lundi 31 mai 2021

Guy Sorman, Mon dictionnaire du bullshit, Grasset, 2021

  

Je me demande bien pourquoi j’ai lu ce livre de Sorman. En effet, non seulement sa réflexion sur tout et sur rien est complètement dépassée dans tous les sens du terme, mais son confusionnisme natif l’empêche même de ses rendre compte de la profondeur des théories qu’il prétend avoir fréquentées et assimilées. Mais en réalité Sorman est un concentré de la pensée libérale et mondialiste, et en cela il est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas penser ! Il prétend refaire une sorte de Bouvard et Pécuchet de notre époque, et en un sens c’est assez vrai, il est à la fois Bouvard et Pécuchet. Il est tout aussi près de Flaubert d’ailleurs, pas tout à fait versaillais, mais pas loin, en tous les cas, il en possède la même suffisance. Sorman est une sorte de semi-intellectuel, un peu salonard, qui a fréquenté des politicards par caisse entière. Bien introduit, il a un carnet d’adresse des plus fournis. Sans doute une séquelle de sa fréquentation de la Franc Maçonnerie qui n’est plus selon lui ce qu’elle était, elle n’aurait plus d’influence sur la politique et il le regrette – à part ça il n’est pas décliniste. Le voilà donc qu’il nous fait non pas un dictionnaire critique des idées reçues, mais un catalogue des mythes et slogans auxquels il croit. Passons sur le fait qu’il soit menteur. Par exemple il nous dit qu’enfant il a été vacciné par le docteur Destouches, autrement dit Louis-Ferdinand Céline, et il cite le dispensaire de Sartrouville. Or ce mensonge ne tient pas debout. Parce qu’en effet quand Céline officiait à Sartrouville c’était en 1940, et à cette date le pauvre Sorman n’était pas né. Céline fuira la France pour le Danemark et ne reprendra que très brièvement la médecine de ville en 1953, mais pas à Sartrouville.

« Je confesse une dette envers le Dr Louis-Ferdinand Destouches : enfant, il m’a vacciné au dispensaire de Sartrouville où il officiait. J’ai le souvenir précis de ce médecin en blouse blanche, au regard fiévreux, et des énormes seringues qu’il faisait bouillir dans une casserole sur une gazinière. L’injection fut douloureuse, mais efficace, puisque je n’ai jamais souffert du tétanos ni de la diphtérie. J’ignorais que Destouches était Céline ; je ne fis le rapprochement que des années plus tard, avec une épouvante qui ne m’a jamais quitté.»

Le but de cette fable est de frimer, jouer celui qui a côtoyé tous les grands de ce monde, furent-ils des salopards. D’ailleurs son dictionnaire ressemble à une forme de catalogue. Ça défile ! Le mensonge éhonté sur Céline – chez Grasset ils n’ont pas de relecteur semble-t-il – rend déjà suspect tout ce qu’il écrit par la suite. Un passage du livre a déjà fait couler beaucoup d’encre, il prétend avoir vu Michel Foucault acheter des petits Tunisiens pour satisfaire ses pulsions pédophiles. Ce témoignage est assez peu crédible. D’abord parce que on sait par ailleurs que si Foucault soutenait n’importer quelle pétition pourvu que ce soit au nom de la liberté sexuelle, il avait plutôt des goûts différents, homosexuel tendance cuir et chaînes. Je précise que je suis très critique par rapport à Foucault, sur des points que ne soulève pas Sorman : par exemple se soutien de l’auteur des Mots et les choses à l’ayatollah Khomeiny. Lui en fait une sorte d’André Gide.  Regardez comment il est écrit :

« Au nom de cette libération totale, que Foucault s’appliquait à lui-même, je confesse l’avoir aperçu s’achetant des petits garçons en Tunisie, au prétexte que ceux-ci avaient droit à la jouissance. Il leur donnait rendez-vous au cimetière de Sidi Bou Saïd, au clair de lune, et les violait allongés sur des tombes. Foucault se moquait éperdument de ce qu’il adviendrait des victimes, ou voulait ignorer qu’ils étaient les victimes d’un vieil impérialiste blanc ; il préférait croire au libre consentement de ses petits esclaves. »

Il précise que cela se passait sur les tombes, avec des enfants de 8, 9, 10 ans. Cela voudrait-il dire que Sorman faisait le voyeur sans intervenir ? Quel que soit le regard critique qu’on porte sur les travaux de Foucault, voire sur ses prises de position politique, il n’y a pas lieu d’inventer n’importe quoi pour se faire mousser le pied de veau. Le témoignage de Sorman a été rapidement contredit[1]. 

 

Sorman c’est le Bouvard et Pécuchet de la mondialisation heureuse, le champion du politiquement correct, le chantre du libéralisme. Il coche presque toutes cases. Certes il nous dit bien que la mondialisation on n’a pas fait assez attention qu’il y avait des défaillances ici et là, mais dans l’ensemble il est content. Il reste ébahi du fait qu’on puisse se trimbaler dans toute l’Europe sans attendre le douanier qui vous contrôle. C’est un gain de temps considérable, surtout qu’il est un admirateur de Gary S. Becker qui considérait l’être humain comme un capital qu’il fallait rentabiliser et rendre toujours plus productif. Evidemment on ne risque pas de trouver chez lui quelque analyse qui ferait le lien entre les crises récurrentes qui ont lieu depuis 1997 et la déréglementation des marchés tout azimut. Il a été formé à Science Po et à l’ENA, là où on apprend les vertus des lois du marché et du libéralisme. En plus il s’en flatte ! Il suppose évidemment que la fin de l’Histoire est inscrite dans le fait que le « socialisme » a été défait et qu’il ne reste plus que le capitalisme qui selon lui s’est bien régénéré. Evidemment si on regarde la récurrence des crises et le désastre écologique on peut en douter. Quand Sorman doute de quelque chose, c’est plutôt que le réchauffement climatique soit le résultat de l’activité humaine. Il n’aime pas Greta Thunberg, il s’appuie sur les meilleures sources, Judith Curry, et puis l’ineffable Daniel Cohn-Bendit – un écologiste honnête nous dit-il – qui est pour le nucléaire. Les ours polaires doivent faire face à la fonte des glaces, pas de problème, ils s’adapteront avance Guy Sorman qui n’est pas à une imbécilité près ! S’il ne dit pas tout à fait que le réchauffement climatique n’est pas très important, il camoufle son climato-scepticisme derrière le fait que l’activité de l’homme, c’est-à-dire la croissance économique qui nous conduit à produire et consommer n’importe quoi, n’est qu’un facteur parmi tant d’autres. Nous voilà rassurés, le capitalisme n’y est pour rien ! Car le capitalisme est bon par nature. 

