Le monde a fait ouvertement campagne contre Poutine
et contre sa réélection, comme si les Russes allaient tenir compte de ce que la
guerrière Sylvie Kaufmann est capable de pondre dans ses éditoriaux. Mettant en
scène, comme 99% des médias français et occidentaux, la veuve de Navalny qui
disait « il faut voter en masse contre Poutine pour faire émerger une
nouvelle Russie ». Le vindicatif Benoit Vitkine, agent des Etats-Unis au
sein de la rédaction de ce journal atlantiste, était complètement dépité. Pendent
deux jours on nous a raconté – toujours dans Le monde – que les élections
se passaient mal que les incidents étaient nombreux. Mais Vitkine a bien été
obligé de reconnaitre que le triomphe de Poutine aux élections était bien réel
et que le peuple russe avait plébiscité le président. Du coup il s’en est pris
aux Russes qui votent si mal. « Les Russes lui ont donné un
nouveau mandat de chef de guerre ». Rien que le titre sous-entend que
le Russe est belliqueux, qu’il aime la guerre et que la paix lui indiffère.
Après nous avoir dit que les élections n’étaient pas démocratiques, à cause de
la mort de Navalny, on nous dit que c’est bien le Russe qui est mauvais tant il
vote mal. Un peu comme Serge July qui injuriait les Français qui en 2005
avaient voté contre le TCE. Mais pourquoi les Russes soutiennent-ils Poutine ?
Juste pour faire la guerre à leur voisin, le gentil Zelensky ? en vérité
il y a au moins deux raisons : d’abord parce que Poutine a redressé le
pays depuis 2000, pays qui avait été ruiné par les exactions des Américains qui
s’étaient installés en Russie pour réformer ce pays selon leur goût. Comme on
le voit dans le graphique ci-dessous, c’est clairement avec Poutine et ses
équipes que la Russie est repartie. Avec les fameuses réformes à l’américaine
des Gorbatchev et Eltsine, le PIB par tête avait chuté de plus de 60%. Sans de
bons résultats économiques, il est probable qu’aujourd’hui la Russie n’existerait
plus ou du moins, la Fédération de Russie. Tous les Russes savent bien que l’effondrement
des années quatre-vingt-dix était aussi le résultat des manœuvres des
Américains et de quelques traitres qui les accompagnaient.
Ensuite évidemment les Russes ont compris bien plus vite que les Occidentaux que c’était bien l’OTAN qui encerclait la Russie et qui se servait de l’Ukraine pour tenter de démanteler ce pays et en piller les ressources. L’annexion de la Crimée en 2014 a été vécue comme une victoire contre cet encerclement. Et les Russes approuvent dans leur très grande majorité l’action de leurs armées en Ukraine, ils sont assez fiers de voir que leur armée tient tête à la coalition occidentale. Avec la présence de Navalny aux élections présidentielles, le score de Poutine n’aurait pas changé, contrairement à ce que laissent entendre la plupart des médias occidentaux. Massivement les Russes le méprisaient, le considéraient comme un escroc et comme un agent des Américains. Les élections en Russie ont entrainé chez certains des accès de rage. Vitkine reconnait au moins que les Russes adhèrent largement à leur président. Mais d’autres comme la semi-idiote Anna Colin-Lebedev sombrent dans une sorte de complotisme à la Trump. Les résultats des élections sont fabriqués avec des nouvelles technologies numériques qui permettent d’obtenir les résultats qu’on veut[1]. On voit que les Russes très occidentalisés comme Vitkine et Colin Lebedev ne sont pas d’accord dans leurs analyses. C’est un très mauvais signe pour le camp américain. Ils voudraient bien voir la Russie faible et effondrée et pouvoir ainsi accuser Poutine de tous les maux, mai, quoi qu’on en dise, on en est loin. Dans l’imbécilité de Colin Lebedev, il y a l’idée que les Russes seraient très avancés dans la manipulation de l’opinion et le contrôle des votes. France Info se fait curieusement le relais de cette opinion, alors qu’il n’y a guère cette radio n’avait que des mots de condamnations pour Trump, le mauvais perdant des élections de 2000 qui disait qu’on lui avait volé sa réélection. C’tes toujours une manière de ne pas expliquer les raisons d’une défaite dans les deux cas. C’est un peu comme la gauche qui passe son temps à dire que ses échecs répétés ressortent de la manipulation de l’opinion par les médias de masse.
