dimanche 10 avril 2022

Résultats du 1er tour de l’élection présidentielle

 

La première leçon de ce scrutin est  que les sondages ne se sont pas beaucoup trompés, sauf pour Pécresse qui au dernier moment semble avoir été plombé par le vote utile du candidat de la bourgeoisie. L’autre information importante est que  l’abstention en hausse de plus de quatre points. C’est assez logique eu égard la médiocrité des candidats en présence, et aussi la balkanisation du paysage politique. Et encore cette abstention aurait pu être bien plus importante si :

– le réflexe du vote utile n’avait pas joué si fortement à gauche comme à droite, Mélenchon a profité du vote utile, les trotskistes ont encore fait moins bien que d’habitude, et Fabien Roussel, malgré une bonne campagne reste scotché en dessous de 3%.

– la détestation de Macron n’était pas aussi élevée. Même si on n’aime pas les candidats en lice, Macron et Zemmour sont les deux qui battent des records dans la détestation, et donc des électeurs se sont déplacés pour tenter de le virer. Beaucoup de ceux qui ont voté Mélenchon ne l’aiment pas, mais ils pensaient qu’il fallait d’abord se débarrasser de Macron en priorité. Il est très probable que ceux là n’iront pas voter au 2ème tour, voire qu’ils voteront pour Marine Le Pen.

Le relativement bon score de Macron masque une réalité plus difficile. D’abord parce que le score de la candidate des Républicains est extrêmement bas. Si j’ajoute les scores des deux candidates de la droite affairiste, cosmopolite et européiste j’arrive à légèrement plus de 30%. En 2017 les votes cumulés de Macron et de Fillon à un peu plus de 44%. Il y a donc une perte nette de 14 points ! Marine Le Pen arrivait à 21,30%. En 2022 si j’additionne les votes de l’extrême-droite et de Dupont-Aignan, j’arrive au contraire à plus de 30%, soit un gain de plus de huit points. Autrement dit si Macron fait relativement bonne figure, c’est parce qu’il a siphonné presque complètement les voix de droite, ce qui suffirait d’ailleurs à classer Macron comme un représentant de la droite dure et non d’un hypothétique centre comme les journalistes s’obstinent à le faire. Autrement dit il a réussi l’union de la droite sur son nom.

Le score de Mélenchon n’est pas très bon non plus, certes il retrouve son pourcentage de 2017 ou à peu près, mais à cette époque le PS arrivait à 6 %, contre 2% aujourd’hui. Il n’a donc rien amélioré du tout et a sans doute été le candidat, avec Macron, qui a le plus profité du vote utile.

  

Ralliements à Macron 

La conclusion de tout cela c’est que Macron n’a pas beaucoup de réserves de voix, certes Annie Hidalgo a annoncé son ralliement du haut de ses 2%. Mais c’est bien peu par rapport au 7% de Zemmour. Le second tour va donc se jouer à gauche. Est-ce que les électeurs communistes et mélenchonistes vont sauver de la débâcle le candidat de la banque, du grand capital et de la casse du secteur public ? C’est possible, mais au risque de se déconsidérer définitivement et de faire un score minuscule aux législatives. Valérie Pécresse va suivre les électeurs de son parti en appelant à voter Macron. Elle rejoint ainsi Fabien Roussel le communiste en carton qui apporte son soutien au matraqueur des syndicalistes, des soignants et des Gilets jaunes, fait mine de croire que Marine Le Pen serait pire que Macron. Je signale que Marine Le Pen a annoncé qu’elle renationaliserait les autoroutes si elle était élue, ce qui la classe plus à gauche que Macron qui lui au contraire va continuer à privatiser ce qu’il reste des services publics. Sans surprise Jadot qui aime tant l’économie de marché et la finance s’est précipité au secours de Macron, comme sa concurrente Sandrine Rousseau, si peu féministe pour le coup ! Si le ralliement de Pécresse est dans l’ordre des choses, celui des clowns de gauche est en opposition quasi frontale avec leurs électeurs. Il est probable que l’abstention sera très élevée pour le second tour. Parce que quand on a le cœur à gauche tout de même on ne peut pas voter pour un hurluberlu qui insulte et matraque le peuple chaque fois qu’il le peut.

 

Derniers tours de piste

 

L’élimination sans gloire de Zemmour malgré une débauche de moyens sans précédent va probablement l’éliminer du paysage politique, et le renvoyer à l’écriture de ses livres aigres. On se souviendra longtemps de ses mensonges, jusqu’à la veille du scrutin, il envoyait encore des SMS pour dire qu’il était en tête des sondages. Bien sûr le parti Reconquête ! va présenter des candidats, mais il est probable qu’il aura zéro élu, apparaissant comme un parti de traitres et d’opportunistes que les électeurs fuiront, le RN ne lui fera aucun cadeau, s’empressant de mettre l’échec possible de MLP sur le compte de l’obsessionnel de l’immigration qui paye l’indigence de son programme sur le plan économique et social, mais aussi de ses mensonges à répétition. Bon débarras ! On ne verra probablement plus la nièce Maréchal-nous-voilà qui s’est crue maline en endossant la tunique de la traitresse d’opérette. Cette élection va d’une manière ou d’une autre renforcer le RN, même si Marine Le Pen ne se représente plus. 