Ours polaire tentant de s’adapter au réchauffement climatique 

Logique avec la doxa libérale, le cosmopolite Sorman n’aime pas les frontières, il trouve que les migrants sont très maltraités. Il avait d’ailleurs écrit un livre sur ce sujet, J’aurais voulu être Français, publié en 2016 chez Grasset, fustigeant les Français si mal accueillants. Il est bien sûr pour l’immigration, Cohn-Bendit lui ayant signalé qu’on pouvait très bien gérer ça avec une logique de quota en fonction de nos besoins. Mais le mal est ailleurs, dans l’attitude frileuse des Français qui sont attaché à leur langue, à leur culture et pourquoi pas à leur bouffe : « En vérité, l’accusation de communautarisme est une forme hypocrite de xénophobie, enveloppée dans le drapeau français, laïc et républicain ; cette obsession anticommunautaire suppose que le citoyen français n’ait pas de passé et aucune autre identité que française telle que déterminée par le ministère de l’Intérieur. »

Conséquence de cette approche, Sorman est pour le communautarisme, contre l’assimilation. Il ne se demande pas pourquoi le communautarisme n’a jamais marché nulle part depuis que l’homme vit en société. Dans ce mélange sans queue ni tête, il nous dit que la laïcité ça va bien cinq minutes, mais que ça te conduits rapidement à l’islamophobie. « Le laïcisme et l’islamophobie, qui est son double, sont les meilleurs alliés des djihadistes ; ils nuisent à la constitution d’un islam d’Europe, qui associerait les valeurs occidentales et les pratiques musulmanes. » écrit-il. Ça va de pair avec son admiration Ronald Reagan qu’il trouve tout à fait à son goût. Il lui a échappé que Reagan était pourtant raciste et qu’il n’en perdait pas une pour dénoncer l’assistanat dans lequel se vautreraient les noirs par atavisme. Guy Sorman est tellement couillon qu’il croit que Reagan qu’il admire plus que tout, s’est formé tout seul une doctrine, alors que tout le monde sait que ce mauvais acteur de série B était le disciple Ayn Rand qui le coachait. Comme on le voit, il a un peu de retard, les gens comme Sorman aujourd’hui sont des disciples de Trump, mais lui en est resté à Reagan ! 

 

Mais revenons aux délires sormaniens. Dans son communautarisme échevelé, son libéralisme le rapproche dangereusement de l’extrême-gauche. « Traoré est devenu l’équivalent français de George Floyd, tué en 2020 par la police de Minneapolis » écrit-il sans précaution, comme si la situation des noirs américains avait un rapport avec celle des immigrés en France. Ne serait-ce que parce que les noirs américains sont des descendants d’esclaves la comparaison est oiseuse.

Mais Sorman c’est toujours comme ça. Il balance des lieux communs sans se rendre compte qu’il recopie le journal du NPA. Il fait le malin sur la question de l’Islam, car pour lui l’important est d’avoir une religion, quelle qu’elle soit – il attribue cette idée baroque à Reagan, son modèle. Evidemment l’Islam rentre assez facilement en contradiction avec le respect des droits individuels, et particulièrement ceux des femmes. Et donc pour justifier son communautarisme, le voilà qu’il fait celui qui s’y connait en islamologie : « On ne trouvera pas dans le Coran les sources de cette haine des femmes et de la hantise de leur corps : le Prophète Mahomet ne traita les femmes ni par la violence ni par le mépris et son épouse Khadija, à ses côtés, prit part à ses conquêtes et à sa révélation. » Malheureusement ce qu’il raconte ne tient pas debout du point de vue des écritures coraniques : La place de la femme dans la société est parfaitement précisée dans le Coran. La femme, dans l'islam, est par nature inférieure à l'homme, la sourate 4,34 étant très explicite à cet égard : « Les hommes ont autorité sur les femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu les a élevés au-dessus d'elles. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises. » Il ne dit rien de ce qui se passe en Iran depuis la fin des années soixante-dix, il se contente bêtement du slogan de l’extrême-gauche selon lequel les femmes islamisées en France choisissent elles-mêmes et en rapport avec leurs convictions intimes de le porter. Cette fable a été démontée par les femmes d’origine musulmane et qui se battent bec et ongle pour leur liberté, la liste est longue, je pense à Chahdortt Djavann, à Fatiha Agag-Boudjahlat et beaucoup d’autres qui savent très bien que seule une laïcité intransigeante les protégera de la barbarie et de la soumission. C’est bien la laïcité qui ne plait pas à Sorman : La laïcité est tout, sauf laïque ; c’est une religion d’État propre à la France, imposée par la Révolution de 1793 contre l’Église catholique, mais aussi contre l’athéisme. Le nouvel ennemi à abattre ? L’islam.

Sur l’immigration on trouve d’ailleurs des idées étranges sous la plume de Sorman : « Les immigrés musulmans en France sont originaires des campagnes pauvres d’Afrique du Nord et reproduisent, en exil, leurs traditions culturelles ; par méprise, les Français attribuent à la civilisation islamique et à la religion musulmane des mœurs qui ne sont qu’arabo-maghrébines. » Il se trompe deux fois, ne connaissant rien à ce sujet comme sur le reste : les migrants musulmans non seulement ne viennent pas des campagnes arriérées et isolées, mais ils ne viennent pas que de l’Afrique du Nord, la Turquie, n’est pas située en Afrique du Nord, pas plus que l’Afghanistan ou la Tchétchénie. Mais il a besoin de faits erroné pour faire tenir debout sa défense de l’immigration et de l’Islam[2]. 

une courageuse femme Iranienne défiant le pouvoir de mollahs 

Cette convergence d’un libéral comme Sorman avec l’extrême-gauche, ne montre pas seulement combien celle-ci est dégénérée, elle est le résultat de l’acceptation passive de la mondialisation. Sorman qui se déclare anti-marxiste et anti-socialiste, est rejoint par des marxistes d’opérette, des révolutionnaires en peau de lapin qui sont à peine des agitateurs freinant le mouvement social. Sorman en bon libéral défend d’ailleurs l’idée d’un Revenu Universel. Il trouve que cela va bien avec l’idée d’un capitalisme qui améliorerait les chances de départ dans la vie des défavorisés. Il soutient d’autant plus l’idée que cela permettrait de revenir à des valeurs individualistes et, selon ses mots, à contourner l’Etat. J’ai déjà dit tout le mal que je pensais de cette idée qui au bout du compte ne fait que renforcer la logique de la séparation entre ceux qui décident ce qu’on doit produire, et les autres, entre le capital et le travail. C’est l’ultime relance du capitalisme avant la chute[3]. Dans quelques mois Macron fera d’ailleurs sienne cette idée pour la vendre comme une idée sociale et de gauche. Cette idée ni de droite, ni de gauche, lui permettra sans doute de se démarquer des candidats de droite, par exemple d’Edouard Philippe ou de Xavier Bertrand.

