'Ukraine n'est pas que la Russie menace d'une invasion, je n'y crois pas. Je prends le pari que la Russie n'envahira pas l'Ukraine »[11]. On voit bien qu’il n’y comprend rien du tout. Après avoir accusé il y a quelques jours l’Ukraine de violer les accords de Minsk et avancé que Poutine était un grand homme, il a écrit sur son site « Je condamne sans réserve l’intervention militaire russe en Ukraine »[12]. Il est encore moins fiable que Macron qui au moins affiche des positions filandreuses dans la continuité d’une posture européiste. Marine Le Pen, Fabien Roussel et Mélenchon se sont également alignés bêtement et hâtivement, sur la position de Macron. Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a qualifié Vladimir Poutine de "dictateur" et de "cynique". . « Il doit comprendre que l'alliance atlantique est une alliance nucléaire, je n'en dirai pas plus », a-t-il asséné sur TF1 le 24 février 2022. 

 

Cette déclaration loufoque prononcée par un homme manifestement très fatigué et dépassé par les évènements, contredit évidemment les propos des Américains, de l’OTAN et de l’Allemagne qui ont avancé qu’ils n’interviendraient pas en Ukraine militairement, qu’ils se contenteraient de sécuriser les pays membres de l’OTAN, comme si Poutine sans cela pourrait vouloir conquérir l’Allemagne ou même la Pologne. Dans cette conjuration des imbéciles, on a même vu les députés de la FI manifester à République contre Poutine, Clémentine Autain, Marion Aubry et Éric Coquerel se faisaient photographier à République, histoire de profiter d’un moment d’émotion. Pécresse qui cherche du soutien du côté de Fillon est mal embarquée puisqu’elle a pris une position véhémente contre Poutine depuis un bon moment. Tous ces gens supposent qu’en prenant une position plus nuancée sur la question ils seront à rebours de l’opinion publique. En vérité personne n’en sait rien. L’opinion française est semble-t-il très partagée, car si elle déplore la guerre, elle en comprend aussi partiellement les raisons, et elle sera encore plus divisée si la tension retombe dans quelques jours. Avec le temps qui passe, de nombreux Français comprennent qu’en réalité la guerre en Ukraine n’a pas commencé le 23 février 2022, mais huit ans plus tôt et que la phase actuelle de ce conflit n’en est que la conséquence. 

La crème de FI manifestant à République 

Les Ukrainiens qui ont peur d’une avancée nouvelle de Poutine et qui ont commencé à fuir Kiev vers l’Ouest, sont très déçus non seulement de leur armée de couilles molles qui n’a pu livrer aucune résistance, mais aussi de la réaction des occidentaux. Ils ne semblent pas franchement mobilisés pour défendre leur patrie. Il se pourrait que dans quelques jours l’opinion ukrainienne se renverse et veuille se débarrasser de Zelensky qui n’a finalement rien su faire d’autre que des coups de menton à la télévision. Si les Ukrainiens élisaient rapidement un gouvernement plus conciliant avec Poutine, alors celui-ci aurait atteint son but. En tous les cas, cette nouvelle séquence montre que l’Union européenne est incapable de définir une politique sérieuse de défense en Europe. Depuis les guerres en Yougoslavie en passant par les opérations françaises en Afrique, il est clair que tout va à vau-l’eau. Les Américains ne semblent guère plus déterminés. Poutine a avancé le 25 février qu’il était prêt à reprendre des négociations avec l’Ukraine à Minsk précisément, après que Zelensky le lui ait proposé[13]. Il est en effet dans une position de force, et s’il fait quelques concessions, il satisfera tout le monde, tous ceux qui veulent de se débarrasser de cette question, à commencer par les Ukrainiens qui ne voient aucun avenir dans la poursuite des combats, la guerre ayant déjà été gagnée sur le terrain par les Russes[14]. Poutine apparait avoir une ligne claire et une méthode sérieuse dans la conduite de ses affaires, ce n’est évidemment pas le cas des occidentaux qui avec leurs dizaines de milliers de conseillers et d’experts ne savent pas ce qu’ils doivent faire. On peut toujours contester la politique de Poutine, en Russie, comme à l’extérieur, mais elle a une vraie cohérence, contrairement à l’OTAN et aux Américains, sans parler de l’Union européenne, qui promettent de défendre l’intégrité de l’Ukraine et qui, au premier coup de feu, se débandent piteusement, après pourtant avoir poussé l’Ukraine dans une politique jusqu’auboutiste qui est un fiasco manifeste. Si les négociations ont lieu dans les jours qui viennent, ce sera un camouflet définitif à la position occidentale et aux rodomontades de l’OTAN, ce sera aussi la reconnaissance d’une allégeance indirecte de l’Ukraine à Poutine. Zelensky n’a pas trop le choix, lâché par les occidentaux, mollement soutenu par ses propres sujets, il doit se plier à la réalité du terrain. Le prochain coup ce sera de savoir si les occidentaux vont maintenir leurs sanctions si les négociations aboutissent rapidement. Dans ce cas il apparaitra que contrairement à ce qu’avancent des histrions comme BHL, Poutine n’est pas fou du tout, mais qu’il a réussi en quelques jours à régler l’épineuse question ukrainienne pour le soulagement de tout le monde et des Ukrainiens en premier lieu. Et tous les clowns qui se seront précipités pour condamner l’agression de l’Ukraine, Zemmour en tête, devront manger leur chapeau. Ce sera clairement la faillite du démocratisme à l’américaine qui accompagne la mondialisation. En effet les négociations devraient aboutir à une redéfinition des frontières dans le cadre d’une réémergence des nations comme entités supérieures aux errements des bureaucraties supranationales qui sont totalement en faillite, que ce soit l’OTAN, l’ONU ou encore l’Union européenne. Nous verrons bien si je me trompe, c’est bien possible, mais il me semble que plus personne n’a le choix. 

Avant le déclenchement des opérations militaires russes, des Ukrainiens s’entrainaient à l’autodéfense avec des fusils en bois !


