mercredi 29 septembre 2021

Eric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot, Rubempré, 2021

  

Les manœuvres pour la présidentielle de 2022 commencent à prendre forme. Les éditorialistes se déchainent. Après l’ouvrage d’Aphatie, voici celui de Zemmour[1]. Ce livre promis à être un énorme succès de librairie est d’autant plus singulier que son auteur veut se présenter à la compétition pour la conquête de l’Elysée. Et donc son ouvrage est en quelque sorte son argumentaire de campagne. La première réflexion qu’on se fait en lisant cet ouvrage, c’est de se demander comment un personnage aussi inconsistant intellectuellement en est arrivé à être le centre de la discussion sur le plan politique. Zemmour a publié ce livre à compte d’auteur, le manuscrit ayant été refusé par son éditeur Albin Michel. Zemmour en a tiré argument pour jouer une fois de plus les martyres, comme si on avait refusé de le publier pour l’empêcher de parler. En vérité ce livre est très mauvais dans tous les sens du terme. Il se présente d’abord comme une sorte de journal dans lequel Zemmour tient le compte des rencontres qu’il a faites avec à peu près tout le monde dans la sphère politique, Mélenchon, Bertrand, Philippe Seguin, Marine Le Pen, et j’en passe. C’est donc un carnet mondain, émaillé de ci de là de réflexions plus personnelles. Le but de cet ouvrage est de montrer qu’il en connait un rayon aussi bien sur les mœurs des politiciens que sur les problèmes que rencontre la France. Mais comme on va le voir, il ne connait rien à rien et encore moins sur le reste. Il est le prototype même du salonard qui ne connait son sujet qu’à travers ce qu’en disent les autres, et qui a choisi de prendre le contrepied de cette doxa pour se faire remarquer. Il faut donc en faire une critique sérieuse, non pas parce que Zemmour est sérieux, mais parce que son livre est un phénomène de société. J’avais lu dans le temps Le suicide français qui, à défaut d’être bon, avait été un petit peu travaillé[2], ce qui n’est pas le cas de La France n’a pas dit son dernier mot. Il va reprendre ses antiennes, en moins bien, sans rien ajouter de nouveau, ce qui n’est pas un programme pour quelqu’un qui a des ambitions présidentielles. 

Libération s’est trouvé une nouvelle mission, critiquer Zemmour pour justifier son soutien à Macron

Tout va y passer. Première contre-vérité de taille, il fait remonter la critique de la Résistance à la génération de 1968. Si Zemmour avait un petit peu lu, il saurait que la critique du « résistancialisme » démarre dès la Libération, les pétainistes tentant justement de se dédouaner : les résistants grotesques (Papy fait de la résistance). « La génération du baby-boom, qui n’a pas connu la guerre, prend les manettes du cinéma français pour en faire une machine redoutable au service de la haine de soi. » L’incohérence de Zemmour vient du fait qu’il se veut pétainiste – Pétain a protégé les Juifs, ce qui est évidemment faux et inadmissible – et qu’en même temps il veuille faire porter la critique de la résistance sur la génération qui a fait Mai 68 qui est toujours accusée par lui de tous les maux, mais pour qui la critique de la Résistance n’était pas à l’ordre du jour[3]. Au contraire les activistes maoïstes de la Gauche prolétarienne ou d’Action directe se présentaient comme des résistants, dans la continuité des années d’occupation[4]. Les maoïstes n’hésitaient d’ailleurs pas à ressortir le drapeau tricolore au côté du drapeau rouge. C’est donc bien cette droite pétainiste que courtise Zemmour qui était à l’origine de la remise en question de la Résistance comme phénomène fondateur de la France moderne.  Bien avant 1968 le cinéma d’une certaine droite remettait en question la Résistance, je peux citer ici deux films, le premier est Arrêtez les tambours de Georges Lautner en 1961, et la même année Un taxi pour Tobrouk de Denys de la Patellière. Le second film qui doit son scénario et ses dialogues à la malice de Michel Audiard, ancien collabo et journaliste antisémite, a eu bien plus de succès que le premier, mais le message était le même : remettons la Résistance à sa place et n’en parlons plus. Nier la Résistance permet à Zemmour de faire un amalgame étrange et douteux entre Pétain et de Gaulle au détriment de toute approche factuelle. Il critique vertement Robert Paxton[5], et passe sous silence le fait que Pétain ait été bien au-delà de ce qu’exigeaient de lui les Allemands pour le statut des Juifs dont il ne parle pas. Il se contente de répéter les conneries du type révisionniste que déverse depuis des années le négationniste Henri de Lesquen. Il camoufle son révisionnisme derrière le fait qu’effectivement certains dans l’armée tentait de préserver un armement pour éventuellement reprendre la lutte : « cette armée d’Afrique, dirigée par le maréchal Juin en Italie, par de Lattre de Tassigny en Provence, était la création de Vichy ; c’était Weygand qui l’avait façonnée après la débâcle de 1940, à l’abri de regards allemands en Algérie, et avec la bénédiction tacite du maréchal. » La technique utilisée ici est de partir d’une semi-vérité pour modifier l’appréciation générale qu’on a de la question. Ce que ne dit pas Zemmour c’est que les pétainistes qui croyaient à une ruse de Pétain pour reprendre le combat ont été totalement déçus et n’ont jamais reçu aucun signe du vieil homme qui les auraient encouragés. Il est vrai aussi qu’il serait totalement absurde de dire que dans l’entourage de Pétain il n’y avait pas de résistants à l’occupation allemande. Soit Zemmour ne sait pas, malgré la tonne de livres qui ont été écrits sur la question, et c’est un âne qui parle de ce qu’il ne connait pas, soit il sait et ne dit pas, c’est donc un menteur ou un dissimulateur, en tous les cas un confusionniste. Pense-t-il sérieusement que « le juif Zemmour » sera adoubé par la crapule antisémite qui en fera son héros ? C’est bien possible. Mais si c’est le cas il se trompe, de Lesquen lui crachera toujours dessus comme il ne se gêne pas pour le faire, voyant dans ce personnage un usurpateur : « Zemmour occupe le terrain médiatique pour en barrer l’accès aux Français qui représentent vraiment la droite ».[6] Si je rappelle ici les inepties de de Lesquen, personnage résiduel d’un monde disparu à jamais c’est pour qu’on comprenne bien que l’extrême-droite, la vraie, celle qui descend directement de Pétain n’acceptera jamais de voter pour lui.  

