mardi 4 novembre 2025

Éric Zemmour, La messe n’est pas dite, Flammarion, 2025

Un collectif chrétien se mobilise contre le livre d'Éric Zemmour : « Nous  refusons l'instrumentalisation du christianisme »

 

Voilà donc le nouveau livre d’Éric Zemmour. Pourquoi donc est-ce que je lis Zemmour de temps en temps ? Un personnage que je méprise. La première raison est qu’il faut connaitre ses ennemis. La seconde est d’essayer de comprendre pourquoi il a obtenu un succès très relatif d’ailleurs. Après ses échecs cinglants aux dernières élections, il est la recherche de nouveaux appuis pour essayer de donner du corps à son entreprise politique dont les objectifs à court comme à moyen terme ne sont ni clairs, ni cohérents. En effet sur tous les sujets sauf sur celui de l’immigration, il s’est renié que ce soit sur l’Europe, l’euro, la Russie et j’en passe. Mauvais stratège, il a cru qu’il arriverait à attirer à lui une partie de l’électorat de Marine Le Pen. Conduisant contre ce parti une tactique agressive, il a été rejeté, alors qu’il aurait aimé être le leader d’une alliance des droites. Je rappelle tout cela pour appuyer sur le fait qu’avant toute chose, Zemmour n’est qu’un journaliste, et rien d’autre. Ses livres font souvent appel à des citations d’hommes illustres. Ce sera encore le cas ici. Il dit donc souvent des banalités avec des citations parfois approximatives pour les appuyer. Cette manière de faire n’impressionnera que les lecteurs assez peu cultivés. Ce qui est un peu le but, mais ces citations lui servent aussi à se hausser du col afin de se mettre au même niveau que les grands hommes qu’il cite. C’est assez risible. On ne devient pas Taine ou Chateaubriand à quoi de citations et Zemmour est loin d’être un styliste ! Je n’insisterai pas sur ses nombreuses erreurs d’interprétation qui émaillent l’opuscule, par exemple en ramenant Marx seulement au slogan la religion est l’opium du peuple, il en oublie que Marx fut aussi le critique de d’Islam, le désignant comme la pire des religions qui soit. Il cite aussi Barrès, pourtant un antisémite virulent. 

Qu'est-ce que l'Église catholique : l'institution ou l'ensemble des  baptisés ? | RCF

Quel est le but de ce petit ouvrage militant ? Si on le suit bien, il propose de sauver l’Occident tout entier dans une alliance entre le judaïsme et le christianisme – faisant une petite place tout de même à Athènes. Et donc pour faire pièce à l’islamisation croissante de l’Europe et de la France, il faudrait à nouveau remplir les Églises, les Juifs vivant dans leur ombre. Cette volonté à bien des défauts, elle ravira certainement des catholiques intégristes qui se sentent en voie de disparition, mais ça n’ira pas au-delà. Rechristianiser l’Occident, c’est la proposition du chapitre 7, est-ce possible ? Est-ce souhaitable ? Zemmour qui est assez peu instruit ne comprend pas deux choses 1. Que la France est le pays le plus athée du monde 2. Qu’il y a des raisons justement à un élargissement des Français et même des Européens de la tutelle d’une religion. Je ne veux pas dire que les Français resteront pour toujours loin des religions, mais en tous les cas à court et moyen terme, ce n’est même pas pensable. 

L 'Eglise catholique face à la conversion des musulmans - Association  Clarifier

Nous avons un problème avec l’Islam, c’est un fait majeur. Mais Zemmour se met dans la position de regarder cette question du point de vue de la concurrence. Il suppose qu’on pourrait concurrencer l’Islam sur le plan « spirituel ». Or ce n’est pas du tout là que se trouve la question. Se mettre en concurrence avec l’Islam c’est se situer sur le même plan que cette religion qui a toujours été agressive, mais qui a de plus en plus dérivé vers un radicalisme inquiétant, proche de la guerre civile. Les attentats, les provocations sont incessantes et calculées. L’Islam prospère en Europe et en France sur une masse d’individus transplantés, pauvres et quasiment analphabètes, même si une frange de cette population a réussi à gravir quelques échelons dans des professions à statut, avocat, chef d’entreprise, médecin, voire homme politique. Et le fait qu’une large partie de la classe politique collabore à cette entreprise, souvent pour des raisons d’opportunisme, est une évidence. Cela ne rend pas les choses faciles. La FI, héritière de l’idéologie trotskiste, voulait cliver l’électorat dit de gauche sur la question de l’islamophobie. Mais Zemmour d’une manière symétrique voudrait la cliver sur la question de la chrétienté. Il pense sans doute que nous pouvons basculer comme les Etats-Unis vers un conservatisme de droite qui mettrait en scène la religion comme drapeau par-delà les classes sociales. On comprend bien que son message est de se glisser dans la peau de Trump, un Trump à la française si on veut. C’est une erreur de perspective historique. Déjà on peut assurer que la France aussi dégénérée soit elle, n’est pas dans un état de délabrement intellectuel aussi avancé que les Etats-Unis pour faire retour à la religion. Il y a bien un noyau assez fort de catholiques en déshérence qui est prompt à se mobiliser pour des manifestions contre l’avortement, pour l’école « libre », ou pour voir des films, avec quelques petits groupes qui pourraient à l’occasion devenir violents. Mais les Etats-Unis vivent cette sorte de mobilisation sans que le peuple s’unisse derrière cette bannière. 

Présidentielle américaine : Donald Trump appelle les chrétiens évangéliques  à plus le soutenir

Une des « erreurs » de Zemmour est de penser que la religion, son développement, ou son effacement est quelque chose d’autonome. Donc il ne comprend guère pourquoi le catholicisme recule et l’Islam se renforce chez nous. Il vient que pour lui la laïcité n’est pas une solution. Il pense qu’il est plus utile de réévangéliser les populations françaises ! Il est erroné de considérer la religion, dans sa croissance, comme dans son effacement comme une réalité autonome de toute l’évolution historique. Si la France a été le premier pays laïque du monde, c’est sans doute parce qu’elle avait fait une révolution et que cette révolution qui combattait les inégalités sociales visait aussi les structures qui soutenaient ces inégalités, avec en tête évidemment l’Église. 

On croit trop souvent en France que la défense de la laïcité est l’alpha et l’oméga de cette politique d’« intégration ». C’est pourtant insuffisant. La laïcité fut le moyen utilisé par la République pour lutter contre l’influence de l’Église au sein de la société française, dans un pays que l’Église avait façonné pendant mille ans. Or, il n’y a pas d’Église en islam, et la religion de Mahomet fut étrangère, voire adversaire de la France pendant l’essentiel de son histoire.

