vendredi 28 janvier 2022

Laurent Joly, La falsification de l’histoire, Grasset, 2022

Laurent Joly, historien de métier, spécialiste de Vichy et de l’Occupation confronte, dans ce petit livre, les élucubrations intéressées de Zemmour principalement sur le mythe selon lequel Pétain et de Gaulle c’était un peu la même chose, chacun œuvrant pour le bien des Français avec leurs capacités respectives. Il n’a évidemment aucun mal à montrer que Zemmour est non seulement un menteur et un falsificateur, mais aussi un ignorant dont le savoir historique se résumée à presque rien, principalement au livre de Robert Aron, Histoire de Vichy, pour ce qui est de son pétainisme honteux et qu’il ne peut ainsi impressionner que des plus ignorants que lui. Joly montre que Zemmour ne connaît rien des débats qu’il prétend mener, et surtout qu’il recycle des vieilleries idéologiques dans le but principal de se faire remarquer. Aucun historien sérieux ne considère Histoire de Vichy comme un ouvrage d’historien sur cette période de l’Occupation, mais il est vu plutôt comme un plaidoyer en défense du régime pétainiste, pour tenter d’éviter de donner l’air de la trahison à la collaboration.

Je ne vais pas reprendre dans le détail la démonstration de Joly, elle est précise et convaincante sur les racines vichystes de la démarche de Zemmour. Il montre surtout que ce discours se situe dans la continuité de l’extrême-droite française, antisémitisme compris. La question est la suivante, pourquoi cette vieille caricature de Zemmour se livre-t-il à de telles gesticulations qui, en prétendant rassembler les Français – des deux droites pour parler comme lui – en fait ne font que renforcer les clivages et les divisions ? Joly avance deux hypothèses. La première est de dire qu’en gagnant la bataille culturelle, on accédera au pouvoir. Cette démarche s’inspirerait de Charles Maurras. Mais à tout le moins elle n’est pas très efficace, car au bout du compte cela s’est traduit par une défaite en rase campagne, une fois que la tutelle allemande a fait défaut. Ce qui laisse accroire que Zemmour est d’abord un très mauvais stratège s’il croit sérieusement que la démarche de Maurras peut-être couronnée de succès. 

Charles Maurras, le modèle antisémite de Zemmour

Le second point est que selon Joly en se réappropriant le discours de Vichy et de la droite antisémite, Zemmour aurait le projet sérieux de se débarrasser des musulmans. Cette hypothèse est douteuse pour au moins deux raisons. La première est qu’on ne pas comparer sérieusement la persécution des Juifs par les nazis et ses alliés comme Pétain, avec celle tout hypothétique des musulmans, parce que le poids respectif de ces deux populations n'est pas le même dans la population française. En 1940la population juive en France devait représenter 1 ou 1,5%, les musulmans représentent aujourd’hui entre 8 et 12% selon les calculs, le chiffre le plus élevé provenant d’associations musulmanes. Les Juifs en France étaient soit une communauté installée de longue date, mille ans peut être, soit des réfugiés qui fuyaient les persécutions. Les musulmans sont venus en France après l’acquisition de l’indépendance des pays du Maghreb dans les années soixante. Leur statut n’était pas le même. Comparer la situation des deux populations n’est pas admissible et ne mène à rien. Au contraire, cela trouble l’analyse et empêche de comprendre pourquoi un médiocre comme Zemmour peut apparaître comme un analyste nouveau et pénétrant. C’est comme si le problème de l’immigration de masse dans la France d’aujourd’hui était similaire à l’accueil des réfugiés juifs étrangers 

Pour spectaculaire qu'elle fut parfois l'épuration ne fut pas très étendue

La seule question qui vaut à propos de Zemmour, en dehors du fait que ce garçon est probablement dérangé de la tête, et qu’il n’a trouvé que cette série de paradoxes pour exister, est de savoir pourquoi à un moment donné un tel discours aussi dégénéré peut trouver un écho dans une partie de la population, un peu au-delà des descendants directs des anciens de la Milice et de la Collaboration. En effet, les thèses développées par Zemmour n’ont absolument rien d’original, c’est du copier-coller de la doxa pétainiste comme le montre Joly, et ça remonte à la sortie de la guerre, cette tactique mise au point par les avocats du maréchal déchu, dont Jacques Isorni, et elle a été reprise par Jean-Marie Le Pen. Le mythe du glaive et du bouclier est le pendant d’un autre mythe, une épuration qui aurait été féroce à la sortie de l’Occupation, mythe monté en épingle à partir de quelques cas spectaculaires comme la tonte des femmes qui avaient pratiqué la collaboration horizontale. Rapidement pour des raisons officielles de réconciliation, la droite affairiste en revenant au pouvoir après l’intermède gaulliste mit un terme à cette épuration inachevée et réintégra peu à peu dans les cercles élitistes du pouvoir des anciens collaborateurs dont le fameux Maurice Papon, collaborateur tardif mais zélé, est le plus bel exemple de cette lâcheté qui s’abrite derrière les exigences du respect de la loi[1]. Le cas le plus spectaculaire de cette non-épuration, est sans doute celui du nazi Louis-Ferdinand Céline qui, grâce à la complicité de certains militaires, peu échapper au jugement infâmant et au poteau d’exécution. Mais en réalité derrière cette non-épuration, il y avait la volonté d’empêcher le système économique, social et politique de se réformer en profondeur, à un moment où la France était largement à gauche. 

Il faut raisonner autrement à partir de ce qu’on appelle bêtement l’offre politique : si Zemmour apparaît aux yeux de certains comme un homme crédible, et non comme un simple clown, cela tient à deux réalités liées entre elles, d’une part le sentiment d’un déclin bien réel et rapide du pays, et la dévalorisation concomitante des hommes politiques dont le discours ne fait plus illusion. Beaucoup dénoncent le déclinisme de Zemmour, mais peu se rendent compte que ce déclinisme est aussi inconséquent que flou. Parfois il semble que pour lui le début du déclin ait été consommé avec l’affaire Dreyfus et le J’accuse de Zola qui auraient démoralisé l’armée française – qui pourtant finira par battre les Allemands. Pétain aurait pu redresser la barre, mais les communistes l’en ont empêché en déclenchant une guerre civile durant l’Occupation, en tuant des miliciens et des soldats nazis. D’autres fois encore, Zemmour nous dit que le mal vient de Mai 68, avec sa remise en question des valeurs traditionnelles de la famille, du travail et des patrons et aussi bien sûr avec la libération sexuelle qui a donné trop de place selon lui à la femme. Parfois il nous dit que la faute c’est Mitterrand – pour lequel il a d’ailleurs voté deux fois – qui aurait amorcé ce déclin, ou encore Jacques Chirac en reconnaissant le rôle de l’Etat français dans le génocide des Juifs. Pour Pétain et Maurras, c’était plus clair, le déclin commençait avec la Révolution française et la décapitation de Louis XVI. Et donc c’était la République la cause de tous les maux. Il est inconséquent quand on est décliniste de profession de se montrer aussi peu sûr de soi dans la datation du début de la civilisation. Cependant on perçoit de temps à autre dans le discours de Zemmour cette même volonté pétainiste d’en finir avec la République, même s’il ne le dit pas officiellement. 