[1] https://fr.sputniknews.com/20220224/operation-ukraine-eviter-russie-plan-1055349992.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2022/02/de-lukraine-de-la-russie-et-du-trace.html

[3] https://www.marianne.net/monde/europe/guerre-en-ukraine-genocide-nazis-le-vrai-du-faux-dans-lallocution-de-poutine

[4] https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-au-moins-137-morts-et-316-blesses-recenses-cote-ukrainien_4980582.html

[5] https://www.parismatch.com/Actu/International/Dans-la-zone-d-exclusion-de-Tchernobyl-l-armee-ukrainienne-se-prepare-en-cas-d-invasion-russe-1786054#Des-soldats-ukrainiens-sentrainent-a-Pripiat-pres-de-la-centrale-nucleaire-de-Tchernobyl-le-4-fevrier-2022

[6] https://www.latribune.fr/economie/international/les-sanctions-contre-la-russie-feront-monter-l-inflation-accelereront-les-sorties-de-capitaux-et-eroderont-la-base-industrielle-du-pays-von-der-leyen-904858.html

[7] https://www.leparisien.fr/international/guerre-en-ukraine-le-president-zelensky-sestime-seul-face-a-larmee-russe-25-02-2022-RFKRCWHOBBFPNNUPAHD6DBBN6A.php

[8] https://www.leparisien.fr/international/ukraine-poutine-annonce-une-operation-militaire-des-explosions-entendues-a-kiev-suivez-notre-direct-24-02-2022-SZ7XDLX4EFDTVIB4UNFBC32XXA.php#xtor=AD-1481423552

[9] https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/02/24/francois-fillon-sort-du-silence-sur-l-ukraine-et-s-attire-des-critiques-sur-sa-proximite-avec-la-russie_6115068_823448.html

[10] https://www.marianne.net/politique/droite/francois-fillon-demissionne-de-ses-mandats-dans-les-entreprises-russes-zarubeshneft-et-sibur

[11] https://www.france.tv/france-2/elysee-2022/2963533-eric-zemmour.html

[12] https://www.liberation.fr/politique/elections/zemmour-bien-oblige-de-condamner-lintervention-russe-20220224_NJE2VTF2XJAONBRJGOAZ2HT2JE/

[13] https://fr.sputniknews.com/20220225/zelensky-propose-des-negociations-a-poutine-1055360267.html

[14] https://francais.rt.com/international/96354-russie-prete-envoyer-delegation-minsk-negociations-ukraine

mercredi 23 février 2022

De l’Ukraine, de la Russie et du tracé des frontières

 

Je ne suis évidemment pas un spécialiste de l’Ukraine, et encore moins de son histoire. Néanmoins dans la mesure où la crise ukrainienne laisse entrevoir un conflit qui implique l’Europe et la France, il est tout de même important d’essayer de réfléchir à ce qui s’y passe. Le point de départ est la reconnaissance par Poutine de deux territoires sécessionnistes, Donetsk et Lougansk. Cette séparation va amputer l’Ukraine d’une partie de son territoire et compléter la perte de la Crimée. Cette réalité pas tout à fait achever s’explique par le fait que quand l’URSS a été démantelée avec l’aide coupable de certains dirigeants russes comme Eltsine, il n’y a eu aucune réflexion sérieuse sur le modèle économique et social qui devrait émerger, et donc également sur le tracé des frontières. Sans doute cela était-il le prolongement de l’idée généralement partagée à l’époque par les politiciens de l’avènement d’une mondialisation heureuse qui progressivement effacerait les frontières et univers le marché mondial. Et donc la première chose certaine que nous pouvons affirmée, c’est que le conflit armé plus ou moins violent qui s’y développe est le résultat des errements de la mondialisation. Analyser le conflit en le regardant comme un affrontement entre un agresseur et un agressé n’est pas très pertinent. Il faut partir de l’idée selon laquelle une nation, quelle qu’elle soit, ne trouve sa forme que dans un conflit militaire plus ou moins violent, ce fut le cas lors du démantèlement de la Yougoslavie. Quand ce pays fut démantelé au bout d’une guerre qui dura dix ans, très peu, en dehors des Russes et de Mitterrand, se souciaient de l’intégrité territoriale de ce pays. Bernard Henry-Lévy qui aujourd’hui réclame qu’on fasse la guerre à la Russie pour préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine, était pour le disloquement de la Yougoslavie au motif que ce pays avait été créé artificiellement, ce qu’on pourrait dire de l’Ukraine d’aujourd’hui. Si on doit citer Bernard Henry-Lévy ce n’est pas pour la finesse de ses analyses, mais parce que cette hypocrisie remarquable est derrière les discours qui se tiennent aujourd’hui en Occident sur le conflit entre l’OTAN et la Russie.  Je dis entre l’OTAN et la Russie parce que c’est ainsi que Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN présente le conflit. Il parle des frontières de l’OTAN et non de celles de l’Ukraine pour justifier un possible conflit armé. Mais évidemment ce discours tourne à vide parce que l’OTAN quoi qu’on en pense n’est pas un pays et n'a pas de frontières. Jens Stoltenberg qui jusque-là avait du mal à justifier l’existence de l’OTAN comme organisation bureaucratique et budgétivore, a passé son temps à alarmer un peu tout le monde, sans même se poser la question de la réalité de la nation ukrainienne et de ses divisions[1]. Il a présenté l’affaire comme s’il s’agissait d’une simple volonté d’annexion de la Russie qui viserait à terme de reconduire les frontières de l’Empire en intégrant l’Ukraine, la Roumanie, la Moldavie, puis la Hongrie et la Pologne. Pour lui les sécessionnistes ne sont que des pions manœuvrés par Poutine sur l’échiquier géopolitique au service d’une vision délirante et mégalomane. 