Zemmour et Sarah Knafo s’affichent ensemble, sans qu’on sache vraiment la réalité de cette relation 

La gauche non-plus d’ailleurs, l’éloge de l’ignoble Maurice Papon disqualifie Zemmour à tout jamais : « Maurice Papon avait survécu dix ans à son procès. Un procès historique et pour l’histoire. Un procès inique et épique. Un procès qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Maurice Papon fut la victime de combats qui le dépassaient. Il prit deux balles perdues qui ne lui étaient pas destinées. » Il n’est pas inutile de rappeler que Papon a été celui qui a organisé la déportation des Juifs du Sud-Ouest. Résistant de la dernière heure, il se targuera de cela pour faire accroire qu’il avait lui aussi, comme Pétain, tenter d’adoucir le sort des Juifs. Mais Papon c’est aussi la brutalité de la répression des manifestations qui firent officiellement 9 morts au métro Charonne, et probablement plus le 8 février 1962[7]. Papon c’est le modèle du préfet Lallement qui s’est fait remarquer par sa sauvagerie. Zemmour se lance dans un long plaidoyer tout azimut de l’ignoble Papon qu’il dit victime de la gauche, puisque Papon étant ministre de Valéry Giscard d’Estaing sa mise en cause dans la déportation des Juifs de Gironde aurait permis à Mitterrand de gagner avec les voix des Juifs. Zemmour fait la bête et semble ne pas vouloir se souvenir que dans l’élection de Mitterrand il y avait bien d’autres choses en jeu. Celle-ci était dans la continuité de Mai 68, reprenant l’idée de transition vers le socialisme. En 1978, Jacques Attali avait publié un ouvrage où il expliquait comment on allait passer tranquillement du capitalisme au socialisme c’était une sorte de programme pour François Mitterrand[8]. Si l’opportuniste Attali épousait cette idée de socialisme c’est bien qu’elle était populaire, et c’est celle-ci qui explique l’élection de Mitterrand. C’est d’ailleurs à mon sens la dernière fois qu’on a élu un président par conviction et non pour éliminer le plus pourri. Peu importe que cette espérance ait été trahie par la suite. 

Tel le diable, Zemmour apparaît comme un tentateur 

Le point fort de Zemmour, celui qui lui assure le succès médiatique et qui est vérifié de visu par les Français est la question du grand remplacement. La discussion sur le prénom des immigrés est à cet égard totalement secondaire. Elle est même fausse, on va voir pourquoi. Une très large majorité de Français considère que l’immigration massive est un fléau, source d’insécurité, et que d’autre part qu’elle est à l’origine de l’islamisation de la France. C’est une évidence pour tout le monde sauf pour des guignols comme Hervé Le Bras qui comptent sur les mariages mixtes pour régler l’ensemble du problème ! Plus des comiques comme Le Bras critiquent Zemmour contre toute évidence, plus ils le renforcent comme quelqu’un de crédible, ce qu’il n’est pas[9]. Zemmour ne comprend pas ce qu’est l’immigration et en ce sens il fait comme les gauchistes qui veulent accueillir tout le monde. Or l’immigration c’est la marchandisation de l’être humain. Suivant la bonne vieille logique du marché, les pays pauvres exportent ce qu’ils ont en surnombre, leur main d’œuvre. Et le marché en s’élargissant toujours plus pour lutter contre la baisse tendancielle du taux de profit doit ouvrir les frontières. Mais l’approche de Zemmour qui ne comprend strictement rien à l’économie en reste à l’idée selon laquelle les migrants arrivent sur notre sol pour nous piller. Autrement dit, il inverse les causes et les conséquences. La mondialisation a engendré deux phénomènes :

– le premier est l’accroissement désordonné de la population, notamment en Afrique où nous sommes passés de 100 millions d’individus au début du XXème siècle à près de 1,5 milliards aujourd’hui, sans que la croissance économique ne suive, c’est entre autres choses le résultat d’une amélioration des soins qui sont une marchandise comme un autre dans ces pays. On ne peut pas dire d’un côté qu’on est pour la décroissance comme certains gauchistes ou écologistes le font, et ne pas s’inquiéter de cette explosion qui est forcément porteuse de conflits militaires ;

– le second est qu’en élargissant le marché, on a importé de la main d’œuvre bon marché pour faire baisser les salaires dans les pays dits développés. Il a été en outre facile d’attirer cette main d’œuvre en lui faisant miroiter qu’elle pourrait accéder facilement à une vie meilleure. Le résultat a été doublement négatif, pression pour les populations autochtones, et rejet pour les populations immigrées, engendrant une guerre civile larvée qui peut s’incarner dans l’islamisme.  

Partant d’une analyse indigente, il ne peut pas avoir de solution valable. Mais soyons honnêtes, Zemmour a parfois des intuitions très justes quand il avance quelques raisons qui font qu’une partie de la bourgeoisie est très contente de pouvoir employer ainsi une domesticité peu onéreuse en échange des nuisances qui sont rejetées dans les banlieues. « Beaucoup des résidents du département, parmi les plus pauvres de France, vivent des subsides des aides sociales et de trafics divers, drogue, recel d’objets volés, prostitution : « Des systèmes d’inspiration mafieuse tendent à s’installer et imposer leur diktat », avouent nos députés dans le même rapport de 2018. Les autres permettent par leur présence aux habitants de la métropole parisienne de pérenniser à prix raisonnable leur style de vie individualiste et connecté : ils sont livreurs de pizzas, sushis et autres, chauffeurs Uber, aux fourneaux dans les arrière-salles des restaurants, nounous d’enfants ou gardes de personnes (très) âgées ; ils reconstituent une domesticité d’un nouveau style pour une aristocratie urbaine du XXIe siècle, les vainqueurs de la mondialisation. En échange, ceux-ci assurent, au niveau médiatique et politique, la protection de leurs domestiques venus du monde entier contre la fureur d’une classe moyenne française, chassée des banlieues par les nouveaux arrivants, qui finance par ses impôts et taxes la logistique sociale nécessaire pour assurer le niveau de vie des seigneurs des métropoles. » Sauf évidemment qu’au fur et à mesure que l’immigration augmente le territoire de cette bourgeoisie se restreint de plus en plus. Jusqu’à une date récente on arrivait à contenir ces populations pauvres et malveillantes à l’extérieur de Paris, certes ces populations avaient toujours la possibilité d’attaquer la ville qu’elles encerclaient, mais le risque était relativement faible, ce n’est plus possible aujourd’hui, et après avoir fui les banlieues, les classes moyennes fuient maintenant Paris en masse, on a beau évoquer la meilleure qualité de l’air, l’excédent de migrants au cœur de la ville, lui donnant la forme d’une ville du tiers-monde incite cette fuite[10]. Très souvent on attribue la dégradation de Paris, visible à l’œil nu, à Anne Hidalgo, mais en vérité, elle n’est pas responsable de la politique migratoire d’un gouvernement qui ressemble de plus en plus à un canard sans tête.