 Législatives : tiraillés, les catholiques pratiquants ne font plus barrage  à l'extrême droite - Le Parisien 

Dans sa démarche même Zemmour va hérisser les catholiques, qu’un juif revendiqué comme tel prétende leur faire la leçon pour sauver leur religion, cela risque d’être pris pour de l’arrogance, voire pour une provocation. Il a déjà sur son dos les catholiques de gauche, ceux qui lisent La Croix par exemple, ou simplement ceux qui ont suivi les réorientations papales en matière d’accueil des immigrants. Vont s’y ajouter les catholiques de droite qui ne supporterons pas son pédantisme. Pour les autres il apparaitra comme un vieux con opportuniste qui se cherche un petit marché de niche pour exister. 

Les Juifs doivent poursuivre la leur, c’est-à-dire renoncer à leurs réflexes séculaires de minorités assiégées qui ne jurent que par la défense de la liberté individuelle, afin de se protéger des éventuelles tentations tyranniques de la majorité. Hannah Arendt expliquait que les Juifs, chassés par les Romains de leur terre d’origine, en 70 après J.-C., n’avaient jamais subi depuis lors les disciplines de l’État-nation et de la raison d’État. Il faut reconnaître que l’existence d’Israël depuis 1948 – et l’exemple qu’il donne à toutes les communautés juives de diaspora – corrige à une vitesse folle cette inexpérience historique. C’est notamment ce qui explique, selon moi, le « virage à droite » de toutes les diasporas juives, en particulier celles de France et des États-Unis, dans le prolongement de la « droitisation » de la société israélienne, sous l’influence démographique des Séfarades, qui ont marginalisé la gauche

Parmi les nombreuses erreurs de perspectives que Zemmour étale devant nous, il y en a une majeure, il croit que c’est l’existence d’Israël qui a permis aux Juifs du monde entier de virer à droite. C’est une analyse paresseuse qui vise uniquement à justifier le fait qu’il pense que l’évolution vers le conservatisme et la religion est quelque chose de normal et de naturel. Cependant il oublie beaucoup de choses les Juifs qui ont fondé Israël n’étaient pas de religieux, bien au contraire les Juifs ultra s’opposaient à la création de cet État. Jusque dans les années soixante, les Juifs athées étaient même majoritaires en Israël. Ce qui a ramené les Juifs du monde entier dans les synagogues c’est la Guerre des Six jours et ce moment particulier où les Juifs ont commencé à comprendre, notamment en France avec les diatribes du général de Gaulle, qu’ils étaient passés du statut de victimes – suite à la Shoah – à celui de bourreau. Et le mouvement de droitisation de la société israélienne s’est développé suite aux échecs répétés des négociations avec la partie palestinienne, avec la kyrielle d’attentats terroristes qu’Israël a connu sans discontinuer jusqu’au 7 octobre 2023. De manière symétrique, les Palestiniens se sont eux aussi enfermés dans cette logique mortifère d’un affrontement sans fin et d’un Islam radical. 

Paradoxalement, le monde sans Dieu légué par leurs parents a forgé un monde où la religion n’a jamais été aussi présente. Marcel Gauchet est finalement démenti : « la religion de la sortie de la religion » (le catholicisme) est ramenée à la religion par l’islam.

Le développement en France et en Europe de l’Islam accompagne l’immigration massive, avec toutes les séquelles négatives qu’on imagine, mais elle ne signifie pas la nécessité pour les Français de souche et les Européens de revenir au religieux. On peut noter le renouveau d’un certain catholicisme plus offensif, mais cela n’est pas massif et surtout ne semble pas être visible : d’ailleurs il écrit « Les baptêmes de jeunes gens pour Pâques ne compensent que partiellement l’effondrement du nombre de baptêmes à la naissance : un jeune Français sur deux était baptisé à sa naissance en 2000 ; un sur trois seulement l’était en 2024 ». Il ne suffit pas d’écrire un livre pour réévangéliser les populations en déshérence spirituelle, ni même d’aller taper à leur porte, sinon les Témoins de Jehova auraient déjà conquis le monde entier. La démarche de Zemmour ressemble à celles des trotskistes qui ont passé des années à peaufiner la théorie révolutionnaire, pour reconstruire le parti de la révolution, sans que cette démarche ne pénètre les masses laborieuses. Même si le livre de Zemmour se vend bien – ce dont je doute un peu – cela ne suffira pas à engendrer un mouvement de mobilisation massif pour la réaction vers un catholicisme rénové. 

Et puis, à fréquenter cette jeunesse catholique qui me fait l’honneur de m’accompagner depuis ma campagne présidentielle, j’y vois beaucoup de jeunes couples se former, se marier et procréer de nombreux bambins. Je m’en réjouis. La guerre de civilisations est aussi – et d’abord – une guerre des berceaux. Une civilisation qui ne fait pas d’enfants meurt d’elle-même sans que ses ennemis aient besoin de lui mettre l’épée dans les reins.

 Qui est Civitas, parti catholique intégriste d'extrême droite qui a empêché  le concert à Carnac ? 

Comme beaucoup à droite, Zemmour pense que la solution devrait venir d’une augmentation du nombre d’enfants que feraient les Français dits de souche pour faire pièce à la démographie galopante des musulmans. C’est une idée qui n’a guère de sens, le symétrique de la logique islamiste : faire la guerre avec les ventres. Il est facile d’en deviner les raisons. La première est qu’un taux de fécondité élevé entrave le développement du progrès économique. On peut renvoyer Zemmour aux travaux de Gary S. Becker, prix Nobel d’économie, et surtout grand défenseur de l’économie de marché, sur le plan théorique[1], ou simplement aux réalités statistiques sur le long terme : il y a une corrélation très nette entre baisse du taux de fécondité et hausse du niveau de vie. Les taux de fécondité extrêmement élevés dans les pays musulmans expliquent que ces pays n’arrivent pas à sortir de la pauvreté, et cela d’ailleurs consolide les inégalités de revenus entre les classes sociales. Très souvent on entend des gens de gauche ou de droite d’ailleurs qui nous disent que l’immigration est une nécessité pour compenser le vieillissement de la population, payer nos retraites et notre domesticité. Je rappelle que les Japonais ont réglé autrement le problème, en faisant le choix du progrès technologique, c’est-à-dire en robotisant de larges pans de la production et des services. 

