lundi 10 juin 2024

Elections européennes, dissolution et après ?

  

Pour analyser les résultats des élections européennes, il faut diviser en deux chapitres. Sur le plan général d’abord, de l’ensemble de l’Union européenne, malgré les annonces alarmistes de la presse main stream, le pouvoir de la Commission européenne ne changera pas. Le monde avançait avec soulagement que le bloc européiste qui va des sociaux-démocrates au PPE en passant par les verts et Renew Europe, sortait renforcé, ce qui veut dire que Ursula von der Leyen va probablement être reconduite. Une nouvelle fois on va agiter les peurs de l’extrême-droite et du fascisme. Mais en réalité c’est bien d’immobilisme qu’il faut parler. Ce bloc européiste va continuer la même politique de démantèlement des acques sociaux, de soutien à l’Ukraine pour complaire aux Américains, et ce n’est pas la fourbe Meloni qui s’y opposera. Au-delà de ce résultat en termes de parlementaires inutiles à Strasbourg, il faut retenir deux choses : d’abord le fait qu’à l’échelle des 27 pays qui compose l’Union européenne, c’est bien l’abstention qui est le premier parti, en France c’est près d’un électeur sur deux qui n’e s’est pas dérangé pour cette farce. Certes la participation à légèrement augmenté, mais cela provient de deux facteurs : d’une part la volonté de sanctionner dans leurs pays les dirigeants – c’est le cas en Allemagne et en France – et d’autre part à une montée du vote pour des candidats plus ou perçus comme souverainistes. C’est encore très visible en France, aussi bien avec le vote pour la liste emmenée par Bardella, qu’en Allemagne, avec les listes AfD et BSW emmenée par Sarah Wagenknecht.  


Le cas français est cependant un peu particulier, d’abord parce que c’est le RN qui arrive en tête et de très loin et que la liste présidentielle s’est effondrée. L’effondrement des macroniens, incompétents en tout et sur le reste d’ailleurs profite largement à la liste emmenée par l’agent des Etats-Unis, Raphaël Glucksmann. Sans l’effondrement des macroniens, emmenée par la crétine Valérie Hayer, cette liste de bras cassés, de bellicistes aurait fait encore moins. Si on considère que la liste de Glucksmann et celle des EEVL ne sont que des listes de droite avec un faux-nez, il est remarquable de voir que la gauche est carrément en voie de disparition du paysage électoral. La FI qui a fait sa campagne sur la guerre entre Israël et le Hamas, arrive en tête de la gauche, mais avec une telle abstention, elle n’a rassemblé derrière elle qu’à peine plus de 4,5% du corps électoral, soit rien du tout, et peut être encore moins. A l’évidence les partis de gauche qui prétendent parler au nom du peuple font figure de repoussoir. Ce n’est pas en se déchirant, et en présentant des programmes décousus où se mêlent bêtement le soutien à la Palestine, un antisémitisme daté et une russophobie indécrottable, et une défense de l’immigration sans frein qu’elle retrouvera un public. Le logiciel est usé jusqu’à la trame. La droite ordinaire, celle qui est représentée par Macron et ses supplétifs de Les républicains, est complètement dans les choux. Tournant autour de 20%, soit 10% en rapportant le nombre de voix à celui des électeurs inscrits, elle est totalement désavouée elle aussi. Seul le RN peut se féliciter de son score. On remarque d’ailleurs que les sondages ont été plutôt corrects dans l’ensemble. On peut faire encore un autre décompte, et remarquer que 93% des électeurs inscrits n’ont pas voté pour le parti présidentiel !