Zemmour ne peut nier que la police française ait participé à la rafle du Vel' d'hiv

Joly ne prend pas la peine de contester les élucubrations zemmouriennes sur la culpabilité ou l’innocence de Dreyfus, se contentant de dire que cette culpabilité n’est pas un sujet de débat que pour des confusionnistes de la trempe de Zemmour, et non pour les historiens. D’un côté on le comprend tellement c’est inconséquent et grotesque, mais de l’autre, il aurait été peut-être bon de montrer que ce négationnisme vintage est aussi une vieille marotte de l’extrême-droite dure. Cependant Joly met au jour le fait que Zemmour n’est pas le premier juif honteux qui tente, en se camouflant derrière son statut de juif, de se faire plus identitaire que les identitaires ! C’est le zèle des convertis de fraiche date. On a vu ça avec les communistes défroqués qui après avoir suivi aveuglément le parti communiste le dénoncèrent comme l’origine du mal[2]. Outre Robert Aron, Joly cite François-Georges Dreyfus, un juif converti au protestantisme et un universitaire, comme l’un de ses précurseurs. Ce Dreyfus fut d’ailleurs critiqué de la même façon qu’aujourd’hui on critique Zemmour, à propos de ses falsifications et de ses erreurs manifestes. Zemmour apparaît alors comme un pétainiste conformiste. Henry De Lesquen, pétainiste de longue date et de père en fils, ne s’y est pas trompé dans la critique au vitriol qu’il lui a adressée[3]. Ces juifs qui passent du côté des antisémites notoires sont un peu comme ceux qui prétendent au nom de l’antisionisme éradiquer Israël. Zemmour est à l’extrême-droite ce que Shlomo Sand, un autre juif honteux est à l’extrême gauche, qui nie l’existence même du peuple juif[4]. Zemmour est également dans la lignée d’un autre juif antisémite, Edmond Bloch, un avocat qui se convertira au catholicisme et qui témoignera à décharge au procès de Xavier Vallat[5]. Passant comme Zemmour de la gauche à l’extrême-droite, il en vint tout naturellement à se renier lui-même en engageant le combat contre les juifs de gauche[6]. Edmond Bloch était aussi par nature hostile au sionisme, considérant celui-ci comme le fruit de la doctrine bolchévique. La différence essentielle entre Bloch et Zemmour, est que le premier  a fait la guerre et s’y est conduit avec courage,  dans le conflit de 14-18 où il avait été sévèrement blessé, tandis que le second a tout fait pour échapper au service militaire, en mettant en avant sa constitution de moineau malade. 

Edmond Bloch

Mais le propose de Joly est de répondre dans la hâte aux mensonges et aux falsifications de Zemmour. Ce livre est donc bienvenu tant il enfonce le clou sur les petits tripotages intellectuels malhonnêtes de Zemmour, mais il est critiquable aussi. Quand Joly tente de comprendre la démarche de Zemmour, il mélange un peu tout, il emploie des mots à tort et à travers et glisse du côté d’une analyse politique mal maitrisée. Par exemple, il qualifie Zemmour de « populiste ». C’est une erreur et une facilité, Zemmour n’en appelle pas au peuple, et le peuple se tient assez loin de lui. Il séduit une frange de la petite bourgeoisie et une partie de l’oligarchie. De même on ne peut pas qualifier Zemmour de souverainiste puisqu’il prétende construire, s’il était élu, son action dans le cadre européen et avec l’euro. Quand dans Mélancolie française il dit regretter que la France ait gagné la bataille de la Marne, car une défaite aurait assuré une pax germanica de 1000 ans en Europe, ce ne sont pas les propos d’un souverainiste, mais plutôt d’un traitre à sa patrie. Là encore il se montre le disciple de Pétain qui lui aussi pensait que la France trouverait sa place et son salut dans une Europe allemande, c’était là le sens de la collaboration. Il faudrait sans doute aller un peu plus loin quant aux raisons qui poussent des gens comme Zemmour à réhabiliter Pétain. En vérité il s’agit de disqualifier la Résistance et de continuer à avancer que celle-ci a été inutile. Il se retranche pour ce faire derrière quelques propos du général de Gaulle selon lequel il fallait qu’elle prépare le terrain et n’intervienne pas directement sur le plan militaire. Les communistes, mais pas qu’eux, les maquisards en général, optaient pour le développement d’une armée de partisans. Dans le premier cas on fait confiance aux élites qui sont restées du bon côté, et dans l’autre on pense que le peuple doit prendre son avenir en main. Il est difficile de trancher entre les deux options, elles peuvent être vues comme complémentaires, c’était semble-t-il le cas de Jean Moulin – un autre résistant souvent insulté par l’extrême-droite pour des relations supposées avec le parti communiste. Mais que l’on approuve telle ou telle option, dans les deux cas, il s’agit bien de résister et donc de s’engager malgré les risques encourus. Quoi qu’on en dise, Zemmour est le défenseur des logiques hiérarchiques et élitaires. La rigidité doctrinale et politique de Pétain lui convient bien, il n’est pas un champion de l’égalité et lui-même se pense comme un esprit supérieur. C’est souvent comme ça avec les imbéciles, il suffit qu’ils aient trouvé un petit public pour se croire investis d’une mission. 

Femmes françaises appartenant aux FFI, chacune d'entre elles, bien qu'elles soient inconnues, vaut mieux que dix ou cent Zemmour

A qui s’adresse ce livre ? Il donne des armes à ceux qui combattent Zemmour comme un faussaire, mais il ne convaincra pas les zemmouristes particulièrement bornés qui tordent les itations de leur idole en prétendant qu’on les sortirait de leur contexte pour l’incriminer de négationnisme indument, ou encore qu’on a bien le droit d’interpréter l’histoire comme on l’entend. Car Zemmour est comme Macron, un adepte du en même temps. Il aspire à se présenter comme un pétainiste militant pour rassurer les identitaires, mais il reconnaît en même temps que Pétain était un vrai antisémite.  

 

PS 1 : un autre ouvrage un peu sur le même temps vient juste de paraître : Jacques Semelin & Laurent Larcher, Une énigme française. Pourquoi les trois-quarts des juifs de France n’ont pas été déportés, Albin Michel, 2022. Il avance trois raisons solidement étayées, d’abord parce que les Allemands voulaient ménager la France, ensuite parce que les Français ont beaucoup aidé les juifs à échapper aux rafles, enfin parce que l’Eglise a joué un rôle important pour cacher les juifs, mais aussi pour intervenir contre des institutions trop pressées d’appliquer la solution finale. Cela n’avait rien à voir avec le statut des juifs érigé par Pétain.

 

PS 2 : Zemmour qui de plus en plus se rapproche de l’idéologie nazie vient d’allumer une nouvelle mèche polémique pour tenter de faire croire à ses disciples qu’il existe. Le voilà qu’il veut scolariser les handicapés à part, ça nous rappelle quelque chose. Cette vieille caricature trouve qu’il est malsain de mettre ensemble des enfants sans handicap et des enfants handicapés[7]. Puisqu’il prétend connaitre l’histoire, ce semi-instruit aurait dû se souvenir que les Allemands eux-mêmes ont commencé à moins soutenir Hitler quand il s’est agi d’éliminer les handicapés au nom d’une amélioration programmée de la race. 230 000 personnes handicapées avaient été ainsi assassinées[8]. De tous les candidats, c’est tout de même lui le plus ignoble, et pourtant…



[1] Annie Lacroix-Riz, La non épuration en France, Armand Colin, 2020.

[2] Je pense ici à François Furet ou encore à Stéphane Courtois, maoïste enragé qui passera ensuite dans le camp de l’OTAN et des Etats-Unis pour apporter sa caution à la destruction de l’URSS, alors que celle-ci s’était déjà effondrée.

[3] https://lesquen.fr/2021/02/24/dix-bonnes-raisons-den-finir-avec-zemmour/

[4] Sand invente des titres bouffons avec le mot « Comment », histoire de faire comme Zemmour, de nous faire croire qu’il va nous dévoiler une vérité jusqu’ici cachée. Il publie, Comment le peuple juif fut inventé en 2008, ensuite Comment la terre d’Israël fut inventée en 2012, et enfin Comment j’ai cessé d’être juif en 2013. Ce dernier livre aurait pu être écrit par Woody Allen, au moins pour le titre. Sand est du reste la caution morale souvent citée par l’extrême-droite antisémite.

[5] https://orientxxi.info/magazine/edmond-bloch-les-croisades-d-un-juif-ami-des-antisemites,5184

[6] Pierre Birnbaum, Un mythe politique : La « République juive » : De léon Blum à Pierre Mendès-France, Fayard, 1988.

