mardi 25 juin 2024

Les paradoxes du général de Gaulle

  

L’appel du 18 juin 1940 est le symbole de la Résistance 

Il est de bon ton aujourd’hui de se réclamer du général de Gaulle, même chez ceux qui, comme Macron ou Sarkozy n’ont aucun rapport avec ses idées, notamment sur les questions de souveraineté de la France. Le général de Gaulle est un des tout-derniers politiciens français d’envergure, si ce n’est le dernier. C’est un fait d’évidence, tant le personnel politique français s’est vautré dans la médiocrité, continuant ainsi le travail commencé avant la guerre, puis poursuivi activement par Pétain et son gang. Il avait montré du courage sur le terrain militaire, puis en s’obstinant à défendre la France, face aux vichystes et face aux ambitions américaines qui rêvaient de s’entendre avec Pétain, puis Giraud, pensant faire ainsi de la France une nouvelle colonie. Les Américains y sont arrivés finalement, mais ça a pris du temps, il aq fallu que la classe politique française, de droit comme de gauche, y collabore. Ce fut définitif et officiel quand Sarkozy se flatta devant George Bush qu’on l’appelle Sarkozy-l’américain.

De Gaulle était un bon stratège, par exemple en développant cette idée, contre les anglo-saxons d’ailleurs, de se servir de l’Empire français pour partir à la reconquête du pays martyrisé par les Allemands. Même si la France Libre était faible sur le plan militaire, elle participa cependant clairement à la libération de la France, contrairement à la légende post-pétainiste qui voudrait laisser croire que les Français n’ont dû leur libération du joug nazi et pétainiste que par la grâce du débarquement américain. A la Libération, il lutta pied à pied contre les tenants d’une économie globalisée sous la houlette des Etats-Unis qui mettaient déjà en place le carcan européen par l’intermédiaire de ses agents comme Jean Monnet. L’inconséquent Pierre Mendes-France, chouchou de la seconde gauche, c’est-à-dire la droite molle avec un faux nez, démissionnera du premier gouvernement de Gaulle parce qu’il soutenait que les réformes sociales, applications du programme du CNR, mèneraient la France à l’abîme. Ce médiocre politicien pensait que cela amènerait de l’inflation et donc que d’abord il faudrait mettre en place un programme violent d’austérité avant que de faire des réformes sociales. Il se trompait très largement. Et à ce moment là on peut dire que de Gaulle était plus à gauche que Mendes-France[1]. 

Le 4 juin 1958 de Gaulle lance sa fameuse phrase : « Je vous ai compris »

Cependant le parcours de de Gaulle, s’il a bien été celui d’un souverainiste convaincu, n’a pas été dépourvu d’errements et d’ambiguïtés. La première ambiguïté de taille est son rapport justement à l’Empire. D’un côté il avait souligné très tôt l’importance de l’Empire pour la reconquête, mais de l’autre il s’efforça de s’en débarrasser au plus tôt. Et cela commença d’ailleurs dès les années quarante quand le général Catroux fit avancer au Levant la cause de l’indépendance du Liban et de la Syrie en échange d’un soutien à la France Libre contre Pétain et son gang. Puis, encore plus curieusement, il n’intervint pas dans la question indochinoise, supposant que la guerre contre le vietminh était perdue, mais considérant que c’était « le prix du sang à payer pour que la France redevienne la France » ! Il laissa à Mendes-France la tâche de signer une paix aussi hâtive que catastrophique. Il n’est pas question pour moi de dire que l’indépendance n’était pas une réalité nécessaire, puisqu’il est normal que les peuples puissent être maîtres de leur destin. Mais simplement de contester d’une part la faiblesse de l’engagement en Indochine et l’évacuation précipitée de la France. Curieusement les errements de la France en Indochine ne servirent pas de leçons pour résoudre la question algérienne. Mais cette fois de Gaulle en fut responsable au moins pour une grande partie. Là encore je ne conteste pas l’idée d’indépendance, mais la manière dont de Gaulle l’a conduite. À l’origine de ce désastre, il y a une tromperie. C’est le fameux « je vous ai compris » prononcé à Alger devant une foule pourtant enthousiaste et qui pensait avoir contribué à son retour au pouvoir un mois plus tôt. Mais outre la tromperie, deux fautes graves ont plombé la politique algérienne du général. D’abord le fait d’avoir remis les pouvoirs politique et de police au FLN, ensuite d’avoir évacué les Pieds-Noirs dans la  honte et la précipitation. 

Le 14 décembre 1965 : « on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : “L’Europe, l’Europe, l’Europe” 

Sur le plan économique et social, de Gaulle, après son retour au pouvoir en 1958, s’entoura de représentants très louches de la banque. Je n’ai jamais compris pourquoi. Pompidou venait de chez Rothschild, il n’avait pas participé à la Résistance, il haïssait ce que les pétainistes appelleront le « résistancialisme », et il accorda sa grâce à Paul Touvier, chef de la milice lyonnaise qui, à ce titre avait les mains couvertes de sang, ce qui déclencha un scandale dans le pays. On l’a oublié, mais c’est Pompidou qui commença le démantèlement de la Sécurité Sociale, au nom de l’Europe ! Les manifestations massives en 1967 contre cette dérive étaient un prélude à Mai 68. C’est également Pompidou qui fit entrer les Anglais dans ce qui allait devenir l’Union européenne, et on sait que les Anglais, avant de quitter ce bateau ivre, travaillèrent pour faire en sorte que l’Union européenne ne devienne qu’une colonie des Etats-Unis, préférant l’élargissement toujours plus large vers l’Est à un approfondissement des règles, mais aussi à fixer les orientations néo-libérales avec les conséquences néfastes que l’on sait. Mais il n’y avait pas que Pompidou aux côtés du général, il y avait aussi Valéry Giscard D’Estaing, fils de collaborateur et porte-voix des milieux de la finance, et avant lui le banquier Jacques Rueff qui militait pour imposer un modèle libéral en France. Il ne faut pas s’étonner si ce désordre déboucha sur Mai 68, la plus grande grève générale de l’histoire de France, et aussi sur le fait que dans le parti du général de Gaulle les gaullistes historiques étaient plus que minoritaires, la critique du résistancialisme avait d’ailleurs comme un des buts de saper l’aura du général de Gaulle. La preuve de cette dérive restera la trahison de Jacques Chirac qui, au lieu de soutenir Jacques Chaban-Delmas, candidat naturel des gaullistes historiques, pour les élections présidentielles de 1974, apporta son poids électoral à Valéry Giscard d’Estaing, avant un peu plus tard de trahir celui-ci. 

 

De Gaulle avait un art consommé de la comédie, il maitrisait parfaitement la télévision. Il savait être grave et drôle tour à tour. C’était un acteur de grand talent, et aucun de ses successeurs n’est arrivé à ce niveau de communication. Cette maitrise du jeu d’acteur lui permettait d’en imposer à ses interlocuteurs, y compris aux Américains qui dès les années quarante traitaient la France comme un paillasson, une sorte d’Ukraine d’aujourd’hui qu’on pouvait manipuler facilement à son avantage. Il avait aussi compris le premier l’intérêt qu’il y avait à s’introduire à des heures de grande écoute dans le foyer des Français. Il avait à la fois ce côté familier et rassurant, et en même temps cette distance qui lui donnait de l’autorité, même aux communistes qui ne se gênaient pas pour le critiquer dans ses orientations sociales, ils avaient encore beaucoup de poids ç cette époque, et en 1965 ils aidèrent Mitterrand à le mettre en ballotage pour l’élection présidentielle. Ceux qui n’avaient pas d’argent pour avoir un poste de télévision allaient l’entendre dans les bars, ou dans la rue, à la devanture des magasins de télévision qui retransmettaient gratuitement les propos du général. A la description de ce phénomène, on se rend compte de cette ambiguïté, ce mélange de modernité et d’archaïsme qui finira par s’évanouir en 1968. 