Progressiste à tout crin, il défend les GAFAM, contrairement aux gauchistes. Quelle est la preuve du bienfait des GAFAM ? Ces monopoles vaseux nous ont aidé à supporter la pandémie. Autrement dit si les GAFAM sont bons, c’est bien parce qu’ils sont un excellent outil de contrôle social ! Mais il n’est pas certain que Sorman se rende toujours bien compte de ce qu’il écrit. De même vous ne verrez pas lutter Sorman contre la malbouffe, au contraire, pour cet anti-écologiste de première, grâce à la révolution verte – lisez l’agriculture industrielle – on a fini par éradiquer la famine. Peu importe si celle-ci revient de temps en temps et si à moyen terme nous allons vers de graves problèmes en la matière du fait de la surpopulation, notamment en Afrique. Sorman lit-il un peu de temps en temps ? La FAO a publié un rapport des plus alarmants sur cette question[4]. Ce ne sera pas en accueillant toujours plus de migrants qu’on réglera le problème. Sorman d’ailleurs ne comprend pas pourquoi le continent africain ne décolle toujours pas. 

Sous-alimentation en Afrique, projections

« Ce qui est absurde pour les OGM, qui n’affectent en rien la teneur, ni le goût des aliments, est plus absurde encore pour le gluten ; le pain sans gluten n’a jamais existé et le gluten de la boulangerie contemporaine est identique à celui d’il y a un siècle. » Sorman aime les OGM il nous affirme que les OGM ne changent rien, en tant qu’expert en rien, il le sait bien[5], pour le pain sans gluten c’est pareil, quoique des boulangers affirment le contraire[6], c’est moderne n’est-ce pas et tout ce qui est moderne est bon car cela figure le progrès, la marche en avant de la civilisation, ce qui est forcément bon en soi et pour soi. Il se demande d’ailleurs pourquoi Macron a mis en place une Convention citoyenne sur le climat, alors que ces gens là ne sont pas élus, ils osent avancer des principes de réformes qui ne plaisent pas à Sorman et à ses semblables. Quand on ne sait pas quoi dire on en revient à l’injure, les 150 citoyens qui ont travaillé à cette Convention, sont des fascistes qui s’ignorent. Fasciste ou pétainiste, c’est l’injure suprême, celle qu’on avance quand on n’a plus rien à dire, on n’est pas loin de l’idée selon laquelle ces conventionnels sont des complotistes : « Il est d’usage de croire que le pétainisme est mort : erreur. Si on la retire de son contexte de guerre, l’idéologie du régime de Vichy serait approuvée par un grand nombre de Français et sous-tend toujours une certaine idéologie contemporaine. Exemple : dans les propositions avancées par la Convention citoyenne pour le climat, en juin 2020, une assemblée de volontaires désignés par Emmanuel Macron – au mépris du suffrage universel et de toute légitimité démocratique –, on ne peut que retrouver les principes mis en forme par Giraudoux. On retiendra de cet agenda conventionnel « la création de fermes municipales », l’arrêt du traitement des sols (« fin de l’artificialisation des sols », en jargon écolo), « l’arrêt de la surconsommation », le confinement de la publicité, l’éloge du vélo (le régime de Vichy était attaché à la forme physique contre la dégénérescence des intellectuels), la haine de la voiture individuelle (parce qu’elle est individuelle ?). Tout cela sous couvert du climat. » 

 

Parmi les autres bêtises de notre Bouvard et Pécuchet moderne qui tient absolument à cocher toutes les cases, il y a sa haine de Keynes et son amour de Milton Friedman qui aurait réglé définitivement le problème de l’inflation en imposant que la masse monétaire ne croisse pas plus vite que l’économie réelle. Cette idée loufoque est mensongère. Le modèle libéral ne s’est maintenu ces dernières décennies que par une fuite en avant dans la création monétaire, soit l’exact inverse de ce que préconisait le petit gourou de l’Ecole de Chicago. Il admire évidemment Jean Monnet qu’il voit comme un petit entrepreneur qui aurait réussi à convaincre le monde entier de la nécessité de créer l’Union européenne et d’éradiquer l’idée de nation. Jean Monnet ne faisait pas mystère de sa volonté de contourner la démocratie, c’était un haut fonctionnaire, à la solde des Américains qui le financèrent, via la fondation Ford et la CIA et qui lui permirent de devenir un banquier international. Le choix fut excellent puisqu’il arriva même à circonvenir le général de Gaulle qui n’avait pas vu le coup venir[7].

Mais passons, je suis déjà trop long. Sorman est aussi à l’avant-garde de la Cancel culture « Je suis favorable au politiquement correct, parce que ne pas nuire me paraît un impératif. Je suis favorable à la censure, dès l’instant où elle protège les faibles contre les puissants ; cela me coûte bien peu de contrôler mon vocabulaire si, de cette manière, je manifeste envers l’autre mon respect dans une égale dignité » Même s’il ne veut pas déboulonner les statues, il sera de ceux qui interdisent on l’aura compris les caricatures de Charlie ou Pépé le pew. On voit donc que d’une manière ou d’une autre Sorman est pour un contrôle social toujours plus renforcé. Mais peut-être, ce qu’il y a de plus important, c’est que ces diverses mesures coercitives imposées par un gouvernement d’experts, ce n’est qu’un masque destiné à masquer la profonde ignorance de cet individu. En lisant cet ouvrage ridicule on ne perd pas tout à fait son temps, car on pénètre dans le cœur de l’indigente pensée de ceux qui prétendent gouverner. Si vous voulez c’est un portrait de Macron en creux. Je rappelle que Sorman a été à la fois enseignant à Sciences Po et à l’ENA – après on s’étonne que ces boutiques ne forment que des crétins – mais aussi conseiller de Raymond Barre, de Jacques Chirac et d’Alain Juppé.  



[1] https://www.jeuneafrique.com/1147268/politique/tunisie-michel-foucault-netait-pas-pedophile-mais-il-etait-seduit-par-les-jeunes-ephebes/

[2] L’essentiel sur les immigrés et les étrangers, INSEE, juillet 2020.

[3] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/03/revenu-de-base-revenu-universel-etc.html

[4] L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2020, FAO, 2020.

[5] Caroline Sägesser, « Le dossier des OGM dans les instances internationales. », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. 1724, no. 19, 2001, pp. 5-34.

[6] https://www.maviesansgluten.bio/confidences-dun-boulanger-sans-gluten/ Personnelle ne suis pas aussi savant que Sorman, je n’ai pas d’idée sur le pains sans gluten, mais je préfère faire confiance sur ce sujet au boulanger, plutôt qu’à un vieux bobo.

