mercredi 7 décembre 2022

Les modifications des règles d’accès à l’allocation-chômage : une régression brutale

 

L’ignoble canaille macronienne, alliée pour cela à la crapule des Ripoublicains vient de modifier les conditions d’indemnisation des chômeurs. Le marché du travail étant actuellement dans un « contexte favorable » selon le ministre du Travail, avec un taux de chômage de 7,3 % d’après l’Insee, la durée d’indemnisation sera modulée à la baisse. Le coefficient retenu est de 0,75. En clair, un demandeur d’emploi qui aura cotisé 24 mois sera indemnisé 18 mois, alors que dans le système actuel, il aurait eu droit à 24 mois d’allocations. Le demandeur d’emploi pourra toucher les 25 % restants (six mois dans l’exemple cité) seulement si la conjoncture économique s’est fortement dégradée lorsqu’il arrivera au bout de ses droits. Le ministre du travail, l’homme à la tête de rat appelé aussi Dussopt, qui se faisait passer naguère pour un homme de gauche est avant tout un menteur. On le savait déjà. Mais prétendre que le marché du travail est dans un contexte favorable pour justifier une telle attaque contre les chômeurs est un gros mensonge doublé d’une imbécilité théorique. C’est un mensonge parce que le calcul du chômage selon le BIT est erroné. Le chômage doit être calculé comme suit, en rapportant le nombre de personnes en âge de travailler et à la recherche d’un emploi à la population active. La population active étant de 30 millions environ, et le nombre des inscrits à Pôle emploi – qui est devenu France Travail – étant de 5,5 millions, auxquels on peut ajouter les personnes en formation, le taux de chômage est de près de 19% au mois d’octobre 2022[1]. Il n’est donc pas vrai que le nombre de chômeurs est maintenant très bas, même s’il y a eu depuis quelques mois une sorte d’embellie qui est visible. Mais le taux de chômage est élevé encore, on se souvient que dans les années soixante-dix on considérait qu’un taux supérieur à 5% était l’image d’un chômage de masse. Par ailleurs, environ un tiers des chômeurs ne touche aucune indemnité chômage selon Pôle emploi pour la catégorie A[2]. Mais ce chiffre est encore bien plus faible si on regarde l’ensemble des chômeurs, c’est-à-dire les chômeurs des catégories A, B et C, on tombe à moins de 50%. 

A quoi peut être destinée une telle fourberie ? La question se pose si on ne croit pas aux mensonges d’Olivier Dussopt, canaille stipendiée, qui se prétendait faire partie de l’aile gauche du PS et qui s’est retrouvé en Macronie, avec des sales histoires de prise illégale d’intérêt, pour lesquelles il aurait reçu des cadeaux sous formes de tableaux coûteux pour les services rendus à une compagnie d’eau qu’il a aidé à s’installer sur sa commune[3]. En effet avancer que les allocations chômage doivent être modulées en fonction de la conjoncture n’a pas de sens puisque les salariés ont cotisé eux sans tenir compte d’une conjoncture bonne ou mauvaise. En outre on comprend bien que si on allonge la durée d’indemnisation en période basse conjoncture on va créer des déficits publics qu’on invoquera ensuite pour limiter justement ces indemnités. Est-ce le but ? Comme on le voit l’imbécilité macronienne qui ne rêve que de revenir au modèle du XIXème siècle où la protection des travailleurs, chômeurs ou retraités, n’existe plus ; il s’agit de détruire toujours un peu plus les avancées du CNR, programme avoué de la canaille néolibérale[4]. On voit donc que cette crapule a provoqué une vraie régression civilisationnelle, il s’agit d’une véritablme contre-révolution. Bien entendu cela permettra de faire baisser le coût du travail en abaissant ce que le MEDEF qui a salué cette réforme, appelle les charges patronales, mais qui ne sont que des cotisations sociales, soit le salaire indirect socialisé qui sert justement à faire face aux aléas de la conjoncture. Dire que les cotisations sont des charges pour le patronat, c’est vouloir faire croire que le travail est un coût, alors que, d’une manière ou d’une autre, il est la source de la création de la richesse. C’est le travail vivant qui crée celle-ci, et non l’argent ou la machine qui sont comme le disait Marx du travail mort ou du travail passé. 