 

Mais cela n’évite pas de faire le bilan. Comme on le voit, si la politique du général de Gaulle, elle ne fut pas aussi lamentable que celle de ses successeurs, elle ne fut ni ferme, ni rectiligne. Elle ne s’épargna pas les errements multiples. Je passe volontiers sur les coups de canif qu’il donna dans la gestion des libertés individuelles, certes il ne fut pas un apprenti-dictateur à la Macron, ne serait-ce que parce qu’il décida de partir lorsqu’il se sentit désavoué par les Français lors du référendum malheureux de 1969. C’était à l’origine un homme de droite, catholique, un militaire de carrière. Puis les évènements le feront évoluer, l’épreuve de la Résistance lui donnera une conscience plus précise de ce qu’est le peuple dans sa diversité. Mais il restera malgré tout un homme de droite, assez peu capable de dépasser ses réflexes de classe, sauf par intermittence. Même si son souverainisme lui permit de préserver un petit peu des intérêts de la France, sa méconnaissance de l’économie le brida dans sa volonté de rechercher la grandeur et l’éloigna du peuple français. Il avait composé d’ailleurs avec des ennemis de la France comme Jean Monnet qu’il appelait à juste titre « l’agent des Américains » mais qu’il nomma pourtant Commissaire général au Plan, ce qui lui laissa beaucoup de temps et lui facilita ses manœuvres tordues pour créer par des jeux de couloir ce qui allait devenir l’Union européenne. Pourtant de Gaulle savait que Jean Monnet était un homme très louche, louvoyant et manipulateur, n’est-ce pas celui-ci qui avait proposé stupidement en son temps une « fusion » entre la France et l’Angleterre ? 

« La prospérité de notre communauté européenne est indissolublement liée au développement des échanges internationaux. Notre Communauté contribuera à régler les problèmes d’échange qui se posent dans le monde.... Nous sommes déterminés à rechercher sans délais dans des conversations directes, les moyens de mettre en œuvre l'intention déclarée du gouvernement britannique d’établir l’association la plus étroite avec la Communauté. Nous sommes convaincus que nous pouvons envisager une collaboration étroite et fructueuse avec les États-Unis, qui depuis la proposition faite par Monsieur Schuman le 9 mai 1950, nous ont donné des preuves répétées de leur sympathie active.... Mais, nous ne sommes qu'au début de l'effort que l'Europe doit accomplir pour connaître enfin l'unité, la prospérité et la paix. », écrivait Jean Monnet en 1950

La référence à la tutelle des Américains dont Jean Monnet était l’obligé, a au moins ici d’être directe. Melnik le confirmera, Jean Monnet et le pétainiste Robert Schuman travaillaient bien pour les Etats-Unis et aujourd’hui on peut encore s’étonner que ces traitres à la patrie voient encore leurs noms attachés à des avenues, des Universités ou des Lycées. 

 

Pour les plus jeunes qui ne le savent pas Robert Schuman, autre père putatif de l’Union européenne, était un ancien pétainiste, collaborateur des Allemands et qui aida énormément d’anciens nazis à se recycler justement dans les sphères des travailleurs de l’ombre qui projetaient la construction européenne comme une prolongation de l’Empire américain. Comment de Gaulle a pu tolérer dans son entourage des gens qui non seulement le haïssait, mais qui ne travaillaient que pour l’étranger ? Certaines décisions du général de Gaulle, notamment sur le plan de l’économie et du social sont régulièrement expliquées par ses origines bourgeoises. Cependant, même en s’étant entouré de libéraux comme Jacques Rueff par exemple, il ne remit jamais en cause les nationalisations, comme les liquidateurs qui lui succéderont et en 1968 il lança l’idée de la participation. Je crois qu’il ne comprenait pas beaucoup de choses à l’économie, et il se laissait séduire par les beaux parleurs qui lui promettaient les joies de l’équilibre budgétaire et de l’austérité, compatibles avec sa rigueur de la discipline militaire. À l’inverse on a bien du mal à comprendre pourquoi des économistes bourgeois comme Jacques Rueff, restaient dans son ombre, alors qu’il était un anti-keynésien convaincu. Pensait-il finir par convaincre de Gaulle des bienfaits de la logique des marchés et de la mondialisation ? Jacques Rueff avait épousé une filleule du Maréchal Pétain, mais surtout il était membre de la Société du Mont Pèlerin, boutique destinée à la promotion de la mondialisation et du marché. C’était aussi un européiste et il siégea un long moment à la Cour de Justice Européenne. il faut rappeler que Rueff combattait entre les deux guerres justement l’idée d’un système d’allocation chômage, il perdit évidemment ce combat douteux puisque le CNR imposa exactement l’inverse et cela fut validé par de Gaulle. 

 

Le monde faisait déjà dans les années soixante la réclame pour la déréglementation en mettant en valeur Jacques Rueff et Louis Armand 

Autour de de Gaulle on retrouvera d’autres personnages louches, dont Maurice Papon qui sera finalement condamné pour son rôle actif dans la déportation des Juifs. Papon était une petite main de la collaboration active dans la région bordelaise. Au-delà de la déportation des Juifs pour le compte des Allemands, il s’occupa de répression policière, notamment la sanglante répression du métro Charonne le 8 février 1962 qui fera une dizaine de morts et des centaines de blessés. Cette manifestation interdite était dirigée contre l’OAS et contre ceux qui voulaient garder l’Algérie à la France. Cet épisode sera pour beaucoup dans le début de divorce des Français d’avec le général de Gaulle. Le 13 février la riposte du PCF et de la CGT sera massive et spectaculaire, elle démontrait que ces deux organisations, si elles soutenaient la politique gaulliste en Algérie, elles posaient des limites claires au pouvoir gaulliste. 

Le cortège du 13 février 1962 

Après la fin de l’Algérie française, de Gaulle va se retrouver face à une contestation sociale de plus en plus puissante jusqu’en 1968. Cette contestation s’incarnera en 1965 dans le soutien de la gauche à la candidature de François Mitterrand pour l’élection présidentielle. Puis dans les très mauvais résultats du parti gaulliste en 1967 aux élections législatives, obligeant celui-ci à s’appuyer plus encore sur les « Indépendants » de Valéry Giscard d’Estaing, un parti représentant la droite affairiste et européiste. De Gaulle du affronter ensuite Mai 68. Il hésita un long moment entre la répression brutale et la réforme. Il choisit finalement la réforme en développant l’idée de la participation, idée qui condamnait le capitalisme sans limite, sans aller toutefois à une forme de cogestion. En 1969, il eut la curieuse idée d’un référendum sur la régionalisation de la France. Ce référendum présente en effet une décentralisation qui se fera tout de même sous l’impulsion des européiste et qui affaiblira peu à peu le pouvoir central face d’un coté à Bruxelles qui est maintenant l’essentiel des lois françaises, et de l’autre aux baronnies locales qui voient l’explosion de leurs dépenses et de leurs bureaucraties. Mais en vérité ce référendum posait la question du maintien ou non du général de Gaulle au pouvoir. Lui-même le voyait ainsi, c’est pourquoi on a parlé à son égard de suicide politique. Il perdra cette élection et se retirera. Sa défaite fut en sous-main menée par l’européiste Valéry Giscard d’Estaing qui avait hâte d’éliminer le vieux général pour faire avancer sa carrière. 

