La mort de la Reine d’Angleterre à l’âge respectable de 96
ans est très certainement un deuil pour sa famille et ses proches. Mais la
série d’hommages que les grands médias français lui ont consacrés, est d’une
indécence incroyable. Le coût de cet enterrement spectaculaire aurait été de 35
millions de livres pour l’Etat britannique.
C’est dire que la tendance n’a pas été à la sobriété. Ce sont les funérailles
les plus ruineuses qu’aura connu ce royaume rabougri sur lui-même. Cette femme
milliardaire en livres sterlings vécut longtemps aux frais de la princesse
comme on dit. Elle était entretenue par ses malheureux sujets que ses ancêtres
avaient préalablement volés dans les grandes largeurs et qui, pas rancuniers,
lui assuraient une liste extravagante. Sa fortune était estimée à 30 milliards
d’euros, et elle percevait en sus une vingtaine de millions d’euros d’une rente
d’Etat annuellement pour couvrir ses frais.
Elle ne pouvait même pas donner l’illusion qu’elle ait travaillé un seul jour
de sa vie. Elle ne servait à rien pour les sujets de son Royaume qui se
rétrécissait d’année en année. L’Angleterre possédant un régime encore pire que
le nôtre est une monarchie parlementaire et donc la Reine d’Angleterre n’avait
qu’un rôle de représentation. A quel titre ? Je vous le demande. Cette
débauche médiatique démontre à l’envie que nous avons besoin de revigorer une
pensée rebelle qui se meurt. Comment peut-on admirer une personne aussi
insignifiante que la Reine d’Angleterre ? Ceci est la preuve non seulement
du caractère rampant de la plupart des médias, mais aussi du décalage de plus
en plus grand entre la réalité et sa représentation. Ce spectacle permanent est
en réalité là – que ce soit voulu ou non – pour éviter de parler des choses qui
dérangent, particulièrement de la réalité de la vie quotidienne qui fait qu’en
vrai on n’en a pas grand-chose à faire que cette personne se soit éteinte. Si
nous voulons parler de l’Angleterre il faudrait plutôt s’intéresser au fait que
le nouveau premier ministre Liz Truss qu’on croirait sortie tout droit de
Charenton, prétend avoir le courage d’anéantir le monde en déclenchant une
guerre atomique, où alors se demander que font les militaires britanniques en
Ukraine. Mais discuter des mérites supposés de la Reine d’Angleterre permet de
soulager les esprits des lourdes charges qui pèsent sur eux. On peut en vouloir
légitimement aux syndicats d’avoir suspendu les grands mouvements de grève qui
ont lieu en ce moment dans tout le Royaume Uni, alors que la tension sociale
est à son comble et qu’il y a une tendance à la grève générale – ce sont les
mouvements sociaux les plus importants depuis la fin du règne de l’alcoolique
Margaret Thatcher. Mais le
fond de l’affaire est qu’en procédant ainsi on a la prétention de nous faire
aimer les fainéants et les nantis, ces inutiles qui depuis des siècles pillent
la planète et affament les pauvres. On ne sait pas pourquoi, mais nous devrions
prendre notre mouchoir, nous essuyer les yeux humides et compatir avec la foule
moutonnière qui pleure une icône sans intérêt et sans mystère. Les mêmes qui
pleurent aujourd’hui sont ceux qui il y a quelques années pleuraient Lady Di
qu’on disait avoir été assassinée sur ordre de la Reine !! L’âme humaine
est versatile et aime à oublier ses soucis pour pleurnicher sur ceux des
riches. Ainsi cela la satisfait pleinement que ce monarque en bois soit décédé,
ils se croient ainsi vengés de toutes les déconvenues que la vie leur a
infligées, comme si c’était un peu eux qui avaient tué la reine. La crapule
macronienne qui vend tout ce qui reste de la France a prétendu imposer aux
maires de mettre des drapeaux an berne pour la reine d’Angleterre, oubliant que
la France était un pays républicain et non monarchiste, et que chez nous avons
inauguré la décapitation de notre souverain en 1793. Certains maires moins
décervelés que d’autres ont refusé cette nouvelle infamie qui est comme un
crachat dans la figure de République.

