lundi 31 octobre 2022

Avant les élections de midterms

 

Très souvent les élections de mi-mandat, sont assez défavorables à la majorité en place, et donc certains en Europe ont parié sur un changement de majorité au Congrès et au Sénat. Beaucoup voyant le gâtisme avancé de Joe Biden croient que celui-ci verra sa majorité démocrate défaite le 8 novembre prochain. C’est possible, mais très loin d’être certain. Le premier point est que si nous Européens sommes obsédé par la guerre en Ukraine, les Américains sont loin d’en faire une priorité. Certes ils sont assez largement russophobes depuis au moins 1945, mais en même temps le théâtre des affrontements est bien loin de chez eux, et pour l’instant on n’y envoie pas officiellement des troupes, seuls les Ukrainiens se font massivement trouer la peau pour le compte de l’Oncle Sam. La première priorité des électeurs est l’inflation galopante. Celle-ci reste très élevée et plombe les salaires, même si depuis cet été il y a un reflux dû à la politique restrictive de la FED. Cette inflation se traduit par une hausse des prix alimentaires et de l’énergie, soit par des produits de première nécessité. Dans un tel contexte, les dépenses folles des Etats-Unis pour soutenir l’effort de guerre en Ukraine, risque de mal passer dans l’opinion, surtout si le gouvernement met en place une politique austéritaire.  Mais la récession américaine ne devrait pas avoir lieu avant quelques mois, le temps que la politique de la FED fasse son effet sur les restrictions de crédits aussi bien aux ménages qu’aux entreprises. 

Taux d’inflation aux Etats-Unis 

Si la popularité de Joe Biden n’est pas très bonne, elle n’est pas du tout catastrophique. Et celle de Donald Trump reste encore beaucoup plus basse. La faute en vient aux stratèges du parti Républicain qui stupidement ont misé sur une campagne contre le droit à l’avortement, fort de leur « victoire » auprès de la Cour suprême. Cette grave erreur stratégique qui frise la bêtise, et qui a permis aux Démocrates de revitaliser leur campagne pour la défense de cet acquis. Les Républicains ne semblent pas vraiment connaitre le pays et ne voient la réalité sociale que par le biais des lunettes des Evangélistes. Se rendant compte qu’ils se sont trompés lourdement, ils ont essayé de recentrer leur campagne sur les dépenses militaires en Ukraine, et Trump est monté au créneau pour réclamer des négociations de paix directes entre Zelensky et Poutine. C’est évidemment le bon sens, mais cette réorientation n’est-elle pas trop tardive ? Nous le verrons le 8 novembre. Plusieurs candidats Républicains se sont d’ailleurs retournés pour dire qu’ils n’étaient pas finalement contre le droit des femmes à disposer de leur corps et donc d’avorter. Là encore on peut se poser la question de savoir si c’est trop tard. 

Quoi qu’il en soit, les élections seront sans doute serrées, les élections de midterms sont toujours très difficiles pour la majorité en place. Car si les découpages des circonscriptions sont plutôt favorables aux Républicains, les sondages sont légèrement en faveur des Démocrates. Ces derniers ont envoyé au front le pétulant Obama, ex-président, qui a démontré qu’en matière de meetings il était une véritable bête de cirque, enchaînant les uns après les autres les grands rassemblements populaires globalement plutôt réussis, démontrant qu’il avait conservé une certaine popularité parmi les populations noires et hispaniques, soit les pauvres Américains qu’il faut mobiliser[1]. Il fait le travail qu’évidemment ne peut pas faire Joe Biden. Bien sûr on peut toujours avancer que si on envoie Obama au front c’est bien la preuve que les Démocrates se sentent perdus, mais c’est insuffisant. 

Obama en meeting à Detroit le 29 octobre 2022

Pour nous Européens, le résultat de ces élections ne changera pas grand-chose, il ne faudra pas compter sur une majorité républicaine pour changer le cours de la guerre en Ukraine. Certes cela peut entraîner des atermoiements, ralentir les livraisons d’armes qui nous semblent déjà un peu gelées aujourd’hui. Cela peut cependant engendrer une forme de déstabilisation générale de ce pays qui ressemble de plus en plus à un canard sans tête.


[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/29/midterms-2022-a-atlanta-barack-obama-sonne-la-mobilisation-generale-chez-les-democrates_6147816_3210.html

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