lundi 10 août 2020

La France, le dindon de la farce européenne

Les journalistes passent la brosse à reluire à Macron 

Macron, pour arriver rapidement à un accord qui soi-disant préfigure le fédéralisme européen, a cédé exactement sur tout[1]. Seuls les journaux européistes comme Libération ou Le monde, ont salué sans réserve cet accord. Pour bien comprendre les enjeux de ce dernier sommet européen qui s’est tenu durant quatre jours à Bruxelles, il faut partir de ce que disait depuis le début du mois de juillet Merkel : consciente que l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche sont parmi les principaux gagnants de l’euro, elle s’est faite militante d’un plan de relance de 750 milliards d’euros. Convertie à la dépense publique sans limite, dépense financée par la planche à billets, on savait donc que puisque l’Allemagne le voulait, l’accord serait signé. Macron dans ce contexte a joué le rôle de l’idiot utile. Il en a l’habitude, tant en France qu’à l’étranger. Les pays excédentaires qui seront aussi ceux qui profiteront le plus du plan de relance, soi-disant évalué à 750 milliards d’euros, ont obtenu des rabais importants dans leur contribution au budget européen.

Il va donc y avoir des Etats qui sont déjà excédentaires, qui bénéficient de ristournes pour leur contribution au budget qui vont bénéficier de nouvelles ristournes. Autrement dit Moins les Etats ont besoin des facilités financières européennes, et plus ils bénéficieront de ristournes. C’est l’idée qu’on se fait de la solidarité entre les Etats riches et les Etats pauvres. Parmi ces États, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark bénéficiaient déjà d'un rabais sur la période 2014-2020. Tous le verront grimper dans le cadre du prochain budget : il augmentera de 1,23 milliard dans le cas hollandais (+176%), de 247 millions pour leurs homologues danois (+190%), et de 884 millions pour les Suédois (+478%). Ces « corrections » sont censées compenser des contributions jugées excessives par les pays concernés, qui considéraient qu'ils payaient trop par rapport à ce qu'ils recevaient du pot commun européen. Et ce même si "les contributions [sont] fondés (sic) sur des critères économiques objectifs", comme l'affirme la Commission européenne.

Le premier point perdu par Macron est celui-là : la France et les pays du Sud devront compenser les ristournes accordées aux pays dits frugaux ! Et cela d’autant plus que les britanniques ne seront plus là. Autrement dit pour aider les pauvres, les pays riches leur font les poches ! Macron s’est flatté que la France toucherait 40 milliards d’euros de subventions en quelque sorte, et que ces subventions ne seront pas payées par nos impôts. C’est un mensonge plus gros que lui. Emile Verhaeghe précise cela : « Pour parvenir à ces 40 milliards mirifiques, l’Europe empruntera 390 milliards € sous sa signature collective. Mais si l’on se souvient que la France contribue à hauteur de 13% du budget de l’Union… cela signifie donc que, pour récolter 40 milliards nets, la France apporte sa signature à un endettement de 40 milliards environ (soit 13% de 390 milliards). 

Autrement dit, la France ne gagne absolument rien dans cet accord : si elle avait décidé d’emprunter seule cette somme, elle l’aurait fait dans les mêmes conditions financières. »[2]  

Il n’est pas le seul à s’être aperçu de la supercherie. Arnaud Danjean, député européen Les Républicains, dit la même chose ou à peu près[3].

 

Pablo déconne

 


