Nous sommes à une époque tragique où les conflits militaires
se sont multipliés à la surface de la planète. Il n’est pas suffisant de
déplorer la guerre, il faut réfléchir un peu à leurs raisons. Trop souvent on
suppose qu’un camp ou un autre est le seul fautif et donc par paresse
intellectuelle on choisit un camp et on lui tape dessus. Les uns supposeront
que Poutine est mauvais, qu’il n’est pas amendable, les autres que Zelensky par
son entêtement imbécile prolonge inutilement une guerre qui a détruit son pays ;
encouragé par des dirigeants européens complètement décérébrés. Pour le conflit
israélo-palestinien, c’est la même chose, les uns brandissent l’abominable
pogrom du 7 octobre 2023, les autres le martyre du peuple palestinien. Mais les
racines véritables plus ou moins lointaines sont rarement discutées. Les uns
opposent un régime plus ou moins démocratique à une prédation d’un adversaire
sans foi ni loi qui transgresse le droit international – droit sans cesse
évoqué, mais qui ne correspond pas à grand-chose comme on va le voir. Le droit
international est une sorte de coquille vide, une sorte de parade derrière on
se cache le plus souvent pour stigmatiser tel ou tel camp. Les autres
considèrent qu’il y a un agresseur certain et un agressé tout aussi certain qui
a droit à des réparations. Trop souvent on se contente de compter les morts, ou
de tenter de voir comment le conflit peut évoluer à moyen et à long terme. Les
journalistes aiment particulièrement en Occident mettre l’accent sur l’émotion
de leurs lecteurs ou de leurs auditeurs, notamment avec des enfants. C’est une
affaire bien huilée, les Palestiniens ont très tôt bien compris l’impact que
cela pouvait avoir sur la mauvaise conscience post-coloniale des occidentaux.
Ils en usent et en abusent, ils ont d’ailleurs été plusieurs fois pris la main
dans le sac du trucage, mais également que très souvent ils recherchent un
nombre élevé de martyres afin d’appuyé leur cause sur la scène internationale.
Bien entendu je ne nie pas le fait que des enfants soient décédés dans des
conditions atroces, et que cela reste un malheur. Mais est-ce un argument pour
discuter des raisons de la guerre ? Les vieillards morts ne sont-ils pas
tout autant à déplorer ? Si c’est pour dire que la guerre c’est quelque
chose de dégueulasse et d’horrible, c’est d’une telle évidence qu’on ne voit
pas en quoi cela change d’en tenir la comptabilité en pointant le nombre des
morts des deux côtés. Ce n’est pas dans une condamnation morale qu’on trouve
des solutions bien solides.
Il faut donc revenir aux raisons de la guerre, aux racines du mal si on veut. Je vais donner un exemple, le régime nazi fut une horreur dans tous les sens du terme, il n’y a pas à y revenir. Mais quel était la racine guerrière de ce régime auquel les Allemands adhérèrent si massivement et si facilement ? La folie d’Hitler n’est pas un argument explicatif suffisant. En vérité il y avait derrière ce désir de guerre : une dynamique démographique puissante pour une population en voie de rajeunissement rapide depuis la défaite de 1918, comme d’ailleurs l’agressivité de cette malheureuse nation était portée par un accroissement rapide de la population avant 1914, alors que la démographie française restait stagnante[1]. Sur cette dynamique s’est greffé la volonté de modifier les frontières, et à l’intérieur de ces frontières d’épurer la population pour en faire un espace homogène, Hitler revendiquait un espace vital. La plupart des guerres qui ravagent aujourd’hui la planète sont d’abord et avant tout des questions de frontières. Et bien entendu dès qu’on parle des frontières, on parle de l’homogénéité de la population. C’est un phénomène constant dans l’histoire que les frontières soient aussi faites pour être modifiées. Mais ce constat n’empêche pas que les nations recherchent en permanence une certaine forme de stabilité. Récemment on a vu une séparation radicale entre la République tchèque et la Slovaquie qui auparavant cohabitaient dans la même nation, la Tchécoslovaquie. Mais c’est un des rares exemples d’une séparation à l’amiable. Le démantèlement de la Yougoslavie sous la houlette de l’OTAN et des Etats-Unis, avec des bombardements sanglants sur Belgrade ne s’était pas très bien passé.
