Les travailleurs du secteur de la culture manifestent périodiquement pour avoir plus de moyens
Périodiquement le monde de la culture rentre en ébullition s’estimant maltraité par le pouvoir, énonçant l’importance de son rôle, supposant que la consommation de produits culturels est une finalité en soi. C’est parfois à l’occasion de la réforme du chômage des intermittents ou parce que telle ou telle subvention a été sucrée, mais aujourd’hui c’est la conséquence du confinement qui a privé une partie des travailleurs de ce secteur de revenus et de subventions. Récemment les théâtreux ont occupé une partie des scènes françaises et dans les manifestations les jeunes sont nombreux à réclamer des mesures de soutien afin de continuer à vivre de leur activité en avançant que la culture est un bien essentiel comme le pain, les pommes de terre ou le vin. André Malraux, auteurs de romans et d’essais considérés comme de haut niveau culturel, avançait que le « Le cinéma est un art ; et par ailleurs, c'est aussi une industrie. »[1]. C’est un propos lapidaire qui est très souvent cité pour mettre en garde contre une marchandisation excessive de la culture. Pourtant on pourrait dire qu’aujourd’hui c’est exactement l’inverse, « le cinéma est une industrie, et par ailleurs, c’est aussi un art ». et on pourrait étendre cette idée à l’ensemble des activités culturelles à l’heure de leur reproductibilité mécanique[2]. La manière d’ailleurs dont les gens protestent contre le gouvernement le prouve, ce qui est important ce n’est pas le contenu de la culture mais le fait qu’elle donne la possibilité d’obtenir un emploi facile à tenir et ouvre droit à des subventions. En effet à l’heure de la reproductibilité mécanique des arts et donc de leur marchandisation, il est un préalable important : il est interdit de juger de leur contenu, sauf pour dire s’il est conforme à une forme de politiquement correct et qu’il ne heurte pas telle ou telle minorité qui a pignon sur rue et marche en Louboutin. Du moment qu’il y a un client pour un livre, un film, un disque ou une émission télévisée, le jugement sera celui du marché. Peu importe la qualité intrinsèque de l’œuvre. L’individu en achetant sa marchandise achète en même temps le droit de la juger pour lui-même. C’est cette apologie du non-jugement social sur l’œuvre d’art qui désigne la pensée libérale[3]. Donc on dira que tel livre de Guillaume Musso ou de Marc Lévy sont des œuvres culturelles ou artistiques, comme les « musiques » de Youssoupha ou les films de Frank Dubosc. Evidemment on voit à travers ces exemples bien choisis qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Les exemples sont nombreux de produits culturels de médiocre qualité qui font des scores excellents sur le marché, tandis que l’opéra est généralement réservé à un public vieux et riche et que de nombreux théâtres n’arrivent pas à remplir les salles et ne survivent qu’avec les aides à la création qui supposent que l’avant-garde a besoin de soutien parce qu’elle représente l’avenir sur le chemin du progrès. Le problème est le suivant, les produits culturels qui sont plébiscités par le marché sont de médiocre qualité, et les produits subventionnés sont non seulement de mauvaise qualité mais n’intéressent personne. Le plus étrange est que la culture est subventionnée au nom de la démocratisation des savoirs, mais que cette culture-là existe dans le vide. Le moins qu’on puisse dire est que l’aide de l’Etat est inopérante en ce qui concerne la démocratisation de la culture
