mardi 14 décembre 2021

Mezioud Ouldamer, Le cauchemar immigré dans la décomposition de la France, Gérard Lebovici, 1986

  

Le véritable exil n'est pas d'être arraché de son pays ; c'est d'y vivre et de n'y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer, Edgar Quinet. 

Comme on le sait discuter de la question de l’immigration est très difficile en France. Si on avance que l’immigration est un problème pour les Français, on se fait bêtement traiter de zemmourien, comme si on avait le choix entre soutenir les débilités de Zemmour dont le degré d’intelligence est inversement proportionnel au bruit qu’il est capable de faire avec la bouche, et la défense des immigrés avec des argument hétéroclites selon lesquels, il faut aider ces pauvres gens qui risquent la mort pour trouver un refuge et une vie décente, ou il faut aller chercher des travailleurs immigrés pour continuer à payer des retraites, ou celle-là, les immigrés assurent une diversité culturelle extrêmement « enrichissante », comme si le melting pot américain était une réussite ! Aux Etats-Unis, plus on fait d’effort législatif pour défendre les minorités ethniques, et plus la guerre civile est à portée de main. On l’a encore vu il n’y a pas si longtemps avec la mort de George Floyd et les violences qui s’en sont suivies. Mais cet impossible amalgame culturel entre les ethnies est aussi à l’origine de la mode stupide des WOKE qui finissent par se déclarer pour ce qu’ils sont, des analphabètes qui camouflent leur ignorance derrière une fumeuse propagande contre la pensée blanche et patriarcale, se proposant de brûler tous les livres qui ne leur plaisent pas et qu’ils n’ont pas lus, ou encore de chasser manu militari les professeurs qu’ils classent arbitrairement dans un camp qu’il désigne comme mauvais. C’est une parodie du nazisme avec couleurs inversées. Aux Etats-Unis on place volontiers les noirs en haut de la pyramide racialiste, bien loin devant les malheureux Amérindiens qui pourtant ont été génocidés en masse. Les Noirs sont ceux à qui on a fait du tort pour les siècles à venir. Mais cette bêtise suggère aussi que les descendants d’esclaves qui ont beaucoup soufferts – personne ne peut le nier – doivent maintenant recevoir les dividendes de ces sacrifices et recevoir en prime l’onction du pouvoir sur le reste de la population, tout en contrôlant ce que les blancs disent, font ou pensent. En France cette forme de débilité est portée par des rejetons de l’immigration qui ont trouvé ce curieux moyen pour se faire un nom dans le cirque médiatique. L’immigration n’est pas seulement un business pour les passeurs et les ONG qui draguent les subventions, c’est aussi une manière de vendre des formes modernes de représentation de soi. Les porte-paroles de ce mouvement en France sont Assa Traoré ou Houria Bouteldja, ou encore Rokhaya Diallo, des femmes qui n’ont jamais travaillé de leur vie et qui sont sponsorisées soit par Louboutin, soit par la maison Valentino, soit les deux, appuyées par des journaux complaisants, notamment Time ou The New York Times. Loin derrière suivent des clowns comme Sandrine Rousseau pour alimenter ce cirque et alimenter aussi ce business. Mais en France ça prend plus difficilement qu’aux Etats-Unis parce qu’il est évident que les immigrés sont ceux qui ont quitté leur pays qui était devenu indépendant. Ils ont fui l’Algérie non seulement parce que l’économie s’est effondrée après le départ des Français, et ne s’est jamais redressée, mais aussi à cause du manque de liberté. Les Algériens d’aujourd’hui sont assez peu crédibles quand ils annoncent que leurs difficultés présentes sont dues au colonialisme français que la plupart n’ont pas connu et qui a cessé il y soixante ans. 

