lundi 27 mai 2024

Réflexions sur la « démocratie » en Occident et en France en particulier

 

Les gilets jaunes marchent sur l’Elysée 

Depuis plusieurs années on parle de crise de la démocratie, en vérité il faudrait parler de crise de la démocratie parlementaire. Cette idée de crise est assez vague d’ailleurs, car ce terme fait comme si cette démocratie parlementaire était amendable dans un sens positif. Le point certain est que depuis de longues années maintenant les peuples des pays occidentaux ne se sentent pas écouté par ceux qui prétendent le diriger vers le mieux. On parle d’une sorte de divorce entre le peuple et ses représentants et à l’évidence cela conduit à des conflits récurrents comme on le voit depuis l’accession malheureuse de Macron à la tête de l’Etat français. Deux crises graves et violentes ont marqué les esprits, celle dites des Gilets jaunes qui a déclenché une peur incontrôlable chez Macron, puis celle de la réforme des retraites. Dans les deux cas les mobilisations ont été importantes et les sondages d’opinion nous ont dit que massivement l’opinion soutenait les révoltés contre le gouvernement. Dans les deux cas le gouvernement s’en est sorti essentiellement par le développement d’un Etat policier chargé de réprimer et de dissuader la révolte populaire, puis par quelques pseudo-débats qui n’ont abouti à rien. Ce qui suffit à montrer d’ailleurs que cette démocratie parlementaire n’est pas une démocratie, mais une parodie ou un spectacle monté autour de fausses oppositions. Voter c’est laisser croire que le citoyen a un pouvoir important, alors qu’il ne fait qu’entériner des  choix réalisés en amont des élections.   

Le soviet de Petrograd 

Avec la guerre en Ukraine, les médias occidentaux dans leur quasi-totalité désignent la nécessité de faire la guerre à la Russie sous le prétexte fallacieux que nous devons défendre  nos valeurs et donc la démocratie. Et on nous indiquera que Poutine est un autocrate, un dictateur par opposition à notre démocratie parlementaire. Bien entendu je ne prétendrais pas ici que le régime politique dans la Russie d’aujourd’hui est un régime démocratique. Mais les exemples récents abondent en Occident pour montrer que la démocratie parlementaire qui y fait les lois n’est absolument pas un système démocratique. Si nous remontons dans le temps, nous retrouvons Jean-Jacques Rousseau et son Contrat social qui nous indique déjà que la démocratie parlementaire en Angleterre est bien une oligarchie : les Anglais ne sont libres que dans le moment du vote, ensuite ils retournent sous le joug d’une oligarchie plus ou moins corrompu. Si on dit que la démocratie est le gouvernement du peuple par lui-même, alors toute délégation de ce pouvoir à de spécialiste de la chose politique, voire à des experts n’est pas une démocratie. La seule démocratie est la démocratie directe. Toute autre forme de système politique n’est qu’une parodie. On vote tous les quatre ans ou tous les cinq ans. Puis le peuple est renvoyé à sa passivité. Un système politique qui impose au peuple des lois dont il ne veut pas n’est pas une démocratie, mais au minimum une oligarchie. En 2005, par referendum la France et les Pays-Bas rejettent ensemble et largement le projet de TCE – Traité constitutionnel européen – mais ce projet sera finalement adopté par les politiciens de métier par la voie parlementaire, contournant la décision du peuple. Cet exemple montre que la  classe politique est largement hostile à la volonté populaire, elle lui fait carrément la guerre. Cette adoption par la bande suppose que les politiciens de métier sont bien plus compétents que le peuple. Ce qui reste à démontrer étant donné les très mauvais résultats que leur politique inflige à leurs citoyens depuis une quarantaine d’années. 

Les Français ont confirmé qu’ils ne regrettaient pas leur vote de 2005, et qu’au contraire, ils l’amplifieraient en 2015 

Second exemple, les Européens sont massivement hostile à la politique d’immigration, mais les lois, les traités européens vont là encore à l’encontre de cette volonté. Il ne s’agit pas de dire ici que le peuple a tort ou a raison, mais seulement que les  politiciens et les experts se trompent tellement souvent, ou mentent consciemment pour défendre des intérêts oligarchiques que le peuple n’a aucun intérêt à leur déléguer son pouvoir de décision. On ne peut passer au-dessus de la volonté populaire en disant le peuple se trompe et prétendre que nous sommes en démocratie. Un régime réellement démocratique admet que le peuple peut se tromper et admet aussi qu’il peut se corriger. Prenons encore un autre exemple, l’OTAN sous la houlette des Etats-Unis prétend entrainer les Européens dans une guerre ruineuse contre la Russie. Cela se fait sans que le peuple ne l’ait décidé, du reste dès que Macron a commencé à parler d’envoyer des soldats français sur le terrain, les Français ont massivement contesté cette idée et sa popularité déjà chancelante a encore chuté. Quand on critique le système russe, on oppose le fait que 80% des Russes ont voté pour Poutine, en disant qu’un tel score n’est pas démocratique, qu’il n’y avait en face de lui que des candidats fantoches. Pourtant des sondages américains nous disent que 80% des  Russes soutiennent leur gouvernement dans la guerre qu’il mène contre l’OTAN. Mais en France on n’insiste pas sur le fait que Macron est élu avec seulement un gros tiers des électeurs inscrits, soit une abstention record, contre Marine Le Pen qui avait contre elle 100% des médias. Egalement la popularité de Macron n’a jamais dépassé durablement les 30% des Français. Il est impossible de croire que Macron représente autre chose que les lobbies qui l’ont mis à cette place. Ce qui n’empêche pas ce dernier de dire qu’il a été élu pour mettre en place son programme, ce qui est un mensonge éhonté. Cette désaffection de l’opinion est générale en Occident, Joe Biden oscille entre 35 et 40% d’opinion positive, Ursula von der Leyen tourne autour de 15%, Scholz c’est 20 à 25%. Il y a donc bien un divorce entre les peuples occidentaux et leurs  dirigeants. Comment parler de démocratie dans des pays où les gouvernements sont aussi décriés ? 

Les Américains ne sont pas d’accord pour devoir choisir entre Trump et Biden, mais ils n’auront pas d’autre choix

 Dans une étude du Pew Research Center à propos des élections présidentielles étatsuniennes pour novembre 2024, on pouvait voir que 80% des Américains ne voulaient pas que Trump et Biden rejouent le match de 2020, une grande fraction de la population trouvant que Trump était malhonnête et caractériel et que Biden ayant viré gâteux n’avait pas vraiment les capacités de gouverner. Et pourtant c’est bien ce qui se passe, les électeurs seront confrontés à ce choix stupide. Cette fausse démocratie est aggravée dans son fonctionnement par deux conditions :

– la première est que le candidat à un poste un peu important sur le plan politique est d’abord filtré par le parti qu’il est censé représenter. Ce qui veut dire qu’il est le porte-parole d’un groupe de pression politique et non du peuple. Il doit s’exprimer dans le registre d’une parole moyenne et non pas en tant que lui-même ou en tant que représentant d’une classe sociale. Cela explique pour une large partie que les candidats aux élections viennent dans des proportions infimes des basses classes, de ces groupes sociaux qui n’ont pas d’héritage culturel ou de patrimoine.

– les candidats doivent également avoir des soutiens financiers de poids. Ce qui veut dire qu’ils doivent avoir beaucoup d’argent derrière eux, mais aussi des journaux et des médias importants qui les soutiennent. C’est ainsi que la candidature Macron – formé aux Etats-Unis comme Young leader – a pu émerger. On a été sidéré en effet de la vitesse à laquelle il avait entraîné une partie significative de l’électorat, comme de la facilité qu’il avait à engranger de l’argent, énormément d’argent pour sa campagne électorale. Cela ne s’explique ni par son talent ni par son programme, mais essentiellement par la puissance des lobbies qui l’ont soutenu, les médias saturant l’espace, Macron a lui tout seul a bénéficié en 2017 de quatre fois plus de couverture médiatique que tous les autres candidats réunis. Eric Zemmour a tenté de copier cette méthode, il y a réussi à moitié, obtenant de gros financement pour la campagne de 2022, mais échouant à circonvenir les médias dominants. 

Les candidats n’existent pas sans de puissants soutiens. Un individu des plus médiocres comme Raphaël Glucksmann émerge tout soudain sur la scène médiatique, ramassant au passage les débris du Parti socialiste. Son parcours explique cela, à commencer par le fait que son père, initialement maoïste, pseudo penseur de la guerre et nouveau philosophe, soit devenu un agent des Américains, via une reconversion exprès vers le néolibéralisme, par haine de la Russie. Ayant rendu des services en Géorgie puis en Ukraine, Raphaël Glucksmann apparaît comme un agent fiable aux yeux des Américains. Depuis au moins la fin des années soixante, ces derniers ont beaucoup investi dans des ONG ou dans des think-tanks pour contrôler, voire produire des politiciens qui leur seront dévoués. François Hollande était aussi un Young leader, comme Macron, comme Edouard Philippe. Les Américains ne sont pas regardant, ils peuvent aussi bien pousser sur le devant de la scène des hommes politiques étiquetés à gauche, comme à droite. Meloni a été formée par l’Aspen Institute qui jouera un rôle décisif dans la formation du gouvernement de Porochenko en Ukraine. On remarque que ces hommes de paille sont remarquablement médiocres sur tous les plans, y compris sur le plan intellectuel. Ce ne sont pas Dès lors que ces candidats évitent d’évoquer leurs liens de subordination avec Washington, la démocratie même sous sa forme naine réduite à la démocratie représentative est totalement faussée. Dans le temps on accusait le Parti communiste français d’être téléguidé par Moscou, encore qu’on pouvait penser que même si c’était vrai, les cadres et les élus de ce parti avaient des convictions politiques. Ce n’est pas le cas aujourd’hui pour les candidats de Washington. Leur seul et unique objectif est d’appartenir à l’oligarchie, et pour cela il n’y a pas besoin de compétences particulières, sauf avoir de l’ambition et à travailler à écarter la concurrence. 