[7] Jean-Pierre Chevènement, La faute de M. Monnet, Fayard, 2006

jeudi 27 mai 2021

Macron se vautre dans les pitreries douteuses

 

On savait déjà que la classe politique était un ramassis de personnages inconsistants et sans contenu, formés d’individus qui n’ont comme qualité que de ne pas avoir réussi ailleurs. On avait vu Mélenchon descendre déjà très bas en allant s’exhiber chez Hanouna, une sorte de pétomane moderne et illettré[1]. D’autres politiciens avides de reconnaissance médiatique vont régulièrement jouer les imbéciles soit à la télévision, soit à la radio, soit maintenant sur les réseaux sociaux. Mais jamais on n’avait vu un président se vautrer autant dans sa propre vulgarité. On avait déjà eu un aperçu de cela avec Nicolas Sarkozy qui ne lésinait pas sur les formules du type casse toi pauvre con. Eh bien c’est fait Macron s’est ravalé lui-même descendant du statut officiel de président des français au rang de concurrent d’Hanouna, une sorte de clown en chef du cirque élyséen. Cet individu qui en même temps incarne l’imbécilité, l’ignorance et la vulgarité, avait déjà tenté le coup le 21 juin 2018 pour la fête de la musique en s’entourant de « musiciens » et de danseurs plus ou moins moderne[2]. Il avait transformé à ce moment là le palais de l’Elysée en un glauque lupanar. Le but de cette communication était de montrer par contraste que lui-même était au dessus de la plèbe et de la racaille des quartiers, faisant semblant de s’amuser aux pitreries de ces artistes d’un nouveau genre d’un nouveau monde. Car dans ces affaires, ce n’est pas tant que Macron adhère à ces formes nouvelles d’art qui est en jeu, mais le fait qu’il s’en serve pour communiquer sur sa propre grandeur par rapport à la décadence qui l’entoure. Provoquant l’effondrement des valeurs, il feint lui-même de le dominer avec bonhommie et tolérance. Cette initiative avait été durement critiquée dans l’opinion. Beaucoup ont relevé que Macron avait quelques jours plus tard agressé un malheureux adolescent qui l’avait apostrophé en l’interpelant avec un « Ça va Manu ? » qui ne lui avait pas plu[3]. Il aurait voulu qu’on l’appelât Monsieur le président. Mais ce jeune garçon s’était en fait mis au goût du jour de la dévalorisation de la fonction présidentielle. En somme c’était lui qui s’était mis au niveau de Macron et de son imbécillité native. Car Macron est un révolutionnaire qui s’ignore, son comportement dynamite la fonction qu’il occupe. La suite de son comportement erratique montrera qu’après ce genre de pitrerie, Macron est incapable de faire quoi que ce soit. Il sera débordé par chaque crise qui arrive, celle des Gilets jaunes, comme celle de la pandémie de COVID. 

C’est dans sa nature d’être un clown peu fait pour l’action et la pensée. En septembre 2018, juste un peu avant la révolte des Gilets Jaunes, il ira faire le clown en visitant l’île de Saint-Martin, en allant câliner deux délinquants qui en échange de ses amabilités le gratifieront d’un doigt d’honneur[4]. Remarquez que Macron, adolescent attardé à la sexualité mal définie a un besoin irrépressible de se mettre en scène avec des personnages qu’il domine, ou qu’il croit dominer, histoire de tenter de se grandir lui-même. A Saint-Martin comme à Mayotte avec sa blague douteuse sur les kwassa kwassa, il aime particulièrement rabaisser des non blancs pour démontrer son paternalisme[5]. Comme beaucoup d’antiracistes de profession, il y a chez lui un racisme latent. On peut d’ailleurs se demander si toutes ces pitreries n’ont pas été un accélérateur pour la mobilisation des Gilets jaunes. Qui peut prendre encore Macron au sérieux ? 

 

La dévalorisation de la fonction présidentielle ne date donc pas d’aujourd’hui. Elle est le résultat d’un manque de confiance en eux des présidents de la république qui se sont succédés après le départ de Mitterrand. Mais Macron a cependant franchi un nouveau pas en invitant deux semi-idiots à l’Elysée pour une démonstration fimée et enregistrée destinée au jeunes qui fréquentent les réseaux sociaux. Officiellement, l’idée est de reconquérir les jeunes afin qu’ils votent pour lui. Récemment certains experts de son entourage ont pensé que ce serait une bonne chose que de faire voter les jeunes de 16 ans à la prochaine présidentielle. Ça s’est traduit par une tribune publiée en ce sens dans le Journal du dimanche[6]. Cette tribune était relayée par des proches de Macron qui voudraient bien faire croire que celui-ci a des idées pour réformer des institutions qui ne fonctionnent plus très bien. Si le vote à 18 ans, légalisé par Valéry Giscard d’Estaing en 1974, pouvait se justifier par le fait que les jeunes entre 18 et 21 ans avaient aussi des responsabilités, rien ne peut soutenir l’intérêt que les jeunes de 16 à 18 ans votent, si ce n’est de les habituer à s’accommoder d’une démocratie réduite au seul bulletin de vote qu’on dépose périodiquement dans une urne. Macron va donc vers les jeunes pour tenter deux choses : d’une part de faire apparaître Marine Le Pen comme la représentante du parti des vieux en dressant les générations l’une contre l’autre, et d’autre part de ratisser quelques votes épars pour une réélection qui va s’avérer très difficile. Tout le monde a compris que ce racolage prostitutionnel était une simple combine électoraliste. Macron s’en moque pensant que de toute façon le public auquel il s’adresse ne rentrera pas dans ces subtilités. Remarquez que là encore, en prenant un aire rigolard, il se plaçait dans une situation de supériorité en face de deux animaux de cirque. C’est son habitude de s’entourer d’imbéciles, il n’y a qu’à voir comment son gouvernement est composé. Ça doit le rassurer sur ce qu’il est.

 