L’autre point critique est de dire que ces élections n’étaient
pas démocratiques, en ce sens que plusieurs candidats ont été récusés. On peut
le dire, mais pas laisser entendre qu’en Occident ce serait plus démocratique. Prenons
le cas des dernières élections présidentielles en France. Des candidats comme
Asselineau ou Philippot n’ont pas pu se présenter, ils n’avaient pas assez d’argent
et d’élus pour les soutenir. Macron se qualifie pour le second tour avec 18%
des électeurs inscrits, et il l’emporte ensuite sur Marine Le Pen avec 37% de
sélecteurs inscrits. A partir de là il fait ce qu’il veut, et sur pratiquement
toutes ses décisions – dont la dernière serait d’envoyer des soldats français
en Ukraine – sont contestées par au moins les deux tiers des Français. Le Washington
Post parlait de farce électorale[2], mais
que dire de ce qui se passe aux Etats-Unis ? Si on prend ce cas, la
présidentielle de 2024 est verrouillée par les deux gros partis, alors que pour
des raisons diverses les deux futurs candidats sont contestés : Trump est
jugé vulgaire, fou, caractériel, et Biden à moitié gâteux. Les deux candidats
font l’unanimité contre eux. Robert Kennedy Jr n’a pas pu se présenter, alors
qu’il avait une cote en ascension parmi l’électorat américain. Ça n’empêche pas
les journalistes français de nous dire que Poutine était opposé à trois candidats
fantoches. Mais quand en France les médias et l’ensemble des partis se dressent
pour faire barrage à Marine Le Pen, leur seul programme, ne peut-on pas parler
d’élections truquées ? Si la démocratie n’existe pas en Russie, elle n’existe
pas non plus en Occident où la plupart des dirigeants prennent des décisions
qui sont en désaccord profond avec les souhaits du peuple. Je l’ai dit, la
popularité de Ursula von der Leyen, dans l’Union européenne, c’est 15%, celle
de Scholz, 20%, Macron 25%. L’Express avançait que la guerre en Ukraine était
très largement soutenue par la population, avec un score proche du pourcentage
obtenu par Poutine aux élections présidentielle[3]. Or
dans le même temps, le journal Ouest-France avançait que seulement 10%
des Européens croyaient en la victoire annoncée par leurs dirigeants contre l’armée
russe, c’est peu[4].
Ce qui veut dire entre autres choses que les dirigeants européens auront bien
du mal à mobiliser l’opinion pour aller envoyer des soldats faire la guerre aux
portes de la Russie.
Les Russes se sont déplacés massivement pour voter, à 74%, ce
qui signifie pour le moins que les Russe se sont sentis concernée par cette
élection. Les résultats montrent que les Russes font bloc derrière Poutine et
approuvent globalement sa politique. Les résultats les plus spectaculaires en
faveur de Poutine ont été enregistrés dans les régions qui ont été annexées par
la Russie. Ça faisait enrager ce malheureux Zelensky qui lui a dû annuler les
élections présidentielles de cette année qui devaient avoir lieu au mois de
mars parce que le résultat aurait été très incertain. Il a affirmé sans rire
que ces élections n’avaient pas de légitimité : « Il est clair pour
tout le monde que ce personnage, comme cela s’est produit si souvent dans
l’histoire, est tout simplement ivre de pouvoir et fait tout ce qu’il peut pour
régner éternellement ». La Pologne a elle aussi critiqué l’élection
présidentielle russe. « L’élection présidentielle en Russie n’est pas légale,
libre et équitable », a réagi dans un communiqué le ministère polonais des
Affaires étrangères, ajoutant que le scrutin s’était déroulé « dans un contexte
de répressions sévères et dans les régions occupées de l’Ukraine, en violation
du droit international »[5]. Les
résultats les meilleurs ont été obtenus dans les régions récemment annexées,
que ce soit le pourcentage de participation ou le vote pour Poutine[6]. Tout
ce dénigrement orchestré par les médias occidentaux est contradictoire avec ce
que disent les sondages occidentaux indépendants sur le soutien des Russes à
leur président. C’est parfaitement gratuit. Cette adéquation du peuple et de
son dirigeant n’existe pas en Occident ou pourtant on se gargarise de vivre en
démocratie. Si on suppose que la démocratie c’est l’exercice du pouvoir par le
peuple, alors ni la Russie, ni l’Occident ne sont des régimes démocratiques. Dans
les deux cas se sont des « élites » qui ont plus ou moins le souci
des intérêts du peuple qui gouvernent, mais le décalage entre les élites et le
peuple est le peuple nous devons le reconnaitre est bien plus grand en Occident
qu’en Russie. Pour tenter de discréditer cette réélection on a avancé que
Poutine était au pouvoir depuis trop longtemps, 24 ans, encore plus que
Staline, l’occasion était trop bonne de comparer la Russie de Poutine à celle
de Staline, alors que les deux régimes n’ont rien à voir, sur le plan politique
comme sur le plan économique. C’est peut-être vrai que Poutine est là depuis
trop longtemps, mais Macron est là depuis 2017 et beaucoup de Français
trouvent que c’est beaucoup trop au vu des résultats catastrophiques de sa
gestion, et 60% des Américains trouvent que Biden est lui aussi là depuis trop
longtemps. Cet argument de la durée sert en vérité à démontrer que s’il a duré
aussi longtemps, c’est bien parce qu’il est un dictateur, c’est la preuve par
le pudding.
