mardi 15 décembre 2020

Retour sur la question des frontières

 En hommage à Coralie Delaume qui vient de nous quitter et qui combattit la construction européenne avec talent et beaucoup d’humour aussi 

Dans la perspective des élections de 2022 auxquelles tous les politiciens se préparent, la question de la souveraineté s’avère centrale. L’idée de souveraineté monte en puissance un peu partout dans le monde, elle explique le score extravagant de Trump aux dernières élections présidentielles, même si celui-ci n’en a pas fait un véritable usage, à part des pitreries du type on construit un mur. On avance aussi que le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, qui sera intronisé le 21 janvier prochain, devrait poursuivre dans cette voie protectionniste. Le sondeur Stéphane Rozès vient de le rappeler une nouvelle fois que c’est un sujet qui est décisif[1]. On explique d’ailleurs souvent la montée des populismes ici et là par l’abandon de cette notion, comme s’il s’agissait d’une notion désuète.  Curieusement cette idée de mondialisation sans frontières est largement partagée par les politiciens de droite et de gauche. Les premiers parce qu’ils considèrent que les lois du marché démontrent que les frontières ne sont pas une forme naturelle, et les seconds très souvent au nom d’un internationalisme fumeux qui laisse de côté le fait que l’internationalisme ne peut pas exister sans les nations. On oublie trop souvent que la nation est d’abord une idée de gauche, issue de la Révolution française[2], puis cette idée devint vraiment très puissante pour unifier la Résistance à travers le Conseil National de la Résistance qui a imposé certainement les avancées sociales les plus puissantes de l’histoire de la France. Abandonnée progressivement par la gauche au fur et à mesure que l’Union européenne se consolidait, cette idée a été récupérée ensuite par le Front National – dont le sigle était un détournement du nom d’un réseau de la Résistance parmi les plus importants, tandis que les fondateurs du Front national étaient dans le fond plus européistes que nationalistes puisqu’ils étaient pétainistes et collaborationnistes – sans que la gauche n’y trouve rien à redire. C’est un peu comme la laïcité, ce fut un cheval de bataille fondateur de la gauche, et puis au fil du temps on l’a abandonné au Front national.

 

Apprendre à distinguer le vrai Front national du faux 

Mais l’idée nationale qui semblait en sommeil est redevenue populaire. La cause doit en être cherchée dans le marasme évident de l’Union européenne qui non seulement apparaît comme une construction technocratique loin des gens, mais surtout comme le résultat de la mondialisation sans frontière avec son cortège de dégâts sur l’emploi et les inégalités sociales. Mais on ne peut pas être contre la mondialisation, pour le développement du local et en même temps ne pas se poser la question du cadre spatial dans lequel une société se développe. Depuis Marx, on sait que le capitalisme a pour horizon un monde sans frontière dans l’unification du marché. En vérité c’est un débat très compliqué car Adam Smith, dans La richesse des nations, concevait l’économie de marché seulement dans un cadre national qui en désignait les limites plus ou moins naturelles. Ce qui veut dire que les nations, et donc les frontières avaient forcément un rôle à jouer bien au-delà de la question de la production des marchandises puisqu’elles unifiaient une nation, une communauté. Mais par la suite la plupart des économistes, à partir de Ricardo et de ses lugubres théories sur le libre-échange, reviendront sur cette idée et réduirons la question spatiale à la question du marché mondial, ce qui de fait revenait à réduire la question politique à sa seule dimension économique. L’intégration de l’Union européenne dans un marché sans frontière est la preuve de l’inefficience du libre-échange : plus l’intégration économique se réalise, et plus la croissance est faible et le chômage élevé. Une des raisons est que dans un monde sans frontières, l’Etat s’efface et la redistribution des richesses ne se fait pas, c’ets pourquoi le libre-échange qui met en concurrence le travail et les travailleurs du monde entier aboutit à une hausse des inégalités de revenus. On sait cela depuis au moins le XIXème siècle. Ce n’est pas un hasard sur les Trente Glorieuses correspondent à une accélération de la croissance, un resserrement des inégalités et une baisse drastique du chômage. Ce n’est pas un hasard non plus si les directives du CNR – Conseil National de la Résistance – ont été appliquées dans un cadre national. Dans un cadre de concurrence internationale, donc d’une ouverture des frontières, on aurait évoqué cette fameuse compétitivité pour ralentir les réformes ou les vider de leur sens. La première attaque contre la Sécurité sociale est venue de Georges Pompidou en 1967. Alors premier ministre du général De Gaulle, il avançait qu’il fallait réformer la Sécurité sociale pour se mettre en conformité avec les autres nations européennes. Sous-entendant par là qu’il fallait s’aligner sur un standard moins coûteux. Il ajoutait que c’était là la voix du progrès. Et qu’on ne pouvait pas aller contre le progrès ! Cette attaque concertée avec le patronat, entraîna des manifestations de masse très nombreuses et furent sans doute une répétition pour le mouvement social de 1968.