Migrants à Paris, Stalingrad 

Il cite fort opportunément les écrits de Claude Lévi-Strauss sur l’Islam et la diversité tolérable dans une société avant que celle-ci ne s’effondre. « J’ai commencé à réfléchir à un moment où notre culture agressait d’autres cultures dont je me suis fait le défenseur et le témoin. Maintenant, j’ai l’impression que le mouvement s’est inversé et que notre culture est sur la défensive par rapport à des menaces extérieures parmi lesquelles figure probablement l’explosion islamique. Du coup, je me sens fermement et ethnologiquement défenseur de ma culture. » écrivait Claude Lévi-Strauss dans une interview ancienne au Magazine littéraire. Mais à l’époque personne ne songeait faire de procès à Lévi-Strauss. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Zemmour a subi une quantité de procès industrielle dès lors qu’il émet des réserves sur la politique migratoire de l’Europe ou la qualité des migrants. Qu’on soit ou non d’accord avec lui, cette entrave à la liberté d’expression pose un problème sérieux, même si évidemment Zemmour joue habilement de cet ostracisme pour se faire passer pour un martyre.

Zemmour qui connait bien le public de la télévision, surfe aussi sur l’imbécilité wokiste de la gauche. Ce n’est guère original. Il l’est plus quand il discute de la question de l’OTAN, ce qui lui permet d’apparaître à la fois dans la continuité de De Gaulle et de Mitterrand, mais aussi de vouer Chirac et Sarkozy aux gémonies. Cette question ressurgit toujours comme un serpent de mer. Il y a quelques jours l’inénarrable Nathalie Loiseau, député européiste LREM, malgré le camouflet des sous-marins nucléaires australiens trouvait le moyen de célébrer l’OTAN – cocue et contente[11].  

« Quoi qu’il en soit, Mitterrand n’aurait jamais osé réintégrer la France dans le commandement intégré de l’OTAN, que le général de Gaulle avait quitté avec fracas un jour de l’an 1966. Ce que Mitterrand n’avait jamais pensé, ce que Chirac avait esquissé, mais en mettant des conditions qu’il savait inacceptables par les États-Unis, Sarkozy l’a fait. […] L’OTAN était le bras armé de ce que de Gaulle appelait « le protectorat américain ». Il était légitime lorsque l’URSS menaçait. Il n’était plus que le produit d’une « servitude volontaire » à partir du moment où l’Union soviétique et le pacte de Varsovie avaient disparu. »

Au passage Zemmour n’est pas de ceux qui crachent sur Mitterrand, au contraire, je ne sais pas si c’est parce qu’il fut décoré de la francisque, mais Zemmour le couvre d’éloges. Mais Zemmour s’il met en scène l’imbécilité de la droite affairiste, cosmopolite et européiste, celle de Balladur, Chirac et Sarkozy, il manifeste aussi de la sympathie pour Georges Marchais – le talentueux Marchais, Zemmour ne parlerait pas du talentueux Sarkozy ou de la talentueuse Marine Le Pen – qui dans la dénonciation de l’immigration de masse a été un pionnier !! De même il tressera des louanges à une autre personnalité de gauche, Jean-Pierre Chevènement. Si je suis la pensée confuse de Zemmour je me rends compte que pour la période récente ce sont des personnalités de gauche, Mitterrand, Marchais, Chevènement qu’il trouve à son goût et les personnalités de droite sur lesquelles il vomit. « … notre arrimage à la gauche d’antan, patriotique, laïque et assimilationniste, et notre dégoût de la gauche des années 1980, antiraciste et libérale et mondialiste. » Zemmour aurait pu pousser plus loin son analyse et relier ce reniement de la gauche à sa conversion plus ou moins progressive à la logique européiste dont elle n’est toujours pas sortie, alors que ce fut son tombeau électoral.

Il viendra au secours aussi de DSK, faux homme de gauche, et vrai homme de droite, affairiste et européiste, à travers un soutien entre mâles et le droit de violer qui bon nous semble ! « DSK, menottes derrière le dos entre deux cops new-yorkais, marchant tête baissée, c’est un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française. C’est une castration de tous les hommes français. Le séducteur est devenu un violeur, le conquérant un coupable. « L’homme à femmes » était loué pour sa force protectrice, il est enfermé et vitupéré pour sa violence intempérante. Don Juan est mort. Comme disait Philippe Muray, « on est passé de l’envie de pénis à l’envie de pénal ». Il est difficile de faire plus stupide, même si on peut penser que cette provocation s’adresse aux néoféministes, et ont aussi quelque chose à voir avec ses propres ennuis judiciaires en la matière[12].

Georges Marchais, homme de gauche, avait devancé Zemmour 

Parfois Zemmour va au cinéma et c’est au cinéma qu’il se convainc du grand remplacement. Il va voir le médiocre film de Jacques Audiard, le fils du collaborationniste, Un prophète qui est un tissu d’invraisemblances et croit que c’est par son intelligence que le petit voyou maghrébin devient le caïd de la prison. Ce personnage apprend le corse en quinze jours, et profite d’une autorisation de sortie pour liquider dans son entier tout un gang concurrent. C’est plus un voyou issu des banlieues, mais une réincarnation de Fantômas. Le fait que Zemmour aime ce film prouve que, comme Jacques Audiard, il est en admiration devant cette racaille. De même il trouve le misérable film de Ladj Ly, délinquant ordinaire élevé par la critique bien-pensante au rang de cinéaste pour Les misérables, extrêmement instructif, incapable de se rendre compte de tout ce qu’il y a de faux dans cette pellicule. Il touche plus juste quand il parle du message du film Intouchables d’Olivier Nakache et Éric Toledano qui fut un énorme succès, et qui mettait en relation un homme blanc handicapé mais riche et un noir, jeune et vigoureux mais pauvre qui lui démontrait combien le pauvre blanc avait besoin de lui. « La parabole était évidente : l’Europe riche, mais paralysée, physiquement et moralement, trouvera son salut si elle s’abandonne aux mains de l’Afrique. Le véritable sens du film est dans cette régénération de la race décadente par la race dynamique. La stérile par la prolifique, le bourgeois à la santé débile par l’énergie vitale du nouveau prolétaire, le passé par l’avenir. Intouchables exalte « l’homme nouveau » des temps modernes. On se souvient que l’ouvrier stakhanoviste aux muscles épais était l’avenir du monde, comme le soldat allemand aux yeux clairs était la fierté de sa race. On se souvient que l’impérialisme anglais, au temps glorieux de la reine Victoria, aimait aussi à mettre en scène la virilité conquérante de l’homme blanc qui portait sans faillir son fardeau. Le Blanc est devenu le fardeau de l’homme noir. » 

Zemmour a des amis dans la presse et a préparé son affiche de Campagne avec une photo du temps qu’il avait encore des cheveux 

Arrivé à la question européenne, Zemmour cale cependant. Voilà ce qu’il écrit : « Mais Angela Merkel n’en fait qu’à sa tête. La première puissance exportatrice mondiale n’a plus besoin de la France pour être reconnue comme un « grand » du monde. On connaît le célèbre mot de Kissinger sur l’Allemagne « trop grande pour l’Europe, trop petite pour le monde ». Les Allemands ont retourné la stratégie du général de Gaulle à leur profit : l’Europe est le levier d’Archimède (à la fois grand marché de consommation et de production pour son industrie automobile) pour permettre à l’Allemagne de retrouver son rang perdu en 1945… » C’est banal mais c’est dépassé sur au moins deux points. Le premier est que Zemmour ne semble pas savoir que Macron qu’on peut considérer comme un traitre a signé un traité dit d’Aix-la-Chapelle le 22 janvier 2019[13]. Au nom de la convergence européenne, Macron a fait sortir l’Alsace et la Lorraine des régions françaises en leur donnant une « autonomie » en fait en les faisant passer sous la tutelle de l’Allemagne[14]. Par ailleurs, on sait que la France vient d’offrir Ariane et sa technologie sur un plateau à l’Allemagne, allant même jusqu’à payer la délocalisation de notre fleuron de l’industrie satellitaire[15]. Mais Zemmour ne semble pas le savoir. De même il ne semble pas savoir que Merkel avait tenté d’arracher le partage du siège de l’ONU avec la France. Donc il est faux de dire que l’Allemagne n’a pas besoin de la France. Par ailleurs, si la France sortait de l’euro et de l’Union européenne, l’Allemagne s’effondrerait demain matin. Et donc la logique voudrait qu’on protège les intérêts de la France en sortant de l’UE et de l’euro. Mais Zemmour ne connait rien à l’économie. Il ne comprend tellement rien à l’économie qu’il croit comme parole d’évangile aux chiffres extravagants donnés par Charles Prats sur la fraude aux allocations sociales ou sur les retraites[16]. Parmi les imbécilités de Prats on trouve que les retraites seraient versées à une personne sur deux née à l’étranger, ou encore que le montant des fraudes serait selon le chiffre que reprend bêtement Zemmour de 40 milliards par an. En sombrant dans l’extravagance, la démonstration perd de son impact et Zemmour en la reprenant apparait comme très peu sérieux, seulement prompt à flatter ceux qui préfèrent voir dans les salauds de pauvres l’origine de la difficulté, plutôt que dans le partage de la valeur ajoutée en faveur des très riches[17]. 

Gagnants et perdants de la monnaie unique depuis son introduction, source CPE, Alessandro Gasparotti & Matthias Kullas, février 2019 

Pour le reste vous ne trouverez rien dans l’ouvrage de Zemmour sur le coût de l’euro pour la France, sur ce qu’il ferait comme président pour l’économie. Il reviendra plus tard dans ses autres interventions sur l’idée débile de baisser les « charges sociales », car ne comprenant rien à l’économie il ne semble pas savoir que ces « charges » sont des cotisations sociales qui font partie du salaire, on les appelle aussi le salaire indirect. Il a parlé aussi par ailleurs d’Etat obèse, sans même rien savoir de la loi de Wagner, pourtant une des lois les mieux établies de l’économie politique qui énonce que les dépenses de l’Etat doivent augmenter plus que proportionnellement à la croissance pour accompagner celle-ci, ce qu’avait analysé aussi Joseph Schumpeter qui évoquait l’impératif du socialisme pour cette raison[18]. Il préfère s’en remettre aux architectes de la mondialisation, Margaret Thatcher et Ronald Reagan. La première fut chassée du pouvoir parce qu’en compressant les dépenses de l’Etat – c’est la seule qui a réussi à le faire en Occident – elle avait déréglé l’ensemble de l’économie, les ponts s’effondraient faute d’entretien, les enfants ne savaient plus lire à cause de l’abandon de l’éducation, etc. Le second avait relancé l’économie américaine en endettant l’Etat américain toujours plus en le lançant dans des dépenses militaires totalement inconsidérées qui donnèrent un pouvoir démesuré au complexe militaro-industriel, avec les conséquences qu’on sait, 40 ans années de guerre et des milliers de milliards de dollars dépensés pour aucun autre résultat que d’avoir renforcé les pays musulmans dans leur haine de l’Occident. Evidemment Zemmour n’a pas lu The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism de Naomi Klein, il aurait dû ça lui aurait éviter de dire beaucoup de bétises[19]. Zemmour en bon pétainiste remet en question les acquis du CNR dans sa reprise des principes les plus ineptes de la pensée libérale. Mais cet aspect n’est pas développé dans son livre, et il aura du mal à le reprendre dans un programme économique cohérent pour sa campagne présidentielle. Depuis la crise sanitaire et l’élection de Biden, on a enterré définitivement les idées d’une régulation par le marché, seuls les étudiants attardés de Sciences Po et de l’ENA y croient encore[20].

