mardi 30 juin 2020

Municipales, le faible score des verts, conséquences

 

Michel Delafosse, maire vert de Montpellier s’affiche avec un jeune noir, comme c’est la mode 

On reconnait une période révolutionnaire au fait que tout et n’importe quoi puisse arriver. Dans cette période de grande confusion, on tente de nous faire croire qu’une vague verte serait en train de submerger la France. J’ai déjà dit dans un précédent billet que la grève générale des électeurs empêchait de dire une pareille stupidité[1]. Mais en y regardant de près, les résultats pour EELV qui prétendent en même temps être écologistes, européistes et pour l’économie de marché, ne sont pas très bons. Si je regarde les villes de plus de 30 000 habitants, ils gagnent 10 villes sur un total de 235 villes, soit à peine plus de 4%. Bien moins que le PS qui fait un score six fois plus important, et même que la France Insoumise qui pourtant a été nulle dans cet exercice. Même les fantomatiques LREM font encore mieux. Si j’élargis l’échantillon aux villes de plus de 9000 habitants, c’est encore pire, les villes obtenues par EELV c’est 2,4% de l’échantillon, tandis que LREM descend en dessous de 2% cette fois. Le PS fait vingt fois mieux que EELV. Malgré les alliances passées en rafale avec la gauche – et plus ponctuellement avec la droite macronienne – les électeurs EELV apparaissent seulement comme les supplétifs d’une gauche en faillite, toujours en train de marchander son soutien, un coup à Macron, un coup aux socialistes. Toutes les têtes de liste EELV, sauf Jadot, ont fini chez Macron.

 

A Lyon on nous dit que le résultat est d’autant plus historique que Grégory Doucet était un quasi inconnu jusqu’à ces dernières semaines. En réalité Doucet profite non seulement de la déconfiture générale de LREM au niveau national, mais aussi de l’imbécilité de ce parti et de la droite locale dont la tambouille n’a pas pris. Autrement dit il doit son succès à deux facteurs :

- d’abord la grève des électeurs des classes populaires qui favorisent les candidats de la classe moyenne soi-disant instruite ;

- ensuite du particularisme local qui a fait émerger deux listes LREM sans que ni les instances de ce parti croupion, ni le président et ses affidés ne se montrent capables de modérer l’ardeur suicidaire de leurs troupes de bras cassés. La médiocrité du personnel politique local prospérant facilement grâce à la médiocrité du gang de l’Elysée qui pense qu’une élection se gagne seulement avec de l’argent. Le nouveau maire de Lyon s’est déjà fait remarquer en allant déconner chez Bourdin, avançant que le clivage n’est plus entre la droite er la gauche, mais « entre les terrestres et les non terrestres »[2]. Et il te dit ça sans rigoler ! On fait confiance aux verts pour se discréditer rapidement, même si beaucoup de Français aujourd’hui partagent l’idée qu’il faudrait agir enfin sérieusement pour avoir un air plus respirable, une eau meilleure à boire, et une bouffe moins pourrie. 

 

Quand les autres partis et les éditorialistes auront fini de désaouler, ils vont forcément se rendre compte de la supercherie qu’ils véhiculent et qui les intoxique. Olivier Faure le fantomatique leader du PS avait déduit que peut-être il serait bon que les socialistes se rangent pour les présidentielles derrière un candidat vert ! Cette assertion un rien débile a mis une partie du PS en folie, arguant qu’ils sont tout autant écologistes que les EELV et donc que la soi-disant percée des verts ne représente rien[3]. On a refait les calculs chez Marianne, et on a trouvé que finalement les verts n’avaient pas enthousiasmé les foules comme le montre le tableau ci-après. On peut aujourd’hui devenir maire d’une grande ville riche en séduisant moins d’un électeur sur quatre ou cinq. A Lille l’imbécilité insondable des EELV les privent de postes d’adjoints à la mairie. Aubry qu’ils ont emmerdée jusqu’à la gauche, c’est le cas de le dire, a précisé que les idées des verts étaient excellentes, mais qu’on se passerait d’eux pour les mettre en œuvre. L’illusion d’une vague verte n’aura pas passé la semaine. Déjà le nouveau maire de Bordeaux s’est montré très agressif envers ceux qui posséderaient une automobile[4], ravivant la crainte d’un autoritarisme vert qui n’est plus de saison. Pour ceux qui me lisent depuis longtemps, je rappelle que si je suis hostile aux écologistes du type EELV, c’est à la fois parce que les mesures qu’ils préconisent sont plus qu’insuffisante, ils ne veulent pas sortir du capitalisme, parce qu’ils croient à la croissance verte, et parce que leur méthode d’imposer leurs idées ne me conviennent absolument pas. Ils se positionnent comme s’ils savaient quelque chose et que nous nous étions encore plus bêtes qu’eux. Lorsqu’ils me proposeront de sortir de l’Europe pour raccourcir les circuits, lorsqu’ils proposeront de fermer les hypermarchés et de combattre le zonage, là je voterais pour eux. Mais ce ne sont pas ces considérations politiques qui m’incitent à relativiser leur percée.  Ce sont les chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Que ce soit en nombre de voix ou en nombre de villes gagnées, leur bilan est franchement dérisoire. 

 

Si les Républicains ont sauvé les meubles, tout en perdant des villes importantes comme Marseille, Strasbourg ou Bordeaux, ils sont en train de se déchirer sur la question des alliances. Tanis qu’un certain nombre d’élus pensent que de se rapprocher de Macron est une bonne chose, sachant qu’ d’autres comme Aurélien Pradié présente les alliances LR-LREM comme une raison de la défaite – de la raclée dirait Macron – et donc souhaite à l’avenir ne pas trainer ce vieux boulet[5]. Car tout le monde a en tête 2022 et si LR fait un bon score, cela pourrait signifier que Macron n’arrivera pas à se qualifier pour le second tour. Il est vrai que si LR veut exister, ce parti doit se garder comme de la peste des alliances avec Macron, non seulement pour avoir une chance de gagner l’Elysée en 2022, mais aussi pour conserver le maximum de députés. 

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