[7] https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/eric-zemmour-suscite-la-polemique-apres-sa-proposition-sur-les-eleves-handicapes_AN-202201150059.html

[8] https://fr.timesofisrael.com/quand-le-programme-nazi-t4-lancait-leuthanasie-des-handicapes-dans-un-chateau/

jeudi 27 janvier 2022

Zemmour, handicapé sur le plan des connaissances et du côté du cœur

  

Zemmour aime faire la démonstration de sa bestialité et de son absence de cœur. Il est très proche de Trump et de Macron dans ce genre d’exercice où le manque d’empathie procède de la bêtise. Le voilà donc partant en guerre contre les enfants handicapés, c’est tout juste s’il ne les traite pas d’assistés. Il a beau mettre des lunettes, il n’est pas plus sérieux pour autant. Ce semi-instruit à tronche de séminariste défroqué, s’en est donc pris aux enfants handicapés, tollé dans la classe politique et médiatique sur cette volonté de les séparer du reste de la société. Mais ce faisant on a oublié l’essentiel. Le premier point est que cette volonté de séparation est inscrite dans le projet nazi qui visait lui à assassiner les enfants handicapés au nom de la régénération de la race[1]. La séparation était radicale, mais ici, avec l’ignoble Zemmour, elle procède d’abord du fait qu’en mélangeant des enfants handicapés on freinerait les premiers dans leur désir de s’épanouir. En poursuivant sur ce thème, on pourrait aussi proposer de mettre Zemmour dans une maison à part pour qu’il cesse d’avoir une mauvaise influence sur ses disciples, mais aussi pour qu’il soit rééduqué comme étant handicapé du côté du cœur. Cette sortie ne le fait pas seulement apparaître pour un imbécile, elle le fait voir aussi comme un ignorant. En effet, on rappellera que les enfants handicapés ne sont intégrés dans des écoles que s’ils ont une certaine capacité d’adaptation, sinon il existe déjà des institutions spécialisées – la proposition de Zemmour qui ne semble pas connaître le problème, comme d’habitude. Ce qui fait que la défense pitoyable des zemmouristes en disant qu’on a mal compris leur gourou, est hors sujet. Car s’il a été mal compris de tous les côtés qu’on se place, c’est bien qu’il s’est mal exprimé et qu’il a été confus, c’est tout le temps la même manœuvre, que ce soit à propos de Pétain, de Dreyfus ou des handicapés, on l’a mal compris, donc si on n’est pas d’accord avec lui, ce n’est pas qu’il s’exprimerait mal, c’est plutôt qu’on serait un peu con et qu’on ne mériterait pas son intelligence supérieure. Un tel confusionniste a-t-il le droit de revendiquer le statut de président de la République ? Les nazis ont exterminé 230 000 Allemands handicapés au nom du renforcement de la nation. Cela fut un tournant dans le soutien des Allemands au nazisme, on a beau être allemand, on peut aussi avoir un cœur, contrairement à Zemmour. 

Nazis traquant les handicapés 

C’est toujours au nom de l’efficacité et de la compétitivité de la nation qu’on justifie l’ignoble, qu’on soit nazi ou qu’on s’appelle Zemmour. Cet handicapé de la mémoire n’a pas beaucoup réfléchi aux questions dont il prétend débattre et sur lesquelles il aurait des idées. En effet, en intégrant des handicapés, autant que cela soit possible, dans le système scolaire normal, non seulement on les valorise, mais on valorise les enfants dits « normaux », en ce sens qu’ils se sentent responsables de leurs camarades qui ont des difficultés. Cette sortie qui rassurera sans doute quelques néo-nazis qui trainent dans son entourage, n’aidera certainement pas Zemmour à remonter son handicap pour tenter de finir quatrième devant Mélenchon. Bien au contraire, il va faire apparaître facilement Marine Le Pen comme une grand humaniste et l’aider à revenir au second pour affronter Macron au second tour de l’élection d’avril prochain. Tout cela prouve que non seulement c’est un médiocre stratège qui ne connaît rien des aspirations des Français, mais, en perte de vitesse dans les sondages, qu’il est aussi un mauvais tacticien. Cela risque aussi de lui aliéner les malheureux maires qui au nom de la démocratie auraient bien voulu lui donner leur signature pour le parrainer.  

 

Devant le tollé qu’a engendré sa loufoquerie, il a tenté de faire machine arrière, mais il s’est enfoncé en dénonçant l’égalitarisme des « sans-cœur ». Il voulait dire que lui seul avait le monopole du cœur et qu’en réalité en excluant les enfants handicapés du système scolaire, il faisait preuve de bonté. Cette nouvelle sortie confusionniste tentait de faire avaler la fable selon laquelle ce vieux robot déglingué aurait un cœur. Évidemment il a une fois de plus tout embrouillé pour susciter la polémique qui lui permet de se présenter comme une victime du système. Bien que les autres candidats soient stupides et sans idée, Zemmour est tout de même le pire de l’offre politique comme on dit. Cet individu qui ne connait rien à rien et encore moins sur le reste n’a pas compris qu’il y avait à l’heure actuelle 400 000 enfants handicapés scolarisés, et environ 150 000 autres dans des institutions spécialisées, et que la plupart du temps cela ne pose aucun problème. Ce garçon est tout aussi bien laid du dedans que du dehors, c’est une sorte de monstre de foire qui ne peut prospérer que sur les ruines de la civilisation, prétendant la restaurer, en fait il s’applique à la détruire. 

 



[1] Michaël Tregenza, Aktion T4 - Le secret d'Etat des nazis : l'extermination des handicapés physiques et mentaux, Calmann-Lévy, 2011.

lundi 24 janvier 2022

La guerre contre la vaccination obligatoire n’est pas terminée

 

Bruxelles le 23 janvier 2022

La situation de la campagne de vaccination obligatoire orchestrée par Big Pharma avec la complicité de politiciens ignares et corrompus offre une vision paradoxale. D’un côté on apprend que le vaccin est totalement inefficace contre le variant Omicron, et que celui-ci est peu dangereux, au contraire il agirait comme un vaccin naturel et gratuit[1], et de l’autre quelques gouvernements en Europe tentent de faire le forcing pour augmenter les doses d’injections de vaccins. Des pays comme le Royaume Uni, l’Islande, la Finlande, Israël et sans doute bientôt l’Allemagne, commencent à lever les restrictions, voire de se passer d’une quatrième injection[2]. L’Espagne a avancé qu’il fallait maintenant considérer le COVID comme une maladie endémique ce qui ne peut pas faire les affaires de Pfizer et de ses collègues du gang pharmaceutique[3]. C’est le moment qu’ont choisi deux gouvernements particulièrement répressif, l’Autriche pour passer à la vaccination obligatoire, et la France pour imposer un pass vaccinal à partir du 24 janvier 2022, tout en avançant que les restrictions consignées dans la loi que son gouvernement a faites votées allaient être allégées dès le 2 février ! Même le père Ubu n’aurait pas osé. Le clown Castex a d’ailleurs dit dans la présentation de sa proposition de loi : « Omicron est beaucoup plus dangereux mais moins sévère. ». L’entêtement imbécile tenant lieu de boussole pour Macron et son gang, nous ne sommes pas étonnés par cette pantalonnade. 

Dans ces conditions d’absurdité, les manifestations contre le massacre des libertés fondamentales n’ont jamais cessé en France, mais aussi dans toute l’Europe. Ces manifestations ne sont pas toujours de la même intensité, mais elles sont durables et récurrentes. Elles sont très fortes en Allemagne et en Autriche par exemple, deux pays qui ont payé très cher la soumission à des lois absurdes. Mais souvent les médias en France les présentent comme des appendices d’une volonté politique pro-nazie. On ne voit pas en quoi évidemment le fait de manifester pour les libertés individuelles procéderait d’un fascisme rampant. C’est même le contraire car, rappelons-le, les nazis non seulement étaient pour la fin des libertés individuelles, mais aussi pour la science appliquée à l’amélioration de la race. C’est du reste cet eugénisme qui justifie sans toujours le dire la volonté de vacciner et de contrôler tout le monde. Mais il est vrai que les manifestants sont tous très méfiants avec le progressisme affiché par la science vendue à des intérêts mercantilistes. Omicron est très révélateur de l’erreur initiale de la politique du tout vaccinal. Le vaccin ne sert à rien ou à pas grand-chose, mais il est en outre susceptible de détruit les défenses immunitaires naturelles malgré ce qu’en disent certains infectiologues. On revient au choix initial qu’on a eu face à la pandémie, soit soigner les personnes infectées, soit les vacciner, mais la première solution a deux défauts, d’abord elle rapporte beaucoup moins que la seconde, ensuite elle ne correspond pas à l’idée qu’on se fait d’une société moderne et de progrès qui consacre précisément à l’hygiène de ses populations, de gré ou de force. Il y a un idéal de pureté inquiétant dans cette démarche. Il faut le répéter, les manifestants ne sont pas loin de là des illuminés complotistes, il y en a bien entendu. Mais la plupart d’entre eux sont très informés et exercent un droit de critique sur les fables que les experts tentent de nous faire avaler. Ils sont du reste bien plus informés que la moyenne des vaccinés qui font bêtement confiance au gouvernement et aux experts qui le conseillent. Ils étudient, regardent les statistiques, s’informent sur les cas douteux et sur les effets secondaires. Ce sont l’inverse des obscurantistes qui sont décrits à longueur de journaux télévisés comme des brutes intolérantes et sans cervelle. Au contraire les vaccinés qui ont peur de s’être trompés et de s’être fait avoir, sont d’une hargne rare à l’égard des non-vaccinés à l’exemple de cet imbécile de Raphaël Enthoven qui tous les jours insulte les non-vaccinés, comparant la rébellion de ceux qui se refusent à la piqure à répétition à une maladie incurable, supposant qui’il faille sévir contre ces incurable, peut-être les mettre dans des camps[4] ? Il en a rajouté d’ailleurs dans la crétinerie satisfaite en comparant les vaccinés à de la volaille enfermée dans un poulailler : « En un mot, loin d'être une menace, le passe sanitaire est une réduction provisoire de liberté sans laquelle la liberté serait celle du renard dans le poulailler. »[5]. Les mensonges commencent à se voir, David Pujadas, dans son émission 24 h Pujadas sur LCI du lundi 17 janvier, a avancé que les individus contaminés par Omicron étaient sans doute évalués à 12,5 millions d’individus, mais n’avait engendré qu’une augmentation de 200 personnes en réanimation. Ce journaliste n’est pas précisément connu pour être complotiste ou le porte-parole des antivax. Mais sa réflexion portait en creux la critique du pass vaccinal qui est entré en vigueur le 24 janvier. Par contraste son analyse chiffrée fait ressortir l’insolente bêtise de Raphaël Enthoven. 