De vieux amis se retrouvent

Récemment Zemmour a participé à un débat avec Mélenchon[21], s’il a facilement mis en difficulté le leader de la France Insoumise et son idée stupide de créolisation – concept sans contenu – qui serait un effet naturel comme la pluie et le vent, à l’inverse Zemmour est apparu totalement ridicule sur « l’obésité de l’Etat », ressassant les vieilles idées du XIXème siècle, ou encore sur la question centrale du réchauffement climatique, il ne joue pas trop la corde climato-sceptique, même on sent bien que l’envie l’en démange, il n’est pas un disciple de Steve Bannon pour rien. Ce débat était intéressant en ce sens qu’il démontrait une nouvelle fois la misère intellectuelle des politiciens français – mais sans doute est-ce pareil à l’étranger – dont la fainéantise n’est plus à démontrer. Je voudrais juste ajouter que si Mélenchon a évidemment tort sur la question de l’Islam et de l’immigration, il est plutôt dans le vrai dans son analyse des dérives du capitalisme nouvelle manière, même si ses propositions restent timides sur la question de l’euro et de l’Europe. Zemmour est incapable de dire quoi que ce soit sur les inégalités de revenu qui se sont accrues démesurément ces dernières années et plus encore pendant la crise sanitaire, c’est logique puisque les libéraux font semblant de croire que les inégalités sont le résultat des mécanismes « naturels » du marché. Et de même si Zemmour a raison sur les dangers que représente l’immigration et l’islam, il est totalement hors sujet sur les questions économiques et sociales. On remarque qu’il n’a aucune idée de ce qu’il ferait une fois élu avec les immigrés et ceux qui se réclament de l’Islam. C’est assez logique Zemmour est riche et comme tel il vit à l’abri des problèmes des plus pauvres, qu’ils soient immigrés ou non. Et son ouvrage va lui rapporter un minimum de 500 000 euros, certains parlent de 750 000 €, puisqu’il s’est édité lui-même et qu’il va atteindre 100 000 exemplaires.

La presse n’est pas d’accord sur l’identité de Zemmour 

Ce livre, mal écrit et écrit à la hâte, n’est pas un programme, même pas une analyse, mais juste un argumentaire promotionnel pour sa campagne présidentielle. Un peu comme sa photo dans l’eau avec Sarah Knafo, ou encore le débat avec Mélenchon qui est censé montrer que le duel entre Marine Le Pen et Macron n’est pas certain. Les photos avec la jeune Sarah Knafo sont destinées à montrer que Zemmour est tout de même un homme, un séducteur, et que malgré sa carrure de moineau il peut séduire une jeunesse, fût-elle inexpérimentée. Mais soyons justes, malgré un physique difficile, il est souvent comparé à Gargamel le méchant moine qui veut détruire les Schtroumpfs pour fabriquer la pierre philosophale, Zemmour a bien réussi son coup médiatique. On le voit partout et il grimpe dans les sondages. Selon moi il ne tiendra pas la distance pour deux raisons : la première est qu’il va avoir un programme en décalage avec les préoccupations des Français au moins sur deux points, l’environnement et l’économie, pour l’immigration, il n’a pas de solution sérieuse. La seconde est qu’on va vite s’apercevoir qu’il n’aura pas de majorité pour gouverner. Les républicains n’en veulent pas, même s’il leur fait du pied depuis des années, prétendant par son intelligence réunifier la droite affairiste, cosmopolite et européiste avec la droite patriote et anti-immigration. Les partisans de Marine Le Pen lui en veulent à mort car les quelques points qu’il va lui voler risquent de lui coûter l’accès au second tour. Je passe sur deux points qui ne sont pas anodins, sa liaison, réelle ou supposée, avec une jeunesse dont il pourrait être le grand-père risque de lui coûter cher, de même que ses procès qui vont arriver pour des faits de harcèlement sexuel. Egalement l’éloge qu’il fait dans son livre de deux salopards, DSK et Tariq Ramadan, le classe directement parmi les cuistres et confirme ce que je disais plus haut, il ne tiendra pas la distance. « DSK, menottes derrière le dos entre deux cops new-yorkais, marchant tête baissée, c’est un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française. C’est une castration de tous les hommes français », dit-il avant de plaindre ce pauvre Tariq Ramadan, un érudit selon lui qui ne mérite pas qu’on le combatte avec des armes judiciaires. On ne sait pas si c’est de la provocation pour faire causer, ou s’il le pense vraiment, mais en tous les cas il a vraiment l’air d’un con. Zemmour fait semblant d’oublier que Ramadan non seulement se fait donner de l’argent pour ses caprices, mais qu’il a sept plaintes déposées contre lui pour des abus sexuels. Zemmour fait-il une projection sur les affaires pour lesquelles il est trainé devant les tribunaux ? 

Zemmour, grand amateur de techniques promotionnelles et de marketing, tente de refaire le coup de Macron en 2017 en se présentant comme un homme seul, au-dessus de la mêlée politicienne, mais s’il a des amis dans la presse, ils ne sont pas tous de l’importance de ceux de Macron, et sa présence dans la presse n’est pas une déferlante. Les médias, à quelques exceptions près, comme Valeurs actuelles ou Causeur, ont globalement tendance à le présenter comme un homme dangereux. Une fois la sidération engendrée par sa déclaration de candidature, il va faire l’objet d’attaques tous azimuts, alors que Macron avait la bienveillance d’une fraction du PS et d’une fraction des LR. Et puis, ce qui va le plomber c’est cette manière absolument sinistre de présenter les choses, à la manière d’un prêtre officiant à une cérémonie funèbre. Zemmour, lui, ne peut compter que sur les racailles de banlieues qui l’agressent verbalement dans la rue, sans doute pour faire sa promotion. Le 27 septembre 2021 il a été une nouvelle fois injurié et menacé dans la rue et ne dut son salut qu’à la fuite[22]. Zemmour parle souvent d’effondrement, c’est tellement vrai qu’on a fini par lui donner le titre d’intellectuel ! Rappelons que si par deux fois Macron a raté deux fois le concours d’entrée à Normale Sup, et s’il dut se rabattre sur l’ENA, Zemmour lui a raté deux fois le concours de l’ENA et a dû se contenter de Sciences Po, comme Sarkozy qu’il traite d’analphabète.

Sur les réseaux sociaux, Zemmour est présenté comme une réincarnation de Nosferatu, On dira ce qu’on voudra mais personne n’a vu les deux personnages ensemble dans la même pièce ! 


[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/09/jean-michel-aphatie-les-amateurs.html

[2] Albin Michel, 2014

[3] Pierre Laborie, Le chagrin et le venin, Bayard, 2011.

[4] Emmanuelle Loyer. Sous les pavés, la Résistance. La Nouvelle Résistance populaire, appropriation et usages de la référence résistante après Mai 1968. Pourquoi résister ? Résister pour quoi faire ? Dec 2004, Mémorial de Caen, France. pp.181-192.

[5] Robert Paxton, Vichy France : Old Guard and New Order, 1940-1944, A.A. Knopf, 1972, et Robert Paxton et Michaël R. Marrus, Vichy France and the Jews, Basic Books, 1981

[6] https://lesquen.fr/2021/02/24/dix-bonnes-raisons-den-finir-avec-zemmour/

[7] https://vacarme.org/article1344.html

[8] La nouvelle économie française, PUF, 1978.

