Les journalistes passent la brosse à reluire à Macron
Macron, pour arriver rapidement à un accord qui soi-disant
préfigure le fédéralisme européen, a cédé exactement sur tout[1].
Seuls les journaux européistes comme Libération ou Le monde, ont
salué sans réserve cet accord. Pour bien comprendre les enjeux de ce dernier
sommet européen qui s’est tenu durant quatre jours à Bruxelles, il faut partir
de ce que disait depuis le début du mois de juillet Merkel : consciente
que l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche sont parmi les principaux gagnants
de l’euro, elle s’est faite militante d’un plan de relance de 750 milliards
d’euros. Convertie à la dépense publique sans limite, dépense financée par la
planche à billets, on savait donc que puisque l’Allemagne le voulait, l’accord
serait signé. Macron dans ce contexte a joué le rôle de l’idiot utile. Il en a
l’habitude, tant en France qu’à l’étranger. Les pays excédentaires qui seront
aussi ceux qui profiteront le plus du plan de relance, soi-disant évalué à 750
milliards d’euros, ont obtenu des rabais importants dans leur contribution au
budget européen.
Il va donc y avoir des Etats qui sont déjà excédentaires,
qui bénéficient de ristournes pour leur contribution au budget qui vont
bénéficier de nouvelles ristournes. Autrement dit Moins les Etats ont besoin
des facilités financières européennes, et plus ils bénéficieront de ristournes.
C’est l’idée qu’on se fait de la solidarité entre les Etats riches et les Etats
pauvres. Parmi ces États, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark bénéficiaient
déjà d'un rabais sur la période 2014-2020. Tous le verront grimper dans le
cadre du prochain budget : il augmentera de 1,23 milliard dans le cas
hollandais (+176%), de 247 millions pour leurs homologues danois (+190%), et de
884 millions pour les Suédois (+478%). Ces « corrections » sont
censées compenser des contributions jugées excessives par les pays concernés,
qui considéraient qu'ils payaient trop par rapport à ce qu'ils recevaient du
pot commun européen. Et ce même si "les
contributions [sont] fondés (sic) sur des critères économiques
objectifs", comme l'affirme la Commission européenne.
Le
premier point perdu par Macron est celui-là : la France et les pays du Sud
devront compenser les ristournes accordées aux pays dits frugaux ! Et cela
d’autant plus que les britanniques ne seront plus là. Autrement dit pour aider
les pauvres, les pays riches leur font les poches ! Macron s’est flatté
que la France toucherait 40 milliards d’euros de subventions en quelque sorte,
et que ces subventions ne seront pas payées par nos impôts. C’est un mensonge
plus gros que lui. Emile Verhaeghe précise cela : « Pour
parvenir à ces 40 milliards mirifiques, l’Europe empruntera 390 milliards €
sous sa signature collective. Mais si l’on se souvient que la France contribue
à hauteur de 13% du budget de l’Union… cela signifie donc que, pour récolter 40
milliards nets, la France apporte sa signature à un endettement de 40 milliards
environ (soit 13% de 390 milliards).
Autrement dit, la France ne gagne absolument rien dans
cet accord : si elle avait décidé d’emprunter seule cette somme, elle l’aurait
fait dans les mêmes conditions financières. »[2]
Il n’est pas le seul à s’être aperçu de la
supercherie. Arnaud Danjean, député européen Les Républicains, dit la même
chose ou à peu près[3].
Pablo déconne
Pablo Iglesias croit que le Père Noël loge
à Bruxelles
Le contenu des accords est calamiteux pour la France
Pour comprendre un peu cette tambouille, que le jargon
européiste nomme Next Generation EU, et
malgré le découragement bien légitime qui
nous prend à lire cette prose bureaucratique – à côté les discours de Staline
ou de Fidel Castro apparaissent comme des poèmes lyriques – il faut d’abord
partir de l’idée que ces 750 milliards seront dragués sur le marché des
capitaux. L’ensemble des mesures financières atteindra donc les 750 milliards
d’euros, dont la moitié en ces emprunts cautionnés par la BCE seront étalés sur
six ans. Les conclusions donnent les sommes suivantes, 360 milliards de
subventions, et 312 milliards de prêts qu’il faudra rembourser. Ce qui fait en
fait 672 milliards et non pas 750 milliards comme annoncé d’ailleurs dans ces
mêmes conclusions : la conclusion 6 vient contredire la conclusion
4 ! Mais passons. Et donc les 40 milliards d’euros que recevra la France
ce sera à peut près 6 milliards par an. Ces subventions seront décidées à Bercy,
mais évidemment contrôlées par Bruxelles. Une partie ira à l’agriculture, et la
FNSEA qui représente le lobby des agriculteurs industriels – les gros – a déjà
annoncé qu’elle n’approuverait pas une décision qui limiterait les aides à
100 000 euros par actif. La Commission européenne qui défend le glyphosate
jusqu’à la mort a tout de même pondu ça dans son paragraphe 27 de ses
conclusions, et c’est bien ce qui inquiète les industriels de l’agriculture qui
pourrissent nos sols et nos assiettes.