Cependant ce type d’opération est à double tranchant. D’abord parce qu’en choisissant deux semi-débiles comme représentants de la jeunesse qui souffre, il étale ouvertement son mépris de celle-ci à la ravalant à un simple rassemblement d’amateurs de jeux vidéos et de blagues douteuses, un simple ramassis d’analphabètes. Mais cela va sans doute un peu plus raidir les conservateurs qui votent traditionnellement pour la droite de reporter leurs voix sur ce pitre de Macron. Bien qu’ils en aient vu d’autres, ils sont sensibles tout de même à la dégradation de l’image du président de la république. Le manque de dignité évident de Macron qui est sensé être le chef des armées, risque de se retourner contre lui. Rappelons nous que Mélenchon a déjà beaucoup souffert de son incapacité à incarner physiquement la fonction avec ses vestes un peu bizarres et son verbe tonitruant qui surjoue les indignations en permanence. Mais il y a un autre effet à plus long terme. Dans la longue descente aux enfers de la classe politique, Macron révèle finalement que celle-ci ne sert à rien et qu’elle n’a pas plus de compétence que le peuple à gérer quoi que ce soit. Elle en a sans doute même moins. Depuis la crise des Gilets jaunes, ce n’est pas seulement les institutions en tant que telles qui sont remises en question que les fondements mêmes de la démocratie. La démocratie parlementaire qui aboutit à mettre au sommet de la pyramide un sinistre clown, montre qu’elle n’est qu’une parodie de démocratie. Macron n’est qu’un pitre, comme le sont Bolsonaro, ou encore Trump qui a fini par débarrasser le plancher. On trouve d’ailleurs une étrange connivence entre Mélenchon et Macron. Ils sont tous les deux amateurs de pitreries, et ils sont tous les deux obnubilés par le Rassemblement National. Il est très probable que Mélenchon, après sa défaite annoncée au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, s’apprête à appeler à voter pour Macron. Cette conjuration des imbéciles n’épargne pas d’avantage Marine Le Pen dont le seul mérite est de se tenir à carreau et de regarder les autres tomber. Mais après ce numéro de cirque, il va être difficile à Macron pour invoquer son sérieux dans la gestion des affaires en face de Marine Le Pen. Plus que jamais il est temps de mettre cette classe de parasites à la retraite et de prendre en mains notre destinée. Au fond la vérité de la fonction présidentielle est incarnée par Macron qui en dévoile le vide et l’absurdité. La conclusion est qu’il est erroné de dire que Macron dévalorise son emploi de grand commis du grand capital, il en dévoile seulement la vérité intrinsèque. La voie royale de l’abstention massive aux prochaines élections, régionales et nationales, ouvre la porte pour de nouvelles actions sérieuses pour changer la vie, plutôt que de se complaire dans une relation mortifère à la politique en glissant un bulletin périodiquement dans les urnes et de ne jamais être content du résultat. 


[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/03/la-politique-au-ras-du-sol-melenchon.html

[2] https://www.leparisien.fr/politique/l-etonnante-photo-du-couple-macron-lors-de-la-fete-de-la-musique-a-l-elysee-22-06-2018-7787934.php

[3] https://www.leparisien.fr/politique/emmanuel-macron-recadre-sechement-un-jeune-qui-l-avait-appele-manu-18-06-2018-7779546.php

[4] https://www.leparisien.fr/politique/une-photo-de-macron-avec-un-jeune-qui-fait-un-doigt-d-honneur-agite-les-reseaux-sociaux-30-09-2018-7907433.php

[5] https://www.lepoint.fr/politique/kwassa-kwassa-la-blague-tres-douteuse-d-emmanuel-macron-03-06-2017-2132544_20.php

[6] https://www.lejdd.fr/Politique/pour-le-droit-de-vote-a-16-ans-aux-municipales-lappel-de-100-elus-et-de-102-jeunes-de-la-societe-civile-4032846

samedi 22 mai 2021

Réflexions sur la manifestation des policiers le 19 mai 2021

 

Tout le monde s’est précipité pour soutenir la manifestation des policiers du 19 mai dernier. Tout le monde sauf Mélenchon qui fait tout pour se marginaliser un peu plus à la manière des trotskistes du NPA, au prétexte que les policiers ont participé en effet à une répression sociale d’une rare violence contre les soignants, les Gilets jaunes, les cheminots ou encore contre les cortèges de la CGT le 1er mai, ce qui n’est évidemment pas à leur honneur et qui ne peut pas être passé sous silence. Ayant longuement dénoncé les violences policières, je comprends donc tout à fait qu’on ne participe pas à cette manifestation. Il serait cependant erroné de dénoncer comme le fait bêtement Mélenchon les policiers comme des factieux et de procéder à un amalgame douteux. Fabien Roussel, candidat du PCF, a été un peu plus malin, il a soutenu la manifestation, y a participé, et s’est fendu d’un article dans L’humanité pour mettre en avant la question de la sécurité, suggérant quelques pistes pour une police de proximité[1]. Olivier Faure du PS lui a emboité le pas, Jadot également. Certains ont donc compris que la gauche ne pouvait pas laisser toujours la question de la sécurité à la droite et à l’extrême droite. Pour les Français, la sécurité et l’immigration sont deux questions décisives. Et du reste ils relient ces deux problèmes. L’immigration de masse est vue comme une cause de l’insécurité croissante qui règne dans les quartiers. Les assassinats de policiers, notamment celui d’Avignon, Éric Masson qui a été apparemment abattu par Chayd Maya, un revendeur de drogue, ont mis encore un peu plus les policiers sous tension. Essayons de mettre un peu d’ordre. D’abord et contrairement à ce que raconte depuis des années Laurent Mucchielli qui traficote les chiffres, la hausse de la délinquance et donc de l’insécurité n’est pas seulement un sentiment, c’est aussi une réalité qui est avérée par les données du ministère de l’intérieur, mais aussi par la récurrence des émeutes dans les banlieues, avec des caillassages de pompiers, des voitures brûlées, etc. S’il y a encore quelques années ce genre de fantaisie était très localisé autour de Paris ou autour de Lyon, depuis les zones de non droit se sont étendues. On l’a encore vu récemment avec ce qui s’est passé dans la cité de La Gabelle à Fréjus[2]

 

Le sentiment d’incompréhension de la population est d’autant plus fort que quelques ubuesques décisions de justice ont semblé relever du laxisme des juges. Par exemple un trafiquant de drogue arrêté avec 14 kg de cannabis qu’il ramenait d’Espagne, a été remis en liberté par des juges qui ont considéré que sans interprète cet individu ne pouvait pas se défendre[3]. De la même manière, la Cour de cassation ayant déclaré que le fait d’avoir fumer du cannabis était peut-être une circonstance aggravante dans le meurtre antisémite de Sarah Halimi, mais que cela ayant annihiler son discernement, l’assassin ne pouvait pas être jugé[4]. Beaucoup craignent que ce jugement engendre une jurisprudence qui minerait encore un peu plus la méfiance des policiers et des Français dans la justice, et que les avocats pénalistes ne s’engouffrent dans cette brèche chaque fois qu’ils doivent défendre un criminel. Comme dans bien d’autres domaine massivement les Français considèrent que Macron et ses ministres ont échoué aussi sur la question de la sécurité. En effet on trouve au moins les deux tiers des Français toujours mécontents de la politique économique, sociale, sanitaire, migratoire ou sécuritaire. La manifestation des policiers doit d’abord être vue comme le résultat de l’incompétence macronienne en matière de sécurité, au lieu de la regarder comme une tentative de l’extrême-droite de réaliser un coup d’Etat. Quoi qu’on pense des policiers, cette histoire montre que le gouvernement est incapable de tenir sa police. Il faut remonter au 13 mars 1958 pour trouver une manifestation de cette ampleur, soit avant le retour du général de Gaulle aux affaires[5]. Cette question est décisive. En effet depuis 2017 Macron a utilisé la police pour faire passer ses réformes antisociales, avec une sauvagerie jamais vue auparavant. Mais en même temps qu’il fatiguait les policiers, samedi après samedi, il délaissait de fait la sécurité dans les quartiers dits sensibles où tout semblait devenir permis. 