La culture est d’abord un secteur économique
Pour éviter la sanction du marché, on réclame des
subventions à l’Etat, supposant que cela ferait sortir la culture de sa
dimension marchande et assurerait une plus grande liberté au
« créateur ». Mais en réalité c’est pareil puisque la logique de la
subvention c’est encore une logique de l’argent augmentée du pouvoir
bureaucratique de choisir tel ou tel ami. Autrement dit une œuvre subventionnée
n’est pas plus libre qu’une œuvre qui se vend sur le marché. Elle est contrainte
par ses bailleurs de fonds, on sait suffisamment les magouilles et les luttent
qui président dans les commissions d’attribution de subventions dans le secteur
culturel. Par exemple quand Bernard Henri-Lévy, cet homme agité mais sans
talent, était membre de la commission de l’avance sur recettes au CNC, il
favorisait non seulement les films qui employaient son épouse, mais également
ses propres productions, ce qui lui permit de monter un navet très cossu qu’on
cite un peu partout comme l’exemple de cette gabegie, avec des acteurs
prestigieux comme Alain Delon ou Lauren Bacall, Le jour et la nuit. L’exemple est intéressant. Cette
« œuvre d’art » des plus ridicules fit 73 000 entrées en France,
même pas de quoi rembourser le prix des affiches, ce qui n’empêche pas BHL de
proclamer l’incompréhension du public qui n’était pas à la hauteur d’une œuvre
aussi avancée sur son temps. Revenant sur son échec il dira à l’émission Bouillon de culture en 2008 « Pour Le Jour et la Nuit, si je
regrette une chose, c'est d'avoir été un peu… mégalo. J'ai fait trop grand,
trop fort, trop beau, trop tout… L'erreur était probablement là. », puis
en 2010 chez Ardisson : « Je le
trouve absolument réussi. J'ai revu le film, et je ne vois pas où est le
problème. Je le tournerais aujourd'hui, je ne changerais rien. » On remarquera que ce BHL est le
seul réalisateur d’un grand fiasco subventionné à passer plusieurs fois à la
télévision pour se flatter de l’avoir commis ! et on comprend l’importance
de l’entregent pour en faire la promotion. Un personnage public, c’est-à-cire
qui passe à longueur de temps à la télévision trouvera plus facilement un
éditeur ou un producteur qu’un auteur ou un cinéaste qui travaille.
Aux contraintes développées par la bureaucratie étatique
s’ajoutent maintenant les contraintes de la bien-pensance. L’œuvre d’art ne
doit pas heurter tel ou tel groupe minoritaire constitué en tant que nouvelle
instance de jugement : les homosexuels, les noirs, les immigrés, les
transgenres, etc. Tous les jours qui passent vient ajouter un nouveau groupe de
pression qui veut avoir un droit de vie ou de mort sur l’œuvre dite culturelle,
l’Académie des Oscars a défini de nouvelles règles bureaucratiques, un cahier
des charges pour accéder au jugement de cette instance très importante pour le
marché du cinéma[4]. En un
certain sens les tenants de la Cancel culture ont rétabli en même temps
la censure et l’instance critique. Il s’agit d’éviter tout ce qui peut choquer, définir l’art de cette
façon aseptisée est je crois assez inédit dans l’histoire récente. Il faut
remonter au régime nazi ou encore à la 17ème chambre du tribunal de
Paris qui jugeait Baudelaire et Les Fleurs du mal ou Flaubert et Madame
Bovary. Cette manière de travailler sous contrainte engendre forcément des
«œuvres » édifiantes, pédagogiques qui vous somment de penser
correctement.