[9] https://www.lejdd.fr/Societe/herve-le-bras-demographe-zemmour-accumule-les-poncifs-sur-limmigration-4067250

[10] https://www.lebonbon.fr/paris/societe/exode-urbain-parisiens-confinement-campagne/

[11] https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/26/nathalie-loiseau-la-faiblesse-de-l-otan-n-est-pas-une-bonne-nouvelle-nous-avons-besoin-d-un-lien-transatlantique-fort_6096034_3232.html

[12] https://www.liberation.fr/societe/police-justice/deux-nouveaux-temoignages-accusent-eric-zemmour-dagressions-sexuelles-20210531_WXOUW2GNNRBKTJVL4WKOBQACHI/

[13] https://mjp.univ-perp.fr/traites/2019aix-la-chapelle.htm

[14] https://www.upr.fr/allocutions/la-haute-trahison-du-traite-daix-la-chapelle-analyse-de-francois-asselineau/

[15] https://francais.rt.com/international/91014-france-a-plie-face-allemagne-savoir-faire-spatial-sur-point-envoler-outre-rhin

[16] Le cartel des fraudes, Ring, 2020 et Le cartel des fraudes 2, Ring, 2021.

[17] https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-lutte-contre-les-fraudes-aux-prestations-sociales

[18] Capitalism, Socialism, and Democracy, Harper and Brothers, 1942.

[19] Knopf, 2007.

[20] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/04/le-plan-de-relance-americain-linflation.html

[21] https://www.linternaute.com/actualite/politique/2571848-debat-zemmour-melenchon-immigration-islam-des-echanges-tendus-les-temps-forts/

[22] https://francais.rt.com/france/91135-paris-eric-zemmour-menace-mort-pleine-rue

samedi 25 septembre 2021

Manifestations contre le pass sanitaire 25 septembre 2021 et l’avenir du vaccin

 

Marseille le 25 septembre 

Pour des raisons très particulières, je n’ai pas pu me rendre à la manifestation du samedi. Je le regrette bien évidemment. En ce onzième samedi de mobilisation, les effectifs étaient à la baisse. Il est vrai que personne ne soutient les soignants, les pompiers qui démissionnent ou qui se font porter malades pour ne pas subir les pertes de salaires. Toute la classe politique les a laissé tomber. Mélenchon, officiellement anti-pass sanitaire, préfère déconner avec ce nul de Zemmour plutôt que de se commettre avec des manifestants. Les médias, n’en parlons pas ! Ils font comme si cette vaste fronde n’avait jamais existé. Il a fallu pour que les journaux prennent enfin les Gilets jaunes au sérieux que ceux-ci se dirigeassent vers l’Elysée pour y déloger le petit crétin qui squatte ce palais de la République. Le fait de traiter par-dessus la jambe de mouvement nous encline à dire que seule la violence de la rue peut obtenir quelque chose en termes de résultats. Avec la préparation des élections présidentielles, Zemmour lance sa campagne, Mélenchon tente de se maintenir à flots, les Verts doivent choisir entre une demi-folle et un adepte du Green Washing Macron compatible, on ne se préoccupe plus du vaccin et de son avenir. Et pourtant, il y a beaucoup à dire. Nous apprenons que l’Union européenne vient de passer une commande à Pfizer de 1,8 milliards de doses ! Ces doses sont prévues pour vacciner jusqu’à au moins 2023[1]. Ce qui signifie clairement deux choses :

– la première qu’on ne compte pas s’arrêter de vacciner à seulement trois doses, en effet, sachant qu’il y a un peu plus de 400 millions d’Européens, ça nous fait 4 doses minimum par habitant, enfants et bébés compris ;

– la deuxième est que le vaccin ne marche pas, car si on comprend bien il va falloir passer, selon les calculs de l’Union européenne, de 4 doses à 8 doses entre 2020 et 2023 ! C’est du jamais vu. On peut bien raconter ce qu’on veut, mais aucun vaccin n’a du être réinjecter 8 fois en 4 ans. 

Manifestation des Gilets jaunes à Paris contre le pass sanitaire le 25 septembre 

Faites votre calcul, à 20 € la dose, ça fait 36 milliards € de chiffre d’affaires, et comme la dose coûte à la production 0,97 €, ça fait une marge nette de plus de 25 milliards d’euros. Cette imbécilité ruineuse s’avère être le plus grand scandale sanitaire et financier de tous les temps. Mais ce scandale va avoir des incidences à long terme, et je ne parle pas ici des conséquences médicales qu’on ne connait pas vraiment. Des éléments épars commencent bien sûr à arriver, des vaccinés qui sont morts et qui sont comptés comme non-vaccinés parce qu’ils n’avaient qu’une dose, des jeunes qui sont morts ou qui ont fait un malaise. Cependant on ne peut pas en faire la synthèse pour l’instant. Laurent Mucchielli a essayé de quantifier les morts du vaccin, il s’est fait censurer méchamment par Médiapart, et le CNRS l’a rappelé à l’ordre[2], et il dût subir une campagne de presse contre lui, on y retrouvait évidemment Le monde, mais aussi Marianne qui de temps à autre tente de nous faire croire qu’elle est un, journal indépendant et iconoclaste[3]. Pour l’instant l’effet à long terme le plus certain est la ruine de la Sécurité Sociale comme le montre le tableau ci-dessous que j’emprunte au journal Le monde. Notez que ce tableau est déjà faux, le budget prévoit déjà un déficit pour 2021 de plus de 38 milliards d’euros[4], et non pas de 27 milliards comme le dit le journal du soir. Je ne sais pas d’où sort ce chiffre. Mais peu importe, on comprend bien que le déficit cumulé de la Sécurité Sociale av atteindre plus de 80 milliards d’euros, à condition toutefois que l’économie reparte du bon pied et qu’il n’y ait pas une nouvelle vague dans cette pandémie qui n’en finit pas. Et donc il vient évidemment que pour rembourser cette dette – en plus de celle de l’Etat – il va falloir faire des efforts ! Bien que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, particulièrement fainéant, ait imaginé de sortir la dette COVID et de la sanctuarisée dans une structure à part, mais cela ne rapporterait rien aux marchés, c’est donc exclu. Faire des efforts ça veut dire deux choses, d’abord moins rembourser les dépenses de santé, et dans ce cas augmenter la part des mutuelles, donc demander aux salariés de payer plus pour la mutuelle, et puis de mettre en place un nouvel impôt dédié au financement de la dette COVID. Dans tous les cas ce sera une avancée nouvelle vers la privatisation. Il ne semble pas que les couillons de gauche qui sont pour la vaccination de tout ce qui bouge aient pensé à cela. 

