samedi 2 juillet 2022

La démocratie occidentale n’existe pas


  

Manifestants à Londres pour Assange le 20 avril 2022 

Le bavardage des politologues occidentaux porte le plus souvent sur des mots qui n’ont pas de sens, par exemple le populisme, le fascisme ou encore la démocratie. Or celle-ci qui se définit comme le pouvoir du peuple, n’existe pas en Occident, pas plus qu’ailleurs du reste, et peut-être qu’elle n’a été qu’une illusion fabriquée par le système médiatique. Pour que la démocratie existe, il faudrait que la souveraineté soit entre les mains du peuple, c’est sa définition. Et il apparaît que de discuter d’icelle est déjà un manque flagrant de réalisme. Les comiques, de droite comme de gauche, qui nous ont demandé de voter pour Macron au deuxième tour des présidentielles, pour faire barrage à un hypothétique fascisme, supposent donc que nous aurions tout de même un petit peu de démocratie à sauver chez nous en Occident, et que cela nous autoriserait à faire la leçon aux électeurs de Marine Le Pen, à Poutine, à Orban et à quelques autres, tout en évitant de fâcher Erdogan qui est bien utile dans l’OTAN. Ceux-là possèdent un pied à coulisse dont les graduations sont plutôt incertaines, je n’ai pas l’œil assez fait pour comprendre la différence qu’il y a entre la mise en prison d’Assange et celle de Navalny. Le gouvernement britannique qui se vautre dans la honte, vient d’autoriser par la voix d’un juge peu regardant sur la question de l’Etat de droit à extrader Julian Assange pour les Etats-Unis où il risque 175 ans de prison, rien que ça[1] ! Ça fait plus de dix ans maintenant que le pouvoir américain – qui n’a pas changé d’Obama à Trump, puis de Trump à Biden – veut le mettre en taule pour avoir divulgué des magouilles nauséabondes de ses officines de basse cuisine, des choses que le citoyen de bas n’aurait jamais dû savoir. Le juge qui a prononcé cette possibilité renvoie lâchement la décision finale au gouvernement à la manière de Ponce Pilate. Si on emprisonne Navalny pour des malversations, c’est mal, mais si on emprisonne Assange pour avoir mis à jour des intentions criminelles du gouvernement américain, c’est démocratique ! Je rappelle que c’est le gouvernement britannique qui a tranché en dernier ressort, faisant ce que lui ordonnent les Etats-Unis, est caractérisé par ses velléités va-t-en-guerre[2], il est impliqué dans la fourniture d’armes et de soldats dans la guerre russo-ukrainienne, mentant allégrement sur le fait qu’il ne regarderait cela que de loin, alors que comme les Etats-Unis, il envoie des bataillons entiers d’unités d’élite pour lutter contre la Russie et que son chef d’armées souhaite une guerre nucléaire avec la Russie. L’affaire Assange à elle seule montre que l’Occident, sous la couverture d’un langage lénifiant qui ne tromperait pas un enfant, mais qui suffit à rassurer l’électeur, est bien une dictature qui réprime ceux qui chercheraient à exhiber une vérité que la crapule cherche à dissimuler. Quand on pense que la peine d’Assange pourrait être de 175 ans on peut les comparer aux deux ans et demi de Navalny qui se font sur une jambe. Mais Navalny est très utile, il a appelé par exemple à voter Macron ! Rien que ça, ça classe le bonhomme. Navalny permet de masquer Assange, du temps qu’on fera un battage sur Navalny, on ne parlera pas de l’ignoble traitement réservé à Assange. Déjà envisager 175 ans de taule, il faut vraiment avoir une araignée au plafond. Ça n’a aucun sens. Mais on s’aperçoit que la justice étatsunienne, à commencer par son sommet, la Cours Suprême, a totalement perdu le sens des réalités dans presque tous les domaines.  