Les anti-avortement annoncent une manifestation lundi à Versailles devant  le Congrès

Zemmour c’est la pensée réactionnaire satisfaite d’elle-même parce qu’en effet le « progressisme » porté par la classe politique occidentale en général est en échec un peu de partout. On peut évidemment être réactionnaire, pour refuser l’évolution actuelle de la société et la modernité. Cela se comprend, mais on ne peut pas en même temps se réclamer du progrès civilisationnel ! Zemmour croit d’ailleurs que l’élection de Trump en 2024 est le signe avant-coureur d’une révolution mondiale qui va balayer la planète. Il ne voit pas comme souvent les admirateurs de Trump du monde entier que justement les Etats-Unis sont dans une impasse, la société est très divisée, et les résultats ne sont pas à la hauteur dans tous les domaines. Autrement dit, on peut acter l’échec du progressisme sans pour autant croire que la solution serait un retour à l’Ancien Régime, un Ancien régime mâtiné de High Tech !



[1] Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis, with Special Reference to Education, NBER, 1964

samedi 25 octobre 2025

Proudhon précurseur de la gauche antisémite

Pierre Joseph Proudhon (1809 - 1865) - Le prophète de l'anarchisme -  Herodote.net

Je me suis toujours méfié de Proudhon, partageant avec Marx l’idée qu’il était par nature intellectuellement limité. Il a eu une grande influence sur les socialistes de son temps, bien plus que Marx d’ailleurs. Je n’ai jamais compris pourquoi les anarchistes en faisaient une sorte de totem. Certes il avait écrit Qu’est-ce que la propriété ? un pamphlet qui avait le mérite de remettre en question les ressorts de celle-ci[1]. Et Marx l’avait salué en son temps, mais c’est bien insuffisant pour en faire un penseur de première force. À côté quel fatras !  « Les Juifs, race insociable, obstinée, infernale. Premiers auteurs de cette superstition malfaisante, appelée catholicisme, dans laquelle l’élément juif furieux, intolérant, l’emporte toujours sur les autres éléments grecs, latins, barbares, etc., et fit longtemps les supplices du genre humain. » Il note dans son journal le 26 décembre 1847 : « Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer. » Pierre-Joseph Proudhon était bel et bien raciste. Il ne s’en prenait pas seulement à une religion, mais il s’en prenait à une race qui serait irrémédiablement mauvaise. Ce n’est pas sans raison qu’il inspira l’extrême droite d’Edouard Drumont, Charles Maurras ou encore des suppôts de la collaboration du Cercle Proudhon. Certains ont voulu minimiser ce racisme antisémite en disant que c’était un peu la faute de Marx qui l’avait vexé en critiquant vertement son ouvrage Philosophie de la misère[2]. Pour moi cet argument est stupide qui ne peut pas justifier quoi que ce soit. 

Proudhon n’était pas à une stupidité près. Marx disait qu’il n’avait rien compris à Hegel. C’est vrai, mais sur le plan de la pratique de la vie quotidienne il était également limité. Dans La Pornocratie ou les femmes dans les temps modernes, Pierre-Joseph Proudhon écrit : « Je regarde comme funestes et stupides toutes nos rêveries d’émancipation de la femme. Je lui refuse toute espèce de droit et d’initiative politique. Je crois que, pour la femme, la liberté et le bien-être consistent uniquement dans le mariage, la maternité, les soins domestiques, la fidélité de l’époux, la chasteté et la retraite. » (…) « L’égalité politique des deux sexes, c’est-à-dire l’assimilation de la femme à l’homme dans les fonctions publiques, est un de ces sophismes que repoussent non pas seulement la logique, mais encore la conscience humaine et la nature des choses. » Il conseille aux femmes : « Soyez donc ce qu’on demande de vous : douce, réservée, renfermée, dévouée, laborieuse, chaste, tempérante, vigilante, docile, modeste, et nous ne discuterons pas vos mérites. Et que l’énumération de tant de vertus ne vous effraie pas : c’est toujours la même au fond qui vous revient : soyez ménagères, le mot dit tout. »[3] Ce type de stupidité classe Proudhon du côté de « la science islamiste ». À son époque dans les milieux prolétariens et révolutionnaires, il y avait fort heureusement des hommes et des femmes bien plus avancés que lui. Là non plus on ne cherchera pas une excuse dans l’époque ou le milieu dont il était issu. Proudhon en son temps était déjà dépassé. Il s’était marié avec Euphrasie Piégard qu’il appréciait aussi parce qu’elle ne savait ni lire ni écrire, ce qui la rendait dépendante de son mari. De ce point de vue la femme de Marx, Jenny von Westphalen était bien plus émancipée que la femme de Proudhon !



[1] Publié en 1841à la librairie de Prévot et constamment réédité jusqu’à nos jours.

[2] Marx avait rédigé directement en français Misère de la philosophie, publié en 1847 chez Frank et Vogler, un ouvrage polémique avec beaucoup de mauvaise foi !

[3] Pierre-Joseph Proudhon, La Pornocratie ou les femmes dans les temps modernes, A. Lacroix et Cie., 1875.

mercredi 22 octobre 2025

La gauche en voie d’extinction

 Au PS, la guerre de succession : la revanche sociale d'Olivier Faure, la  révolte des énarques – L'Express

La conjuration des imbéciles en plein travail 

Une fois de plus le PS socialiste qui n’est ni socialiste, ni un parti, a sauvé Macron de la déroute. Officiellement cette crapule qui se dit de gauche mais qui se trouve du côté de la droite extrême, a avancé que la suspension de la réforme de la retraite pour 6 mois était une grande victoire. Avancer cet argument comme l’ont fait les derniers débris de ce parti qui n’en finit plus de crever, c’est vraiment prendre ses propres électeurs pour des imbéciles. En effet tout le monde a compris qu’une fois passé le budget Lecornu et son gang vont remettre l’affaire sur le métier. C’est en outre un mensonge parce que c’est faire l’impasse sur le reste du budget, car si la suspension de la réforme des retraites est juste une suspension, les mesures austéritaires avancées par Lecornu sont de nature à pénaliser les plus pauvres, et parmi eux les retraités qui vont subir à la fois le gel de leur pension et la fin de l’abattement des 10%, mais aussi 7,1 milliards en moins pour la Sécurité Sociale, ce qui veut dire que les pauvres vont encore trinquer du côté de la santé et du remboursement des soins. Les impôts augmenteront seulement de façon très cosmétique pour les très très riches, et de façon sensible pour les autres. Les « socialistes » trouvent-ils cela acceptable, eux qui soi-disant défendent les classes pauvres ? Les « socialistes » qui font tout pour mériter le qualificatif de « social-traitres » savent très bien que le budget concocté par le gang Macron est un budget de droite, même s’ils sont stupides. Si le PS disparait cela est dû à ses reniements permanents et à son amour de la traitrise. Ce n’est pas pour rien qu’ils comptaient dans ses rangs un imbécile comme Macron, ou une crapule comme DSK. C’est clairement la droite avec un faux nez qui trompe sciemment ses électeurs en travaillant pour le patronat, en mettant en scène des fausses alternatives pour appâter la clientèle. 