 

Les républicains est un parti promis à la disparition, le score misérable de Pécresse s’explique par l’aspirateur Macron qui s’est substitué au parti de la droite traditionnelle et affairiste. Elle n’a guère été aidée par son parti. Sarkozy est déjà à la manœuvre. Les têtes de pont sont les ralliés à Macron, Estrosi, Muselier qui vont amener des électeurs au nouveau parti d’Edouard Philippe Horizons. Mais que ce soit LREM ou LR, ces deux partis vont résister à leur disparition. Il s’ensuivra nécessairement une balkanisation de la droite dure, ce qui va compliquer le jeu pour avoir une majorité stable et disciplinée comme Macron a pu en bénéficier durant son dernier quinquennat. Eric Ciotti, le second de Pécresse, a appelé lui à voter Marine Le Pen.

 

A gauche la recomposition s’avère très compliquée, d’autant que François Hollande prétend s’y atteler ! Lui qui l’a si bien tuée ! Le parti socialiste qui ne veut pas mourir, mais qui a beaucoup d’élus, va peiner à trouver une voie alternative pour faire croire que la social-démocratie d’aujourd’hui c’est autre chose que la droite avec un faux nez. La débâcle de la campagne d’Hidalgo a mis en avant les fractures de ce parti qu’ont fui tous les Macron-compatibles. Que pourront-ils proposer pour appâter le chaland ? L’Europe, cette tarte à la crème, comme Macron et Pécresse ? La blairisation de leur parti les a tués. la manière dont son propre parti à saboter la campagne d’Hidalgo est un modèle du genre.

Quoi qu’il en soit cette nouvelle défaite de la gauche devrait l’inciter à virer tous ceux qui l’ont amenée où elle est aujourd’hui, et à repenser leur programme. Si Mélenchon était moins stupide, il n’aurait pas réorienté son parti vers une révision de la laïcité et une grande complaisance envers l’Europe. Avec un peu plus de souverainisme, et plus de sérieux, il aurait pu être au second tour. Fabien avait commencé ce changement, mais bien trop tard, et pas assez clairement, conséquence, il a mordu méchamment la poussière. Également le fait qu’il se soit bêtement aligné sur l’OTAN en ce qui concerne la guerre en Ukraine, alors que le PCF a de tout temps combattu cette boutique de l’impérialisme américain, ne l’a pas aidé. Il va de soi que si la gauche veut un jour exister, il faudra qu’elle prenne à bras le corps deux questions centrales, celle de la souveraineté et donc la sortie de l’Union européenne, de l’OTAN et de l’OMC. Et puis celle de l’immigration. Dans les deux cas il s’agit de rejeter la mondialisation. 

L’abstention 

 

L’abstention est élevée, mais pas tant que ça, elle le sera sans doute plus au second tour. En effet si on peut comprendre de ne pas voter pour Marine Le Pen, il est difficile de comprendre qu’un électeur de gauche sérieux vote pour le parti de la finance et de la casse sociale. D’autant qu’en matière de régression des libertés individuelles et de l’Etat de droit, Macron a fait pire que tous les présidents qui l’ont précédé. Les politicards de gauche qui appellent stupidement à faire barrage au fascisme, ne se rendent même pas compte que leur électorat est parti depuis longtemps au Rassemblement National. Menteur et voleur, Macron porte en lui la haine du peuple, mais les politiciens croient qu’il est moral d’aider cet employé de la haute finance à rempiler pour cinq ans, comme si ce sinistre individu méchant et bouffon représentait plus de démocratie que Marine Le Pen. Ce qui n’est pas prouvé, bien au contraire. On ne peut pas dire sans se ridiculiser un jour « tout sauf Macron » pour ensuite l’aider à se sauver du piège dans lequel il se trouve. Ressortir le spectre du fasciste pour la énième fois au profit d’un vrai fasciste mégalomane laisse perplexe.

 

L’abstention contrairement à ce qu’on veut nous faire croire ne signifie pas une démission. Elle a deux raisons principales, d’abord qu’aucun candidat ne convient, même avec quelques aménagements de conscience. Le fait d’ailleurs qu’il n’y ait strictement aucun candidat souverainiste, est une raison suffisante pour ne pas aller voter. Le cadre européen, concocté par les Américains au profit des Allemands, ne permet pas de faire une autre politique que celle qui est développée depuis au moins 1983, soit quarante longues années. Je ne vois pas pourquoi j’accepterais l’idée que la démocratie s’exerce dans un cadre assigné qui ne représente rien. Macron a rassemblé sur son nom environ 20% des électeurs inscrits, mais 28% des électeurs qui se sont dérangés, on ne voit pas en quoi cette adhésion restreinte aux bourgeois et aux nantis l’autoriserait à prendre des décisions en lieu et place du peuple pour par exemple engager McKinsey pour lui dicter les orientations politiques ou fermer les lits de réanimation dans les hôpitaux. Ensuite, il y a une question de principe, un peuple adulte ne doit pas confier son pouvoir à des individus incompétents et corrompus. A ces raisons déjà décisives, on peut en rajouter une troisième, plus pratique, le vote est un substitut à l’action politique, elle rend passif en déléguant son pouvoir de décider à un inconnu. Quand on attend que les politiciens ou les bureaucrates syndicaux règlent la question sociale à notre place, on ne peut qu’être déçu.

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