lundi 19 mai 2025

La guerre, la démographie et la question des frontières

  

Nous sommes à une époque tragique où les conflits militaires se sont multipliés à la surface de la planète. Il n’est pas suffisant de déplorer la guerre, il faut réfléchir un peu à leurs raisons. Trop souvent on suppose qu’un camp ou un autre est le seul fautif et donc par paresse intellectuelle on choisit un camp et on lui tape dessus. Les uns supposeront que Poutine est mauvais, qu’il n’est pas amendable, les autres que Zelensky par son entêtement imbécile prolonge inutilement une guerre qui a détruit son pays ; encouragé par des dirigeants européens complètement décérébrés. Pour le conflit israélo-palestinien, c’est la même chose, les uns brandissent l’abominable pogrom du 7 octobre 2023, les autres le martyre du peuple palestinien. Mais les racines véritables plus ou moins lointaines sont rarement discutées. Les uns opposent un régime plus ou moins démocratique à une prédation d’un adversaire sans foi ni loi qui transgresse le droit international – droit sans cesse évoqué, mais qui ne correspond pas à grand-chose comme on va le voir. Le droit international est une sorte de coquille vide, une sorte de parade derrière on se cache le plus souvent pour stigmatiser tel ou tel camp. Les autres considèrent qu’il y a un agresseur certain et un agressé tout aussi certain qui a droit à des réparations. Trop souvent on se contente de compter les morts, ou de tenter de voir comment le conflit peut évoluer à moyen et à long terme. Les journalistes aiment particulièrement en Occident mettre l’accent sur l’émotion de leurs lecteurs ou de leurs auditeurs, notamment avec des enfants. C’est une affaire bien huilée, les Palestiniens ont très tôt bien compris l’impact que cela pouvait avoir sur la mauvaise conscience post-coloniale des occidentaux. Ils en usent et en abusent, ils ont d’ailleurs été plusieurs fois pris la main dans le sac du trucage, mais également que très souvent ils recherchent un nombre élevé de martyres afin d’appuyé leur cause sur la scène internationale. Bien entendu je ne nie pas le fait que des enfants soient décédés dans des conditions atroces, et que cela reste un malheur. Mais est-ce un argument pour discuter des raisons de la guerre ? Les vieillards morts ne sont-ils pas tout autant à déplorer ? Si c’est pour dire que la guerre c’est quelque chose de dégueulasse et d’horrible, c’est d’une telle évidence qu’on ne voit pas en quoi cela change d’en tenir la comptabilité en pointant le nombre des morts des deux côtés. Ce n’est pas dans une condamnation morale qu’on trouve des solutions bien solides.

 

Il faut donc revenir aux raisons de la guerre, aux racines du mal si on veut. Je vais donner un exemple, le régime nazi fut une horreur dans tous les sens du terme, il n’y a pas à y revenir. Mais quel était la racine guerrière de ce régime auquel les Allemands adhérèrent si massivement et si facilement ? La folie d’Hitler n’est pas un argument explicatif suffisant. En vérité il y avait derrière ce désir de guerre : une dynamique démographique puissante pour une population en voie de rajeunissement rapide depuis la défaite de 1918, comme d’ailleurs l’agressivité de cette malheureuse nation était portée par un accroissement rapide de la population avant 1914, alors que la démographie française restait stagnante[1]. Sur cette dynamique s’est greffé la volonté de modifier les frontières, et à l’intérieur de ces frontières d’épurer la population pour en faire un espace homogène, Hitler revendiquait un espace vital. La plupart des guerres qui ravagent aujourd’hui la planète sont d’abord et avant tout des questions de frontières. Et bien entendu dès qu’on parle des frontières, on parle de l’homogénéité de la population. C’est un phénomène constant dans l’histoire que les frontières soient aussi faites pour être modifiées. Mais ce constat n’empêche pas que les nations recherchent en permanence une certaine forme de stabilité. Récemment on a vu une séparation radicale entre la République tchèque et la Slovaquie qui auparavant cohabitaient dans la même nation, la Tchécoslovaquie. Mais c’est un des rares exemples d’une séparation à l’amiable. Le démantèlement de la Yougoslavie sous la houlette de l’OTAN et des Etats-Unis, avec des bombardements sanglants sur Belgrade ne s’était pas très bien passé. 

 

Dans la carte ci-dessus, on voit que l’Ukraine dans les frontières qui ont été tracées en 1991, consécutivement à l‘effondrement de l’URSS, ce pays est fait de bric et de broc. Plus on va vers l’Ouest et moins on parle russe. Cette diversité linguistique montre que la langue ukrainienne a beaucoup de mal encore aujourd’hui à s’imposer. Cela va se retrouver dans les votes, plus on va vers l’Est et plus on votait pour les candidats prorusses, à l’inverse, plus on se rapprochait de la Pologne, et moins on parlait le russe, et plus on votait pour les candidats européistes. C’était donc un pays profondément divisé. Les gens de Kiev méprisaient profondément les gens du Donbass. Porochenko leur déclara la guerre : « Le 24 octobre 2014 devant la Rada, [Petro Porochenko a indiqué] que pour mater l’insurrection de son peuple, de sa population, eh bien il gagnerait cette guerre en enfermant les enfants dans les caves, ils n’iront plus à l’école, ils ne recevront plus leurs retraites, etc. […] Il y a eu un vrai sentiment d’insécurité de la population de l’Est. »[2]. A la base et quelles que soient les intentions des Etats-Unis et de l’OTAN, il y a une situation latente de guerre civile. Les frontières mal taillées de 1991 visent à vouloir faire vivre ensemble des populations qui ne le désirent pas. La mécanique de la guerre est ensuite bien connue : jouant sur les haines recuites des nationalistes ukrainiens envers les populations russophones, le gouvernement de Kiev va lancer l’assaut sur le Donbass en 2014-2015, après le coup d’État qui mettra à la tête du pays l’homme des Etats-Unis au pouvoir. L’idée est une purification ethnique pour les gens de Kiev, mais les Etats-Unis visent plus loin, se servant de cette haine accumulée par les Ukrainiens, ils espèrent que les Russes se lanceront dans la guerre et qu’ils la perdront. Si les provocations ont bien fonctionné pour déclencher le conflit le résultat n’a pas été tout à fait à la hauteur des espérances. 

Régions annexées par la Russie en 2014 et en septembre 2022 

Les régions annexées par la Russie, en 2014 puis en septembre 2022, correspondent bien entendu aux régions où la population russophone est dominante. On voit également que les Russes n’ont pas été jusqu’à prendre Kharkov et Odessa où pourtant se trouvent des populations qui leur sont très favorables et qui vivraient sans doute une annexion par la Russie comme une réelle libération. Pour l’instant les Russes se sont contentés de cette zone tampon faite des quatre oblasts, Donetsk et Lougansk, régions séparatistes, et Zaporijjia et Kherson. Mais si la guerre dure encore trop longtemps, Kiev pourrait perdre aussi Kharkov et Odessa. Cette logique d’une modification des frontières est maintenant entérinée par les Etats-Unis, pourtant les premiers à avoir encouragé l’Ukraine à se lancer dans cette aventure, puisque Trump proposait dans son plan de paix que la communauté internationale, soit l’ONU, reconnaisse la Crimée comme une région permanente de la Russie. On comprend bien que cette approche de la réalité du terrain s’affranchit du droit international qui sera juste là pour constater l’issue du conflit et lui donner son onction.

