vendredi 12 septembre 2025

Échec du mouvement « Bloquons tout »

 Mouvement "Bloquons tout" à Aix : la jeunesse au rendez-vous et en colère  pour le 10 septembre

Aix-en-Provence 

On ne se réjouira pas de l’échec du mouvement du 10 septembre dernier. Certes il y avait du monde dans les grandes villes et les rassemblements étaient nombreux. Mais si on compare l’ensemble des mobilisations sur toute la France à l’exaspération croissante des Français envers la classe politique qui prétend à les diriger, les cortèges étaient maigres et surtout les blocages n'ont pas été efficaces. Rapidement la police les a empêchés, avec sa violence habituelle. Or bien entendu l’efficacité de ce mouvement aurait dû reposer sur les blocages, comme cela avait été le cas en 2018 avec le mouvement des Gilets Jaunes. Pourtant on aurait pu croire que la situation économique et sociale de la France s’étant nettement dégradée entre 2018 et 2025, au contraire le mouvement aurait été large. C’est ce sur quoi comptaient ceux qui ont lancé ce mouvement. La milice avait été mobilisée dans son entier, avec son lot de provocateurs bien entendu : on comptait jusqu’à 80 000 miliciens, flics et gendarmes, mobilisés et armés jusqu’aux dents. C’était surdimensionné. Et si on a eu quelques accrochages cela a été sans comparaison avec les autres mobilisations antérieures, que ce soit celles des Gilets Jaune ou celles des soignants ou encore celles contre la réforme des retraites. Il faut donc essayer d’expliquer cet échec. Même si les images qui circulent sur Internet peuvent laisser croire que la mobilisation a été forte, avec des photos prises de haut ou dans une perspective favorable. On connait la technique, mais ce serait manquer au devoir de vérité que de s’en contenter. Le ministère de l’intérieur avançait un chiffre de moins de 200 000 manifestants sur toute la France et la CGT à peine plus avec un décompte à 250 000. On est loin du compte. 

10 septembre : le mouvement "Bloquons tout" en images à Marseille ce  mercredi

Marseille 

La première raison de l’échec est que ce mouvement n’était manifestement pas transpartisan, c’était, contrairement aux mouvements dont j’ai parlé ci-dessus, principalement une manifestation de gauche. Le fait que Mélenchon et son gang aient appelé bruyamment à le soutenir l’a plombé, beaucoup ont relayé l’idée qu’ils ne soutiendraient pas la récupération par un parti, fut-il la FI. Car dans la situation politique d’aujourd’hui, l’ensemble des partis, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, suscitent une méfiance grandissante – c’est d’ailleurs ce qui explique à la fois l’éparpillement des votes et l’impossibilité de créer une majorité parlementaire, et le haut niveau de l’abstention. La seconde raison réside dans le fait que ce mouvement n’a pas engendré un mouvement de grève puissant. Les grévistes ont été peu nombreux, soit parce que cela coûte cher dans une période d’abaissement radical du pouvoir d’achat, soit parce qu’on ne croit pas à la grève comme moyen d’action. Les Français sont largement désabusés, même s’ils sont très en colère contre Macron et son gang. Mélenchon est tout autant détesté que le locataire de l’Élysée et il y a des bonnes raisons à cela. D’abord parce qu’il apparait comme un diviseur et non comme un rassembleur. Il passe son temps à injurier les autres partis de gauche, alors que d’un autre côté, il sollicite leur soutien. Cette posture plus qu’ambigüe n’est pas irrationnelle pourtant, elle s’explique par le fait que Mélenchon sait qu’il ne peut pas arriver au pouvoir par quelque moyen que ce soit et donc son but est d’abord de consolider son marché de niche, c’est-à-dire avoir des députés et des mairies dans le plus grand nombre. Cette attitude est celle traditionnelle d’ailleurs des trotskystes qui sont en échec depuis une centaine d’années mais qui persistent dans leur conduite erronée. Or la FI et Mélenchon préparent les municipales de 2026 qui vont être très difficiles pour eux. 