 

Evidemment de Gaulle ce n’était pas Macron qui vient bêtement d’annoncer que quel que soit le résultat des élections législatives de juin-juillet 2024, il resterait au pouvoir. De gaulle avait tout de même un peu plus de dignité que l’histrion qui se trouve aujourd’hui à l’Elysée. Mais Macron n’a en vérité aucune estime pour lui-même et aime se vautrer dans l’ignominie et la honte d’exister. Que reste-t-il aujourd’hui du général ? Rien dans les partis politique. Le monde qui est d’une stupidité effarante appelle encore Les Républicains « le parti gaulliste ». Tous les partis qui sont représentés à l’Assemblée nationale ou au Sénat ont accepté la tutelle des Etats-Unis, de l’OTAN et de Bruxelles. Et pour cela ils se sont alignés plus ou moins sur les positions étatsuniennes et otaniennes de la guerre à la Russie. Mais de Gaulle avait pourtant montrer le chemin de l’indépendance. Il est vrai qu’il savait ce que valaient les Américains qui durant la Seconde Guerre mondiale préféraient soutenir Pétain ou Giraud que lui-même. Il avait compris le coût de cette servitude quand ils essayèrent d’imposer l’AMGOT dans notre pays. Et donc il affronta directement les Etats-Unis et provoqua le départ des bases de l’OTAN, sortant du commandement intégré. On retrouvera cette même idée d’indépendance dans son discours de Phnom Penh du 1er septembre 1966 qui rompait avec la vision occidentale de la guerre du Vietnam. 

  

Comme on le comprend, de tout cela il ne reste rien aujourd’hui, en dehors d’un vague souvenir, de ces positions souverainistes sur le plan international. Une des raisons est que la classe politique française s’est peu à peu soumise, de la gauche comme de la droite, à Washington. Cela fut acté par Sarkozy qui signa le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. En juin 2024, aucun des partis politiques français susceptibles d’avoir des élus à l’Assemblée nationale ne revendique la sortie de l’OTAN, et encore moins celle de l’Union européenne. Sur le plan social, à gauche comme à droite, on ne dit rien de la participation. Bien entendu les idées de de Gaulle sur la participation étaient tout à fait timide, mais la gauche d’aujourd’hui est en deçà de ces propositions. Une des leçons qu’on peut retenir du général de Gaulle c’est au moins que sans souveraineté de la France, rien n’est possible dans ce pays. Récemment on a vu le journal Le monde, antigaulliste historique, avancer que si le Rassemblement National avait la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, il ne pourrait pas exercer son pouvoir parce que ses mesures se heurteraient de front à la fois au Conseil constitutionnel et aux traité européens[2]. Autrement dit que quel que soit le désir des Français de changer de politique, ce serait impossible ! Le Figaro, le journal de la droite européiste, affairiste et cosmopolite, avance à peu près la même chose pour le Nouveau Front Populaire[3]. Ce qui signifie que la politique n’appartient pas aux Français, mais aux institutions opaques qui gouvernent  à leur place. 


[1] Mendes-France resta quelques mois au pouvoir, juste le temps de liquider l’Indochine au profit des Américains qui s’y installeront.

[2] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/19/legislatives-2024-en-cas-de-victoire-du-rn-les-mesures-d-urgence-promises-par-jordan-bardella-seraient-delicates-a-mettre-en-uvre_6241220_823448.html

[3] https://www.lefigaro.fr/vox/politique/legislatives-une-victoire-du-front-populaire-ou-du-rassemblement-national-ne-renversera-pas-la-table-20240621

mardi 18 juin 2024

Le Nouveau Front Populaire au bord de l’explosion


Les partis de gauche avaient rapidement bricolé un petit programme et s’étaient mais d’accord pour se répartir les circonscriptions. Cela avait été bien fait tactiquement, mettant entre parenthèses les querelles qui fâchent. Même Hollande et Hidalgo avaient finalement approuvé cette union. J’avais été surpris, connaissant la gauche institutionnelle à se saborder régulièrement. C’était sans compter la stupidité native de Mélenchon et de son clan. En pleine préparation des élections législatives qui auront lieu dans moins de deux semaines, la FI a décidé de ne pas investir un certain nombre de députés sortant, dont Raquel Garrido, Alex Corbières, Danielle Simonet. Le crime de ces gens-là est d’avoir eu des mots critiques sur la façon peu démocratique dont est conduite « la démocratie » au sein de ce parti. Mélenchon et Bompard ont décidé de faire des exemples. Le moins qu’on puisse dire est que le moment est particulièrement mal choisi. La gauche dans son ensemble pouvait figurait honorablement dans ce scrutin, sans espérer gagner toutefois. Mais les saboteurs en ont décidé autrement.  Mélenchon et son gang ont décidé de se montrer aussi sectaires que des macroniens en perte de vitesse. Cela a entrainé des tensions au sein de cette coalition, Roussel et Tondelier pointant le fait que Quatennens condamné pour violences conjugales était investi, et les autres restaient sur le carreau. Cette stupidité mélenchonienne va avoir des conséquences car il est très probable que les non-investis se présentent tout de même pour tenter de préserver leur siège, ce qui ajoutera encore à la confusion. Clémentine Autain qui n’a pas été touchée par la purge s’en est vivement pris à cette manœuvre mesquine. « L’extrême droite est aux portes du pouvoir, un rassemblement inédit vient d’être constitué à gauche, et LFI décide de fracturer notre mouvement et d’affaiblir le rassemblement » a-t-elle avancé. La manœuvre politicienne de Mélenchon va dans le sens des désirs de Macron qui pensait que la gauche n’arriverait pas uni aux législatives qu’il a précipitées. Ceux qui croient que la gauche peut arriver au début de l’été au pouvoir et qui craignent les outrances catastrophiques de Mélenchon, peuvent être rassurés. Il n’en sera rien. Dans son message sur X, François Ruffin a réagi plutôt violemment : « Je ne vous ai demandé aucune investiture, aucune autorisation. Je ne suis pas passé sous les fourches caudines de votre bêtise, votre sectarisme. Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l’impudence d’avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous. » Ce qui sous-entend, que pour refonde un jour la gauche dans ses prétentions à gouverner il faudra se séparer de la vérole du clan Mélenchon. A l’évidence plus le temps passe et plus la FI se décompose. On savait les hommes politiques plutôt stupides, mais la FI dépasse à peu près tout.On peut compléter ce genre de stupidité avec la candidature de Hollande en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Il ne manque pas d’air, après avoir tuer le PS, amené Macron au pouvoir, le voilà qu’il essaie de se faire passer pour un homme du peuple[1] ! Est-il idiot ? Cherche-t-il à aider Macron en faisant exploser l’union de la gauche ? Hollande est en effet un répulsif aussi violent que Mélenchon pour les électeurs de gauche. On a vu revenir sur le devant de la scène politiques, les vieux chevaux de retour comme Lionel Jospin ou Jean-Marc Ayrault, des médiocres qui ont tout raté et qui ont fait le lit de Macron. Toutes ces magouilles d’appareil dans la précipitation sentent franchement mauvais et le sabotage. 