 

Passons sur les pitreries électorales de Macron qui a tenté de se faire passer pour un diplomate efficace capable d’éviter un conflit militaire. Il a fait imprimer des affiches et diffuser sur les réseaux sociaux une réclame qui s’est retourné contre lui et qui a confirmé qu’il n’existait pas, et donc rapidement après que Poutine ait reconnu l’indépendance des deux régions considérées, Macron s’est aligné sur la position de l’OTAN. Rappelons qu’en 2019, le cancre de l’Elysée claironnait dans un entretien à The economist que l’OTAN était dans une situation de mort cérébrale[2]. Se rallier à un zombie est bien dans sa manière. La médiocrité de la politique étrangère macronienne si elle saute aux yeux dans d’autres domaines, de l’affaire des sous-marins australiens à la façon dont la France s’est faite éjectée du Mali, est devenue franchement risible sur la question ukrainienne, alors même que la France se trouve à la tête de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour la durée de sa campagne pour sa réélection. Cependant il ne faudrait pas exagéré, Macron est tout à fait sur la ligne indécise et flottante de l’Union européenne et donc de l’Allemagne qui se retrouve coincée entre le besoin de gaz russe pour son économie qui patine, et sa volonté d’unir derrière elle l’Union européenne. Car c’est une opportunité pour l’Union européenne de faire avancer l’idée d’une union fédérale avec comme capitale Berlin. L’OTAN est l’Organisation du Traité Atlantique Nord, on peut bien en premier lieu se demander ce qu’elle fait aux frontières de la Russie. Depuis sa création elle n’a cessé de s’élargir. Der Spiegel qui n’est pas vraiment un journal pro-russe, mais au contraire un journal européiste et pro-business, comme Le monde par exemple, a retrouvé un document qui date de 1991 et qui était une promesse de ne pas s’étendre à l’Est[3]. Comme le montre la carte ci-dessous, cette promesse n’a pas été tenue et un des enjeux de la crise actuelle sera certainement d’intégrer à terme l’Ukraine à l’OTAN. Jens Stoltenberg qui est un menteur de première classe, un politicien, a avancé qu’une telle promesse n’avait jamais été faite. 

Elargissements successifs de l’OTAN entre 1949 et 2020 

Au-delà de considérer comme on le fait habituellement cette forme bureaucratique comme un simple outil au service de l’impérialisme américain, il faut se poser deux questions sur les buts de l’OTAN :

– la première est que quels que soient ses buts, cette structure bureaucratique qui travaille d’abord à justifier son propre budget, s’est révélée particulièrement inefficace en 2014 quand la Crimée a basculé vers la Russie ;

– ensuite, en voulant intégrer l’Ukraine dont les frontières sont pour le moins flottantes, dans l’OTAN, on ne sait pas jusqu’où cette bureaucratie veut s’étendre et s’affirmer comme un pouvoir militaire au-dessus des nations, mais également au-dessus de l’ONU. Veut-elle intégrer aussi la Russie à terme ? Cette démarche sinueuse rappelle celle d’un bureaucrate polonais qui défendait aussi bien la destruction du droit du travail que l’extension de l’Union européenne jusqu’à y intégrer le Japon !

Bernard Henry-Lévy qui ne sait rien sur rien et encore moins sur le reste, pris de bouffées de chaleur, a analysé le conflit dans le Donbass, comme le résultat d’une mentalité paranoïaque qui serait le seul et unique guide Poutine. Cette position est particulièrement stupide, même si on condamne les volontés expansionnistes de la Russie, il est impossible d’analyser un conflit qui est vieux de huit ans maintenant du seul point de vue de la dégénérescence supposée d’un seul homme, fut-il russe. Poutine n’est pas Raspoutine ! Quelles que soient les intentions malignes de Poutine, la sécession de Donetsk et Louhans, ressort d’un plus vaste mouvement qui travaille à l’échelle planétaire : s’émanciper des pouvoirs centraux et retrouver une dynamique propre et autonome. On a vu cela avec l’Ecosse, la Catalogne où le mouvement indépendantiste a été violemment réprimé en Espagne avec la complicité des instances européennes. Antérieurement, outre qu’on a vu à la fin du vingtième siècle des pays nouveaux émerger dans l’effondrement de l’URSS, ce fut aussi la disparition de la Yougoslavie et l’émergence du Kosovo que Bernard Henry-Lévy, toujours aussi incohérent, soutenait. D’autres ruptures de ce type ont eu lieu, par exemple avec le divorce à l’amiable qui a mis fin à l’existence de la Tchécoslovaquie en1992. Ne pas comprendre ces mouvements qui au fond sont une récusation de l’idée de mondialisation, relève soit de la bêtise soit de l’escroquerie intellectuelle, ou, dans le cas de Bernard Henry-Lévy, sans doute des deux en même temps. Macron est sur la même longueur d’onde. Après la déconvenue humiliante de sa rencontre avec Poutine, il aurait dit à ses conseillers, selon Le canard enchaîné du 23 février 2022 : « Il faut décidément avoir un dialogue ferme et extrêmement prudent avec Poutine, car c’est quelqu’un qui vous dit une chose le soir, change d’avis en une nuit et le lendemain fait l’inverse. Sa prestation télévisuelle est extrêmement préoccupante. Je ne peux préjuger de rien, parce que personne n’est dans sa tête. Jusqu’où veut-il aller ? Jusqu’à Kiev ? Son jeu est extrêmement difficile à lire, et personne ne sait le lire. » Il laisse entendre que Poutine serait un demi-fou, et que lui-même finalement ne comprend rien. Pourtant qu’on approuve ou qu’on désapprouve, il y a bien une logique dans la démarche poutinienne. Nous qui savons mieux lire que Macron, ce qui n’est pas vraiment un exploit, nous allons nous efforcer de lui expliquer la situation. 

 

Il y a au moins quatre raisons qui expliquent l’appui de Poutine aux régions indépendantistes.

– la première raison est géographique si je puis dire. En effet l’Est de l’Ukraine – du moins de ce qui est encore l’Ukraine sur le papier – est la région industrielle du pays, avec de l’industrie lourde et des mines. Ces régions travaillent principalement avec la Russie. Les liens économiques sont forts. Remarquons l’imprévoyance du gouvernement ukrainien qui en 2013 avait privatisé les mines de charbon du Donbass[4].

– la deuxième raison est géographique et fait que Louhansk est le nœud de la distribution du gaz russe en Europe et au-delà, en attendant Nord stream II.

– la troisième raison est géographique, la population russophone est très importante dans ces deux régions. On le voit sur la carte ci-dessous. Les Ukrainiens sont minoritaires dans toute la région qui borde la Mer d’Azov et dans la région d’Odessa. 

