mardi 18 juin 2024

Le Nouveau Front Populaire au bord de l’explosion


Les partis de gauche avaient rapidement bricolé un petit programme et s’étaient mais d’accord pour se répartir les circonscriptions. Cela avait été bien fait tactiquement, mettant entre parenthèses les querelles qui fâchent. Même Hollande et Hidalgo avaient finalement approuvé cette union. J’avais été surpris, connaissant la gauche institutionnelle à se saborder régulièrement. C’était sans compter la stupidité native de Mélenchon et de son clan. En pleine préparation des élections législatives qui auront lieu dans moins de deux semaines, la FI a décidé de ne pas investir un certain nombre de députés sortant, dont Raquel Garrido, Alex Corbières, Danielle Simonet. Le crime de ces gens-là est d’avoir eu des mots critiques sur la façon peu démocratique dont est conduite « la démocratie » au sein de ce parti. Mélenchon et Bompard ont décidé de faire des exemples. Le moins qu’on puisse dire est que le moment est particulièrement mal choisi. La gauche dans son ensemble pouvait figurait honorablement dans ce scrutin, sans espérer gagner toutefois. Mais les saboteurs en ont décidé autrement.  Mélenchon et son gang ont décidé de se montrer aussi sectaires que des macroniens en perte de vitesse. Cela a entrainé des tensions au sein de cette coalition, Roussel et Tondelier pointant le fait que Quatennens condamné pour violences conjugales était investi, et les autres restaient sur le carreau. Cette stupidité mélenchonienne va avoir des conséquences car il est très probable que les non-investis se présentent tout de même pour tenter de préserver leur siège, ce qui ajoutera encore à la confusion. Clémentine Autain qui n’a pas été touchée par la purge s’en est vivement pris à cette manœuvre mesquine. « L’extrême droite est aux portes du pouvoir, un rassemblement inédit vient d’être constitué à gauche, et LFI décide de fracturer notre mouvement et d’affaiblir le rassemblement » a-t-elle avancé. La manœuvre politicienne de Mélenchon va dans le sens des désirs de Macron qui pensait que la gauche n’arriverait pas uni aux législatives qu’il a précipitées. Ceux qui croient que la gauche peut arriver au début de l’été au pouvoir et qui craignent les outrances catastrophiques de Mélenchon, peuvent être rassurés. Il n’en sera rien. Dans son message sur X, François Ruffin a réagi plutôt violemment : « Je ne vous ai demandé aucune investiture, aucune autorisation. Je ne suis pas passé sous les fourches caudines de votre bêtise, votre sectarisme. Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l’impudence d’avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous. » Ce qui sous-entend, que pour refonde un jour la gauche dans ses prétentions à gouverner il faudra se séparer de la vérole du clan Mélenchon. A l’évidence plus le temps passe et plus la FI se décompose. On savait les hommes politiques plutôt stupides, mais la FI dépasse à peu près tout.On peut compléter ce genre de stupidité avec la candidature de Hollande en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Il ne manque pas d’air, après avoir tuer le PS, amené Macron au pouvoir, le voilà qu’il essaie de se faire passer pour un homme du peuple[1] ! Est-il idiot ? Cherche-t-il à aider Macron en faisant exploser l’union de la gauche ? Hollande est en effet un répulsif aussi violent que Mélenchon pour les électeurs de gauche. On a vu revenir sur le devant de la scène politiques, les vieux chevaux de retour comme Lionel Jospin ou Jean-Marc Ayrault, des médiocres qui ont tout raté et qui ont fait le lit de Macron. Toutes ces magouilles d’appareil dans la précipitation sentent franchement mauvais et le sabotage. 

 

L’imbécilité de Mélenchon va susciter évidemment des candidatures dissidentes, mettant en mauvaise posture les autres partis de gauche qui seront plus ou moins obligés de se taire parce que l’accord qu’ils ont signé laisse le champ libre à chaque parti de désigner qui il veut dans les circonscriptions qui leur sont dévolues. Tactiquement c’est ce qui pouvait arriver de mieux pour Macron qui a toujours compter sur la stupidité de la gauche pour se maintenir sachant qu’au second tour cette gauche-là viendra toujours à son secours pour « vaincre le péril fasciste ». Régler ses comptes mesquinement au moment où les élections arrivent très vite, c’est non seulement mettre le Nouveau Front Populaire en difficulté, mais préparer du même coup la scission au sein de la FI après la défaite. C’est encore pire que chez les écologistes. Cette fantaisie mélenchonienne va se prolonger parce qu’il est à peu près certain que les exclus de la FI vont se présenter tout de même aux élections comme candidats dissidents et qu’en plus les autres partis de gauche vont certainement les soutenir. Déjà que la cote de Mélenchon dans l’opinion n'était pas bien haute, il est à parier qu’elle va encore chuter.

Venons-en au programme proprement dit. La droite de Macron à Bardella tire sur le programme du Nouveau Front populaire, arguant que celui-ci sera trop dispendieux. Ce programme prétend abroger la réforme des retraites, augmenter le SMIC, ou encore l’abrogation de la réforme du chômage. La droite hurle en disant que cela couterait 260 milliards d’euros. Je n’ai pas refait les calculs, je pense que ce serait moins, mais pour bien comprendre que ces hurlements ne sont pas en phase avec la réalité, il faut se souvenir que 260 milliards c’est le coût des subventions versées aux entreprises ! Cette somme peut être donc facilement trouvée en augmentant par exemple l’impôt sur les très gros patrimoines et en diminuant les subventions indues. Quand évidemment on entend les macroniens dirent que ce programme va alourdir la dette publique, c’est carrément cocasse, eux qui ont augmenté radicalement la dette de plus de 1000 milliards d’euros en 7 ans, un record sous la Cinquième république. La droite hypocrite a attribué bêtement la chute du CAC40 à cette annonce, alors que la chute de la Bourse a commencé le jour même où Macron a annoncé la dissolution. Cette affirmation est d’autant plus malvenue que tout le monde du coté de la corbeille s’accorde pour dire que le CAC40 est très largement surévalué, dopé justement par l’endettement massif de l’Etat qui durant la crise du COVID a balancé sur le marché des milliards d’euros sans contrepartie. Pour sauver l’économie, affirmait il y a encore quelques jours le médiocre Bruno Le Maire. Je ne vais pas entrer dans le détail des autres mesures sur la nécessité de restaurer les services publics qui se sont considérablement délabrer depuis au moins le mandat de Sarkozy. Ce sont généralement des mesures de bon sens. Tant que la gauche présente des mesures de ce type, elle est crédible, malheureusement elle est plus friable sur le reste, les problèmes internationaux ou de société

  

La partie sur l’international est bien plus problématique. C’est une soumission très nette à la vision otanienne et européiste. Le programme intègre la nécessité de « défendre l’Ukraine et la paix sur le continent européen »« Nous défendrons indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières », en particulier « par la livraison d’armes nécessaires », est-il écrit. Il est donc exclu que si cette union arrivait au pouvoir elle cesse d’entretenir la guerre contre la Russie et qu’elle s’oriente vers des processus sérieux de négociation. Cette partie du programme satisfait Raphaël Glucksmann l’agent des Américains qui a comme mission de pousser à la guerre et au fédéralisme européiste. Sur la guerre entre le Hamas et Israël, ils ont rejeté les fautes sur les deux parties en même temps. Les partis composant le Nouveau Front Populaire se sont mis d’accord pour « agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont [ils rejettent] le projet théocratique ». Ils demandent également « la libération des prisonniers politiques palestiniens ». Ce positionnement montre que dans le premier cas on n’adopte un point de vue tranché et dans le second un point de vue qui se veut plus nuancé. C’est un recul de la FI sur ce point, la FI qui il y a quelques semaines encore brandissait le drapeau palestinien dans l’hémicycle. C’est compenser par la volonté de reconnaitre un Etat palestinien. 

A défaut de s’unir dans une relative harmonie et de masquer ses divisions, la gauche a manifesté samedi dernier, avec toujours la même rengaine usée jusqu’à la corde du barrage contre le fascisme. Ces manifestations ne masqueront pas les divisions, et les lacunes du programme, et dans un certain sens préparent le slogan pour le second tour du barrage, ce sur quoi compte évidemment Macron pour s’en sortir. A Marseille Bompard a défilé sous les sifflets des Marseillais qui entendaient ainsi critiquer son attitude face aux députés sortants écartés. Les slogans sur la Palestine ou encore sur la régularisation des sans-papiers, sont évidemment des repoussoirs qui favoriseront également la montée en puissance du RN. Tant que la gauche restera sous la menace des extravagances de Mélenchon, elle ne s’en sortira pas. Les derniers sondages donnent un tassement des intentions de vote en faveur de la gauche, laissant la voie libre au Rassemblement National. A vrai dire la gauche n’est pas la seule force politique qui est tactiquement hors sujet. Jordan Bardella, alors que tout le monde lui prédit une course sans obstacle, n’arrête pas de revenir sur les quelques mesures dites sociales qu’il y avait dans son programme, l’abolition de la réforme des retraites, ou encore la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. C’est une grave faute tactique, parce que ces mesures auraient pu lui valoir une certaine bienveillance des électeurs de gauche pour le second tour. 



Manifestation à Marseille avec les mêmes slogans déconnectés de la réalité


[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/15/francois-hollande-candidat-aux-elections-legislatives-en-correze-parce-la-situation-est-grave-le-ps-prend-acte-de-son-investiture_6240419_823449.html

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