mardi 5 juillet 2022

La justice empire tous les jours

  

Le baron a été condamné mollement avec sursis pour fraude fiscale 

Durant la campagne présidentielle on nous a bien dit qu’il fallait bien voter pour sauver notre démocratie et que Macron était ce dernier rempart. Des confusionnistes intéressés ont fait semblant de croire que c’était vrai avec ce principe puissant selon lequel on critique Macron pendant cinq années pleines à gauche, mais ensuite on vote tout de même pour lui. Mais on nous dit aussi que sans une justice sereine et indépendante il n’y a pas de démocratie. En lisant les rendus d’audience, on se demande parfois si nous sommes encore dans un pays développé ou au fin fond de l’Afrique équatoriale au XIXème siècle. Les juges font partie de cette classe moyenne dégénérée qui ne sait plus reconnaître ni son devant, ni son derrière. Prompte a condamner un Gilet jaune sur la seule foi d’un témoignage policier à de la prison ferme – ça lui apprendra à protester contre la démocratie dans la rue – elle se sent un peu pâle du genou dès qu’il faut affronter le baron Ernest-Antoine Seillière, cet héritier, n’est pas seulement un foutu fainéant qui n’a jamais travaillé, c’est aussi un escroc. Ce délinquant en col blanc avait monté une escroquerie en bande organisée pour voler l’Etat en oubliant de payer de gros impôts, pas quatre clopinettes cintrées. Cette bande de cafards avait escroqué ainsi 316 millions d’euros qui avait été partagée entre les membres de la bande. Le parquet avait réclamé 3 ans de prison ferme et deux ans avec sursis, mais la juge, madame Bénédicte de Perthuis de Laillevault qui se sent des affinités avec la canaille à particule, a décidé que vue que les faits étaient anciens – et pour cause, le baron a des moyens financiers élevés qui lui permettent de payer des avocats qui font trainer ses affaires, jusqu’à ce qu’elles s’épuisent d’elles-mêmes comme un vieux virus – il n’était pas nécessaire que le baron aille en cabane une seule journée[1]. Dans quelque sens qu’on le prenne, il s’agit bien d’une corruption de la justice, même si elle est indirecte. Un Gilet jaune passe devant le tribunal en comparution immédiate et file directo-direct en taule pour y dormir. Madame Bénédicte de Perthuis de Laillevault juge de fait qu’il est plus criminel de manifester contre Macron que de voler des millions aux impôts, impôts qui pourtant sont nécessaires pour payer les juges et les parquetiers. C’est misérable. On ne demande pas à un juge de se lancer dans la guerre de classes, mais il pourrait essayer de temps en temps de s’émanciper un peu et d’appliquer le droit. Pour donner le change, disons qu’elle a tout de même dit que tout cela était grave et pour empocher près de 80 millions d’euros, Monsieur le baron n’a eu droit qu’à une amende dérisoire de 37 500 €. Comme quoi ça sert encore les particules, quoi qu’on en dise. Il semble bien que finalement la Révolution française de 1789 n'a pas fait tomber suffisamment de têtes. Personnellement j’aurais honte d’être cette juge en bois. 

 