 

Cela nous explique deux choses, d’abord pourquoi les populations de Donetsk et de Louhansk sont très favorables à un rapprochement avec la Russie et ensuite pourquoi pour Poutine il est important de contrôler la Mer d’Azov au moment où l’OTAN menace d’intégrer l’Ukraine dans son orbite. La Crimée présentait aussi les mêmes enjeux, et pour les Russes c’était cette fois la question de l’accès à la Mer Noire qui était en jeu. Comme on le voit encore plus précisément dans la carte ci-dessous, la Russie a entrepris de desserrer l’étreinte d’abord autour de la Mer d’Azov, mais ensuite autour de la Mer Noire qui est contrôlée par l’OTAN via la Turquie, pays très peu fiable à la fois pour la Russie et pour l’Occident, la Grèce, pays tout de même assez hostile aux Américains et aux Allemands, puis la Bulgarie et la Roumanie. L’enjeu est le détroit du Bosphore, verrou qui empêche la Russie de venir en Méditerranée. On comprend que Poutine poursuit en réalité une politique de non-alignement, et donc qu’il entend préserver pour la Russie une marge de manœuvre face à l’encerclement organisé par l’OTAN depuis 1990. Il est assez facile de comprendre que les incessantes provocations de l’OTAN ont poussé la Russie à réagir ainsi, et sur ce point l’opinion russe, malgré les marionnettes comme Navalny, suit Poutine. 

La question est maintenant celle-ci : les occidentaux vont-ils se contenter de mettre en place des sanctions, ou vont-ils s’engager dans la guerre pour récupérer les régions perdues en avançant qu’ils défendent l’intégrité territoriale de l’Ukraine ? Les deux options sont très mauvaises. La première pénaliserait l’économie mondiale et probablement en premier lieu l’économie allemande. On a remarqué que le chancelier Olaf Scholz avait suspendu Nord stream II, pipeline qui pour l’instant ne débite rien du tout, mais qu’il n’a pas annoncé qu’il refusait de continuer d’acheter du gaz russe via les autres pipelines[5]. Il est vrai que si la Russie ne peut plus vendre son gaz, elle aura des difficultés importantes, mais pour les économies occidentales, cela va relancer le prix de l’énergie et l’inflation qui est déjà haute. On a menacé également d’exclure la Russie du système SWIFT qui permet aux banques russes d’accéder aux échanges en dollars. En vérité cette arme est à double tranchant et accélérerait le rapprochement bancaire entre la Russie et la Chine qui se trouve elle aussi ostracisée par les Etats-Unis pour d’autres raisons. Mais cela restreindrait aussi les possibilités d’action des banques occidentales[6]. Personne n’y croit vraiment. Bruno Le Maire, transparent ministre de l’économie, lui-même n’y croit pas, il a affirmé que le conflit avec la Russie et les sanctions qui iront avec « n’impacteront pas » les affaires des quelques 500 entreprises qui travaillent avec elle[7]. C’est déjà une manière de restreindre la question à la zone frontalière d’avec l’Ukraine mais aussi de dire que les sanctions économiques ne feront pas beaucoup de mal aux Russes qui continueront de travailler avec nous. Malgré les rodomontades de Boris Johnson qui veut des sanctions sauvages sur le système bancaire russe, et de Biden, les Européens ne semblent pas vraiment désireux de poursuivre une escalade ruineuse à travers ses sanctions. Pour l’instant ils se contentent de dire qu’ils sont très unis entre eux et avec les Américains, et que cette union sera gagnante contre Poutine au bout du compte[8]. On voit bien que l’Allemagne traine les pieds au point qu’elle a contesté assez longtemps l’idée que l’attaque de l’Ukraine par la Russie était imminente. 

 

Reste l’option militaire. Il est assez peu probable que l’OTAN et les Américains interviennent directement dans le conflit entre les Ukrainiens et les dissidents pour les faire rentrer dans le rang. Il semble que de ce côté-là les Américains se contenteront de livrer des armes et des conseillers aux forces régulières ukrainiennes. Mais il y a déjà une zone tampon qui existe entre les belligérants depuis les accords de Minsk, et cette zone va être difficile à franchir quoi qu’en pense Bernard Henry-Lévy. Aux Etats-Unis Trump et ses sbires qui ne savent pas quoi faire pour exister encore un peu poussent Biden à entrer dans ce conflit, pensant qu’ainsi il s’usera et sera plus vulnérable dans les mois qui viennent, au moment des élections de mi-mandat. Je peux évidemment me tromper sur ce point. Mais on voit mal Biden engager un lourd et long conflit dont l’issue serait des plus incertaines.  Je ne crois pas non plus que Poutine aille beaucoup plus loin dans son offensive que de détacher Donetsk et Louhans du reste de l’Ukraine, du moins pour l’instant. Il pourra faire facilement comme pour la Crimée un référendum de détermination des peuples à se gouverner par eux-mêmes, il n’aura même pas besoin de le truquer pour le gagner. Le moment est relativement bien choisi parce que les Occidentaux ont déjà à faire face à une douloureuse gestion d’après-crise, maintenant qu’il semble que nous soyons sortis de la pandémie du COVID. Il faut lire ce qui se passe dans ces contrées comme le résultat d’un processus en cours d’une rectification des frontières. Autrement dit on fait par d’autres moyens le travail qui aurait dû être fait lorsque l’URSS s’est disloquée, c’est le conflit armé qui décidera de la réalité des frontières, qu’il y ait des négociations ou pas. 

Les Ukrainiens fuient massivement Kiev 

Tandis que les Ukrainiens fuient Kiev massivement, et que les habitants du Donbass n’ont manifesté aucune hostilité à l’arrivée des troupes russes[9], le 23 et le 24 février on a entendu un peu partout des explosions et des bruits de bombardements, sans qu’on ne sache ni leur importance, ni leur but : est-ce une manière de fixer une nouvelle ligne du front, de la déplacer du Donbass vers l’Ouest, est une volonté de prendre un peu plus que Donetsk et Louhans ? Pour l’instant Poutine a assuré qu’il ne s’agissait que de viser des objectifs militaires, bien qu’il ait dit : « Nous nous efforcerons d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine »[10] Les Ukrainiens ne semblent pas très motivés pour faire de la résistance malgré les images de publicité que le gouvernement a montré d’Ukrainiens s’entrainant au maniement des armes, soit qu’ils entendent que les Occidentaux règlent le problème, soit que, comme les habitants du Donbass ils se sont habitués à huit ans de guerre et, russophones, ils s’accommodent de la présence de l’armée russe.