Vienne le 20 janvier 2022 

Raphaël Enthoven c’est un peu comme Zemmour, un médiocre professeur agrégé du secondaire qui, par son entregent est parti enseigner à Sciences Po, le dernier bistrot où on cause et où on apprend à porter le voile. Il fait partie de la famille tuyau de poêle, ayant engrossé Carla Bruni après que celle-ci ait été en couple avec son propre père et avant qu’elle s’en aille déconner avec Nicolas Sarkozy. C’est la bourgeoisie décadente dans toute sa splendeur. Dans cette foire endogamique, il avait épousé la fille de Bernard-Henri Lévy dont il a pris le goût vulgaire des chemises coûteuses et extravagantes, ouvertes en décolleté sur la poitrine. C’est très germanopratin tout ça, et ça explique forcément son engagement dans la gauche bobo et compatible avec Macron comme le laisse comprendre la création d’un journal comme Franc-tireur à laquelle il participe à côté de Christophe Barbier le cireur de pompe préféré de Macron. Ce journal ridicule est financé par un milliardaire Tchèque, probablement à fonds perdus car je ne crois pas que son lectorat soit important. Il développe principalement le thème de la défense du vaccin, ils font la chasse aux antivax comme Zemmour celle des immigrés, avec la même détermination imbécile des ignorants avec la même volonté de se faire remarquer comme quelqu’un qui parlerait vrai parce qu’il parle fort. Vieille tactique éculée. 

Berlin le 15 janvier 2022 

Mais laissons cela. Ce qui est plus intéressant c’est que le mouvement contre la dictature sanitaire est enraciné dans toute l’Europe, jusqu’en Suisse. Et cette résistance est beaucoup plus forte que ne le laissent généralement entendre les médias. Un des exemples significatifs est que le taux de vaccination des enfants est très faible, sauf en Espagne. On a vu d’ailleurs que la méfiance s’est accrue quand le gouvernement français a renforcé le protocole sanitaire dans les écoles, non seulement les parents se sont rebellés, mais les enseignants aussi. La France est le pays où le taux de vaccination des enfants est le plus bas. Ce que les adultes tolèrent pour eux-mêmes, pour aller travailler, pour aller au restaurant ou prendre les transports en commun, ils ne sont pas prêts à l’admettre pour leurs rejetons. Il est vrai que la France est déjà le seul pays au monde où les gosses sont obligés dès leur plus jeune âge de s’envoyer onze vaccins d’un coup, sans qu’il soit démontré que le spetits Français sont en meilleure santé que les petits Allemands ou les petits Suédois. Quand l’ignoble Buzyn avait fait passer l’obligation de ces onze vaccins, il y avait eu une levée de bouclier importante, mais c’est évidemment encore pire avec un vaccin décrié qui n’a pas fait les preuves de son utilité et de son innocuité. Le Parisien, journal clairement macronien, titrait La France distancée pour la vaccination des enfants, comme s’il s’agissait d’un concours ou d’un match dont le seul objectif serait de vacciner plus massivement encore notre progéniture ! Mais en réalité on voit que si globalement et en grognant les Français ont admis les deux doses, ils trainent les pieds pour aller vers la troisième dose. C’est au-delà de la lassitude le constat que leur soumission tranquille n’est pas payante et qu’on leur en demande toujours plus, surtout à un moment où l’échec de la politique vaccinale est patent.  

Il faut donc aller plus loin et analyser les conséquences de ces manifestations. La première est qu’il s’agit en réalité, mais sans le dire le plus souvent clairement, d’une révolte sur la dépossession de soi à laquelle les autorités veulent arriver. C’est une forme de revendication citoyen sur son propre corps, dans le prolongement des revendications de type gilets jaunes, cette méfiance vis-à-vis des corps constitués a touché les politiciens, puis les journalistes et les médias, et maintenant elle en arrive à remettre en cause la médecine moderne et son mercantiliste. C’est une critique du progressisme. En effet jusqu’ici on avale massivement l’idée que progrès c’est compliqué, qu’il y faut des experts, des spécialistes, et donc se soumettre à leur verdict pour notre bien. Mais la crise sanitaire engendrée par le COVID montre à l’inverse que Big Pharma se moque de notre bien-être et ne songe qu’à faire de gras bénéfices sur le compte non pas de la maladie, mais de notre ignorance. Dans tous les domaines, et pas seulement sur le plan de la santé, les citoyens des pays développés revendiquent la maitrise de leur existence. Si cela choque plus en matière sanitaire, c’est parce que ce sujet est très sensible. Souvent on incrimine les Français ou les citoyens des autres pays en dénonçant leur soumission à des règles sociales aberrantes. Mais cela ne s’explique par forcément par l’habitude du consentement, c’est aussi la conséquence de la lourdeur des institutions qui font que l’on se sent désemparé face à la tâche à accomplir. Beaucoup croit encore qu’on n’a pas vraiment d’autre choix que de faire encore confiance à des politiciens véreux ou des experts intéressés et corrompus. Il faut donc beaucoup de temps pour se mettre en marche. Dans les manifestations du samedi contre la politique sanitaire du gang Macron, on voit une grande fluctuation des chiffres d’un samedi sur l’autre, mais à peine Macron croit-il que le mouvement n’existe plus et voilà qu’il se réarme la semaine suivante ! 

A Bruxelles le 23 janvier, on a vu les policiers se réfugier piteusement dans le métro pour échapper à la vindicte populaire 

A Bruxelles le 23 janvier, on a vu que les manifestants contre le pass sanitaire avaient affronter directement la police, harcelant et obligeant ses agents à reculer et à s’évacuer par eux-mêmes. Cette volonté de reprendre sa vie en main ne peut pas aller sans l’exercice d’une certaine dose de violence. Celle-ci est latente depuis quelques années, on la voit resurgir contre les rassemblements de Davos ou des G20 ou encore avec les Gilets jaunes, et maintenant contre la police qui semble aider les gouvernements à obtenir la soumission à sa politique sanitaire. On l’avait vu l’été dernier avec les affrontements en Australie qui obligèrent la police à tirer sur les manifestants antivax. L’absurdité non-démocratique des politiques modernes engendrent nécessairement la violence car la voie parlementaire est particulièrement bouchée et impraticable. En France il suffit d’être approuvé par 18% des électeurs inscrits au premier tour pour finir par être président avec 37% des électeurs inscrits comme cela a été dans le cas de Macron. Ces violences sont la rançon des colères accumulées contre l’incompétence et la corruption des politiciens, mais aussi de la volonté de reprendre son destin en main avec comme mot d’ordre la liberté. C’est pourquoi il serait erroné de comprendre la lutte des antivax simplement comme une contestation de la politique sanitaire des gouvernements, la lutte est globale, et il est très probable qu’elle va s’amplifier au-delà de la question des vaccins. 