Les « œuvres » de l’horrible Jeff Koons ont fait de lui un millionnaire, son entreprise emploie un grand nombre de salarié
La mort de l’art et donc de la culture a été annoncé plusieurs fois, notamment par les lettristes et ensuite les situationnistes. Mais en vérité le premier à l’avoir prédite est le philosophe Hegel, non seulement parce que l’art s’est figé et donc ne représente qu’une forme d’expression passée, mais surtout parce que la sphère marchande s’en est emparé[5]. Quand André Malraux était ministre de la culture, il défendait une conception patrimoniale de la culture, supposant que la connaissance du passé culturel était la seule façon d’appréhender le présent – encore que la définition du périmètre n’était pas si simple. Les choses ont malheureusement changé avec Jack Lang qui a pris sa succession lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981[6]. Il a introduit cette idée néfaste selon laquelle toutes les cultures se valent du moment que quelqu’un produit, un livre, un film ou une pseudo œuvre d’art et qu’elle est validée par le marché ou par une bureaucratie plus ou moins instruite et plus ou moins corrompue. Cette idée paresseuse a dilué la conception de la culture qui existait antérieurement, c’est-à-dire une collection d’œuvres hiérarchisées selon un système de valeurs défini socialement par une instance critique qui commençait déjà à être fortement secouée en Mai 68. Il faut dire que la pointe avancée de cette tendance se trouvait déjà dans l’art conceptuel qui avait comme objectif et comme étendard la laideur et plus encore de vendre et de spéculer sur la laideur[7]. N’est pas Marcel Duchamp qui veut. En se démocratisant, c’est-à-dire en produisant des biens culturels de façon mécanique la culture a été détruite par les deux bouts, la culture savante – bourgeoise si on veut – est devenu inaccessible au plus grand nombre, vécu comme quelque chose de difficile à comprendre, et sans véritable signification, et la culture populaire – une culture produite par le peuple et pour lui-même – qui s’est perdue dans sa prostitution mercantile. En même temps que le système de reproduction mécanique s’est perfectionné, avec la possibilité de numériser à l’infini, le processus de production des œuvres d’art a perdu son savoir-faire. C’est facile à percevoir dans le domaine de la poésie, depuis longtemps plus personne ne peut écrire et penser en alexandrins, et aujourd’hui dans la production de romans. Qui peut croire que Michel Houellebecq sait écrire, qu’il est un vrai écrivain avec un vocabulaire aussi étriqué et si peu d’idées ? Et c’est également visible dans la production de films[8], et bien évidemment dans les arts plastiques. Cet effondrement des capacités techniques prouve suffisamment que le progressisme n’existe pas dans la culture, ou plutôt qu’il existe à l’envers ! Il est impossible d’affirmer qu’en passant de Berlioz à Youssoupha on a progressé. C’est même le contraire. Et après tout si la société est incapable de progresser dans la production d’œuvres d’art, ou même de conserver un peu de savoir-faire du passé, c’est bien que le système capitaliste est l’ennemi du genre humain parce qu’il stérilise la créativité des individus. L’art contemporain est devenu totalement régressif au point de croire pour lui-même que la mise en œuvre de la merde est une nécessité qui pourrait choquer le bourgeois.
Jamais l’idée que la culture est une marchandise n’a été aussi vraie qu’aujourd’hui
Si les débats sur la culture existent encore c’est seulement
un résidu de l’idée qu’on se fait de ce qu’elle devrait être ou de ce qu’elle
aurait pu être. On l’identifia longtemps à une ouverture pour la pensée et pour
l’imaginaire, donc elle devrait avoir cette capacité d’émancipation pour les
individus, et non une simple consommation passive de signes et de formes
définissant des conduites sociales. Les WOKE sont en train d’achever cette
séquence de destruction de la culture en interdisant la production de tout ce
qui les dérange, en définissant comme pour les Oscars distribués à Hollywood des
quotas des différentes communautés, et plus encore des interdictions drastiques,
notamment celle de rire. La culture en tant que patrimoine est en train d’être
détruite, pas seulement dans le négationnisme de l’écriture inclusive, mais
aussi dans l’épuration des bibliothèques. Des auteurs comme Mark Twain qui a
osé écrire l’incendiaire Les aventures
d’Huckleberry Finn ou Harper Lee pour ce crime qu’est son roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, sont
maintenant bannis des bibliothèques pour pensée non conforme[9].