L’homme à la tête de rat, traitre par destination 

Evidemment les syndicats ont dénoncé ce mauvais coup qui montre une fois de plus que Macron n’a jamais fait autre chose que la politique demandée par le grand patronat. Tous les syndicats de salariés sont opposés à cette réforme, même le syndicat patronal, la CFDT[5]. Grâce à cette réforme l’UNEDIC économiserait 4 milliards d’euros par an ! 4 milliards qui ne compenseront certainement pas les sommes versées via le CICE qui depuis 2014 se montent à environ 20 milliards par an, en dehors des sommes destinées à compenser les dégâts de la pandémie covidienne. Rappelons que l’aide à l’Ukraine coûte déjà 2 milliards d’euros au budget de la France[6], autrement dit, c’est pour partie sur le dos des chômeurs que Macron participe à la guerre en Ukraine. Année après année, on voit que le gouvernement crapuleux macronien transfère de la valeur du travail vers le capital. Cette annonce unilatérale d’un gouvernement qui n’a consulté personne sur cette question, d’un gouvernement habitué à « réformer » le pays par la matraque dans la rue et par le 49-3 à l’Assemblée Nationale, intervient au moment ou le FMI réitère ses injonctions crapuleuses pour que la France entre en période d’austérité le plus rapidement possible et coupe le robinet des aides sociales, sauf aux entreprises[7]. On remarque d’ailleurs que ces injonctions entraîneront inévitablement une récession économique en créant un défaut de demande, et pas seulement en France, dans toute l’Europe – quoique la récession nous semble être déjà là, seulement masquée en France par l’endettement général de l’économie – et donc inévitablement une hausse du chômage dont il faudra allonger la période d’indemnisation ! On n’a jamais vu en effet qu’un défaut massif de demande puisse susciter l’investissement productif puisqu’on investit seulement quand le marché est dynamique. Cette politique de Gribouille, est censée compenser pour partie les largesses que l’employé du grand capital Macron a distribuées aux entreprises grandes – Pfizer par exemple – et petites durant la crise du COVID, mais aussi aux riches via les réformes des impôts sur le revenu.      

 

Ces deux dernières années auront vu deux réformes particulièrement ignobles sous la houlette de Macron, d’une part une baisse des allocations chômage au début de 2022[8] et une baisse de la durée d’indemnisation des chômeurs de 25% programmée pour le début 2023. Il s’agit d’une manière ou d’une autre de produire une déflation salariale par tous les moyens. Le but est toujours le même, abaisser les salaires indirects, c’est-à-dire la part patronale des cotisations sociales, non pas comme on nous le dit pour dégager des ressources pour investir, mais pour accroître encore un peu plus les profits qui iront s’investir ensuite dans la spéculation en Bourse ou dans le rachat de la dette étatique. L’explication de cette contre-réforme est la cupidité et rien d’autre. Même un journal macronien comme Challenges, peu soupçonné d’être un agent du bolchevisme, a été obligé de le reconnaitre[9]. Tout le monde sait que la hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée n’a jamais entraîné une hausse des investissements. Cette évolution ignoble et régressive si elle a pour but de transférer globalement des ressources des travailleurs – baisse des allocations chômage et de la durée de l’indemnisation – vers le patronat, vise également à rendre les travailleurs toujours un peu plus soumis au pouvoir patronal que les lois sur le code du travail ont augmenté systématiquement. Cependant, on a vu ces derniers temps que les chômeurs ne voulaient plus accepter n’importe quoi comme conditions de travail, et donc ils boudent les emplois offerts. C’est ce qu’on a appelé « les métiers en tension », on connait le cas des infirmiers pour certains observateurs, il manquerait jusqu’à 100 000 salariés dans ce secteur[10]. Parmi les raisons de cette difficulté à recruter, il y a bien entendu les salaires et les conditions de travail dégueulasses – voir le traitement infligé aux soignants pendant la pandémie de COVID – mais aussi il y a l’incurie des différents gouvernements qui depuis vingt ans sont incapables d’anticiper, malgré leurs discours, les besoins liés à l’évolution de la société et donc d’ajuster les formations aux évolutions du marché du travail. On ne voit pas comment en durcissant les conditions d’éligibilité aux allocations chômage on pourrait palier les carences de la formation. Certes une telle situation peut entraîner les salariés à être plus prudents à changer de travail, mais elle ne pourra pas empêcher le turn-over, surtout si nous nous trouvons dans une période de difficultés de recrutement.  En France, selon l’INSEE, le turn-over a presque quintuplé en 30 ans, pour s’élever à 15% des effectifs salariés[11]. Le turn-over a un coût sur le simple plan économique. C’est pour cette raison que dans les années soixante-dix, on donnait me modèle suédois comme exemple, on visait à la diminuer en parlant de participation, voire de cogestion et de démocratie dans l’entreprise. Cette tendance est aujourd’hui mise au rebut. Evidemment l’accroissement du turn-over n’indique pas que les salariés ont de plus en plus la bougeotte, mais que les conditions de travail dans les entreprises se sont grandement dégradées, et c’était déjà un constat avant la pandémie de COVID[12]. Et comme les syndicats sont atones et peu combattifs, c’est une manière de protester contre cette dégradation. Aux Etats-Unis où les droits des travailleurs sont encore bien moins respectés qu’en France, cela n'empêche pas une hausse continue des démissions[13]. On estime qu’il y a, dans ce pays en décomposition accélérée, environ 10 millions d’emplois qui ne trouvent pas de salariés[14]. Robert Reich, ministre du Travail des États-Unis sous Bill Clinton et chroniqueur de gauche. « Les Américains ont décrété, pour ainsi dire, une grève générale nationale, jusqu’à ce qu’ils obtiennent une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail », a-t-il dit[15]. 