 

Au nom de la rationalisation des choix budgétaires, Sarkozy avait diminué le nombre de policiers, arguant du développement des polices municipales. Mais il faut le rappeler aussi ce même Sarkozy avait démantelé les services de renseignements, fragilisant le pays dans la lutte contre l’islamisme radical et aussi le trafic de drogue. Hollande avait un peu redressé la barre. Mais tout n’est pas qu’une question de budget et d’effectifs. Comme on l’a dit ci-dessus, il y a une utilisation des moyens qui est contestable. Les Français cependant font encore moins confiance à la police – à peine un gros tiers la soutient[6] – qu’à la Justice – un français sur deux la juge positivement[7]. Au bout de quatre ans de mandats, les principales fonctions régaliennes sont dans l’impasse : la justice est décriée mais ne se prive pas d’envoyer des piques à Macron et à sa bande, la police conteste la façon dont on se sert d’elle et les conséquences qui s’ensuivent, l’armée est presqu’en rébellion ouverte comme on l’a vu avec les deux tribunes des militaires, très largement approuvées par les Français[8]. Si Mélenchon veut voir dans tout cel une manipulation de l’extrême-droite avide d’un coup d’Etat, cette vision de la réalité n’est pas partagée par les Français dans leur ensemble : elle isole toujours un peu plus le candidat de la France Insoumise. La participation de Darmanin à la manifestation des policiers a été catastrophique sur deux plans :

– d’abord elle a démontré que Darmanin était un ministre encore plus impopulaire que Castaner et Collomb. Même le journal Le monde reconnaissait que le locataire de la rue Beauvau n’était pas à sa place et avait échoué à donner un cap à son action ;

– ensuite le fait que le ministre de l’intérieur participe à une manifestation de policiers contre le ministre de l’intérieur a donné un aspect surréaliste à cette journée. C’était la démonstration que le gouvernement n’avait plus la maitrise de quoi que ce soit. 

 

Dans la perspective des élections de 2022 on prêtait à Macron la volonté de droitiser encore plus son programme de droite extrême en se déportant sur la question de la sécurité. Mais c’est peine perdue. Le gouvernement a dû, jeudi 20 mai, sous la pression des policiers, faire voter ses députés croupions contre son propre amendement ! Autrement dit Dupont-Moretti s’est prononcé lui-même contre son propre texte[9] ! La crédibilité de Macron sur les problèmes de sécurité va être proche de zéro. Ce qui évidemment va donner de l’air à Marine Le Pen. Le problème de Macron, c’est qu’il n’a plus le temps d’ici aux élections de 2022 de changer ces deux ministres emblématiques de sa propre incompétence. Tout va dépendre du résultat des élections régionales. Si on s’attend à ce que les macroniens subissent une nouvelle défaite, on ne sait pas encore l’ampleur que celle-ci aura. Le même jour, le Conseil constitutionnel retoquait le fameux article 24 de « la loi pour une sécurité globale préservant les libertés ». Cette nouvelle défaite de Darmanin montre que les macroniens dans leurs réformes ubuesques n’arrivent à rien, et que cette frénésie législative a du point de vue de la communication des effets contre-productifs. Ce qui repose l’éternelle question de savoir si on ne pourrait pas tout de même améliorer la situation en gérant un peu mieux les moyens mis à la disposition sans passer par la production d’une énième loi. Mais pour cela il faudrait que Macron et son gang cessassent de harceler les syndicats, les soignants et les grévistes et révisent leur ordre de priorité dans l’usage des forces de l’ordre.


[1] https://www.humanite.fr/droit-la-securite-fabien-roussel-defend-une-police-nationale-de-proximite-707773

[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/nuit-de-violences-urbaines-a-frejus-20210509

[3] https://www.lepoint.fr/faits-divers/arrete-avec-14-kg-de-drogue-il-est-libere-pour-defaut-d-interprete-15-05-2021-2426573_2627.php.

[4] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/affaire-halimi-l-etrange-revirement-de-la-cour-de-cassation-20210426

[5] https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2016/10/21/26010-20161021ARTFIG00307-colere-des-policiers-la-grande-manifestation-du-13-mars-1958.php

[6] https://www.cnews.fr/france/2020-12-03/sondage-pour-37-des-francais-la-police-inspire-de-la-confiance-1023751

[7] https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/sondage-exclusif-1-francais-sur-2-n-a-plus-confiance-en-la-justice_2105235.html

[8] https://www.lefigaro.fr/tribune-des-militaires-apres-les-polemiques-le-general-lecointre-cherche-l-apaisement-20210511

[9] Le monde, Samedi 22 mai 2021.

dimanche 16 mai 2021

Note sur la situation en Israël et dans les Territoires palestiniens

 

Paris manifestation du samedi 15 mai 2021 

Samedi 15 mai 2021 on a beaucoup manifesté pour la Palestine et évidemment contre Israël. Malgré le très grand nombre d’organisations qui avaient appelé à ces manifestations, il n’y avait pas beaucoup de monde[1]. On s’est retrouvé dans une alliance maintenant récurrente entre les gauchistes d’ATTAC, du NPA, les Antifas et des organismes comme l’Association des Palestiniens d’Île de France ou l’AFPS, les BDS ou le Collectif Palestine Vaincra plus proches des mouvances salafistes. Ces manifestations dont seule celle de Paris était interdite ce qui a permis à certains de crier au scandale[2], devaient d’abord commémorer la Nakba, mais elles ont cru pouvoir reprendre des couleurs avec le conflit qu’Israël et le Hamas ont engagé ces derniers jours. Le Hamas avait l’intention d’ouvrir les hostilités, et les expulsions des familles arabes de Jérusalem Est sont tombées à point nommé pour justifier les bombardements depuis Gaza. Beaucoup ont préféré relier les bombardements israéliens aux expulsions, mais peu ont fait le lien avec la commémoration de la Nakba qui, de manière récurrente est un prétexte pour le Hamas à des attaques contre Israël. Cette agitation appelle de nombreuses remarques. La première est qu’aujourd’hui on est sommé en France de prendre parti pour Israël ou pour la Palestine – en vérité pour le Hamas et même pas pour le Fatah qui est resté très en retrait dans cette affaire. Il y a donc bien une importation du conflit sur notre territoire. En effet les maigres troupes qui ont manifesté samedi, ne manifestent pas contre les Turcs lorsque ceux-ci massacrent les Kurdes et les chassent de leurs villages pour les remplacer, annexant de fait une partie de la Syrie. Ils ne manifestent pas non plus contre la junte birmane qui instaure une dictature violente et meurtrière. Mais ils sont là toujours pour la Palestine, même si celle-ci est représentée par le Hamas mouvement fascisant et anti-féministe. Avec comme but de démontrer que les Israéliens et les nazis, c’est du pareil au même. La chronologie des faits montre que dans l’embrasement de la région, c’est bien le Hamas qui a commencé par balancer des roquettes sur Israël avant que celui-ci ne riposte. Entre lundi et vendredi dernier, c’est plus de 1500 roquettes qui ont été tirées depuis Gaza, on parle de roquette, mais ce sont des missiles mortels s’ils atteignent leur but. Le fait que les Israéliens déplorent moins de morts dans ce conflit que les Palestiniens tient d’abord à l’efficacité du système Dôme de fer qui permet de détruire 90% des missiles tirés, mais ensuite au fait que pour le Hamas c’est un titre de gloire que d’avoir des morts car cela renforce la victimisation du peuple palestinien. Le monde, pourtant peu suspect de position pro-israélienne, analyse la tactique du Hamas dans l’engagement de ce conflit comme une volonté de prendre la place du Fatah dans le leadership sur l’opinion palestinienne[3].