 

Le regretté Mezioud Ouldamer avait fait sensation dans les milieux d’ultra-gauche par ses prises de positions sur la question immigrée en France dans les années 80. C’est au point que certains auteurs d’extrême-droite, comme Alain de Benoist avaient salué son ouvrage. En effet il avait pris position contre la victimisation des immigrés, tout en renvoyant dos à dos la posture fasciste anti-immigrée et la posture victimaire pro-immigrée. Sa thèse centrale était la suivante, non les immigrés n’apportent rien à la France, mais les Français sont déjà eux-mêmes en exil dans leur propre pays, ayant été colonisés par la marchandise, et plus concrètement sur le plan culturel par l’Amérique dans ce qu’elle a de plus détestable. Si bien que l’immigration est aussi bien un cauchemar pour les immigrés qui sont rejetés, mal payés et enfermés dans des ghettos, que pour les autochtones qui se sentent agressés par leur présence, chassés de leurs quartiers et stigmatisés comme jamais pour leur mauvaise humeur. Ouldamer qui s’inscrit dans la critique post-situationniste du capitalisme crépusculaire et mondialisé, écrit des lignes qui, déjà dans les années quatre-vingts, font état d’un grand remplacement, seuls des imbéciles comme Hervé Le Bras[1] peuvent écrire sans rire que le grand remplacement est un fantasme, puisqu’en effet si les immigrés ont une démographie de beaucoup plus dynamique que les autochtones, il va de soit à terme qu’ils les remplaceront un jour. Une partie de cette croissance démographique est interne, les immigrés sont plus féconds que les autochtones, mais l’autre partie est externe, l’immigration est alimentée en permanence par la fécondité des pays pauvres, notamment en Afrique. 

Prévisions de l’ONU, 2019, en milliards 

Mezioud Ouldamer est tout à fait conscient que l’immigré est une sorte de marchandise, de faire valoir de ceci ou de cela. Cependant quand ce livre a été écrit la question de l’immigration ne se posait pas comme aujourd’hui, elle était abordée du point de vue du travail. C’était d’ailleurs le sens de la lettre de Georges Marchais au recteur de la Mosquée de Paris publiée dans l’Humanité du 7 janvier 1981. Il soulignait que la concurrence entre les travailleurs français et les travailleurs étrangers était dommageable pour les deux parties et que cela ne pouvait que profiter au patronat. Le thème des étrangers volant le travail des Français était plus dominant que celui de l’insécurité, mais au début des années quatre-vingts, on était dans une situation très différente d’aujourd’hui sur au moins plusieurs points :

- d’abord il y avait encore des ratonades dans les rues de Marseille ou de Paris, aujourd’hui c’est l’inverse, ce sont les blancs qui se font attaquer dans les rues pour se faire dépouiller ou simplement rosser ;

- ensuite les ghettos qui commençaient à se former dans les cités HLM n’étaient pas tout à fait un ramassis de jeunes désœuvrés, analphabètes et sans formation, sans possibilité de trouver un travail

- la troisième différence est que les immigrés et leurs descendants n’avaient pas de représentants élus, de personnes issues de l’immigration dans la police, dans la justice ou dans la médecine

- enfin, mais ce n’est pas de la moindre importance, le principal des problèmes ne venaient pas des réfugiés, et les organisations humanitaires n’étaient pas suffisamment organisées et financées pour tracer et développer des routes pour les migrants, ce n’était pas encore un business vraiment lucratif[2]. Ce phénomène assez nouveau a été encouragé par l’Union européenne qui encourage les migrations en soutenant les ONG qui leurs viennent en aide, ONG qui coopèrent comme on le sait avec la mafia des passeurs. Frontex dont la mission était de protéger les frontières s’est trouvé en contradiction avec l’Union européenne[3]. 

Paris et ses gratte-ciel

Cependant Mezioud Ouldamer qui nous dit être venu en France pour son esprit frondeur et un certain art de vivre, pour son idéal de liberté, constate que la France a été vidée de son essence même. Dans une vision apocalyptique, il considère qu’elle a été colonisée par le mode de vie américain et donc par la marchandise. Si bien que le corolaire de cette proposition devient que les immigrés n’ont plus rien à détruire dans ce pays. Pire encore ils sont venus pour découvrir un pays qu’ils croyaient prospère, ils trouvent une France décomposée. Autrement dit la question des immigrés n’en est pas une dans la mesure où le principal est la colonisation de la vie sociale par la marchandise. Au mieux les immigrés participent de cette colonisation par la marchandise, non seulement parce qu’ils abordent une position consumériste, mais aussi parce qu’ils travaillent à la production de ces marchandises – quand ils travaillent – et qu’en outre, ils sont des marchandises eux-mêmes !