Pablo Iglesias croit que le Père Noël loge à Bruxelles

 Pablo Iglesias qu’on peut dorénavant qualifier d’un degré d’importance nulle tente de faire oublier qu’en Espagne il est en perdition sur le plan politique, son parti Podemos ne fait plus recette. Le voilà, tel un Tsípras Ibérique posant devant le drapeau européen pour nous expliquer dans une interview au Monde que cet accord est historique parce qu’il signifie qu’on sort de l’austérité[4]. Cet imbécile ne comprend pas que ce n’est pas en distribuant de l’argent aux entreprises qu’on sort de l’austérité – ça c’est la politique de l’offre – mais en renforçant les services publics et en modifiant le partage de la valeur ajoutée en faveur des salariés. L’argent débloqué devrait représenter 750 milliards d’euros, à condition que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe donne son feu vert. Tout dépendra comment il sera utilisé. Macron prétend que cela ira à l’investissement pour soutenir ce vieux serpent de mer de la transition écologique. Mais ce dont les entreprises manquent ce n’est pas de liquidités pour investir, puisqu’en effet les clients les ayant délaissées pour cause de COVID-19 ils ont des stocks sur les bras difficiles à écouler. Déjà qu’avant la crise sanitaire les entreprises du monde entier se trouvaient en excès d’offre, c’est forcément encore plus vrai aujourd’hui. En outre les entreprises peuvent emprunter à des taux très bas. Il vient que cette manœuvre n’est pas un plan de relance, mais une manière de renforcer le contrôle et de piller les pays en position de faiblesse comme la France. Il n’est pas étonnant que les électeurs se détournent d’Iglesias dont le parti est maintenant clairement en voie d’extinction. Il est patent qu’il ne comprend même pas ce qui lui arrive. Il croit que du moment que les Etats distribuent de l’argent on met en pratique un plan de relance keynésien. Ce n’est pas le cas non seulement parce que ces sommes devront être remboursées, mais aussi parce qu’elles iront d’abord vers les entreprises, donc du côté de l’offre. Mais regardons d’un peu plus près ces accords en ce qui concerne la France.

Le contenu des accords est calamiteux pour la France 

 

Pour comprendre un peu cette tambouille, que le jargon européiste nomme Next Generation EU, et malgré le découragement bien légitime qui nous prend à lire cette prose bureaucratique – à côté les discours de Staline ou de Fidel Castro apparaissent comme des poèmes lyriques – il faut d’abord partir de l’idée que ces 750 milliards seront dragués sur le marché des capitaux. L’ensemble des mesures financières atteindra donc les 750 milliards d’euros, dont la moitié en ces emprunts cautionnés par la BCE seront étalés sur six ans. Les conclusions donnent les sommes suivantes, 360 milliards de subventions, et 312 milliards de prêts qu’il faudra rembourser. Ce qui fait en fait 672 milliards et non pas 750 milliards comme annoncé d’ailleurs dans ces mêmes conclusions : la conclusion 6 vient contredire la conclusion 4 ! Mais passons. Et donc les 40 milliards d’euros que recevra la France ce sera à peut près 6 milliards par an. Ces subventions seront décidées à Bercy, mais évidemment contrôlées par Bruxelles. Une partie ira à l’agriculture, et la FNSEA qui représente le lobby des agriculteurs industriels – les gros – a déjà annoncé qu’elle n’approuverait pas une décision qui limiterait les aides à 100 000 euros par actif. La Commission européenne qui défend le glyphosate jusqu’à la mort a tout de même pondu ça dans son paragraphe 27 de ses conclusions, et c’est bien ce qui inquiète les industriels de l’agriculture qui pourrissent nos sols et nos assiettes.

« Une politique agricole commune (PAC) réformée et modernisée garantira l'accès à une alimentation sûre, de grande qualité, abordable, nutritive et diversifiée. Elle contribuera à la transition vers un secteur agricole durable sur les plans économique, environnemental et social et tourné vers le marché, ainsi qu'au développement de régions rurales dynamiques. »

  

Le remboursement sera salé 

D’autres points sont importants : « Le remboursement est programmé, conformément au principe de bonne gestion financière, de manière à garantir la réduction constante et prévisible des engagements jusqu'au 31 décembre 2058 » nous dit la conclusion 4, ce qui veut dire que pendant les 40 prochaines années nous allons vivre sous l’épée de Damoclès de la dette. Mais bien évidemment et sans le dire explicitement, si l’Union européenne ne va pas vers plus de solidarité entre les peuples – c’est même l’inverse – en tous les cas elle va vers plus de contrôle sur les pays endettés et non sur les pays dits frugaux qui nous pillent à qui mieux mieux. Cette perte de souveraineté absolue va se concrétiser très rapidement par une demande de la Commission européenne – c’est-à-dire de l’Allemagne – d’achever les reformes des retraites en France. Il y a une chose sur laquelle les journalistes ignares n’ont pas dit un seul mot : la France recevra bien une quarantaine de milliards, mais elle remboursera le double, sans parler des intérêts ! Pourquoi ? Parce que le remboursement de la dette contracté par l’Union européenne se rembourse non pas sur la base des sommes reçues, mais sur celle du poids du pays dans l’Union européenne, soit 13% de 750 milliards, soit un peu plus de 97 milliards d’euros. Certains ont avancé un chiffre inférieur, disant que le remboursement se ferait sur la base de la contribution nette au budget européen, ce serait alors « seulement » 82,5 milliards d’euros. Je fais remarquer que le couple maudit Merkel-Macron visait à l’origine un plan de relance de 1500 milliards, ils ont rabattus leurs prétentions à la moitié de cette somme.

Comme quoi il y a des gagnants et des perdants, et si l’Allemagne et les Pays Bas sont les grands gagnants sur le plan financier, Macron est le grand perdant sur le plan financier et politique. Il est apparu dans le rôle de l’idiot utile qui aide bêtement Merkel à tisser sa toile pour nous ruiner. Je rappelle qu’en vingt ans, les Français ont perdu 56 000 € par personne, tandis que les Allemands gagnaient 23 000 € par personne[5]. C’est d’un pillage dont il s’agit, un pillage qui va continuer et qui a accéléré notre désindustrialisation.

Pendant qu’on déconne avec « l’accord historique arraché par Macron et Merkel aux radins du Nord », on apprenait qu’Amazon avait conclu un accord historique elle aussi avec la justice européenne. La Commission européenne qui avait fait des tas de manières pour montrer qu’elle se battait contre les GAFA, vient de voir sa propre Cour de justice, plus prompte à limiter le droit de grève qu’à s’attaquer aux multinationales, annuler 13 milliards d’euros d’arriérés d’impôts qu’on réclamait à Amazon[6]. Ce n’est pas la première fois Apple avait aussi esquiver une réclamation de 13 milliards d’euros une semaine plus tôt[7]. 13 milliards, c’est le chiffre magique ! Et si je calcule bien ces deux multinationales pourries ont gratté 26 milliards d’euros sur notre compte. Car en effet elles s’installent chez nous profitent de nos infrastructures payées par nos impôts, détruisent nos emplois, mais refusent de payer leurs impôts chez nous. Cela montre que la Commission européenne est extrêmement dispendieuse de nos deniers, mais surtout que la Cour de justice européenne est corrompue jusqu’au trognon. C’est là aussi une autre raison de sortir de l’Union européenne en courant, ses institutions sont totalement corrompues.

J’ai noté tout de même que beaucoup de journalistes émettaient des réserves sur ces accords, donnant la parole à des analystes mieux au fait qu’eux des combines européistes. Macron a beau s’autoféliciter de son succès, cela ressemble à une victoire à la Pyrrhus. Comme toujours son culot permet de laisser croire qu’il est actif et qu’il fait quelque chose parce qu’il s’agite énormément, mais le soufflé retombe bien vite. C’est déjà le cas pour cette affaire de plan de relance.

Mélenchon disait sur BFMTV que ce désastre venait du fait que Macron était un très mauvais négociateur[8]. Je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Je crois tout simplement que Macron a choisi son camp, celui de la collaboration comme naguère Tsípras. Il ressort que tout cela ressemble à une mauvaise comédie jouée par de mauvais acteurs, qui tentent de nous faire croire qu’il y a des négociations. En fait il n’y en a pas eu. Le scénario qui avait été écrit par Merkel est celui qui a été adopté.



[1] On trouvera le long texte complet  de cet accord sur le lien suivant https://www.slideshare.net/ParmenideInnovation/accord-du-conseil-europen-coronabonds-de-juillet

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