Macron qui n’a pas vraiment d’idée de ce que devrait être sa fonction hésite en permanence entre inaugurateur des chrysanthèmes, super policier menaçant la France de désordre ou encore clown pour les jeunes ados sans cervelle avec McFly et Carlito, deux semi-débiles, pétomanes certifiés sur la toile. En inaugurant et en enterrant un tel ou un tel, il nous donne une image de ce qu’est pour lui la culture et plus précisément l’art. Pour la littérature c’est Jean d’Ormesson, spécialiste de la mélancolie des riches du XVIème arrondissement, bateleur d’estrade télévisuelle et effrayé en permanence par ce qu’il croyait être le socialisme avec des bolchéviques furieux comme Hollande ou Jospin. Le cercueil de cet écrivain pour bourgeoises ménopausées fut présenté à l’admiration des macroniens dans la cour des Invalides[1]. Il l’enterra comme pour se débarrasser d’un vestige de ce qu’il était lui-même, un bourgeois ambitieux et sans talent. Pour la musique, il enterra Charles Aznavour encore aux Invalides insistant pour nous expliquer combien ce grand petit homme était devenu un si bon Français, sous entendant sournoisement que cela ne lui avait pas été facile, étant d’origine arménienne bien que né à Paris[2]. Et puis il enterra aussi Johnny Halliday, chanteur populaire et drogué, exilé fiscal et amateur de moto. Il l’enterra comme un regret, prononçant un discours de circonstance devant l’Eglise de la Madeleine, tandis que sa femme en même temps qu’elle inaugurait son nouveau dentier bénissait le cercueil. Il enterra également le populaire Jean-Paul Belmondo avec des larmes dans la voix, comprenant qu’un guignolo en avait chassé un autre ! On avait l’impression qu’à ce moment-là il enterrait du même coup le cinéma puisqu’avec le pass sanitaire il condamnait énormément de films à la disparition. Pour le théâtre il se rendit au théâtre des Bouffes du Nord, pour y voir une pièce tirée d’une nouvelle de George Langelaan, La mouche. Mais cette pièce il n’en vit que la moitié, les Gilets jaunes l’ayant repéré et menaçant de l’enterrer ! Il dût fuir la merde au cul, protégé par la milice qui le pourchassait[3].
Pour couronner toute cette série d’enterrements, Macron est venu bêtement inaugurer l’empaquetage de l’Arc de Triomphe décidée par l’artiste conceptuel Christo. Incapable d’en dire quoi que ce soit, il a tenté de ramener la couverture à lui en expliquant aux couillons qui regardent BFMTV combien ce lieu avait souffert[4]. Il voulait rappeler que les Gilets jaunes étaient des mauvais sauvages, et qu’ils avaient méchamment opéré des dégradations sur l’édifice, tandis que lui-même étaient menacé par la foule qui voulait se rendre à l’Elysée pour lui faire le compte. C’était le 1er décembre 2018. Dans cette inauguration de l’empaquetage de l’Arc de Triomphe on peut y voir beaucoup de choses, bien au-delà du discours convenu de Macron qui parlait « d’un rêve fou ». Beaucoup vous diront que le sens de cette immondice se trouve en chacun de nous et nous devons y voir ce que nous voulons bien y voir, autrement dit ce qu’il y a en nous même ! Mais non, dans notre société mercantiliste en voie de décomposition avancée, comme toujours, la raison est économique. Pour comprendre cet emballage, il faut aligner les chiffres, partir de son coût : c’est 14 millions d’euros, 25 000 m2 de tissu recyclable, 3 000 mètres de corde. C’est tout à fait commun de ce qu’on appelle l’art moderne, on monte une holding pour financer un projet forcément monumental dont le coût est justifié en apparence par cet aspect monumental et qu’il faut une main d’œuvre importante pour le montage et le démontage de cette horreur. L’argent se trouve non pas comme le font croire les médias dans la vente des œuvres de Christo – en fait il vendait ses croquis pour garantir l’avancement des fonds – mais essentiellement dans le mécénat. Pourquoi des entreprises riches investiraient elles dans de telles horreurs ? Ce n’est pas parce qu’elles ont trop d’argent et qu’elles aiment l’art, mais parce qu’elles peuvent obtenir ainsi une notoriété tout en diminuant leurs impôts ! C’est donc bien le contribuable qui, in fine, paye cette connerie. Le crédit d’impôt sur le mécénat peut atteindre jusqu’à 90% des sommes engagées. Evidemment au passage la structure de Christo qui a survécu à son décès, empoche un bénéfice sur cette expédition. Plus le projet est imposant et spectaculaire, et plus la structure financière Christo gagnera de l’argent. On ne comprend rien aux immondices de Christo, de Koons et de quelques autres si on ne part pas de son business model pour parler comme Macron. Et en ce sens cette forme d’art moderne est tout à fait représentative de notre temps. Un complément de ce business plan sera évidemment la billetterie puisque les touristes devront payer pour accéder à l’Arc de Triomphe.
Il n’est pourtant pas suffisant de dénoncer ce système
économique sous-jacent, il faut aller un peu plus loin, puisque ces empaquetages
hideux, dont je n’évoquerais pas l’aspect anti-écologique, se donne à voir. Quelles
que soient nos différences dans le jugement que nous pouvons porter, nous
voyons tous la même chose : un monument connu qui est recouvert d’une
toile. La première impression est que si on le recouvre c’est qu’on ne veut pas
le voir, on veut le cacher. Pourquoi ? On peut avancer deux raisons :
– la première est que cet art qu’on masque fait honte aux
capacités artistiques des « modernes » qui ne sont plus capables de
faire des œuvres de ce style ;
– la seconde est la volonté d’être moderne à tout prix et
donc de nier le passé. En ce sens les entreprises de Christo sont un
négationnisme culturel. Provoquer l’effacement partiel de la mémoire. C’est
tout à fait en phase avec les WOKE dont le principal plaisir est de nier le
passé culturel, bon ou mauvais, peu importe, d’une nation. En empaquetant l’Arc
de Triomphe, il nie l’idée que la France ait un jour pu triompher de quoi que
ce soit. Quand Christo empaquetait le Pont-Neuf en 1985, projet qui avait été
encore plus ruineux que l’emballage de l’Arc de Triomphe, c’était une façon d’interdire
l’unification de Paris entre les deux rives de la Seine, tout en attirant l’attention
des passants sur l’existence de Christo et de son entreprise.
– d’abord à considérer que l’art moderne, celui d’aujourd’hui,
c’est bien cette opération puisqu’on ne parle que de ça :
– ensuite que l’art d’aujourd’hui pour s’exprimer a besoin de millions d’euros. Et donc cette idéologie suggère bien l’accomplissement de l’histoire de l’art dans le triomphe de la monnaie sur à peu près tout le reste. Il y avait dans le temps des artistes « modernes » qui fabriquaient des œuvres d’art volontairement pauvres à partir d’objets récupérés pour rien. C’était une manière de montrer l’éphémère de notre civilisation dominée par la technique, et aussi de montrer que les pauvres pouvaient aussi produire quelque chose. Mais manifestement Christo et Jeff Koons, c’est l’inverse, et nous pouvons sans nous tromper qualifier cet art de capitaliste, ce qui est sans doute un oxymore. Aujourd’hui si tu n’as pas des millions à ta disposition, non seulement tu as raté ta vie, mais tu ne peux pas être un artiste !
[1] https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/12/08/la-france-rend-un-hommage-national-a-jean-d-ormesson_5226598_3382.html
[2] https://www.huffingtonpost.fr/2017/12/09/hommage-de-johnny-hallyday-ce-moment-ou-macron-etait-a-deux-doigts-de-benir-le-cercueil_a_23302316/
[3] https://www.ladepeche.fr/2020/01/18/emmanuel-et-brigitte-macron-exfiltres-dun-theatre-parisien-entoure-de-manifestants,8668978.php
[4] https://www.bfmtv.com/politique/un-lieu-qui-a-tant-souffert-la-reference-de-macron-aux-gilets-jaunes-a-l-arc-de-triomphe_AV-202109160546.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire