mercredi 13 décembre 2023

Les conditions de travail en France se dégradent

  

Depuis que les politiciens français ont décidé, en 1983, de suivre les « recommandations » de la Commission européenne, c’est le pays d’Europe qui s’est le plus réformé dans le sens néolibéral du terme. Et ce n’est pas sans raison qu’en France le nombre de milliardaires a explosé. La France est le meilleur élève de l’Union européenne de par sa docilité. Il va de soi que cette attaque contre feu le modèle social français a été pensée et bien organisée par toute la classe politique, le PS, l’UMP puis LR, et bien entendu cerise sur le gâteau, le plus corrompu des présidents de la République qu’on ait connus, Macron, et son gang. Les discours mensongers des médias dominants est que les travailleurs français ont trop d’avantages, qu’ils ne travaillent pas assez et que tout cela mine la compétitivité. Par exemple à chaque mouvement de grève à la SNCF ont mettra en avant la peine que ça cause aux usagers, oubliant que ces usagers sont pourtant aussi des travailleurs qui subissent les conséquences de la dégradation des conditions de travail.  Cependant toutes les lois ont été dans le même sens : donner plus de flexibilité au marché du travail, abaisser les salaires, durcir les rapports sociaux au sein de l’entreprise. La conséquence de cela c’est d’abord une dégradation importante de la santé des travailleurs. Dans le graphique suivant on voit que la France détient en Europe des records de « risques physiques dans le travail ». le bouleversement du droit du travail voulu par la canaille du PS et de Macron, a aussi durci les relations dans l’entreprise. Elles sont de plus en plus mauvaises.

 

Les conséquences de cette orientation très offensive du patronat, mis en musique par ses domestiques de la classe politique, de droite et de gauche, sont très nombreuses. D’abord on remplace de plus en plus des travailleurs sous statut par des travailleurs sans statut. Par exemple des entreprises comme Carrefour, qui font de gras bénéfices, débauches leurs employés et les remplacent par des « alternants » ou des faux apprentis. Espérant au passage que ces nouveaux travailleurs ne se plaindront pas trop. Mais cela a comme nouvelle conséquence de l’absentéisme – très en hausse – et un turn-over de plus en plus important. Pour pallier à ces inconvénients, le patronat pense que l’immigration est la solution. Croyant que les travailleurs immigrés seront plus dociles et moins exigeants que leurs homologues français, ils ne veulent pas voir que si cela est avantageux sur le court terme, cela entraîne des problèmes sans fin sur le plan des rapports sociaux comme le montrent les meurtres au couteau ou les émeutes récentes. Notez que la situation est aggravée par le fait que les travailleurs sans statut ou presque voient leur salaire exonéré totalement – les pseudo-apprentis et les alternants – ou partiellement – ceux qui travaillent aux marges du SMIC – et qui de ce fait plombent les comptes de la Sécurité Sociale dont on restreint encore un peu plus les conditions d’éligibilité aux remboursements des soins et des médicaments. Comme on le comprend la baisse réelle des salaires via l’inflation s’accompagne, à travers de ce que le patronat appelle une baisse des charges, d’une dévalorisation du système de santé, dévalorisation qui doit être comprise au plan macroéconomique comme aussi une baisse des salaires.    

Curieusement et avec une désindustrialisation définitive de la France sous Macron, les accidents du travail ont augmenté, jusqu’à en faire une sorte de contre-exemple pour l’Europe, puisque dans le même temps, l’Allemagne qui garde encore un peu de son industrie, malgré la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, a, à l’inverse, diminuer le nombre de ces accidents du travail. Dans un article du Monde[1], Anne Rodier pointait que cette dégradation générale des conditions de travail, était le résultat de la multiplication des statuts qui freine les revendications collectives et leur expression, mais cette multiplication des statuts a été clairement voulue par les députés et autres canailles gouvernementales qui ont concocté les lois de démantèlement du droit du travail. On ne peut pas oublier le fanfaron Macron qui prônait ouvertement une ubérisation du marché du travail. Les syndicats portent une lourde responsabilité dans cette dérive. D’abord, la CFDT, le syndicat jaune qui sous l’impulsion de Laurent Berger a copiloté les réformes du marché du travail démarrées sous l’impulsion de Macron sous le quinquennat du malheureux Hollande – mon ennemi c’est la finance – et qui s’est poursuivi avec son successeur dont la haine des pauvres et des « sans-dents » n’a presque pas d’équivalent dans l’histoire de France. Mais également la CGT a sa part de responsabilité. En effet quand le vaste mouvement des Gilets jaunes mettait en avant l’effondrement des conditions de travail, Philippe Martinez son secrétaire général pointait du doigt la lutte contre le Rassemblement National, refusant de se joindre à ce mouvement et de l’appuyer. Pour dire les choses plus crûment, le patronat et la loi votée par un parlement totalement corrompu, ne font que ce qu’on leur permet de faire. 

Cette dégradation des conditions de travail a un coût. D’abord pour l’entreprise qui voit exploser l’absentéisme. D’où l’idée stupidement macronienne de renforcer le contrôle des absences – ce qui relève de la quadrature du cercle – et d’en diminuer la compensation financière. Notez qu’une partie de cet absentéisme provoqué par la hargne du patronat à rabaisser constamment les conditions de travail est en réalité collectivisée, puisque c’est aussi un coût supplémentaire pour la Sécurité Sociale. Il ressort que si entre 1945 et 1983 les conditions de travail ont été sensiblement améliorées, depuis le tournant à droite du PS, son intégration à la logique européenne, on assite peu à peu à la disparition du modèle social français. Tous les domaines sont frappés par cette tiermondisation rampante : l’éducation, la santé, l’entreprise. La France est en train de devenir – grâce à ses politiciens formés directement aux Etats-Unis, et contents de servir de marche avancée à l’Empire – le pays européen le plus américains, avec un grand nombre de milliardaires d’un côté et un nombre encore plus grand de précaires de l’autre. Pour ce qui concerne la santé, on constate la disparition progressive de deux services publics nécessaires à la protection des salariés face aux abus du patronat : l’inspection du travail à qui la canaille macronienne serre la vis tous les jours un peu plus et la prive de moyens, et la médecine du travail qui tombe en désuétude[2].

  

Il est de bon ton dans les cénacles politiques de stigmatiser les salariés parce qu’ils s’absentent et parce que le turn-over augmente. Regardons le graphique ci-dessus, si je passe sur la crise du COVID, absorbée plus ou moins par une distribution d’argent gratuite, depuis que Macron est au pouvoir, le turn-over qu’on peut lire dans l’explosion des démissions, a plus que doublé. C’est un signe de ce qu’on peut appeler le malaise au travail. À cette vision très générale, il faut ajouter la dégradation continue des conditions de travail dans la fonction publique. C’est bien connu pour ce qui concerne l’enseignement où maintenant on risque la mort en allant essayer de donner un peu de savoir à des analphabètes mal embouchés, la conséquence est que les postes à pourvoir sont de plus en plus nombreux et les candidats de moins en moins pressés de rejoindre l’Éducation nationale. C’est également le cas dans le secteur de l’hôpital, et encore plus grave dans la police et le maintien de l’ordre, secteur pourtant essentiel au maintien de la canaille macronienne au pouvoir. La dégradation générale des conditions de travail a des répercussions encore mal mesurées sur les services publics, or quand les services publics se détériorent c’est l’économie toute entière qui se délite, c’est d’ailleurs ce qui avait poussé Margaret Thatcher, dont Macron est un fervent admirateur, à la démission. Nul ne peut nier qu’aujourd’hui en France le résultat de près de 10 ans de macronisme – je compte là-dedans son passage au ministère de l‘économie – les services publics sont totalement en déshérence.



[1] « Conditions de travail, le grand dérapage », Le monde, 12 décembre 2023.

[2] https://emploi.lefigaro.fr/vie-bureau/seuls-14-des-salaries-la-connaissent-pourquoi-la-medecine-du-travail-est-boudee-20231005

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