Berne, le 22 janvier 2022 

Lyon, le 22 janvier 2022 

Aix-en-Provence le 22 janvier 2022


[1] https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/le-variant-omicron-peut-il-servir-de-rappel-vaccinal-naturel-les-scientifiques-divises_2165644.html

[2] https://www.lindependant.fr/2022/01/07/covid-face-a-omicron-qui-contamine-autant-les-vaccines-que-les-non-vaccines-faut-il-abandonner-le-pass-sanitaire-10032023.php

[3] https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-club-des-correspondants/covid-19-la-strategie-du-vivre-avec-le-virus-envisagee-en-espagne-italie-et-israel_4898329.html

[4] https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/raphael-enthoven-les-anti-vaccins-representent-une-maladie-incurable_2140483.html

[5] https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/raphael-enthoven-il-faut-se-moquer-des-antivax-car-ces-gens-la-sont-dangereux_2156626.html

jeudi 20 janvier 2022

Mauvaises nouvelles de l’Europe et de son économie

 

Les candidats à la magistrature suprême font tous un effort incroyable pour éviter de parler de ce qui les gêne aux entournures, c’est-à-dire de l’efficacité ou non de l’Union européenne et de la monnaie unique. L’ignoble Macron qui a hérité pour six mois de la présidence du Conseil de l’Union européenne, s’est empressé de se faire remarquer en mettant le drapeau de l’Union européenne sous l’Arc de Triomphe, ne comprenant pas que ce geste ignoble qui démontrait sa volonté de soumission et rappelait les heures sombres de l’histoire avec les drapeaux à croix gammée qui flottaient sur Paris, avouant indirectement que nous étions dans la situation d’un pays occupé avec la disparition du drapeau français. Certes, la France n’est pas occupée officiellement par des militaires avec des casques, des tanks et des fusils. Elle est occupée de loin par une armée de bureaucrates qui, en travaillant pour l’oligarchie financière, militent pour une nouvelle forme institutionnelle qui émergerait dans la disparition de la nation française et sous la direction d’une Grande Allemagne. On a souligné le fiasco de la politique européenne sur le plan de la politique étrangère[1] et sur le plan de la situation économique et sociale[2]. La crise du COVID et ses difficultés dans sa gestion n'ont fait que confirmer ce que nous disions. Le problème principal et immédiat de l’Europe, au-delà de ses mésententes, est que l’ensemble des pays qui la composent, se sont endettés lourdement pour poursuivre une politique de vaccination de toute la population qui a fait la preuve de son inefficacité pour sortir de la pandémie. 

 

Déjà nous voyons l’Allemagne se débattre avec la faible relance de son économie en 2021, ce qui pourrait conduire ce pays à redevenir l’homme malade de l’Europe, ce qu’il était avant l’introduction malencontreuse de la monnaie unique[3]. Mais ce pays qui prétend commander à l’Europe entière et lui faire la leçon vient de changer de gouvernement et a annoncé que la nouvelle politique économique qu’il imposerait à la zone euro serait en priorité le remboursement de la dette, c’est une des conditions pour que le très néolibéral Christian Lindner participe de l’improbable coalition entre le SPD, les Grünen et le FPD. Mais ce que l’économie européenne craint le plus c’est une remontée des taux directeur de la BCE pour combattre l’inflation. On constatait qu’à la suite de la FED, les taux s’étaient brusquement redressés en Europe ces dernières semaines[4], ce qui tendait à démentir les propos de l’incompétente Christine Lagarde qui annonçait en novembre dernier que non seulement l’inflation allait ralentir, mais qu’en outre les taux ne remonteraient pas[5] ! En matière de prévision à court terme, on peut faire tout de même mieux. En décembre dernier, j’annonçais au contraire que l’inflation allait continuer, non seulement à cause de la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, mais aussi à cause des revendications salariales qui, paradoxalement, se sont affermies durant la crise sanitaire un peu partout dans le monde[6]. 

 

Rapidement l’euro va rencontrer deux problèmes. D’abord le différentiel du taux d’inflation entre les Etats-Unis et l’Union européenne – ou la zone euro – plombe l’économie européenne et particulièrement l’économie allemande. Ce différentiel fait que les prix des produits américains sont meilleur marché en Europe et que, vice versa, les prix des produits européens sont trop élevés pour le marché américain. Comme l’essentiel de la croissance économique allemande est fondé sur l’exportation, cela explique pour une grande partie pourquoi l’économie allemande patine à l’heure actuelle. Le deuxième problème est qu’une remontée des taux va renchérir fortement le prix de la dette et que cela va faire rentrer certains pays dont la France dans le cercle infernal de l’austérité lorsque la crise du COVID sera terminée. Il faudra rembourser réclame le nouveau ministre des finances allemands et Bruno Le Maire, en bon petit collaborateur de l’Allemagne, acquiesce à ses désiderata. Il bombe le torse et annonce « je serais intraitable sur le remboursement de la dette française » [7]. Il ne connait évidemment rien à l’économie et ne comprend pas que ce qu’il propose aux Français est un scénario à la grecque. En effet, le différentiel de la dette entre la France et l’Allemagne conduirait dans le cadre d’une politique d’austérité pour satisfaire aux critères de Maastricht révisés à un abaissement radical du niveau de vie des Français et probablement à une hausse du chômage et une baisse du PIB. La raison est assez simple, même un idiot la comprendrait, mais pas Bruno Le Maire, en restant dans le cadre l’euro et en s’engageant à rembourser la dette, la France ruinerait son économie qui est principalement tirée par la demande[8]. Dès lors qu’on rentre dans une logique d’austérité, la demande s’effondre et l’économie avec. On ne peut pas rembourser la dette sans dévaluer la monnaie fortement, mais on ne peut pas dévaluer la monnaie en restant dans l’euro. Autrement dit ce qu’il faudrait faire pour retrouver des couleurs et des marges de manœuvre, c’est dévaluer le franc par rapport au mark, mais cela est impossible dans le cadre de la monnaie unique. Il est incohérent ou catastrophique de mettre en place une politique de remboursement de la dette sans dévaluation de la monnaie. Cela ne s’est jamais fait, aussi loin qu’on peut remonter dans les statistiques des dépenses publiques[9]. Comme on le voit la perspective de rembourser la dette est une très mauvaise nouvelle et va rendre le maintien de la France dans la zone euro très difficile. 

 

L’année 2021 qui a vu un rebond très net de la croissance française, sans que pour autant on revienne au niveau de 2019, s’est accompagnée d’un déficit record pour le commerce international. Macron aura ainsi battu le record du déficit public, mais aussi le record du déficit commercial, ce qui n’est pas banal. La France souffre donc de ce qu’on appelle les déficits jumeaux, elle cumule de forts déficits publics avec de forts déficits commerciaux. Si Macron bat des records en matière de déficit commercial, cela vient du fait que nous avons une croissance tirée par la demande, et comme nous ne produisons plus assez de bien de consommation courante, nous achetons plus que nous vendons à l’étranger. Tous les politiciens de bas étage, y compris le sinistre Zemmour, vous le diront, il faut réindustrialiser la France. Mais pourquoi nous sommes nous désindustrialisés ? Essentiellement pour deux raisons :

– la première est l’adhésion du pays à un libre-échange débridé et donc à la mondialisation, celle-ci devait nous apporter la prospérité, l’emploi, et la fin des déficits publics, on a eu exactement le contraire. C’est le malheur de notre temps ;

– la seconde vient de ce que nous avons abandonné notre monnaie nationale pour intégrer les rigidités du taux de change avec nos voisins, notamment l’Allemagne. Qui était avant l’introduction de l’euro notre partenaire commercial principal pour les exportations et les importations. Concrètement cela veut dire qu’à cause de l’euro qui est une monnaie forte, nous vendons nos produits industriels trop chers sur les marchés internationaux.  