 

Deux hommes politiques de gauche, pour une fois, François Ruffin[3] et Arnaud Montebourg[4] ont soulevé officiellement cette question à travers l’existence nécessaire des frontières justement. En vérité ils sont tous les deux sur ces positions depuis pas mal de temps, Montebourg avec la défense de l’industrie française[5], mais aussi Ruffin qui se faisait traiter de lepéniste parce qu’il voulait sortir de l’euro et de l’Union européenne. Avoir des frontières, cela signifie que l’Etat contrôle ce qui rentre et ce qui sort du territoire : les marchandises (c’est le protectionnisme), les capitaux et les hommes. C’est une question de souveraineté. On voit bien à quoi correspond cette souveraineté. Elle est une défense de l’économie nationale, et elle est une défense de la civilisation et de la culture nationale. La mondialisation et l’Europe se sont attaqué aux deux : elles ont détruit l’économie française, et elles détruisent la culture nationale. Le déclin de l’économie nationale peut se lire d’abord dans la désindustrialisation du pays. Dans le tableau ci-dessous, nous voyons que si l’Allemagne n’a rien perdu de sa capacité industrielle, la France est devenue un pays de services, pour le meilleur il s’agit de services financiers, pour le pire, il s’agit du développement de la domesticité dans le tourisme et l’hôtellerie par exemple. La désindustrialisation de la France signifie au moins trois choses :

- d’abord une dépendance accrue aux marchés extérieurs, notamment l’Allemagne et la Chine, en termes de produits manufacturés, donc une perte de souveraineté. Les auteurs mercantilistes savaient parfaitement cela qui avaient comme règle de ne vendre que le produit du travail à l’étranger, et de n’acheter que les matières premières qu’on ne trouvait pas sur notre territoire, même si les produits étrangers sont en apparence moins chers[6] :

- ensuite un effondrement de nos capacités dans le domaine médical, effondrement qui s’est traduit par un taux de mortalité lié au COVID-19 très élevé, et les palinodies des macroniens qui attendaient que la Chine nous livre des masques pour changer de politique. La destruction de notre appareil industriel qui est le résultat de notre adhésion à l’Union européenne et à l’euro, a des répercussions sur la santé publique[7] ;

- enfin la création d’un chômage structurel dont on ne peut plus sortir, car lorsqu’on détruit un emploi industriel, on détruit en fait cinq ou six emplois liés à la filière considérée. C’est ce qu’on appelle le multiplicateur d’emploi, il est faible dans les services et très élevé dans l’industrie.

