Nous n’en parlons pas beaucoup, l’Occident met en avant les
« valeurs » de la démocratie et de l’Etat de droit. Sous-entendant
par là que les Russes et les Chinois, les principaux ennemis des Etats-Unis, en
seraient à un stade inférieur de la civilisation, et donc qu’il faudrait leur
donner du bâton pour les éduquer et les faire rentrer dans le rang des peuples
avec qui il est acceptable de commercer. Mais les Etats-Unis et l’Union
européenne violent en permanence les soi-disant valeurs qu’ils prétendent
défendre en dehors de chez eux. Pour soumettre ces peuples considérés comme
barbares, il y a plusieurs façons :
– d’abord un refus d’échanger, de commercer et d’investir dans ces pays. Cette première manière de faire dépend de la volonté nationale, aucune nation n’ayant d’obligation à ouvrir ses frontières à une autre. C’est la règle du marché que de dire qu’on ne veut pas d’échanges avec un pays qu’on n’aime pas. Cette démarche ne pose aucun problème juridique, les traités étant faits également pour être dénoncés quand ils ne conviennent plus. Cependant on remarque que ce sont les Américains et leurs féaux européens qui ont poussé à investir dans ces pays de sauvages et quand on disait à Bill Clinton qu’on ne devait pas commercer avec la Chine pour la question des droits de l’homme, ce dernier avançait qu’en commerçant avec les Chinois et en investissant chez eux on allait les guider de fait sur les sentiers escarpés de la démocratie. L’Occident a donc poussé la Chine et la Russie à se développer. Ce fut une grave erreur stratégique. En effet les Etats-Unis et l’Europe croyaient – ou faisaient mine de croire, mais cela revient au même – que ces pays se développeraient dans une division internationale du travail qui ferait de la Chine la manufacture du monde, de la Russie un fournisseur de matières premières, tout cela sous leur direction. Le moins qu’on puisse dire est que les multinationales occidentales obnubilées par de gras profits de court terme, n’ont pas anticipé leur propre déclin sur le long terme.
Balance commerciale de la zone euro, source Eurostat
– Les sanctions économiques contre la Russie devaient provoquer, selon le clown de Bercy, un effondrement de l’économie russe et amener Poutine à se retirer de l’Ukraine. Le seul résultat tangible de cette fantaisie imposée par les Etats-Unis est un effondrement de la balance commerciale de la zone euro, qui ne tient le choc qu’en foulant aux pieds ses propres traités et en imprimant de l’argent afin de faire tenir debout la demande, au prix d’une inflation accélérée que maintenant on se propose de combattre énergiquement avec un tour de vis supplémentaire pour les plus pauvres. Mais en réalité ces sanctions économiques se traduisent par une violation du droit le plus élémentaire. La crapule européiste qui pourtant par ailleurs célèbre les joies de la propriété privée, a décidé de confisquer les biens des oligarques. On remarque que les élément de langage nous disent que les très très riches russes sont des oligarques et Bernard Arnault un simple milliardaire, donc bien méritant, tellement méritant qu’on n’ose pas le taxer. Au nom de quel chapitre du droit international peut-on confisquer les biens ? Je ne vois pas très bien, d’ailleurs un an après les premières sanctions – on en est aujourd’hui au dixième train – l’Union européenne n’a toujours pas trouvé l’argument juridique adéquat qui lui permettrait de voler légalement les biens russes. Ci-dessous je recopie le texte de l’article 17 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Toute personne a le droit de jouir de la
propriété des biens qu'elle a acquis légalement, de les utiliser, d'en disposer
et de les léguer. Nul ne peut être privé de sa propriété, si ce n'est pour
cause d'utilité publique, dans des cas et conditions prévus par une loi et
moyennant en temps utile une juste indemnité pour sa perte. L'usage des biens
peut être réglementé par la loi dans la mesure nécessaire à l'intérêt général.
Comme on le voit, cet article est directement inspiré de l’article 17 de La déclaration des droits de l’homme adopté par l’ONU. Il est censé être un pilier de l’Etat de droit.
1. Toute personne, aussi bien seule qu'en
collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa
propriété
Ces textes indiquent clairement que Madame von der Leyen, la corrompue présidente de la corrompue Commission européenne, n’a aucun pouvoir, aucune légitimité, pour confisquer des biens appartenant à Piotr, Pavel ou Jacov. Seul à la rigueur un juge pourrait décider de cette confiscation, et encore à la suite d’un débat contradictoire. Quand on procède à ce type de viol de ses propres traités, alors nous ne sommes clairement plus dans un Etat de droit, mais soumis au bon vouloir d’intérêts étrangers – ici les Etats-Unis. Les articles fondateurs de l’Etat de droit ne peuvent pas être soumis aux aléas de la conjoncture politique, et leur application ne peut-être à géométrie variable. Ceci dit les procès sont très nombreux pour éviter la confiscation, et rien ne laisse présager qu’ils seront perdus. Le 5 octobre 2022, l’oligarque Alexeï Kouzmitchev a déjà obtenu une première victoire devant le tribunal de Paris qui a ordonné la libération de ses deux yachts immobilisés[1]. Il semble que cette façon de faire la guerre à la Russie ne soit qu’une manière de faire croire qu’on fait quelque chose, mais que, une fois la guerre finie, les oligarques pourront récupérer leurs biens assortis sans doute de compensations monétaires ! En Ukraine même on refuse d’aller jusque-là. La Haute Cour anti-corruption (VAKS) d'Ukraine a refusé de confisquer l'usine d'extraction et de traitement Demurinsky, propriété de l'homme d'affaires russe Mikhail Shelkov[2]. Des surprises comme celle-là, nous en auront encore bien d’autres. Cette nouvelle n’a pas été rapportée par Le monde… cela va de soi !
Le 3 février, la Cour Européenne des Droits de l'Homme a rendu un jugement sans conséquence, puisqu'il s'agissait de condamner la Russie. Or la Russie n'a pas ratifié son adhésion à cette fantaisie, ce qui fait qu'en l'absence de tout débat contradictoire sur la question, ce jugement s'apparente non seulement à un jugement moral, mais aussi à une forme de propagande, histoire de faire croire qu'on fait quelque chose. Mais cette même Cour européenne n'a rien à dire sur le sabotage de Nord Stream, ou même sur la restriction de liberté d'expression sur le territoire que lequel elle est censée dire le droit.
[1] https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/sanctions-loligarque-kouzmitchev-obtient-la-levee-de-limmobilisation-de-son-yacht-1866981
[2] https://news.rambler.ru/world/50114576-sud-na-ukraine-otkazal-v-konfiskatsii-kombinata-rossiyskogo-biznesmena-shelkova/?fbclid=IwAR23dJgtvn2T3VmZ5UjgSDHBtrFVhQmFuWjzMrK8xt__4uzR5_jfY-iTIIE
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