Les progressistes diront qu’Ouldamer parle d’une France qui n’a jamais existé, c’est peut-être vrai, mais en vérité le mal est bien plus profond que cela. En effet on peut toujours fermer la porte à l’immigration de masse, si ça ne s’est pas encore fait, cela ne saurait tarder et commence d’ailleurs à se faire. Mais il est plus difficile de retrouver un air respirable, une eau potable et une nourriture saine. En ce sens les Français de souche sont considérés par Ouldamer comme des immigrés de l’intérieur ! Face à cette calamité qu’est l’immigration de masse, il y a trois attitudes, la première est de penser que cette immigration sans fin produira une créolisation bénéfique pour tout le monde, la position de Mélenchon ou de Macron, ou encore de ceux qui veulent des migrants pour financer leur retraite. Vu les tensions permanentes entre les différentes communautés, on peut être certain du contraire. La seconde position est de croire qu’on peut restaurer l’ordre ancien, c’est l’idée de Zemmour qui croit, ou fait semblant de croire que le redressement de la France sera un retour aux « valeurs » du pétainisme. 

Migrants secourus en mer 

Ces deux propositions étant aussi insipides l’une que l’autre, il faut bien en choisir une troisième. Ouldamer ne croit pas qu’elle puisse exister. C’est certainement sur ce point qu’il se trompe. Tout en s’aggravant la question de l’immigration est devenue autre, au problème démographique c’est ajouté un problème d’acculturation, et même s’il est vrai que la culture française n’est même pas l’ombre de ce qu’elle a pu être par le passé, il en reste peut-être quelques strates qui n’ont pas tout à fait disparues. Les immigrés ne sont plus des travailleurs surexploités pour beaucoup, ils sont devenus des âmes errantes à la recherche d’une raison d’exister avec des choix contestables dans le banditisme la petite délinquance ou encore l’islamisme. Ces choses là existaient déjà en 1986, mais c’était moins généralisé. Du reste dans le langage courant on est passé de l’immigré au migrant. L’immigré est peut-être une pièce rapportée dans le pays d’accueil, mais le migrant n’a pas de chez lui, il ne sait où il posera un jour ses valises. Et d’ailleurs le plus souvent de valises il n’en a pas. Les ONG ou Cédric Herrou a une plus petite échelle en encourageant les migrants à venir sont doublement coupables, d’abord de gagner de l’argent sur la misère[4], mais ensuite d’entretenir cette misère parce que tôt ou tard il faudra bien lâcher ces malheureux dans la nature. Cette situation infernale cessera bien un jour et ce sera probablement la fin de l’Union européenne. 

Migrants à Paris 

Mais le migrant a une autre fonction qui n’est pas envisagée par Ouldamer : il est là pour faire peur, s’il est utilisé en ce sens par les partis de droite et d’extrême-droite, il fait reconnaître qu’il se prête très bien à ce jeu. Il joue le jeu, se déguisant en guerrier pour le plus grand plaisir de ceux qui mettent en place des lois répressives. Comme il y a une chaîne plus ou moins avérée entre les migrations, l’islam, l’islamisme et le terrorisme, il est assez facile d’instrumentaliser le migrant et ses descendants. Car le migrant a beaucoup de descendants. Les bandes de racailles qui se

 

Extraits :

 

Voici donc mon sujet : si la France existe encore, et si les immigrés lui posent un problème, pourquoi ne règle-t-elle pas ce problème de manière définitive, avec hardiesse, par exemple en les exterminant tous ? Ce ne sera pas une nouveauté dans l'histoire qu'un peuple entreprenne de rayer de la carte humaine un autre peuple, quand son intérêt le lui commande. Et à l'inverse, ce qui vaut pour la France vaut également pour les immigrés, pour peu qu'on regarde comme avérée leur présence et comme intenable leur existence dans ce pays. Je traiterai d'abord des jugements couramment portés sur cette question, en montrant leur égale vanité, quel que soit le point de vue auquel on ait pu se placer pour les soutenir, et quel que soit le parti qui les ait soutenus. Ce sera une entrée ne matière pour ensuite pouvoir reposer le problème dans des termes plus appropriés. Après quoi il sera possible d'en venir au coeur du problème : les immigrés existent-ils ? Et si oui, qui sont-ils et que peuvent-ils devenir ? On verra alors si la France peut changer leur condition, ou si les immigrés peuvent transformer la condition de la France. Bien évidemment, le monde entier est comme cette France et si je restreins mon propos à ce seul pays, c'est, d'une part, parce que j'y vis moi-même aujourd'hui comme on l'a sûrement compris ; et, d'autre part, il m'a paru que cette France est un territoire où l'on voit se poser les principaux problèmes surgissant un peu partout ailleurs dans le monde.