 

Les social-traitres ont en outre voter à contre-courant de leur propre électorat qui massivement est pour la censure. Cependant c’est non seulement une faute stratégique, mais c’est aussi une erreur tactique qui montre que ce parti de bureaucrates qui n’a plus de militants, n’a pas compris qu’il allait payer ça aux prochaines élections, que ce soit aux municipales ou aux prochaines législatives. Cette bande d’imbéciles a avancé qu’elle craignait une dissolution qui lui aurait fait perdre des sièges. En réalité c’est l’inverse qui va se passer. En pensant sauver provisoirement quelques sièges de députés, ils vont se suicider aux prochaines élections législatives qui auront lieu au plus tard en 2027. Cette petite magouille fait oublier d’ailleurs que le Rassemblement National a torpillé une commission qui voulait avancer la destitution de Macron. Or une très large majorité des Français veulent le départ du médiocre Macron. Ils le perçoivent comme incompétent et dangereux, comme ayant rabaissé la France comme jamais. Et donc ce que nous voyons, c’est que le RN vient de temps en temps au secours du gang Macron, et de temps en temps c’est le PS qui joue ce rôle. Cela nous donne le spectacle d’une classe politique qui globalement lutte pour des postes, et non pour l’intérêt général. C’est d’ailleurs pour cette raison que Macron n’a jamais été débarqué, alors que non seulement il est haï des Français, mais qu’il continue de faire du mal à notre pays. 

Sondage: 61% des Français favorables à une démission d'Emmanuel Macron

Macron est au plus bas dans l’opinion, l’exaspération des Français est au plus haut 

Dans cette conjuration des imbéciles, la FI n’est pas dispensée de l’opprobre. En effet, elle a appelé en 2017 comme en 2022 à aider Macron avec cette fameuse et fumeuse tactique dite du barrage. En outre la posture de plus en plus pro-islamiste de cette bande, a fait que Mélenchon est devenu le personnage politique le plus détesté de la classe politique. La FI en effet a passé plus de temps à organiser des croisières en Méditerranée qu’à défendre les travailleurs. C’est devenu le parti de la petite bourgeoisie déclassée, et du cote communautariste. C’est limité et cette position anti-laïque ne fera pas revenir les travailleurs qui sont partis voter pour Marine Le Pen et son parti. Sur à peu près tous les sujets la représentation nationale s’applique à aller à l’encontre de la volonté des Français, que ce soit sur les retraites, sur les priorités du budget, sur l’immigration, sur le pouvoir d’achat et la taxation des très très riches, ils font tout le contraire. Rappelez-vous la fourberie de 2005, on a voté contre le TCE, mais les social-traitres se sont entendus avec Sarkozy pour le faire passer sous une autre forme. Je ne crois pas qu’il ait existé une période équivalente dans l’histoire de la République, ça ressemble un peu à 1788. L’exaspération est à son plus haut. 

Trois candidats pour un poste à la tête du Parti socialiste

Le petit combinard Vallaud tente de prendre la place d’Olivier Faure 

Aux dernières élections présidentielles les social-traitres ont fait 1,75%, encore moins que le PCF, c’est dire le niveau de crédibilité dans l’opinion ! Ce résultat est bien sûr dû au passage de Hollande à l’Élysée. Ils ont fait meilleure figure après la dissolution de 2024 essentiellement parce qu’ils se sont alliés avec la FI, le PC et EELV. Pourtant ce parti est un peu comme l’armée mexicaine, complètement largué dans le public, ils se livrent ouvertement à une bataille des chefs pour savoir qui prendra la tête de cette coquille vide. Le pire est sans doute Boris Vallaud avec sa figure de traitre de comédie, encore que pour savoir qui est le pire de ce gang, c’est bien difficile ! Le Parti Socialiste a été vidé de tous ses membres qui étaient un peu à gauche, c’est maintenant un petit club de supplétifs pour la Macronie, il n’y reste plus que quelques hauts fonctionnaires qui croient qu’ils vont encore retrouver des imbéciles pour les embobeliner et les amener à voter pour eux. C’est une erreur. Leur trahison de ces jours derniers va leur coller à la peau. C’est juste un parti de la droite ordinaire qui ne se donne même plus la peine de faire comme s’ils avaient des idées de réforme de gauche, comme le faisait Jospin par exemple qui faisait passer la pilule des privatisations massives en mettant en scène les trente cinq heures. Dans ces conditions, on ne voit pas comment l'union de la gauche peut exister aux prochaines élections. Qui voudra se salir les mains en appelant à voter pour le PS ?

Emmanuel Macron en Égypte, "partenaire stratégique" au Moyen-Orient

Macron parade à Charm el-Cheikh 

Avec une telle opposition Macron peut être content, malgré un bilan catastrophique dans tous les domaines, il est encore là, par la grâce de cette fausse opposition qui a peur de son ombre et qui n’a pas réellement d’idée. Macron pourrait se représenter qu’il serait encore élu, même avec une abstention à 60%. Il peut aller parader en Égypte pour laisser croire qu’il a une importance quelque part. Le constat est clair, ce n’est pas seulement Macron qu’il faut virer, mais toute la classe politique française qui ressemble à une simple collection de zombies, mais ce n’est pas si simple sachant qu’il n’y a pas de point d’appui, ni dans les partis, ni dans les syndicats.

dimanche 19 octobre 2025

Omar Youssouf Souleimane, Les complices du mal, Plon, 2025

La liberté selon Mélenchon

Ce nouvel ouvrage qui vient de paraître est un réquisitoire accablant contre Mélenchon, Rima Hassan et la FI. Ceux-ci sont perçus de plus en plus, à droite, mais aussi à gauche, comme les fossoyeurs de la France et de la gauche elle-même. Souleimane est un réfugié syrien, comme Rima Hassan, si on veut. Il a donc une longue expérience des pays islamisés. C’est un peu le complément du livre de Nora Bussigny qui traitait cette question centrale aujourd’hui des multiples trahisons de la FI du point de vue franco-français. Avec l’ouvrage de Souleimane on regarde ce renversement de la position de la FI comme premier parti pro-musulman de la France du point de vue international. Comme celui de Nora Bussigny et comme celui de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, La meute, paru en mai 2025, ce livre est déjà, à peine sorti, un très grand succès de librairie. La raison en est assez simple, les singeries de Mélenchon et de Rima Hassan ont alerté les Français de gauche comme de droite sur les risques de déstabilisation que ces gens-là faisaient courir à notre pays. Comme les personnages caricaturaux de Houellebecq dans Soumission, le gang de la FI a passé alliance avec l’islam radical pour accéder au pouvoir et à en récolter les avantages afférents. Avant 2019, Mélenchon, homme de peu de conviction, était plutôt favorable à une laïcité exigeante, donc contraignante pour les islamistes militants qui travaillent à enfermer cette communauté dans ses barbes, ses djellabas et ses voiles. Mais son échec à la présidentielle de 2017 a eu pour conséquence de le faire changer d’avis. Il a fait son coming out islamiste le 10 novembre 2019, en s’alignant ouvertement sur les positions des Frères musulmans. Mélenchon qui est aussi un grand menteur, vous dira qu’il est venu là presque par hasard, juste pour dénoncer l’islamophobie, sans se douter une seule minute que les Frères musulmans étaient derrière cette action clairement anti-française. Il a feint d’oublier au passage évidemment que les actes antisémites étaient beaucoup plus nombreux que les actes islamophobes et qu’un Juif en France avait 37 fois plus de chance d’être agressé pour sa religion qu’un musulman ! 

illustration agrandir l'image

Il a entraîné son parti en faisant de la lutte contre l’islamophobie et de la cause palestinienne pratiquement le seul axe politique. Selon les différents témoignages Mélenchon n’a opéré cette conversion que d’une manière opportuniste, avec l’idée de récupérer des députés dans les quartiers sensibles et donc de gonfler son score électoral bien au-delà de ce qu’il représente. Il a donc purgé son propre parti de tous ceux qui étaient réticents à une alliance contre nature entre l’islam et la mouvance woke, LGBTQ+. Des gens comme Kuzmanovic qui sont pour une souveraineté nationale et une sortie de l’Europe se sont fait virer. Évidemment cette transformation n’aurait pas pu se réaliser sérieusement sans l’aide active des Frères musulmans qui ouvertement avancent leurs pions pour obtenir des élus dans toutes les institutions françaises. La thèse de Souleimane est que cela a été le résultat de l’impasse dans laquelle les Frères musulmans se trouvaient. Sur le plan électoral ils n’arrivaient à rien en développant des partis musulmans ouvertement séparatistes. Pour eux c’était un moindre mal de s’allier avec Mélenchon. Et de fait, au moins sur le court terme, sur le plan tactique ce fut une tactique payante pour les deux partis. Mais cette fantaisie arrive à son terme pour de nombreuses raisons, d’abord parce que les Européens sont de plus en plus hostiles à l’immigration de masse d’origine musulmane – voir les nombreuses révoltes que cela engendre – ensuite parce que la cause palestinienne est un véhicule très limité pour rassembler sur un second tour des présidentielles. 

French party attacked for running Palestinian candidate in EU elections –  Middle East Monitor

Rima Hassan a pris le contrôle de la FI, Mélenchon est sa prise de guerre 

Mais le problème que rencontre maintenant Mélenchon, est que s’il est certain de ne plus jamais arriver à un second tour des élections présidentielles – il est le personnage politique le plus détesté en France – il est maintenant supplanté dans son propre parti par les extravagances de Rima Hassan ! Souleimane va s’attarder longuement sur l’ascension de cette icône de la gauche radicale. Il démonte point par point les relations aussi nombreuses que troubles de Rima Hassan avec les Frères musulmans. En lisant cet édifiant rapport, je me suis fait cette réflexion, la gauche est infestée d’agents de l’étranger, Glucksmann travaillant sur la droite de la gauche comme un agent de la guerre atlantiste contre la Russie, et Rima Hassan travaillant à favoriser l’entrisme des Frères musulmans dans les institutions politiques françaises et européennes. La FI rassemble des militants de faible culture, mais aussi un grand nombre d’imbéciles comme Louis Boyard, Sébastien Delogu ou encore le stupide Raphaël Arnaud. Leur fragilité mentale explique pourquoi les réseaux islamistes appuient ces gens-là. Ce parti est devenu antisémite ouvertement. On connait les positions de Rima Hassan qui s’est refusée à qualifier le pogrom du Hamas du 7 octobre 2025 pour ce qu’il était, et l’a expliqué par les mauvaises actions des Juifs. Grâce à la guerre que ce pogrom a déclenchée, elle a pu faire progresser le slogan des islamistes revendiquant un État de Palestine de la mer jusqu’au Jourdain. L’idée est qu’une solution à deux États ayant échoué, il faut fonder un nouvel État de Palestine pour remplacer Israël. Pour la forme Rima Hassan et avec elle les imbéciles de la FI nous disent que ce serait un État laïque et démocratique, un peu sur le modèle de l’Algérie – on est prié de ne pas rire ! Au passage il faut comprendre à quoi servent des idiots comme Shlomo Sand qui eux aussi militent pour un seul État[1] ! La caution d’un Juif renégat c’est ce que les pro-palestiniens préfèrent. Je fais remarquer que l’idée d’un seul État est aussi l’objectif de l’ultra-droite israélienne, mais si Rima Hassan et les siens veulent virer les Juifs de la Palestine, à l’inverse les Juifs-ultra veulent virer tous les Arabes de la mer Méditerranée jusqu’au Jourdain. 

Assemblée nationale: un député LFI brandit un drapeau palestinien pour  Gaza, 15 jours de suspension - Charente Libre.fr

Delogu arborant un drapeau palestinien à l’Assemblée nationale 

Souleimane va détailler le mieux qu’il le peut les compromissions de la FI avec le Qatar et la mouvance frériste. Il reste cependant des zones d’ombre. Comme se fait il que Rima Hassan soit devenue du jour au lendemain la tête de gondole de la FI ? Qui a financé son ascension ? Pourquoi Mélenchon l’a-t-il adoubée ? Rien n’est clair. L’ouvrage se présente comme un aller-retour entre ce qui se passe au Moyen-Orient, de la Syrie jusqu’en Israël, et ce qui se passe en France. C’est documenté, et on comprend assez bien que les Frères musulmans qui se moque totalement de la cause palestinienne qui n’est pour eux qu’un véhicule chargé d’émotions pour les Occidentaux, visent à coloniser les institutions et les grignoter pour imposer peu à peu leur présence comme incontournable. C’est déjà le cas dans les départements comme la Seine-Saint-Denis, où tu ne peux pas être élu sans l’appui de cette mouvance, en compensation de quoi un maire, un député travaillera à financer une école coranique, ou une association pro-musulmane. Cet ouvrage a évidemment l’avantage de dénoncer la cause palestinienne comme un bluff ruineux, un véhicule pour l’islamisme radical. Mais en France il mène clairement au renouveau de l’antisémitisme du côté de la gauche décérébrée. Souleimane rappellera d’ailleurs que les militants de la cause palestinienne qui au départ – c’est-à-dire dans les années trente – sont emmenés par le grand Mufti de Jérusalem, ont été des collaborateurs actifs d’Hitler. L’antisémitisme de Mélenchon et des siens est en quelque sorte un retour à ces origines.  Voilà ce qu’écrit Souleimane :

« Entre 1941 et 1945, al-Husseini collabora avec le régime nazi, se rendit à Berlin, rencontra Hitler. La réunion dura une heure ; Hitler promit à al-Husseini de liquider les Juifs de Palestine une fois l’Allemagne victorieuse. En échange, al-Husseini invita les musulmans à rejoindre l’armée nazie. Une unité de vingt mille musulmans, recrutée du Maghreb à l’Europe de l’Est, fut mise au service des pays de l’Axe. À la différence des autres soldats, ces musulmans eurent le droit de pratiquer leur religion, furent accompagnés par un imam, et reçurent de la nourriture halal. Hitler fit tout pour gagner leur sympathie. »

 Did Haj Amin al-Husseini Influence Hitler?By: Wolf Gruner 

Cette référence aux nazis est d’ailleurs pleinement assumée par les islamistes militants qui souvent affirment qu’ils vont terminer le travail commencer par Hitler. Et donc il ne faut pas s’étonner si dans les manifestations de la FI depuis novembre 2019 – bien avant que Netanyahu envoie son armée nettoyer Gaza – on entend très souvent des slogans comme « mort aux juifs », slogans que Mélenchon le menteur vous dire ne pas avoir entendu. Tout au long de cette enquête on retrouvera habituels relais islamistes, Urgence Palestine, mais aussi tous ces députés de la FI qui ont appris l’antisémitisme en relayant les posts et les vidéos de Dieudonné ou d’Alain Soral, comme David Guiraud ou bien sur Rima Hassan ! 

Rima Hassan

J’en conviens, Rima Hassan a un art consommé pour prendre la pause devant les photographes, c’est une évidence. Et chaque fois elle tente de faire monter la mayonnaise pour nous dire qu’elle a été maltraitée par les Israéliens. Dernièrement après s’être une nouvelle fois fait arrêtée avec la deuxième flottille pour Gaza, elle a même avancé contre toute évidence qu’elle avait été battue par la police israélienne[2]. C’est la tactique bien connue depuis des siècles de victimisation des musulmans qui accompagne leur colonisation et leur expansion dans le monde. Mais cela ne nous éclaire en rien sur les financements des flottilles pour Gaza. Ce sont des fantaisies que peuvent se permettre que des personnes ou des pays très riches qui ont de l’argent à ne plus savoir qu’en faire. Souleimane nous éclaire sur cette sombre affaire qui n’a rien à voir avec un coup de cœur humaniste pour Gaza :

Zaher Birawi, président du Comité international pour la levée du siège de Gaza, est un expert dans l’envoi de navires dans l’enclave palestinienne. Résidant au Royaume-Uni, il s’est rendu, en 1996, pour une courte période, dans la bande de Gaza, où il a travaillé à l’université islamique, une institution supervisée par le Hamas. Entre 2001 et 2003, il a présidé l’Association musulmane de Grande-Bretagne (British Muslim Initiative), une organisation encourageant l’engagement civique des musulmans, notamment à travers la participation électorale. Elle gère aussi des mosquées et forme de jeunes leaders. Cette association a été fondée par Mohamed Sawalha, connu aussi sous le nom d’Abu Obada. Sawalha était le chef militaire du Hamas, avant de fuir vers le Royaume-Uni en 1990 pour échapper aux poursuites israéliennes. 

Je pense que les gens de gauche ne se rendent pas bien compte combien ces compromissions avec l’islamisme radical et l’antisémitisme qui va avec nuit à leur crédibilité. A côté de ce positionnement du côté obscur de l’Islam, n’importe quel programme économique et social ne pèse pratiquement rien. Mélenchon qui n’a pas inventé l’eau chaude, croyant utiliser le monde musulman pour son profit, ne s’est pas rendu compte qu’il en était maintenant l’otage. De mensonge en mensonge, il s’est radicalisé en devenant le chef de file de ce nouvel antisémitisme. L’excellent livre de Souleimane est très éclairant, et il donne une juste mesure des réseaux islamistes qui manipulent les jeunes écervelés de la cause palestinienne. Cet antisémitisme virulent de la FI vient de très loin, il a commencé à prendre de l’importance dans les groupuscules trotskistes – où il y avait beaucoup de juifs – juste après la Guerre des Six jours. Et au fur et à mesure que l’antisémitisme de droite refluait, parce que les anciens de la collaboration disparaissaient les uns après les autres, il revenait du côté gauche, réactivant l’idée que les Juifs, s’ils n’étaient pas très nombreux étaient très manipulateurs et dominaient le monde avec leur argent. Mais tout ça c’est une autre histoire.



[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2024/02/shlomo-sand-deux-peuples-pour-un-etat.html

[2] https://www.20minutes.fr/monde/4177569-20251006-flottille-gaza-rima-hassan-affirme-avoir-battue-policiers-israeliens

jeudi 16 octobre 2025

La démondialisation des échanges, un changement de doctrine capital

 

Trump annonce de nouveaux droits de douane, dont 100% pour les médicaments

Ce qu’on appelle la guerre commerciale, ce n’est rien d’autre que la fin de la mondialisation. L’inconstant Trump vient une fois de plus d’annoncer des surtaxes démentes sur un certain nombre de produits : 100% sur les médicaments importés, 50% sur les éléments des meubles de cuisine, 25% sur les camions[1]. Ces nouvelles taxes entreront en vigueur dès le 1er octobre. Les européistes et en général ceux qui pensent que l’abaissement des barrières tarifaires et le libre-échange sont un facteur de développement économique vont hurler. La décision de Trump est, quoiqu’on pense de lui, d’abord fondée sur le creusement du déficit commercial qui clairement ruine les Etats-Unis. Le déficit commercial des États-Unis s'est fortement creusé pour atteindre 78,3 milliards de dollars en juillet 2025, le plus élevé depuis quatre mois, par rapport à un déficit révisé de 59,1 milliards de dollars en juin et des prévisions d'un déficit de 75,7 milliards de dollars. Depuis environ 60 ans, le déficit commercial des Etats-Unis avec le reste du monde s’est creusé. Et c’est d’ailleurs une des raisons qui ont fait de la Chine une des premières puissances économiques d’aujourd’hui. Les taxes souvent désordonnés mises en place par Trump sont d’abord une tentative de limiter ces déficits, autrement dit de rendre les Etats-Unis moins dépendants des marchés extérieurs. Le déficit commercial est toujours un appauvrissement du pays. Il est d’ailleurs curieux que les économistes qui se focalisent sur les déficits publics ne s’occupent que très peu du déficit commercial qu’ils ne voient que comme le résultat d’une trop faible compétitivité. Mais après tout on pourrait mettre des règles dans la Constitution à la fois d’un équilibre budgétaire et d’un équilibre du commerce extérieur. Car le déficit budgétaire est souvent la contrepartie du déficit commercial. 