 

D’autres exemples de l’absence de démocratie dans les sociétés occidentales c’est la manie du secret et des coups tordus. Les Etats-Unis sont les maîtres en la matière. Dans une société démocratique le secret n’est pas de mise. En effet quel que soit le prétexte pour garder des opérations secrètes, il s’agit toujours d’une manipulation de l’opinion qui fausse  forcément les citoyens dans leur pouvoir de décision politique. Cette question du secret est rarement abordée quand on discute de la démocratie. Elle avait été abordée cependant par Guy Debord dans ses Commentaires sur la société du spectacle[1]. Or elle est centrale pour au moins deux raisons : la première est que les citoyens lors d’une élection ne sont au mieux appelés qu’à se prononcer sur la partie visible de l’action d’un gouvernement, et pas sur la partie cachée de son action. Les médias occidentaux ont mis en scène la mort de Navalny pour dénoncer l’autoritarisme du régime russe. Mais l’affaire Julian Assange, traitée très discrètement par eux, et qui risque des dizaines d’années de prison, a révélé à quel point les Etats-Unis gouvernaient le monde occidental et aussi combien ils ne supportaient pas que leurs petites saloperies soient déballées sur la place publique, exigeant que les Etats vassaux leur livre pour le mettre en prison et faire un exemple. Mais nous savons que ce modèle de démocratie parlementaire a engendré des tentatives de coups d’Etat comme dans l’Italie d’Aldo Moro, ou encore plus récemment le sabotage des gazoducs Nord Stream. C’est-à-dire des entreprises hostiles à ses propres alliés, afin de les rendre encore plus dépendants de Washington. L’opacité de cette forme de démocratie a permis entre autres choses, l’assassinat du président Kennedy, des coups d’Etat ici et là, au Chili, en Ukraine, ou encore en Indonésie. Ces actions d’Etat ne sont jamais avouées, on les apprend par la bande, par des recoupements plus ou moins difficiles. Il y a toute une littérature, des témoignages, qui fascine le public sans que celui-ci ne mette en rapport l’étalage de ces turpitudes avec l’absence de démocratie dans ce  pays.    

Nicolas Sarkozy à son arrivée à la cour d’appel de Paris, vendredi 24 novembre 2023 

Des commentateurs mal intentionnés vous diront que toutes ces tares peuvent être éliminées avec le temps, qu’il suffit de perfectionner le système et de le rendre plus transparent à l’aide de juges spécialisés. C’est une erreur grossière plus le système de la démocratie parlementaire se perfectionne, et plus il resserre ses griffes sur le contrôle social. La démocratie parlementaire permet que le pouvoir se concentre dans les mains de quelques-uns. Et bien entendu c’est cette concentration qui favorise la corruption généralisée. Il ne se passe pas de temps sans qu’une affaire succède à une autre affaire, c’est vrai pour Macron et son gang qui ont trempé aussi bien dans des affaires de prise illégale d’intérêt que de financements illégaux de leur campagne électorale, mais aussi avant lui tous les autres gouvernements. Et Nicolas Sarkozy son sinistre prédécesseur passe depuis dix ans maintenant son temps devant les tribunaux pour solder les comptes de ses turpitudes. Aux Etats-Unis se sont les malversations de Donald Trump qui mobilisent la justice. Egalement les privatisations orchestrées un peu partout dans le monde contre l’avis du peuple et qui consistent à brader le bien public, ont donné lieu à un vaste système de corruption, sans parler des retombées économiques négatives dans les domaines des chemins de fer, des autoroutes, de l’eau ou de l’énergie. Evidemment cela s’est réalisé sans que le peuple soit consulté, depuis l’échec du référendum sur le TCE les politiciens regardent à deux fois avant de se lancer dans cette aventure. Toute cette corruption qui s’étale dans les médias et qui est à peine sanctionnée, n’est pas périphérique au système de la démocratie parlementaire, elle en est le cœur. C’est son but en quelque sorte. 

Reste deux points importants à examiner. D’abord comment est contrôlé le travail législatif du gouvernement dans une démocratie parlementaire. Prenons l’exemple de la réforme des retraites. Le gouvernement fait passer cette loi à coups de 49-3, histoire de museler un parlement déjà complètement atone. La contestation est très forte, près de 80% des Français pensent que cette réforme est mauvaise et inutile. Le peuple manifeste dans la rue, mollement soutenu par les syndicats. Mais la lâcheté des parlementaires fait qu’on laisse sévir la police pour résoudre ce problème d’une manière digne d’une république bananière. La loi étant adoptée, on porte le débat devant le Conseil constitutionnel. Celui-ci se défile honteusement et la loi est entérinée. Mais dans tous les cas le peuple qui est le premier concerné par cette réforme n’est pas consulté. Ce qui suppose, vu le gouffre abyssal entre la position du gouvernement et celle du peuple que celui-ci est considéré comme incapable de penser la question des retraites. On suppose que le peuple se trompe mais que le gouvernement lui ne se trompe pas. Vu l’état de la France en 2024, on peut penser à l’inverse que depuis quarante années c’est le gouvernement qui se trompe en prenant toujours des mesures contre l’intérêt des Français. Le Conseil constitutionnel est en effet à peu de choses près de la même couleur politique que le gouvernement, il n’y a pas de surprise, ce sont de vieux chevaux de retour qui le composent. Mais en réalité un autre problème se pose. Celui de l’existence même du Conseil constitutionnel. D’abord parce qu’une loi peut être nécessaire et largement réclamée par le peuple, mais qu’elle n’est pas permise par la Constitution. Or il ne peut y avoir de démocratie que si les lois peuvent être remises en question. L’idée même de Constitution est contraire à la démocratie. Certes il est prévu de modifier la Constitution mais suivant des règles tortueuses qui sont assez dissuasives et qui de toutes façons excluent le peuple du débat. De la même manière le référendum d’initiative populaire est possible mais avec de telles contraintes qu’il est quasiment impossible à mettre en place si son objet contrarie l’oligarchie. Je disais ci-dessus que la démocratie parlementaire est une parodie, mais on peut ajouter aussi qu’elle est une hypocrisie, contrairement aux régimes autoritaires chinois ou russe.  