 

L’imbécilité de Mélenchon va susciter évidemment des candidatures dissidentes, mettant en mauvaise posture les autres partis de gauche qui seront plus ou moins obligés de se taire parce que l’accord qu’ils ont signé laisse le champ libre à chaque parti de désigner qui il veut dans les circonscriptions qui leur sont dévolues. Tactiquement c’est ce qui pouvait arriver de mieux pour Macron qui a toujours compter sur la stupidité de la gauche pour se maintenir sachant qu’au second tour cette gauche-là viendra toujours à son secours pour « vaincre le péril fasciste ». Régler ses comptes mesquinement au moment où les élections arrivent très vite, c’est non seulement mettre le Nouveau Front Populaire en difficulté, mais préparer du même coup la scission au sein de la FI après la défaite. C’est encore pire que chez les écologistes. Cette fantaisie mélenchonienne va se prolonger parce qu’il est à peu près certain que les exclus de la FI vont se présenter tout de même aux élections comme candidats dissidents et qu’en plus les autres partis de gauche vont certainement les soutenir. Déjà que la cote de Mélenchon dans l’opinion n'était pas bien haute, il est à parier qu’elle va encore chuter.

Venons-en au programme proprement dit. La droite de Macron à Bardella tire sur le programme du Nouveau Front populaire, arguant que celui-ci sera trop dispendieux. Ce programme prétend abroger la réforme des retraites, augmenter le SMIC, ou encore l’abrogation de la réforme du chômage. La droite hurle en disant que cela couterait 260 milliards d’euros. Je n’ai pas refait les calculs, je pense que ce serait moins, mais pour bien comprendre que ces hurlements ne sont pas en phase avec la réalité, il faut se souvenir que 260 milliards c’est le coût des subventions versées aux entreprises ! Cette somme peut être donc facilement trouvée en augmentant par exemple l’impôt sur les très gros patrimoines et en diminuant les subventions indues. Quand évidemment on entend les macroniens dirent que ce programme va alourdir la dette publique, c’est carrément cocasse, eux qui ont augmenté radicalement la dette de plus de 1000 milliards d’euros en 7 ans, un record sous la Cinquième république. La droite hypocrite a attribué bêtement la chute du CAC40 à cette annonce, alors que la chute de la Bourse a commencé le jour même où Macron a annoncé la dissolution. Cette affirmation est d’autant plus malvenue que tout le monde du coté de la corbeille s’accorde pour dire que le CAC40 est très largement surévalué, dopé justement par l’endettement massif de l’Etat qui durant la crise du COVID a balancé sur le marché des milliards d’euros sans contrepartie. Pour sauver l’économie, affirmait il y a encore quelques jours le médiocre Bruno Le Maire. Je ne vais pas entrer dans le détail des autres mesures sur la nécessité de restaurer les services publics qui se sont considérablement délabrer depuis au moins le mandat de Sarkozy. Ce sont généralement des mesures de bon sens. Tant que la gauche présente des mesures de ce type, elle est crédible, malheureusement elle est plus friable sur le reste, les problèmes internationaux ou de société

  

La partie sur l’international est bien plus problématique. C’est une soumission très nette à la vision otanienne et européiste. Le programme intègre la nécessité de « défendre l’Ukraine et la paix sur le continent européen »« Nous défendrons indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières », en particulier « par la livraison d’armes nécessaires », est-il écrit. Il est donc exclu que si cette union arrivait au pouvoir elle cesse d’entretenir la guerre contre la Russie et qu’elle s’oriente vers des processus sérieux de négociation. Cette partie du programme satisfait Raphaël Glucksmann l’agent des Américains qui a comme mission de pousser à la guerre et au fédéralisme européiste. Sur la guerre entre le Hamas et Israël, ils ont rejeté les fautes sur les deux parties en même temps. Les partis composant le Nouveau Front Populaire se sont mis d’accord pour « agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont [ils rejettent] le projet théocratique ». Ils demandent également « la libération des prisonniers politiques palestiniens ». Ce positionnement montre que dans le premier cas on n’adopte un point de vue tranché et dans le second un point de vue qui se veut plus nuancé. C’est un recul de la FI sur ce point, la FI qui il y a quelques semaines encore brandissait le drapeau palestinien dans l’hémicycle. C’est compenser par la volonté de reconnaitre un Etat palestinien. 

A défaut de s’unir dans une relative harmonie et de masquer ses divisions, la gauche a manifesté samedi dernier, avec toujours la même rengaine usée jusqu’à la corde du barrage contre le fascisme. Ces manifestations ne masqueront pas les divisions, et les lacunes du programme, et dans un certain sens préparent le slogan pour le second tour du barrage, ce sur quoi compte évidemment Macron pour s’en sortir. A Marseille Bompard a défilé sous les sifflets des Marseillais qui entendaient ainsi critiquer son attitude face aux députés sortants écartés. Les slogans sur la Palestine ou encore sur la régularisation des sans-papiers, sont évidemment des repoussoirs qui favoriseront également la montée en puissance du RN. Tant que la gauche restera sous la menace des extravagances de Mélenchon, elle ne s’en sortira pas. Les derniers sondages donnent un tassement des intentions de vote en faveur de la gauche, laissant la voie libre au Rassemblement National. A vrai dire la gauche n’est pas la seule force politique qui est tactiquement hors sujet. Jordan Bardella, alors que tout le monde lui prédit une course sans obstacle, n’arrête pas de revenir sur les quelques mesures dites sociales qu’il y avait dans son programme, l’abolition de la réforme des retraites, ou encore la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. C’est une grave faute tactique, parce que ces mesures auraient pu lui valoir une certaine bienveillance des électeurs de gauche pour le second tour. 



Manifestation à Marseille avec les mêmes slogans déconnectés de la réalité


[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/15/francois-hollande-candidat-aux-elections-legislatives-en-correze-parce-la-situation-est-grave-le-ps-prend-acte-de-son-investiture_6240419_823449.html

jeudi 13 juin 2024

Et à nouveau le barrage comme l’extrême-droite ! Leçons de tactique politicienne

 

Macron a gagné la première manche de la dissolution, il a emmené parfaitement le débat sur son terrain, celui du barrage contre l’extrême-droite. Fort d’un bilan des plus lamentables sur tous les plans, économique, sociale et diplomatique, il prétend arriver à ce qu’on n’en parle pas et qu’on en revienne au seul sujet qui lui permet depuis 2017 de vivoter avec une impopularité record, l’idée selon laquelle l’extrême-droite serait pire que la droite-extrême. Les médias dominants, comme l’ensemble de la classe politique, se tiennent à l’idée éculée selon laquelle la priorité c’est de faire barrage au RN. Précisons tout de suite que je ne vote pas pour le RN, ni aujourd’hui, ni demain. Mais par contre je ne crois pas que ce parti soit pire que celui de Macron. Ce qui me révolte c’est cette idée selon laquelle Macron et son gang seraient un moindre mal. Rien n’est plus faux. Macron qui a gouverné à coups de matraques et de 49-3 est l’exemple même d’un gouvernement préfasciste en actes.