Attaques russes en Ukraine, les 23 et 24 février 2022 

A l’heure où j’écris, on ne connait pas l’ampleur des dégâts liés à une attaque surprise de la Russie. On parle d’explosions, on parle de la destruction d’une tour de télévision et aussi de l’infiltration de militaires, russes ou biélorusses, en Ukraine. On passerait d’un conflit larvé et limité dans le Donbass, conflit qui dure depuis 2013 tout de même, à une guerre ouverte qui a pris de court les occidentaux et une fois de plus l’OTAN. En attendant la désinformation continue, sur France Info, Cécile Vaissié, professeur à l’Université de Rennes critiquait la déclaration de guerre de Poutine à l’Ukraine en avançant bêtement « il n'y a pas de nazis en Ukraine. Il y a eu combien d'Ukrainiens qui sont morts en luttant contre le nazisme ? Vladimir Poutine veut s'en prendre à des territoires autres que ceux de Lougansk et Donetsk. »[11] Elle se serait contentée de dire que des nazis il n’y en a pas tant que ça, elle aurait été plus crédible, mais dire qu’il n’y en a pas est une aberration de l’esprit, à moins qu’elle prenne ses sources chez BHL. Bien sûr que des Ukrainiens ont lutté contre les nazis, mais beaucoup, surtout à l’Ouest, ont été les supplétifs de l’armée allemande. 

Une marche aux flambeaux en l'honneur de Stepan Bandera à Kiev, Ukraine, le 1er janvier 2021


[1] https://www.lejdd.fr/International/exclusif-le-secretaire-general-de-lotan-jens-stoltenberg-lukraine-a-le-droit-de-se-defendre-4083382

[2] https://www.economist.com/europe/2019/11/07/emmanuel-macron-in-his-own-words-french

[3] https://fr.sputniknews.com/20220219/le-spiegel-retrouve-une-preuve-ecrite-des-promesses-de-lotan-de-ne-pas-setendre-a-lest-1055237103.html

[4] https://www.courrierinternational.com/article/2012/07/19/kiev-se-deleste-de-ses-dernieres-mines-de-charbon

[5] https://www.europe1.fr/international/ukraine-lallemagne-suspend-nord-stream-2-et-menace-dautres-sanctions-4095396

[6] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/ukraine-exclure-les-banques-russes-de-swift-l-arme-a-double-tranchant-de-l-occident-contre-poutine-904652.html

[7] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/ukraine-le-gouvernement-francais-confiant-pour-les-entreprises-qui-font-commerce-avec-la-russie-904750.html

[8] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/20/crise-en-ukraine-a-munich-les-occidentaux-affichent-leur-unite-face-a-la-menace-russe_6114470_3210.html

[9] https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/vladimir-poutine/reportage-crise-en-ukraine-dans-le-donbass-l-arrivee-des-troupes-russes-indiffere-dans-le-petit-village-d-adamska_4976085.html

[10] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/en-direct-poutine-a-lance-une-attaque-sur-kiev-des-bombardements-entendus_2168607.html

[11] https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/operation-militaire-russe-contre-l-ukraine-c-est-le-scenario-du-pire-c-est-la-guerre-estime-une-chercheuse-francaise-specialiste-de-la-russie_4978677.html

dimanche 20 février 2022

Nouvelle crise financière et économique à l’horizon

  

Ces dernières semaines les bourses du monde entier ont remis en question l’idée selon laquelle les cours n’avaient jamais été si haut et sur laquelle s’extasiaient encore il n’y a guère les commentateurs. Les cours se sont effondrés. Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, tout aussi riche que ridicule d’ailleurs, aurait perdu 100 milliards d’euros[1]. Que sa fortune s’effrite, le peuple ne s’en plaindra pas. Mais la question d’un effondrement de la bourse est que celle-ci engendrera forcément la crise économique, ce qui veut dire faillites en tout genre, chômage et abaissement des revenus, y compris pour les plus pauvres. Je l’avais déjà annoncé il y a quelques mois, à partir du moment où le cours des actions grimpe plus vite que le PIB, il y a un problème important, comme j’avais dit que l’inflation allait durer[2]. Peu importe si les cours de la Bourse remontent ou non. Le mal est profond. Il faut donc comprendre ce qui se passe. Les analystes financiers qui sont beaucoup plus bêtes qu’on ne croit généralement, avancent des causes qui apparaissent comme techniques, mais qui n’en sont pas pour autant suffisantes. La première cause de la chute des cours, ce serait la relève des taux d’intérêt. C’est vrai que lorsque les taux d’intérêt remontent, il est moins intéressant d’acheter des actions. Mais pourquoi les taux d’intérêt remontent-ils ? On nous dit, c’est pour lutter contre l’inflation. C’est encore vrai, encore que lutter contre l’inflation ça ne veut rien dire dans l’absolu. Là où ça commence à être un peu plus compliqué c’est quand on essaie de comprendre les mécanismes de la hausse des prix. L’inflation peut être la conséquence d’une hausse des matières premières, notamment celle de l’énergie, c’est le cas aujourd’hui. Mais elle peut aussi venir de la lutte des salariés pour une hausse des salaires. C’est ce qu’on constate également et qui s’est accéléré paradoxalement pendant la pandémie. Mais « techniquement » l’inflation se présente toujours comme un excédent de monnaie par rapport à la production, ou une croissance plus rapide de la masse monétaire en circulation par rapport à la croissance du PIB. Et donc vient un moment où il faut éponger cet excédent. Notez que si l’inflation, comme c’était le cas durant les Trente Glorieuses, est liée à l’amélioration du partage de la valeur en faveur des salariés, alors cette inflation alimente la croissance par le biais de la demande. Mais quand dans le début des années quatre-vingt on a voulu tuer l’inflation en menant une politique monétaire restrictive, on a tué du même coup la croissance. Cependant, l’inflation n’a jamais redémarré ensuite du fait de la mondialisation qui a mis en concurrence les ouvriers du monde entier et ainsi a empêché les salaires de suivre les progressions de la productivité du travail. La crise des subprimes en 2008 et la pandémie en 2020 ont changé tout cela. Et nous sommes rentrés dans une nouvelle logique pleine d’incertitude. Ces deux crises ont démontré que les lois du marché si elles étaient appliquées emmèneraient illico presto la ruine de l’économie mondiale et le chaos parce que dans les crises, lorsque l’Etat n’intervient pas ou intervient mollement alors les faillites deviennent nombreuses, le chômage explose et avec lui la colère populaire. L’Occident a vécu ça dans les années trente, avec comme conséquence l’arrivée du nazisme au pouvoir. Ajoutons ici que le fascisme ou le nazisme n’émerge que parce que les autres partis politiques ont failli dans la gestion des affaires. L’arrivée d’Hitler au pouvoir est la suite logique de la répression sociale-démocrate de la révolution spartakiste et ensuite de l’impossibilité de sortir de la crise par des moyens décents et paisibles. 