Un déficit commercial important, et le notre l’est, signifie essentiellement que nous importons des produits finis et qu’en contrepartie nous exportons du travail. Ce qui explique que le taux de chômage, quoi qu’on en dise dans les allées du pouvoir, reste très élevé aujourd’hui, le nombre des personnes à la recherche d’un emploi est aujourd’hui officiellement aux alentours de 6 millions inscrits dans les statistiques de Pôle emploi[10], et encore ne compte-t-on pas les personnes qui ont renoncé à s’y inscrire, ceux qui sont en formation – environ 300 000 – ou ceux qui sont au RSA – environ 2 000 000[11]. En ajoutant tous ces chiffres on obtiendrait une population de 8,3 millions qui serait potentiellement en quête d’un emploi. Face à ces 8,3 millions de personnes inemployées, il y aurait seulement 135 000 emplois non pourvus effectivement, alors que l’impayable Castex nous dit que ce chiffre s’élèverait à 300 000 unités[12]. Comme le comprend 135 000 postes non pourvus face à 8,3 millions de personnes inemployées c’est dérisoire et rend loufoque la sortie de Macron, « je traverse la rue et je vous trouve un travail »[13]. 

Chômeurs inscrits à Pôle emploi

6 000 000

Personnes touchant le RSA

2 000 000

Personnes en formation

300 000

Total des personnes sans emploi

8 300 000

Sous-emploi en France à la fin de 2021 

Mais laissons ces calculs de côté. Si je rapporte seulement ces 6 millions de chômeurs à la population active évaluée à environ 30 millions de personnes par l’INSEE[14], j’obtiens un taux de chômage de 20%, au lieu des 8,1% du taux de chômage tel qu’il est défini par le BIT et tel qu’il est repris par Macron et son gang pour tenter de donner un bilan un peu flatteur à son sinistre quinquennat[15]. Et encore on ne prend pas en compte ici les entreprises qui n’ont pas encore licencié parce qu’elles ont reçu des aides importantes de l’Etat, mais ça devrait venir vers le mois de mars 2022. L’apparente bonne tenue de l’économie française en 2021 est en réalité l’image d’une économie sous perfusion des dépenses publiques et masque un chômage structurel persistant. C’est-à-dire exactement l’inverse de ce que disait vouloir faire Macron lorsqu’il a été élu malencontreusement. Tout part en réalité d’un déficit commercial trop important. Si vous regardez le tableau sur le déficit commercial, vous constaterez qu’il s’est aggravé de plus en plus depuis l’introduction de l’euro en 2000, après une longue période de quasi équilibre entre 1980 et 2003. Ce déficit commercial extravagant, jamais vu auparavant, est la rançon payée à la monnaie unique. 

Evolution des bilans de l’Eurosystème, de la FED et la BoJ (en montant et en % du PIB) Source : BCE, FED, BoJ, Eurostat 

Le déficit commercial français devrait pourtant inquiéter, mais l’argent facile qui a été déversé sans retenue depuis que Mario Draghi avait été nommé à la tête de la BCE – ce transformiste fut ensuite nommé, évidemment sans être élu, à la tête du gouvernement italien, et son titre de gloire sera sans doute d’avoir mis en place une dictature sanitaire sans avenir dans son pays – et puis ensuite avec le développement de la crise du COVID. Ça se traduit par une explosion du bilan des banques centrales, comme on le voit ci-dessous, car en rachetant des actifs, celles-ci ont créé de la monnaie qu’il faudra bien détruire un jour, soit par de l’inflation, soit par des faillites. On s’attend d’ailleurs à ce qu’il y ait une nouvelle crise financière dans très peu de temps pour résorber cet excédent de monnaie en circulation. Cette situation difficile fait qu’il sera impossible de gérer à la fois l’inflation et la dette à l’échelle de l’Union européenne. Seul un retour à la souveraineté monétaire le permettrait. Cette souveraineté monétaire ne peut s’exercer que dans deux cas :

– soit dans le cadre national stricto sensu ;

– soit dans le cadre d’une Europe fédérale dont personne ne veut vraiment.  

 

Comme on le constate dans le tableau ci-dessus, le rebond de la croissance économique n’a pas permis de retrouver le niveau de 2019 dans les pays européens, contrairement à la Chine ou aux Etats-Unis. Le problème n’est pas tant que cette croissance soit faible, mais plutôt qu’elle n’a été possible qu’à cause des liquidités injectées massivement dans les économies. Dans ces conditions, les perspectives sont très floues, les envolées de la bourse qui sont surtout des investissements spéculatifs, masquent difficilement le ralentissement des investissements productifs et des investissements publics. Le ralentissement des investissements était d’ailleurs déjà sensible avant la crise sanitaire, il est d’autant plus apparent aujourd’hui[16], même si certains secteurs semblent tirer leur épingle du jeu, surtout ceux qui sont largement subventionnés directement ou indirectement par l’Etat, par exemple l’industrie pharmaceutique boostée par le COVID[17], ou les investissements dans les énergies renouvelables, ou encore quelques start-up[18]. Les économistes qui ont parié sur le redéploiement de l’économie à partir de ce nouveau modèle du green washing, sont extrêmement dépités. Les investissements européens ne seront pas suffisants pour atteindre une neutralité carbone d’ici 2030. Autrement dit cette volonté de neutralité carbone affichée – dont on peut discuter la pertinence puisqu’il se veut compatible avec l’idéal d’une croissance forte et soutenue – ne sera pas compatible avec l’idéal fumeux du remboursement de la dette ! 

 

Si on admet que l’Union européenne est globalement dirigée par l’Allemagne, il faut se souvenir que ce pays est, comme l’Italie, contrôler en réalité par Goldmann & Sachs. Officiellement classé à gauche parce que le SPD est devenu le premier parti lors des dernières élections au Bundestag, il faut prendre en compte que le principal conseiller d’Olaf Schoz est le sinistre Jörg Kukies, un ancien de Goldmann & Sachs, comme Mario Draghi[19]. C’est lui qui sera en charge des question économiques et des questions européennes dans le nouveau gouvernement en orientant les choix d’Olaf Schoz. Il était déjà sous la tutelle d’Angela Merkel secrétaire d’Etat chargé de l’Europe et des Marchés financiers. L’importance de ce personnage, tout acquis au libéralisme financier débridé, fait qu’il y a peu de chance pour que les orientations de l’Union européenne sur les critères de Maastricht et leur application ne change. Outre-Rhin, malgré l’arrivée au pouvoir d’une soi-disant gauche, rien n’a changé. C’est la continuité qui prédomine. On peut même parler d’immobilisme. Ce sont tout de même les équipes de Goldmann & Sachs qui ont conduit la Grèce à la ruine, aussi bien en l’aidant à entrer dans la zone euro, en maquillant les bilans, qu’en l’enfonçant au moment de la mise en place du vaste plan d’austérité décidé en 2015 par l’Allemagne qui a pu piller ce malheureux pays tranquillement, sans même que Macron ou Hollande ne trouvent rien à y redire, et avec l’aide du traitre Tsípras qui a bafoué la volonté populaire qui s’était exprimé dans le référendum[20]. Le cas grec doit être rappelé parce qu’on a vu en 2015 que plus un pays se couchait devant les exigences boches, et plus les boches le méprisaient et accéléraient son pillage. On a le même cas de figure avec Macron, plus celui-ci se plie aux exigences de l’Allemagne et plus celle-ci lui demande encore plus de gages, plus elle le méprise et le traite comme un employé qu’elle pourrait bien, si l’envie la prenait, renvoyer. Les Allemands n’ont jamais respecté que la force, dès qu’ils sentent de la faiblesse chez un partenaire ils s’engouffrent dedans. On l’a vue avec l’humiliation subie par Macron lors du Traité d’Aix-la-Chapelle en 2019 quand le pseudo-président de la République a avalé les couleuvres les unes après les autres[21]. Mais on a vu à l’inverse qu’Angela Merkel avait beaucoup plus d’égard pour la Russie de Poutine qui lui a tenu la dragée haute. A l’inverse de Macron, Poutine ne s’est pas déplacé à Aix-la-Chapelle, c’est Merkel qui a été au Kremlin. 

 

Depuis au moins Giscard d’Estaing, la France a une diplomatie déplorable, elle accepte à peu près tout de son partenaire allemand qui exige toujours plus sans rien donner. Mitterrand avait eu quelques velléités de s’opposer à l’Europe allemande, puis il a cédé en 1983 et ce fut sa plus grande honte. Ainsi on peut dire que la puissance économique de l’Allemagne est due à trois facteurs :

– d’abord au fait que les Allemands n’ont jamais payé leurs dettes de guerres, ni en 1920, ni en 1946. On a souvent dit que c’était la lourdeur des dettes imposées à l’Allemagne par le Traité de Versailles qui avait engendré la monstruosité nazie. C’était un peu la thèse de Keynes[22]. Mais cette thèse ne tient pas debout comme l’a montré le Français Etienne Mantoux qui a démontré deux choses[23], la première est que le Traité de Versailles n’écrasait pas dans ses exigences l’économie allemande, au contraire, mais aussi que ce même Traité n’avait jamais été respecté par les Allemands. La même partie s’est jouée en 1945. Les dettes de guerre des Allemands ont été purement et simplement effacées par les Américains, et le pillage de l’or grec par les nazis n’a même pas été soulevé par Tsípras lors de sa capitulation sans condition devant les exigences boches[24].

– ensuite aux aides généreuses des Américains pour la reconstruction du pays, avec l’idée que cela pouvait être utile à contenir la poussée expansionniste de la Russie communiste[25]. Cette poussée ressortait selon moi plus du fantasme que de la réalité. Mais les Allemands ont su jouer de celle-ci.

– enfin, et il ne faut pas l’oublier, cette puissance s’est reconstituée avec l’aide des différents gouvernements français, y compris sous de Gaulle, ce fut évidemment le piège de la construction européenne emmenée par de potentiels collaborateurs comme Jean Monnet[26] ou Robert Schuman[27] qui avaient rêvé avant la guerre et pendant l’occupation à une grand Europe unifiée sous la houlette de l’Allemagne. Mais évidemment plus l’Allemagne a obtenu de la France des concessions, plus elle en a demandé de nouvelles. Après avoir obtenu les avantages de la monnaie unique, l’Allemagne y étant entré en dévaluant le mark, tandis que la France réévaluait le franc, elle a obtenu un durcissement des critères dits de convergences qui aggravaient la position des économies du sud de l’Europe et renforçaient celle de l’Allemagne et de ses provinces, les Pays-Bas et l’Autriche[28]. Et puis elle a obtenu encore plus avec Macron et l’ignoble Traité d’Aix-la-Chapelle. Ce n’est évidemment pas la première fois dans l’histoire de France que des politiciens pourris vont à la rencontre des desiderata de l’Allemagne et même au-delà, comme Pétain l’avait déjà montré, presque toujours contre la volonté populaire des Français. Mais les Français ne sont pas les seuls à avoir dans leur rang une fraction de la population travaillant à la destruction de la nation. Keynes lui-même était pro-allemand, un peu antisémite et surtout anti-français et tant que les Allemands s’appliquaient à détruire et à piller la France, ce n’était pas un vrai problème pour lui, cela permettait de renforcer la place de l’Angleterre dans le monde. Cela en devint un avec l’attaque de l’Allemagne sur l’Angleterre et les bombardements sur Londres. 

 

Ces rappels historiques sont très nécessaires parce que si officiellement selon le catéchisme européiste c’est la paix, il convient de rappeler que le commerce c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens. C’est ce que les auteurs mercantilistes français avaient pleinement compris au seizième siècle. On ne peut pas d’un côté critiquer le mercantilisme allemand et de l’autre lui donner des armes pour prospérer. Il est évident que si la France sort de l’euro au moment même où l’économie allemande commence à avoir des difficultés sérieuses sur les marchés chinois et américain, l’Allemagne rentrera dans le rang et redeviendra une puissance de second rang. Militer pour l’Union européenne, qu’elle soit celle-là ou une autre, c’est travailler pour la gloire de l’Allemagne et le rabaissement de la France dans tous les domaines. Macron qui n’aime pas les Français, prétend que la France peut se fondre dans l’Union européenne. Il milite pour une dissolution de la nation dans un ensemble assez confus plus ou moins fédéral. Si intellectuellement on peut admettre ce projet comme cohérent, dans la réalité sa réalisation se heurte à deux obstacles majeurs :

– d’abord le fait que l’Allemagne ne veut pas se dissoudre, c’est pour cela qu’elle maintient la supériorité de sa constitution sur les traités européens ;

– ensuite que les nations européennes sont culturellement, géographiquement et historiquement, toutes très différentes, et que vouloir les dissoudre reviendrait à détruire la culture patiemment construite au fil des siècles. 

Sur ce graphique on voit clairement que l’euro a permis à l’Allemagne une croissance beaucoup plus forte que dans le reste de la zone euro et de la France 

L’histoire du monde nous enseigne au moins une chose, c’est que la volonté de guerre et de conquête, militaire ou commerciale est une constante. Et que face à cette donnée, toutes les tentatives pour constituer un Empire européen relativement stable se sont soldées par des échecs sanglants, c’est probablement cette volonté qui entraîna la chute de l’Empire romain, puis celle de l’Empire Carolingien, puis plus près de nous la chute de Napoléon et celle d’Hitler. Plus l’intégration européenne s’avance, et plus elle montre ses limites et ses impossibilités. Mais cette fuite en avant n’est commentée aujourd’hui par aucun des candidats aux élections présidentielles – je veux dire ceux qui auront la possibilité d’aller jusqu’au bout de leur rêve. Tous nous racontent qu’ils veulent une autre Europe, tout en nous affirmant qu’ils sont souverainistes. Ils ne se rendent pas bien compte que le parti souverainiste en France c’est environ 40% de la population. Et que la forme même de l’Union européenne, l’unanimité exigée pour sortir de cette usine à gaz interdit toute modification qui irait dans le sens contraire du projet libéral soutenu par les banques est les multinationales. On ne peut pas être contre la mondialisation, et même pour lutter sérieusement contre le réchauffement climatique et en même temps être pour l’Europe quelle qu’elle soit.

 

Position des différents candidats sur l’Europe

La plupart des candidats non seulement ne disent rien sur l’importance de l’euro dans la déconfiture de l’économie français ces vingt dernières années, mais ils ne semblent pas connaître quelque chose aux dysfonctionnements récurrents de l’Europe. Ils font comme si la « construction européenne » était un horizon indépassable de la volonté politique. Ils vont pinailler sur des détails qui le plus souvent ne remettent rien en cause. Si on comprend que pour la droite l’Union européenne qui défend la logique des marchés est compatible avec leurs idées de concurrence pure et parfaite et de démantèlement des services publics, comme de privatisations tout azimut, c’est plus difficile de comprendre cet engouement pour ceux qui se prétendent de gauche et qui sont supposés lutter contre la mondialisation et la marchandisation de tout et de n’importe quoi. Il faut rappeler une fois de plus qu’entre 1945 et 1983, c’était la droite libérale qui poussait pour construire l’Europe, la gauche dans son ensemble, socialiste et communiste, freinait des quatre fers. Au sein de la gauche socialiste, c’était plutôt la seconde gauche, cette droite avec un faux nez, emmenée par Rocard et à laquelle Mélenchon adhérait, qui travaillait à faire évoluer les esprits dans le sens d’une acceptation d’une Europe sociale-libérale, au sens qu’on donne aujourd’hui à ce terme et qui est si bien représenté par Macron.

 

Jean-Luc Mélenchon propose de désobéir au cas par cas aux oukases de la Commission européenne. Et il ajoute que les règles sur les limites du déficit budgétaire ne pourront pas être tenues. Sur ce dernier point il a raison, mais il ne semble ne rien connaître sur le rôle de la monnaie dans l’économie et donc l’importance de la monnaie unique

La sortie de l’euro n’est-elle plus d’actualité ?

Nous n’avons aucun intérêt au chaos économique et politique qui résulterait d’une position agressive de la France. Je ne vois pas comment on ferait, vu notre déficit du commerce extérieur. Prenons plutôt la question par l’autre bout : le statut de la Banque centrale européenne, la règle des 3 %, la dette. Vous croyez franchement qu’on reviendra au pacte de stabilité ? Non. En tout cas pas avec nous. Le monde, 19 janvier 2022

 

Le cocasse de la position de Mélenchon est qu’il nous dit qu’on ne peut pas sortir de l’euro à cause du déficit commercial. Mais si le déficit commercial est la rançon de la monnaie unique forte que l’Allemagne a voulue, on ne voit pas pourquoi on peut continuer à l’accepter sans que le déficit commercial ne s’aggrave. C’est une claire régression par rapport à son programme de 2017. Il abrite son revirement en disant que l’Europe n’est pas un produit fini et qu’elle peut encore changer. Outre que cela fait plus de trente années qu’on nous serine cette chanson, on voit qu’elle a toujours évolué en empirant dans le sens néo-libéral. Sur le plan de la gestion des migrations il milite comme Macron pour une répartition des migrants – combien peut-on en accueillir, on ne sait pas, un million, dix millions, cent millions – sous la houlette de l’Union européenne, ce que refuse beaucoup de pays européens, et ce qu’Hollande avait fort heureusement refusé en 2015.

 

Valérie Pécresse est presqu’un clone de Macron. Elle ne s’attaque à la question européenne que sur le plan des symboles, étant europhile et « patriote », elle ne s’offusque pas du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, mais de l’absence du drapeau français. On voit que la différence ne pèse guère. Comme Macron elle dit souhaiter une Europe puissance qui s’assume. Ces mots couvrent en vérité qu’on irait vers une diplomatie européenne chapeautant la diplomatie française, et qu’on aurait une armée européenne, deux institutions qui forcément incarneraient les desiderata de l’Allemagne, faute de pouvoir exister. Le monde, 19 janvier 2022.

 

Emmanuel Macron est bien sûr dans la continuité de sa soumission à l’Allemagne à qui il a tout donné ou presque au Traité d’Aix-la-Chapelle. Comme il se trouve qu’il est en même temps candidat à sa propre succession et qu’il préside en même temps le Conseil de l’Europe, il va tenter de se servir de se tremplin pour se faire passer pour plus européen que les autres, que ce soit Jadot, Hidalgo ou Pécresse, leur position est la même, celle de l’éternelle main tendue à l’Allemagne. Cependant comme l’opinion sait aussi pertinemment que l’opinion a des doutes sur l’efficacité de cette boutique dans tous les domaines, il va faire comme s’il critiquait l’Europe pour l’améliorer. Il a fait placarder 80 000 affiches avec le slogan Changer l’Europe pour faire avancer la France. En prolongeant une imposture qui dure depuis plus de trente ans, il ne s’engage à strictement rien, un peu comme quand Pécresse dit qu’elle veut une Europe puissance. Ce sont des mots et même pas l’ébauche d’un programme. 

 

Fabien Roussel est sur la même ligne que Mélenchon, il ne discute pas du poison qu’est l’euro pour l’économie française. Il appelle de ses vœux une réindustrialisation de toute l’Europe et un protectionnisme européen qui en réalité favoriserait forcément l’Allemagne du point de vue des avantages comparatifs. Il propose une « harmonisation des salaires entre les travailleurs européens et des droits sociaux en prenant comme référence le pays où le droit est le plus favorable ». Ce qui en effet romprait avec l’idéal de concurrence prôné par les traités européens, mais qui pour s’affirmer devrait automatiquement être ratifié par tous les pays européens. Or évidemment les pays de l’Est de l’Europe qui tirent bénéfice du faible coût de leur main d’œuvre, ne veulent pas en entendre parler. 

Salaire minimum dans l’Union européenne en 2019 

Éric Zemmour qui n’est qu’exactement le candidat du conformisme ambiant, lui, a annoncé qu’il ne voulait pas sortir de l’Europe et de l’euro. Il semblerait que cela lui vienne du fait qu’il pense que les Français sont attachés à ce hochet. Ce qui prouve qu’il manque un peu de couille. L’homme qui gère ses finances, du moins celles de sa campagne, Vincent Uher travaille d’ailleurs pour la Commission européenne. Il représente la Commission européenne devant la Cour de justice européenne contre les Etats récalcitrant comme la Hongrie par exemple[29]. Mais passons sur ce détail. Il fut naguère un partisan de la sortie de l’euro en 2013 quand c’était à la mode, en pleine crise de l’euro, mais depuis l’opportuniste s’est rangé. Souverainiste en carton, tendance Pétain, il propose lui aussi de s’accommoder aussi bien de la monnaie unique que des traités. Evidemment son erreur d’analyse est que si l’euro est le motif du rabaissement de l’économie française, alors il faut s’en débarrasser. Lui aussi comme Mélenchon propose qu’on désobéisse. Sur son site Zemmour2022.fr il n’y a rien du tout sur l’Europe, comme si cette institution était sans importance[30].


[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/10/leurope-des-coups-de-poignard-dans-le.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/01/leurope-et-leuro-dans-les.html

[3] https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/14/l-economie-allemande-n-a-progresse-que-de-2-7-en-2021_6109493_3234.html

[4] https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/13/en-europe-la-remontee-des-taux-d-interet-suscite-l-inquietude_6109275_3234.html

[5] https://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/general/christine-lagarde-croit-toujours-au-reflux-de-l-inflation-en-2022/630180

[6] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/12/linflation-va-continuer-et-accelerer.html

[7] https://www.trendsmap.com/twitter/tweet/1473572707828736001

[8] https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/en-france-et-en-europe-le-secteur-prive-tire-par-la-demande-retrouve-des-couleurs-887504.html

[9] Carmen Reinhart & Kenneth Rogoff, This Time Is Different – Eight Centuries of Financial Folly, ‎ Princeton University Press, 2009.

[10] https://statistiques.pole-emploi.org/stmt/publication#

[11] https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse/en-juillet-le-nombre-dallocataires-du-rsa-remonte-legerement#:~:text=Fin%20juillet%202021%2C%201%2C95,par%20rapport%20%C3%A0%20juillet%202020.

[12] https://www.lci.fr/politique/chomage-plusieurs-centaines-de-milliers-d-emplois-sont-ils-non-pourvus-faute-de-candidats-comme-l-a-regrette-emmanuel-macron-2201710.html

[13] https://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/09/16/25001-20180916ARTFIG00043-macron-a-un-jeune-chomeur-je-traverse-la-rue-je-vous-trouve-du-travail.php

[14] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5391984?sommaire=5392045

[15] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5871518

[16] https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/30/zone-euro-tres-peu-d-investissements-et-trop-d-epargne_5504353_3232.html

[17] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/pfizer-compte-investir-un-demi-milliard-d-euros-en-france-sur-5-ans-et-s-allie-a-novasep-902100.html

[18] https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/11-6-milliards-d-euros-leves-en-2021-la-french-tech-explose-tous-ses-records-902080.html L’engouement pour les start up rappelle furieusement le même mouvement pour les entreprises du numérique vers la fin du vingtième siècle, engouement qui s’est traduit par une belle bulle boursière et la crise financière qui s’en est suivie. Lamfalussy Alexandre, « Les turbulences financières des années 2000-2003 », Reflets et perspectives de la vie économique, 2005/1 (Tome XLIV), p. 87-92. 

[19] https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/06/jorg-kukies-le-conseiller-tres-special-du-nouveau-chancelier-allemand_6108368_3234.html

[20] https://www.leparisien.fr/economie/en-direct-referendum-en-grece-les-bureaux-de-vote-sont-ouverts-05-07-2015-4919811.php

[21] https://www.asafrance.fr/item/traite-franco-allemand-analyse-critique-du-traite-franco-allemand-d-aix-la-chapelle-de-janvier-2019.html

[22] The Economic Consequences of the Peace, Harcourt, Brace & Howe, 1920.

[23] Etienne Mantoux, La paix calomniée, Gallimard 1946.

[24] https://information.tv5monde.com/info/grece-allemagne-athenes-rappelle-berlin-ses-factures-de-guerre-15751

[25] https://www.lemonde.fr/archives/article/1949/05/25/l-allemagne-grace-a-l-aide-americaine-va-t-elle-etre-amenee-a-rearmer-ou-a-s-entendre-avec-l-est_1917360_1819218.html

[26] https://blogs.mediapart.fr/raoul-marc-jennar/blog/141012/europe-d-etranges-peres-fondateurs

[27] https://www.upr.fr/dossiers-de-fond/la-face-cachee-de-robert-schuman/

[28] Diarra Souleymane, « Analyse rétrospective du respect des nouveaux critères de convergence de l’UEMOA », Revue d'économie du développement, 2016/1 (Vol. 24), p. 79-98.

[29] https://www.ladepeche.fr/2021/12/22/eric-zemmour-lhomme-qui-gere-largent-de-sa-campagne-travaille-pour-la-commission-europeenne-10008063.php

[30] Zemmour détaille son programme « écologique » sous la rubrique paysages et environnement. C’est pitoyable d’en être là en plein XXIème siècle. 

Henri Barbusse, Le feu, journal d’une escouade, Flammarion, 1916

  C’est non seulement l’ouvrage de Barbusse le plus célèbre, mais c’est aussi l’ouvrage le plus célèbre sur la guerre – ou le carnage – de...