Marianne, le journal très gnangnan, très anodin, qui ne ferait pas de mal à une mouche, et surtout pas à Macron vient de se faire recadrer. Le propriétaire de ce magazine, Kretinsky, a fait changer la couverture de façon à inciter plus vigoureusement ses malheureux lecteurs à bien voter au second tour des élections présidentielles pour le leader du parti unique, le seul qui a droit de citer du matin au soir et du soir au matin sur les chaînes de télévision. La première couverture incitait discrètement à choisir l’éborgneur de manifestants plutôt que pour la fille du borgne. La seconde indique que même si vous êtes en colère, votre devoir est d’éviter le chaos. Natacha Polony a tortillé un peu son cul pour tenter de nous dire qu’il fallait sortir de l’ambiguïté, sans doute ne s’est-elle pas encore aperçue que le chaos Macron l’a installé depuis cinq longues années. Que Marine Le Pen soit pire que Macron, elle n’en a aucune preuve, et nous non plus.  On doit comprendre que quand elle critiquait Macron c’était juste pour rigoler, ce n’était pas sérieux. Comme Fabien Roussel, cette nouvelle convertie entre deux dimanches où elle vote Macron, elle a la permission de critiquer, mais pas plus. Les choses doivent rentrer dans l’ordre. Elle critique donc Macron au nom de la démocratie, mais se couche devant cet imbécile au moindre froncement de sourcil de son patron, toujours au nom de la démocratie. Certes son mari Périco Légasse sous des fanfaronnades souverainistes était en même temps déjà un macroniste de la première heure, mais à l’heure de l’émancipation féminine, il est temps d’avoir un peu plus de conviction personnelle. Cette affaire révèle que les journalistes ne sont pas libres, même quand ils sont mous comme une chique face à Macron. Chez Marianne on a été beaucoup plus dur avec Mélenchon, ce qui ne dérangeait pas le patron Kretinsky. J’ai beaucoup de griefs envers le très mou Mélenchon, je l’ai déjà dit, mais ce deux poids, deux mesures, est gênant. Peut-on parler de démocratie quand l’information n’est pas libre ou simplement réduite à sa fonction d’amuser la galerie ? 

 

Le premier quinquennat de Macron a été marqué par une explosion des rémunérations extravagantes des grands patrons du CAC40 tandis que les salaires, rongés par l’inflation, stagnaient, voire baissaient. Le monde, le journal officiel du néolibéralisme, nous dit qu’en 2021 ces rémunérations ont quasiment doublé, ce qui n’empêcha pas cet organe de propagande de faire campagne pour celui qui a organisé et permis cette hausse qui se fait au détriment du bien public[3]. Cela nous fait douter que la démocratie occidentale puisse un jour, sans révolution, franchir les portes des entreprises. La confiscation de la valeur créée par les salariés qui se lèvent tôt tous les jours, est-elle démocratique ? C’est-à-dire approuvée par le peuple des travailleurs dans son ensemble ? L’Occident, la chanson est bien connue, c’est la liberté et la démocratie, c’est tellement la liberté que Macron a été élu en 2017 avec 18% des électeurs inscrits au 1er tour, et avec 37 % des électeurs inscrits au second. Fort de ce score, il avait obtenu 16% des suffrages pour son parti croupion mais 54% des sièges à l’Assemblée. Avec ça Macron a pu gouverner et matraquer le peuple autant qu’il le voulait pendant cinq ans, sans contrepouvoir véritable, les médias étant à 99% à sa botte, soit parce qu’ils appartiennent à ses très riches employeurs qui sont contents de ses services – le nombre des milliardaires en France a doublé en dix ans et bien sûr le nombre de pauvres a augmenté[4]. Les Etats-Unis eux aussi connaissent une démocratie très particulière. Ainsi en 2016 Donald Trump a été élu – légalement – avec 3,2 millions de voix de moins qu’Hillary Clinton, ce qui peut choquer les esprits épris d’équité, puisque les voix qui se sont portées sur Trump valent plus que les voix qui ont été se placer sur Hillary Clinton. Ce qui lui a permis pendant 4 ans de faire de nombreux tweets depuis la Maison Blanche, et de nommer des juges d’extrême-droite – on dit pudiquement conservateurs – un peu partout et notamment à la Cour Suprème avec les conséquences régressives qu’on sait pour la question de l’avortement et peut-être un peu plus tard la question de la sodomie[5]. Evidemment tant qu’on mobilise les énergie sur ces questions, on ne s’attaque pas à la question sociale. Pour le reste ce n’est pas Trump qui ne comprend pas grand-chose à la politique, qui gouvernait mais la CIA et ses experts. Par exemple Victoria Nuland qui avait officié sous Bush et Obama et qui continuera à le faire sous Biden, achevait le coup d’Etat en Ukraine, au nom de la démocratie, et se débrouillait pour surarmer ce pays, poussant le sinistre Zelensky à refuser de mettre en œuvre les accords de Minsk. C’est cette femme de l’ombre qui est la vraie architecte de la politique russophobe des Etats-Unis depuis plus d’une décennie. Dans la transparence et avec pour mission de convaincre les Russes à coups de canon s’il le faut de devenir des bons démocrates comme eux. Ni les présidents successifs, ni le Congrès ne semblent être au courant de cette politique qui s’est menée démocratiquement dans leur dos. Victoria Nuland est l’épouse de Robert Kagan, un faucon démocratique, membre du Parti Républicain qui a été un des instigateurs de la politique menée pour renverser « démocratiquement » Saddam Hussein. Victoria Nuland a été d’abord « démocratiquement » la représentante des Etats-Unis auprès de l’OTAN. Elle est typique de ce qu’on appelle le gouvernement des experts qui passe par-dessus le pouvoir politique pour mener à bien de louches combines et promouvoir la « démocratie » ailleurs dans le monde, c’est-à-dire renverser tous les gouvernements qui désobéissent aux Etats-Unis et à ses multinationales. Récemment elle a avoué que l’OTAN était directement impliquée dans la guerre en Ukraine au point de refuser l’évacuation des soldats bloqués dans Marioupol avant leur reddition, car on s’apercevrait alors qu’il s’agit de militaires de l’OTAN qui malgré leur déguisement ne trompent personne[6]. Le système dit démocratique est tellement décomposé en Occident, qu’on en arrive à désigner à la tête des Etats stratégiquement importants des clowns comme Trump, Macron ou encore Zelensky, l’amuseur public numéro un de l’Ukraine. 