C’est pour moi plutôt là que se trouve le danger plutôt que dans le fait que
l’Etat et les collectivités locales rechignent à financer des artistes
autodésignés. Ces mêmes artistes qui ne trouvent rien à dire ou si peu quand la
censure frappe telle ou telle œuvre du passé. En militant pour ces nouvelles
normes les personnels engagés dans la « culture » travaillent
honteusement à une sorte de Propagandastaffell
d’un nouvel âge. Le but est de dresser les consommateurs à penser
correctement, dans les clous de la pensée unique. Il faudra un jour
s’interroger sur le rôle de ces médiocres qui tout au long de l’histoire de
l’art ont prétendu vouloir le régenter, la trier, isoler ce qui leur plait et
renvoyer au purgatoire ce qui les choque. On trouve également des collectifs
d’artistes qui avancent que grâce à la culture les idées du Rassemblement
National vont disparaître et ainsi empêcher le retour de la bête immonde. Il
est vrai que ce parti croit lui aussi au rôle militant de la culture, et dès
lors qu’il dirige des mairies, il se fait un devoir de sucrer les subventions
au profit des dans ses folkloriques, avalisant ainsi cette idée loufoque selon
laquelle il craindrait les artistes. Dans cette conjuration des imbéciles, tout
est faux, tout est posture, cachant le plus souvent des mauvaises intentions,
la recherche d’un poste ou d’une rente. On peut renvoyer les participants de ce
dialogue de sourds à leurs études. Ils
n’y comprennent rien.
Exposition de la collection du milliardaire François
Pinault à la Bourse de Paris. Prétendre exposer de l’art fut-il moderne dans le
temps de la finance est tout un symbole
Tout cela doit nous faire comprendre que de revendiquer des moyens financiers et des emplois pour la culture n’a pas grande signification. On peut même voir ce mouvement comme un acte de soumission à la logique de la marchandise. La résistance contre l’ordre marchand devrait commencer à se faire en refusant le système prostitutionnel dans lequel se vautre ces pseudo-créateurs. Autrement dit comme pour la politique, la culture ne devrait pas être un métier, mais produite par tout le monde comme un acte essentiel de la vie. Renforcer la professionnalisation du secteur en lui donnant des moyens et des subventions entraîne immanquablement une séparation entre le producteur et le consommateur. Il est tout de même étrange alors que la numérisation des œuvres du patrimoine permet un accès facile et quasiment gratuit qu’on ne s’y intéresse pas plus que ça, comme si on voulait au nom d’une création immédiate éradiquer un passé glorieux qui ferait de l’ombre aux artistes modernes. Ce mouvement produit une cassure qui n’est pas seulement de classes – on est surpris de voir le niveau d’ignardise des riches ou de la classe politique dans son ensemble dont la culture générale tiendrait sur un timbre-poste. Il faut voir ce que les milliardaires achètent et exposent. Or le rôle de la culture devrait être à l’inverse de travailler à l’harmonisation des rapports sociaux à travers l’appropriation d’un patrimoine commun qui porterait l’idée de liberté. On parle souvent de la France et Macron prétend être le président des Français, mais on en doute fortement notamment quand il nous affirme qu’« Il n’y a pas de culture française, il y a une culture en France et elle est diverse »[10]. C’est l’avis d’un homme politique totalement inculte et qui ramène tout ce qui est vivant à des catégories mortes pour le marché, catégories qu’il a apprises bêtement dans les cours qu’on lui dispensait à l’ENA. Mais non, la culture française ne se marchande pas et elle plonge ses racines dans le XVIIIème siècle, elle est faite pour éclairer le monde et lui apporter l’idéal de liberté. Macron et le marché combattent cela. Ils ont besoin de segmenter les publics pour les isoler les uns des autres et leur vendre des produits de niches. Plus les cultures sont diverses et concurrentes entre elles, et plus elles détruisent la culture.