Le cercueil de la reine
décédée est promené aux quatre coins du royaume
On a cependant ces jours derniers franchi un palier, la
reine étant décédée, on a promené son cadavre, enfermé dans un cercueil il est
vrai, aux quatre coins du royaume. C’est quelque chose d’assez inédit. Mais
personne n’a relevé cette fantaisie nouvelle. Cela a duré plusieurs jours
alimentant les journaux télévisés d’images scabreuses où on voyait des milliers
de britanniques se rendre à la queue leu-leu se positionner sur le parcours
d’un cortège de voitures rutilantes, sans même se poser la question de savoir
si dans ce cercueil recouvert d’un drapeau il y avait bien le cadavre congelé
de la reine morte. Il faut vraiment que les britanniques n’aient pas
grand-chose d’autre à faire de leur existence pour aller regarder des voitures
qui passent. Mais il ne faut pas désespérer, il y avait dans la foule quelques
britanniques qui hurlaient contre ce défilé, d’autres qui ont eu le courage de
sabrer le champagne pour saluer ce décès. Seulement un quart des britannique
sont pour l’abolition de la monarchie ! Cette fantaisie non seulement a
coûté beaucoup d’argent, ce qui est une gifle aux nécessiteux du coin, mais
elle a engendré une débauche d’énergie qui a augmenté l’empreinte carbone de la
famille royale radicalement. Quel peut-être le sens de ce spectacle
lugubre ? Que sont ces gens qui s’y pressent bêtement ? Certes le
public était principalement féminin, comme nous pouvons le voir sur la photo
ci-dessus, mais est-ce une excuse ? Pour beaucoup cependant le décès de
cette reine marque le début de la fin de la monarchie dans ce pays, ils
avancent que le roi Charles III n’arrivera jamais à égaler sa mère du point de
vue de la popularité, et surtout du point de vue de la longévité de son règne.
Pour l’instant les rumeurs se répandent pour dépeindre ce roi de pacotille
comme un maniaque capricieux et antipathique au possible. Ce fainéant qui n’a
jamais travaillé a des exigences incroyables avec le petit personnel. Il faut
lui repasser son pyjama tous les matins, ses lacets aussi – tant qu’on y est.
Il emporterait aussi sa lunette de WC avec lui quand il se rend quelque part.
Plus sérieusement, on a appris qu’il avait licencié une centaine de personnes
qui étaient antérieurement à son service. De quoi alimenter une campagne sévère
contre l’idée même de monarchie. Qu’il soit maniaque, c’est un fait, mais qu’en
plus il se comporte comme un enfant dégénéré, ça dépasse tout, c’est dans la
lignée d’Amin Dada. On ne
croit pas qu’en 2022 ce genre de fantaisie puisse exister encore ! William
Shakespeare avait écrit dans sa célèbre pièce Henri IV, écrite en 1596 :
Si nous vivons, nous vivrons pour marcher sur la tête des rois : si nous
mourons, il est beau de mourir quand des princes meurent avec nous ! et quant à
nos consciences, les armes sont légitimes, quand la cause qui les fait prendre
est juste. Il semble que les Anglais n'ont pas encore tout à fait assimilé
sa leçon.

Le nouveau roi d’Angleterre
Tout le monde en France semble avoir été encouragé à
redevenir monarchiste par la canaille journalistique qui a pour le moins manqué
de sobriété. Comme si nous n’étions pas assez malheureux comme ça ! On
sait que notre ennemi préféré, Macron, souhaitait un retour de la monarchie
lorsqu’il se lançait dans sa malheureuse campagne pour se faire élire en 2015.
Certains aujourd’hui s’en vont même à célébrer Charles III, un vieil homme
chancelant qui n’a jamais rien su faire de ses dix doigts, et qui bien sûr,
fainéant comme une couleuvre, n’a jamais travaillé de sa vie. Aurait-on oublié
la Révolution française ? Peut-on se moquer de ces aristocrates fins de
race dont l’utilité peut être qualifiée d’un degré d’importance nulle comme
dit le poète ? Oui, c’est même conseillé de le faire tous les matins, comme la
prière du matin de l’homme moderne. C’est le premier stade de la conscience
que de vilipender ces pauvres êtres humains qui s’agenouillent devant n’importe
qui et n’importe quoi. Les temps ne sont plus à l’insulte directe qui serait pourtant
recommandée, à cause du risque qu’on encourt face à la censure, que ce soit
celle des tribunaux ou celle plus privée des réseaux sociaux qui ne tolère pas
des écarts de langages trop prononcés. Cependant se moquer n’est pas suffisant
puisqu’au fond les puissants sont habitués à ce qu’on les méprise et savent
bien qu’à leur endroit la haine couve périodiquement. Dans ce jeu singulier, ce
sont d’ailleurs parfois les mêmes qui vont à la fois moquer, admirer, et aussi
manifester contre cette vermine qui peuple la planète et qui rend celle-ci
impropre à l’existence humaine. En ces temps où on nous fait le coup du retour
de la valeur travail et du travailler plus, il est tout de même incohérent de
nous faire la publicité pour une famille de fainéants, comme pour nous
expliquer que le travail, je veux dire, ceux qui se livrent à cette louche
activité, finalement n’a jamais enrichi personne, si ce n’est les financiers et
les capitalistes.
Mais ces écrans de fumée, s’ils retardent farouchement les
prises de conscience n’empêche pas la pensée rebelle à l’ordre nouveau mondialisé
de se frayer un chemin malgré le rouleau compresseur de la propagande. La
dissidence s’accroit un peu partout dans le monde. C’est un défi aux
institutions. Le cas étatsunien est assez exemplaire, on a vu les imbécilités
de la Cour Suprême à propos des armes à feu et du droit à l’avortement,
imbécilités qui visent directement à l’affrontement entre deux parties de
l’Amérique. Mais plus généralement, il y a une forme d’unité dans la rébellion.
Les journalistes d’opinion qui sévissent dans Le monde ont remarqué que
ceux qui défilent contre la politique vaccinale tous les samedis depuis un an,
sont un peu les mêmes que ceux qui occupaient les ronds-points avec un gilet
jaune sur le dos, et ce sont encore les mêmes qui doutent de la politique
otanienne en ce qui concerne l’Ukraine. On les retrouve encore du côté des
soignants qui se font matraqués pour avoir osé protester contre la liquidation
de l’hôpital public. Ils sont dans la même logique hostile à la construction
européenne. Mais les journalistes stipendiés croient qu’ils peuvent se moquer
de cette activité qui par principe considère que ce que produite la société
moderne est forcément mauvais. Cette pensée rebelle pourtant ne doit pas être
confondue avec les rebelles de profession, les intellectuels comme Michel
Foucault ou Jacques Derrida, ou même les politiciens médiocres comme Jean-Luc Mélenchon
ou Philippe Poutou qui restent dans une posture mêlant confusion et ignorance.
Cette pensée rebelle n’est pas portée par un parti, qu’il soit de droite ou de
gauche, et c’est pourquoi la crapule politicienne la renvoie à un extrémisme
diffus qui serait anti-républicain. Les journalistes et les politiciens dont
pourtant les partis ne font plus recette depuis longtemps, aiment à se gausser
de ces attelages hétéroclites parce qu’ils ne rentrent pas dans la grille de
lecture qu’on leur a apprise à Sciences Po ou dans d’autres boutiques à
décerveler les mieux intentionnés. Ne comprenant pas ces mouvements, ils le
qualifient du terme général de « populiste » qu’ils pensent être
infâmant mais qui ne révèle qu’un grand vide de la pensée et qui rend celui qui
s’en sert de parfaitement suspect aux yeux de l’opinion.
Comme on l’a compris ces blocs de rébellion ne se regroupent
pas tout à fait mais suffisamment pour dire qu’ils représentent entre 30 et 40%
des Français, et potentiellement plus si les temps deviennent de plus en plus
durs. Leur difficulté première est qu’aucun parti ou syndicat n’appuie leur
combat, ou quand ils le font ils tentent de le récupérer parce qu’ils ont un
esprit boutiquier. Et donc chaque fois qu’un mouvement social qu’ils n’ont pas
organisé eux-mêmes apparaît, ils feront tout pour le saboter. On a vu à l’œuvre
Philippe Martinez par exemple programmer une manifestation CGT, uniquement CGT,
au même moment, mais dans un lieu différent de la manifestation des Gilets
jaunes qui mettaient le feu sur les Champs Elysées. Ensuite ce sont ces gens
qui vont vous dire que les mouvements qui ne sont pas organisés par eux sont
voués à l’échec. Et donc ils feront tout pour les affaiblir et s’en
débarrasser, quitte à pactiser avec le pouvoir pour défendre leur territoire
qui au fil du temps se rétrécit de plus en plus. Seulement au fil du temps leur
inefficacité est devenue patente, même si les mouvements spontanés
s’essoufflent toujours assez rapidement – encore que dans la période récente,
grâce à Macron on a vu les mouvements sociaux s’enraciner, que ce soit les
Gilets jaunes où les anti-vax qui ont compris que seule la patience de
l’araignée pourrait faire peut-être un jour bouger les choses.
Dans la région de Toulouse sont apparues des affiches
antivax. Elles dénonçaient les effets secondaires liés au vaccin à répétition,
1 effet secondaire pour 100 injections. La presse s’est indignée,
dénonçant les mensonges de cette propagande. Arguant du fait que ces chiffres
avancés sont incertains. Ce qui est vrai, mais en réalité personne n’a de
chiffres certains sur les effets secondaires possibles ou probables. Les
affiches ont été placardées par Réinfo Covid, Réinfo Liberté ou encore Comité
scientifique indépendant. Marianne nous dit que derrière cette campagne il
y aurait Louis Fouché, anesthésiste qualifié de gourou, ou encore Laurent
Mucchielli, sociologue condamné par ses pairs pour dissidence. Au fond peu
importe que les chiffres avancés soient faux, cette levée de bouclier contre
cette campagne appelle deux remarques :
– d’abord cette campagne est produite par les mensonges
répétés du gouvernement depuis le début de la crise sanitaire. Par exemple sur
les masques, ou encore quand l’infectiologue Karine Lacombe avançait bien
imprudemment, mais avec un aplomb extraordinaire, que l’immunité collective
serait acquise lorsque 60% de la population serait vaccinée avec une dose.
– ensuite que le ton de l’article est péjoratif pour ceux qui
ont lancé cette campagne. Si Karine Lacombe ment, personne ne la traite de
menteuse ou de gourou, mais si Louis Fouché produit des approximations, il est
classé dans cette catégorie spéciale de manipulateurs.
Marianne parle de matraquage publicitaire, en vérité
c’est parler de la corde dans la maison du pendu. Le plumitif qui a pondu cet
article oublie de nous dire que depuis le début de l’année 2020 le gouvernement,
avec la complicité de McKinsey, a dépensé des sommes folles pour nous
conditionner avec les gestes barrières, avec l’aération des pièces, ou encore
avec la publicité pour aller nous faire vacciner, alors même qu’en aout 2022 le
vaccin de chez Pfizer est considéré comme en cours d’évaluation par les
autorités de Bruxelles. Autrement dit les mensonges des laboratoires et des
gouvernements ont pignon sur rue, mais ils percutent les autres approches d’une
réalité difficile à connaitre. On voit que dans ce cas de figure, si, le
système médiatique soutient les « experts » l’opinion publique s’en
méfie de plus en plus et se rebelle contre l’idée même d’abandonner son
jugement propre à la sainte parole de l’expertise. Ce n’est pas nouveau, c’est
presqu’un lieu commun, plus la vie civile se dégrade et moins on fait confiance
aux experts, c’est le premier stade de la rébellion.
Ce mouvement de rébellion se nourrit d’abord de
l’incompétence des gouvernements et des politiciens à les représenter et à agir
contre l’effondrement visible de la forme occidentale de société. Mais cette
classe qui se prétend l’élite de la nation ment d’une manière tellement visible
et grossière, appuyée sur le système médiatique que même lorsqu’elle dit
quelque chose de vrai par opportunisme, on croit encore qu’elle ment. Dans un
pays très agité comme la France où les manifestations sont régulières, au moins
hebdomadaires, depuis l’élection malencontreuse de Macron en 2017 la confiance
dans les médias est très faible, elle se confond d’ailleurs avec le bloc
macroniste, européiste, pro-guerre et pro-vaccin. C’est le noyau dur de la
bien-pensance, ceux qui désignent comme complotistes tous ceux qui pensent de
travers, qui ne sont pas dans les clous et qui contestent les vérités qu’on
leur assène. Le problème de l’opposition c’est qu’elle est fragmentée, ou
insuffisamment unifiée. Certains qui sont contre la politique sanitaire des
grands laboratoires, ne se sentent pas concernés par la question des
inégalités, d’autres encore ne s’occupent pas d’approfondir la question du
réchauffement climatique. Cette fragmentation des luttes, bien entretenue par
les hiérarques des syndicats et des partis au nom d’une efficacité évanescente,
facilite la vie de dirigeants qui, comme Macron, sont très mal élus, mais qui
peuvent faire passer les lois pour lesquelles leurs sponsors les ont soutenus. Bien
sûr le complément de cela est la croyance en une démocratie d’apparence,
fonctionnant sur des mensonges de plus en plus grossiers. La démocratie est
présentée généralement comme une sorte d’absolu pour lequel il faudrait se
battre, ce serait donc un système politique supérieur inventé par l’Occident et
que le monde entier devrait adopter. Mais cette démocratie est rarement
discutée autrement que comme un dogme, une certitude apodictique, ce n’est plus
une réalité qui assurerait une liberté individuelle avantageuse. Cependant la
défiance de plus en plus grande des électeurs vis-à-vis de son existence montre
que cette rhétorique a du plomb dans l’aile. Un peu comme Dieu, on en parle
beaucoup, mais on ne l’a pas beaucoup vue ! Sommes-nous encore en
démocratie quand la surveillance est partout ?

Confiance dans les médias par
pays
Ce qui est sans doute nouveau dans ce rapport au réel qui
irrite tant les simples citoyens, c’est que les journalistes sont devenus des
militants d’une cause qui les dépasse. On ne peut pas demander aux journalistes
d’être neutres, ils ne l’ont jamais été. Mais aujourd’hui on inverse le schéma
habituel, avant on exposait les faits puis on les interprétait, c’est pourquoi
on trouvait toujours un intérêt à lire Le monde. Aujourd’hui le plumitif
part de ce qu’il doit dire pour cadrer avec la doxa dominante, puis il
sélectionne les faits et ne retient que ceux qui sont compatibles avec elle.
Cette dérive est d’autant plus forte que les sources d’information se sont
multipliées, dévoilant la supercherie, et donc il a fallu, pour empêcher le
navire du mensonge de sombrer, asséner le message militant de plus en plus
fort. Ceci explique pourquoi ce sont les journalistes dits éditorialistes, ou
les présentateurs, qui sont les mieux payés de la profession. En vérité ce sont
les plus fainéants, ne sachant rien sur rien et encore moins sur le reste, ils
débitent des mensonges, tandis que les « vrais » journalistes font
parfois l’effort d’aller sur le terrain et de trouver des informations. Cette
évolution du journalisme nourrit naturellement la pensée rebelle qui se heurte
par ses connaissances directes de la vie réelle aux mensonges stipendiés
de l’industrie de l’information. Sur quelque point que ce soit dès que le
journal Le monde parle d’un sujet qu’on connaît, on se rend compte qu’il
raconte n’importe quoi. C’est la conséquence d’une circulation accélérée de
l’information par d’autres canaux. Cette circulation libre de l’information est
dangereuse, elle met en question un système d’autorité de la parole. C’est
pourquoi les journaux dominants – du moins dominants sur le plan de l’autorité
morale – ont mis en place des services dits de fact-checking pour soi-disant
débusquer les mensonges des concurrents. Dans cet exercice le ridicule Samuel Laurent
du Monde est un exemple. Quand des nouvelles le gêne, il sert des
analyses embrouillées du type c’est vrai, mai c’est faux aussi, ou c’est
partiellement faux. Si bien qu’à la fin de ces analyses on ne sait plus rien du
tout. Il est vrai que Samuel Laurent est assez peu subtil et assez peu
instruit. Mais il s’est inséré dans un mouvement plus large de contrôle, Les
décodeurs, service de fact-checking du Monde qui est financé, entre
autres par Facebook. Cela rapporte des recettes pour le journal, mais c’est au
prix d’une imbrication de plus en plus grande du système de production et de
circulation de l’information. La limite de ce système digne de Big Brother est
sa porosité, on a beau censuré comme jamais sur les réseaux sociaux, la
dissidence transperce le bouclier. Bien entendu cette information incontrôlée
trimballe avec elle son lot d’illuminations et de mensonges, mais pas plus que
le journalisme ordinaire. Et même si on ne l’exprime pas toujours, l’opinion
publique le ressent douloureusement. Cette tendance-là oblige finalement à
redescendre au niveau de sa propre vie quotidienne et à se passer des
élucubrations sur les nécessités de la grande politique. Il apparait
alors que ce que racontent les gouvernements n’est pas crédible en quelque
domaine que ce soit, que ce soit sur la défense du pouvoir d’achat ou celle des
services publics par exemple, pour prendre deux points particulièrement
sensibles.
La décomposition accélérée des institutions mondialistes,
l’OTAN, l’ONU, l’Union européenne dévoile en même temps la corruption qui
soutient l’édifice et le justifie. On sait par exemple que ce sont les
laboratoires pharmaceutiques qui ont fait en Occident la politique de lutte
contre le COVID, cette politique ruineuse qui a tout misé sur le vaccin. Pfizer
a obtenu le plus de marchés non pas parce que son vaccin était le meilleur, on
n’en savait rien au début de la vaccination, mais parce qu’il avait une
meilleure pratique de la corruption et avait investi les conseils dits
scientifiques qui conseillaient les gouvernements. Ce laboratoire a été
condamné de multiples fois pour charlatanisme, pour désinformation, pour mise
en danger de la santé d’autrui et bien sûr pour corruption, mais malgré cela il
a pignon sur rue et est reçu un peu partout avec un tapis rouge, faisant
notamment les prix dans la plus grande opacité. Or cela se sait, les
informations arrivent, passant par les réseaux sociaux même si c’est avec
retard, et même si c’est difficile. Et puis on multiplie les doses, un, deux, trois,
quatre, et maintenant cinq, tandis que les statistiques confirment que le
vaccin à répétition crée plus de problèmes qu’il n’en résout. En vérité il
s’agit d’une guerre de l’élite autoproclamée contre le peuple. Les mensonges,
la corruption entraînent la rébellion, les Gilets jaunes, les
soignants, les pompiers. Mais cette rébellion risquant de s’étendre, les
gouvernements passent à la phase II, en France on sort les matraques et les
appareils à éborgner, en Australie on parque les récalcitrants au vaccin dans
des camps. Cette répression qui démontre par ailleurs qu’il n’y a pas de
démocratie en Occident, ne tue pas la pensée rebelle, elle l’emprisonne pour un
court moment. Les gouvernants gagnent du temps pour pouvoir continuer leurs
petites affaires. Mais il faut justifier cette répression et cette volonté de
tuer la pensée dissidente. C’est le rôle du système médiatique. Ses serviteurs
sont obligés d’augmenter l’intensité de leurs mensonges. On l’a vu avec les
soi-disant black blocs qui avaient infiltré les Gilets jaunes, on l’a vu avec
les anti-vax présentés comme des illuminés un peu dérangés qui contestent les
bienfaits « évidents » de la science, on le voit encore avec la
couverture de la guerre en Ukraine, on couvre les mensonges de l’OTAN et de
Zelensky et on chasse les Russes autant qu’on le peut.

Source Banque de France
Mais la pensée rebelle se nourrit aussi des problèmes aigus
que rencontre l’économie mondialisée. Le COVID, puis la guerre en Ukraine ont
poussé l’inflation importée un peu partout dans le monde. Cette inflation a
rongé les salaires avec les hausses de prix sur les marchandises de première
nécessité, l’énergie et l’alimentation principalement. Rappelons ici qu’il y a
deux types d’inflation, celle qui est le résultat de la hausse des salaires –
la bonne inflation si on peut dire – et celle qui est le résultat de la hausse
du prix des matières premières. Pour l’instant c’est assez calme, mais un peu
de partout dans le monde on perçoit des mouvements de grève qui ont tendance à
se durcir. Mais le pire n’est pas là en dépit d’un très haut niveau de chômage
les entreprises ont du mal à recruter, on a vu ça dans le secteur de la
restauration ou des vendanges et des cueillettes saisonnières. Il y a une
rébellion des salariés qui refusent les salaires de misère et les conditions
pénibles de travail dans la domesticité – secteur qu’on appelle aussi les
services à la personne. Ce refus généralisé qui incite certains politiciens à
réactiver la piste des migrants qui seraient susceptibles d’accepter
l’inacceptable est assez nouveau. C’est le symétrique d’un turn-over ravageur
et coûteux dans les entreprises. C’est une nouvelle forme d’opposition qui se
développe à la vitesse de l’éclair, un mouvement souterrain, qui refuse de
prendre des jobs de merde ou des jobs à la con analysés par David
Graeber.
