lundi 5 mai 2025

Alberto Franceschini est mort

 

Il a été un des créateurs des fameuses Brigades Rouges à la fin des années soixante. Issu d’un milieu communiste italien, il trouvait, comme ses compagnons de lutte que le Parti communiste italien n’était pas assez actif, ils préféraient les rodomontades maoïstes. Et à la fin des années soixante il se lança dans l’action directe avec ses amis. Enlèvements, prises d’otages, attaques de banque, crimes de sang, etc. Sans doute pensaient ils que l’époque était véritablement révolutionnaire dans la lignée de Mai 68 et accompagnant le Mai rampant italien qui fut bien plus violent que ce qu’on a connu en France. Il passera près de vingt ans en prison. Il a raconté cette sanglante saga dans un livre fort intéressant traduit en français en 2005 et qui a été publié aux éditions Panama. Il explique comment lui et ses amis en sont venus à l’action terroriste, notamment parce que la situation politique s’y prêtait. Mais ce qui m’a paru le plus édifiant en lisant cet ouvrage, c’est que les Brigades rouges ont été complètement manipulées. Tout le monde s’y est mis, la mafia qui leur fournissait des armes, les services secrets italiens, mais aussi les services secrets des pays de l’Est ! Ils étaient complètement les jouets de leurs folles ambitions, pensant qu’ils entraineraient le prolétariat derrière eux pour prendre le pouvoir, mais également de leur aveuglement dans les personnes qu’ils fréquentaient. On sait également que de nombreux attentats leur ont été attribués, à eux mais aussi à des petits groupements anarchistes, alors qu’ils étaient fabriqués par la CIA et les services secrets italiens. Ce genre de manipulation était déjà au point à la fin du XIXème siècle en France, le but était d’accentuer un état d’anxiété dans la société qui permettrait de mettre en place un régime répressif.

 

Alberto Franceschini avait fait son autocritique si on veut, se rendant compte bien trop tard des pièges dans lesquels il était tombé, sans pour autant se laver de ses responsabilités. L’imbécile qui a fait la chronique de sa disparition dans Le monde, a laissé entendre que Franceschini avait sombré dans le complotisme. C’est pourtant des faits maintenant bien établis, ne serait-ce qu’à cause de ce qu’on sait du réseau Gladio qui a officié en Italie[1], Mais Allan Klaval qui couche au Vatican, n’en a cure, il prend ses informations sans doute auprès de la police spéciale romaine. Bien entendu, il n’y a aucune raison d’approuver l’action des Brigades rouges, bien au contraire, elle est condamnable et nuisible, elle l’a toujours été. Mais Franceschini l’avait reconnu, et il avait chèrement payé. Certaines affaires comme l’assassinat d’Aldo Moro n’ont jamais été complètement élucidées. Il n’est pas besoin que ce misérable plumitif d’Allan Klaval aille cracher sur sa tombe, c’est indécent. 

Alberto Franceschini, Vincenzo Guagliardo e Paolo Maurizio Ferrari, lors de leur procès 

Bien que j’ai été toujours opposé aux élucubrations maoïstes et à l’action terroriste, j’ai gardé une forme de tendresse pour ces égarés, suicidaires, ne comprenant presque jamais ce qu’ils faisaient et pour le compte de qui. Il y avait dans cette aventure sanglante l’idée que le prolétariat devait être guidé et mis au pied du mur pour enfin faire la révolution prolétarienne tant espérée.



[1] Jean-François Brozzu-Gentile, L’affaire des réseaux Gladio, les réseaux secrets américains au cœur du terrorisme en Europe, Albin Michel, 1994. Et aussi Daniele Ganser, Les armées secrètes de l'OTAN : réseaux Stay Behind, opération Gladio et terrorisme en Europe de l'Ouest, Edition Demi-lune, 2007

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Du concours de l’Eurovision en 2025

  La candidate israélienne Yuval Raphael, au concours 2025.   Si on veut se donner une idée de l’hystérisation de la vie politique et so...