Il y a une confusion totale dans l’usage des mots. Beaucoup
défendent de bonne foi, mais d’une manière floue, la culture comme si sa
consommation effrénée menait automatiquement à l’émancipation. Ils se font
berner, non seulement par les politiciens qui les encouragent dans ce sens,
mais aussi par les employés de ce secteur qui ne veulent pas renoncer à leurs petits
avantages. Les acteurs du monde de la culture n’ont souvent comme qualification
que celle qu’ils se donnent et n’osent pas avouer que leur traficotage dans le
secteur est d’abord une volonté de fainéantise. C’est souvent un ensemble de
personnages qui tentent d’exister sans travailler en utilisant le prestige de
l’artiste ou de l’homme de lettre, une catégorie qui appartient pourtant au
passé. Comme on le voit ci-dessus, la culture c’est d’abord un secteur
économique qui représente plus de 600 000 emplois et près de 2,5% du PIB.
Aux Etats-Unis c’est encore plus important, on évalue cette part à 4,3% du PIB.
On comprend que de tels chiffres génèrent d’abord des appétits de profit. Mais
dans le même moment il n’y a presque plus de librairies et le cinéma se
distribue de plus en plus via les plateformes de type Netflix ou Amazon. Dans
ces conditions d’effondrement la politique électoraliste de Macron de donner un
pass culturel de 300 € au « jeune » qui atteint l’âge de 18
ans, vise deux objectifs :
– tenter de racoler honteusement des voix de « jeunes »
pour sa réélection qui s’annonce plutôt difficile, il a déjà commencé ce
travail avec la séquence ubuesque avec Carlito et Mcfly[11] ;
– ensuite de soutenir un secteur marchand qui est très lié
aux médias des milliardaires qui l’ont financé et qui probablement, faute de
mieux, le soutiendront encore à travers leurs journaux et leurs chaînes de
télévision.
En vérité le « jeune »[12] consomme de la culture moderne du lever du jour jusqu’à son coucher. Il entend de la musique dans les hypermarchés, il voit des affiches qui ont des prétentions artistiques dans le métro, les émissions de télévision dont il se gave sont classées comme des produits culturels. Ces produits sont fabriqués par des créatifs, en même temps qu’ils définissent des stéréotypes pour la consommation de vêtements ou de produits alimentaires. Pourquoi le jeune devrait-il avoir encore besoin de 300 € supplémentaires pour se « cultiver » ?
Le "jeune" est une sorte de catégorie à part qui est tutoyée pour la rabaisser encore un peu plus au rang de la bête à consommer. On voudrais bien qu'il vote aussi
Certes les intentions de Macron sont mauvaises, mais les bonnes âmes diront qu’au bout du compte le but n’est-il pas de pousser les jeunes à se cultiver ? La réponse est évidente, si on a la volonté de se cultiver, nul n’a besoin d’un pass à 300 €. La culture c’est pour rien aujourd’hui. En outre les jeunes pourront aussi utiliser ce pass pour consommer des jeux vidéos qui sont particulièrement abrutissants. Eventuellement consommer des concerts de Youssoupha ou d’autres fantaisies du genre. Comme on le voit la politique de l’Etat en matière de culture consiste seulement à alimenter le marché en liquidités, elle est le complément de la volonté du secteur privé de conquérir un nouveau secteur qui jusqu’alors ne lui était pas totalement soumis. Mais ce n’est pas une vraie politique culturelle qui viserait à améliorer les connaissances des arts. Cette critique qui consiste à dire que ce pass renforce la rupture entre les classes aisées qui ont un accès facile à la culture patrimoniale ou élitaire, et les autres qui ne sont que des consommateurs de biens de marché, a été déjà avancée avec le pass culture dans sa mouture de 2018[13]. Il est évident que ce pass accélère au contraire l’acculturation des masses les plus défavorisées pour le profit de quelques-uns dont des multinationales comme Amazon ou Netflix, en les confortant dans une consommation passive de marchandises avariées. L’échec de cette politique se mesure assez facilement dans l’effondrement de la lecture des jeunes générations comme le montre le tableau que nous donnons en annexe.
Budget de l’Etat en 2017 par secteur
La politique culturelle de l’Etat s’est délitée par deux
fois d’abord en refusant de donner une ligne directrice à son action, et donc
en définissant la culture par ses supports et non par ses contenus, ouvrant la
porte à des amalgames douteux qui accompagnent forcément la dérive de
l’éducation nationale et conduisent à l’abêtissement général des populations.
Ensuite du fait de la décentralisation, les budgets alloués à ce secteur aux
contours assez peu clairement définis sont plus volumineux pour les
collectivités locales que pour l’Etat central. Mais le plus important est qu’en
refusant de définir la culture autrement que par ses supports, on confie indirectement
celle-ci à ceux qui possèdent le monopole des circuits de diffusion. Ceux qui
revendiquent pour une fin de la précarité des travailleurs de la culture se
rendent complices de cette entreprise de destruction massive. Ils ne sont pas
pour une pratique culturelle libre, bien au contraire, ils travaillent à son
encadrement et se veulent les gardiens de ce système désastreux. Si l’Etat
voulait véritablement soutenir la culture, il commencerait par agir au niveau
de l’éducation, en effet, on ne peut pas acheter et lire des livres si
l’apprentissage de la lecture a été défaillante dès l’école primaire, également
on ne peut pas s’intéresser sérieusement à la musique si on n’a pas appris à
écouter. Mais l’éducation basique n’intéresse pas la marchandise.
Annexes :
Chiffres pour 2018
Source, Philippe Lombardo, Loup Wolff, Cinquante ans de pratiques culturelles, Ministère de la culture, juillet 2020
[1] André
Malraux, Esquisse d’une psychologie de cinéma, Gallimard, 1939
[2] Walter
Benjamin, L’œuvre d’art à l’heure de sa reproductibilité mécanique [1935],
Allia, 2011.
[3] Becker
G.S. et Stliger G.J. “De Gustibus non est Disputandum”, American
Economic Review, 67 (2), mars 1977 : 76-90.
[4] https://www.lalibre.be/culture/cinema/des-nouvelles-regles-aux-oscars-pour-plus-de-diversite-5f58c2217b50a677fb754477
[5] G.W.F.
Hegel, Esthétique, deux tomes, Le livre de poche, 1997.
[6] Entre
autre horreurs nous devons à Jack Lang la fête de la musique qui revient tous
les ans, sauf en temps de pandémie. Encore que cette fête de la musique devait
d’abord faire la promotion des jeunes qui travaillaient durement dans les
conservatoires.
[7] Annie Le
Brun, Ce qui n'a pas de prix. Beauté, laideur et politique, Stock, 2018
[8] Guy
Debord avançait que le cinéma avait achevé d’être créatif avec Citizen Kane.
[9] https://www.lefigaro.fr/livres/2016/12/08/03005-20161208ARTFIG00009-harper-lee-et-mark-twain-interdits-pour-racisme-dans-les-ecoles-de-virginie.php
[10] https://lanouvelletribune.info/2017/02/macron-choque-en-france/
[11] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/05/macron-se-vautre-dans-les-pitreries.html
[12] Le monde affolé avançait que de plus en
plus les « jeunes » penchaient pour MLP et le Rassemblement National
au motif que celui-ci ne pourrait pas être pire que Macron. On ne peut que leur
donner raison sur ce dernier point : https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/04/05/le-rassemblement-national-premier-parti-des-25-34-ans_6075574_823448.html
[13] https://www.lavantgarde.fr/le-pass-culture-en-debat/
Bien. Un peu l I'g, mais interressant no
RépondreSupprimerce qui m'intéresse c'est que plus on aide la culture, plus elle a tendance à devenir une marchandise et le niveau s'affaisse continuement
SupprimerÉvoquer le monde de l'édition serait interressant UBU
RépondreSupprimerOui, tous les secteurs de la culture sont concernés, mais ceux qui le sont le plus sont ceux qui s'adresse d'abord à la bourgeoisie plus ou moins lettrée, le spectacle vivant. l'édition peut survivre sans l'aide de l'Etat, l'opéra non.
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