Comme on l’a compris, c’est moins la réélection de Poutine qu’il
est important de commenter, mais la réaction hébétée de l’Occident. Quoi qu’on
en dise, les Russes sont unis derrière leur président, y compris pour la guerre
si elle doit se faire. Ce n’est pas le cas de l’Occident, non seulement les
peuples ne suivent pas leurs dirigeant sur ce terrain – sur les autres non plus
d’ailleurs – mais les pays qui composent cet Occident global ne sont pas plus
unis. Il y a les querelles que Macron a déclenché avec ses idées loufoques sur
la guerre, mais aussi des contentieux importants de pays comme la Pologne, la
Hongrie ou la Roumanie avec l’Ukraine. L’élection de Poutine n’est pas un
événement imprévu, mais c’est au moins un sondage grandeur nature du soutien
des Russes. Cette victoire de Poutine a aussi une autre signification : c’est
l’adhésion des Russes à une souveraineté pleine et entière.
À l’issue des élections, Poutine est revenu sur le cas Navalny, le soi-disant premier opposant selon la presse occidentale pour avancer qu’il avait envisager de l’échanger contre prisonniers russes détenus en Occident, et donc que sa mort n’avait pas été souhaitée par lui[7]. Doit-on le croire ? C’est difficile à dire, mais comme par ailleurs nous n’avons aucune confiance dans l’OTAN et les Etats-Unis ou dans leurs valets comme Macron et Scholz, ce qu’il dit est tout à fait plausible.
En attendant, ce grand démocrate de Zelensky est critiqué dans son propre pays, non seulement parce que sur le terrain militaire ses résultats sont très mauvais, sanctionnant un aventurisme effronté, mais aussi parce qu’il exerce une pression policière sur l’ensemble de la société. Même Le monde, journal à la solde des Américains et de l’OTAN, a fait état de cette dérive autoritaire, après l’interdiction des partis d’opposition, la censure de la langue russe, le voilà qu’il s’en prend à des députés qui pourraient peut-être un jour lui demander des comptes[8]. Pour l’instant il est à l’abri puisqu’il a interdit les élections présidentielles jusqu’à la fin de la guerre, jusqu’à la victoire ! Les Ukrainiens risquent d’attendre longtemps, à moins qu’ils ne s’en débarrassent avant.
PS On dit qu'il n'y avait pas d'opposition lors de ces élections présidentielles en Russie. Ce n'est pas vrai. Vladislav Davankov qui représentait le courant libéral un peu à la manière de Navalny, s'est présenté et a réalisé un score de 3,77%. Davankov avait affiché son opposition à l'annexion des régions du Donbass. C'est d'ailleurs pour lui que les critiques de la Russie d'aujourd'hui qui se sont expatriés ont voté. Pour le reste Davankov a souligné que globalement le scrutin avait été honnête. Le candidat arrivé en seconde position était Nicolaï Kharitonov candidat du Parti communiste russe. Qualifier ces candidats de fantoches est franchement malhonnête.
[1]
https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/presidentielle-en-russie-les-resultats-sont-fabriques-par-avance-par-des-technologies-electorales-analyse-la-politologue-anna-colin-lebedev_6425953.html
[2]
https://www.washingtonpost.com/world/2024/03/18/global-democracy-russia-election-backslide-autocracy/
[3]
https://www.lexpress.fr/monde/denis-volkov-la-guerre-a-renforce-la-popularite-de-poutine-en-russie-7A4ABPQB2RHHXCCDCH5Q7L4OUI/
[4] https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/selon-un-sondage-seuls-10-pourcent-des-europeens-croient-en-une-victoire-de-lukraine-face-a-la-russie-f836b608-d17d-11ee-89c0-6cefac77e04a
[5]
https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/presidentielle-en-russie-les-resultats-sont-fabriques-par-avance-par-des-technologies-electorales-analyse-la-politologue-anna-colin-lebedev_6425953.html
[6]
https://russiepolitics.blogspot.com/2024/03/les-elections-presidentielles-en-russie.html?fbclid=IwAR0iarQwQ26qQuxIbV46K8pPwX8HJZAeaAxxEhE8awO2tps3_yk4WPEwdKQ
[7]
https://www.ledauphine.com/defense-guerre-conflit/2024/03/17/en-russie-des-electeurs-ont-rendu-hommage-a-navalny-a-midi
[8]
https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/18/en-ukraine-l-opposition-de-plus-en-plus-critique-de-l-administration-zelensky_6222581_3210.html#:~:text=Plusieurs%20d%C3%A9put%C3%A9s%20d%C3%A9noncent%20un%20contr%C3%B4le,de%20vouloir%20%C3%A9touffer%20leur%20voix.
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