Donc en ce 25 septembre, la mobilisation était clairement en baisse. Mais il y avait cependant un noyau dur dans toute la France qui ne voulait pas abandonner le combat. Les cortèges n’étaient pas ridicules pour autant, ils enracinent la détestation de Macron et posent les jalons d’une lutte pour la reconquête de nos libertés. L’analyse que j’ai esquissée ci-dessus semble indiqué que la politique du tout vaccinal est une erreur – sauf pour les laboratoires qui l’ont mise en place – et que ce n’est pas de cette façon qu’on s’en sortira. Le vaccin c’est l’archétype du mercantilisme médicinal érigé en dogme indépassable, bricolé à la hâte, le vaccin n’a que des inconvénients et risque même d’avoir des effets à long terme difficilement récupérables, notamment sur l’immunité acquise. Autrement dit il risque d’ouvrir la porte à de nouvelles pandémies qui vont s’engouffrer dans la brèche. Les manifestants du samedi sont tout à fait conscients de ça, et en se mobilisant pour la défense de la liberté, ils demandent qu’une autre politique sanitaire soit mise en place.    

Annecy, 25 septembre 2021 

Je note que ce samedi 25 septembre 2021, Florian Philippot qui veut se présenter aux élections présidentielles a réussi à nouveau son rassemblement. Alors que les autres semaines les effectifs de la manifestation des Gilets jaunes et ceux de Philippot étaient à peu près équivalents, ils étaient plus nombreux chez Philippot. Ce qui prouve au moins qu’il a une bonne capacité organisationnelle – et je vous en prie ne venez pas me dire que je roule pour Philippot, vous vous tromperiez lourdement. Les manifestations ne vont pourtant pas s’arrêter. Une des raisons est que les bouffons du gouvernement envisagent deux nouvelles avancées liberticides :

– d’abord de prolonger le pass sanitaire au-delà de ce qui était prévu initialement, soit le 15 novembre, et donc de faire voter une loi par les Playmobils LREM et leurs supplétifs des Républicains, de façon à ce que le gouvernement puisse faire planer en permanence la menace de son usage.

– ensuite de moduler au coup par coup les levées du masque ou du pass sanitaire, en fonction, nous dit ce petit crétin d’Attal, du taux de vaccination, du taux d’infection, bref à la tête du client[5]. Les bons départements seront récompensés, et sans doute aussi les hypermarchés qui vont financer la campagne de Macron le seront aussi ! 

A Alençon les anti-pass s’en prennent verbalement à Stéphane Le Foll, le 25 septembre 2021 

Nouveau succès pour le rassemblement de Florian Philippot le 25 septembre 2021 

De quelque côté qu’on la regarde, la politique sanitaire de Macron est un échec. Son seul résultat pour le pouvoir aura été de renforcer la surveillance des populations et éventuellement de les punir toujours plus s’elles ne s’appliquent pas à respecter les règles pourtant changeantes imaginées par le cerveau malade de Macron qui ne sait plus à quel expert se vouer et qui ne voit que dans la fuite répressive son salut.



[1] https://www.france24.com/fr/europe/20210508-vaccins-nouveau-contrat-entre-l-ue-et-pfizer-pour-1-8-milliard-de-doses?fbclid=IwAR1AnT9Gq76ob0pEro4cZPFmv4DL4iFrYzbpVtWz0Nkho2FnF68PB8x3aDk

[2] https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-vaccination-covid-lepreuve-des-faits-2eme-partie-une-mortalite-inedite

[3] https://www.marianne.net/societe/sante/de-la-sociologie-a-la-pharmacologie-la-bancale-reconversion-de-laurent-mucchielli

[4] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/exclusif-covid-le-deficit-2021-de-la-securite-sociale-proche-de-40-milliards-1326231

[5] https://www.linternaute.com/sortir/guide-des-loisirs/2538272-pass-sanitaire-des-manifestations-ce-samedi-mais-ou/

mercredi 22 septembre 2021

Christo, l’ignoble dans l’art officiel macronien

  

Macron qui n’a pas vraiment d’idée de ce que devrait être sa fonction hésite en permanence entre inaugurateur des chrysanthèmes, super policier menaçant la France de désordre ou encore clown pour les jeunes ados sans cervelle avec McFly et Carlito, deux semi-débiles, pétomanes certifiés sur la toile. En inaugurant et en enterrant un tel ou un tel, il nous donne une image de ce qu’est pour lui la culture et plus précisément l’art. Pour la littérature c’est Jean d’Ormesson, spécialiste de la mélancolie des riches du XVIème arrondissement, bateleur d’estrade télévisuelle et effrayé en permanence par ce qu’il croyait être le socialisme avec des bolchéviques furieux comme Hollande ou Jospin. Le cercueil de cet écrivain pour bourgeoises ménopausées fut présenté à l’admiration des macroniens dans la cour des Invalides[1]. Il l’enterra comme pour se débarrasser d’un vestige de ce qu’il était lui-même, un bourgeois ambitieux et sans talent. Pour la musique, il enterra Charles Aznavour encore aux Invalides insistant pour nous expliquer combien ce grand petit homme était devenu un si bon Français, sous entendant sournoisement que cela ne lui avait pas été facile, étant d’origine arménienne bien que né à Paris[2]. Et puis il enterra aussi Johnny Halliday, chanteur populaire et drogué, exilé fiscal et amateur de moto. Il l’enterra comme un regret, prononçant un discours de circonstance devant l’Eglise de la Madeleine, tandis que sa femme en même temps qu’elle inaugurait son nouveau dentier bénissait le cercueil. Il enterra également le populaire Jean-Paul Belmondo avec des larmes dans la voix, comprenant qu’un guignolo en avait chassé un autre ! On avait l’impression qu’à ce moment-là il enterrait du même coup le cinéma puisqu’avec le pass sanitaire il condamnait énormément de films à la disparition. Pour le théâtre il se rendit au théâtre des Bouffes du Nord, pour y voir une pièce tirée d’une nouvelle de George Langelaan, La mouche. Mais cette pièce il n’en vit que la moitié, les Gilets jaunes l’ayant repéré et menaçant de l’enterrer ! Il dût fuir la merde au cul, protégé par la milice qui le pourchassait[3]. 