Voilà maintenant une autre affaire bien crasseuse. Emily Spaton est une touriste canadienne qui s’est faite violée par trois ou quatre flics au 36 quai des Orfèvres. Elle en avait reconnu deux et ces deux-là avaient été condamnés en première instance à sept ans de prison ferme[2]. Mais ils ont fait appel et ils sont ressortis acquittés de l’audience sous les applaudissements de leurs collègues. A part ça on nous dit qu’il faut protéger un peu plus les femmes agressées, les croire et ne rien laisser passer en matière de viol. Pourquoi ont-ils été acquitté ? Pour deux raisons, ils ont d’abord sorti la fable qu’ils avaient eu le consentement de cette jeune femme qui était manifestement ivre ce jour-là, c’est typique de la défense des violeurs. Ensuite celui qui avait laissé des traces d’ADN dans le vagin d’Emily Spaton, a argué qu’il avait juste mis le doigt – ce qui est une excuse comme une autre. Son collègue sur le banc des accusés, lui a dit seulement qu’il s’était fait tailler une petite pipe, mais qu’elle était consentante. Un des avocats a mis en avant que cette Emily Spaton avait une vie dissolue, sous-entendant par là qu’un de plus ou un de moins, c’était du pareil au même au fond, qu’il n’y avait pas de quoi en faire un plat. L’autre avocat a avancé que cette femme était dépressive et donc ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait. Mais les juges auraient pu au contraire confirmer le premier jugement en mettant en avant justement un abus de faiblesse de la part des policiers qui sont censés protéger les populations. Ce dernier point de vue semble appartenir à un très lointain passé et va de pair avec les matraquages incessants des protestataires, ces dernières années le prouvent. 

 

L’extrême lenteur, pour ne pas dire plus, de la justice française, vient d’être une nouvelle fois révélée par une sinistre affaire. Il y a vingt-deux ans, une enquête avait été ouverte contre de possibles malversations au détriment du Comité d’entreprise d’Air France. Entre temps, une partie des mis en cause est décédée. Le tribunal vient donc d’abandonner les poursuites parce que cette excessive longueur a fini évidemment par bafouer les droits de la défense[3]. Qui doit-on incriminer ? L’Etat qui ne donne pas les moyens à la justice de travailler correctement ? Les magistrats qui eux-mêmes ne se fixent jamais de délais dès lors que la plainte est enregistrée et considérée comme recevable ? Probablement les deux en même temps. Cette lenteur de la justice a également été soulignée par le jugement rendu en appel de l’affaire Fillon. Voilà ce grand voleur qu’on a mis cinq ans pour juger. Mais comme il a beaucoup d’argent, il a beaucoup volé durant sa carrière politique de corrompu autant que de corrupteur, il a décidé de se pourvoir en cassation, il n’est pas encore définitivement condamné. Mais au fond ce n’est pas important, ce qui l’est plus c’est la mansuétude des juges, scotchés comme des mouches au bloc bourgeois. En appel ils ont adouci la peine de Fillon, condamné à trois ans de prison, plus une amende dérisoire, il écope de deux années avec sursis, ce qui veut dire un an avec le bracelet électronique. On pense évidemment au Gilet jaune condamné à un mois de prison ferme en flagrance sur la seule foi de la parole d’un policier, et qui le soir même couche en prison entre autres parce qu’il n’a pas les moyens de faire appel et puis d’aller en cassation ! Sur le millier de Gilets jaunes condamnés, huit cents ont été en prison entre 2018 et 2020. Pourquoi les juges sont-ils si pressés de foutre en taule les Gilets jaunes et beaucoup moins pour envoyer derrière les barreaux la canaille politicarde qui justement est à l’origine des désordres liés aux manifestations ? Je vous laisse trouver la réponse par vous-mêmes. 

 

La justice est aussi une structure destinée à protéger les puissants. La Cour de cassation dans un arrêt du 18 mai 2022 a confirmé que les portraits de Macron décrochés par des militants écologistes qui voulaient dénoncer l’inaction pour ne pas dire plus de Macron en la matière, a confirmé que ce décrochage était condamnable. Non seulement elle affirme que ce portrait est un symbole – donc que décrocher Macron est symboliquement une offense – mais que cela s’apparente aussi à un vol en réunion[4], ce qui est plus que contestable puisque le président étant élu par les Français et vu que les Français payent des impôts pour financer le maudit portrait, ces portraits au fond appartiennent à tout le monde. Comme on le voit on peut interpréter cette décision de justice comme on veut en fonction de ses orientations politiques. Tandis que les prévenus disaient qu’ils allaient porter l’affaire devant le CEDH, le portrait de Macron ne valant pas un mavéradi, pour entrave à la liberté d’expression, la Cour de cassation se flattait, elle, que la justice avait bien interpréter le droit et que les peines étaient bien proportionnées. 

Le préfet Lallement, partisan de la sauvagerie répressive et tête à claques de service 

Les affaires de police sont le complément direct du laxisme judiciaire. Par laxisme judiciaire je ne parle pas de la lourdeur des peines prononcées, mais de la lenteur de la justice comme de l’incohérence des peines prononcées. Le 26 mai dernier il y a eu une finale de la Ligue des champions au Stade de France. L’affaire eut été banale si la police avait mieux fait son travail. Des milliers de supporters britanniques n’ont pu accéder au stade bien qu’ils possédassent un billet en bonne et due forme. Les forces de l’ordre ont fait montre de leur sauvagerie habituelle en gazant et matraquant hommes, femmes et enfants, tandis que les supporters de Liverpool se faisaient racketter par la racaille des quartiers. Ces incidents sont bien connus. Les carences de la gestion de cette finale ont amené les sénateurs à interroger Didier Lallement, le préfet violent et sanguinaire, pour lui demander des explications. Il en a donné en bouffonnant comme à son ordinaire, affichant une attitude insultante face à ceux qui l’interrogeaient[5]. Mais le plus étonnant n’est pas là, il réside dans le fait qu’on n’ait pas pu voir des vidéos de ces carences manifestes, le motif douteux était le suivant : les vidéos ont été détruites – ça tombe bien – parce que la justice n’avait pas demandé à les visionner ! Si le sanguinaire préfet fait très mal son travail dans un pays prétendument démocratique, la justice n’a pas fait le sien, et le procureur de Paris aurait dû en vérité ouvrir rapidement une enquête pour faire le point sur cette question qui a non seulement été mal vécue par l’opinion française, mais qui est dénoncée par les Britanniques. Aux extravagances du préfet Lallement, s’ajoute ainsi les carences de la justice dans son fonctionnement. Au passage le préfet a fait une nouvelle fois la preuve qu’il était un grand menteur, affirmant sans le moindre début de commencement de preuve que l’origine du chaos venait des 30 à 40 000 faux billets en circulation. Autrement dit la justice n’est pas là pour rendre la justice, mais pour couvrir les exactions d’un préfet manifestement incompétent et malade. On note qu’au bout d’un long mois de dénégation ridicule, Darmanin a finalement reconnu, une fois les élections passées, que les forces de l’ordre avaient fait n’importe quoi[6]. A mon sens la justice aurait dû s’emparer de cette forfaiture, mais son évanescence ne vient pas seulement d’un manque que moyens, elle est aussi le résultat de son concubinage avec le bloc bourgeois, et si celui-ci ne sait plus quoi faire, il n’y a pas de raison que la justice le sache mieux. il faut suivre les affaires de justice car elles sont le meilleur baromètre de la santé de la démocratie.


[1] https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/20/fraude-fiscale-trois-ans-de-prison-avec-sursis-pour-l-ancien-president-du-medef-ernest-antoine-seilliere_6123007_3224.html

[2] https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/22/viol-au-36-quai-des-orfevres-les-deux-policiers-ont-ete-acquittes-en-appel_6123276_3224.html

[3] https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/16/l-affaire-du-comite-central-d-entreprise-d-air-france-tourne-au-fiasco-judiciaire_6126316_3224.html

[4] https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/18/la-condamnation-des-decrocheurs-de-portraits-d-emmanuel-macron-confirmee-en-cassation_6126678_3224.html

[5] https://www.sudradio.fr/societe/chaos-au-stade-de-france-le-prefet-lallement-reconnait-un-echec

[6] https://www.midilibre.fr/2022/06/28/fiasco-du-stade-de-france-gerald-darmanin-presente-ses-excuses-apres-cette-mauvaise-gestion-10401176.php

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