 

Le totalitarisme est toujours la conséquence d’un échec, et cet échec est le plus souvent économique, en Allemagne l’endettement et l’inflation s’étaient liguées à la carence politicienne pour produire la monstruosité qu’on a connu. Le nazisme ou le fascisme, ou Zemmour, ne sont que la résultante de la misère de la classe politicienne. Encore qu’en Allemagne dans les années trente, la dette publique n’était que de 50% environ du PIB[3], et que l’inflation, si elle avait été très forte dans les années 1923-1924, c’est justement l’affaissement de cette inflation qui en rognant drastiquement les salaires qui amena Hitler au pouvoir et non l’inflation elle-même, puisque l’arrivée d’Hitler a été le résultat de la mise en œuvre d’un plan d’austérité des plus brutaux par le chancelier Heinrich Brüning qui a eu pour conséquence directe de faire baisser le revenu des travailleurs allemands qui, n’ayant plus confiance ni dans la social-démocratie, ni dans la droite conservatrice, en vinrent, pour partie, à soutenir Hitler. Notez que l’inflation allemande à la sortie de la défaite de 1918, permit d’ailleurs à l’Allemagne de rapidement retrouver un niveau de PIB supérieur à celui de la France. Nous voyons tout cela dans les deux graphiques suivants. C’est donc un mensonge éhonté, une vérité contrefactuelle, que de tenter de faire croire que l’inflation proprement dite est la cause de la plongée de l’Allemagne dans le nazisme, et consécutivement de la Seconde Guerre mondiale. De même la faiblesse de la dette allemande ne permet pas de dire que se sont les réparations allemandes exigées par les alliés qui ont engendré la misère en Allemagne et par suite le chaos[4]. Sur ce point il faut critiquer férocement les analyses erronées de John Maynard Keynes qui dans sa vision personnelle et pro-allemande, œuvrait autant qu’il le pouvait pour les aider[5]. Le fait que la plupart des économistes d’aujourd’hui soient des ignorants et des cireurs de godasses qui ne le valent pas, ne doit pas faire oublier les insuffisances de Keynes. 

Mais oublions pour un moment cette question ancienne et revenons à la situation économique présente. Lorsque la pandémie s’est déclarée et qu’il n’a plus été possible d’en ignorer l’importance, on a agi dans deux sens : d’abord un confinement qui a obligé les entreprises à abaisser le volume de leur production, c’est ce que nous voyons dans le graphique ci-dessous. La dépression a été très forte, mais pour éviter les faillites et que les salariés ne soient privés de pouvoir d’achat, il a fallu que les Banques centrales impriment de la monnaie pour soutenir la demande et éviter le chaos total. Il est bien évident qu’à ce moment-là il n’y avait pas vraiment d’autres choix sauf à faire comme Trump et les Républicains idiots à dire qu’importe la pandémie, qu’importe les morts du COVID, continuons à travailler pour ne pas nourrir l’inflation. 

Croissance du PIB en France depuis la fin de l’année 2019 

La masse monétaire en circulation qui était déjà sur une pente élevée depuis la crise de 2008 – c’est-à-dire qu’elle croissait nettement plus vite que le PIB – a littéralement explosé. Il a fallu acheter des masques chinois, financer la recherche de vaccins en plus de soutenir les entreprises et les salariés. On a inventé à ce moment-là la notion d’un chômage partiel financé par l’Etat et non plus par les Assedic, ce qui permettait de masquer l’explosion bien réelle du chômage; Au creux de la vague, on peut dire que le chômage était de 50% par rapport à la population active. Plutôt que de chômage partiel financé par la planche à billets, il aurait été plus juste de parler de chômage temporaire puisqu’on ne savait pas combien durerait cette fantaisie. Dans un second temps on a financé les vaccins, aussi bien leur production que leur distribution. Il est évident que ces vaccins ont été vendu avec des marges bien trop élevées – 97 % tout de même – dans une situation qui frisait l’escroquerie généralisée et une atmosphère de corruption. Et l’efficacité ne fut pas au rende -vous : on avait promis deux doses et 60% de vaccinés pour atteindre une immunité collective, on en est à 80% de vaccinés à deux doses, sans qu’on ait atteint l’immunité collective. Il est évident que de continuer à vacciner à tour de bras ça a un coût extrêmement élevé pour les finances publiques et les comptes de la Sécurité Sociale, même si cette politique fait gonfler les profits de Pfizer. La France, et seulement pour la seule année 2021, a déboursé – s’est fait racketter serait plus juste – 6 milliards d’euros[6]. Et c’est comme ça dans tous les pays européens, somme à laquelle il faut ajouter, les masques et les tests. 

 

Cette logique a aggravé le grand écart entre le trend de la croissance économique et celui de l’inflation puisque la masse monétaire accélérait encore. Cette production effrénée de monnaie a eu comme contrepartie une croissance de l’endettement des finances publiques. Mais depuis 2008 comme on poursuit la distribution quasi gratuite de monnaie dans l’économie, les taux d’intérêt ont baissé. Et puisque les taux d’intérêt sont même devenus négatifs, il devenait depuis une dizaine d’années extrêmement intéressant de s’endetter : quand les taux d’intérêt sont négatifs, plus on s’endette plus on gagne de l’argent, sauf si les taux continuent à baisser ! Mais tout comme les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel, il est illusoire de croire que les taux vont baisser de manière continue jusqu’à la fin des temps. Les entreprises, les ménages et les collectivités publiques ont augmenté leur dette dans des proportion jamais vues auparavant. Il est à la mode chez les politiciens tenant d’une orthodoxie monétaire de vouloir réduire la dette publique, mais ils ne se préoccupent guère des dettes privées qui sont pourtant plus importantes. La dette mondiale est évaluée à la fin de 2021 à 300 000 milliards de dollars et à 370% du PIB[7]. 