  

Mais la question des frontières dépasse cet aspect économique. Les mondialistes, qu’ils soient de gauche ou de droite, qu’ils s’appellent Emmanuel Macron, ou Cédric Herrou, supposent que la fin des frontières ne signifie pas la fin de la culture. C’est évidemment faux. Les propositions de Macron d’enseigner l’arabe ont choqué, parce que le français est la langue qui a unifié la nation – sans même parler du fait qu’apprendre l’arabe à des jeunes élèves est une manière leur refuser le droit d’apprendre le français qu’ils ne maitrisent pas. La question des frontières c’est aussi comme l’affirme Ruffin le contrôle de l’immigration, les flux de personnes dit-il histoire de na pas avoir d’ennui avec la police de la FI. On va prendre seulement deux faits. Le premier concerne le multiculturalisme. Nous voyons que l’immigration de masse a engendré une montée en puissance de la religion islamiste. Or celle-ci est hégémonique, en ce sens qu’elle ne suppose pas une séparation effective entre le politique et le religieux : « Bien sûr l'écrasante majorité des musulmans ne sont pas terroristes ou n'ont de sympathie pour les terroristes. Assimiler tous les musulmans à des terroristes est stupide et incorrect. Mais reconnaître qu'il y a un lien entre islam et terrorisme est approprié et nécessaire." "J'ai été musulmane, souvenez-vous, et c'est quand j'étais le plus dévote que j'étais le plus remplie de haine », écrit Ayaan Hirsi Ali qui sait de quoi elle parle puisqu’elle est originaire de Somalie. Ce qui veut dire que nous n’avons pas défendu nos frontières au non du libéralisme économique et sociétal justement. Et l’immigration de masse a créé de nombreux problèmes, allant de la transformation de quartiers entiers en zone de non droit, jusqu’aux attentats que la France, pays le plus généreux dans son accueil, a subis plus que n’importe quel autre pays européen. Or le communautarisme ce ne sont pas des communautés diverses qui vivent ensemble, mais des communautés qui se replient sur elles-mêmes dans l’hostilité des autres communautés. On l’a vu récemment en Seine Saint-Denis, les Chinois sont agressés systématiquement par des Musulmans qui par ailleurs se plaignent du racisme des Français[8]. Les Chinois de la région parisienne ont alors manifesté pour que l’Etat prenne enfin en charge leur problème de sécurité face au communautarisme islamiste. Nous n’avons pas vu la Mélenchon et autre Obono manifester à ce moment-là contre la sinophobie. Il est vrai que les asiatiques qui manifestaient ne se camouflaient pas avec un voile et surtout, ils agitaient des drapeaux français au lieu de les brûler.

 

Manifestation de la communauté chinoise le 4 septembre 2016 

Chaque communauté enfermée dans ses préjugés manifeste à sa manière. Si les asiatiques ont été bien seuls à manifester contre l’insécurité – entendez contre les agressions des musulmans – il s’est trouvé de nombreux « intellectuels » ou politiciens pour soutenir la séparation des musulmans au nom de la lutte contre le racisme. Ça va du soutien qu’on accorde à des semi-idiots poètes d’occasion qui slament en crachant contre le France, aux prières de rue qui sont qu’on le veuille ou non une occupation du territoire en vue de sa transformation, une enclave en quelque sorte au cœur de la République. Il y a en vérité des frontières invisibles misent en place par telle ou telle communauté qui refuse de s’adapter et qui prétend imposer ses normes. Tout le monde connaît des quartiers de Paris où les Juifs sont interdits de paraître, d’autres quartiers où les femmes ne peuvent pas se promener comme elles l’entendent sans risquer de se faire agresser, des bars où elles ne peuvent pénétrer. Ces frontières informelles sont connues, mais comme elles ne sont pas officielles et ne ressortent que de la tradition, elles permettent aux associations musulmanes de porter plainte pour diffamation[9]. On note que devant l’évidence de ces faits trop nombreux pour ne pas faire sens, Macron est passé du « vivre ensemble » à la lutte contre le séparatisme. Mais il s’agit toujours de frontières !