Métiers en tension selon Pôle emploi 

Ces réformes qui visent à compléter le programme de destruction des acquis du CNR[16], ont été menées, il faut le rappeler, par la social-démocratie dégénérée[17] européenne. En France c’est bien François Hollande – mon ennemi c’est la finance – qui a fait de l’ignoble Macron un ministre de l’économie, puis un président tout aussi méchant que ridicule. Partons du fait que, comme disent les économistes, les salariés sont des agents économiques rationnels, et donc on comprend bien qu’ils ne quitteraient pas un travail satisfaisant du point de vue des salaires et des conditions globales de travail pour se retrouver au chômage où ils gagnent moins et à galérer pour retrouver un emploi qui les satisferait. Cette réforme qui n’a aucune justification économique, est sans doute aussi motivée par la haine de cette classe de canailles endimanchées porte à la classe de ceux qui travaillent et qui leur assurent un train de vie élevé. Son absurdité ressort aussi bien de la détermination de Macron qui confond entêtement imbécile et volonté politique que des élucubrations d’un cabinet de conseil du type McKinsey. C’est la haine c’est la haine de la classe des domestiques au costume bleu-marine et étrique, du type Macron, porte à la classe ouvrière et à l’idée qu’elle s’en fait. La crétinerie de ce gouvernement et de son patron probablement sous l’emprise de la cocaïne, fait qu’il se croit astucieux de produire des contre-réformes par paquets de douze, pensant que la contestation n’arrivera pas à suivre le rythme pour protester contre elles et entraver cette marche en avant. On verra bien si la prochaine réforme des retraites passera aussi facilement que celle des allocations chômage. Le chômeur étant vilipendé de jour comme de nuit par l’ensemble des médias dominants[18], ce n’est pas un sujet qu’on aime à défendre. Il a toujours cette aura du fainéant qui profite d’un système de moins en moins généreux. Bien évidemment si cette crapule politicienne de droite extrême se permet cette débauche d’attaques contre les travailleurs, c’est aussi bien à cause de la passivité de la bureaucratie syndicale – que je ne confonds évidemment pas avec les syndicalistes qui à la base se battent parfois dans des conditions difficiles. Je n’ai pas entendu parler de réflexions fracassantes de Philippe Martinez ou de Laurent Berger sur ce thème, ni même de l’organisation d’une riposte face à cette attaque éhontée. Même le journal macronien Le monde, dans son éditorial du 23 novembre, semble douter du bien-fondé de cette « réforme »[19]. 

 