Le turn-over est en augmentation un peu partout dans le monde et donc aussi en
France. Mais s’il augment c’est certainement parce que les lois sur le marché
du travail ont donné trop d’importance au patronat et moins au salarié. La
hausse du turn-over qui est coûteux pour les entreprises est la réponse des
travailleurs à leur patron. Alors que nous sommes bien loin du plein emploi, le
turn-over augmente radicalement, comme une forme de contestation d’un système
qui est non seulement inégalitaire dans le partage de la valeur, mais qui
dévalorise en permanence le travailleur. Un indicateur de ce malaise est la
hausse du nombre des ruptures conventionnelles année après année. Il y a à
l’heure actuelle un puissant rejet des formes du salariat. Cette défiance va
obligatoirement déboucher sur une nécessaire réforme des conditions de travail
actuelles.

Nombre de ruptures
conventionnelles en milliers, source Dares
Au Royaume-Uni, la révolte se focalise sur les factures
énergétiques, gaz, essence, électricité. Un mouvement est en train de
s’organiser pour menacer de ne plus payer cette hausse des prix. Cela ressemble
un peu au mouvement des Gilets jaunes de novembre 2018. Il est lancé en dehors
du soutien des syndicats et des partis.
On rappelle que la grève de la Poll Tax en 1990 a fait tomber Margaret
Thatcher, ivrogne, et accessoirement dame de fer. Mais ce mouvement contre les
hausses des prix de l’énergie n’est pas isolé, il est en concordance avec des
grèves dures qui depuis plusieurs mois minent le pays. Ce mouvement touche de nombreuses
professions, des avocats aux compagnies de chemin de fer et est évidemment
alimenté par un partage de la valeur jugé inique.
La situation en Angleterre est d’autant plus tendue, que les salariés réclament
des hausses de salaire fortes alors que l’inflation est maintenant aux
alentours de 10%. L’affrontement ne peut-être que violent parce que si les
revendications des salariés sont légitimes, les satisfaire relancerait
l’inflation vers des sommets. Le parti conservateur a jugé ces revendications
« irresponsables », mais en vérité elles montrent deux choses :
d’abord que l’inflation n’est jamais combattue définitivement comme le
pensaient les monétaristes, ensuite qu’une révision du partage de la valeur
entre profits et salaires est inévitable, qu’elle passe par de l’inflation ou
par des nationalisations, ou par quel qu’autre moyen. Sans cela on rentrera
dans une période probablement révolutionnaire – sans donner trop de contenu
pour l’instant à ce mot. Le 18 aout, c’était une grève massive des cheminots,
le plus fort mouvement depuis l’ère Thatcher.
Aux Etats-Unis, pays où les grèves sont peu nombreuses, le turn-over a atteint
des proportions inquiétantes pour le patronat. En 2021, on considère que ce
sont plus de 50 millions de salariés qui ont cherché une entreprise qui leur
conviendrait mieux, montrant que la valeur travail s’était fortement dégradée
depuis la pandémie.

Inflation au Royaume-Uni
Dans les grands moments de révolte, il n’y a jamais qu’un seul
facteur qui commande, mais très souvent la dimension économique en venant
s’ajouter au reste de l’exaspération est décisive dans le déclenchement des
opérations. Macron le sait, il s’attend,
comme partout en Europe d’ailleurs, à une explosion sociale contre sa politique
pourrie, et c’est pourquoi il a commandé des dizaines de blindés pour la
gendarmerie, blindés équipés de mitrailleuses.
On n’y a pas fait trop attention, mais c’était déjà une déclaration de guerre
aux futurs Gilets jaunes et assimilés.
[10] David Graeber, Bullshit
jobs, Éditions Les liens qui libèrent, 2018.