La réforme des retraites est un totem pour Macron, personnage falot et capricieux, il se venge comme cela du désamour que lui manifestent tous les jours les Français. Les comptes des retraites sont un peu plus qu’équilibrés, et donc quand la canaille gouvernementale nous dit que c’est pour équilibrer les comptes qu’il faut produire une réforme régressive, c’est un mensonge éhonté[1]. Et puis quand cette fable ne prend pas, on sort le lugubre argument qu’il faut préparer l’avenir pour les jeunes : cette idée comptable nous annonce qu’il faut en fait supprimer les retraites pour les sauver. Pour le reste il est impossible de dire ce que sera l’économie dans trente ans, alors qu’on ne sait pas ce qui va se passer en 2023. On a remarqué qu’un Français produisant en moyenne 2,5 fois plus de « valeur » qu’en 1981, il n'y avait aucune raison de reculer encore un peu plus l’âge de la retraite. Je ne vais pas m’étendre sur l’idée imbécile – macronienne pour tout dire – qui consisterait à nous faire croire qu’il faut employer de plus en plus de vieux, voire de vieillards pour faire tourner l’économie. Cet argument qui ne convaincra que les demeurés est non seulement contredit par le fait que les entreprises ne veulent pas embaucher des seniors, mais aussi par le fait que la productivité des Français permet largement de financer les retraites. Oui, mais à condition de cesser de faire des cadeaux aux riches, en délestant les entreprises des cotisations sociales ou en abaissant leurs impôts sur les revenus, également en obligeant les multinationales, à commencer par Total à payer des impôts.
Si la très grande majorité des Français ne veut pas de cette réforme maudite, il vient que l’Assemblée Nationale qui s’apprête à voter le 49-3 qui la fera passer ne représente rien, et surtout pas le pays. Ajoutons que la totalité des syndicats – même l’ignoble CFDT, c’est dire – y est opposée. La seule tranche d’âge qui soutient ce projet débile, est celle de ceux qui sont déjà à la retraite et donc qui ne sont pas concernés par icelle. Ce sont également eux qui ne supportent pas qu’il y ait des mouvements sociaux. Autrement dit, seuls les vieux cons soutiennent ce gouvernement de chèvres – pardon pour les chèvres. Ceux qui touchent déjà une retraite non-réformée, ne devraient pas avoir le droit de l’ouvrir, sauf pour manifester une solidarité de bon aloi avec les jeunes générations, qui en travaillant aujourd’hui payent pour eux ! Il convient donc de se demander pourquoi on veut tout de même la faire, quitte à remettre dans la rue des Gilets Jaunes. C’est ça qui est le plus intéressant, car Macron a beau être un peu timbré[2], il ne me semble pas que cela soit le principal. Depuis une bonne quarantaine d’années, les très riches et leurs employés qu’ils mettent à l’Elysée ou à l’Assemblée Nationale, visent à démanteler toute la couverture sociale. Un jour ce sont les allocations chômage, un autre le droit du travail, et bientôt ce sera sans doute le SMIC. On tire sur la ficelle pour voir où c’est qu’elle pourra bien se casser. C’est la méthode du capitalisme archaïque, et en même temps c’est la volonté d’unifier le droit du travail à partir des normes qui existent aux Etats-Unis. C’est de cette façon qu’on utilise d’idéal de concurrence en mettant les législations du monde entier en opposition, de façon à obtenir une sorte de moins-disant social. Le monde, dans son édition datée du 11 janvier 2023, mettait en scène la fausse opposition entre Laurent Berger et Macron, ce dernier disait : « Moi, j’ai reçu un mandat qui vient directement des Français et de millions d’électeurs, alors que Laurent Berger, à son propre congrès, a été mis en minorité par 800 000 militants » Macron ne dit pas qu’en réalité, même avec l’appui des idiots utiles de la gauche, il a été réélu seulement par les miracles d’un système électoral déplorable, avec un tiers des électeurs inscrits. On sait que les imbéciles comme Laurent Berger et même Philippe Martinez ont appelé à voter Macron pour faire « barrage au fascisme ». On voit aujourd’hui à quoi cela a servi. Tous les crétins soi-disant de gauche qui ont appelé à faire barrage étaient pourtant prévenu que macron se servirait de leur vote pour justifier ses réformes de droite extrême. Ils l’ont fait sciemment, et donc ils ne peuvent pas se définir comme des contempteurs de cette régression, ils en sont co-producteur.
