dimanche 25 décembre 2022

Du conflit et de la grève à la SNCF

  

La grève de la SNCF qui a fait autant enrager Macron, n’est pas partie d’une directive syndicale, bien au contraire, les hiérarques de la CGT et des autres syndicats ont tout fait pour que la grève n’ait pas lieu. Ils craignent en effet une mauvaise image de marque auprès des cadres qui veulent partir en vacances faire du ski. Mais c’était compter sans trois choses, d’abord la rancœur des salariés de la SNCF face au massacre de leur entreprise qui avant était un service public. Ensuite, la stupidité pour ne pas dire plus de la direction de la SNCF qui n’a rien fait pour améliorer les conditions de travail, et qui en outre n’a rien fait non plus pour rassurer sur les salaires qui ont pris du retard comme on dit et sur les retraites. La grève est partie des contrôleurs qui se trouvent en première ligne en face de la colère des usagers qui doivent subir les retards et les désagréments d’un service dans lequel non seulement l’Etat se refuse à investir pour l’entretien et l’amélioration des lignes, mais qui est livré au pillage des faux concurrents de la SNCF qui n’ont jamais rien investi dans les voix de chemin de fer ou les gares, ni même dans la production des trains eux-mêmes et qui prétendent gagner de l’argent pour leurs actionnaires qui eux ne travaillent pas et ne sont pas décidés à s’y mettre, juste en jouant les sangsues sur le dos des investissements publics que nous avons accumulés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Jadis le réseau de chemin de fer en France était un des meilleurs du monde, mais jadis nous avions aussi un système de santé parmi les meilleurs du monde et jadis encore nous avions une entreprise EDF-GDF qui assurait une large autonomie énergétique du pays. Tout ça appartient au passé et nous ne pouvons plus que constater une clochardisation accélérée de ces entreprises. Dans tous les domaines, la soumission volontaire de la France à Bruxelles depuis une quarantaine d’année à conduit au désastre et nous sommes maintenant en passe de reculer derrière l’Espagne que ce soit dans le domaine de la santé, de l’éducation, et bien sûr pour les transports. C’est plus que dommageable à une époque où on nous dit que pour palier les inconvénients de l’automobile, il faut développer le rail. 

 

Face à ce délabrement de la SNCF, une partie du personnel a décidé d’agir et à prendre le gouvernement par surprise en refusant de se soumettre à la logique plan-plan des syndicats. Bien sûr ceux-ci sont présents pour tenter de trouver une issue à la grève, mais ils ne sont pas responsables de la grève. C’est exemplaire des conflits à venir, et nous rapproche de la logique des Gilets Jaunes. Au-delà des palabres de la bureaucratie syndicale, c’est un appel à l’action directe, développée à travers un collectif ici de contrôleurs[1]. Du coup les institutions, la SNCF et l’Etat n’ont guère eu de moyens pour circonvenir les syndicats qui ont pris l’habitude de vivre couchés. La grève est largement suivie puisqu’officiellement 2 trains sur 5 sont immobilisés, ce qui est beaucoup en période de fêtes – en fait c’est peut-être plus si on rapporte le nombre de trains immobilisés pour le week-end de la Noël au nombre de TGV uniquement gérés par la SNCF. Evidemment la crapule macronienne a revêtu ses vieux oripeaux de la droite dix-neuvième siècle, fustigeant les quelques centaines de grévistes qui n’ont pas d’empathie pour les malheureux petits enfants qui veulent voir par exemple leur grands-parents[2]. Ce coup de violon est destiné à faire pleurer dans les chaumières et à miner la sympathie dont le mouvement peut bénéficier. Macron cependant sous-estime le niveau d’antipathie qu’il dégage dans la population, et le fait qu’il crache sur les employés de la SNCF pourrait faire remontezr la cote de ceux-ci dans l’opinion. En outre ça montre que le gouvernement fait quelque chose ! Mais en vérité il subit et à part mettre la pression sur l’ignoble direction de la SNCF. Le président de cette entreprise encore publique est une canaille libérale, Jean-Pierre Farandou, ancien PDG de Keolis, une entreprise privée franco-québécoise, qui traficote dans le rail. Il a été nommé en 2019 par Macron lui-même, et ne fait pas mystère de sa volonté d’achever la SNCF. Il a facilité la vie des entreprises concurrentes destinées à piller la SNCF. Sur le plan social il a à peu près deux siècles de retard, pour tout dire c’est un ancien DRH. Cette brute épaisse sans consistance autre que de faire prospérer ses affaires, s’est mis tout le personnel de la SNCF à dos à cause de son incompétence et à son incapacité d’obtenir des subsides de l’Etat pour améliorer l’outil de travail. Il a particulièrement été nul dans la reprise tant attendue du fret. Depuis qu’il est au pouvoir les grèves n’ont jamais cessé, et elle sont de plus en plus gênante pour les usagers. Inconnu du grand public, Farandou est pourtant celui qui a fait le moins pour apaiser les tensions sociales au sein de l’entreprise. Prouvant par là même qu’il y a été nommé non pour en améliorer les performances, mais pour la détruire. Si la grève sauvage s’est développée aussi rapidement, c’est bien que l’arrogance de Farandou est détestable et qu’il n’avait jamais imaginé qu’il devrait discuter avec les salariés. 