 

En France on critique volontiers Poutine qui contrôle les médias, ce qui n’est pas sans raison bien sûr. Mais la question n’est pas là, chez nous, alors qu’officiellement nous ne sommes pas en guerre avec la Russie, on écoute les consignes de la Commission européenne et on ferme les médias Russia Today et Sputnik au prétexte qu’ils sont financés par la Russie. Cette censure est destinée à nous empêcher d’être contaminé par la propagande russe, et nous laisser libre de croire « démocratiquement » à la propagande de l’Union européenne, de l’OTAN et du Pentagone qui parlent d’une seule et même voix, ce qui tend à vouloir démontrer qu’ils ont raison puisqu’ils disent la même chose. Depuis que ces deux médias ont fermé, c’est un vrai chemin de croix que d’accéder à autre chose qu’une publicité mensongère pour Zelensky. Il n’y a dans les médias qui ont pignon sur rue aucune analyse sérieuse de l’affrontement militaire en Ukraine, ni bien entendu de l’implication directe de l’OTAN, de ses instructeurs et de ses soldats sur le terrain, ni même de ses provocations. C’est pourquoi on est obligé de braver « démocratiquement » la censure sur Internet pour avoir des informations sérieuses ou encore il faut regarder les chaines de télévision russes qui pour l’instant ne sont pas encore débranchées. Il n’y a aucun fondement juridique à cette censure directe, mais aucun journaliste ne semble se soucier qu’il s’agit là d’une violation évidente de l’Etat de droit. La plupart des sanctions décrétées par l’Occident – je veux dire les Américains et l’OTAN – n’ont aucun fondement juridique, notamment le bannissement des Russes et des Biélorusses des compétitions sportives, des manifestations culturelles, et même la confiscation des biens des oligarques. Elles sont décidées unilatéralement, en dehors des instances judiciaires où pourrait avoir lieu un débat contradictoire, et bien entendu cela se passe sans l’assentiment du peuple au mépris de la séparation des pouvoirs. Des deux côtés de l’Atlantique les instances « démocratiques » n’ont pas eu à décider de l’implication de leur pays dans la guerre contre les Russes. Les médias du système prouvent ici que leur rôle n’est pas d’informer mais de justifier des prises de position politique par des analyses adéquates et donc de jouer de la grosse caisse russohphobe. Depuis l’entrée de la Russie en Ukraine, Le monde consacre presque tous les jours la moitié de sa pagination à la propagande antirusse, soit près de vingt pages, chose qu’il n’a pas eu l’idée de faire pour l’Arménie attaquée par l’Azerbaidjan et la Turquie, ou pour les Kurdes qui crèvent sous le feu des troupes turques dans le nord de la Syrie. En France la démocratie peut s’exercer tant qu’elle ne gêne pas le pouvoir. Par exemple, on peut manifester, tant que cela ne remet pas en cause Macron, c’est ainsi que les Gilets jaunes et les soignants se sont fait matraquer, énucléer, arracher les mains parfois. Tout cela au nom de la démocratie. On a arrêté plus de manifestants sous le premier quinquennat de Macron qu’en vingt ans de pouvoir poutinien en Russie.


Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont obtenu deux des six vice-présidences 

L’Assemblée nationale s’est réunie pour distribuer les postes clés aux différents partis. De grands démocrates comme ceux de la NUPES ont commencé à dire que c’était un scandale qu’on ait donné des postes à Ciotti ou des vice-présidences à des élus du Rassemblement national, regrettant que les Macroniens aient aider à cette combine. Mais dans le même temps Les Républicains et les élus lepénistes avançaient que les Macroniens avaient aider ostensiblement Eric Coquerel – qualifié pour l’occasion de gauchiste – à obtenir la présidence de la Commission des finances[7]. Le monde journal représentant la démocratie salonarde et bourgeoise, déplorait que le Front républicain, cette connerie, ait vécu, regrettant que cette fable destinée à motiver l’électeur ne trouve plus de public. Certes l’intérêt de Macron est de faire en sorte que les oppositions s’opposent entre elles, ce que la NUPES et le RN font très bien. Pendant ce temps-là, il est tranquille pour faire ses petites affaires, sauf si la rue se remet à gronder comme en 2018. Mais le simple fait que les députés crient au scandale dans cette affaire montre qu’ils ont une idée vraiment très relative de la démocratie, fut-elle représentative. Il vient sous le sens que si le Rassemblement Nationale est un danger pour la République, il faut le faire interdire. Mais dans cette démarche, les éléments juridiques pour ce faire risquent de manquer cruellement. N’est-il pas normal finalement que le RN, un des partis les plus représentés à l’Assemblée Nationale, obtienne des postes de responsabilité ? Cette notabilisation devrait pourtant réjouir les « démocrates », pensant qu’ainsi ce parti est rentré dans le rang. Mais en réalité ils n’aiment pas que les institutions et leur fonctionnement les privent de leur épouvantail préféré. 