Le Cachemire est une autre région où les conflits sont récurrents depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une des raisons est que le Cachemire est une région à cheval sur trois pays, le Pakistan, l’Inde et la Chine. Chacun de ces trois pays en revendique un morceau pour son propre compte. Ce conflit est alimenté également par des questions religieuses, le Cachemire est une région majoritairement musulmane, alors que l’Inde est laïque. Avant 2025, on compte au moins 7 conflits d’importance depuis1947. Sans que le règlement n’arrive à se faire d’une manière ou d’une autre. Le principal du conflit se passe entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires. La Chine joue une partition diplomatique et tente depuis des années à apaiser le conflit. En intégrant l’Inde dans les BRICS, on pensait que cela arriverait. Mais la crise de 2025 qui pour l’instant n’a pas atteint des niveaux extravagants de guerre ouverte. La situation particulière de cette région en fait une zone clé sur le plan géopolitique et on peut faire confiance aussi bien aux Etats-Unis qu’aux États arabes pour jeter de l’huile sur le feu. Un des enjeux de ce conflit est le contrôle de l’eau qui provient des glaciers de l’Himalaya. Ce ne sont plus comme pour la Russie le contrôle du gaz et du pétrole que réclame les Etats-Unis périodiquement, mais le contrôle de l’eau. 

Explosion dans la ville de Jammu le 8 mai 2025 

Pour l’instant le conflit est contenu, un cessez-le-feu a été obtenu. L’Inde a un peu bombardé le Pakistan et le Pakistan a répondu, chacun envoyant quelques missiles, faisant quelques dizaines de morts et des petits dégâts matériels. Peut-être ce cessez-le-feu a-t-il été obtenu sous la pression de la Chine. En réalité il semble qu’il soit encore plus difficile de régler ce conflit latent une bonne fois pour toutes qu’en Ukraine. On voit mal comment on pourrait arriver à une partition satisfaisante de la région du Cachemire, alors qu’en Ukraine, on pourrait y arriver en constatant les limites atteintes par les troupes russes sur le terrain. Mais dans cette zone aucun des pays impliqués dans le conflit ne semble capable d’atteindre un but de guerre autrement qu’en détruisant l’unité religieuse et ethnique de sa population. Ce qui est assez remarquable dans ce conflit c’est le commentaire des Etats-Unis qui par l’intermédiaire de J.D. Vance ont bien sûr appelé à la désescalade, ça ne coûte pas grand-chose, mais en même temps ils ont annoncé qu’ils n’étaient pas concernés par ce conflit. C’est une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale que de voir les Etats-Unis refuser de jouer les gendarmes du monde. Autrement dit les Etats-Unis envoient un message à la Chine, en leur disant que c’est aux Chinois de régler cette question difficile, et donc ils reconnaissent que cette région ressort directement du leadership de la Chine. Est-ce l’avant signe d’une sorte de nouveau partage du monde en sphères d’influence plus ou moins stables ? Il est bien trop tôt pour le dire, mais cela y ressemble un peu, après que les Russes aient finalement laissé la place en Syrie à un islamiste très radical soutenu par les Etats-Unis. Cependant, le Pakistan semble avoir une supériorité militaire aérienne, fournie par la Chine, qui pourrait lui donner des idées lors d’un prochain accrochage. Modi tentait de cacher cette réalité derrière des revendications guerrières fracassantes. L’avantage de l’Inde est son immense réservoir de population, 1,5 milliards, tandis que le Pakistan n’en posséderait que 200 millions. L’inde a également une avance technologique certaine. De son côté le Pakistan peut compter sur le fanatisme de la population qui vénère la sainte bombe islamique, et aussi sur l’appui de la Chine.

 

Le conflit israélo-palestinien est d’une tout autre nature, mais la question reste la même. Pour des raisons diverses et variées, les deux parties ne sont jamais arrivées à mettre en musique une solution à deux États. Et donc nous avons aujourd’hui deux États exactement sans frontières. Bien entendu les uns nous dirons que la Palestine n’est pas un État et ne l’a jamais été, c’est tout à fait vrai. Mais de fait le peuple palestinien existe, sauf qu’il n’a pas de réalité matérielle consacrée dans des frontières définies. Israël c’est un peu la même chose. Si cette nation a été clairement identifiée au plan de 1947 approuvé par l’ONU, ses frontières ont été d’abord contestées par les États arabes limitrophes qui ne voulaient pas d’un État juif dans leur zone d’influence. Les cartes ci-dessus sont censées nous montrer que la Palestine existait avant la création d’Israël. C’est totalement faux. La Palestine était une province plus ou moins bien dessinée de l’Empire ottoman, et qui fut ensuite une région sous mandat britannique, sans conscience nationale propre. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la Palestine était encore pour beaucoup considérée comme la terre ancestrale de Juifs. Mais à partir de cette date, elle est devenue une zone de peuplement, modifiant la démographie de ce territoire, alors que les Juifs historiques de Jérusalem étaient clairement en voie de disparition. D’un côté des Juifs ont immigré vers la terre de ce qu’il pensait être la terre de leurs ancêtres, mais en même temps, l’Empire ottoman a encouragé les musulmans de toute la Méditerranée à venir en Palestine pour faire un contrepoids musulman à sa judaïsation[3]. Ensuite dans les années trente, avec l’expansion du Yichouv, non seulement les Juifs européens sont venus en masse, mais également les Arabes qui venaient y chercher un meilleur salaire. Ceux-là venaient d’Égypte de Jordanie ou de Syrie[4]. En moins de cent ans, la Palestine qui était une terre délaissée et peu peuplée, peu cultivé, est devenu un territoire trop exigu pour deux peuples. On note que le premier conflit après la naissance d’Israël a été une guerre entre Israël et les États arabes et non entre des Palestiniens et des Israéliens. Les cartes ci-dessus prétendent démontrer le colonialisme d’Israël, comme si la Palestine avait été un État bien défini sur lequel des Juifs du monde entier seraient venus se greffer. C’est évidemment faux. En vérité ce que montrent ces cartes c’est que chaque fois que les États arabes puis les Palestiniens ont déclencher des conflits, ou qu’ils ont refusé de négocier pour une solution à deux États, leur territoire c’est rétréci. Il est d’ailleurs assez curieux que les Palestiniens revendiquent pour eux un territoire qui est la Palestine mandataire, comme si celle-ci avait une réalité historique, culturelle et politique antérieure, alors qu’elle n’est le résultat que d’un découpage arbitraire des restes de l’Empire ottoman entre les puissances qui étaient sorties vainqueures de la Première Guerre mondiale. On retrouve d’ailleurs un peu de la même histoire avec la guerre en Ukraine. Les négociations d’Istamboul en mars 2022 étaient à peu près concluantes, Zelensky les avaient approuvées. Mais au dernier moment, sous la pression des Etats-Unis et du Royaume Uni, il s’était rétracté. Le conflit a donc continué et l’Ukraine a perdu encore 4 régions supplémentaires. Dans la guerre actuelle entre le Hamas et Israël, les Palestiniens pourraient perdre Gaza que les Israéliens avaient rétrocédée à l’entité palestinienne en évacuant ses colonies et ses forces armées en 2005. La presse occidentale tente de nommer le désastre de Gaza en l’identifiant à un génocide. Ce terme est inadapté, essentiellement parce qu’il renvoie au régime nazi qui génocida les Juifs en Europe. C’est-à-dire qu’il les fit disparaitre physiquement. Or même si on doit déplorer les morts gazaouis, ceux-ci ne représentent qu’un demi pour cent de la population de Gaza. Le poids de cette population reste entier. 

