Jacques Delors est décédé le 27 décembre 2023. La presse était unanime pour saluer ce « grand homme », bâtisseur de l’Europe. Ceci appelle deux remarques : vu l’état de déliquescence de l’Union européenne, vieux paillasson sur lequel les Etats-Unis s’essuient les pieds, on peut se dire qu’il aurait mieux fait de s’abstenir, ensuite on remarque que toute la presse est aujourd’hui gangrénée par l’idée que l’Europe c’est vachement bien qu’il faut la faire quoi qu’il en coûte. Il y a belle lurette que Jacques Delors ne pèse plus rien dans le monde politique. Il a fait partie en réalité de toute cette mouvance dite de la seconde gauche et qu’on pourrait appeler la seconde droite, ou la droite avec un faux nez. Macron, a salué l’« inépuisable artisan de notre Europe », dont l’« engagement », l’« idéal » et la « droiture nous inspireront toujours ». « Toute sa vie a été mise au service de la paix et de la solidarité européenne », a souligné la première ministre, Elisabeth Borne. Au-delà de ces hommages convenus, il faut retenir que l’héritage de Delors, c’est Macron sur le plan économique et von der Leyen pour l’engagement guerrier contre les Russes. Avant de se rapprocher du Parti socialiste, il grenouillait dans les cercles gaullistes de gauche ! En 1983 les difficultés s’accumulant, Mitterrand consulta plusieurs personnes, les uns comme Jacques Attali – c’est curieux mais c’est ainsi – étaient pour continuer dans le sens d’une voie vers le socialisme, les autres – Jacques Delors en tête – pensaient qu’au contraire il fallait se plier à la logique européiste, viser l’austérité, brader l’industrie, et accélérer l’intégration sous la houlette de Berlin. Ce fut la plus grossière erreur de Mitterrand que de confier les intérêts économiques de la France à ce cureton dont Le monde qui en avait fait son candidat pour les élections présidentielles de 1995. On peut dater les débuts de l’effondrement de la gauche en France de l’époque du tournant de la rigueur. Mitterrand ne sera pas toujours là pour sauver les meubles.
Contrairement à ce qu’on raconte, Delors n’a pas été salué
comme un grand homme, sur les réseaux sociaux beaucoup d’anciens de la gauche
avaient de grosses critiques à formuler. Florian Philippot écrit : « Jacques
Delors ce fut notamment :
– le tournant de la rigueur en 1983/1984 au nom déjà du
Système monétaire européen. Une « parenthèse » jamais refermée, pour mettre en
place un système qui allait nous broyer…
– l’Acte unique qui libéralisa les mouvements de capitaux
et de personnes. On en paie le prix fort aujourd’hui. Puis Maastricht,
Amsterdam, Nice, le OUI au TCE en 2005
– l’Euro : le plus grand tueur en série de toute la
construction européenne ! Il a massacré notre industrie, nos emplois, notre
pouvoir d’achat, nos exportations, nos libertés de peuple, notre indépendance
nationale »
Jacques
Delors n’a pas servi la France, il a servi une idéologie. Une idéologie qui tue
chaque jour un peu plus la France et dont nous devons urgemment sortir ! »
C’est avec ce technocrate que s’est imposée la réforme de la gauche : on ne défendait plus les intérêts des plus pauvres contre les puissances de l’argent, mais sous l’égide de l’abstraction d’une Union européenne supérieure en tous points à la fois aux intérêts de classe et aux intérêts de la nation. Il avait fait ses preuves et les Américains le nommèrent à la tête de la Commission européenne. Avec lui la Commission devint le porte-voix de la pensée anglo-saxonne, et on nomma à tour de bras des technocrates anglais aux postes clés pour faire avancer la libéralisation économique. Depuis les Anglais se sont retirés de l’Union européenne, ils avaient fait le job pour le patron américain, mais bien qu’absents, ils nous ont laissé l’obligation de penser et de rédiger en anglais ! Je rappelle aux plus jeunes que pour mieux faire passer la pilule, le français était aussi la langue officielle de l’Union européenne et de ses institutions, elle n’est plus utilisée, y compris par les bureaucrates français qui préfèrent camoufler leurs malversations dans une langue qu’ils comprennent assez peu. Cette nouvelle orientation de la gauche portée par les sinistres think-tanks dont Terra Nova, déboucha bien évidemment sur la valorisation du multiculturalisme et la recherche des voix de l’immigration plutôt que celles de la classe ouvrière. Cette veine aboutit aujourd’hui à faire barrage contre le Rassemblement National comme seul et unique programme ! En ce sens Delors a ouvert la voie au gommage systématique des différences entre la gauche et la droite, autrement dit, il a travaillé à unifier la classe politique sur un seul programme : la poursuite de l’unification de l’Union européenne au détriment des nations et de leurs peuples. Il militait pour un gouvernement économique supranational, le justifiant du point de vue de la monnaie unique, mais sans dire bien entendu à qui profiterait ce même gouvernement ! Les Allemands ne le suivront pas dans cette voie, essentiellement parce qu’avec l’élargissement continue de l’Europe, ils risquaient de sr faire éjecter de ce gouvernement et donc de perdre leur pouvoir.