  

Entendons-nous bien, pointer du doigt les conséquences négatives de l’immigration de masse, ce n’est pas vouloir boucler les frontières à double tour, c’est refuser que la nation se transforme en quelque chose qui ne ressemble plus à rien dans la perte de ses racines dans le déploiement d’un déséquilibre ingérable pour l’Etat. De même développer une politique économique ce n’est pas refuser de commercer avec le reste du monde, c’est simplement commercer en conservant son autonomie, soit ne pas générer un déficit commercial important qui correspondrait à un transfert de richesses vers l’étranger, et donc à un transfert d’emplois. Il faut savoir que notre déficit commercial avec l’Allemagne s’aggrave tous les ans, et il s’est accéléré depuis l’arrivée de Macron à l’Elysée. Ce déficit commercial avec l’Allemagne signifie trois choses :

– d’abord que nous dépendons de l’Allemagne de plus en plus pour les biens d’usage, d’équipements, mais plus encore de l’agriculture car les Allemands sont en avance sur nous si on peut dire dans le domaine de l’agriculture industrielle, porcs, bovins, laits et fromages, parce qu’ils ont créé des fermes industrielles de dimension démente avec les problèmes environnementaux et sanitaires qui vont avec[10] ; 

Ferme industrielle en Allemagne 

– ensuite que nous transférons notre savoir-faire et notre technologie vers l’Allemagne, puisque nous les détruisons pour leur faire plaisir. Ce transfert pose de gros problèmes à terme, notamment si nous sortons de l’Union européenne et de l’euro, il faudra refaire tout le chemin en sens inverse, acquérir à prix d’or la technologie que nous ne possédons plus. Cela pose également le problème de la formation de la main d’œuvre. La désindustrialisation   s’est accompagné d’un effondrement de l’enseignement professionnel et supérieur, nous n’avons plus d’ouvriers qualifiés, ni d’ingénieurs ;

– enfin, ce transfert continu de richesse équivaut à un transfert d’emplois industriels de notre pays vers l’Allemagne. Un calcul grossier nous montre que c’est entre 20 000 et 30 000 emplois qui tous les ans partent vers l’Allemagne, c’est bien mieux que le STO de sinistre mémoire et nos hommes politiques de droite ou de gauche ont collaboré à ce pillage.  

Notez que ce pillage de la France par l’Allemagne n’a été possible que grâce à la complicité des « élites » françaises. Ce sont en effet les élites autoproclamées qui sont toujours à l’avant-garde de la collaboration. Je note deux inflexions importantes qui ont « tué » l’industrie française, d’abord en 1983 la volte-face de Mitterrand sur la question européenne, et par suite celle du Parti socialiste. Il faut rappeler que jusqu’à une date assez récente le Parti socialiste, comme l’ensemble de la gauche d’ailleurs considérait que l’intégration européenne était d’abord une politique de droite – Giscard si on veut – au service des multinationales. En 2005 une large majorité des électeurs socialistes a voté contre le TCE. Puis la social-démocratie s’est vendue progressivement à l’idéologie du libre-échange. Pascal Lamy, membre éminent du PS, fut par la suite Commissaire européen au commerce, puis directeur de l’OMC. Ce rocardien manœuvrier était donc aux premières loges pour démanteler toutes les règles qui auraient pu protéger l’intégrité de la France, sa spécificité et son économie. Il faut dire qu’il avait été diplômé des trois pires boutiques qui en France diffusent la logorrhée néolibérale, Sciences Po, HEC et l’ENA.  

Le second outil du saccage de la France fut la mise en place de l’euro, car en effet sans l’abandon du franc, le pillage eut été plus difficile parce que la France aurait pu comme elle le faisait dans le temps dévaluer sa monnaie pour conserver ses parts de marché à l’international et surtout limiter le déficit commercial. Autrement dit la monnaie nationale protège la nation. Si je regarde le graphique ci-dessous, je me rends compte que jusqu’à l’introduction de l’euro, l’excédent commercial français était supérieur à celui de l’Allemagne. Et puis la rigidité des taux de change empêchant la France d’ajuster la valeur de sa monnaie a produit cette évolution catastrophique. Mais il y a autre chose, c’est que l’entrée de la France dans l’euro a été un jeu de dupes. C’est le médiocre Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’économie, qui négocia le tarif d’entrée. Il avait le choix, soit une entrée sur une parité de 6,557 francs pour un euro, soit 10 francs pour un euro, soit comme certains le suggéraient 15 francs pour un euro. Plus le franc était surévalué vis-à-vis de l’euro, et plus la concurrence avec l’Allemagne allait être difficile. Les négociateurs allemands qui n’en sont pas encore revenus, ont obtenu ce qu’ils voulaient sans avoir à se battre, comme en quarante quand l’armée français a été coulée par ses propres généraux. En adoptant le taux de 6,557 francs pour un euro, c’est comme si on avait dévalué le mark et réévaluer le franc. 