Cette idée selon laquelle l’unique priorité serait d’empêcher le RN de gouverner a de nombreux défauts : le premier est d’éviter à la gauche de s’efforcer de présenter un programme attrayant, le second est d’apporter une caution indirecte aussi bien à Macron qu’à l’Union européenne. Sur le plan tactique la gauche et l’extrême-gauche sont en réalité sur le même terrain que Macron : la priorité n’est pas de discuter du bilan législatif de celui-ci et de son gang mais seulement d’empêcher le RN de gouverner. Si je regarde le bilan de ce médiocre, il a détruit tout ce qu’on pouvait détruire des avancées sociales du CNR, abaisser le niveau du salaire réel, matraquer toute contestation, et on ne voit guère ce que pourrait faire de pire le RN une fois installer au pouvoir. 

Les manifestants contre l'extrême droite réunis Place de la République à Paris le 10 juin 2024 

On a vu la jeunesse décervelée, remontée comme un coucou, manifester dès le premier jour de l’annonce de la dissolution contre le RN, supposé plus fasciste que Macron. La mobilisation est  cependant restée très faible, il faut remarquer qu’elle a été surtout alimentée par la jeunesse issue de l’immigration qui a peur. C’est d’une grande bêtise, comme on l’a vu avec Meloni en Italie, l’immigration n’a jamais été aussi haute que sous son mandat, alors qu’elle promettait l’inverse. Mais cela a l’avantage de ne pas être trop exigeant avec le programme. Comme on le comprend tant que la gauche idiote ferraillera avec le RN elle oubliera Macron et validera le fait qu’il est encore le dernier rempart contre le fascisme, c’est comme ça depuis 2002. Il n’est pas certain que la gauche n’en sorte pas laminée d’une telle tactique aussi stupide. Les partis de gauche sont tous dans le déclin, au dbut des années quatre-vingts, ils faisaient au moins la moitié de l’électorat, aujourd’hui, ils plafonnent à 22%. A la hâte les bureaucrates de ces partis ont bricolé une union de la gauche entre le PS, le PC, la FI, les EELV. Le but de cette alliance est de sauver des postes essentiellement et de masquer leurs divergences, sur la guerre en Ukraine, l’Europe ou l’écologie. Cependant des voix se sont élevées déjà pour trahir cette logique politicienne et donc pour soutenir indirectement Macron. En tête de cette volonté de trahir, nous trouvons l’agent des Américains, Raphaël Glucksmann, ce qui ne nous étonne pas. C’est en effet le plus compatible à gauche avec Macron. Ce pitre a posé ses conditions, comme si les 7% d’électeurs qui se sont ralliés sur son nom le 9 juin dernier, cautionnaient cette prétention extravagante. Parmi les exigences on trouve, d’abord le soutien à la guerre en Ukraine et les dépenses d’armements. Mais pour montrer combien il est décalé de la réalité sociale française, ce pitre a avancé le nom de Laurent Berger comme premier ministre[1]. Berger, traitre de profession, honni de la gauche en dehors des cadres du PS, était devenu, après son mandat à la CFDT durant lequel il a signé toutes les régressions sociales, plus ou moins banquier pour le Crédit Mutuel, un petit fromage bien payé pour services rendus au patronat. Mais Glucksmann qui est un médiocre tacticien n’a pas compris qu’il n’aurait pas le temps de saboter l’union de la gauche qui se met en place[2]. La raison de cette incompréhension est que les élections législatives ce seront 577 élections locales et non un duel pour ou contre Mélenchon. Pour tenter de sauver Macron, ce qui semble être son véritable but, il agite Mélenchon qui est effectivement à cause de son imbécilité et de ses retournements de veste devenu un épouvantail. 

Cette erreur, plus ou moins voulu, est reprise par le nain de la politique Bernard Cazenave. Du haut de son mètre cinquante, celui-ci fait semblant de croire qu’il a encore un rôle à jouer dans la vie politique française au motif qu’il fut un éphémère premier ministre[3]. C’est de sabotage dont il s’agit. « Plutôt Macron que le Front Populaire » serait le slogan de ces deux imbéciles. L’idiot écrit sur son compte X : « L’extrême-droite menace gravement l’unité et la concorde nationale. Il faut pour l’affronter de la clarté sur les valeurs et de la sincérité dans les convictions. Le rassemblement de la gauche de gouvernement ne peut pas se faire avec LFI. Sauf à tout trahir de l’héritage de Blum ». Pour sauver l’héritage de Blum, il faut donc briser l’union de la gauche et faciliter le travail de Macron. N’oublions pas que Cazenave a cohabité avec Macron dans le gouvernement formé par le lamentable Hollande[4]. Il fait partie des fossoyeurs du PS. La voix de Cazenave ne sera certainement pas entendue, malgré l’aide de la presse, personne sait qui il est, et la plupart des Français ne se rappellent même plus qu’il ait été premier ministre.

 

Raphaël Glucksmann semble avoir compris que taper sur l’union de la gauche ne rapportera rien du tout et surtout le classera à droite comme un supplétif de Macron, le désignera aux yeux de l’opinion comme un saboteur. Il a donc fait machine arrière et dit que lui aussi il était pour l’union de la gauche ! D’autant que tout le monde sait que le relativement bon score de Glucksmann est dû à un siphonage des voix macronistes qui pour les législatives ne voteront pas pour le PS, et donc si celui-ci veut des députés, il faut bien faire l’union. Seulement Glucksmann qui croyait que son relativement bon score du 9 juin allait le positionner comme un leader incontournable de la gauche a raté son coup, la dissolution et ses conséquences bouleversantes – l’union de la gauche qui s’est faite sans lui – la renvoyé dans l’ombre d’où il n’aurait jamais dû sortir ! Comme on le voit la gauche à l’heure actuelle a deux repoussoirs qui l’empêchent d’espérer un succès en 2024, d’un côté gauche l’imprévisible Mélenchon qui changent d’avis comme de chemise, et du coté droit Glucksmann qui est haï par les communistes et la FI pour ses positions atlantistes et guerrières. Mais malgré tout cette nouvelle union de la gauche, rebaptisée Front populaire est en passe de réussir son pari et se trouverait selon les derniers sondages en deuxième position devant les macroniens totalement largués. Si à droite la dynamique se fait autour de Bardella, elle est aussi évidente à gauche. De là à penser que cette union de la gauche new-look peut arriver à obtenir une majorité pour gouverner, c’est encore un peu juste. Car à droite l’alliance autour de Bardella a une marge de manœuvre importante, il y a un pas important. Une étude du CEVIPOF montrait que les réserves de voix constituées par les abstentionnistes étaient très favorables à Bardella[5]. La campagne électorale sera tellement courte – tant mieux pour nous – qu’il n’y aura pas le temps de peaufiner une stratégie et d’aller tirer les sonnettes pour draguer l’électeur. 