C’est un changement de doctrine capital. En effet entre 1960 et 2025 très précisément, les Etats-Unis ont tout fait pour promouvoir le libre-échange, les Européens ont suivi et les économistes ont marché généralement pour justifier cette politique. La vieille idée théorique est celle des avantages comparatifs de David Ricardo qui, au début du XIXème siècle énonce avec un calcul bidonné que chaque pays doit se spécialiser dans la production où il est le plus compétitif. Il prend pour exemple les échanges entre le Portugal et l’Angleterre, le premier doit se spécialiser dans le vin et le second dans le textile[2]. Bien entendu depuis Ricardo on a présenté un peu différemment les choses, mais le principe n’a pas changé. Or périodiquement, tel ou tel pays, remet en question les accords de libre-échange. En 1892 c’est en France la loi Méline qui fait passer le taux de douane moyen français de 8,2 % entre 1889 et 1891 à 11,4 % sur la période 1893 et 1895. Le tarif moyen sur les importations agricoles passe de 3,3 % sur la période 1881/1884 à 21,3 % sur entre 1893 et 1895. Cette loi très décriée qui avait pour but d’abord de défendre l’agriculture française, a eu clairement pour conséquence de relancer la croissance de l’économie française, quoiqu’en ait dit ensuite Alfred Sauvy par exemple. Les défenseurs du libre-échange supposent que cela abaisse les prix mondiaux et donc stimule la consommation et la production. 

Les déterminants des échanges entre pays différents - Sciences économiques  et sociales (SES) - Terminale générale - Fiche de révision | Annabac

Les avantages du libre échange selon Ricardo 

 Mais le libre-échange a pour principal défaut de générer des déséquilibres des balances commerciales durables. C’est ainsi que depuis quarante années le déficit commercial des Etats-Unis avec les pays asiatiques et principalement la Chine se creuse comme on le voit dans le graphique ci-dessous. Les Etats-Unis pensaient que ce déficit commercial pourrait être compensé par la vente des services financiers et par les produits high-techs. Mais les pays asiatiques qui ont engendré des bénéfices colossaux du libre-échange, ne sont pas resté dans la position de simples produits manufacturiers. Leur production est montée en gamme dans tous les domaines, et les Chinois sont par exemple leaders dans la production de voitures électriques, des puces électroniques et de panneaux photovoltaïques. Cette montée en gamme était inévitable, les Chinois ayant misé sur une élévation continue du niveau d’éducation. Pire encore les Chinois se sont peu à peu passer des services financiers étatsuniens.

Rivalité Chine-Etats-Unis : le commerce extérieur et la stratégie "Made in  China 2025" dans le viseur

En France l’accroissement du déficit commercial à partir de 2000 est directement corrélé avec l’intégration de la monnaie unique qui a été très mal négociée, accroissant le prix des produits français à l’exportation et facilitant l’introduction des produits Allemands, Polonais, ou autre sur notre territoire. En 2024 pour la première fois depuis des décennies, la France importe plus de produits agricoles qu’elle n’en exporte, alors que pendant longtemps elle était leur première exportatrice au monde[3]. Ces deux exemples nous montrent que le libre-échange n’est pas une politique gagnant-gagnant, il y a des perdants et des gagnants. C’est quelque chose qu’on connait depuis au moi Antoyne de Montchrestien : le libre-échange est un jeu à somme nulle[4]. Parmi les raisons qui expliquent ces déséquilibres persistants, il y a le fait que le libre-échange est le plus souvent imposé par les nations dominantes qui trouvent là une possibilité d’exporter leurs surplus, et que ce libre-échange bloque les pays les moins développés sur les segments inférieurs du marché. Il n’a jamais été prouvé statistiquement que le libre-échange stimulait la croissance économique, autrement dit la relation entre l’ouverture et la croissance n’est pas claire : est-ce parce que la croissance est forte qu’on échange, ou au contraire est-ce que c’est parce que l’ouverture est importante que la croissance est forte. Les Trente Glorieuses qui ont été des années de forte croissance en France, bénéficiaient d’une relative fermeture des marchés nationaux. 

DÉFICIT COMMERCIAL SANS PRÉCÉDENT EN 2022 

Les enjeux d’une relative fermeture des marchés nationaux dépassent cependant la simple question du rééquilibrage de la balance commerciale. En effet on sait depuis au moins James Steuart[5] que les périodes d’ouverture des économies nationales s’accompagnent généralement d’une baisse des salaires pour cause de concurrence, et qu’au contraire les périodes de relative fermeture sont favorables à la hausse du pouvoir d’achat. Si je regarde le graphique ci-dessous, on voit qu’entre 1960 et 1983 la part des salaires dans la valeur ajoutée augmente régulièrement et de façon concomitante celle des profits diminue. 1983 correspond au tournant néo-libéral avec l’orientation européiste du gouvernement socialiste dirigé à cette époque par Laurent Fabius. C’est également à cette époque que le sinistre Jacques Delors détachera la hausse des salaires de l’inflation. L’idée stupide est de pousser la France sur la voie de la concurrence tous azimuts, avec les privatisations qui suivront. C’est bien sûr comme cela que les très riches vont s’enrichir toujours plus d’une manière indécente. Les politiciens véreux prendront le relais pour affirmer que la France doit être de plus en plus compétitive ! Mais on se rend compte que depuis 1983, les gains de productivité du travail ont été tous confisqués par les patrons, sans que cela soit le résultat du jeu du marché, mais parce que des lois ont été votées dans ce sens pour rétablir les marges d’investissement des entreprises. Ce que nous disait Steuart c’est que dans les périodes de repli de l’économie sur le territoire national, non seulement les salaires augmentaient, mais le temps de travail diminuait aussi, donnant plus de place aux loisirs. Pour James Steuart l’économie se développait d’abord au niveau international, puis ensuite elle se repliait sur le niveau national. C’était pour lui deux phases historiques consécutives. Et donc si on suit ce raisonnement il vient que l’ouverture effrénée mise en place dans les années quatre-vingts au siècle dernier est une forme de régression. 

