L’étonnant est pas la réélection de Macron, c’est que des soi-disant gens de gauche aient cédé bêtement à l’hystérie barragiste. Certes cette fois le barrage a beaucoup bien moins fonctionné, mais il a fonctionné tout de même et que Macron soit élu avec 58% des voix ou 51%, il s’en fout assez. Du moment qu’il a le pouvoir, les gens de gauche pourront bien brailler, quand ils manifesteront, ils seront reçus bien comme il faut par la milice. Autrement dit il faut s’attendre à ce que le préfet Lallement ressorte les LBD et les canons à eau s’il vous vient l’envie de manifester votre mécontentement. On voit les dégâts que l’idée saugrenue de voter au second tour pour faire barrage au fascisme, ont fait. Si la gauche stupide, de Mélenchon à Fabien Roussel n’avait pas fait autant de battage pour faire barrage, on aurait pu battre des records d’abstention, car Macron est bien réélu avec la complicité de la gauche et particulièrement celle des électeurs de Mélenchon. Votez Macron, de quelque sens qu’on le prenne, c’est voter Macron, et d’ailleurs cette petite crapule a dit clairement le soir de sa misérable réélection que le peuple non seulement avait approuvé son action passée, mais qu’il lui donne quitus pour la suite du massacre. Que la droite vote Macron, c’est bien le moins, mais que la gauche le soutienne, c’est vraiment une farce. Malgré cette débauche de moyens, Macron a perdu entre 2017 et 2022 plus de 2 millions de voix et l’abstention et Marine Le Pen en ont gagné quatre millions, avec un nombre d’électeurs qui a augmenté d’un million de voix !
On peut toujours discuter des résultats du second tour, c’est le moins important. Le plus important est le comportement des médias et des politiciens. Par exemple, les médias font semblant de croire que Macron n’est pas la droite, que cette droite serait réduite à la portion congrue, celle des Républicains pas encore ralliés au macronisme. Mais il faut cesser de mentir, Macron, c’est bien la droite rétrograde, sur à peu près tous les plans. En France il y a toujours eu depuis que les élections existent deux droites, l’une un peu nationaliste et l’autre affairiste et mondialiste, cette vieille droite qui croit depuis qu’elle existe aux vertus du marché et du libre-échange. Ceux qui se sont rallié à Macron entre les deux tours, se sont rallié clairement à cette droite-là. Quand les journalistes font semblant de colorier Macron et son parti de bras cassés avec de l’orange, ils sont menteurs, pour être encore plus précis le centre n’existe pas, n’a jamais existé, n’existera jamais. Soit on est de gauche et on est contre la mondialisation, contre les lois du marché et pour une réduction des inégalités, contre les multinationales et l’OTAN, soit on est de droite. Une porte doit être ouverte ou fermée. Autrement dit, cette réélection d’une crapule au service du grand capital montre à quoi sert très exactement la gauche, à jouer les supplétifs du capitalisme et rien d’autres, les électeurs qu’ils se disent communistes, insoumis, socialistes ou ce qu’on voudra, ne sont que les idiots utiles de cette comédie qui branle dans le manche dès lors qu’ils s’y prêtent et n’ont aucune excuse. Ils sont entièrement responsables, raconter qu’ils votent, mais qu’ils ne sont pas dupes est juste une coquetterie de langage qu’on saura leur rappeler quand ils viendront pleurnicher. Ces ralliés à Macron qui prétendent venir de la gauche dégénérée, proviennent essentiellement des classes moyennes soi-disant instruites. Plus bêtes que les classes populaires, ils sont plus sensibles qu’elles aux sirènes de la communication mercantile, parce qu’au fond d’eux-mêmes ils adhérent à la logique de la marchandise.
Une partie des mélenchonistes ont clairement assuré la réélection de Macron
Ce que nous pressentions au 1er tour, c’est que le vote populaire, ouvriers et employés, autrement dit ceux qui souffrent le plus de la politique macronienne mise en place par la droite dure, n’ont pas écouter les consignes des gens de gauche leur demandant de faire barrage. Ils ont massivement voté pour Marine Le Pen, ce qui confirme ce que nous disions dans notre analyse du premier tour, les électeurs de gauche sont partis chez Marine Le Pen[1]. Ils sont en décalage complet avec les programmes des partis de gauche et avec celui de Macron bien entendu. S’ils ne votent pas pour la gauche au premier tour et s’ils votent pour MLP au second tour, c’est qu’ils se sentent moins de proximité avec la gauche barragiste qui tous les cinq and leur fait le coup de la lutte contre le fascisme, qu’avec Marine Le Pen et son programme. Le fait est qu’elle apparait plus sociale que Macron. Mais en vérité il y a autre chose. Si les classes populaires s’éloignent de la gauche c’est que cette gauche-là est incapable de les représenter dans leur sensibilité et leurs aspirations. Durant la campagne présidentielle, deux sujets cruciaux n'ont pas été abordés par les représentants auto-proclamés de la gauche : l’appartenance aux boutiques mondialistes et transnationales, l’OTAN, l’OMC et l’Union européenne, et bien sûr la question de la souveraineté nationale qui est son corolaire mais qui contient aussi nécessairement la question de l’immigration et de la laïcité. Tant que la gauche n’abordera pas de front ces questions sur lesquelles elle est incapable d’apporter une réponse sérieuse, elle restera dans le jeu qui fait réélire depuis des décennies des présidents de droite et des majorités parlementaires de droite qui détruisent petit à petit ce qui reste encore des acquis sociaux et du modèle social français. Voter Macron, ce n’est pas faire barrage à une extrême-droite imaginaire, c’est donner quitus à cet imbécile pour continuer à détruire ce qui reste des services publics qui sont totalement délabrés, c’est adouber sans le dire la destruction du droit du travail par le gang de l’Elysée, c’est approuver par anticipation la future loi sur les retraites. Les crétins de gauche auront beau dire qu’ils n’ont pas voté pour ça, ils ne feront que se mentir à eux-mêmes.
Macron est le candidat des
riches et des vieux
Au-delà des résultats proprement dit, la première leçon est cette hystérie dans laquelle les barragistes ont inventé n’importe quoi pour nous faire voter comme il faut, c’est-à-dire pour le représentant de la droite extrême. Cette collusion entre une classe politique totalement décrédibilisée, de Poutou, jusqu’aux résidus du PS et des Républicains, avec presque 100 % des médias de L’humanité au Monde en passant par Libération, les journaux patronaux, Les échos, et paroissiaux, La croix, sans parler des chaînes de télévision officielles, privées ou gouvernementales, pose un problème sérieux. Les bureaucrates syndicaux, des fainéants de première qui n’ont rien fait durant cinq pour les salariés, sauf à briser les mouvements sociaux se sont mis au service de cette curée. Et je ne compte pas les artistes, les joueurs de football millionnaires qui se sont joints à cette meute. Les soi-disant gens de gauche qui ont voté pour Macron peuvent raconter ce qu’ils veulent, ils ont voté pour la droite extrême, et ce vote quelque part les satisfait. Ils sont donc complices. Quand nous entendons ces bureaucrates syndicaux avancer que le dimanche au nom de la démocratie ils votent Macron, puis le lundi ils vont aller manifester contre sa politique, on ne les croit pas une minute, seuls des idiots peuvent croire à ce type de discours. On sait bien que sous Macron ils n’ont pas bougé une oreille et se sont surtout mobilisés pour aller serrer la main à Macron, pour lui donner un peu de la crédibilité. Ils sont complices : ils n’ont rien fait contre les privatisations, rien fait pour sauver la SNCF et l’hôpital, rien fait pour les Gilets jaunes qui se sont fait tabasser, énucléer, encore rien fait quand Macron a détruit les libertés individuelles au motif vaseux de la pandémie du COVID, ils ne se sont pas non plus opposés à McKinsey. Erigeant la mollesse et la fainéantise en règles de combat, ils ont voté tout naturellement pour Macron, leurs chefs, demandant qu’on les croie quand ils disaient que MLP serait pire que Macron. Sur quelle preuve ? Ils n’en avançaient évidemment aucune, c’est le b-a-ba du complotisme d’accuser quelqu’un sans preuve, sur la foi de vagues hypothèses. L’idée du pire est d’ailleurs celle qui justifie toujours n’importe quoi. Par exemple, on vous dit que sans l’Union européenne qui fonctionne mal, ce serait pire encore, que sans l’OTAN la Russie se serait déjà installée avec ses tanks à Paris. Et bien avec les incitations de voter pour Macron, c’est pareil, on nous dit que Marine Le Pen eut été pire. Pourquoi ? On vous dit qu’elle ne connaît rien en économie, comme si Macron comprenait quelque chose et qu’il maitrisât son sujet. En vérité le procès en incompétence qu’on a fait à Marine Le Pen aurait pu être étendu, preuves à l’appui, à Macron. Quand on nous dit après cinq ans de chaos que Marine Le Pen ce serait le chaos mais encore pire, ça ne motive que les plus stupides des peureux.
Dans ces conditions, les partis qui prétendent se présenter comme représentant le peuple de gauche se sont effondrés et s’effondreront encore en juin. Mélenchon fort du vote utile qui s’est porté sur lui au premier tour demande qu’on l’élise premier ministre[2]. C’est juste ridicule, il n’a aucune chance de gagner les législatives, non seulement parce que l’ensemble des partis de gauche sont complètement minoritaires, mais aussi parce que la FI n’a pas d’alliés, les communistes, les EELV ou les débris du PS vont tout faire pour briser cette hégémonie de circonstance. Mélenchon raconte cela seulement pour détourner le bon peuple de l’action, pour lui faire croire encore que le bulletin de vote n’est pas la castration de l’action, que ça sert à quelque chose au-delà d’envoyer un quarteron de députés se goberger à l’Assemblée. On ne peut pas manifester pendant cinq ans contre la politique antisociale de Macron, et puis le dimanche du second tour des présidentielles voter pour Macron la matraque. Dès l’annonce des résultats, des centaines de jeunes ont manifesté au Chatelet et se sont heurtés à la police, plaçant le deuxième quinquennat sous le signe de la matraque, c’est pour cela que les gens de gauche ont voté. Ce sont les jeunes qui montrent la voie, ils se sont massivement abstenus et sont descendus dans la rue. Certes ils n’étaient pas très nombreux, mais c’est un signe, pendant que les politicards vont nous raconter que finalement Macron a été réélu par le peuple, la guerre des classes va reprendre. Si on ne croit plus beaucoup au vote, il faut bien que le mécontentement passe par autre chose, et donc il va bien falloir descendre dans la rue.
Paris, annonce des résultats, la jeunesse manifeste
Il faut sans doute arrêtez de parler en opposant la droite à
la gauche en parlant des boutiques qui se disputent le pouvoir, ça ne veut plus
rien dire, mais il faut partir de l’opposition entre le capital et ses ennemis.
Le programme est clair sur le plan tactique, d’abord écarter tous ceux qui se
sont compromis avec Macron, les Mélenchon, les Roussel, les Martinez et les Berger,
ensuite repenser le syndicalisme et l’action sociale à partir de la base. La réélection
de Macron n’a pu être réalisée que par la collusion de ce laquais du grand capital
avec les politiciens de gauche et les syndicalistes. Le rapport de forces,
compte tenu du système électoral forcément non-démocratique, est en faveur de
ceux qui possèdent les médias et qui ont pignon sur rue en tant que partis
politiques. Si les opposants à Macron qui sont nombreux notamment chez les
jeunes, ne sont pas capables de se faire entendre, c’est dû :
1. au fait que le programme opposable à celui de Macron n’est
pas clair. Il faut travailler sur des points importants et ne pas les lâcher,
comme la sortie de l’Europe et de l’OTAN par exemple, ou la souveraineté
monétaire, penser les renationalisations, la sortie du libre-échange, c’était
déjà le programme des Gilets jaunes, souvenez-vous en. Les jeunes soit se sont
abstenus massivement, soit ont voté pour Marine Le Pen, à l’inverse de leurs
grands-parents. Ce gap intergénérationnel a sauté une génération ;
2. au fait que l’électorat est vieillissant, et les vieux
votent toujours largement pour la droite, même si dans leur jeunesse ils
votaient à gauche, ou si, à l’image de cet imbécile de Cohn-Bendit, ils
jouaient les révolutionnaires anticapitalistes. C’est le vieillissement des
neurones qui l’impose ;
3. au fait que si certains font de très bonnes analyses ils sont incapables de les faire circuler. Certes ils sont barrés par les éditeurs et les médias dominant qui les boycottent ouvertement, mais c’est insuffisant comme explication. Le parti souverainiste en France est totalement fragmenté, alors qu’il représente à vue de nez au moins 40% de l’électorat, tandis que si on tient compte des abstentionnistes, des bulletins blancs et nuls, on voit que Macron ne réunit sur son nom qu’un petit peu plus d’un tiers des électeurs et encore, grâce à l’appoint des couillons de gauche, pseudo-communistes et mélenchonistes réunis.
Les résultats du second tour selon la manière de les exprimer
Souvent on entend dire que les partis sont moribonds, ce n’est pas tout à fait exact. Ils ont changé de forme et nom. Aujourd’hui les partis existent, mais sans militants affiliés. Ces coquilles vides expliquent sans doute pourquoi l’électorat, quoi qu’on en pense, est assez volatile. Mais il existe bien aujourd’hui deux partis structurant la gauche et la droite pour jouer la comédie. Macron et LREM représentent la bonne vieille droite, celle qui descend directement d’Adolphe Thiers et des Versaillais. Mélenchon et la France Insoumise représentent la social-démocratie, seconde manière, celle qui s’est ralliée au marché. Les premiers remplacent l’UMP, antérieurement le RPR, antérieurement encore l’UNR et les Indépendants, le parti de Valéry Giscard d’Estaing. Les seconds remplacent le PS dans cette comédie où ils se retrouvent ensemble finalement pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire un système qu’ils ne veulent pas changer fondamentalement. Le trouble-fête c’est évidemment le RN qui reprend principalement les vieux thèmes gaullistes de souveraineté nationale, mais sans la volonté de sortir de la logique mortifère de l’Europe et des marchés. Cette réalité montre tout de même que le système des partis et de la démocratie parlementaire a du plomb dans l’aile, il est incapable de revenir à ses formes anciennes qui de 1945 à 2017 assuraient une certaine stabilité. Avec Macron la crapule politicarde n’a pas disparue, elle s’est juste recyclée, mais elle est maintenant complètement hors-sol comme l’a démontré l’irruption des Gilets jaunes à l’automne 2018. L’essentiel se passe maintenant en dehors de l’Assemblée nationale qui a démontré depuis l’élection de Macron qu’elle n’est qu’une chambre d’enregistrement dévouée à un autocrate à moitié fou sous sa perruque. L’important ce sont les manifestations de rue incessantes depuis 2017. Elles vont reprendre très rapidement. Mais la nouveauté c’est qu’elles ne peuvent pas être encadrées. Certes, on avait vu cela en Mai 68, mais ça n’avait pas duré. Avec Macron, avec des succès divers, que ce soit les cheminots, les antivax, les Gilets jaunes ou les soignants, les manifestations sont constantes, comme si le peuple avait compris qu’il fallait adopter une stratégie méthodique et régulière de harcèlement.
Manifestation à Rennes, le 23 avril 2022
Si on ne veut pas attendre l’effondrement total du système capitaliste et de tout ce qui va avec, la bataille politique se gagne d’abord au niveau des idées. C’est ce qu’ont fait les idéologues libéraux après la victoire de Franklin Roosevelt aux Etats-Unis, ils ont méthodiquement harcelé tous ceux qui ne pensaient pas comme eux à l’université, dans les journaux, dans le cinéma, diabolisant au passage le Russie, éternellement présentée comme un démon. Ça ne marche pas parce que ces idées sont justes, mais parce qu’en les répétant jour après jour, elles ne laissent plus la place aux autres idées[3]. Dénoncer la propagande des milliardaires est la tâche prioritaire. Pour combattre la doxa dominante qui a des moyens monétaires et éditoriaux colossaux, il nous faut rappeler inlassablement que Macron est le candidat d’un système, celui qui travaille pour les multinationales de l’armement, de la pharmacie et du nucléaire, et qui travaille aussi à la dissolution de la nation dans l’Europe allemande. Il faut trouver un ton nouveau, des manières neuves de s’exprimer, le faire avec rigueur et précision, mais sans emmerder le peuple avec des pensums indigestes.
[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2022/04/resultats-du-1er-tour-de-lelection.html
[2] https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/jean-luc-melenchon-demande-aux-francais-de-l-elire-premier-ministre-en-votant-aux-legislatives-3e5418ee-bfef-11ec-8a9b-dbc446233504
[3] Edward Bernays, Propaganda, Horace
Liveright, 1928
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