Dette publique de la France en milliards d’euros
Partons de cette idée, la Commission européenne – actionnée par les multinationales – demande à la France de resserrer les boulons sur les dépenses financées par des prélèvements obligatoires, autrement dit de dépenser moins pour les travailleurs, que ce soit pour les retraites, les dépenses de santé, l’éducation ou pour les allocations chômage, tous ces systèmes de couverture sociale dont la France tirait orgueil il n’y a pas si longtemps et dont aujourd’hui il ne reste que la peau. En effet, la dette publique a explosé avec Macron. Et contrairement à ce qui se murmure, la crise sanitaire et la Guerre en Ukraine n’y sont pour rien. Le principal du gonflement de la dette – alors même que les taux étaient jusqu’à récemment restés très bas – vient des innombrables cadeaux – baisse des impôts sur le revenu, le CICE depuis 2014 et baisse des « charges sociales » – de Macron aux très très riches et aux entreprises. Ce qui a pour effet de diminuer les rentrées fiscales et les rentrées pour l’URSAFF. Les finances publiques sont un système de vases communicant, ce que j’enlève aux travailleurs, je le donne au capital. Ce transfert d’argent public vers les détenteurs de capitaux, s’est accéléré encore avec les largesses d’Ursula von der Leyen en faveur de Pfizer et de ses vaccins pourris dont son mari faisait la promotion et dont les stocks périmés n’ont pas trouvé preneurs[3]. Le déséquilibre supposé des caisses de retraites est juste un artifice comptable qui n’a rien à voir avec le fait qu’on vive plus vieux[4]. Il provient essentiellement du partage de la valeur en faveur du capital et au détriment du travail. Les cotisations sociales sont proportionnelles au niveau des salaires, il suffirait par exemple d’augmenter les salaires en suivant l’évolution de la productivité du travail pour que celles-ci augmentent. Or, tout le monde en convient les salaires ont pris un retard important par rapport à la rémunération du capital depuis 1983, c’est-à-dire depuis que la France a choisi stupidement de s’aligner sur la doxa européiste. Il y a quarante ans, on a fait passer l’âge légal de la retraite à 60 ans, sans que l’économie n’en souffre, or depuis cette date, le PIB a été multiplié par cinq, comment est-il possible dans ces conditions de dire que nous n’aurions pas les moyens de financer les retraites ? La seule explication possible est bien que ce sont les classes prédatrices qui ont capté l’essentiel de la valeur créée, mais celle-ci ne voulant pas partager, on demande encore et toujours des sacrifices aux plus démunis, quitte à ce qu’ils crèvent avant la retraite : plus les salaires sont bas, et plus les chances de profiter un peu de la retraite disparaissent. Une personne pauvre sur quatre est décédée à 62 ans, pour les cadres ou les professions supérieures, c’est une personne sur vingt[5]. Et nous voyons bien, sur le graphique suivant, que quand la part des salaires dans la valeur ajoutée chute[6], les cotisations sociales reculent et vont provoquer des déficits dans les caisses des retraites comme dans celle de la santé. C’est un choix politique qui nous conduit à cette situation : on a transféré depuis quarante années plus de 10 points de pourcentages de lé rémunération du travail vers la rémunération du capital. Il n’y a aucune obligation, aucune loi économique qui exige que l’Etat organise ce transfert de valeur des travailleurs vers les détenteurs de capitaux. La justification par la théorie du ruissellement est juste un mensonge de plus. La politique fiscale de Macron mise en place depuis 2014 est un échec en ce sens qu’elle n’a pas produits de la croissance supplémentaire et des investissements nouveaux. C’est du reste ce que constatait il y a quelques mois Patrick Artus qu’il est bien difficile pourtant de taxer de gauchisme économique[7]. Ce qui au passage nous fait voir cette politique macronienne comme une politique de droite extrême, un fascisme déguisé, mais un fascisme tout de même.
Dans cette réforme, on n’en oublie pas les petites affaires, parmi les dividendes attendus de cette opération de destruction massive des retraites par répartition, il y a la volonté d’obliger les travailleurs de financer leur retraite futur en cotisant auprès d’une compagnie privée, sur le modèle peut-être de ce qu’on a fait avec les fausses mutuelles qu’Hollande a mises en place sous son quinquennat, histoire d’alimenter en liquidité les grandes compagnies d’assurances qui sont aussi les bailleurs de fonds de la Macronie. Le reste suivra tout seul, il suffira de faire peur aux salariés en leur annonçant à l’avance le coût d’un ultime séjour en EPHAD. Cette ponction supplémentaire qui se prépare indirectement sur les salaires risque d’être très mal supportée compte tenu de l’inflation qui déjà ronge non seulement les salaires, mais aussi les pensions de retraites[8]. En effet les retraité subissent une baisse liée à l’inflation, mais aussi une baisse qui, dans la succession des générations est liée à la baisse du taux de remplacement. Et avant même que la réforme des retraites soit votée par le parlement croupion, on sait que celui-ci continuera à baisser[9]. Ce qui, mécaniquement, va accroitre la part de la valeur qui va aux salariés.