Dans la carte ci-dessus, on voit que l’Ukraine dans les frontières qui ont été tracées en 1991, consécutivement à l‘effondrement de l’URSS, ce pays est fait de bric et de broc. Plus on va vers l’Ouest et moins on parle russe. Cette diversité linguistique montre que la langue ukrainienne a beaucoup de mal encore aujourd’hui à s’imposer. Cela va se retrouver dans les votes, plus on va vers l’Est et plus on votait pour les candidats prorusses, à l’inverse, plus on se rapprochait de la Pologne, et moins on parlait le russe, et plus on votait pour les candidats européistes. C’était donc un pays profondément divisé. Les gens de Kiev méprisaient profondément les gens du Donbass. Porochenko leur déclara la guerre : « Le 24 octobre 2014 devant la Rada, [Petro Porochenko a indiqué] que pour mater l’insurrection de son peuple, de sa population, eh bien il gagnerait cette guerre en enfermant les enfants dans les caves, ils n’iront plus à l’école, ils ne recevront plus leurs retraites, etc. […] Il y a eu un vrai sentiment d’insécurité de la population de l’Est. »[2]. A la base et quelles que soient les intentions des Etats-Unis et de l’OTAN, il y a une situation latente de guerre civile. Les frontières mal taillées de 1991 visent à vouloir faire vivre ensemble des populations qui ne le désirent pas. La mécanique de la guerre est ensuite bien connue : jouant sur les haines recuites des nationalistes ukrainiens envers les populations russophones, le gouvernement de Kiev va lancer l’assaut sur le Donbass en 2014-2015, après le coup d’État qui mettra à la tête du pays l’homme des Etats-Unis au pouvoir. L’idée est une purification ethnique pour les gens de Kiev, mais les Etats-Unis visent plus loin, se servant de cette haine accumulée par les Ukrainiens, ils espèrent que les Russes se lanceront dans la guerre et qu’ils la perdront. Si les provocations ont bien fonctionné pour déclencher le conflit le résultat n’a pas été tout à fait à la hauteur des espérances.
Régions annexées par la
Russie en 2014 et en septembre 2022
Les régions annexées par la Russie, en 2014 puis en
septembre 2022, correspondent bien entendu aux régions où la population
russophone est dominante. On voit également que les Russes n’ont pas été
jusqu’à prendre Kharkov et Odessa où pourtant se trouvent des populations qui
leur sont très favorables et qui vivraient sans doute une annexion par la
Russie comme une réelle libération. Pour l’instant les Russes se sont contentés
de cette zone tampon faite des quatre oblasts, Donetsk et Lougansk, régions
séparatistes, et Zaporijjia et Kherson. Mais si la guerre dure encore trop
longtemps, Kiev pourrait perdre aussi Kharkov et Odessa. Cette logique d’une
modification des frontières est maintenant entérinée par les Etats-Unis,
pourtant les premiers à avoir encouragé l’Ukraine à se lancer dans cette
aventure, puisque Trump proposait dans son plan de paix que la communauté
internationale, soit l’ONU, reconnaisse la Crimée comme une région permanente
de la Russie. On comprend bien que cette approche de la réalité du terrain
s’affranchit du droit international qui sera juste là pour constater l’issue du
conflit et lui donner son onction.
Le Cachemire est une autre région où les conflits sont récurrents depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une des raisons est que le Cachemire est une région à cheval sur trois pays, le Pakistan, l’Inde et la Chine. Chacun de ces trois pays en revendique un morceau pour son propre compte. Ce conflit est alimenté également par des questions religieuses, le Cachemire est une région majoritairement musulmane, alors que l’Inde est laïque. Avant 2025, on compte au moins 7 conflits d’importance depuis1947. Sans que le règlement n’arrive à se faire d’une manière ou d’une autre. Le principal du conflit se passe entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires. La Chine joue une partition diplomatique et tente depuis des années à apaiser le conflit. En intégrant l’Inde dans les BRICS, on pensait que cela arriverait. Mais la crise de 2025 qui pour l’instant n’a pas atteint des niveaux extravagants de guerre ouverte. La situation particulière de cette région en fait une zone clé sur le plan géopolitique et on peut faire confiance aussi bien aux Etats-Unis qu’aux États arabes pour jeter de l’huile sur le feu. Un des enjeux de ce conflit est le contrôle de l’eau qui provient des glaciers de l’Himalaya. Ce ne sont plus comme pour la Russie le contrôle du gaz et du pétrole que réclame les Etats-Unis périodiquement, mais le contrôle de l’eau.
Explosion dans la ville de Jammu le 8 mai 2025
Pour l’instant le conflit est contenu, un cessez-le-feu a
été obtenu. L’Inde a un peu bombardé le Pakistan et le Pakistan a répondu,
chacun envoyant quelques missiles, faisant quelques dizaines de morts et des
petits dégâts matériels. Peut-être ce cessez-le-feu a-t-il été obtenu sous la
pression de la Chine. En réalité il semble qu’il soit encore plus difficile de
régler ce conflit latent une bonne fois pour toutes qu’en Ukraine. On voit mal
comment on pourrait arriver à une partition satisfaisante de la région du
Cachemire, alors qu’en Ukraine, on pourrait y arriver en constatant les limites
atteintes par les troupes russes sur le terrain. Mais dans cette zone aucun des
pays impliqués dans le conflit ne semble capable d’atteindre un but de guerre
autrement qu’en détruisant l’unité religieuse et ethnique de sa population. Ce
qui est assez remarquable dans ce conflit c’est le commentaire des Etats-Unis
qui par l’intermédiaire de J.D. Vance ont bien sûr appelé à la désescalade, ça
ne coûte pas grand-chose, mais en même temps ils ont annoncé qu’ils n’étaient
pas concernés par ce conflit. C’est une première depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale que de voir les Etats-Unis refuser de jouer les gendarmes du
monde. Autrement dit les Etats-Unis envoient un message à la Chine, en leur
disant que c’est aux Chinois de régler cette question difficile, et donc ils
reconnaissent que cette région ressort directement du leadership de la Chine.
Est-ce l’avant signe d’une sorte de nouveau partage du monde en sphères
d’influence plus ou moins stables ? Il est bien trop tôt pour le dire,
mais cela y ressemble un peu, après que les Russes aient finalement laissé la
place en Syrie à un islamiste très radical soutenu par les Etats-Unis.
Cependant, le Pakistan semble avoir une supériorité militaire aérienne, fournie
par la Chine, qui pourrait lui donner des idées lors d’un prochain accrochage. Modi
tentait de cacher cette réalité derrière des revendications guerrières
fracassantes. L’avantage de l’Inde est son immense réservoir de population, 1,5
milliards, tandis que le Pakistan n’en posséderait que 200 millions. L’inde a
également une avance technologique certaine. De son côté le Pakistan peut
compter sur le fanatisme de la population qui vénère la sainte bombe islamique,
et aussi sur l’appui de la Chine.
Le conflit israélo-palestinien est d’une tout autre nature, mais la question reste la même. Pour des raisons diverses et variées, les deux parties ne sont jamais arrivées à mettre en musique une solution à deux États. Et donc nous avons aujourd’hui deux États exactement sans frontières. Bien entendu les uns nous dirons que la Palestine n’est pas un État et ne l’a jamais été, c’est tout à fait vrai. Mais de fait le peuple palestinien existe, sauf qu’il n’a pas de réalité matérielle consacrée dans des frontières définies. Israël c’est un peu la même chose. Si cette nation a été clairement identifiée au plan de 1947 approuvé par l’ONU, ses frontières ont été d’abord contestées par les États arabes limitrophes qui ne voulaient pas d’un État juif dans leur zone d’influence. Les cartes ci-dessus sont censées nous montrer que la Palestine existait avant la création d’Israël. C’est totalement faux. La Palestine était une province plus ou moins bien dessinée de l’Empire ottoman, et qui fut ensuite une région sous mandat britannique, sans conscience nationale propre. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la Palestine était encore pour beaucoup considérée comme la terre ancestrale de Juifs. Mais à partir de cette date, elle est devenue une zone de peuplement, modifiant la démographie de ce territoire, alors que les Juifs historiques de Jérusalem étaient clairement en voie de disparition. D’un côté des Juifs ont immigré vers la terre de ce qu’il pensait être la terre de leurs ancêtres, mais en même temps, l’Empire ottoman a encouragé les musulmans de toute la Méditerranée à venir en Palestine pour faire un contrepoids musulman à sa judaïsation[3]. Ensuite dans les années trente, avec l’expansion du Yichouv, non seulement les Juifs européens sont venus en masse, mais également les Arabes qui venaient y chercher un meilleur salaire. Ceux-là venaient d’Égypte de Jordanie ou de Syrie[4]. En moins de cent ans, la Palestine qui était une terre délaissée et peu peuplée, peu cultivé, est devenu un territoire trop exigu pour deux peuples. On note que le premier conflit après la naissance d’Israël a été une guerre entre Israël et les États arabes et non entre des Palestiniens et des Israéliens. Les cartes ci-dessus prétendent démontrer le colonialisme d’Israël, comme si la Palestine avait été un État bien défini sur lequel des Juifs du monde entier seraient venus se greffer. C’est évidemment faux. En vérité ce que montrent ces cartes c’est que chaque fois que les États arabes puis les Palestiniens ont déclencher des conflits, ou qu’ils ont refusé de négocier pour une solution à deux États, leur territoire c’est rétréci. Il est d’ailleurs assez curieux que les Palestiniens revendiquent pour eux un territoire qui est la Palestine mandataire, comme si celle-ci avait une réalité historique, culturelle et politique antérieure, alors qu’elle n’est le résultat que d’un découpage arbitraire des restes de l’Empire ottoman entre les puissances qui étaient sorties vainqueures de la Première Guerre mondiale. On retrouve d’ailleurs un peu de la même histoire avec la guerre en Ukraine. Les négociations d’Istamboul en mars 2022 étaient à peu près concluantes, Zelensky les avaient approuvées. Mais au dernier moment, sous la pression des Etats-Unis et du Royaume Uni, il s’était rétracté. Le conflit a donc continué et l’Ukraine a perdu encore 4 régions supplémentaires. Dans la guerre actuelle entre le Hamas et Israël, les Palestiniens pourraient perdre Gaza que les Israéliens avaient rétrocédée à l’entité palestinienne en évacuant ses colonies et ses forces armées en 2005. La presse occidentale tente de nommer le désastre de Gaza en l’identifiant à un génocide. Ce terme est inadapté, essentiellement parce qu’il renvoie au régime nazi qui génocida les Juifs en Europe. C’est-à-dire qu’il les fit disparaitre physiquement. Or même si on doit déplorer les morts gazaouis, ceux-ci ne représentent qu’un demi pour cent de la population de Gaza. Le poids de cette population reste entier.
Quand l’une des deux parties préfère pour des raisons plus ou moins valables une guerre de longue durée à une rectification des frontières, elle est toujours perdante. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs avec l’Allemagne qui a été démantelée en 1945. Les Palestiniens et particulièrement le Hamas n’ont jamais voulu des deux États. Et dernièrement le Hamas avançait encore qu’il comptait bien récupérer la Palestine de la Méditerranée au Jourdain ! En 2000, alors que les accords signés grâce à l’intervention énergique de Bill Clinton, semblaient aller dans la bonne direction, Yasser Arafat prit le prétexte de troubles sur l’esplanade des mosquées pour faire complètement machine arrière. Cette défaite des négociations, il y a vingt-cinq ans, a entrainé des raidissements des deux côtés. Les Israéliens n’ayant plus confiance dans la partie arabe, ont commencé à penser que seule la force amènerait la paix. Ils se sont dirigés vers des gouvernements de droite, dont la coalition était soutenue par des annexionnistes. Dans un premier temps la manière dure a semblé fonctionner, et les attentats étaient devenus assez peu nombreux. Netanyahu avançait donc que sa méthode était la bonne. Mais le 7 octobre 2023 avec le déclenchement de la guerre par le Hamas, ces illusions sont complètement tombées. Il vient donc qu’il n’y a à l’heure actuelle que deux solutions possibles. Soit les Israéliens chassent les Palestiniens de toute la Palestine, soit les Palestiniens chassent les Juifs, ce qui semble assez peu probable, soit on négocie pour une solution à deux États avec des frontières clairement définies qui éviteraient le mitage des Territoires palestiniens par de nouvelles colonies. Dans les deux cas il s’agit d’une rectification des frontières de fait. Là encore ce conflit meurtrier – le plus meurtrier depuis 1948 – s’inscrit dans une asymétrie : d’un côté la partie la plus forte sur le plan militaire est Israël, mais les mouvements palestiniens qui revendiquent pour eux-mêmes la totalité de la Palestine mandataire ont parié sur deux facteurs : d’une part la démographie, faisant plus d’enfants, ils pensaient qu’assez rapidement les Palestiniens deviendraient plus nombreux que les Israéliens. C’était sans compter avec l’ouverture des pays de l’Est qui ont libéré des centaines de milliers de Juifs qui sont venus s’installer en Israël. Mais d’autre part ils supposent qu’ils sont capables de supporter des milliers de morts de tous âges afin de faire avancer leur cause.
Ces trois conflits ne résument pas l’ensemble des guerres
qui se déroulent sur toute la surface de la planète. Il y en a bien d’autres,
au Soudan, au Congo, en Érythrée, des conflits violents et meurtriers, bien
plus meurtriers que la guerre d’Israël contre le Hamas. Une des dimensions
particulières des conflits dont nous venons de parler est qu’ils s’inscrivent,
contrairement par exemple aux guerres entre l’Allemagne et la France, dans un
temps extrêmement long. Les mouvements guerriers palestiniens n’admettent pas
leur défaite et pensent que sur le long terme ils finiront par gagner. Les
conflits autour du Cachemire sont approximativement de la même durée et au fond
ils sont le résultat inattendu de la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme
l’héritage maudit du colonialisme britannique. Si on regarde les racines
lointaines du conflit entre l’Ukraine et la Russie, on se rend compte qu’on se
trouve dans la continuation anglo-saxonne de l’obsession pour le pétrole qui
était déjà pour partie l’enjeu de la Guerre de Crimée. Aujourd’hui les
Britanniques, les Allemands, et Zelensky ne pensent pas mettre de terme au
conflit. Ils sont incapables d’assumer la défaite. Ils pensent la faire durer
encore quelques années, le temps de se réarmer – parce que les stocks de munitions
occidentaux et ukrainiens sont à l’os – puis sans doute repartir plus tard pour
lancer un nouvel assaut contre la Russie. Ce calcul qui tient plus du
mysticisme que d’une analyse rationnelle est erroné pour de très nombreuses
raisons. Parmi celles-ci il y a le fait que l’économie russe croît à un rythme
plus rapide que celle des soutiens de l’Ukraine, et qu’en outre la Russie
possède une avance technologique en matière militaire sur la plupart des autres
pays développés. On voit mal dans ces conditions comment en 2030 – c’est
l’horizon avancé imprudemment par un général allemand – la coalition fantôme
des volontaires serait prête à intervenir avec des chances sérieuses de gains.
Mais dans le monde hypermédiatisé qui est le nôtre, les politiciens n’ont plus
le droit de se déjuger. Trump pouvait le faire à propos de l’Ukraine en
avançant que cette guerre était celle de Joe Biden, et pas la sienne. Ce qui
est assez contestable parce que durant son premier mandat il a livré des armes
en Ukraine massivement, et il avait conservé l’abominable Victoria Nuland
auprès de lui pour le conseiller sur le dossier ukrainien. Mais Zelensky ne
peut pas faire de même, il a fait inscrire dans la Constitution ukrainienne
qu’il était impossible et interdit de discuter de quelque cession du territoire
ukrainien, y compris de la Crimée. De même on voit mal cet imbécile de Bruno Le
Maire revenir sur ses fanfaronnades nous informant qu’il allait lui-même mettre
à genoux l’économie russe. En Israël c’est un peu pareil. Netanyahu comme le
Hamas ne peuvent pas se déjuger, ce serait leur mort politique. La rationalité
dans l’analyse des conflits est subordonnée maintenant au fanatisme furieux de
mouvements terroristes, et également à l’orgueil surdimensionné des hommes
politiques de notre temps qui ne savent pas reconnaitre leur défaite, préférant
toujours plus de morts à une paix humiliante pour eux.
[1]
Alfred Sauvy et Sully Lederman, “La guerre biologique (1933-1945), population
de l’Allemagne et des pays voisins », Population, 1ᵉ année, n°3,
1946. pp. 471-488.
[2]
https://www.liberation.fr/checknews/le-discours-de-petro-porochenko-sur-le-sort-reserve-a-la-population-du-donbass-en-2014-est-il-authentique-20220315_G5UR4OUEKZFDBDXT2J4U6MPRYY/
[3]
Henry Laurens, La question de Palestine, tome 1 : 1799-1921, Fayard,
1999.
[4] Metzer Jacob, The divided
economy of Mandatory Palestine, Cambridge University Press, 1998.