Qui défendra les chômeurs ? En France, il existe bien un Mouvement National des Chômeurs et des Précaires. Mais il n’a guère d’influence, et les syndicats s’ils peinent déjà à défendre les salariés, font comme si la question du chômage ne les concernait que très peu. Sans doute sont-ils encore dans une forme d’hostilité programmée selon laquelle un chômeur est forcément fautif puisqu’il ne travaille pas. C’est un salarié honteux si vous voulez. Et pourtant tout salarié peut être mis du jour au lendemain à la porte et se retrouver sans emploi. S’il n’a pas d’allocation chômage, il ne lui restera plus que la soupe populaire – aujourd’hui appelée Restos du Cœur. On vient de le voir ces temps ci aux Etats-Unis, les jadis florissantes GAFAM licencient à tour de bras. Au début de novembre 2022, Twiter c’est une charrette de près de 4000 emplois, Meta (Facebook, Instagram et What’sApp) c’est 11 000 licenciés, Amazon c’est 10 000 emplois[20]. Le groupe Hewlett-Packard a annoncé aussi le licenciement à venir de 10 000 personnes[21], soit le quart de ses effectifs, le marché des ordinateurs ayant reculé de 25% au dernier trimestre. Au total ce serait 130 000 emplois qui seraient supprimer dans le secteur de la High Tech appliquée au commerce. Tout cela étant lié d’abord à l’effondrement du cours des actions de ses entreprises en Bourse. Tout cela n’a rien à voir avec le coût du travail, mais au resserrement de la consommation, et à la hausse des taux qui font basculer l’éparne du marché des actions vers les obligations d’Etat. En vérité la seule chose sûre en ce qui concerne le chômage c’est bien que celui-ci est directement dépendant du taux de croissance comme nous le voyons dans le graphique ci-dessous. Les courbes de la croissance du PIB et celle de la variation du chômage sont dans une relation négative. Lorsque la croissance est forte, le chômage est bas, lorsque la croissance recule, ou lorsqu’elle devient négative – pour parler comme les économistes qui aiment les oxymores – alors le chômage augmente. Autrement dit le chômage n’est absolument jamais corrélé dans un sens ou dans un autre avec les règles d’éligibilité aux allocations pour perte d’emploi. Cette évidence ne se discute pas. Et si on ne veut pas de la croissance parce que celle-ci est mauvaise pour l’environnement, parce qu’il est aussi très stupide de courir après la consommation, il est plus que nécessaire de penser à une transformation en profondeur de la société. 

Croissance du PIB et chômage dans les pays de l’OCDE


[1] https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/les-demandeurs-demploi-inscrits-pole-emploi-France-metro

[2] https://statistiques.pole-emploi.org/indem/indempub/215999

[3] https://www.marianne.net/politique/le-ministre-olivier-dussopt-vise-par-une-enquete-pour-corruption-et-prise-illegale-d

[4] https://blogs.mediapart.fr/republicain/blog/191211/denis-kessler-il-sagit-de-defaire-methodiquement-le-programme-du-cnr

[5] https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/chomage/reforme-de-l-assurance-chomage-le-patronat-salue-des-mesures-qui-vont-dans-le-bon-sens-les-syndicats-de-salaries-denoncent-un-scandale_5490924.html

[6] https://www.leparisien.fr/politique/guerre-en-ukraine-la-france-va-apporter-300-millions-de-dollars-daide-supplementaires-05-05-2022-N3CBMOX6RJF33DCEVQVOAQ3MIE.php

[7] https://www.latribune.fr/economie/france/le-fmi-recommande-a-la-france-de-couper-le-robinet-des-depenses-des-2023-902869.html

[8] https://www.capital.fr/votre-carriere/pole-emploi-leurs-allocations-baissent-a-cause-dune-regle-censee-les-proteger-1425562

[9] https://www.challenges.fr/patrimoine/en-france-la-baisse-de-la-fiscalite-du-capital-est-un-echec_820326

[10] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/19/dominique-meda-il-pourrait-etre-necessaire-de-recruter-jusqu-a-100-000-infirmiers-pour-un-montant-de-5-milliards-d-euros_6150612_3232.html

[11] https://www.insee.fr/fr/statistiques/1373547?sommaire=1373556

[12] https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/70-des-salaries-constatent-une-degradation-de-leurs-conditions-de-travail_1515488.html

[13] https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/aux-etats-unis-le-mouvement-de-la-grande-demission-setend-au-dela-la-tech-1358168

[14] https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/monde/etats-unis-le-nombre-d-emplois-vacants-augmente-en-septembre-et-rattrape-son-repli-du-mois-d-aout_AD-202211010427.html

[15] https://www.theguardian.com/commentisfree/2021/oct/13/american-workers-general-strike-robert-reich

[16] https://blogs.mediapart.fr/republicain/blog/191211/denis-kessler-il-sagit-de-defaire-methodiquement-le-programme-du-cnr

[17] Je dit « dégénérée » parce que la Social-démocratie des origines préconisait exactement l’inverse de ce que leurs héritiers ont fait, notamment elle prévoyait des nationalisations élargies et une prise en charge des risques santé, retraite et chômage par l’Etat

[18] https://www.lefigaro.fr/conjoncture/ils-profitent-du-chomage-pour-voyager-et-prendre-du-temps-pour-eux-et-ne-s-en-cachent-plus-20220712

[19] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/23/assurance-chomage-une-reforme-discutable_6151236_3232.html

[20] https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/hecatombe-dans-la-tech-plus-de-130-000-licenciements-en-2022-940762.html

[21] https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/11/23/licenciements-chez-hp-c-est-la-berezina-du-cote-des-micro-ordinateurs_6151234_3234.html

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