Quand l’une des deux parties préfère pour des raisons plus ou moins valables une guerre de longue durée à une rectification des frontières, elle est toujours perdante. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs avec l’Allemagne qui a été démantelée en 1945. Les Palestiniens et particulièrement le Hamas n’ont jamais voulu des deux États. Et dernièrement le Hamas avançait encore qu’il comptait bien récupérer la Palestine de la Méditerranée au Jourdain ! En 2000, alors que les accords signés grâce à l’intervention énergique de Bill Clinton, semblaient aller dans la bonne direction, Yasser Arafat prit le prétexte de troubles sur l’esplanade des mosquées pour faire complètement machine arrière. Cette défaite des négociations, il y a vingt-cinq ans, a entrainé des raidissements des deux côtés. Les Israéliens n’ayant plus confiance dans la partie arabe, ont commencé à penser que seule la force amènerait la paix. Ils se sont dirigés vers des gouvernements de droite, dont la coalition était soutenue par des annexionnistes. Dans un premier temps la manière dure a semblé fonctionner, et les attentats étaient devenus assez peu nombreux. Netanyahu avançait donc que sa méthode était la bonne. Mais le 7 octobre 2023 avec le déclenchement de la guerre par le Hamas, ces illusions sont complètement tombées. Il vient donc qu’il n’y a à l’heure actuelle que deux solutions possibles. Soit les Israéliens chassent les Palestiniens de toute la Palestine, soit les Palestiniens chassent les Juifs, ce qui semble assez peu probable, soit on négocie pour une solution à deux États avec des frontières clairement définies qui éviteraient le mitage des Territoires palestiniens par de nouvelles colonies. Dans les deux cas il s’agit d’une rectification des frontières de fait. Là encore ce conflit meurtrier – le plus meurtrier depuis 1948 – s’inscrit dans une asymétrie : d’un côté la partie la plus forte sur le plan militaire est Israël, mais les mouvements palestiniens qui revendiquent pour eux-mêmes la totalité de la Palestine mandataire ont parié sur deux facteurs : d’une part la démographie, faisant plus d’enfants, ils pensaient qu’assez rapidement les Palestiniens deviendraient plus nombreux que les Israéliens. C’était sans compter avec l’ouverture des pays de l’Est qui ont libéré des centaines de milliers de Juifs qui sont venus s’installer en Israël. Mais d’autre part ils supposent qu’ils sont capables de supporter des milliers de morts de tous âges afin de faire avancer leur cause. 

Ces trois conflits ne résument pas l’ensemble des guerres qui se déroulent sur toute la surface de la planète. Il y en a bien d’autres, au Soudan, au Congo, en Érythrée, des conflits violents et meurtriers, bien plus meurtriers que la guerre d’Israël contre le Hamas. Une des dimensions particulières des conflits dont nous venons de parler est qu’ils s’inscrivent, contrairement par exemple aux guerres entre l’Allemagne et la France, dans un temps extrêmement long. Les mouvements guerriers palestiniens n’admettent pas leur défaite et pensent que sur le long terme ils finiront par gagner. Les conflits autour du Cachemire sont approximativement de la même durée et au fond ils sont le résultat inattendu de la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme l’héritage maudit du colonialisme britannique. Si on regarde les racines lointaines du conflit entre l’Ukraine et la Russie, on se rend compte qu’on se trouve dans la continuation anglo-saxonne de l’obsession pour le pétrole qui était déjà pour partie l’enjeu de la Guerre de Crimée. Aujourd’hui les Britanniques, les Allemands, et Zelensky ne pensent pas mettre de terme au conflit. Ils sont incapables d’assumer la défaite. Ils pensent la faire durer encore quelques années, le temps de se réarmer – parce que les stocks de munitions occidentaux et ukrainiens sont à l’os – puis sans doute repartir plus tard pour lancer un nouvel assaut contre la Russie. Ce calcul qui tient plus du mysticisme que d’une analyse rationnelle est erroné pour de très nombreuses raisons. Parmi celles-ci il y a le fait que l’économie russe croît à un rythme plus rapide que celle des soutiens de l’Ukraine, et qu’en outre la Russie possède une avance technologique en matière militaire sur la plupart des autres pays développés. On voit mal dans ces conditions comment en 2030 – c’est l’horizon avancé imprudemment par un général allemand – la coalition fantôme des volontaires serait prête à intervenir avec des chances sérieuses de gains. Mais dans le monde hypermédiatisé qui est le nôtre, les politiciens n’ont plus le droit de se déjuger. Trump pouvait le faire à propos de l’Ukraine en avançant que cette guerre était celle de Joe Biden, et pas la sienne. Ce qui est assez contestable parce que durant son premier mandat il a livré des armes en Ukraine massivement, et il avait conservé l’abominable Victoria Nuland auprès de lui pour le conseiller sur le dossier ukrainien. Mais Zelensky ne peut pas faire de même, il a fait inscrire dans la Constitution ukrainienne qu’il était impossible et interdit de discuter de quelque cession du territoire ukrainien, y compris de la Crimée. De même on voit mal cet imbécile de Bruno Le Maire revenir sur ses fanfaronnades nous informant qu’il allait lui-même mettre à genoux l’économie russe. En Israël c’est un peu pareil. Netanyahu comme le Hamas ne peuvent pas se déjuger, ce serait leur mort politique. La rationalité dans l’analyse des conflits est subordonnée maintenant au fanatisme furieux de mouvements terroristes, et également à l’orgueil surdimensionné des hommes politiques de notre temps qui ne savent pas reconnaitre leur défaite, préférant toujours plus de morts à une paix humiliante pour eux.  



[1] Alfred Sauvy et Sully Lederman, “La guerre biologique (1933-1945), population de l’Allemagne et des pays voisins », Population, 1ᵉ année, n°3, 1946. pp. 471-488.

[2] https://www.liberation.fr/checknews/le-discours-de-petro-porochenko-sur-le-sort-reserve-a-la-population-du-donbass-en-2014-est-il-authentique-20220315_G5UR4OUEKZFDBDXT2J4U6MPRYY/

[3] Henry Laurens, La question de Palestine, tome 1 : 1799-1921, Fayard, 1999.

[4] Metzer Jacob, The divided economy of Mandatory Palestine, Cambridge University Press, 1998.

jeudi 15 mai 2025

Les élections en Roumanie et Royaume-Uni, l’échec de l’OTAN et de l’Union européenne

 

Les grimaces des européistes et de la Cour constitutionnelle qui avaient disqualifié Calin Georgescu de la course à la présidence ont tourné court. « Avec plus de 40 % des voix, un score d’ampleur inattendue, le chef du parti de droite souverainiste Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) », écrit piteusement le plumitif du journal Le monde, Jean-Baptiste Chastand. La bêtise de ce journal est confondante. Ils avaient évidemment dans l’idée que les Roumains devaient élire le candidat choisi par la Cour constitutionnelle et par l’Union européenne. Ils y avaient mis les moyens. Georges Simion est arrivé en tête très largement, ayant maintenant la certitude de remporter l’élection. Loin derrière on trouve le candidat de l’Union européenne avec vingt points de retard. Je n’ai absolument aucune sympathie particulière pour cet individu. Mais ce qui me sidère, c’est le rendu de ce premier tour. En effet le score de Simion était tout à fait attendu et non pas inattendu. Il est le résultat de tout un ensemble de faits. D’abord il sanctionne lourdement les pratiques honteuses de la Cour constitutionnelle qui avait pris un prétexte non démontré selon lequel la Russie via Tik Tok aurait faussé l’élection. Le vote massif en faveur de Simion montre que non. Mais ces singeries pour disqualifier Georgescu puis Simion vont au-delà de la Cour constitutionnelle et mettent en question directement le rôle de l’Union européenne. Cet imbécile de Jean-Baptiste Chastand qui couvre la Roumanie pour le compte du Monde, paresseux comme une vieille couleuvre ne se donne pas la peine d’examiner les raisons profondes de l’échec des européistes, il se contente de pointer le discrédit des sociaux-démocrates, mais quel est ce discrédit ? N'est-ce pas le trop grand empressement de ceux-ci à jouer la carte de l'Europe ? 

La première raison est que les Roumains sont voisins de l’Ukraine, et ils détestent les Ukrainiens parce que ceux-ci maltraitent aussi la minorité roumaine qui est coincée sous la domination de Kiev. En outre en Roumanie sont arrivés des réfugiés ukrainiens qui n’ont pas bonne presse. La seconde raison, c’est que les Roumains qui sont frontaliers de l’Ukraine comprennent très bien où l’Europe et l’OTAN ont entraîné ce malheureux pays qui est ruiné pour de longues années. L’OTAN justement est en train de construire une « méga base » en Roumanie, et bien entendu si elle voit le jour, elle sera une cible privilégiée pour un missile hypersonique russe en cas de conflit. Car cette base vise directement la Russie et ses intérêts. Calin Georgescu a été disqualifié pour l’élection présidentielle aussi parce qu’il remettait en question le rôle de l’OTAN en Roumanie. Or la majorité des Roumains veulent retrouver des relations paisibles avec la Russie et pensent qu’à l’inverse du slogan « L’Europe c’est la paix », il faut entendre, « L’Europe c’est la guerre. Le plan débile d’Ursula von der Leyen, ReArm Europe, qui devrait selon elle atteindre 850 milliards de dollars, amène à voir une politique agressive envers la Russie. On entend souvent des imbéciles avancer que si l’Union européenne et l’OTAN s’étendent toujours plus à l’Est, c’est parce que les peuples des pays de l’Est de l’Europe le désirent fortement. Le scrutin du 4 mai 2025 nous prouve exactement le contraire. 

La nouvelle base de l’OTAN qui se construit en Roumanie 

Personnellement je ne fais pas vraiment confiance à ce Simion, il a été élevé aux Etats-Unis, on le voit mal s’opposer à la finalisation de la base de l’OTAN. Mais il faut comprendre que ce vote massif en sa faveur est un vote de défiance massif vis-à-vis de l’Union européenne et de sa politique belliciste. Pour les Roumains, quand ils font le bilan coût-avantage de leur adhésion malheureuse à l’Union européenne, alors même qu’ils ont bénéficié de grasses subventions – c’est d’ailleurs comme ça que l’Union européenne achète les consciences – ils constatent que les coûts sont globalement plus élevés que les avantages et cette élection est l’image concrète de ce désappointement. Plus généralement cette élection est une autre image des divisions qui règnent en Europe sur tous les sujets. Que ce soit sur la poursuite des sanctions contre la Russie, que ce soit sur la question du réarmement ou de l’envoi de soldats en Ukraine, les Européens ne sont d’accord sur rien ! L’Union européenne en s’élargissant toujours plus à l’Est au lieu de s’approfondir dans ses règles, a inclus des pays qui ne peuvent pas être fidèles à Bruxelles pour des raisons à la fois géographiques et historiques.   

 

En France on a assez peu parler des élections locales au Royaume-Uni. C’est pourtant une défaite terrible à la fois pour les Conservateurs et pour les Travaillistes. Le Reform UK de Nigel Farage arrive très largement en tête et peu nourrir des ambitions au niveau national en cas d’élections anticipées. Cette victoire écrasante appelle plusieurs remarques. D’abord la première est que les Britanniques ont voté massivement pour Nigel Farage qui a été un artisan du Brexit. Et en ce sens, la fable selon laquelle les Britanniques voudraient en cas de référendum revenir dans l’Union européenne, ne tient pas debout. Mais Starmer est fragilisé. Or comme on le sait, c’est un des rares à appuyer les élucubrations de Macron pour s’en aller faire la guerre en Ukraine. Ce qui veut dire que les Britanniques ont maintenant les mains liées par rapport à leurs velléités guerrières. Vous me direz que ce sont que des élections locales, et donc qu’on ne peut pas en projeter les résultats sur des élections nationales. Mais les écarts entre Reform UK et tous les autres partis sont tels que le doute n’est pas permis.

 

Et justement un des points forts de ces élections locales est la question migratoire qui a transformé le Royaume-Uni en une sorte de laboratoire pour l’islamisation de l’Europe. Comme les Français, les Britanniques et aussi comme les Allemands sont excédés par les ennuis de toutes sortes que leur causent l’immigration incontrôlée. La même mécanique est à l’œuvre, les partis dits d’extrême-droite progressent parce que les autres partis qu’ils soient soi-disant de gauche ou soi-disant de droite, se moquent de leurs électeurs, ne faisant rien pour répondre à leurs attentes. Et le parti Reform UK est à la pointe des revendications des Britanniques qui veulent mettre un frein aux migrations massives. Autrement dit, si les Britanniques sont en colère après leur gouvernement, ce n’est pas à cause du Brexit mais plutôt à cause de l’immigration. Dire d’ailleurs que le Brexit aurait complètement plombé l’économie britannique est un mensonge éhonté. Pour donner une idée de cette imbécilité, en France le taux de croissance a été en 2024 de 1,1%, exactement comme en France. La dette publique britannique atteint 100% du PIB, contre 130% pour la France qui pourtant n’a pas connu les affres supposées du Brexit. Autrement dit ce n’est pas le Brexit qui pénalise l’économie britannique, mais plutôt la mauvaise politique économique globale des conservateurs comme des travaillistes.

dimanche 11 mai 2025

L’Ukraine est un pays fasciste, quelques rappels nécessaires

 

Les frères Alexandre et Mikhail Kononovitch, poursuivis parce que communistes 

A gauche, en France, on se bat contre un fascisme qui n'existe pas, mais on peine à dénoncer celui qui existe. L’Ukraine est un pays fasciste qui se bat peut-être pour les valeurs de l’Union européenne et de von der Leyen, mais certainement pas pour la démocratie et la liberté. Les partis d’opposition sont interdits, et notamment le parti communiste – comme c’est le cas dans tous les pays fascistes. Son bras armé est la SBU, une sorte de Gestapo ukrainienne. Et donc les frères Alexandre et Mikhail Kononovitch qui ont le tort d’être membre du parti communiste ukrainiens sont emprisonnés. Évidemment cette information n’est pas relayée dans les médias sous contrôle en France, il faut aller la chercher un peu partout. Le Parti communiste français a bien un peu protesté, mais sans plus, sans donner beaucoup de publicité à leur démarche, qui est plutôt destinée aux membres du parti de Fabien Roussel afin de les rassurer car beaucoup détestent pour ne pas dire plus à la fois Zelensky, fauteur de guerre, et l’Union européenne qui entretient le conflit à coups de milliards. Il est à noter qu’ils sont aussi militants d’un Comité antifasciste. Depuis 2014 ils travaillent pour tenter d’instaurer une paix durable entre la Russie et l’Ukraine, autrement dit ils sont les ennemis des va-t-en-guerre fascistes qui ne rêvent que de prendre leur revanche sur la Russie honnie. Dans une lettre qu’ils ont adressée à leurs camarades encore en liberté, ils ont détaillé le fait que leur cas n'est pas un cas isolé et que de nombreux communistes sont traités comme ils le sont eux-mêmes[1]. Ils subissent des violences, toujours de la part de la SBU dans les sous-sols de leurs locaux. Ils font évidemment le rapprochement avec les pratiques du régime hitlérien. Ils sont maintenant assignés à résidence, et doivent passer à nouveau devant un tribunal le 13 mai 2025.  

Oleksiy Arestovych 

Il n’y a pas cependant que les communistes qui sont jetés en prison sans discussion possible. Arestovych est un ancien proche de Zelensky, donc il le connait très bien. C’est indiscutablement un zélé russophobe, et pour la guerre. Mais il a comme défaut de faire de l’ombre à Zelensky. On a pris le prétexte d’une déclaration où il signalait que des dégâts qu’une frappe sur un immeuble de Dnipro attribués aux Russes étaient en réalité le résultat d’erreurs de la défense antiaérienne ukrainienne. Zelensky et son gang sont en effet des habitués de ce genre de manipulations médiatiques, on se souvient de Boutcha. Mais avant cela il avait annoncé qu’il se porterait candidat à la succession de Zelensky aux présidentielles qui devaient avoir lieu en mars 2024 mais qui ont été annulées comme c’est la règle dans un État fasciste. Accusé de trahison il n’a conservé sa liberté qu’en s’exilant aux Etats-Unis dans un lieu tenu secret pour des raisons qu’on comprend facilement. Il a une très forte audience en Ukraine, notamment à travers les réseaux sociaux. Parmi les thèses qu’il défend, il parle de l’accord d’Istamboul qui, en avril 2022 aurait pu mettre fin à la guerre si subitement Zelensky n’avait pas changé d’idée sous la pression des Etats-Unis. Il passe également pour un successeur potentiel de Zelensky appelé à faire équipe avec Timoshenko, sous la houlette des Etats-Unis. Il est à noter qu’il est aussi un ancien de la sinistre SBU. 

Oleksandr Doubinsky 

Aleksander Doubinsky est aujourd’hui en prison. De son lieu de détention, il défend l’ approche de Trump de la paix en Ukraine. Il était membre du parti de Zelensky, Serviteur du peuple et à ce titre député de la Rada. Il a été accusé d’à peu près tout, de détournement de fonds publics, de trahison, d’être un agent des Russes. En réalité le plus gros grief à son endroit est qu’il était comme Zelensky soutenu par le milliardaire Ihor Kolomoïsky qui lui aussi a été arrêté pour corruption et qui attend son procès. Il semble que ce soit Kolomoïsky qui ait permis à Zelensky de placer sa fortune dans les paradis fiscaux. C’est donc comme chez les fascistes ordinaires un règlement de comptes entre des mafieux. Mais Doubinsky a une surface médiatique assez importante en Ukraine. Il a appelé la Rada à destituer Zelensky à travers des vidéos qui ont fait grand bruit. Doubinsky comme Arestovych sont les victimes si on peut dire des purges dans les cercles du pouvoir. Cette épuration est l’essence d’un régime fasciste qui s’épuise dans une guerre des clans. Et comme tous ces gens ont trempé dans des affaires louches, il est aisé de les emprisonner pour des malversations.  

Artem Dmytruk quand il siégeait à la Rada 

Artem Dmytruk est lui aussi poursuivi par la canaille au pouvoir à Kiev. Mais son parcours est un peu différent. C’est un champion d’haltérophilie. Candidat indépendant, il n’a pas rejoint tout de suite Zelensky. Mais en dehors de ses fonctions de député, il est aussi sous-diacre dans l’Église orthodoxe d’obédience russe. C’est du reste ce qui va lui attirer des ennuis. Puisqu’en effet en 2024 il n’a pas voté la loi qui interdit l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou à laquelle de très nombreux ukrainiens sont encore affiliés. Cela entraine bien entendu des persécutions du régime de Kiev contre les membres de cette Église. Il est devenu un ennemi à abattre. Ayant reçu des menaces de mort de plus en plus précises, il a dû s’exiler en Angleterre. Kiev a réclamé son extradition. Les motifs invoqués pour le récupérer sont des bagarres auxquelles il a participé avec d’autres députés de la Rada. Il s’était rapproché de Dmytro Razoumkov, un russophone qui, après avoir été le président du parti de Zelensky, a décidé récemment de fonder son propre parti. Ce sont des hommes qui connaissent les problèmes des populations russophones rencontrés en Ukraine. Évidemment ces gens souhaitent et attendent sans trop le dire ouvertement que Zelensky soit débarqué du pouvoir. Sur son compte X Artem Dmytruk avance qu’il a été séquestré, battu et torturé par la SBU, directement sous les ordres de Zelensky. Il décrit clairement son gouvernement comme un pays fasciste dans ses actes, utilisant la terreur, avec force détail et photos[2]« Le Congrès mondial des Ukrainiens proclame le 9 mai Journée de la honte russe », voici la réaction de Arem Dmytruk sur son compte X : « La déclaration du « Congrès mondial des Ukrainiens » selon laquelle le 9 mai devrait être appelé « le jour de la honte russe » est une profanation de la mémoire sacrée de la Victoire sur le mal absolu – le nazisme. Seuls ceux qui pleurent la défaite d’Hitler peuvent qualifier le Jour de la Victoire sur le nazisme de « honte ». Il s’agit là d’une nouvelle confirmation de l’idéologie néonazie du régime de Zelensky »  

Les commémorations du nazi Bandera sont courantes en Ukraine 

Mais le fascisme ukrainien n’a pas peur de se mettre en vitrine. C’est une affaire bien documentée. Non seulement les Occidentaux font semblant de ne pas le voir, mais ils le soutiennent et s’en servent. Comme ils ont fait avec le Secteur droit lors du massacre d’Odessa et l’incendie de la maison des syndicats qui a précédé de pu le coup d’État qui permettra à Porochenko sde prendre le pouvoir pour le compte des Etats-Unis. Bien entendu, ils commémorent à longueur d’année le nazi Bandera dont le nom est donné aux meilleures avenues des villes ukrainiennes. L’excuse est que Bandera était avant tout un nationaliste ukrainien avant que d’être un auxiliaire de la solution finale. Les thuriféraires de Zelensky et de son régime pourri avancent bêtement que l’Ukraine n’est pas un pays nazi, la preuve, un juif se trouve à sa tête. Mais c’est oublier deux choses, d’abord que Zelensky a renié ses origines juives en faisant baptiser ses enfants à l’Église orthodoxe. Il s’est ainsi défini lui-même comme laïc, mais ensuite au moment de l’entrée des troupes russes en Ukraine, il a redécouvert ses origines juives pour tenter de faire passer les Russes pour des nazis. Ce n’est pas un hasard si les Israéliens se méfient de lui comme de la peste. Il a reçu un accueil glacial quand il a été en Israël, devant la Knesset, tenter de décider ce pays à le suivre dans la guerre. Mais les Israéliens ont refusé de donner des armes, et même d’appliquer les sanctions contre la Russie, ils se sont contentés d’une aide humanitaire en envoyant des médicaments, comme l’a fait aussi le Japon. Les Israéliens ont également critiqué, par la voix de leur premier ministre de l‘époque Bennett, Zelensky pour avoir retourner sa veste sur les accords d’Istamboul qu’il s’était d’abord engagé à signer en avril 2022. 

 

Les bonnes âmes en Occident, en fait les journalistes, avancent que l’idée de dénazification avancée par Poutine n’est pas juste et que les nazis en Ukraine ne pèseraient que quelques pour cents en termes électoraux. Mais c’est oublier que la plupart des nazis ukrainiens se trouvent au gouvernement et dans les autres partis dont celui de Zelensky. Valerii Zaloujny, ancien chef des forces armées ukrainiennes, démis par Zelensky parce qu’il avait critiqué la tactique suicidaire, a été souvent vu avec des insignes nazis, dont un bracelet avec une croix gammée. Une malheureuse propagandiste de TF1 qui soutient à fond la guerre contre la Russie, Felicia Sideris, a tenté de nous faire croire qu’il ne s’agissait là que d’un malheureux effet d’optique exploité sournoisement par les Russes[3]. Dans la photo ci-dessous il se fait prendre en photo avec Dmytro Kotsyubaylo, un vrai nazi estampillé Secteur droit. Zaloujny, nommé ambassadeur à Londres, a été écarté par Zelensky, mais il fait actuellement campagne pour tenter de le remplacer, surtout en pensant qu’il pourrait s’appuyer sur l’armée pour faire un coup d’État. 

Valeri Zaloujny au centre - à sa droite Dmytro Kotsyubaylo. Photo publiée le 28 janvier 2022 

Quand Zaloujny sévissait dans le Donbass contre des propres citoyens de l’Ukraine en vue d’une épuration ethnique, il s’appuyait sur le nazi Andriy Biletsky, le patron du Secteur droit. Mais on le retrouvera ensuite à Marioupol dirigeant les combattants du régiment Azov. Un régiment totalement nazifié, comme le montreront les images et les films pris par les Russes lors de la reddition de ceux qui étaient coincé dans les souterrains et qui finirent par se rendre. On voyait sur leur torse nu et sur leurs bras, des croix gammées, des aigles nazis et d’autres symboles manifestant leur attachement à la cause nazie. Mais les troupes de Biletsky si elles se battent contre les Russes, elles font régner la terreur à l’intérieur du pays. Ils participent à la rafle des réfractaires à la conscription, et ils ont menacé plusieurs fois d’assassiner Zelensky s’il acceptait de négocier avec les Russes. C’est pour cela que certains croient comprendre les atermoiements de Zelensky face à la nécessité de mettre un terme à la guerre. Cet argument n’est pas faux. Mais il est certain que sur le plan politique Zelensky serait mort s’il signait des accords. Malheur aux vaincus, les Ukrainiens lui demanderaient certainement de rendre des comptes sur le désastre qu’il a amené sur son pays. 

Andriy Biletsky posant devant un insigne nazi 

Mais plus la guerre dure et moins les nazis ukrainiens camouflent ce qu’ils sont réellement, des nostalgiques d’Hitler et de Bandera. Croix solaire, soleil noir, Totenkopf, T-shirts "White Boy" : des groupes d'extrême droite à Lviv ont commémoré la Waffen-SS Division Galice à la fin du mois d’avril 2025 comme on le voit sur la photo ci-dessous. Cependant, ce n’était pas une nouveauté. Le 22 septembre, lors de la visite du président Volodymyr Zelenskyy au parlement canadien, le public a ovationné Yaroslav Hunka, 98 ans, invité par le président du parlement Anthony Rota. Ce dernier a présenté l’invité comme un « héros de l’Ukraine » et un « héros du Canada » qui « s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes ». Il s’est avéré que Gunka était un vétéran de la division Waffen SS Galicie, une formation armée nazie de 1943 à 1945, et qu’il a directement participé à la solution finale, ainsi que le rappelle Marta Havryshko[4]. D’origine ukrainienne, celle-ci traque sur sa page Facebook les signes d’une nazification de l’Ukraine. Si vous consultez sa page, dont je me suis beaucoup inspiré, vous constaterez qu’elle est malheureusement pleine et que cette abondance de faits montre que c’est bien le système politique ukrainien qui est complètement pourri[5]. La fin de la guerre pourrait-elle changer cela en profondeur ? Je pense que non, car les nazis reprendront du poil de la bête en accusant Zelensky et les corrompus du gouvernement de Kiev de la défaite. J’ai remarqué que plus l’Ukraine se rapproche de la défaite finale, et plus les chevaliers de l’Apocalypse se font au contraire virulents et revanchards. 

Commémoration de la Waffen SS Galicie à Lvov à la fin du mois d’avril 2025

La célébration des nazis ukrainien n’est pas marginale, le 28 avril 2025, la télévision célébrait la division Gallicie, sans employer le mot de Waffen SS. Mais les Ukrainiens ont très bien compris le message, faisant passer les collaborateurs de la solution finale pour des patriotes. La télévision ukrainienne a fêté le 82ème anniversaire de la SS-Division Galizien en présentant ses soldats comme des héros. Rappel n°1 : 30.000 Ukrainiens, pour la plupart recrutés par Stepan Bandera, ont fait la guerre aux côtés des nazis. Beaucoup ont joué un rôle très important dans la Shoah et le massacre des Juifs. Rappel n°2 : l'avenue de Kiev qui mène à Babi Yar, le massacre le plus important de la Shoah par les Ukrainiens, a été rebaptisée « avenue Stepan Bandera » par Zelinsky. Cette allégeance aux nazis ukrainiens n’est évidemment pas innocente, elle lui permettait de s’appuyer ensuite sur eux pour consolider son pouvoir et aussi pour programme une épuration ethnique dans le Donbass, dans laquelle le bataillon Azov de sinistre mémoire devait jouer un rôle décisif. L’assaut était programmé pour le mois de mars 2022, mais il n’a pas pu avoir lieu parce que les Russes sont entrés en Ukraine, en contournant le Donbass où les troupes de l’AFU étaient massées, passant par la Biélorussie pour les prendre à revers.  

Commémoration de la Waffen SS Galicie par de jeunes nazis à la fin du mois d’avril 2025

On remarquera que l'Union européenne traque le fascisme et le racisme qui n'existe pas, ou seulement à l'état résiduel, ne s'inquiète pas du nazisme ukrainien, qui est toléré par le pouvoir de KIev. Mais si Kiev et Zelensky tolèrent cette débauche de manifestations nazies, c'est soit que cela les arrange, soit qu'ils sont prisonniers des groupes nazis et qu'ils ne peuvent y faire face. Mais dans les deux cas, il est indécent d'avancer comme le fait Ursula von der Leyen que l'Ukraine de Zelensky se bat pour nos valeurs. 

[1] https://revuesupernova.com/lettre-de-mikhail-et-alexandre-kononovitch-ukraine/

[2] https://x.com/dmytruk__artem/status/1903144486085300375?s=46&fbclid=IwY2xjawJ9Xi9leHRuA2FlbQIxMABicmlkETF1aEtMTTh6QlJUS3kxeFp1AR4HjcM-q4kEpEH5MPbA9JpYHjlG8OeKbLf2uYaxVWK16X5s5Yntm0O4dTimiw_aem_xIBp5QY3hMt3EXVXNSZrOw

[3] https://www.tf1info.fr/international/guerre-ukraine-russie-le-chef-des-forces-armees-ukrainiennes-porte-t-il-un-bracelet-avec-une-croix-gammee-nazie-2235174.html

[4] https://www.pressegauche.org/Glorification-de-la-division-Waffen-SS-Galicie-un-point-de-vue-ukrainien

[5] https://www.facebook.com/profile.php?id=61556573562972

jeudi 8 mai 2025

La France insoumise, le parti de la honte et de l’étranger

 

Boualem Sansal est devenu la bête noire de la France Insoumise qui le poursuit de sa vindicte. Boualem Sansal est un auteur franco-algérien qui, entre autre chose critique vivement le gouvernement algérien actuel à la fois pour son degré élévé de corruption et pour ses tendances répressives qui le désigne comme une dictature. Et donc Boualem Sansal s’est fait embastillé en novembre 2024 lors d’un voyage en Algérie pour un délit d’opinion camouflé en une sorte d’accointance avec des « parties étrangères ». Il est âgé de 80 ans, et risque de ne plus jamais voir le jour. Les accusations farfelues du gouvernement algérien trouvent des relais en France du côté de la FI. On va voir pourquoi cela n’est pas étonnant. On ne discutera pas ici des positions personnelles de Boualem Sansal. Mais la première chose qu’on peut dire c’est qu’il est incongru de réclamer la libération de Julian Assange, et pas celle de Boualem Sansal. La liberté d’expression ne se divise pas. Ça a commencé comme ça. La sinistre Rima hassan qui est un soutien du Hamas qui se cache derrière la cause palestinienne, a, en janvier 2025, voté contre la motion du Parlement européen demandant la libération immédiate de Boualem Sansal[1], ce qui est la moindre des choses. Les soutiens de Rima Hassan et elle-même ont développé un discours embarrassé sur cette justification. Selon elle, présenté «comme un homme des lumières», l’écrivain défend en réalité «des thèses identitaires d’extrême droite»«reprend la rhétorique du grand remplacement» ou «stigmatise les personnes exilées». Ce qui justifierait selon elle son emprisonnement ! L’autre argument qu’elle emploie pour justifier sa position clairement liberticide c’est qu’on se servirait de la défense de Boualem Sansal pour attaquer l’Algérie qui est selon elle « la Mecque de la Révolution ». 

 

Le 7 mai 2025 l’Assemblée nationale vote une résolution demandant la libération immédiate de Boualem Sansal qui pourrit en prison. Là encore on peut discuter d’une telle démarche quand Macron, le gouvernement de Bayrou et l’imbécile du Quai d’Orsay, Jean-Noël Barrot, ne disent rien. Mais la question en vérité ne porte ni sur les raisons véritables de l’embastillement de Boualem Sansal, elle porte sur l’opportunisme de la FI dans son soutien constant au gouvernement dictatorial algérien.  Or évidemment la liberté d’expression est un des piliers de la liberté tout court, et de la démocratie, même la démocratie parlementaire qui est une démocratie naine. On remarque que les dissidents de la FI, Autain, Ruffin, etc. ne se sont pas commis dans cette ignominie dont je donne les noms ci-dessous. La FI est donc le parti des ennemis de la liberté, car ne pas voter cette résolution, c’est forcément justifier l’emprisonnement de Boualem Sansal. Si la Fi vise par ce genre de turpitude à draguer les voix des Français d’origine algérienne, elle se définit comme un parti liberticide. Ils y gagneront sans doute quelques sièges de députés dans la communauté musulmane, mais ils perdront de l’autre côté la voix de nombreux Français qui soutiennent Boualem Sansal et qui se situent à gauche. Éric Coquerel qui n’est pourtant pas le plus furieux des Insoumis, a justifié la position de son groupe en avançant que cela mettrait de l’huile sur le feu entre le gouvernement français et le gouvernement algérien.

Liste des députés de la FI qui ont voté contre Boualem Sansal 

Il y a une cohérence dans la position de la FI. Ils sont en effet les défenseurs de l’immigration sans limite en provenance de l’Afrique, ils sont aussi les soutiens indirects du Hamas – voir les positions poisseuses de Rima Hassan – et les ennemis d’Israël. L’idée saugrenue de Mélenchon sur la créolisation de la France milite aussi pour une islamisation rampante du pays. Vous noterez que sur la voie de l’islamisation du pays, le Royaume Uni nous a précédé, porte de la burka en public, prières massives dans la rue, exactions répétées des gangs pakistanais. Or les élections locales au Royaume Union vu au début du mois de mai 2025 une condamnation puissante des électeurs qui se sont portés, lors des élections locales sur les candidats de Reform UK. Sanctionnant d’un même mouvement aussi bien le parti travailliste que le parti conservateur ! Ce qui veut dire que cette politique néfaste qui consiste à flatter en permanence la communauté musulmane pour avoir son soutien a des limites. Cette fantaisie, si elle satisfera la dictature algérienne, marginalisera un peu plus la FI qui apparait comme un parti liberticide. Ces derniers temps la FI a perdu énormément de soutiens, les Ruffin, Autain, Corbières, Simonnet, etc. Pour 2027 les sondages sont très mauvais pour la FI. En effet, si une candidature de la gauche unifiée pourrait accéder au second tour[2], plus personne ne veut s’allier avec Mélenchon, que ce soit le PS version droitière et otanienne à la Glucksmann, les Verts ou les communistes. Si sur le plan humain la position de la FI est dégueulasse, sur le plan tactique elle est totalement idiote. Ajoutons un mot encore, alors que la FI soutient de fait l’emprisonnement de Boualem Sansal, l’Algérie vient d’émettre de nouveaux mandats pour emprisonner Kamel Daoud cette fois[3]. Les raisons ubuesques de cette fantaisie s’appuient sur l’idée que Kamel Daoud aurait violé la loi sur la réconciliation nationale ! Cette loi qui visait en fait à passer l’éponge sur les centaines de crimes commis par les islamistes du GIA, permet d’emprisonner tous ceux qui voudraient revenir sur cet épisode douloureux. Et c’est bien ce qu’a fait Kamel Daoud avec le roman, Houris, qui lui a valu le Prix Goncourt à l’automne 2024. Une autre plainte a été déposée en Algérie pour soi-disant avoir recopié la vie d’une femme sans son autorisation. Grâce au ciel Kamel Dahoud est en France et ne se rendra pas en Algérie avant longtemps, l’exemple de son ami Boualem Sansal lui a servi d’exemple. Il est clair que l’emprisonnement de Boualem Sansal n’est pas un hasard, il est l’image d’une dictature véritable, et fermer les yeux sur cette réalité c’est une fois encore se rendre complice de cette ignominie.  

Quand on réfléchit un peu à l’étranger destin de La France Insoumise, on se demande si le programme économique et social, L’Avenir en commun, est le produit d’appel pour séduire le client et l’amener à accepter l’islamisation de la France que la très large majorité des Français refusent, ou si au contraire, c’est le soutien aux tendances communautarisme qui est le produit d’appel pour véhiculer le programme de l’AEC. La première hypothèse suppose que la FI manipule avec cynisme l’électorat des banlieues, la seconde révèle une naïveté sans nom.



[1] https://www.lefigaro.fr/vox/politique/vote-contre-la-liberation-de-boualem-sansal-rima-hassan-la-tartuffe-des-droits-de-l-homme-20250124 

[2] https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/presidentielle-2027-un-sondage-donne-la-gauche-unifiee-avec-ou-sans-melenchon-au-second-tour_AN-202505010299.html

[3] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/kamel-daoud-cible-par-des-mandats-d-arret-internationaux-emis-par-alger-20250506

lundi 5 mai 2025

Alberto Franceschini est mort

 

Il a été un des créateurs des fameuses Brigades Rouges à la fin des années soixante. Issu d’un milieu communiste italien, il trouvait, comme ses compagnons de lutte que le Parti communiste italien n’était pas assez actif, ils préféraient les rodomontades maoïstes. Et à la fin des années soixante il se lança dans l’action directe avec ses amis. Enlèvements, prises d’otages, attaques de banque, crimes de sang, etc. Sans doute pensaient ils que l’époque était véritablement révolutionnaire dans la lignée de Mai 68 et accompagnant le Mai rampant italien qui fut bien plus violent que ce qu’on a connu en France. Il passera près de vingt ans en prison. Il a raconté cette sanglante saga dans un livre fort intéressant traduit en français en 2005 et qui a été publié aux éditions Panama. Il explique comment lui et ses amis en sont venus à l’action terroriste, notamment parce que la situation politique s’y prêtait. Mais ce qui m’a paru le plus édifiant en lisant cet ouvrage, c’est que les Brigades rouges ont été complètement manipulées. Tout le monde s’y est mis, la mafia qui leur fournissait des armes, les services secrets italiens, mais aussi les services secrets des pays de l’Est ! Ils étaient complètement les jouets de leurs folles ambitions, pensant qu’ils entraineraient le prolétariat derrière eux pour prendre le pouvoir, mais également de leur aveuglement dans les personnes qu’ils fréquentaient. On sait également que de nombreux attentats leur ont été attribués, à eux mais aussi à des petits groupements anarchistes, alors qu’ils étaient fabriqués par la CIA et les services secrets italiens. Ce genre de manipulation était déjà au point à la fin du XIXème siècle en France, le but était d’accentuer un état d’anxiété dans la société qui permettrait de mettre en place un régime répressif.

 

Alberto Franceschini avait fait son autocritique si on veut, se rendant compte bien trop tard des pièges dans lesquels il était tombé, sans pour autant se laver de ses responsabilités. L’imbécile qui a fait la chronique de sa disparition dans Le monde, a laissé entendre que Franceschini avait sombré dans le complotisme. C’est pourtant des faits maintenant bien établis, ne serait-ce qu’à cause de ce qu’on sait du réseau Gladio qui a officié en Italie[1], Mais Allan Klaval qui couche au Vatican, n’en a cure, il prend ses informations sans doute auprès de la police spéciale romaine. Bien entendu, il n’y a aucune raison d’approuver l’action des Brigades rouges, bien au contraire, elle est condamnable et nuisible, elle l’a toujours été. Mais Franceschini l’avait reconnu, et il avait chèrement payé. Certaines affaires comme l’assassinat d’Aldo Moro n’ont jamais été complètement élucidées. Il n’est pas besoin que ce misérable plumitif d’Allan Klaval aille cracher sur sa tombe, c’est indécent. 

Alberto Franceschini, Vincenzo Guagliardo e Paolo Maurizio Ferrari, lors de leur procès 

Bien que j’ai été toujours opposé aux élucubrations maoïstes et à l’action terroriste, j’ai gardé une forme de tendresse pour ces égarés, suicidaires, ne comprenant presque jamais ce qu’ils faisaient et pour le compte de qui. Il y avait dans cette aventure sanglante l’idée que le prolétariat devait être guidé et mis au pied du mur pour enfin faire la révolution prolétarienne tant espérée.



[1] Jean-François Brozzu-Gentile, L’affaire des réseaux Gladio, les réseaux secrets américains au cœur du terrorisme en Europe, Albin Michel, 1994. Et aussi Daniele Ganser, Les armées secrètes de l'OTAN : réseaux Stay Behind, opération Gladio et terrorisme en Europe de l'Ouest, Edition Demi-lune, 2007

 

La guerre, la démographie et la question des frontières

    Nous sommes à une époque tragique où les conflits militaires se sont multipliés à la surface de la planète. Il n’est pas suffisant de ...