 

Cette situation économique des plus instables engendre naturellement une dévalorisation des actifs quels qu’ils soient. Et d’abord ceux qui sont les plus sensibles à la loi du marché, c’est-à-dire les actions qui circulent en Bourse sur le marché de l’occasion. Ces excédents de monnaie ont pesé très lourdement sur les taux directeurs, ce qui permet de s’endetter encore plus. Mais ces excédents de monnaie, outre qu’ils nourrissent l’inflation, nourrissent aussi la spéculation. Avec des taux d’intérêts bien plus bas que le taux d’inflation, les excédents de monnaie se placent sur le marché des actifs et non sur le marché monétaire, ce qui nourrit la bulle financière parce que l'investissement productif n'a pas de débouché. Lorsque les taux d’intérêt sont inférieurs à l’inflation, alors les banques perdent de l’argent. Par ailleurs, les frilosités des marchés fait que les investissements productifs sont faibles, ce qui explique pour partie la difficulté qu’il y ait au redémarrage de l’économie depuis la pandémie. 

 

L’excédent de monnaie, soit l’inflation, ne peut être épongé que de deux manières, soit par une croissance forte, c’est ce qui s’est passé pendant les Trente glorieuses, soit par une destruction d’actifs, c’est ce qui se passe pendant les crises économiques de grande ampleur. Le problème d’aujourd’hui est qu’on ne voit pas très bien comment pourrait repartir la croissance économique à l’échelle de la planète. La FED s’apprête à relever ses taux ce qui ne va pas enthousiasmer les marchés financiers. D’autant que d’autres facteurs pèsent sur l’inflation et sur l’activité. D’abord les risques de guerre du côté de l’Ukraine, que ces risques soient surévalués ou non, ils pèsent notamment sur la livraison de gaz. L’économie russe est aussi en grande difficulté, et une chute trop forte des prix du gaz pourrait avoir raison de Poutine. Les Russes s’attendent à de nouvelles sanctions qui, en vérité ne nuisent pas seulement aux Russes, mais nuisent aussi aux partenaires commerciaux de la Russie. L’autre problème est que la crise sanitaire est loin d’être terminée, même s’il semble bien qu’Omicron en terminera avec elle d’ici à la fin de l’année selon l’OMS[8]. Mais même si la pandémie se termine, on retombe sur la question suivante, que faire de la dette du COVID ? Au mois de mai dernier, Bruno Le Maire, ministre de l’économie des plus transparents, affirmait qu’on aurait fini de rembourser la dette COVID en 2042[9] ! Rien n’est moins certain, mais cela sous-entend que pendant les 20 prochaines années nous allons devoir vivre avec l’austérité. Ce qui veut dire moins de moyens pour l’Etat en ce qui concerne les services publics, l’hôpital et l’éducation, un gel des salaires des fonctionnaires, une ponction sur les retraites, un scénario à la grecque. La Banque mondiale dans son dernier rapport explique d’ailleurs qu’en dehors du COVID, deux éléments vont peser sur la reprise, la fin des aides des Etats et les débuts du remboursement de la dette[10]. Il va donc falloir choisir, soit la ruine des rentiers, soit la baisse du pouvoir d’achat des salariés. Cependant si on ruine les salariés du monde entier, on tuera certes l’inflation, mais aussi le capital qui ne vaudra plus rien du tout. Quand on fait le choix de ruiner les plus pauvres au motif qu’ils sont plus nombreux on scie la branche sur laquelle on est assis. Le capital n’a une valeur réelle qu’en tant qu’il est productif, or si la cure d’austérité qui se prépare est mise en place, la demande s’effondrera et il n’y aura plus de raison ni de produire, ni d’investir. C’est le b-a ba des affaires. Du reste on a vu que si en 2021 l’économie s’était bien comportée, c’est bien parce que l’Etat – les Etats – avait stimulé la demande, maintenant que ce soutien qui engendre de l’inflation, va cesser, alors l’économie va ralentir. Leur scénario intègre, contrairement à la Commission européenne et à la BCE, une persistance, voire une accélération de l’inflation. 

Prévisions de la Banque mondiale par région 

Notez que cette inflation n’est toutefois pas inutile puisqu’elle permet de réduire drastiquement la dette. C’est le bon côté de la chose, c’est ce qu’a voulu dire Joe Biden quand il a affirmé que l’inflation était un atout pour l’économie[11]. Beaucoup s’effraient que l’inflation ait atteint 7% aux Etats-Unis, record depuis quarante ans. Mais ils n’ont en vérité guère de mémoire, les pays développés après la guerre, disons durant les Trente Glorieuses avaient une inflation à deux chiffres, sans que cela nuise à la croissance, bien au contraire. Une inflation contenue en dessous des 10% par an n’a pas que des inconvénients. Mais c’est l’occasion pour les libéraux de se réveiller, en effet durant la pandémie, ils ne trouvaient presque rien à redire aux dépenses étatiques qui soutenaient l’économie, ils n’avaient pas de plan alternatif sérieux. Mais dès lors que les choses semblent se calmer, que l’aide de l’Etat semble moins nécessaire, les voilà qui reviennent sur le devant de la scène avec leur obsession pour la neutralité de la monnaie et une inflation zéro. A ce danger d’un retour à des politiques orthodoxes qui conduira à la ruine des plus pauvres et au chaos, il faut ajouter deux points importants :

– quels sont les secteurs qui pourraient propulser la croissance ? Les investissements dans la transition écologique, c’est-à-dire le verdissement du capitalisme, ne semblent pas à la hauteur des ambitions, d’autant qu’ils sont adossés le plus souvent à des subventions qui viennent des Etats ou de la Commission européenne. Pour le reste on ne voit rien venir, le progrès technologique manque de renouvellement dans la création de nouvelles marchandises. Les fantaisies macroniennes sur les start-ups, c'est juste pour amuser le tapis ;

– ensuite, les consommateurs semblent depuis quelques années se détourner de la consommation, c’était déjà vrai avant la crise sanitaire, c’est encore plus vrai aujourd’hui. Le phénomène n’est pas massif, mais il est en croissance régulière[12]. Ils ne se pressent pas de retourner consommer dans une période d’incertitude. 