Jacques Delors l’inconstant annonce qu’il ne se présentera finalement pas à la présidentielle de 1995
Sur le plan de la tactique politique, Jacques Delors était une couille-molle dont les errances rappelaient un peu la pâle figure de Pierre Mendes-France. Le monde dans son édition du 29 décembre 2023, rappelait qu’il devait sa carrière politique à ses réseaux dans la mouvance catholique, il avait cette figure de faux jeton des curés qui nous disent de faire ce qu’ils demandent et jamais nous demander ce qu’ils font eux ! Ses errements entre gauche et droite sont symptomatiques. Contrairement à ce que dit Le monde, c’était un homme de pouvoir qui alignait les mandats, mais les mandats sans risque ! Certes il a été élu brièvement maire de Clichy, député européen, mais surtout ministre nommé, et président de la Commission européenne nommé. Mais pire encore, après avoir trouvé les fonds pour se présenter aux élections présidentielles, crée un comité de soutien à sa molle personne, il renonça ! Cette irrésolution était la caractéristique d’un homme de l’ombre qui au fond craint d’affronter le débat démocratique, ce qui est commun à presque tous les bureaucrates qui ont travaillé à consolider le pouvoir supranational de l’Europe, Jean Monnet en tête qui préférait les combines de couloir plutôt que de débattre face au peuple. Sur le plan doctrinal c’est la même chose que toute cette seconde gauche, deuxième droite, qui ne s’assume pas en tant que défenseuse du bloc bourgeois, Le monde qui ne sait plus utiliser le français de base parlait de Delors comme « une figure socialiste » ! On ne voit pas très bien quelque mesure que ce soit prônée par Delors qui aurait été dans le sens d’un socialisme, même frelaté. Il était la tête de pont de toute cette canaille politicarde qui prenait les voix de gauche pour faire une politique de droite, dans ce sac, on mettra, Pierre Mendes-France, Michel Rocard, DSK, François Hollande et bien sûr Macron comme point d’aboutissement de cette longue dégénérescence. Ces gens-là ont trompé la clientèle, ils ont cependant réussi sur un point, la gauche des partis et des syndicats est complètement morte. C’était au fond leur unique but qu’il camouflait derrière celui plus obscur d’une Europe sociale à venir, promesse que plus personne n’ose ressortir aujourd’hui du placard !
Sondage Le Figaro du 28 décembre 2023
Wolfgang Schäuble expliquant l’économie à Macron
Exactement le même jour s’éteignait Wolfgang Schäuble, une autre canaille européiste. Ce petit monstre, cloué dans son fauteuil à roulettes, est salué par la crapule journalistique comme un homme de fer, sans trop savoir si c’est pour se moquer de son handicap malheureux ou si cela vise à le rapprocher de Robert T. Dacier, héros de la série télévisée, L’homme d’acier, un ancien policier qui résout les problèmes les plus compliqués grâce à son intelligence ! Il était paralysé des membres inférieurs, après qu’un opposant qui sera reconnu irresponsable sur le plan psychologique, lui ait tiré deux balles dans le dos. Wolfgang Schäuble est surtout connu en France pour au moins deux choses, sa capacité à embrouiller ses interlocuteurs français et raffermir la prééminence de Berlin dans l’Union européenne. Ensuite il est connu pour ses malversations financières. Il n’oubliait jamais de taper dans la caisse. Quand les Allemands ont réduit en, poussière le faible Tsípras, Wolfgang Schäuble a conduit lui-même le dépeçage de la Grèce. Il a ainsi dirigé le fonds chargé de brader les biens publics de ce malheureux pays, et bien entendu il s’est rémunéré sur la bête. Il a d’autres casseroles, comme l’organisation du vol de données en Suisse sur ses concitoyens. Sur le plan moral il n’était pas grand-chose. Sur le plan de la doctrine, il tenait à la rigueur monétaire car selon lui c’est cela qui entrainait la puissance de l’Allemagne sur le reste de l’Europe : il était conscient que grâce à l’euro son pays pouvait piller le reste de l’Europe, la Grèce, la France, l’Italie, sans utiliser l’armée ! Pour le reste on le présente comme l’artisan de la réunification allemande, uniquement parce qu'il a signé les traités précisant les conditions de cette unification qui a coûté les yeux de la tête aux citoyens européens qui ont payé pour cela !
Jacques Delors s’affichant avec les eurobéats en 1992
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire