Annie Ernaux est ici aux côtés de José Giovanni, son exacte antithèse
Annie Ernaux coche toutes les cases de la bienpensance. Bourgeoise, bien insérée dans le système promotionnel du livre, quoi qu’ayant en apparence des origines populaires. Femme de peu de discernement politique, elle est aussi pétitionnaire à la chaîne, ce qui augmente son « capital » de femme engagée, si elle est pour les Gilets jaunes, elle est aussi pour la stigmatisation d’Israël, mais comme elle est de gauche, elle n’est pas antisémite, seulement antisioniste – mordez la nuance. Cette femme est également une défenseuse acharnée de l’horrible Houria Bouteldja, parangon de la lutte pour le voile quasi obligatoire pour toutes. Pêle-mêle, elle défend tout et n’importe quoi, les causes microscopiques comme les causes plus importantes. Ces prises de positions qui sont assez communes chez les intellectuels de gauche un peu fatigués, ne seraient pas un problème, si le comité Nobel ne les avait justement désignées comme une des raisons importantes pour lui remettre son prix ! Certes le style n’est pas tout en littérature, mais l’absence de style est un très gros handicap quand on veut être quelqu’un ou quelque chose dans ce domaine. Vous me direz qu’il est à la mode dans la littérature française d’aujourd’hui de revendiquer cette absence de savoir écrire. C’est le cas de Michel Houellebecq. Annie Ernaux parle de la neutralité de son style pour excuser probablement son manque de savoir-faire en la matière. Ceci dit les Prix Nobel qu’ils soient de littérature ou d’autre chose sont souvent très contestés, soit pour la médiocrité de leur choix, soit pour être en décalage avec son objectif, notamment quand on donne le prix Nobel de la Paix à Obama, soit pour des travaux dont les lauréats se sont appropriés les résultats. Également on peut être un parfait imbécile est recevoir le prix Nobel, c’est le cas de Jean Tirole par exemple qui reçut en son temps le prix Nobel d’économie. The swedish academy se ridiculise un peu plus en avançant qu’Ernaux a été distinguée pour son courage et son « acuité clinique » ! Un écrivain est un écrivain, et quand il écrit, généralement, il ne risque pas grand-chose, sauf s’il s’appelle Salman Rushdie, mais celui-ci n’est pas retenu dans la liste des nobélisables, justement à cause de la fatwa qu’il a sur la tête et qui lui a valu il y a quelques mois d’être la victime d’une tentative d’assassinat[1]. Ou encore pour le courage on aurait pu avancer le nom de Roberto Saviano qui depuis la publication de Gomorra en 2007 est sous protection policière, sa tête ayant été mise à prix par la Camorra. Les Suédois ne sont pas près à donner le Nobel à Salman Rushdie car ils ne veulent pas apparaître comme islamophobes, et encore moins à Roberto Saviano qu’ils considèrent comme un écrivain un peu vulgaire tout de même, trempant sa plume dans le sang. Ils préfèrent le donner à une femme âgée qui ne fera jamais de vagues ailleurs que dans une tribune du Monde.
Revenons à l’essentiel, ce prix Nobel fait partie du très bon travail de lobbying de Gallimard, ce n’est pas Flammarion qui serait capable aujourd’hui d’en faire autant ! C’est en quinze ans la troisième fois que cette maison obtient le prix Nobel après Le Clézio et Modiano. Certes cette vénérable maison aurait pu pousser Kundera que tout le monde croyait promis au prix prestigieux. Mais sans doute celui-ci avait un peu trop de style et de culture générale pour être reconnu. Tout ça pour dire qu’il n’y a rien à dire sur ce non-événement. Voir Sandrine Rousseau se gratuler avec ses semblables sur ce prix Nobel en dit long sur ce qu’Annie Ernaux représente ! Pour le reste les prix littéraires restent les prix littéraires, et plus ils sont prestigieux, plus ils demandent d’effort et de savoir-faire de la part des maisons d’édition pour les obtenir. Nous connaissons cette comédie depuis longtemps[2]. Elle fait partie du commerce et démontre que la vente de livres obéit aux mêmes problèmes de marketing que les autres marchandises. Ces prix en vérité ne s’adressent qu’à ceux qui lisent très peu. En effet si on est un gros lecteur, on sait qui est Annie Ernaux, mais si on ne lit très peu ou que des romans primés, les prix deviennent un argument important de choix.
[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/18/la-tentative-d-assassinat-de-salman-rushdie-nous-rappelle-la-veritable-nature-de-l-ideologie-khomeyniste-transnationale_6138337_3232.html
[2] Sylvie Ducas, La littérature à quel(s) prix ?, La découverte 2013
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