  

Ce conflit a indirectement contribué, ces dernières cinquante années, à détruire la gauche, éloignant d’elle ceux de ses électeurs qui avaient aussi bien des sympathies pour Israël que de la répulsion pour les mouvements islamistes radicaux. En effet, même si on n’a pas de sondages récents sur la question, il semble que la population française soutienne de moins en moins la cause palestinienne, et d’autant moins que celle-ci est représentée de plus en plus par le Hamas, un islamisme radical. Tout le monde n’est pas aussi bête qu’Alain Badiou pour croire à la capacité révolutionnaire du Hamas. Le gauchiste ordinaire vous dira cependant que le Hamas a bombardé Israël depuis Gaza parce qu’à Jérusalem-Est les Israéliens tentent de récupérer des maisons qui appartiendraient à des Palestiniens. Il y a des titres de propriétés qui sont brandis par les Israéliens qui visent à prouver cela, mais nous n’en savons pas plus. En la matière la situation est très confuse, et il m’étonnerait bien que les gauchistes qui manifestent leur soutien au Hamas en sachent plus que moi sur cette question. Il semble que l’attaque du Hamas contre Israël était programmée bien avant ces expulsions. Mais quoi qu’il en soit, ce qui se passe à Jérusalem-Est ne peut pas justifier le tir en une semaine d’à peu près 3000 roquettes en quelques jours sur des cibles civiles en Israël[4]. Les Palestiniens qui se plaignent d’être affamés par Israël dans Gaza ont pourtant les moyens d’acheter des missiles sur le marché international de l’armement. A l’international le Hamas n’a guère trouvé d’appui dans son entreprise. Joe Biden a avancé qu’Israël avait bien le droit de se défendre[5], des pays comme l’Allemagne et l’Autriche ont dressé le drapeau israélien. Pire encore, si le Qatar – soutien des Frères Musulmans – a manifesté sa solidarité avec les Palestiniens du Hamas, les Emirats Arabes Unis ont condamné les actions de ce parti extrémiste et dressé eux aussi le drapeau israélien au côté du leur. Le Hamas est un vrai repoussoir, notamment en France où les exactions de musulmans radicalisés conduit la très grande majorité des Français à considérer que l’Islam n’était pas compatible avec les lois de la République[6]. Et évidemment pour beaucoup soutenir la Palestine revient à soutenir le Hamas. Les outrances des défilés anti-israéliens, on a encore entendu des Alloua Akbar dans le cortège parisien, et des morts aux juifs ne peuvent pas vraiment être acceptées en France. Mais il y a aussi le fait que pour la plupart des Français l’antisionisme est exactement un antisémitisme. Les « gens de gauche » tentent bien de faire diversion sur ce vocabulaire, en essayant de montrer qu’on peut très bien être antisioniste sans être antisémite[7]. Ne rentrons pas dans le détail, mais si nous partons de l’idée que le sionisme est bien l’idée de créer un Etat pour les Juifs en Palestine, tous ceux qui soutiennent cette idée sont sionistes. L’ONU en 1948 était sioniste en reconnaissant la légitimité de la création de l’Etat d‘Israël en Palestine, Staline également puisqu’il a été un élément déterminant dans ce processus. Et plus généralement la gauche de cette époque. Peut-être cette gauche-là se souvenait elle que les Palestiniens avaient été sous la houlette de Mohammed Amin al-Husseini alliés avec Hitler au point d’armer des bataillons pour combattre les Russes et le communisme. 

Lille le samedi 15 mai 2021

L’antisionisme est la question décisive et pas seulement parce que le plus souvent il cache un antisémitisme qui ne veut pas dire son nom. En effet, il signifie la fin de l’Etat d’Israël, dans les cortèges pro-palestiniens, outre qu’on fait hâtivement l’amalgame entre Israël et un régime nazi ou un régime d’Apartheid, on entend souvent réclamer dans les cortèges la création d’un Etat unique où Arabes Israéliens, Juifs Israéliens et Palestiniens vivraient ensemble sous un gouvernement unique. Cet Etat s’appellerait la Palestine et Israël n’existerait plus. C’est l’option trotskiste depuis plus de cinquante années, un temps soutenu par certains Palestiniens qui pensaient que la démographie à terme leur serait favorable et leur assurerait une hégémonie sur la Palestine. Cette position idéologique est évidemment antinomique avec l’idée de deux Etats séparés protégés par des frontières sûres. La logique aurait voulu qu’on aille vers cette dernière solution, et au début des années 2000 c’est ce qu’on croyait qui allait se passer avant le revirement de Yasser Arafat consécutivement au lancement de la Troisième Intifada. Elie Barnavi avait par la suite proposé qu’Israël trace lui-même les frontières des deux Etats unilatéralement. Il reste un des derniers à penser que cette voie est toujours la seule possible[8]. Mais les politiciens du Likoud ont choisi la plus mauvaise des solutions, le pourrissement. Netanyahu a toujours défendu cette idée selon laquelle Israël pouvait très bien se passer de deux Etats du moment que la sécurité était assurée. Le calme relatif de ces dernières années semblait lui donner raison, mais aujourd’hui, même si la défaite militaire du Hamas est programmée, on peut douter du bien-fondé de cette stratégie. Si à long terme la stratégie du gel de la situation n’a pas de sens, et si la solution d’un seul Etat palestinien n’en a pas non plus, il ne reste que celle de deux Etats bien séparés. 