Pour couronner toute cette série d’enterrements, Macron est venu bêtement inaugurer l’empaquetage de l’Arc de Triomphe décidée par l’artiste conceptuel Christo. Incapable d’en dire quoi que ce soit, il a tenté de ramener la couverture à lui en expliquant aux couillons qui regardent BFMTV combien ce lieu avait souffert[4]. Il voulait rappeler que les Gilets jaunes étaient des mauvais sauvages, et qu’ils avaient méchamment opéré des dégradations sur l’édifice, tandis que lui-même étaient menacé par la foule qui voulait se rendre à l’Elysée pour lui faire le compte. C’était le 1er décembre 2018. Dans cette inauguration de l’empaquetage de l’Arc de Triomphe on peut y voir beaucoup de choses, bien au-delà du discours convenu de Macron qui parlait « d’un rêve fou ». Beaucoup vous diront que le sens de cette immondice se trouve en chacun de nous et nous devons y voir ce que nous voulons bien y voir, autrement dit ce qu’il y a en nous même ! Mais non, dans notre société mercantiliste en voie de décomposition avancée, comme toujours, la raison est économique. Pour comprendre cet emballage, il faut aligner les chiffres, partir de son coût : c’est 14 millions d’euros, 25 000 m2 de tissu recyclable, 3 000 mètres de corde. C’est tout à fait commun de ce qu’on appelle l’art moderne, on monte une holding pour financer un projet forcément monumental dont le coût est justifié en apparence par cet aspect monumental et qu’il faut une main d’œuvre importante pour le montage et le démontage de cette horreur. L’argent se trouve non pas comme le font croire les médias dans la vente des œuvres de Christo – en fait il vendait ses croquis pour garantir l’avancement des fonds – mais essentiellement dans le mécénat. Pourquoi des entreprises riches investiraient elles dans de telles horreurs ? Ce n’est pas parce qu’elles ont trop d’argent et qu’elles aiment l’art, mais parce qu’elles peuvent obtenir ainsi une notoriété tout en diminuant leurs impôts ! C’est donc bien le contribuable qui, in fine, paye cette connerie. Le crédit d’impôt sur le mécénat peut atteindre jusqu’à 90% des sommes engagées. Evidemment au passage la structure de Christo qui a survécu à son décès, empoche un bénéfice sur cette expédition. Plus le projet est imposant et spectaculaire, et plus la structure financière Christo gagnera de l’argent. On ne comprend rien aux immondices de Christo, de Koons et de quelques autres si on ne part pas de son business model pour parler comme Macron. Et en ce sens cette forme d’art moderne est tout à fait représentative de notre temps. Un complément de ce business plan sera évidemment la billetterie puisque les touristes devront payer pour accéder à l’Arc de Triomphe. 

Il n’est pourtant pas suffisant de dénoncer ce système économique sous-jacent, il faut aller un peu plus loin, puisque ces empaquetages hideux, dont je n’évoquerais pas l’aspect anti-écologique, se donne à voir. Quelles que soient nos différences dans le jugement que nous pouvons porter, nous voyons tous la même chose : un monument connu qui est recouvert d’une toile. La première impression est que si on le recouvre c’est qu’on ne veut pas le voir, on veut le cacher. Pourquoi ? On peut avancer deux raisons :

– la première est que cet art qu’on masque fait honte aux capacités artistiques des « modernes » qui ne sont plus capables de faire des œuvres de ce style ;

– la seconde est la volonté d’être moderne à tout prix et donc de nier le passé. En ce sens les entreprises de Christo sont un négationnisme culturel. Provoquer l’effacement partiel de la mémoire. C’est tout à fait en phase avec les WOKE dont le principal plaisir est de nier le passé culturel, bon ou mauvais, peu importe, d’une nation. En empaquetant l’Arc de Triomphe, il nie l’idée que la France ait un jour pu triompher de quoi que ce soit. Quand Christo empaquetait le Pont-Neuf en 1985, projet qui avait été encore plus ruineux que l’emballage de l’Arc de Triomphe, c’était une façon d’interdire l’unification de Paris entre les deux rives de la Seine, tout en attirant l’attention des passants sur l’existence de Christo et de son entreprise.

 Certes il s’agit d’art éphémère, et c’est tant mieux, mais en attendant, il n’est pas vrai qu’on puisse aimer ou détester cette « œuvre » à loisir, parce qu’on est obligé de la voir si on se promène alentour. Christo, comme Jeff Koons, c’est l’art intrusif. En ce sens c’est un art officiel que tout le monde est obligé de contempler. On a mis le fait en avant que ce projet ne coûtait rien aux Parisiens, c’est faux, puisqu’en effet la Ville de Paris loue l’espace public à une entreprise mercantile qui ne paie rien pour cela. C’est une manière de narguer les Parisiens – du moins ce qu’il en reste – en les obligeant à se confronter à une œuvre qu’autrement ils n’auraient même pas l’idée de regarder, même pour rigoler. On touche ici à un point important, c’est que la multiplication des articles de journaux et de reportages dans les médias dominant oblige tout un chacun, même s’il n’en a pas envie à se positionner sur cette connerie. Pire encore comme l’idéologie dominante impose l’idée qu’il s’agit d’art et pas seulement de gros sous, elle nous incite à deux choses :

– d’abord à considérer que l’art moderne, celui d’aujourd’hui, c’est bien cette opération puisqu’on ne parle que de ça :

– ensuite que l’art d’aujourd’hui pour s’exprimer a besoin de millions d’euros. Et donc cette idéologie suggère bien l’accomplissement de l’histoire de l’art dans le triomphe de la monnaie sur à peu près tout le reste. Il y avait dans le temps des artistes « modernes » qui fabriquaient des œuvres d’art volontairement pauvres à partir d’objets récupérés pour rien. C’était une manière de montrer l’éphémère de notre civilisation dominée par la technique, et aussi de montrer que les pauvres pouvaient aussi produire quelque chose. Mais manifestement Christo et Jeff Koons, c’est l’inverse, et nous pouvons sans nous tromper qualifier cet art de capitaliste, ce qui est sans doute un oxymore. Aujourd’hui si tu n’as pas des millions à ta disposition, non seulement tu as raté ta vie, mais tu ne peux pas être un artiste ! 


[1] https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/12/08/la-france-rend-un-hommage-national-a-jean-d-ormesson_5226598_3382.html

[2] https://www.huffingtonpost.fr/2017/12/09/hommage-de-johnny-hallyday-ce-moment-ou-macron-etait-a-deux-doigts-de-benir-le-cercueil_a_23302316/

[3] https://www.ladepeche.fr/2020/01/18/emmanuel-et-brigitte-macron-exfiltres-dun-theatre-parisien-entoure-de-manifestants,8668978.php

[4] https://www.bfmtv.com/politique/un-lieu-qui-a-tant-souffert-la-reference-de-macron-aux-gilets-jaunes-a-l-arc-de-triomphe_AV-202109160546.html

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