Manifestation à Rome devant le siège de McKinsey 

L’affaire McKinsey a révélé que les politiciens ne faisaient pas la politique pour laquelle les électeurs crédules les ont bêtement élus. Ils sont tellement fainéants qu’ils délèguent ce « job » harassant à des experts qui traficotent dans l’ombre, pantouflant de ci de là sans vergogne. On connaît McKinsey et le rôle qu’il a joué dans la politique vaccinale en France. Il s’est fait payer en conséquence, démontrant par là que les hauts fonctionnaires soi-disant experts ne servaient à rien et que tout passait par des officines louches et non élues. En France et en Italie on a atteint un degré plus élevé de contournement de la démocratie parlementaire. On a porté au pouvoir des hommes employés de Goldman & Sachs, d’abord Mario Monti que cette grosse banque d’affaire plaça « démocratiquement » au cœur de la Commission européenne, pour le faire nommer ensuite Président du conseil à Rome, alors qu’il n’avait été élu par personne nulle part. Il tint les rênes du pouvoir entre 2011 et 2013, le temps de faire avaler la pilule de l’austérité aux Italiens qui sont très patients et très tolérants avec cette canaille. Voici depuis le début de l’année 2021 que les Italiens sont repassés sous la tutelle d’un autre banquier, Mario Draghi. Celui-ci n’a jamais connu aucun mandat électif, l’onction par les élections est passée de mode. C’est un employé lui aussi de Goldman & Sachs que cette boutique sulfureuse avait placé d’abord à la tête de la Banque d’Italie, puis avait fait nommer à la tête de la Banque Centrale européenne et qui enfin est devenu Président du conseil par un tour de passe-passe « démocratique ». reconnaissons-le, Goldman & Sachs sont les meilleurs pour placer leurs employés à la tête des banques centrales du monde entier, on en trouve au Royaume Uni, au Canada, etc. ce sont sans doute eux qui détiennent la clé de la politique économique mondiale puisqu’ils décident de la politique monétaire qui n’est jamais le fait d’organismes démocratiquement élus. Non seulement le peuple n’a pas son mot à dire sur la politique monétaire depuis que les Banques centrales sont « indépendants », mais les représentants plus ou moins élus, non plus. Qui contrôle la monnaie, contrôle la politique ! Ce que n’ont jamais compris les politiciens un peu justes qui nous disent qu’on peut faire une politique différente à l’intérieur de la zone euro, en tolérant la monnaie unique. La monnaie est un élément fondamental de la démocratie, si elle passe sous la coupe d’une banque ou de plusieurs banques privées, nous sortons de la démocratie. Mario Draghi a été envoyé en mission à la BCE. En effet en 2011, quand il rejoint cette boutique en tant que président, tout va mal en Europe, la politique austéritaire mise en place par les Allemands sous la houlette du très corrompu Jean-Claude Trichet, a non seulement ruiné les Grecs, mais plongé la monnaie unique dans une telle tourmente qu’on pense qu’elle pourrait disparaître. Draghi va tordre les Traités européens et donc tricher avec les missions de la BCE pour inonder le marché européen de liquidités et sauver les banques de second rang de la faillite. Jusqu’à son arrivée, la BCE s’interdisait de racheter des obligations d’Etat – de la dette publique – au nom du respect des Traités européens. On peut voir la prise de contrôle de la BCE par Draghi comme le résultat de l’avancée des pions américains pour faire pièce à l’Allemagne. Mario Draghi a importé d’une certaine manière le Quantitative Easing américain au cœur de l’Europe. Il est vrai que ce viol de traités était la condition de survie de la zone euro, en même temps qu’ils étaient d’une stupidité maladive. Les Allemands ont protesté, pour la forme, mais il se sont rendu compte d’où se trouvaient leurs intérêts s’ils voulaient continuer à piller le reste de l’Europe. 

Evolution du bilan de la BCE entre 2007 et 2017 en milliards d’euros 

On peut voir l’effet de cette politique d’expansion monétaire dans l’explosion du bilan de la BCE. Ce changement de politique n’a pas été décidé par les politiciens élus, mais par des experts issus de la haute banque d’affaire. Il est dans la continuité de la fuite en avant du capitalisme financier qui génère de la dette à l’infini pour tenter de faire croire qu’il existe encore alors qu’il est moribond. Comme on le voit dans le graphique suivant, ce ne sont pas seulement les dettes publiques qui ont fait croitre l’endettement mondial, mais aussi bien celles des ménages et des entreprises privées. Or cette dette croissante n’a jamais été décidée démocratiquement par le peuple, ni même les hommes politiques. On a donc deux discours, l’un tenu par les politiciens, comme Bruno Le Maire qui semble totalement dépassé par les questions économiques et monétaires, ou Macron qui comprend encore un peu moins, et qui prônent l’austérité dans leurs programmes électoraux, ce qui permet de serrer la ceinture aux pauvres et de donner plus d’argent encore aux riches, et d’un autre côté celui des banquiers qui, dans l’ombre font fonctionner la planche à billets pour leur propre profit. Ce double discours suffirait d’ailleurs pour qualifier nos régimes occidentaux comme des tyrannies fondées sur le mensonge généralisé. Durant la campagne des dernières élections présidentielles, aucun candidat ne s’est intéressé à la question monétaire, or c’est une des clés de la démocratie véritable. Cet endettement colossal du monde entier cache deux choses ! – d’abord qu’un endettement croissant annonce à plus ou moins long terme une crise financière et économique de grande dimension, et en Occident la dette croit plus vite que le PIB. Appauvrir les plus pauvres n’est pas une solution viable car cela tuerait la demande solvable et engendrerait un cercle vicieux allant de récession en récession – ensuite que certains pays, notamment la Russie ou l’Arabie Saoudite, l’Algérie, le Koweit, les Emirats Arabes Unis, n’ont pratiquement pas de dette, ce qui veut dire que s’il y a une crise financière ils seront plutôt épargnés tandis que les autres sombreront dans le chaos. Notez que ce sont des pays qui détiennent des réserves pétrolières et gazières importantes. Si dans le temps on pensait que la rente pétrolière était une malédiction, on parlait de dutch disease, il se pourrait que la musique change dans les années à venir. 

Evolution de la dette mondiale 

On a parlé à juste titre de la tyrannie de la monnaie, parce que son pouvoir est très supérieur à celui du vote. C’est ce qu’on a vu avec l’euro en Grèce. Certes on peut toujours dire que Tsípras a trahi ses électeurs, c’est vrai et évident qu’il n’a pas eu le courage d’affronter la BCE et l’Allemagne. Mais il se trouvait devant un choix cornélien, soit il souscrivait à un vote référendaire et démocratique, soit il se soumettait à la logique monétaire et s’asseyait sur la démocratie. Ce qu’il fera finalement par opportunisme. Dans cette affaire on vit un ensemble pays conduits par l’Allemagne et la France faire bloc pour contourner la volonté populaire et contraindre le faible Tsípras à se renier[8]. Cette supériorité de la monnaie sur le vote est couronnée par l’accession d’employés des grosses banques d’affaires aux plus hautes fonctions politiques. Des employés subalternes comme Macron ou Georges Pompidou passeront, après un parcours un peu tortueux, tout de même par l’élection. Les autres, les Draghi, les Monti, ou encore Loukas Papadimos, venaient directement de Goldman & Sachs. Le premier et le troisième furent responsables de la politique monétaire de la zone euro, et Papadimos est celui qui truqua les comptes de la Grèce pour la faire entrer dans la zone euro, avec les inconvénients que cela a entraînés, mais aussi avec un énorme bénéfice pour Goldman & Sachs à la clé. Tout cela est bien connu, même Le monde le sait[9], c’est dire, mais il n’empêche que cet organe de propagande continue de vous parler de justice et de démocratie comme si cela nous concernait ! Dans le cas de la Grèce, c’est la puissance de la monnaie européenne qui a permis de contourner les résultats du référendum de 2015, en tuant politiquement le très faible Alexis Tsipras. Les Grecs avaient voté « démocratiquement » contre le plan imposé par l’Allemagne et la BCE, et pourtant malgré cela ils l’ont eu.  Comme le disait l’ineffable Jean-Claude Juncker à ce propos : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »



[1] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/04/20/la-justice-britannique-autorise-formellement-l-extradition-de-julian-assange-aux-etats-unis_6122932_4408996.html

[2] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/06/17/londres-approuve-l-extradition-de-julian-assange-aux-etats-unis_6130794_4408996.html

[3] https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/04/21/en-2021-la-remuneration-moyenne-des-grands-patrons-flirte-avec-les-100-d-augmentation_6123027_3234.html#:~:text=R%C3%A9mun%C3%A9rations-,En%202021%2C%20la%20r%C3%A9mun%C3%A9ration%20moyenne%20des%20grands%20patrons%20flirte%20avec,que%20ceux%20de%20leurs%20salari%C3%A9s.

[4] https://www.tf1info.fr/economie/richesse-patrimoine-le-nombre-de-milliardaires-a-plus-que-double-en-france-en-dix-ans-2190820.html

[5] https://www.journaldesfemmes.fr/societe/actu/2831879-sodomie-texas-etats-unis-usa-homosexuels-lgbtq-mariage-interracial-contraception/

[6] https://russiepolitics.blogspot.com/2022/04/marioupol-quand-nuland-confirme-in-fine.html?fbclid=IwAR1SPC4Kd558aAm5wfatYSV9zmqf7fCzrgXzKLUn1XUUNnE2lScV4zAXpzo

[7] https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/06/29/a-l-assemblee-le-rassemblement-national-obtient-deux-des-six-vice-presidences-la-nupes-denonce-un-arrangement-avec-la-majorite-presidentielle_6132619_823448.html

[8] James K. Galbraith, Crise grecque et tragédie européenne, Le seuil, 2016.

[9] https://www.lemonde.fr/europe/article/2011/11/14/goldman-sachs-le-trait-d-union-entre-mario-draghi-mario-monti-et-lucas-papademos_1603675_3214.html

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