Rouen le 15 mai 2021 

Le conflit israélo-palestinien date maintenant de plus de 50 ans, il remonte à la Guerre des Six jours qui a vu la défaite des nations arabes – Egypte, Jordanie, Irak et Syrie principalement – mais en même temps cela a été l’émergence de l’idée d’une nation palestinienne. Souvent on entend dire que les Palestiniens n’existaient pas en tant que tel et en tant que nation. C’est assez vrai, d’autant que les pays arabes qui entouraient Israël faisaient d’abord la guerre pour leur propre compte, sans prendre en considération les problèmes des Arabes de Palestine, espérant au passage récupérer des territoires. Mais ces Arabes de Palestine sont maintenant divisés en deux, voire en trois. Il y a les Arabes israéliens qui ne veulent pas abandonner leur statut d’Israéliens et passer sous la tutelle du Hamas ou du Fatah et donc devenir Palestiniens. Puis il y a les Gazaouis, sous domination du Hamas et qui en subissent les conséquences. Et puis il y a les Palestiniens de Cisjordanie qui sont tout autant éloignés des Gazaouis que des Arabes israéliens et qui ont une peur bleue du Hamas car ils savent ce qu’ils perdraient en termes de liberté. La stratégie du Hamas visant à attaquer Israël pour unifier sous son drapeau les Arabes de Palestine nous semble vouée à l’échec du fait de la diversité de cette population, et même si beaucoup de Palestiniens ont un légitime ressentiment face à la politique erratique de Netanyahu et du Likoud.  En ces temps troublés, il aurait été mieux, à gauche, de faire des propositions sérieuses pour faire avancer la question de la paix au Proche Orient plutôt que de hurler des insultes contre les Israéliens et les Juifs en général, et d’adopter le point de vue du Hamas sans trop de réflexion. Car si les Palestiniens ne sont même pas unis dans l’idée de ce qu’ils voudraient faire, on voit assez mal comment ils pourraient finalement jouer un rôle positif. Car la paix ça signifie de se mettre autour d’une table qu’on soit Palestinien ou Israélien et de faire des propositions sérieuses, acceptables pour les deux parties. Il y en a, nous connaissons des groupes comme ça qui ont avancé des solutions sur les échanges de territoires, sur Jérusalem et même sur la question des réfugiés. Il y a par exemple le Groupe d’Aix qui rassemble à parité des Israéliens et des Palestiniens[9] et qui est parti de la question économique pour résoudre un à un les problèmes. Ses nombreuses publications sont très riches et avancent des solutions pratiques. Mais on chercherait en vain chez les politiciens français une réflexion qui irait un peu au-delà du soutien aveugle aux Palestiniens ou aux Israéliens et qui avance dans les propositions. Ce vide qui résulte d’une grande paresse intellectuelle, mais aussi il faut bien le dire d’un antisémitisme latent, explique certainement la faible mobilisation des manifestations pro-palestiniennes qui ne sont vues que comme une tentative d’importer un conflit étranger chez nous, alors même que nous sommes en conflit sur notre sol avec un islamisme revendicatif. 

Bruxelles 15 mai 2021 

Les slogans propalestiniens se sont renouvelés dans la forme tout au moins, ils montrent une inflexion end eux sens d’abord ils sont souvent écrits en anglais, Free Palestine. Mais ensuite les revendications si elles restent centrées sur la colonisation israélienne et sur l’idée absurde d’Apartheid, on voit apparaitre des revendications d’un Etat Palestinien qui irait de la Méditerranée au Jourdain. Ce n’est pas un hasard, ces slogans portés par les trotskistes et les islamistes radicaux sont dans la lignée de la philosophie du Hamas qui aboutit forcément à la négation d’Israël. Il est probable que dans ce revirement Trump y est pour beaucoup quand l’an dernier il refusait de négocier quoi que ce soit avec les Palestiniens du Fatah. On voit la configuration politique qui se forme, de Netanyahu aux trotskistes, en passant par le Hamas, elle est unie finalement sur un seul point, le refus des deux Etats. Chacun pensant sans le dire que ce seul Etat aboutira soit à une domination des islamistes comme conséquence d’une guerre des ventres, soit à la domination juive sur l’ensemble de la Palestine par le moyen d’une forme larvée d’Apartheid. On voit également des gauchistes brandir des pancartes, arguant qu’Israël violerait les droits de l’homme. Mais ces mêmes gauchistes ne se posent pas de question quant au droit des femmes dans la bande de Gaza par exemple. On a déjà joué cette pièce en 1979 quand Michel Foucault défendait la révolution des mollahs et approuvait l’obligation pour les femmes de porter le voile, il fut de ceux qui aiderait à l’enterrement de la cause féminine dans les pays mausulmans à un moment où justement il aurait fallu plutôt soutenir ces femmes qui se battaient si courageusement. Il ne semble hélas que le temps n’ait rien fait à l’affaire et on en est au double standard en matière de droits de l’homme. 

A Grenoble on milite aussi pour un seul Etat palestinien

Il est évident que la situation est très compliquée, et nier les problèmes rencontrés par les Palestiniens serait malhonnête. Mais l’exagération ne peut pas remplacer l’analyse, l’indignation plus ou moins surjouée pour masquer un antisémitisme d’un autre temps non plus. La plupart des gauchistes qui hurlent avec le Hamas ne savent rien de l’histoire de la Palestine, ni de son peuplement. Mais le Juif étant par définition coupable d’impérialisme, il faut le condamner. Le Hamas n’a pas engagé cette action militaire au hasard, c’est que la cause palestinienne n’est plus soutenue par les Etats arabes à quelques exceptions près. Ceux qui la soutiennent encore ce sont des Etats par ailleurs en grande difficulté comme la Turquie, l’Iran bien entendu ou encore le Qatar.

Manifestation à Guingamp le 15 mai 2021


[1] https://www.ouest-france.fr/ile-de-france/paris-75000/malgre-l-interdiction-la-manifestation-de-soutien-a-la-palestine-debute-a-paris-946df682-b578-11eb-beb9-e51cc066fa02

[2] https://www.bfmtv.com/paris/manifestation-pro-palestinienne-interdite-a-paris-trois-avocats-deposent-un-refere-liberte_AN-202105140120.html

[3] https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/15/le-hamas-veut-imposer-a-israel-un-nouveau-rapport-de-force_6080298_3210.html

[4] https://www.lci.fr/international/tensions-proche-orient-pres-de-1500-roquettes-tirees-sur-israel-depuis-gaza-en-trois-jours-qui-finance-ces-armements-2186001.html

[5] https://www.lci.fr/international/video-jerusalem-tel-aviv-gaza-palestine-israel-a-le-droit-de-se-defendre-biden-a-parle-avec-netanyahu-et-espere-une-resolution-rapide-du-conflit-2185951.html

[6] https://www.europe1.fr/societe/selon-un-sondage-ifop-pour-le-journal-du-dimanche-78-des-francais-jugent-la-laicite-menacee-3927717

[7] https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/05/pierre-andre-taguieff-tous-ceux-qui-se-disent-antisionistes-ne-sont-pas-antijuifs-mais-beaucoup-le-sont_5431381_3232.html

[8] https://www.lepoint.fr/debats/israel-palestine-la-fin-de-la-solution-a-deux-etats-vraiment-07-10-2020-2395377_2.php

[9] https://akadem.org/sommaire/colloques/israel-palestine-2020/les-travaux-du-groupe-d-aix-10-10-2013-54545_4503.php

La droite extrême de retour à Matignon navigue entre incompétence et haine des pauvres

  La Macronie a un principe affirmé, elle déteste les pauvres, les travailleurs et les retraités, ceux qui ne sont rien et qu’on pourrait ...