« Une politique agricole commune (PAC) réformée et
modernisée garantira l'accès à une alimentation sûre, de grande qualité,
abordable, nutritive et diversifiée. Elle contribuera à la transition vers un
secteur agricole durable sur les plans économique, environnemental et social et
tourné vers le marché, ainsi qu'au développement de régions rurales
dynamiques. »
Le remboursement sera salé
D’autres points sont importants : « Le
remboursement est programmé, conformément au principe de bonne gestion
financière, de manière à garantir la réduction constante et prévisible des
engagements jusqu'au 31 décembre 2058 » nous dit la conclusion 4, ce
qui veut dire que pendant les 40 prochaines années nous allons vivre sous
l’épée de Damoclès de la dette. Mais bien évidemment et sans le dire
explicitement, si l’Union européenne ne va pas vers plus de solidarité entre
les peuples – c’est même l’inverse – en tous les cas elle va vers plus de
contrôle sur les pays endettés et non sur les pays dits frugaux qui nous
pillent à qui mieux mieux. Cette perte de souveraineté absolue va se
concrétiser très rapidement par une demande de la Commission européenne – c’est-à-dire
de l’Allemagne – d’achever les reformes des retraites en France. Il y a une
chose sur laquelle les journalistes ignares n’ont pas dit un seul mot : la
France recevra bien une quarantaine de milliards, mais elle remboursera le
double, sans parler des intérêts ! Pourquoi ? Parce que le
remboursement de la dette contracté par l’Union européenne se rembourse non pas
sur la base des sommes reçues, mais sur celle du poids du pays dans l’Union
européenne, soit 13% de 750 milliards, soit un peu plus de 97 milliards
d’euros. Certains ont avancé un chiffre inférieur, disant que le remboursement
se ferait sur la base de la contribution nette au budget européen, ce serait
alors « seulement » 82,5 milliards d’euros. Je fais remarquer que le
couple maudit Merkel-Macron visait à l’origine un plan de relance de 1500
milliards, ils ont rabattus leurs prétentions à la moitié de cette somme.
Comme quoi il y a des gagnants et des perdants, et si
l’Allemagne et les Pays Bas sont les grands gagnants sur le plan financier,
Macron est le grand perdant sur le plan financier et politique. Il est apparu
dans le rôle de l’idiot utile qui aide bêtement Merkel à tisser sa toile pour
nous ruiner. Je rappelle qu’en vingt ans, les Français ont perdu 56 000 €
par personne, tandis que les Allemands gagnaient 23 000 € par personne[5].
C’est d’un pillage dont il s’agit, un pillage qui va continuer et qui a
accéléré notre désindustrialisation.
Pendant qu’on déconne avec « l’accord historique
arraché par Macron et Merkel aux radins du Nord », on apprenait qu’Amazon
avait conclu un accord historique elle aussi avec la justice européenne. La
Commission européenne qui avait fait des tas de manières pour montrer qu’elle
se battait contre les GAFA, vient de voir sa propre Cour de justice, plus prompte
à limiter le droit de grève qu’à s’attaquer aux multinationales, annuler 13
milliards d’euros d’arriérés d’impôts qu’on réclamait à Amazon[6].
Ce n’est pas la première fois Apple avait aussi esquiver une réclamation de 13
milliards d’euros une semaine plus tôt[7].
13 milliards, c’est le chiffre magique ! Et si je calcule bien ces deux
multinationales pourries ont gratté 26 milliards d’euros sur notre compte. Car
en effet elles s’installent chez nous profitent de nos infrastructures payées
par nos impôts, détruisent nos emplois, mais refusent de payer leurs impôts
chez nous. Cela montre que la Commission européenne est extrêmement
dispendieuse de nos deniers, mais surtout que la Cour de justice européenne est
corrompue jusqu’au trognon. C’est là aussi une autre raison de sortir de
l’Union européenne en courant, ses institutions sont totalement corrompues.
J’ai noté tout de même que beaucoup de journalistes
émettaient des réserves sur ces accords, donnant la parole à des analystes
mieux au fait qu’eux des combines européistes. Macron a beau s’autoféliciter de
son succès, cela ressemble à une victoire à la Pyrrhus. Comme toujours son
culot permet de laisser croire qu’il est actif et qu’il fait quelque chose
parce qu’il s’agite énormément, mais le soufflé retombe bien vite. C’est déjà
le cas pour cette affaire de plan de relance.
Mélenchon disait sur BFMTV que ce désastre venait du fait
que Macron était un très mauvais négociateur[8].
Je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Je crois tout simplement que Macron a
choisi son camp, celui de la collaboration comme naguère Tsípras. Il ressort
que tout cela ressemble à une mauvaise comédie jouée par de mauvais acteurs,
qui tentent de nous faire croire qu’il y a des négociations. En fait il n’y en
a pas eu. Le scénario qui avait été écrit par Merkel est celui qui a été
adopté.
[1] On
trouvera le long texte complet de cet
accord sur le lien suivant https://www.slideshare.net/ParmenideInnovation/accord-du-conseil-europen-coronabonds-de-juillet
[2] https://lecourrierdesstrateges.fr/2020/07/21/comment-la-france-a-vendu-son-ame-a-lallemagne-pour-40-milliards/
[3] https://www.lefigaro.fr/politique/arnaud-danjean-avec-cet-accord-europeen-les-pays-comme-la-france-devront-payer-plus-20200721?fbclid=IwAR368PdheNfVp7zUVpzi0NRS-0NTrJVGnYMUtMGG37iKRAVeuebuC0MolqI
[4] https://www.lemonde.fr/international/article/2020/07/22/pablo-iglesias-le-dogmatisme-neoliberal-qui-a-fait-tant-de-mal-a-l-europe-du-sud-a-ete-corrige_6046923_3210.html
[5] Ces
chiffres proviennent d’une étude allemande d’un institut très europhile https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2019/02/27/20002-20190227ARTFIG00101-selon-une-etude-allemande-l-euro-aurait-particulierement-nui-aux-francais.php
[6] https://www.huffingtonpost.fr/entry/jeff-bezos-13-milliards-dollars-record_fr_5f17d85ec5b6296fbf3b1fee
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