 

Cependant ces querelles internes à la gauche ne sont pas essentielles dans le moment que nous vivons. En effet la question centrale est la suivante : qu’est-ce qui pourrait empêcher le RN d’arriver au pouvoir ? A la vue des sondages et selon toute apparence, rien ! D’autant que ce que n’avait pas prévu Macron c’est le ralliement d’Éric Ciotti au RN. Or même si la tendance macronienne des LR demande qu’on fasse encore le barrage, cette alliance permettra de rallier quelques députés qui manqueraient au RN pour avoir une majorité. Les Républicains qui étaient déjà en voie de disparition et s’apprêtaient pour cela à rejoindre Macron, peuvent bien crier, mais Ciotti connait très bien son électorat, et il a compris que la dissolution de l’Assemblée nationale ne serait pas favorable à Macron. Il passe logiquement dans le camp de la victoire. Il avait déjà lancé des petits appels du pied en ce sens il y a déjà au moins deux ans. Les journaux qui ont soutenu Macron depuis 2017 d’une manière ou d’une autre s’en donnent à cœur joie pour cracher sur Éric Ciotti, de Libération au Monde, ils parlent tous de ce ralliement comme d’une honte. Mais pourquoi serait-il plus honteux de rallier Bardella en échange d’un maroquin que Macron quand on s’appelle Renaud Muselier ? Comme on le voit les médias dominants qui croient avoir encore une influence sur l’électorat, montrent que pour eux Macron est « moins pire » que Bardella ! Macron reprendra cette idée en associant Ciotti avec le Diable, avançant qu’il aurait passé « un pacte avec le Diable » ! A quand un exorciste pour faire revenir ce dissident à de meilleures intentions ? Après le ralliement d’Éric Ciotti, celui de Marion Maréchal qui a officialisé son divorce d’avec Éric Zemmour, rend de plus en plus probable une victoire de Bardella aux législatives qui arrivent : « Sa stratégie est inacceptable et c'est une triple faute »[6]. Cette ébauche d’une union des droites ne semble pas avoir été anticipée par Macron. Elle est cependant à double tranchant parce qu’elle risque aussi d’éloigner certains électeurs qui allaient vers Marine Le Pen qui tenait un vague discours social. Incidemment. Enfin on peut dire que la reddition de Marion Maréchal signe probablement la fin des aventures politiques du couple Éric Zemmour-Sarah Knafo. Notez que l’annonce de Ciotti se ralliant au Rassemblement National a déjà fait ses effets dans les derniers sondages, et propulse le RN à 35% des voyants, le système devrait d’ailleurs amplifier ce résultat vers une majorité absolue[7]. Dans ce même sondage on constate aussi un tassement des intentions de vote en faveur du parti de Zemmour. Et ce tassement devrait s’amplifier dans les jours qui viennent, annonçant l’effondrement du parti de Zemmour. Les choses vont encore changer avec le ralliement de François-Xavier Bellamy qui affirme qu’il fera son coming-out pour le deuxième tour des législatives !

 

En vérité les arguments contre Bardella sont complètement éculés et hypocrites. Les médias veulent à tout prix qu’il corresponde au portrait qu’ils en ont fait paresseusement, une sorte de loup déguisé en mouton qui viserait à installer un régime illibéral. Pourtant l’exemple de la Meloni en Italie devrait les rassurer. Il y aurait cependant de vraies bonnes raisons à avancer de ne pas voter Bardella au lieu de ressortir l’idée qu’il incarnerait un fascisme d’opérette. Pour ma part il y en a au moins trois excellents : d’abord un attachement à l’Union européenne et à l’euro, avec un revirement sur cette question après 2017 comme on le sait ; le second est la position pour le moins ambigüe du RN sur la guerre en Ukraine, en condamnant l’action de la Russie, Bardella rejoint la logique de l’OTAN, comme toute la classe politique d’ailleurs, même si lui refuse pour l’instant d’envoyer encore des armes en Ukraine. Et puis bien sûr il y a le programme économique et social peu clair, avec notamment un autre revirement sur la question de la réforme des retraites[8]. La furieuse atlantiste du journal Le monde, attaquait Bardella sous un autre angle. Elle ne le trouve pas assez atlantiste, pas assez guerrier vis-à-vis de la Russie[9], elle craint qu’il freine les dépenses d’armement pour appuyer la guerre contre Poutine. Formée elle-même aux Etats-Unis, elle aimerait plus de fermeté dans le soutien, elle ne lui fait pas confiance. Elle préférerait sans doute Glucksmann ou Macron pour conduire une coalition militaire contre Poutine pour reconquérir la Crimée et éventuellement démanteler la Russie ! Le biais par lequel elle l’attaque sournoisement est le suivant : vu que Bardella a par le passé salué l’action de Poutine, et donc puisqu’elle qualifie Poutine de dictateur par contamination de la pensée, Bardella est aussi un dictateur potentiellement ! Elle préfère se contenter d’un Olaf Scholz qui malgré le désaveu des électeurs, entend rester au poste et continuer à alimenter la guerre en Ukraine. Mais enfin comme les électeurs qui se déplaceront pour voter RNB ne lisent pas Le monde, et que ceux qui lisent ce malheureux journal voteront plutôt Macron ou Glucksmann, tout cela n’a pas une grande importance. D’ailleurs les médias sont tellement discrédités que plus ils nous disent qu’il ne faut pas voter pour le RN, et plus on a envie de le faire ! 

 

La question la plus importante est celle-ci. En supposant que Bardella obtienne une majorité suffisante, ce qui nous parait très possible, pourra-t-il gouverner ? Rien n’est moins sûr, même si encore quelques députés des LR vont le rejoindre encore. Dès qu’il proposera une loi, il va se heurter directement au Conseil d’Etat et au Conseil constitutionnel qui sont les vrais législateurs dans notre pays, qui disent quelles lois sont bonnes et quelles lois sont mauvaises, interdites au nom du bloc de constitutionnalité ou d’incompatibilité avec les traités européens. Certains pensent qu’il peut faire passer des lois – par exemple sur l’immigration – par référendum. Sauf que le président de la République, Macron, peu ou non mettre son véto. Le pays sera-t-il ingouvernable ? Nous sommes donc entrés dans une zone d’instabilité politique qui risque de déboucher sur des évènements violents, que ceux-ci viennent du peuple des banlieues ou des soutiens du RN. Cette situation ne pourra probablement pas se dénouer avant les élections présidentielles de 2027. On prête l’idée à Macron de démissionner et de se représenter conformément à la loi puisqu’il n’aura pas fait deux mandats de cinq ans. Certes il peut compter sur l’appui du Conseil constitutionnel pour valider ce tour de passe-passe. Mais cramé comme il l’est aujourd’hui, ça ne peut pas être couronné de succès, qui ira encore voter pour un imbécile qui a semé autant le chaos y compris dans son propre camp. D’autres pensent qu’il se réserverait pour devenir président d’une Europe fédéraliste si les circonstances allaient dans ce sens. Mais là encore cette hypothèse me semble infondée, les Européens se méfient de lui, les Allemands ne l’aiment pas, et ses échecs répétés à l’international ne plaident pas pour lui, d’autant que la France apparait affaiblie, aussi bien consécutivement à l’action de Macron qu’à cause de la montée du RN. 

Pour ajouter à la confusion Mélenchon qui se croie encore un destin a proposé ses services pour être premier ministre si la gauche l’emportait ! Ce n’est même pas que les Français ne veulent pas de lui, mais il ne semble pas comprendre que la gauche, y compris au sein de la FI, n’en veut plus de lui, tant il est devenu un repoussoir. Quoiqu’il dise quoi qu’il fasse, il agace. Il n’est d’ailleurs pas le seul. Lui aussi se trouve maintenant dans la perspective du combat de trop. Il semble vouloir se positionner pour que quelqu’un d’autre de la FI ne le fasse à sa place, même s’il affirme que la discussion se fera en son temps sur le meilleur candidat à ce poste ! Comme on le voit la classe politique est en surchauffe !! Ces pitreries seraient assez drôles si elles ne monopolisaient pas le devant de la scène et beaucoup trop de notre temps.

