Daria
Douguine est morte, lâchement assassinée à l’âge de trente ans dans un attentat
terroriste qui a eu lieu à Moscou, son père était semble-t-il visé. Parmi les
personnes qui soutiennent la démocratie façon OTAN et Zelensky en Ukraine,
personne ne s’est levé pour condamner cet acte barbare qui donne une vision
particulièrement dégradée de la guerre de voyous que mènent les forces
ukraino-atlantistes. Plus encore les soutiens français de Zelensky semblaient
même trouver normal que cette jeune femme soit assassinée, puisque son père est
présenté comme un « idéologue ». Elle a été tuée donc par la faute de
l’existence de son père ! « Idéologue »’est le mot qu’emploie Le monde pour parler du père. Ils
auraient pu dire qu’Alexandre Douguine était un politologue, ou un homme
politique, ou un philosophe, mais les plumitifs du Monde emploient le
terme d’idéologue pour tenter de dévaloriser l’engagement du père. Le père et la
fille n’étaient pas comme le disent les médias occidentaux des ultra-nationalistes
– formule qui ne veut rien dire, puisqu’on est ou non nationaliste, comme une
porte doit être ouverte ou fermée, il ne peut y avoir de porte ultra-fermée – ils
développaient l’idée que la mondialisation avait échoué, et donc qu’un monde
multipolaire devait émerger de cet échec, ils appelaient à la formation d’un
bloc « eurasiste ». Dans cet interview, publiée d’abord sur le site
Breizh-info.com, on n’est pas obligé de se trouver en accord sur l’ensemble des
idées qu’elle développe, notamment vis à vis de la religion, mais c’est une pensée qui existe et qui se trouve en
rupture avec le globalisme, ce que nous approuvons. Ce n’est pas seulement une
opinion que de constater la fin du globalisme, c’est d’abord un fait.[1]
Le conflit en Ukraine n’est toujours pas terminé. En Occident, nous sommes bombardés d’informations en faveur de l’Ukraine et des Ukrainiens. Nous oublions que les Russes aussi ont leur point de vue. C’est à cet effet que nous avons interrogé Daria Douguine, fille d’Alexandre Douguine, au sujet de la situation. Un entretien passionnant.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs
? N’est-il pas difficile pour vous parfois de porter le nom de Douguine, et
donc d’être forcément assimilée à votre papa ?
Daria Douguine : Je suis diplômée de la faculté de
philosophie de l’université d’État de Moscou, avec un diplôme en histoire de la
philosophie. Mes recherches portaient principalement sur la philosophie
politique du néoplatonisme tardif, un sujet d’un intérêt sans fin. La
principale ligne de pensée de la philosophie politique des néoplatoniciens
tardifs est le développement de l’idée d’une homologie de l’âme et de l’État et
de l’existence d’un ordre triple similaire dans les deux. De même qu’il y a
trois bases dans l’âme, de même dans l’État (et les platoniciens décrivent le
modèle indo-européen, plus tard parfaitement théorisé dans les travaux de
Dumezil) il y a aussi trois domaines – ce modèle se manifeste dans l’Antiquité
et au Moyen Âge. La compréhension existentielle et psychique de la politique
est en fait perdue à bien des égards aujourd’hui, nous sommes habitués à voir
la politique uniquement comme une technique, mais le platonisme révèle un lien
profond entre les processus politiques et psychiques. Il est urgent aujourd’hui
de rétablir une telle vision complète des processus politiques, c’est-à-dire
d’examiner la « politique existentielle ».
Je suis honorée d’être dans le même bateau que mon père (sur le même navire existentiel), étant la fille d’un grand chercheur de la Tradition, auteur de l’ouvrage en 24 volumes Noomachia (« guerres de l’esprit » – analyse à travers les trois logos de toutes les cultures du monde). Le fait d’être sous le coup de sanctions de la part des États-Unis, du Canada, de l’Australie et du Royaume-Uni est aussi un symbole que nous, les Douguine, sommes sur le chemin de la vérité dans le combat contre le globalisme. Par conséquent, je dirais que c’est un honneur d’être né dans une telle famille.
Breizh-info.com : Parlez-nous de votre travail
actuellement ?
Daria Douguine : Je suis une observatrice politique
du Mouvement international eurasiste et un expert en relations internationales.
Mon domaine d’activité est l’analyse de la politique européenne ainsi que la
géopolitique. À ce titre, j’apparais sur des chaînes de télévision russes,
pakistanaises, turques, chinoises et indiennes, présentant une vision mondiale
multipolaire des processus politiques. Mes centres d’intérêt sont à la fois
l’espace de civilisation européen et le Moyen-Orient, où une sorte de
révolution conservatrice est en train de s’amorcer – de la confrontation
constante de l’Iran avec l’hégémonie américaine ou de la lutte de la Syrie
contre l’impérialisme occidental à la Turquie, qui montre aujourd’hui des
tendances intéressantes d’éloignement de l’OTAN et du bloc géopolitique
anglo-saxon et tente de construire sa politique étrangère sur une base
multipolaire, en engageant un dialogue avec la civilisation eurasienne. Je
pense qu’il est important de suivre les processus de la région du Moyen-Orient,
c’est l’une des scènes de la lutte contre l’impérialisme. D’un autre côté, je
m’intéresse aussi beaucoup aux pays africains ; ils représentent « L’Autre »
pour l’Europe et la Russie, à partir de l’analyse duquel on peut mieux
comprendre sa propre civilisation. L’Afrique a toujours été un élément de rêve
pour les Européens comme pour les Russes – souvenez-vous du Voyage en Abyssinie
et au Harrar d’Arthur Rimbaud, ou du poète russe Nikolaï Goumilev qui s’est
inspiré de Rimbaud (« Journal Africain ») et une série de poèmes sur l’Afrique,
dans lequel il révèle en fait l’Afrique comme une civilisation inexplorée,
pleine de sens, que le colonialisme occidental a cruellement tenté de défaire
et de détruire. Aujourd’hui, des bouleversements tectoniques se produisent sur
le continent africain et la confrontation des civilisations : occidentale et
authentiquement africaine (si différente et si unique) est extrêmement
intéressante.
Pour moi, un sujet particulièrement important est le développement de la théorie d’un monde multipolaire. Il est clair que le moment mondialiste est terminé[2], la fin du libéralisme est arrivée, la fin de l’histoire libérale. En même temps, il est extrêmement important de comprendre qu’une nouvelle étape pleine de défis, de provocations et de complexités a commencé. Le processus de création de la multipolarité, de structuration des blocs civilisationnels et d’établissement d’un dialogue entre eux est la tâche principale de tous les intellectuels aujourd’hui. Samuel Huntington, dans une vision réaliste des relations internationales, a mis en garde à juste titre contre les risques d’un choc des civilisations. Fabio Petito, spécialiste des relations internationales, a souligné que la construction d’un « dialogue des civilisations » est la tâche centrale et « la seule façon d’avancer ». Ainsi, pour consolider le monde multipolaire, les zones frontalières (intermédiaires) entre les civilisations doivent être traitées avec soin. Tous les conflits se déroulent aux frontières (zones intermédiaires) des civilisations, là où les attitudes s’affrontent. Il est donc primordial de développer un état d’esprit « frontalier » (intermédiaires) si l’on veut que le monde multipolaire fonctionne pleinement et passe du « choc » au « dialogue » des civilisations. Sans cela, il y a un risque de « choc ».
Massacre de la place Maïdan organisé par les équipes de Victoria Nuland et les nazis ukrainiens
Breizh-info.com : Quel regard portez-vous sur la guerre en
Ukraine ? Et sur les réactions en Occident et dans le monde ?
Daria Douguine : La situation en Ukraine est
précisément un exemple de choc des civilisations ; elle peut être considérée
comme un choc des civilisations mondialiste et eurasienne. Après la « grande
catastrophe géopolitique » (comme le président russe a appelé l’effondrement de
l’URSS), les territoires du pays autrefois uni sont devenus des « frontières »
(zones intermédiaires) – ces espaces auxquels l’attention des voisins s’est
accrue, l’OTAN et surtout les États-Unis étant intéressés à déstabiliser la
situation aux frontières de la Russie. Dans les années 1990, un travail
cohérent a été initié avec les cadres des nouveaux gouvernements des nouveaux
États – l’Ukraine ne fait pas exception. Les événements de 2014 en Ukraine, le
Maïdan, soutenus avec tant de ferveur à la fois par Nuland et le fameux
Bernard-Henri Levy soldat de l’ultra-mondialisation[3],
ont été un tournant, en fait ils ont ouvert la porte à l’établissement d’un
dictat mondialiste direct sur l’Ukraine. De plus, les éléments libéraux et
nationalistes, qui étaient plus ou moins neutres avant 2014, ont rejoint un
front uni avec un agenda mondialiste et pro-américain. Pendant 8 ans en
Ukraine, la russophobie a été cultivée par divers programmes et l’histoire a
été réécrite, jusqu’au massacre physique des Russes : ces mêmes 8 années
terribles pour le Donbass avec des bombardements quotidiens. Le public français
peut l’entendre la documentaliste Anne Laure Bonnel, témoin de ces 8 années à
Donetsk, qui n’a pas peur de dire la vérité dans ses films et ses interviews.
Le soutien unanime de l’Occident à l’Ukraine en 2022, la fourniture d’armes à une échelle impensable – tout cela ressemble à une agonie. L’agonie d’un régime mondialiste qui commence à perdre du terrain face à la multipolarité. Pour moi, la douleur la plus importante est que l’Europe a succombé à l’influence de la propagande mondialiste et qu’au lieu de rester neutre, elle a pris le parti de la guerre. À bien des égards, c’était certainement le plan des États-Unis, qui avaient si systématiquement et continuellement provoqué tout le conflit en injectant des armes en Ukraine. Rien que des États-Unis (selon Transparency International), plus de 658 millions de dollars ont été investis dans l’aide à l’Ukraine entre 2014 et 2017.
En vert les pays approuvant les sanctions occidentales contre la Russie
Dans le même temps, on constate que les pays d’Amérique
latine, du Moyen-Orient, la Chine et l’Inde n’ont pas adopté une position
mondialiste. Le dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré que son pays adhérait
« fermement » à la position de la Russie. À Cuba, des personnes ont été vues
portant des drapeaux russes et des symboles Z lors d’une manifestation le 1er
mai, rappelle la chaîne allemand ZDF. L’Argentine a accusé l’Occident d’avoir
les doubles standards. La vice-présidente du pays, Cristina Kirchner, a déclaré
que le pays était en conflit avec Londres au sujet des îles Malouines. Au
Brésil, le candidat à la présidence Lula da Silva a déclaré à son tour que le
dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky était responsable de ce qui se passait
dans son pays. La Chine s’est prononcée contre l’expansion de l’OTAN et les
provocations des États-Unis. L’Inde a tenté de maintenir sa neutralité
stratégique (dans les années 1990, l’Inde elle-même a été la cible de sanctions
américaines et occidentales très douloureuses pour avoir refusé d’adhérer au
traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Le pays, que l’Occident
cherche à couper de son oxygène et à priver de haute technologie, a alors tenu
bon (en grande partie grâce à la coopération avec la Russie, qui ne s’est pas
associée aux sanctions et a prôné leur abolition). Un certain nombre de pays du
Moyen-Orient ont soutenu l’opération militaire spéciale de la Russie (la Syrie,
alliée de longue date de la Russie, connaît mieux que quiconque la bataille
contre le mondialisme), des appels au retrait de l’OTAN se font de plus en plus
entendre en Turquie, et le président a refusé d’approuver l’admission de la
Suède et de la Finlande dans l’OTAN. De nombreux pays d’Afrique, notamment ceux
où le sentiment antiglobaliste est fort, n’ont pas soutenu les critiques
occidentales à l’égard de la Russie (Mali, Soudan, RCA, Zimbabwe, République du
Congo, Érythrée). Ces réactions indiquent la fin du mythe d’un « espace
mondial unique ». L’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine a
accéléré la formation d’un monde multipolaire et catalysé de nombreux processus
géopolitiques.
Breizh-info.com : Ne pensez-vous pas que la Russie soit en
train de s’isoler ? Quelles seront les conséquences selon vous de tout cela ?
Daria Douguine : Je pense que c’est l’inverse. La
Russie trouve de nouveaux partenaires et les processus de souveraineté (par
exemple, la dédollarisation économique) commencent à s’accélérer. La Russie tente
d’être « punie » par les pays occidentaux au moyen de sanctions, mais l’effet
sur l’économie russe n’est pas très sensible (« Les sanctions internationales à
l’encontre de la Russie ne semblent pas impacter la vie quotidienne des
Moscovites », mentionne un journaliste dans un reportage de BFM TV). La
politique de sanctions de l’Occident a été un catalyseur pour la recherche de
nouveaux partenaires et la désoccidentalisation de notre pays. Dans le même
temps, ces sanctions ont frappé douloureusement les pays européens, devenant
une sorte de « hara-kiri » pour de nombreuses économies européennes. C’est une
nouvelle très inquiétante, mais apparemment cela faisait aussi partie du
complot américain visant à déstabiliser le continent européen. Le Premier ministre
hongrois Viktor Orban a déclaré que Budapest ne soutenait pas l’imposition de
sanctions irréfléchies contre la Russie. « Les sanctions contre la Russie sont
comme une bombe atomique, cela pourrait nous conduire non seulement à ne pas
pouvoir nourrir notre population mais aussi à recevoir une masse de migrants à
la frontière », a déclaré le Premier ministre hongrois.
Les nouveaux blocs émergent. « Les pays en développement, notamment la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil et d’autres pays qui ont refusé de prendre parti à la suite des sanctions occidentales contre la Russie, devraient envisager des moyens de renforcer leur coordination économique pour résister aux chocs ultérieurs provoqués par l’Occident. Il est important de noter que les pays en développement doivent chercher une solution par le biais de la coopération financière et commerciale », a écrit un journaliste du Global Times de Chine. Ce sont des processus géopolitiques très intéressants. La Russie n’a donc pas été victime de l’isolement, elle a été le pionnier d’un ordre mondial multipolaire.
Des voitures ornées de drapeaux russes se dirigeant vers la grande place de Torzhok pour un rassemblement de soutien aux opérations militaires de la Russie en Ukraine
Breizh-info.com : Comment la population russe
réagit-t-elle à cette guerre, qui visiblement, a déjà fait beaucoup de pertes
côté russe ?
Daria Douguine : Toute opération militaire entraîne
toujours des pertes. Il convient de noter que les chiffres fournis par les
sources ukrainiennes (et ce sont eux qui sont diffusés dans les médias
occidentaux) ne sont pas corrects et doivent être vérifiés. Nous sommes
confrontés à une situation de guerre de l’information dans laquelle tout, des
rapports militaires aux chiffres, est politisé. Dans le domaine des médias en
Occident, il n’existe malheureusement pratiquement aucune vision alternative
des événements. L’Ofpra a réalisé en 2016 un dossier sur « Pravy Sektor »
(« Secteur droit »), groupe ultras ukranien : Pravy Sektor fait
l’objet d’allégations d’antisémitisme et de xénophobie, de manifestations
homophobes, de détentions illégales et autres abus de pouvoir. Il a créé une
milice armée, le Corps des volontaires ukrainiens, engagée dans le conflit avec
les séparatistes pro-russes du Donbass. Des tensions opposent le Corps des
volontaires ukrainiens aux autorités jusqu’à son intégration difficile au sein
des forces armées régulières ». En 2022, ceux qui étaient considérés avec
suspicion en 2016, deviennent des héros, les épouses des combattants de d’Azov
(un groupe responsable des assassinats cruels des russes au Donbass)
rencontrent le pape a Vatican. Il est très étrange de constater que quelque
chose qui semblait interdit il y a seulement deux ans est devenu courant en
Europe. Ou la réunion de BHL avec l’ancien chef du bataillon rusophobe et
xenophobe radical Aydar (une organisation terroriste interdite en Russie)
Marchenko. Aujourd’hui, le libéralisme va de pair avec la xénophobie et le
nazisme. C’est un paradoxe. Mais cela peut s’expliquer si l’on comprend la « nature
totalitaire » du libéralisme moderne[4].
Il s’agit du sujet de la manipulation des informations et des chiffres.
Quant à la réaction des Russes, la majorité écrasante
soutient l’opération militaire spéciale. À leurs yeux, il s’agit d’une défense
compréhensible des intérêts géopolitiques de la Russie et d’une lutte contre la
russophobie, car un régime s’est formé à Kiev qui dénie aux Russes le droit à
l’autodétermination (langue, culture, identité) et à l’existence. Certains
éléments de la société ont immédiatement quitté le pays après le déclenchement
des hostilités – ils sont partis aux États-Unis, en Europe et en Israël. Fait
révélateur, Anatoly Chubais, ancien chef de l’administration présidentielle
russe et l’un des idéologues et dirigeants des réformes économiques en Russie
dans les années 1990 a quitté le pays. Dans les années 1990, le Front
patriotique l’a qualifié de « traître » et de responsable des difficultés
économiques de la Russie. C’est symbolique. Il existe de tels cas, c’est
certain.
Tous les membres de mon entourage soutiennent l’opération militaire spéciale non seulement en paroles, mais aussi, pour beaucoup, en actes, en apportant une aide humanitaire aux réfugiés et à la région[5]. De plus, ils ne le font pas depuis ces derniers mois, mais depuis de nombreuses années. Les mêmes huit années que l’Occident connaissait si peu.
Breizh-info.com : En tant que journaliste, que pensez-vous
de la censure de RT dans l’Union Européenne ou de Sputnik, et du silence (voir
de l’approbation) d’une majorité de journalistes européens ?
Daria Douguine : Il s’agit d’un cas sans précédent de
violation de « La liberté d’expression ». La liberté d’expression implique la
possibilité de points de vue différents, parfois peu agréables pour les
autorités. RT et Sputnik n’étaient pas des instruments de propagande russe,
mais des plateformes de discussion. J’ai regardé de nombreux programmes de RT France
et ils étaient intéressants car ils incluaient des experts ayant un point de
vue alternatif à celui des médias du système. Le fait que les journalistes en
Europe n’aient pas réagi de quelque manière que ce soit à ces blocages montre
la nature « totalitaire » de l’ensemble du monde médiatique occidental. C’est
très triste. Espérons que les médias de la réinformation resteront actives et
vont prolonger détruire le bloc de désinformation.
Breizh-info.com : En France, les conséquences économiques
se font déjà ressentir (hausse des prix de l’essence notamment). Comment un
engrenage infernal serait encore évitable ?
Daria Douguine : Les sanctions anti-russes commencent
à rendre exsangue l’économie européenne. Le Pen, lors du débat avec Macron, les
a qualifiés à juste titre de « harakiri » pour l’économie française. Mais
réfléchissons, qui a besoin d’une Europe affaiblie ? Affligée après le COVID,
affaiblie par les sanctions anti-russes, l’Europe devra concentrer toutes ses
forces sur la question du sauvetage de sa propre économie, dans une telle
situation les bénéficiaires sont les USA, qui parviennent à établir leur
contrôle sur le continent. Un Rimland indépendant est inacceptable pour la
civilisation anglo-saxonne, le sentiment anti-américain et anti-OTAN croissant
(en France, remarquez, Mélenchon, Le Pen, Zemmour et de nombreux autres
candidats ont activement critiqué l’appartenance de la France à l’OTAN et ont
appelé à un scénario presque gaulliste de 1966) est une menace pour la
domination mondiale des États-Unis. Par conséquent, l’idée de sanctions
anti-russes a été mise en œuvre dans le but intéressé d’affaiblir la région.
Les élites de l’UE ont agi comme des intermédiaires, des mandataires des
mondialistes dans cette entreprise, et ont porté un coup au bien-être des
peuples et des populations européennes.
Breizh-info.com : Le mot de la fin ?
Daria Douguine : Je demande instamment à tous les lecteurs de faire preuve d’esprit critique et de remettre en question les rapports publiés par les médias. Si les élites libérales occidentales insistent tant pour soutenir Kiev et diaboliser Moscou, c’est qu’il y a une logique de bénéfice derrière tout cela. Il faut tout remettre en question. Il s’agit d’un principe important qui nous permet de garder un regard sobre. Dans une société du spectacle, de la propagande et de la nature totalitaire des systèmes occidentaux, le doute est une étape fondamentale pour sortir de la caverne…
D’après le site Breizh-info.com
[1] Nous
avons corrigé quelques fautes de traduction. Note In girum imus
[2] Il va de
soi que si ce moment s’achève sans avoir été complet, c’est bien qu’il a échoué
par rapport à ses promesses. Note In girum imus
[3] On peut
reprocher gentiment à Daria de mettre sur le même plan Victoria Nuland qui a
été en charge de la politique de déstabilisation de l’Ukraine et notamment du
coup d’Etat de l’euroMaïdan, avec un personnage sans dimension comme Bernard
Henry-Levy. Note In girum imus
[4] On pourrait
ajouter que cet autoritarisme est la contrepartie de l’échec politique et économique
du néo-libéralisme. Note In girum imus
[5] Dans la
presse occidentale on parle des réfugiés ukrainiens en Occident qui fuient la
guerre, mais on ne parle pas des réfugiés qui ont la nationalité ukrainienne et
qui fuient vers la Russie, ils sont pourtant nombreux. Note In girum imus.
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