Le partage de la valeur ajoutée | Alternatives Economiques

On voit donc que, même si c’est d’une manière brouillonne et fantaisiste, les décrets de Trump sur les droits de douane propulsent de fait les Etats-Unis en dehors de l’OMC. L’OMC est née en 1995, elle prenait la suite du GATT qui a fonctionné entre 1945 et 1995. L’ambition de l’OMC était de défaire pour toujours toutes les barrières tarifaires et non tarifaires qui entravaient les échanges commerciaux, y compris les normes sanitaires. C’est une de ces boutiques supranationales qui prétendent régner au-delà de la démocratie. C’est pourquoi elle s’était dotée de tribunaux et de juges évidemment non élus et le plus souvent issus du monde des entreprises multinationales pour faire la police et décider d’amendes plus ou moins lourdes contre les pays récalcitrants. Les décrets de Trump sont évidemment en rupture avec cette logique. Leur but est de rapatrier sur leur sol des productions dont ils dépendent un peu trop des marchés extérieurs. C’est la quête d’une nouvelle souveraineté. Il faut remarquer que la puissance de la Russie actuelle se fonde d’abord sur l’action de Poutine pour rétablir une autonomie agricole et industrielle pour son pays. Évidemment les médias occidentaux, surtout en Europe, vont crier au scandale parce que les règles changent. Tous les pays qui ne s’adapteront pas à ces nouvelles règles s’appauvriront constamment. C’est le cas de l’Union européenne où la croissance est stagnante, ouverte aux quatre vents, elle est maintenant la cible des exportations chinoises qui voient le marché étatsunien se fermer relativement. 

De fait c’est la fin de l’OMC et cela va obliger les États européens à réagir. Déjà pénalisés par la guerre en Ukraine, l’explosion des gazoduc Nord Stream, ils ont maintenant plus de difficultés à pénétrer le marché étatsunien. Or l’Union européenne dégageait un excédent commercial important avec les Etats-Unis. Les taxes en tout genre que Trump a mises en place va évidemment freiner les exportations européennes. Ce qui veut dire que l’Union européenne n’arrivera plus à compenser son fort déficit commercial avec la Chine par un excédent avec les Etats-Unis. En regardant le graphique suivant, on voit que le déficit commercial entre les Etats-Unis et l’Union européenne s’est creusé, et il ne pouvait pas durer. Quand les marchés à l’étranger se ferment, il est d’usage de rechercher des débouchés ailleurs, donc sur son propre sol, ce que font les Chinois qui voient leur consommation interne exploser et leurs salaires augmenter, ou alors en nouant de nouvelles alliances, c’est ce que font les BRICS, s’écartant des normes contraignantes de l’OMC, ils ne visent pas une gouvernance mondiale de l’économie. Autrement dit les BRICS et leurs alliés n’ont plus besoin de l’OMC pour prospérer, ils n’ont plus besoin de l’Union européenne et des Etats-Unis. Même si la politique fantaisiste étatsunienne leur pose des problèmes, ils peuvent la surmonter. Dans les mois qui viennent, il est probable que l’Union européenne doive réagir. Pour l’instant sa seule réaction a été celle d’Ursula von der Leyen qui s’est couchée honteusement devant les exigences de Trump. Il se préparerait deux actions, d’abord un durcissement des relations avec la Chine, et ensuite un renforcement des sanctions de l’Union européenne contre la Russie en visant le pétrole. Si la première va dans le bon sens, la seconde accélérera les difficultés de son économie. Mais rien n’est prévu pour compenser les mauvaises manières des Etats-Unis vis-à-vis de l’Europe. Or celles-ci vont pénaliser le commerce de l’Union européenne et donc appauvrir son économie. 

Si nous regardons la position de la France par rapport à l’Union européenne, elle est intenable. Elle se trouve en effet dans cette position inconfortable des déficit jumeaux – déficit commercial et déficit des finances publiques, celui-ci compensant celui-là. Si notre pays veut reconquérir sa souveraineté sur le plan économique, il doit sortir de l’Union européenne et protéger son marché intérieur. Bien entendu cela prendra un peu de temps, mais c’est la seule façon de sortir de l’impasse. Nous avons vu comment la logique européiste de Macron a conduit la France vers l’abime. La France est l’homme malade de l’Europe, mêle si celle-ci n’est pas en bonne santé. Les salaires sont bas, les services publics à l’abandon, plus rien ne fonctionne. Nous sommes endettés comme jamais. Une des raisons de sortir du libre-échange – donc de l’Union européenne et de l’euro qui en sont les adjuvants – est de rétablir les grands équilibres qui sont la condition essentielle de la souveraineté. Il y a aujourd’hui plus de 6 millions de chômeurs dans l’hexagone. Une résorption du déficit commercial permettrait de créer entre 1,5 millions et 2 millions d’emplois[6]. Notez que cette sortie de l’Union européenne et de l’euro, si elle s’accompagnait de taxes élevées sur les importations, engendrerait des rentrées fiscales substantielles. Malheureusement nous ne sommes pas prêts pur cette sortie. La raison en est le manque d’audace des hommes politiques, dont la logique tient plus de celle du bureaucrate appointé que de celle d’un fin connaisseur des mécanismes de l’économie. On a vu successivement le Rassemblement national puis le sinistre Éric Zemmour, renoncer à cette idée que pourtant ils avaient approuvé un temps. À gauche c’est un peu pareil, on fait comme si un programme économique novateur, favorable aux plus défavorisés, pouvait se mettre en place dans le cadre de l’Union européenne et de la monnaie unique. Tous ces gens qui, un temps, ont prôné la souveraineté de la nation, en vérité gère leur petite boutique, sans intention de se mettre en jour en situation de gouverner le pays.


[1] https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/09/26/droits-de-douane-donald-trump-annonce-des-surtaxes-sur-les-medicaments-les-poids-lourds-et-le-mobilier_6642971_3234.html 

[2] On the Principles of Political Economy and Taxation, 1817.

[3] https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/IraCex24162/detail/

[4] Traicté de l'oeconomie politique : dédié en 1615 au Roy et à la Reyne mère du Roy.

[5] An Inquiry into the Principles of Political Oeconomy, 1767. C’est sur cet ouvrage qu’Adam Smith a copié une partie de son œuvre majeure, An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations, 1776.

[6] Pour obtenir ce chiffre qui est juste là pour donner un ordre de grandeur, on peut diviser le déficit commercial de 81 milliards d’euros – chiffre de 2024 – par 50 000 € coût moyen d’un salaire annuel avec cotisations sociales, on arrive a 1 620 000 emplois. Mais avec des effets induits et une hausse des salaires que cela entrainerait, il y aurait probablement un effet d’entrainement au-delà de ce chiffre.

Éric Zemmour, La messe n’est pas dite, Flammarion, 2025

  Voilà donc le nouveau livre d’Éric Zemmour. Pourquoi donc est-ce que je lis Zemmour de temps en temps ? Un personnage que je méprise. ...