 

Le ministre des transports, Clément Beaune, juge le mouvement « incompréhensible ». Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, estime que la grève en plein Noël « n’est pas justifiée », d’autant que des avancées ont été obtenues. On se demande quel est le genre de grève qui est justifiée pour ce bureaucrate, vu qu’il dissuade systématiquement ses adhérents de participer aussi bien à des manifestations qu’à des grèves. Qu’on me rappelle quel mouvement de grève Laurent Berger a soutenu, je ne m’en souviens pas. Rappelons que la CFDT a été le seul syndicat à signer les premiers accords avec la SNCF, accords qui ont été rejetés par les contrôleurs, mais qui prouve ce qu’est la CFDT, une chambre d’enregistrement pour le patronat, que celui-ci soit public ou privé. Macron et ses équipes réfléchissent dit-on à réformer le service minimum, par exemple à dire qu’au moment des fêtes on ne peut pas déposer de préavis de grève[3]. Ou encore à imposer un délai bien plus long entre le dépôt d’un préavis de grève et la grève elle-même. Autrement dit il va tenter de profiter de cette opportunité pour restreindre un peu plus le droit de grève – ce qui par parenthèse pourrait avoir l’effet inverse et pousser les salariés à des mouvements de grève non déclarés. L’idée qu’on ne doit faire la grève que quand ça ne gêne personne est la tendance du macronisme, comme celle d’ailleurs de ne manifester que dans des rues et des quartiers où ne voit pas les manifestants. Il est assez stupide de vouloir définir ce qui est une grève illégale et une grève légale. Invisibiliser les grèves et les manifestations est l’idéal de cette fausse démocratie dont on nous rabat jour après jour les oreilles pour nous dire que nous avons bien de la chance de ne pas vivre en Chine ou en Russie. Evidemment que de faire grève c’est toujours une gêne, mais un peu de maturité citoyenne doit faire comprendre qui en est le premier responsable. Que des Parisiens ne puissent pas aller au ski, c’est tant mieux, c’est bon pour la montagne et l’environnement. Le 23 décembre le préavis de grève pour le week-end du Nouvel An a été levé et la sinistre Elisabeth Borne a souligné l’esprit de responsabilité des syndicats. Il est difficile d’interpréter cette satisfaction du premier ministre. On hésite entre le fait qu’elle soit contente que les syndicats aient finalement fait entendre raison aux réfractaires, ou de donner satisfecit à Farandou d’avoir enfin fait des propositions sérieuses. Mais dans cette affaire, les syndicats n'ont été que des intermédiaires entre le gouvernement et les grévistes, et non des acteurs. Farandou a cédé sur tous les points, mais que ne l’avait-il fait avant ! Dans la foulée, il a reconnu une écoute un peu insuffisante. C’est un euphémisme[4] ! Il est probable qu’à l’avenir devant la mollesse des syndicats, ce type de grève sauvage se multipliera. Une fois de plus c’est une grève partie de la base et non un défilé Bastille-Nation qui a permis des avancées sociales, sur les primes et sur les emplois. Dans son éditorial de l’édition datée du 24 décembre, Le monde prenait la plume pour dire deux choses, que certes les contrôleurs manquaient de reconnaissance, mais qu’ils n’étaient pas les seuls et que cela n’était pas une raison pour bloquer 200 000 voyageurs. Ensuite ce journal qui est en passe de devenir le pire soutien de la réaction, admonestait les grévistes pour leur conseiller de se ranger derrière les syndicats pour faire entendre leurs revendications. Ce journal qui est de plus en plus stupide supposait que les contrôleurs n’étaient pas assez intelligents pour conduire leur action, mais en outre que les syndicats savaient ce qu’on pouvait demander de raisonnable pour améliorer les conditions de travail. Le crétin qui a rédigé cet éditorial pourri et non signé doit être Michel Noblecourt, c’est un macronien pur sucre qui roule depuis quarante longues années, pour faire de la CFDT un syndicat patronal[5]. Il ne se demande même pas pourquoi les grévistes ont contourné les syndicats pour se faire entendre, en se posant cette question il aurait peut-être compris que c’est bien parce que les syndicats sont devenus des paillassons sur lesquels Macron, Borne et le MEDEF s’essuient les pieds, qu’ils sont passés à la grève sauvage. 