Evolution du solde commercial de la France et de l’Allemagne 

Les raisons de cette escroquerie manifeste sont doubles :

– d’abord le fait qu’on s’est basé sur la balance des paiements pour décider de ce taux, à un moment où l’Allemagne était en mauvais état. Nous aurions pu obtenir bien d’avantage de l’Allemagne à ce moment-là, en effet ce pays était encore plombé dans sa dynamique par le financement de la réunification et avait besoin de notre soutien. Peut-être que nous n’aurions pas obtenu 15 francs = 1 €, mais il semble que la parité 10 francs pour 1 euro était tout à fait à notre portée et cela nous aurait causé bien moins d’ennuis ;

– ensuite le fait que Dominique Strauss-Kahn pensait – bien que « pensait » soit pour lui un trop grand mot – qu’en acceptant la parité 6,557 francs = 1 €, cela obligerait les capitalistes français à réorienter leurs investissements vers les secteurs à haute valeur ajoutée, entraînant la France sur la voie de la modernisation accélérée. Mais ça ne s’est pas passé comme ça, les capitaux français ont préféré se réfugier dans le développement d’un capitalisme financier sans morale et au contraire cette fantaisie strauss-kahnienne a accéléré la désindustrialisation de la France. Et cela s’est traduit par un chômage structurel dont nous ne sommes jamais sortis.  

Ce rappel est nécessaire car s’il est bien connu des économistes comme Jacques Sapir[11] et quelques autres, on ne rattache pas toujours la défense des frontières à la question de la monnaie. Or les Allemands ont tiré les leçons de leurs deux dernières défaites militaires, ils ont compris qu’il était plus simple et moins coûteux de piller l’Europe et donc la France avec une monnaie qui enchaîne ses partenaires qu’avec des tanks. Les frontières représentent la souveraineté, elles se défendent aussi bien par l’armée que par les règles qu’une nation impose au reste du monde. Il faut des règles pour le contrôle des marchandises, des capitaux et des hommes. Seules ces règles sont susceptibles de construire une communauté de destin. La monnaie est une de ces règles, comme l’est la laïcité comme le sont les frontières politiques de la nation.  

C’est sans surprise donc qu’une étude allemande dont est issue le tableau ci-dessus montre le résultat de la disparition des frontières monétaires entre les pays européens[12]. Cette étude émane d’un think tank pro-européen et donc n’affiche pas de malveillance vis-à-vis de l’Union européenne et de la monnaie unique. Chaque français a donc perdu 56 000 € entre 1999 et 2017, du fait de l’introduction de la monnaie unique, tandis que chaque allemand avait gagné sur la même période un peu plus de 23 000 €. Le bilan est encore plus désastreux en Italie où la perte par italien serait sur l’ensemble de la période d’étude serait de 73 000 €. On remarque que ce dernier pays qui a détruit systématiquement son système de soins pour rentrer dans les normes budgétaires imposées par Bruxelles a été celui qui a le plus souffert de la crise sanitaire. C’est aussi dans ce pays que la volonté de sortir de l’Union européenne parait la plus forte. Globalement dans ce jeu à somme nulle, ce que l’Allemagne et les Pays Bas ont gagné, c’est ce que la France et l’Italie ont perdu. Sur le plan commercial, les excédents de l’Allemagne sont le déficit commercial des autres pays européens, à commencer par la France.