 

 

Premier bilan de la dissolution

 

Cette dissolution, comme toutes celles qui l’ont précédées, engendre une recomposition de la classe politique. D’abord elle va mettre un certain nombre d’hommes politiques sur la touche. Le premier d’entre eux est Macron qui en créant ce choc s’est définitivement grillé. Que Macron soit un imbécile sans scrupules prêt à tout pour se maintenir, on le savait déjà, le pire c’est qu’autour de lui il y ait des crétins capables de l’approuver, Le monde donnait les noms de ces conseillers peu connus Jonathan Guémas, Pierre Charon, le traitre de compétition Bruno Roger-Petit ou Clément Léonarduzzi. Ces imbéciles, peu connus qui méritent en effet de rester dans l’ombre, n’ont pas, semble-t-il, tiré les leçons de la dissolution actée par Jacques Chirac sous l’influence du peu perspicace Dominique de Villepin. Il est tellement cramé qu’Edouard Philippe ne veut pas que ses troupes se rangent sous la bannière du président de la République veut faire apparaitre le sigle Horizon[10] ! Macron n’est pas seulement dévalorisé sur le marché politique intérieur, il l’est aussi à l’international. Dans la foulée on va probablement être débarrassé du médiocre Bruno Le Maire qui aura tout raté de son passage au ministère de l’économie.

Le second grand perdant c’est Mélenchon qu’ouvertement la gauche ne veut plus voir avec ses sortie histrionesques. Dans cette même charrette on peut mettre aussi Zemmour qui est lâché par ceux-là mêmes qu’il avait débauchés à grand frais pour tenter de prendre la place de Marine Le Pen. Certes leur sort était déjà celé, mais la dissolution accélère ce mouvement inéluctable.

Le troisième grand perdant est Glucksmann. Il voudrait construire une « gauche » à la manière américaine, mais une fois les macroniens partis, après les élections législatives, il va se retrouver bien seul. Rien que d’avoir proposé Laurent Berger comme premier ministre, montre à quel point il ne connait rien de la vie politique française.

Enfin Les Républicains que les journalistes imbéciles du Monde s’obstinent à appeler le parti gaulliste, vont aller vers leur dissolution, ou plutôt vers une scission, Ciotti emportant le gros morceau des élus, de l’argent et des militants. Là encore on pourrait dire que cette fracture était en gestation en 2017, depuis l’élection de Macron. Mais la dissolution accélère encore le mouvement.

Il est difficile à ce stade de trouver quelques politiciens qui dans cette affaire ont marqué des points, en dehors de François Ruffin qui, s’il veut avoir un avenir présidentiel comme il le pense lui-même doit éviter de s’impliquer du côté de l’islamo-gauchisme, de la Palestine, ou encore contre la Russie. Certes il a été un peu plus prudent que les autres qui se trouvent directement dans l’entourage de Mélenchon, sur ces terrains, mais il lui reste du chemin à faire. Anciennement très hostile à l’Union européenne, il doit faire un effort vers la sortie.

 

Gauche-droite le retour

 

Le plus important est sans doute que la parenthèse Macron une fois refermée, nous allons revenir à un nouveau clivage gauche-droite plus marqué qu’éaujourd’hui. Macron et les journalistes qui le suivaient bêtement, prétendaient à se maintenir au centre, masquant ainsi que c’était un pouvoir de droite-extrême axé sur la casse sociale et la volonté d’accélérer la montée des inégalités, utilisant des méthodes douteuses pour faire passer ses contre-réformes. La droite va maintenant s’organiser autour du RN et de Bardella. Elle va donc se radicaliser, si ce durcissement porte seulement sur les questions d’immigration massive, elle aura l’opinion avec elle, on fait confiance à la gauche pour faire entendre une voix immigrationniste dont les Français ne veulent plus. Mais elle va butter rapidement sur le programme économique et social, incapable de développer des idées pour plus de justice et d’égalité, et aussi probablement pour redresser la barque en ce qui concerne la santé, la sécurité et l’éducation. Il est donc à parier que la gauche va revenir rapidement sur le devant de la scène. Les tendances pour plus d’égalité sont très fortes dans notre pays. Mais la gauche qui reviendra ne sera pas à l’image de la seconde gauche, façon Hollande, Blair, DSK ou Rocard. Elle s’est trop discréditée en amenant au pouvoir les deux derniers présidents de la République.

Ce retour d’un affrontement gauche-droite, classique si on veut, va cependant se heurter aux errements de la gauche en matière d’immigration, de laïcité et d’intégration européenne et otanienne, et à ceux de la droite en matière d’économie et de social ce qui veut dire qu’au-delà des bouleversements politiciens immédiats nous allons vivre sans doute une très longue période d’incertitude et d’instabilité.

 

PS : Avez-vous remarqué que dès qu’on nomme Attal quelque part ça foire ? Ministre de l’éducation nationale pendant quinze jours, Premier ministre pendant trois mois, le voilà promis au chômage à très brève échéance, pour lui aussi sa carrière politique aura été brève ! 


[1] https://actu.orange.fr/politique/legislatives-anticipees-raphael-glucksmann-dit-oui-a-une-union-de-la-gauche-mais-pose-ses-conditions-magic-CNT000002e7eb5.html

[2] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/11/la-gauche-se-met-d-accord-sur-un-nouveau-front-populaire-pour-les-elections-legislatives_6238588_823448.html

[3] https://www.leparisien.fr/elections/legislatives/legislatives-bernard-cazeneuve-et-julien-dray-tirent-a-boulets-rouges-sur-le-front-populaire-11-06-2024-2OHCOAM77FHCXDZOW4Y52XJKPA.php

[4] Je ne veux pas trop insister sur ce louche personnage, avocat d’affaires, défenseur d’Arcelor Mittal, etc. Il est aussi en bon social-traitre un soutien de l’OTAN.

[5] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/03/elections-europeennes-les-abstentionnistes-un-reservoir-de-voix-pour-le-rn_6237016_823448.html

[6] https://www.jeanmarcmorandini.com/article-574430-regardez-la-declaration-choc-de-marion-marechal-et-de-3-eurodeputes-qui-fait-exploser-le-parti-d-eric-zemmour-en-s-opposant-frontalement-a-lui-sa-strategie-est-inacceptable-et-c-est-une-triple-faute.html

[7] https://www.tf1info.fr/elections/video-elections-legislatives-anticipees-decouvrez-notre-sondage-exclusif-a-trois-semaines-du-scrutin-2303517.html

[8] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/12/elections-legislatives-2024-jordan-bardella-revient-sur-la-promesse-du-rn-d-abroger-la-reforme-des-retraites-s-il-parvient-au-pouvoir_6238949_823448.html

[9] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/12/qu-on-ne-s-y-trompe-pas-s-il-venait-a-gouverner-le-rn-renouerait-avec-son-adn-diplomatique-celui-de-la-complaisance-avec-les-autocrates-et-de-la-fascination-pour-la-grande-russie_6239030_3232.html

[10] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/13/legislatives-2024-edouard-philippe-revendique-davantage-d-autonomie-pour-horizons_6239420_823448.html 

lundi 10 juin 2024

Elections européennes, dissolution et après ?