Mais il y a encore autre chose, à travers la cupidité évidente des patrons de la classe politique, il y a un souci de restaurer un monde ancien, revenir à un capitalisme arrogant, façon XIXème où les salariés n’ont que le droit de la fermer. La réforme des retraites est le complément voulu de la destruction du droit du travail. La gauche et les syndicats étant totalement déconsidérés, Macron et son gang le savent, et ils prennent le risque de déclencher un affrontement dans la rue. Car derrière cette réforme des retraites il y a la recherche d’une reddition de la classe des travailleurs en rase campagne. Au-delà de la cupidité, la classe au pouvoir veut affirmer son pouvoir, y compris par la force. Le pari est que le peuple reste apathique, qu’il râle et qu’il maudisse Macron et sa perruque ne les dérange pas tant qu’il ne marche pas sur l’Elysée. Macron est prêt et c’est pourquoi il a équipé de véhicules blindés la Gendarmerie qui est devenu une sorte de milice patronale, certainement pas au service de tous, mais principalement au service de la classe dominante. C’est un détournement scandaleux de nos impôts. D’ores et déjà le gouvernement pourri s’attend à des protestations en tout genre. Le 10 décembre 2023 les domestiques du MEDEF ont annoncé, après un simulacre de concertation avec les syndicats, que l’âge de la retraite serait repoussé à 64 ans, donc une augmentation de deux ans, et 43 ans d’annuités, et 67 ans pour avoir un taux plein[10]. Cette saloperie qui va faire baisser l’espérance de vie des plus pauvres, a été comme il se doit saluée par la MEDEF, puisque les profits augmenteront encore un peu, et par les Ripoublicains. Il est temps que Macron annonce une réunification de la droite affairiste sous sa houlette dans un grand parti européiste et étatsunien.
Sur la réforme de la retraite Les Ripoublicains ont déjà commencé à se rapprocher de Macron, la presse aux ordres les encourage à aller dans ce sens en matraquant jour après jour sur ses nécessités. Ce qui aura évidemment deux effets : d’abord d’en finir avec le mythe racoleur selon lequel Macron et son parti ne seraient pas de droite, mais appartiendrait à un centre introuvable depuis la nuit des temps. La brutalité macronienne classe bel et bien ce gouvernement du côté de la droite extrême néolibérale. Cette droite arrogante qui s’en fout d’une libéralisation des mœurs dans la pratique de la consommation de drogue et dans les relations sexuelles, mais qui travaille sur l’essentiel, la mise au pas des salariés pour la gloire des actionnaires. Et donc bien entendu Les Ripoublicains vont apparaître pour ce qu’ils sont, une fausse opposition. Tout le monde sait que les programmes économiques et sociaux de Macron et des Ripoublicains sont à la virgule près exactement les mêmes, totalement sous la tutelle de Bruxelles, ils sont anti-souverainistes. Je voudrais ajouter qu’au Royaume Uni, depuis que celui-ci est sorti de l’Union européenne, les luttes sociales ont repris. Contrairement à ce qu’il est dit ici où là l’économie britannique n’est pas plus dégradée que l’économie française, mais le souverainisme retrouvé est devenu l’occasion d’un renouveau de la lutte des classes. La mondialisation ayant eu pour effet de rendre caduque les formes anciennes de lutte des classes. Rien ne sert de pleurnicher, la parole est maintenant à la rue et à la révolte sociale. Si rien n’est fait pour entraver la mise en place de cette ignominie, la baisse des salaires réels continuera, et la prochaine fois, ils s’attaqueront au SMIC, elle est déjà dans les tuyaux, notamment avec les propositions de cette vieille canaille de Gilbert Cette, président du comité de suivi du SMIC, qui réclame à cor et à cris de ne surtout pas indexé le SMIC sur l’inflation, autrement dit de laisser les pauvres s’appauvrir toujours un peu plus.
[1]
https://www.lafinancepourtous.com/2022/09/28/retraites-que-nous-apprend-le-dernier-rapport-du-cor/#:~:text=Selon%20le%20COR%2C%20le%20syst%C3%A8me,d%C3%A9ficit%20du%20syst%C3%A8me%20de%20retraite.
[2] C’est
l’hypothèse pas du tout farfelue de François Asselineau https://www.youtube.com/watch?v=7DG6Qxl-SRo
[3] Elle
avait fait acheter 4,1 milliards de doses, soit environ 10 doses par européen !
Les quatrièmes et cinquièmes doses se heurtent à la résistance des populations
qui en ont un peu marre de ce cirque ruineux, inefficace et potentiellement
dangereux pour la santé.
[4] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/06/reforme-des-retraites-et-si-nous-laissions-aux-seniors-francais-le-choix-de-l-age-de-leur-depart-entre-62-et-67-ans_6156870_3232.html
[5] https://www.liberation.fr/societe/a-lage-de-la-retraite-25-des-plus-pauvres-sont-deja-morts-20211201_ZPDCTHANSFAV5L26524QHTQR2E/
[6] Perspectives
économiques de l’OCDE, Volume 2018 Numéro 2
[7] https://www.challenges.fr/patrimoine/en-france-la-baisse-de-la-fiscalite-du-capital-est-un-echec_820326
[8] https://www.ifrap.org/retraite/la-baisse-du-niveau-de-vie-des-retraites-se-poursuit
[9] https://www.capital.fr/votre-retraite/pourquoi-les-futurs-retraites-verront-leur-pouvoir-dachat-baisser-1446030#:~:text=%E2%80%9CLe%20taux%20de%20remplacement%20m%C3%A9dian,%2C8%25%20dans%20le%20priv%C3%A9.
[10] https://www.lemonde.fr/politique/live/2023/01/10/reforme-des-retraites-en-direct-le-gouvernement-propose-de-decaler-l-age-legal-de-depart-a-64-ans-en-2030_6157310_823448.html
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