Il a été un des créateurs des fameuses Brigades Rouges à la
fin des années soixante. Issu d’un milieu communiste italien, il trouvait,
comme ses compagnons de lutte que le Parti communiste italien n’était pas assez
actif, ils préféraient les rodomontades maoïstes. Et à la fin des années soixante
il se lança dans l’action directe avec ses amis. Enlèvements, prises d’otages,
attaques de banque, crimes de sang, etc. Sans doute pensaient ils que l’époque
était véritablement révolutionnaire dans la lignée de Mai 68 et accompagnant le
Mai rampant italien qui fut bien plus violent que ce qu’on a connu en France.
Il passera près de vingt ans en prison. Il a raconté cette sanglante saga dans
un livre fort intéressant traduit en français en 2005 et qui a été publié aux
éditions Panama. Il explique comment lui et ses amis en sont venus à l’action
terroriste, notamment parce que la situation politique s’y prêtait. Mais ce qui
m’a paru le plus édifiant en lisant cet ouvrage, c’est que les Brigades rouges
ont été complètement manipulées. Tout le monde s’y est mis, la mafia qui leur fournissait
des armes, les services secrets italiens, mais aussi les services secrets des
pays de l’Est ! Ils étaient complètement les jouets de leurs folles
ambitions, pensant qu’ils entraineraient le prolétariat derrière eux pour
prendre le pouvoir, mais également de leur aveuglement dans les personnes qu’ils
fréquentaient. On sait également que de nombreux attentats leur ont été attribués,
à eux mais aussi à des petits groupements anarchistes, alors qu’ils étaient
fabriqués par la CIA et les services secrets italiens. Ce genre de manipulation
était déjà au point à la fin du XIXème siècle en France, le but
était d’accentuer un état d’anxiété dans la société qui permettrait de mettre
en place un régime répressif.
Alberto Franceschini avait fait son autocritique si on veut, se rendant compte bien trop tard des pièges dans lesquels il était tombé, sans pour autant se laver de ses responsabilités. L’imbécile qui a fait la chronique de sa disparition dans Le monde, a laissé entendre que Franceschini avait sombré dans le complotisme. C’est pourtant des faits maintenant bien établis, ne serait-ce qu’à cause de ce qu’on sait du réseau Gladio qui a officié en Italie[1], Mais Allan Klaval qui couche au Vatican, n’en a cure, il prend ses informations sans doute auprès de la police spéciale romaine. Bien entendu, il n’y a aucune raison d’approuver l’action des Brigades rouges, bien au contraire, elle est condamnable et nuisible, elle l’a toujours été. Mais Franceschini l’avait reconnu, et il avait chèrement payé. Certaines affaires comme l’assassinat d’Aldo Moro n’ont jamais été complètement élucidées. Il n’est pas besoin que ce misérable plumitif d’Allan Klaval aille cracher sur sa tombe, c’est indécent.
Alberto Franceschini,
Vincenzo Guagliardo e Paolo Maurizio Ferrari, lors de leur procès
Bien que j’ai été toujours opposé aux élucubrations maoïstes
et à l’action terroriste, j’ai gardé une forme de tendresse pour ces égarés,
suicidaires, ne comprenant presque jamais ce qu’ils faisaient et pour le compte
de qui. Il y avait dans cette aventure sanglante l’idée que le prolétariat
devait être guidé et mis au pied du mur pour enfin faire la révolution prolétarienne
tant espérée.
[1]
Jean-François Brozzu-Gentile, L’affaire des réseaux Gladio, les réseaux
secrets américains au cœur du terrorisme en Europe, Albin Michel, 1994. Et aussi
Daniele Ganser, Les armées secrètes de l'OTAN : réseaux Stay Behind,
opération Gladio et terrorisme en Europe de l'Ouest, Edition Demi-lune,
2007
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