Ce long détour nous permet de revenir à Montebourg, celui-ci teste manifestement une possible candidature à l’Elysée, pour cela il se démarque de François Hollande dont il a été le ministre éphémère de l’économie avant d’être remplacé par Macron. Il nous dit que son point de vue est en dehors du clivage gauche-droite qui est en effet de plus en flou, de moins en moins lisible. Il raconte à qui veut l’entendre que, devant Obama, Hollande s’était ridiculisé en se déclarant impuissant face aux oukases de Merkel[13]. Il a avancé semble-t-il sur cette question des frontières, mais il ne nous dit pas ce qu’il fera de l’euro, ni même s’il œuvrera pour sortir de l’Union européenne. Il ne peut pas nous refaire le coup du plan A, plan B à la Mélenchon, ambigüité qui du reste a été sanctionnée en 2017 par les électeurs, ambiguïté qui plombe aujourd’hui l’idée selon laquelle Mélenchon qui passe beaucoup plus de temps à combattre l’islamophobie qu’à développer un programme sérieux. Mélenchon qui pleurniche pour décider les communistes à le soutenir – mais pourquoi le feraient-ils – pourrait-il figurer au second tour de l’élection présidentielle ? Personne à gauche ne le croit, ses palinodies, ses retournements de veste l’ont discrédité pour toujours. Pour avancer Montebourg doit préciser sa démarche sur les points suivants :

– que faire avec l’Union européenne ? A l’heure actuelle circule une pétition pour réclamer un référendum sur cette question, mais d’autres pétitions reste en retrait, réclamant seulement un meilleur contrôle des frontières européennes. Or comme nous l’avons vu, à l’intérieur des frontières européennes, nous resterons désarmés car l’Union européenne n’est pas une nation et ne le sera jamais, ce qui l’encline à être dirigée par une bureaucratie corrompue ;

– que faire avec l’euro ? Nous avons vu que la monnaie nationale est une autre manière de défendre nos frontières économiques ;

– à l’heure actuelle on doit être clair sur la question environnementale et remettre en question le dogme de la croissance économique comme solution.

Terminons par ce point important, Montebourg est un critique de longue date de la Vème République et donc d’une plus large implication du peuple dans les affaires qui le concerne. Cette idée relativement simple d’un peuple souverain, fait apparaître plus que jamais la centralité de l’idée de nation.



[1] https://lvsl.fr/stephane-rozes-la-presidentielle-doit-remettre-letat-au-service-de-la-nation-et-de-sa-souverainete/?fbclid=IwAR2otdDpDW9uPKeJN0mRmIAAgPRVMZMEwQkPSKkNmyVsSQpERNWP_MmTbnY

[2] Patrick Cabanel, « La gauche et l'idée nationale », Jean-Jacques Becker éd., Histoire des gauches en France. Volume 1. La Découverte, 2005

[5] Antoine Montebourg, L’engagement, Grasset, 2020. https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/11/arnaud-montebourg-lengagement-grasset.html

[6] Antoyne de Montchrestien, Traicté d’oeconomie politic, 1615.

[7] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/08/des-soins-sans-industrie-jean-pierre.html

[8] https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/aubervilliers-93300/aubervilliers-condamnes-pour-11-agressions-contre-des-chinois-09-08-2016-6027649.php

[9] https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/bar-interdit-aux-femmes-a-sevran-david-pujadas-et-delphine-ernotte-seront-juges-pour-diffamation-1592588019

[10] https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/allemagne-indigestion-generale-due-aux-elevages-de-porcs-142735.html

[11] Jacques Sapir, L’euro contre la France, l’euro contre l’Europe, Cerf, 2016.

[12] Dr. Matthias Kullas & Alessandro Gasparotti, 20 Jahre Euro: Verlierer und Gewinner Eine empirische Untersuchung, CEP, Februar 2019.

[13] https://actu.orange.fr/politique/meme-obama-nous-faisait-la-lecon-quand-arnaud-montebourg-raconte-sa-honte-de-francois-hollande-magic-CNT000001vx6oC.html

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