L’autre point important est que la démocratie n’a strictement rien à voir avec des droits de l’homme qui seraient figés et défini une fois pour toutes en dehors de la volonté populaire. La question des droits de l’homme est une manière de contourner la mobilité des formes de la société. Autrement dit, c’est une manière de restreindre le choix populaire et décréter en quelque sorte la fin de l’histoire. Mais comme on le sait la démocratie véritable c’est d’abord cette possibilité de changer les lois et les règles de fonctionnement de la société. On se souvient de la sortie emblématique de Jean-Claude Juncker ancien président de la Commission européenne annonçant aux Grecs qu’il ne saurait y avoir de démocratie en dehors des traités européens, et donc que cela ne servait à rien de voter contre les décisions de la Commission européenne ! Autrement dit qu’il existe un pouvoir supérieur à la volonté populaire qui fixe les limites de la démocratie parlementaire. On sait aussi que l’Union européenne intervient directement pour menacer la Pologne ou la Hongrie périodiquement de sanctions sous prétexte qu’ils ne respecteraient pas les droits de l’homme et de la femme. Des imbéciles satisfaits comme Jacques Attali interviennent de manière récurrente pour tenter de faire évoluer le monde vers une gouvernance mondiale fondée essentiellement sur des  experts, débarrassant le monde de la question politique. C’est à dessein que j’emploie le mot de gouvernance qui n’a pas beaucoup de sens en français, mais qui s’oppose clairement au gouvernement pour encadrer les choix politiques de celui-ci. Nous avons déjà parlé de ces organismes multilatéraux qui tentent de s’immiscer dans la gouvernance des nations : ces organismes sont multiformes, ils peuvent toucher au droit international, le domaine de la santé, de la guerre ou celui des normes environnementales. C’est chaque fois un contournement de la démocratie véritable

La démocratie selon Macron 

Une des manières de limiter la démocratie est d’avancer que le monde étant de plus en plus complexe, justement à cause de la mondialisation, il n’est pas possible que le simple citoyen soit capable de saisir tous les enjeux d’une situation donnée. Cette complexité  nécessite l’intervention des  experts. Cela pose plusieurs problèmes. Le premier est assez simple à comprendre, ces experts spécialisés, plus ou moins bien, sont non seulement incapables de saisir la globalité de la trajectoire d’une société, la seconde est qu’ils sont très facilement corruptibles, on l’a vu avec les débats sur le glyphosate ou sur les vaccins contre le COVID. La plupart des résultats qu’ils ont avancés à partir d’études lacunaires, ont été démentis par les faits. Le second point c’est que la taille d’une société qui produit son propre gouvernement dépend du système de production. Bien entendu la démocratie directe n’est pas applicable sur de vastes territoires. Mais justement c’est bien là le problème, la taille des réseaux d’échange de marchandises et de capitaux détermine la taille de la société. Or on a vu que la mondialisation des flux économiques posait des problèmes assez insurmontables. Le premier problème est celui de l’environnement, transporter des marchandises et des hommes aux quatre coins de la planète est destructeur et rend la planète invivable. Il faut être stupide comme un militant d’EELV pour penser que la défense de l’environnement passe par un renforcement des pouvoirs coercitifs de l’Union européenne. Le second est la question de la dépendance. On a vu par exemple que la guerre en Ukraine, démontrait la forte dépendance de l’industrie  européenne au gaz russe. Mais les Européens qui ont un goût prononcé pour le suicide se sont coupés de ce gaz pour passer sous la tutelle du gaz de schiste américain. 

Assemblée générale à la Sorbonne en Mai 68 

Très souvent pour justifier les impasses de la démocratie parlementaire occidentale, on invoque la liberté d’expression, en disant qu’en Chine ou en Russie il y en aurait moins. C’est l’argument simpliste des conservateurs qui avancent que l’état des choses est le meilleur possible malgré les critiques, et qu’ailleurs c’est pire. En vérité les formes de la répression de l’expression publique sont différentes, mais de moins en moins. Prenons le cas de la France depuis l’avènement malheureux de Macron à la présidence de la République, la répression est de plus en plus féroce. Lorsque les Gilets jaunes se sont  emparés de la place publique, on leur a envoyé la milice, éborgnement, arrestation, terreur, nassage. Il s’agissait de terroriser les potentiels contestataires. Les préfets, toujours constants dans leur volonté répressive depuis au moins l’Occupation, ont également pris des arrêtés afin d’interdire les manifestations. Formellement ils n’ont pas pris d’arrêtés d’interdiction, mais ils ont interdit les lieux où ces manifestations pouvaient être massives et gênantes pour le pouvoir. Les Gilets jaunes ont été renvoyés à la périphérie de la société, sortis de toute possibilité de communiquer sérieusement avec le peuple, exclus. On comprend bien que si on autorise une manifestation contre le gouvernement dans les bois ou au sommet du Mont Blanc, cela ne dérangera personne. Mais, cela est de plus en plus évident, dans les démocraties occidentales le contrôle social se réalise autrement, d’abord en produisant une information mensongère et uniforme, filtrée par les médias dominants, contrôlés soit par des milliardaires, soit directement par l’Etat. On a remarqué aussi que la Commission européenne a avancé dans une censure systématique des informations qui ne lui plaisent pas. Quelques exemples suffiront. Lorsque l’armée russe est entrée en Ukraine, l’Union européenne  a interdit la diffusion des médias russes. Or la liberté d’information est censément garantie par la Charte des droits de l’homme adoptée par l’ONU, qu’elle vienne ou non de l’étranger. A l’inverse la Russie n’a pas interdit les médias occidentaux, ni leurs journalistes comme ceux de LCI ou du Monde qui passent leur temps à désinformer leurs clients en rendant compte de la guerre. Cette censure a été testée aussi à propos de la crise du COVID et de l’efficacité du vaccin. Mais la censure passe aussi par le contrôle des réseaux sociaux. « La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J’accuse la censure, disait Victor Hugo. » Or la démocratie n’est pas compatible avec la censure parce qu’elle empêche le dialogue et donc l’exercice des droits des citoyens, donc de leur liberté. Ces dernières années, la censure s’est durcie en Occident, au prétexte de lutter contre la désinformation, autrement dit de présenter une version unilatérale de la réalité sans possibilité de la critiquer. Comme on le comprend le numérique ne sert pas vraiment à accroître le dialogue entre les citoyens, mais seulement à le mieux contrôler et à censurer les voix dissidentes. C’est la rançon du progrès technique. On pourrait même aller plus loin et dire que le développement du progrès technique est contraire à la démocratie et à la liberté d’expression.   

 

La démocratie parlementaire à l’arrogante prétention d’empêcher les conflits au  cœur de la société civile en la rendant immobile dans ses buts, c’est son programme politique. Mais ça ne fonctionne pas, ou ça fonctionne de moins en moins bien. Périodiquement des crises violentes secouent la société. Pour la période récente, en France, on peut citer au moins Mai 68 et encore plus précisément le mouvement des Gilets  jaunes qui posa clairement la question de la démocratie directe en opposition à cette fausse démocratie dite parlementaire. Dans les deux cas le peuple s’assemble, discute, produit des idées de réforme. Ces idées, plus ou moins valables, ne sont pas le produit d’individus séparés ou des partis et des syndicats. Ces dernières formes interviendront toujours tardivement pour tenter de récupérer le mouvement, c’est-à-dire de s’en servir pour accéder au pouvoir, créer une nouvelle oligarchie. Mais durant ce moment on a été surpris par la richesse de ce dialogue et le résultat collectif qui en a été tiré. Après la défaite de Mai 68 la classe politique s’est renouvelée largement avec le Parti socialiste, ou encore des  individus louches comme Dany Cohn-Bendit. Seul le discours avait changé, mais la pratique du pouvoir très peu, seulement à la surface. Mais le divorce entre l’oligarchie et le peuple est maintenant consommé.    

Madrid 2011 

Il vient deux règles pour une démocratie effective ou directe. D’abord elle ne peut s’exercer que sur un territoire relativement étroit et auto-suffisant, ce qui n’exclut pas le commerce et les échanges. Elle est donc incompatible avec l’idée de division du travail et donc avec la mondialisation ou des formes institutionnelles comme l’Union européenne. Ensuite elle ne peut être mise en œuvre que par des populations non-nomades, sédentarisées, c’est évidemment la position inverse de celle des gauchistes, variante échevelée du libéralisme, qui confondent volontiers internationalisme et mondialisation, visant aussi, sans s’en donner les moyens d’ailleurs, à prendre le pouvoir à l’échelle mondiale[2]. On trouve cette idée dans le fonctionnement de la cité grecque[3]. Autrement dit ne participent à la vie de la cité ce qui en acceptent le passé et les mœurs, et non ceux qui pensent bon d’immigrer vers un lieu en important ses propres coutumes. Autrement dit la démocratie réelle est incompatible avec le communautarisme. Ce qui veut dire que les citoyens doivent s’éduquer à leur responsabilité de citoyen. Cela veut dire s’approprier une certaine tradition, l’histoire et la culture d’un territoire de façon  à faire corps avec la collectivité. Il va de soi que ces conditions ne sont pas réunies aujourd’hui. Cependant il faut comprendre une chose importante c’est que la démocratie directe, par son exercice, produit une politique différente de celle qu’on pourrait attendre des individus pris isolément : le peuple dans son assemblée découvre en lui-même des trésors de sagesse. Cependant les mouvements populaires visant à instaurer un régime démocratique, se heurtent à deux difficultés, en dehors de la répression, d’abord le découragement et la peur que le mouvement n’aboutisse qu’à renforcer le pouvoir en place. Ensuite l’habitude de la passivité enfermée dans la consommation d’objets plus ou moins nécessaires. Mais à l’inverse nous voyons dans les grandes occasions un enthousiasme intact pour la chose publique revenir pour bouleverser des habitudes qu’on croyait pourtant solidement ancrées. 

La 4e Assemblée des assemblée des Gilets jaunes a réuni des délégations venues de toute la France le 1er novembre 2019 

L’instabilité récurrente des démocraties parlementaires qui accompagne à la fois la fin de l’hégémonie américaine et la crise économique latente de l’Occident, fait que contrairement à ce qu’on pense, la démocratie directe a de l’avenir. C’est évidemment l’absence de résultats sur tous les plans qui en est la cause. N’oublions pas que les exemples de démocratie directe abondent dans l’histoire, d’abord bien entendu Athènes qui utilisa ce système pendant plusieurs siècles. Plus près de nous on peut parler de la Commune de Paris, des premiers soviets en 1905 ou encore des Conseils ouvriers en Allemagne en 1919. Dans ces derniers cas ils ont été vaincus par la force militaire, et non par une récusation directe du peuple. Ce qui veut dire que la démocratie directe ne s’imposera pas sans une bataille acharnée, quoiqu’elle puisse aussi advenir dans le moment de la débandade des armées du capital. Aujourd’hui cette démocratie directe est réclamée un peu partout dans le monde, et la popularité des Gilets jaunes a débordé les frontières. Il semble que ce soit une tendance lourde de l’humanité que de rechercher d’abord la liberté, et celle-ci passe toujours par l’autonomie des individus


[1] Editions Gérard Lebovici, 1988.

[2] Cette soif du pouvoir explique d’ailleurs pourquoi des partis de dits de gouvernement ont été investis massivement après Mai 68 par des  trotskistes – version Parti socialiste – ou des maoïstes dans la version  néolibérale de la droite atlantiste, par exemple André Glucksmann et son incroyable rejeton.

[3] Cornelius Castoriadis, La cité et les lois, ce qui fait la Grèce, 2, séminaire 1982-1984, Le seuil, 2008.

dimanche 19 mai 2024

Quelques raisons de s’abstenir de voter aux élections européennes

 

C’est le taux d’abstention annoncé pour les élections par les européistes du Mouvement européen France


Les médias se désolent de l’indifférence des Français pour les élections au Parlement européen qui auront lieu le 9 juin prochain. Il se profile d’ailleurs que le premier parti ce ne sera ni le RN, ni encore moins le parti présidentiel, mais l’abstention. C’est habituel pour les élections européennes et plus encore depuis 2022 où pour le second tour des élections présidentielles l’abstention fut énorme. Les médias supposent que cette indifférence provient d’un manque de connaissance ou de culture politique. Et donc qu’il faut raviver la flamme chez l’électeur en l’éduquant afin qu’il vote bien, « voter pour qui vous voulez, mais voter pour l’Europe ». Or si les Français – mais ce sera pareil dans le reste de l’Union européenne – vont s’abstenir massivement c’est qu’ils ont de très bonnes raisons pour ce faire. Une abstention massive sera une sanction, non seulement pour les politiques farfelues que l’Union européenne mène depuis des années, mais également pour l’existence même de cette bureaucratie informe et corrompue au service des oligarchies. L’Union européenne est en faillite sur tous les plans, économique, politique et moral. Ainsi les raisons de s’abstenir sont les même que celles qui nous indiquent que la sortie de l’Union européenne, ou sa dislocation est le préalable à un renouveau de la vieille Europe. Les politiciens qui nous disent depuis quarante ans qu’ils vont œuvrer pour une autre Europe, plus ceci ou plus cela, sont des menteurs. Et d’ailleurs par les temps qui courent, il est difficile d’avoir l’idée d’utiliser une carte d’électeur, même un individu un peu distrait s’en rend naturellement compte. La classe politique française dans son ensemble, de Mélenchon à Marine Le Pen, présente une remarquable homogénéité, ce dont Le monde se réjouissait bruyamment a abandonné l’idée de sortir de l’Europe et de l’euro. En Allemagne l’AfD et le parti de gauche se tiennent un peu mieux et réclament la dissolution de ces deux structures. Meloni en Italie qui dans un premier temps pour se faire remarquer et ramasser des voix, avançait une critique virulente de l’Europe, mais arrivée au pouvoir, elle s’est complètement alignée sur la vision atlantiste de l’Europe, aussi bien sur le plan économique que pour son soutien à la guerre en Ukraine, il est vrai qu’elle a été formée à l’Aspen Institute par les Américains eux-mêmes. L’exemple du parcours de cette dernière est selon moi la preuve que l’évolution de l’Union européenne ne se fait pas d’une manière autonome, mais elle est sous le contrôle de Washington.

L’immobilisme européen


La première raison est que le siège du pouvoir de l’Union européenne n’est pas le parlement, mais la Commission européenne, la Cour de Justice européenne et la Banque centrale européenne. Autrement dit, même si le parlement européen changeait de couleur politique – on ne voit pas comment d’ailleurs – il resterait toujours aussi passif, avalant les couleuvres qu’on voudra bien lui présenter. On se souvient que lorsque l’Union européenne a négocié le CETA, accord de libre-échange avec le Canada dont le but était de faciliter le déversement de produits agricoles de qualité inférieure en Europe, les membres du Parlement européens n’avaient même pas le droit de consulter les documents qui allaient mener à cet accord ruineux. De la même manière quand la Commission européenne – en fait Ursula von der Leyen – négociait l’achat de vaccins contre le COVID, les parlementaires n’ont pas eu accès aux éléments de négociations. Ce n’est même plus de la démocratie parlementaire, c’est une oligarchie bureaucratique qui pour les décisions importantes contourne le Parlement. C’est encore le cas pour ce qui concerne l’interdiction proposée du glyphosate qui donne des cancers et qui pourrit les sols. La puissance des lobbies de ce produit dangereux fait que d’année en année on prolonge son utilisation en contournant les votes du Parlement européen. Comme aux Etats-Unis, le pouvoir dans l’Union européenne a deux faces, une face visible, et une face cachée, dissimulée derrière des secrets plus ou moins avouables. Initialement la CEE qui donnera naissance à l’Union européenne, était composée de six pays, la France l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Ces six pays étaient géographiquement et culturellement proches. Se posait la question d’un approfondissement, qui aurait consisté à rapprocher les systèmes juridiques et sociaux, ou d’un élargissement. L’élargissement vers l’Est, toujours plus à l’Est, avait en fait deux raisons : d’abord accompagner l’OTAN dans sa volonté de conquête vers la Russie afin de l’assiéger et si possible de la démanteler pour mettre la main sur les ressources énergétiques de pays. Ensuite cet élargissement qui débutera avec l’Angleterre imposera peu à peu un modèle néolibéral et multiculturaliste, copié des Etats-Unis, avec privatisations, fausse concurrence et ouverture aux quatre vents.

L’Europe c’est la guerre

Les Européens arment l’Ukraine afin de prolonger le conflit



La seconde raison de ne pas voter est que longtemps l’Union européenne a vendu ses salades en avançant mensongèrement le slogan l’Europe c’est la paix. On trouve encore quelques illuminés du journal Le monde tenter de ranimer ce slogan complètement dépassé. Or il est évident aujourd’hui qu’en avançant vers les pays de l’Est au rythme de l’élargissement de l’OTAN l’Europe c’est la guerre. L’Union européenne est devenue cobelligérante dans la guerre des Etats-Unis contre la Russie. Elle détourne des fonds publics pour alimenter le conflit en Ukraine en laissant croire mensongèrement que l’Ukraine peut gagner la guerre et que la Russie menacerait l’Union européenne elle-même dans ses valeurs. Un simple examen de la situation sur le terrain montre que si la Russie a les moyens d’annexer les oblasts russophones de l’Ukraine, elle n’a pas les moyens d’occuper ce pays dans sa totalité. Il lui faudrait une armée d’occupation de 2 millions de soldats, avec les risques de se heurter à des mouvements de révolté. Et donc la Russie a encore moins les moyens d’attaquer la Pologne et l’Allemagne. Quand Macron et d’autres clowns de même acabit, Josep Borrell, Ursula von der Leyden ou encore Olaf Schoz, nous disent qu’armer l’Ukraine c’est nécessaire à la sécurité de l’Europe, c’est un nouveau mensonge flagrant. Depuis que la Russie a pénétré sur le territoire ukrainien, les politiciens européens dans leur ensemble n’ont strictement fait aucun effort pour tenter de faciliter les négociations entre l’Ukraine et la Russie, mais au contraire ils ont aggravé le conflit en se coupant d’eux-mêmes de la Russie, y compris sur le terrain diplomatique, et encouragé la nation ukrainienne à se suicider. L’Union européenne est ainsi apparue comme vassale des Etats-Unis, sans marge d’autonomie. Pire encore, elle a agi contre les pays de l’Union européenne qui manifestaient des réticences à appliquer des sanctions contre la Russie. L’Union européenne est ainsi devenue en deux ans une forteresse avancée des Etats-Unis dans la guerre qu’ils livrent à la Russie depuis des décennies. Cette vassalisation a été confirmée avec le sabotage par les Etats-Unis des gazoducs Nord Stream. Cet acte de guerre des Etats-Unis contre les pays européens, a été passé par pertes et profits. Autrement dit l’Union européenne en ne demandant pas des comptes aux Etats-Unis a agi contre les pays européens. D’une manière sournoise la Commission européenne dispense maintenant les produits agricoles ukrainiens de taxes à l’entrée. C’est un coup de poignard dans le dos des agriculteurs qui sont déjà en difficulté du fait de la concurrence, mais aussi dans le dos des ménages qui vont subir les produits ukrainiens plus ou moins avariés, comme des poulets congelés depuis des années bradés sur le marché européen. Cette décision a été non seulement prise contre les peuples européens qui l’hiver dernier se sont révoltés de la Pologne au Portugal en passant par la France, mais même contre l’avis des députés du parlement européen !

L’Union européenne et la souveraineté nationale

La souveraineté nationale disparait avec le renforcement de l’Union européenne, c’est vrai pour ce qui concerne les positions guerrières de la Commission européenne envers la Russie, mais c’est aussi vrai dans la fabrication des lois par la Cour de Justice Européenne qui impose une lecture des traités européens toujours dans le même sens néolibéral. Autrement dit, si même nous avions une majorité de députés communistes au Parlement européen, rien ne changerait parce que comme le disait Jean-Claude Juncker à propos des tortures infligées au malheureux peuple grec, « les traités européens sont au-dessus de la démocratie » ! Disons les choses autrement, les traités européens assurent non seulement que la souveraineté nationale n’existe plus, mais pire encore que l’Union européenne, contrairement à ce qu’elle avance, n’a rien à voir dans son fonctionnement avec la démocratie, même cette démocratie parlementaire naine dont on nous vante pourtant les mérites en permanence. Tant que les peuples votent bien, sans remettre en question les lois et les traités imposés par la Commission européenne et la Cour de justice européenne, la démocratie est représentée ! Mais dès que la démocratie s’oppose, même mollement à la Commission ou à la CJE, alors elle disparait ! Si on revient sur le cas Grec, en 2015, pour faire plier Tsipras, outre l’argument des traités, il y en avait un autre auquel on n’a pas prêté attention : la Grèce ne pouvait pas se permettre de se rebeller contre les reste de l’Union européenne, autrement dit face à ce magma mouvant, un pays n’avait aucune chance de faire autrement, à moins de sortir de l’Europe, mais la Grèce était menacée de sanctions financières qui aurait conduit ce petit pays à la ruine. La question est la suivante : quand un pays est menacé comme la Grèce d’une guerre économique et financière, d’un chantage, peut-on encore parler de démocratie ? Je pense que non. La Commission européenne menace en permanence les Etats qui ont la velléité d’exercer un peu leur souveraineté, que ce soit la Pologne ou la Hongrie. C’est une dérive autoritaire qui consiste à détruire le peu qu’il reste de souveraineté des pays membres.

La zone euro est la zone de croissance la plus faible du monde développé


Le programme présenté pour justifier l’introduction de l’euro était de dire que cela engendrerait la prospérité et la croissance. C’est le contraire qui s’est passé. Non seulement la zone euro est la zone de croissance la plus faible du monde développé, mais les pays membres de l’Union européenne ont également une croissance plus forte que l’ensemble des pays de la zone euro, y compris l’Allemagne d’avant la guerre en Ukraine. Non seulement je ne partage pas l’idée selon laquelle la croissance économique est un but en soi et pour soi, mais manifestement l’intégration du marché européen et la monnaie unique sont des échecs à tous les points de vue. Autrement dit plus l’Union européenne s’intègre et plus l’économie européenne s’affaiblit au profit de son suzerain les Etats-Unis. Il y a ici un double mensonge : d’une part en définissant l’idéal de la croissance économique comme un idéal – avec comme corollaire les fantaisies ruineuses du green washing pour la défense de l’environnement – et d’autre part que pour atteindre ce but curieux, la seule voie serait celle du libre marché et de la concurrence libre et non faussée. Cet échec avéré ne condamne p as seulement une politique particulière, mais condamne tout l’édifice sur lequel elle est bâtie. Elle aboutit à la destruction de l’ensemble des services publics, le cas est flagrant en France où pour s’aligner sur la stupidité des orientations politiques de la Commission européenne, on a liquidé les acquis du CNR. Plus rien ne fonctionne correctement, l’éducation, manque de profs, faibles salaires, mauvaises conditions de travail et la peur d’affronter les classes, la santé, la France qui avait un des meilleurs systèmes de santé du monde est en train de devenir un désert médical, les chemins de fer, la France est le pays de l’Union européenne qui investit le moins dans le rail par tête d’habitant, et, conséquence de la concurrence débridée qui était censée faire chuter les prix, l’énergie est maintenant hors de prix.

La course aux places

Deux agents américains en discussion, Mikael Saakashvili et Raphaël Glucksmann



Les élections au Parlement européen sont à peine une parodie de démocratie. Mais un certain nombre de politiciens s’activent pour tenter d’obtenir quelques postes bien rémunérés et peu contraignants. C’est pourquoi on remarque que les candidats aux élections européennes sont d’une grande médiocrité, je veux dire encore plus grande que les politiciens à la stature nationale. Macron a l’art consommé de choisir des imbéciles confirmés pour conduire la liste de son parti. C’est Valérie Hayer, celle-là même qui avançait au mois de mai 2024 que c’étaient les services secrets de Poutine qui pour nous nuire – car les Russes sont mauvais par essence – avaient introduit massivement des puces de lit à Paris ! C’est cette même stupide personne qui se pisse dessus dans les meetings qu’elle anime. Le Parlement européen est en quelque sorte le lieu où on recycle ceux qui n’ont pas d’avenir au niveau national, une sorte de voie de garage pour ceux qui ont rendus des services. Avant Valérie Hayer, c’était Nathalie Loiseau qui représentait le parti présidentiel, elle s’est faite remarquée par sa stupidité, elle avait fait un faible score, mais il semble que Valérie Hayer va la surpasser puisque le parti de Macron est promis à une déroute électorale. Ces deux femmes finiront dans les poubelles de l’histoire, avec certainement la quasi-totalité de la classe politique européenne. Le Parti socialiste totalement décomposé s’en remet à l’aventurier Raphaël Glucksmann, agent des Etats-Unis et farouche va-t-en-guerre qui s’occupe plus de travailler à entretenir la guerre en Ukraine que des problèmes bien réels des Européens. Je ne parle pas des autres partis, mais c’est un peu la même chose, la campagne se fait sans enthousiasme ni conviction.

Comment lire les résultats du 9 juin


Il s’agit de lire les scores des différents partis en fonction de leur audience dans la société française. Le refus de voter qui est motivé à la fois par le fait que les électeurs se méfient des différents partis dans la course aux places et par le rejet de la structure de l’Union européenne au-dessus des nations ne sera pas une simple indifférence aux affaires de la cité. Notez que si l’abstention est de 50%, il faudra diviser par deux le score de chaque partie : on donne le RN à 32% des votants, ce qui veut dire que ce parti touchera effectivement 16% du corps électoral, on ne pourra pas parler de triomphe. La liste de la malheureuse Valérie Hayer ferait 17% des votants, soit 8,5% du corps électoral, et la liste de la FI conduite par Manon Aubry ferait 7,5%, soit 3,75% du corps électoral. C’est bien maigre que tout cela, et il sera bien difficile de dire que ces députés qu’on enverra au Parlement européen représenteront autre chose qu’eux-mêmes. Il sera difficile de parler de démocratie dans ce type d’exercice.

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