Bloquons tout » à Rennes : « Après le succès du 10 septembre, ne pas  relâcher la pression »

Rennes 

Il y avait bien d’autres raisons à l’échec de ces rassemblements, notamment dans la confusion des revendications. On voyait en effet beaucoup de drapeaux palestiniens, symboles d’un conflit à l’importance stratégique gonflée, alors qu’on ne voyait aucun drapeau ukrainien, conflit pourtant bien plus meurtrier que la guerre à Gaza. Or les Français dans leur grande majorité ont compris que l’importation du conflit israélo-palestinien n’était qu’un leurre pour masquer ce qui est important pour eux. Ces drapeaux, ces slogans, sans doute destinés à mobiliser la communauté musulmane en France étaient destinés à une forme de pédagogie envers ceux qui ne sont pas encore convertis au « palestinisme ». Cette forme de tiermondisme était vérifiée avec également des slogans visant à la défense de l’immigration. Or évidemment la grande masse des Français comme nous le savons est hostile à la poursuite de l’immigration de masse. 

Peut être une image de 12 personnes, foule et texte

Paris 

Ces slogans tiermondistes sont en échec sur deux plans. D’abord sur le plan de la méthode qui consiste à vouloir endoctriner des foules qu’on pense moins intelligentes que nous. Également ils sont dans l’erreur par leur paternalisme débile qui consiste à se présenter en défenseur du faible et de l’opprimé, comme si nous étions au-dessus des masses intellectuellement et moralement. Mais ils sont également en décalage de par leur contenu aberrant qui n’intéresse pas les Français. Comme le disait Marx, les luttes se forment à partir des conditions sociales et économiques que les masses vivent. Pourquoi voulez-vous donc que les Français s’intéressent au conflit israélo-palestinien, alors qu’il est présenté essentiellement par des gens qui n’y comprennent rien. Les croisières ubuesques de Greta Thunberg et Rima Hassan vers Gaza le démontrent. Pourquoi voulez vous que les Français se mobilisent pour les migrants alors qu’eux-mêmes refusent massivement cette immigration continue ? Les manifestants étaient très jeunes et surtout ceux qui portaient les slogans pro-palestiniens et pro-migrants, comme si eux n’avaient pas d’idée sur leur volonté et leurs besoins, comme s’ils se trouvaient au-dessus de la mêlée dans une attitude protectrice et paternaliste. 

Peut être une image de 5 personnes et foule

Mélenchon était venu parader au milieu de la foule 

Il y a probablement aussi que ceux qui sont mécontents de notre classe politique n’ont pas trouvé la méthode adéquate de protestation. Les uns appellent à la grève générale, les autres au blocage des ronds-points. Techniques contre lesquelles je n’ai rien à reprocher, mais qui semblent ne plus mobiliser, comme si à les répéter de mobilisation en mobilisation, elles avaient perdu de leur sens. Comme je l’ai dit en tête de ce petit billet, la colère des Français est immense et personne ne croit que Lecornu saura l’apaiser. Ni lui, ni un autre d’ailleurs, même un gouvernement de gauche façon NFP. Les luttes sociales sont en permanence à réinventer. Aujourd’hui la jeunesse n’est pas prête à prendre la relève bien qu’elle soit très représentée dans les manifestations du 10 septembre et que sans doute elle est animée d’un bon vouloir, intellectuellement elle n’est pas armée pour cela. Les manifestants qui se félicitaient du départ de Bayrou, réclamaient la démission de Macron pour laquelle 2 Français sur trois sont favorables. Mais remplacer Bayrou par Lecornu, ou Macron par Edouard Philippe cela n’amènera pas une amélioration de la situation. Le mal est plus profond que ça.   

 

Toutefois, l’échec doit être un petit peu relativisé. Dans les zones rurales, le mouvement apparaissait comme plutôt transpartisan. On y rencontrait aussi bien des gens de gauche que des souverainistes qui au fond sont bien plus nombreux qu’on ne pense. Dans certaines villes comme Rennes la mobilisation était impressionnante. Les partis de droite, notamment le RN avaient fait campagne pour que leurs électeurs ne se joignent pas aux manifestations. De même les syndicats jaunes comme la CFDT avaient dissuadé leurs affidés de ne pas s’y rendre. La répression policière emmenée par des miliciens décervelés et en voie de fascisation a été aussi un facteur de dissuasion des blocages. Je ne sous-estime pas cela, cependant il était assez clair que le nombre n’y était pas pour faire de la journée du 10 septembre 2025 une journée de lutte mémorable. Nous verrons bien si le 18 septembre débouchera sur quelque chose d’un peu plus consistant. 

10 septembre : récit d'une journée teintée de blocages et de répression

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