  

Pour analyser les résultats des élections européennes, il faut diviser en deux chapitres. Sur le plan général d’abord, de l’ensemble de l’Union européenne, malgré les annonces alarmistes de la presse main stream, le pouvoir de la Commission européenne ne changera pas. Le monde avançait avec soulagement que le bloc européiste qui va des sociaux-démocrates au PPE en passant par les verts et Renew Europe, sortait renforcé, ce qui veut dire que Ursula von der Leyen va probablement être reconduite. Une nouvelle fois on va agiter les peurs de l’extrême-droite et du fascisme. Mais en réalité c’est bien d’immobilisme qu’il faut parler. Ce bloc européiste va continuer la même politique de démantèlement des acques sociaux, de soutien à l’Ukraine pour complaire aux Américains, et ce n’est pas la fourbe Meloni qui s’y opposera. Au-delà de ce résultat en termes de parlementaires inutiles à Strasbourg, il faut retenir deux choses : d’abord le fait qu’à l’échelle des 27 pays qui compose l’Union européenne, c’est bien l’abstention qui est le premier parti, en France c’est près d’un électeur sur deux qui n’e s’est pas dérangé pour cette farce. Certes la participation à légèrement augmenté, mais cela provient de deux facteurs : d’une part la volonté de sanctionner dans leurs pays les dirigeants – c’est le cas en Allemagne et en France – et d’autre part à une montée du vote pour des candidats plus ou perçus comme souverainistes. C’est encore très visible en France, aussi bien avec le vote pour la liste emmenée par Bardella, qu’en Allemagne, avec les listes AfD et BSW emmenée par Sarah Wagenknecht.  


Le cas français est cependant un peu particulier, d’abord parce que c’est le RN qui arrive en tête et de très loin et que la liste présidentielle s’est effondrée. L’effondrement des macroniens, incompétents en tout et sur le reste d’ailleurs profite largement à la liste emmenée par l’agent des Etats-Unis, Raphaël Glucksmann. Sans l’effondrement des macroniens, emmenée par la crétine Valérie Hayer, cette liste de bras cassés, de bellicistes aurait fait encore moins. Si on considère que la liste de Glucksmann et celle des EEVL ne sont que des listes de droite avec un faux-nez, il est remarquable de voir que la gauche est carrément en voie de disparition du paysage électoral. La FI qui a fait sa campagne sur la guerre entre Israël et le Hamas, arrive en tête de la gauche, mais avec une telle abstention, elle n’a rassemblé derrière elle qu’à peine plus de 4,5% du corps électoral, soit rien du tout, et peut être encore moins. A l’évidence les partis de gauche qui prétendent parler au nom du peuple font figure de repoussoir. Ce n’est pas en se déchirant, et en présentant des programmes décousus où se mêlent bêtement le soutien à la Palestine, un antisémitisme daté et une russophobie indécrottable, et une défense de l’immigration sans frein qu’elle retrouvera un public. Le logiciel est usé jusqu’à la trame. La droite ordinaire, celle qui est représentée par Macron et ses supplétifs de Les républicains, est complètement dans les choux. Tournant autour de 20%, soit 10% en rapportant le nombre de voix à celui des électeurs inscrits, elle est totalement désavouée elle aussi. Seul le RN peut se féliciter de son score. On remarque d’ailleurs que les sondages ont été plutôt corrects dans l’ensemble. On peut faire encore un autre décompte, et remarquer que 93% des électeurs inscrits n’ont pas voté pour le parti présidentiel !

 

Dans cette situation extraordinairement confuse, c’est un Emmanuel Macron totalement usé, amaigri et fatigué, la perruque mal posée, qui est apparu à la télévision – il ne peut pas s’en empêcher – pour annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon un sondage secret – mais tout le monde semble le connaitre – qui date à ce qu’on croit de la fin de l’année 2023[1], les prochaines législatives laissent entrevoir une majorité parlementaire pour le Rassemblement National. La victoire du 9 juin ne peut qu’amplifier ce résultat. Macron ne peut pas l’ignorer et donc sa dissolution équivaut à transmettre le pouvoir législatif à Marine Le Pen. Même en appelant à faire le barrage comme à son habitude, Macron ne peut que perdre ses élections législatives, même si les partis de gauche se montreront une fois de plus complaisants à son endroit. On a vu Manuel Bompard déjà anticiper le mouvement en disant que la gauche devait être unie pour battre le RN ! Ruffin aussi se laissera piéger par ce discours. Les conseillers de Macron ont dû penser qu’en imposant des législatives aussi rapidement ils empêcheraient que la gauche s’unisse et donc qu’ils arriveraient à imposer dans un maximum de cas des duels entre le RN et Renaissance, ce qui permettrait d’en appeler au fameux barrage et de se trouver en position de former une majorité avec LR et Glucksmann. Mais cette vision n’est guère en phase avec la réalité. Les Français n’en peuvent plus de Macron et d’Attal. Ils préféreront tout à Macron et son gang plutôt que de les reconduire pour qu’ils continuent à massacrer le pays. La deuxième hypothèse est que Macron et son gang préparent en réalité 2027, pensant que d’ici là le RN s’usera au poste de premier ministre. Mais les gangsters autour de Macron ne sont pas des fins stratèges et n’ont pas vraiment compris qu’ils n’étaient pas là grâce à leur talent, mais plutôt à l’appui des médias des oligarques.

 La presse a déjà choisi son camp et dans l’ensemble juge que le pari de Macron est risqué car il risque d’amener par « des voies démocratiques », ne riez pas, le Rassemblement National au pouvoir. Autrement dit, puisque les voies démocratiques risquent d’amener le Rassemblement National au pouvoir, il est bon de supprimer la « démocratie » ou du moins de ne pas l’utiliser pour le moment[2] ! Mais puisque Macron a eu tort de prendre le risque de dissoudre, il faudra lancer la campagne sur le thème tout sauf le Rassemblement National. L’idée serait de faire en sorte que les Insoumis qui sont assez détestés dans le pays passent plus de temps à combattre le RN que Macron lui-même, le faisant apparaître comme une solution « moins pire ».

La situation est un peu semblable en Allemagne où le chancelier Scholz subit une défaite, la plus lourde que le SPD a pu enregistrer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Y’aura-t-il ici aussi des élections législatives anticipées ? C’est ce que demandent les conservateurs, encore que ceux-ci aient à peu près la même politique en ce qui concerne l’économie et la guerre en Ukraine. En Allemagne, comme en France encore, les écologistes payent très chers leurs errements, notamment dans leur engagement belliciste pour poursuivre une guerre sans fin contre la Russie. Cependant la poussée de ce qu’on appelle l’extrême-droite en Europe risque de rendre plus difficile la poursuite d’un soutien très actif et agressif à l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Les scores sont élevés en Autriche, mais encore en Hongrie.

Parmi les conséquences des élections européennes, on constate que les cours de la bourse plongent un peu partout en Europe la chute est plus sévère en France. Après le déclassement de la dette française, la bourse de Paris sanctionnait la politique économique de Macron, considérant qu’elle est à l’origine de la débâcle électorale du 9 juin 2024. Mais ces élections montrent une tendance très nette à l’instabilité en Europe, et c’est ce qui explique que l’euro a chuté le 10 mai face au dollar.



[1] https://www.linternaute.com/actualite/politique/5459290-sondage-legislatives-l-etude-secrete-qui-donne-le-rn-majoritaire/

[2] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/10/elections-europeennes-apres-le-coup-de-tonnerre-le-coup-de-poker-d-emmanuel-macron-selon-la-presse_6238454_823448.html

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