 

Tocqueville, au demeurant penseur modéré pour son époque, et très éloigné de tout éloge de la violence, en admet cependant les venus d'accoucheuse brutale, mais efficace. Il note ainsi que la Révolution « n'était que le complément du plus long travail, la terminaison soudaine et violente d'une œuvre à laquelle dix générations d'hommes avaient travaillé. Si elle n'eût pas eu lieu, le vieil édifice social n'en serait pas moins tombé partout, ià plus tôt, là plus tard ; seulement il aurait continué à tomber pièce à pièce au lieu de s'effondrer tout à coup. La Révolution a achevé soudainement par un effort convulsif et douloureux, sans transition, sans précaution, sans égards, ce qui se serait achevé peu à peu de soi-même à la longue ».

 

Combien y a-t-il d'étrangers de fait en France ? (Et pas seulement par le statut juridique, la couleur, le faciès.) Il est évident qu'il y en a tellement qu'il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de Français et où sont-ils ? Et qu'est-ce qui caractérise maintenant un Français ? Combien restera-t-il bientôt de Français ? On sait que la natalité baisse. N'est-ce pas normal ? Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. D'où l'hypocrite indignation qu'ils affichent lorsqu'ils voient des femmes d'autres nationalités être si prolifiques. Mais cette haine affichée de femmes « qui accouchent comme des chiennes » ne cache que leur haine de l'enfance, de leurs propres enfants. Ils sont si pressés de s'en débarrasser qu'ils les envoient à l'école dès l'âge de 3 ans, et au moins jusqu'à 16, pour apprendre l'analphabétisme.

 

Non, elle n'est pas tiraillée entre « tradition » et « modernité » ; elle a choisi de devenir « absolument moderne » suivant le mot d'un de ces poètes, mais à rebours de ce que celui-ci a pu vouloir dire. Elle ne se dépasse pas, elle veut paraître à hauteur du seul pays qui représente le dépassement moderniste, l'Amérique. Et le prix à payer est simple, même s'il paraît élevé : la France doit renoncer à elle-même, s'oublier, céder sans discussion sa réputation et jusqu'à ce nom de France. Elle doit perdre jusqu'à ses vieux défauts, jusqu'à son nationalisme, ou son chauvinisme national, peu importe le nom. Il va de soi que la question de l'américanisation de la France n'a jamais été posée au peuple français ; elle est passée par-dessus sa tête, comme un nuage empoisonné contre lequel il ne pouvait rien.

 

Quand la France était un pays, ses habitants un peuple, et ses institutions l'œuvre de l'intelligence ; lorsque partout dans le monde, où retentissait l'éclat de sa gloire, on enviait et copiait volontiers ses mœurs, imitait ses révolutions et apprenait ses lumières ; lorsque sa grandeur nationale reposait sur de hauts faits et des principes véridiques et séduisait par tant de traits universels, alors les hommes libres, ou ceux qui désiraient le devenir trouvaient refuge dans ses villes et protection sous ses lois. Et ceux qui s'y exilaient n'éprouvaient pas, ou très peu, les peines de l'exil tant elles étaient adoucies par la sensation d'être là comme chez eux. Cela suffisait pour accueillir tous les étrangers qui fuyaient les despotismes ou voulaient échapper aux persécutions. La France avait un cœur plus grand que ses frontières. Ouverte à tous et à tout, le genre humain y avait ses ambassadeurs. Alors on ne jugeait pas la France sur le nombre d’étrangers qu'elle accueillait, mais par la manière de les accueillir.

est-elle, cette France ?



[1] Hervé Le Bras, L’âge des migrations, Autrement, 2017.

[2] https://www.rfi.fr/fr/emission/20161110-egypte-migrants-passeurs-business-desespoir-naufrages-mediterranee

[3] https://www.latribune.fr/economie/international/migrants-frontex-accuse-des-ong-de-collusion-avec-les-passeurs-624900.html

[4] https://frontpopulaire.fr/o/Content/co644939/equalis-quand-l-aide-aux-migrants-devient-un-juteux-business

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