Les récent mouvements sociaux, disons depuis 2018, ont amené les salariés des entreprises où les grèves prolifèrent à publier les bulletins de paie. C’est une heureuse initiative. Donc pour les contrôleurs de la SNCF, accusés à la fois d’être des grosses feignasses et des privilégiés sur le plan des salaires, on a pu encore avoir la preuve que le gouvernement et la canaille journalistique vivaient dans le mensonge. Ci-dessus on a pu voir un bulletin de paie d’un contrôleur pour le mois de juillet 2022. Et on se rend compte que ce privilégié touche à peine le SMIC. Mais il est sans doute probable que des crapules comme Macron ou Gilbert Cette – anciennement « socialiste » - vont viser maintenant l’éradication du SMIC car vue que sa valeur est indexée sur l’inflation, on comprend bien que les smicards sont les vraies responsables de l’effondrement économique de la France !


[1] https://www.ladepeche.fr/2022/12/22/sncf-on-vous-explique-pourquoi-les-controleurs-font-greve-10883781.php#:~:text=La%20direction%20a%20d%C3%A9j%C3%A0%20propos%C3%A9,les%20gr%C3%A9vistes%20ont%20jug%C3%A9es%20insuffisantes.

[2] https://www.leparisien.fr/politique/greve-sncf-macron-fustige-les-centaines-de-personnes-qui-bloquent-le-pays-et-gachent-les-fetes-22-12-2022-3NTSHEJBWJFU5DNFWU4GQ42KIU.php

[3] https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/23/greve-des-controleurs-les-syndicats-debordes-par-un-mouvement-venu-du-terrain_6155461_3234.html

[4] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/sncf-les-controleurs-levent-le-preavis-de-greve-pour-le-nouvel-an-945781.html

[5] Bon sang ne saurait mentir, mauvais sang aussi, le fils de ce triste individu, Olivier, qui traficote dans le développement durable avec subventions, avait été d’ailleurs nommé par Macron, après avoir été membre du cabinet de Buzyn dans le gouvernement d’Edouard Philippe comme délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, un petit fromage, mais un petit fromage tout de même. C’est un socialiste de la main droite qui s’est appliqué en 2017 a saboté la candidature présentée par son parti.

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