Prévisions d’inflation de la Banque mondiale à l’échelle de l’économie mondiale 

Il ne faut pas se faire d’illusion, même si on ne sait pas trop comment tout cela va tourner, il est certain qu’une crise de grande dimension est sur le point d’éclater. Cela devrait arriver avec le printemps ou vers l’été. On sait que c’est à la fin du mois de mars que le nombre des faillites qui ont commencé à croître devrait exploser[13]. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’on anticipe un ralentissement de la croissance de partout dans le monde dès 2022 et aussi pour 2023. Le coup d’envoi de la crise pourrait venir des Etats-Unis puisqu’en effet la FED dit que l’inflation est trop haute et qu’il va falloir relever les taux pour faire face[14]. Elle prévoit de franchir 5 paliers de remontée des taux rien que sur l’année 2022. Si les taux d’intérêts se relèvent, il s’ensuit mécaniquement que de placer son argent dans des valeurs monétaires deviendra plus rentable que des placements boursiers. Cela équivaudra à un désinvestissement de fait, mais à la démonstration que les actifs ont aujourd’hui un prix bien trop élevé par rapport à leur rendement. Et cela se répercutera sur les crédits distribués que ce soit auprès des ménages ou auprès des entreprises. C’est la loi de l’offre et de la demande qui veut ça. Certes les instituts d’émission de monnaie ont un peu de marge devant eux, mais pas tellement. 

 

Le lundi 14 février, jour de la Saint-Valentin, les places boursières ont dévissé une nouvelle fois de partout dans le monde, confirmant la tendance à la baisse depuis le début du mois de janvier. Ne sachant pas trop quoi faire et quoi dire, on s’est rabattu sur ce qui remet le moins en question le modèle dans lequel nous vivons. On a dit que c’était l’imminence d’un conflit en Ukraine qui ébranlait les marchés. Cette explication commode ne tient pas compte de la réalité. Si on veut comprendre quelque chose, il faut partir des excédents de monnaie en circulation. En 2008 suite à la crise des subprimes, la BCE par exemple avait failli à son statut qui est de rester neutre et de na pas ajuster l’offre de monnaie en achetant des obligations d’Etat. Elle l’a fait pourtant à hauteur de 60 milliards d’euros, une paille. Cette manne devait être ponctuelle, mais avec Draghi, elle est devenue permanent et la création monétaire de la BCE qui vise a acheter de la dette publique en est aujourd’hui à 3000 milliers d’euros ! Nous ne sommes plus dans le même modèle. Il vient que nous sommes dans une situation intenable, soit on sauve l’euro en luttant contre l’inflation et on détruit l’économie des pays les plus fragiles, soit ces mêmes pays devront sortir de l’euro s’ils ne veulent pas sombrer dans le chaos le plus total. Donnons une image de l’excédent de monnaie en circulation : le bilan de la BCE qui était d’environ 1 500 milliards d’euros en 2008 est désormais de 8 623 milliards d’euros à fin janvier 2022. Cela représente près de 83 % du PIB de la zone euro, là où les bilans des banques centrales américaines et anglaises pèsent pour respectivement 37 % et 42 % de leur économie. Et donc la hausse des prix va se poursuivre, touchant cette fois plutôt les classes pauvres, que ce soit du côté du prix de l’énergie ou du côté des produits de première nécessité dont les prix à la production ont augmenté de 27% en 2021. Cette hausse ne passe pas inaperçu, et les plus pauvres commencent à râler comme des poux sur les difficultés de finir le mois. Seul un incompétent comme Zemmour croit encore que ce serait une hérésie que d’augmenter le SMIC de 10% ! La question reste toujours la même : qui paiera la note pour les turpitudes passées du capital financier ? On sait que depuis la crise de 2008 les actions ont été mieux diffusées dans le public, ce qui veut dire qu’une quantité plus importante des ménages possède aujourd’hui des actions. Aux Etats-Unis 53% des ménages possèdent des actions contre 32% en 1992. Ce qui veut dire qu’une débâcle financière touchera aussi la classe moyenne et pas seulement de louches financiers. L’an dernier le fonds Archegos a perdu 10 milliards de dollars, ce qui veut dire que ce sont des ménages qui ont passé par pertes et profits ces pertes. Si les banques se sont un peu désengager des fonds spéculatifs, les ménages ont pris le relais pour y placer leur épargne. 


[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/24/aux-etats-unis-le-krach-est-la_6110797_3232.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/12/linflation-va-continuer-et-accelerer.html

[3] SPOERER, Mark. La dette publique allemande après la Première Guerre mondiale : origines et politique de gestion In : Les crises de la dette publique : XVIIIe-XXIe siècle, Institut de la gestion publique et du développement économique, 2019

[4] Touzé Vincent, « « L’Allemagne paiera » (1918-1932). Chronologie d’un échec et essai d’analyse cliométrique contrefactuelle de l’impact générationnel des réparations allemandes », Revue de l'OFCE, 2021/1 (171), p. 279-310.

[5] The Economic Consequences of the Peace, Harcourt, Brace & Howe, 1920. 

[6] https://www.capital.fr/economie-politique/covid-19-le-cout-faramineux-des-vaccins-pour-la-secu-en-2021-1415280

[7] https://www.agefi.fr/asset-management/actualites/quotidien/20210915/l-endettement-mondial-atteint-nouveau-record-328064

[8] https://www.ladepeche.fr/2022/01/23/covid-19-loms-annonce-une-fin-de-la-pandemie-plausible-en-europe-avec-le-variant-omicron-10063989.php

[9] https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/france/le-gouvernement-confirme-l-objectif-de-remboursement-de-la-dette-covid-en-2042_AN-202109220203.html

[10] Global economic prospects, World Bank, January 2022.

[11] https://www.leparisien.fr/international/pensant-son-micro-eteint-joe-biden-traite-un-journaliste-de-fox-news-de-stupide-connard-25-01-2022-NS2HWUYC6BA3NOXT7RR5ZLLPMY.php

[12] https://pointsdevente.fr/fil-info/2021-09-18-les-modes-de-consommation-des-francais-evoluent-apres-la-crise-sanitaire/

[13] https://www.lesechos-etudes.fr/blog/actualites-21/les-defaillances-d-entreprises-sont-en-hausse-dans-le-btp-11428

[14] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/etats-unis-face-a-une-inflation-pas-tolerable-la-fed-veut-serrer-la-vis-plus-rapidement-904265.html

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...