 

Dans cette situation extraordinairement confuse, c’est un Emmanuel Macron totalement usé, amaigri et fatigué, la perruque mal posée, qui est apparu à la télévision – il ne peut pas s’en empêcher – pour annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon un sondage secret – mais tout le monde semble le connaitre – qui date à ce qu’on croit de la fin de l’année 2023[1], les prochaines législatives laissent entrevoir une majorité parlementaire pour le Rassemblement National. La victoire du 9 juin ne peut qu’amplifier ce résultat. Macron ne peut pas l’ignorer et donc sa dissolution équivaut à transmettre le pouvoir législatif à Marine Le Pen. Même en appelant à faire le barrage comme à son habitude, Macron ne peut que perdre ses élections législatives, même si les partis de gauche se montreront une fois de plus complaisants à son endroit. On a vu Manuel Bompard déjà anticiper le mouvement en disant que la gauche devait être unie pour battre le RN ! Ruffin aussi se laissera piéger par ce discours. Les conseillers de Macron ont dû penser qu’en imposant des législatives aussi rapidement ils empêcheraient que la gauche s’unisse et donc qu’ils arriveraient à imposer dans un maximum de cas des duels entre le RN et Renaissance, ce qui permettrait d’en appeler au fameux barrage et de se trouver en position de former une majorité avec LR et Glucksmann. Mais cette vision n’est guère en phase avec la réalité. Les Français n’en peuvent plus de Macron et d’Attal. Ils préféreront tout à Macron et son gang plutôt que de les reconduire pour qu’ils continuent à massacrer le pays. La deuxième hypothèse est que Macron et son gang préparent en réalité 2027, pensant que d’ici là le RN s’usera au poste de premier ministre. Mais les gangsters autour de Macron ne sont pas des fins stratèges et n’ont pas vraiment compris qu’ils n’étaient pas là grâce à leur talent, mais plutôt à l’appui des médias des oligarques.

 La presse a déjà choisi son camp et dans l’ensemble juge que le pari de Macron est risqué car il risque d’amener par « des voies démocratiques », ne riez pas, le Rassemblement National au pouvoir. Autrement dit, puisque les voies démocratiques risquent d’amener le Rassemblement National au pouvoir, il est bon de supprimer la « démocratie » ou du moins de ne pas l’utiliser pour le moment[2] ! Mais puisque Macron a eu tort de prendre le risque de dissoudre, il faudra lancer la campagne sur le thème tout sauf le Rassemblement National. L’idée serait de faire en sorte que les Insoumis qui sont assez détestés dans le pays passent plus de temps à combattre le RN que Macron lui-même, le faisant apparaître comme une solution « moins pire ».

La situation est un peu semblable en Allemagne où le chancelier Scholz subit une défaite, la plus lourde que le SPD a pu enregistrer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Y’aura-t-il ici aussi des élections législatives anticipées ? C’est ce que demandent les conservateurs, encore que ceux-ci aient à peu près la même politique en ce qui concerne l’économie et la guerre en Ukraine. En Allemagne, comme en France encore, les écologistes payent très chers leurs errements, notamment dans leur engagement belliciste pour poursuivre une guerre sans fin contre la Russie. Cependant la poussée de ce qu’on appelle l’extrême-droite en Europe risque de rendre plus difficile la poursuite d’un soutien très actif et agressif à l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Les scores sont élevés en Autriche, mais encore en Hongrie.

Parmi les conséquences des élections européennes, on constate que les cours de la bourse plongent un peu partout en Europe la chute est plus sévère en France. Après le déclassement de la dette française, la bourse de Paris sanctionnait la politique économique de Macron, considérant qu’elle est à l’origine de la débâcle électorale du 9 juin 2024. Mais ces élections montrent une tendance très nette à l’instabilité en Europe, et c’est ce qui explique que l’euro a chuté le 10 mai face au dollar.



[1] https://www.linternaute.com/actualite/politique/5459290-sondage-legislatives-l-etude-secrete-qui-donne-le-rn-majoritaire/

[2] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/10/elections-europeennes-apres-le-coup-de-tonnerre-le-coup-de-poker-d-emmanuel-macron-selon-la-presse_6238454_823448.html

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