
Pour bien comprendre ce qui va suivre, il ne s’agit pas ici
de juger si une cause politique est juste ou non, mais des moyens qu’on utilise
pour faire avancer ses pions. J’avais commencé à écrire cet article avant les
manifestations pour George Floyd et pour Amada Traoré. Et donc il se trouve que
mes thèses sur la manipulation des images d’enfants est maintenant renforcé par
une manipulation directe des enfants eux-mêmes. C’est la différence d’avec ce
qui se passe dans le Tiers Monde. Dans les pays du Tiers Monde la propagande
qui utilise les enfants vise d’abord à faire pleurer les occidentaux sur leur
sort. Avec ce qui se passe aux Etats-Unis ou en France, on désigne maintenant
le terrain de la lutte comme étant à l’intérieur de nos frontières, et donc
l’image de l’enfant va être utilisée un peu différemment. C’est toujours le
thème de la culpabilité de l’homme blanc qui va dominer, mais cette fois en lui
enjoignant non plus d’aider l’homme de couleur dans son combat contre le
pouvoir blanc-patriarcal (comme si le black power ou les musulmans ne
connaissaient pas le patriarcat !), mais de se soumettre au pouvoir de
l’homme de couleur pour expier les fautes de nos ancêtres ! Seuls les
enfants qui sont encore innocents peuvent racheter ces fautes. Il s’agit d’un
double dressage : d’une part culpabiliser encore un peu plus l’homme
blanc, et d’autre part éduquer les enfants eux-mêmes à ces nouvelles
allégeances. On a maintenant franchi un pallier dans ce genre de cirque. Non
seulement la niaiserie des messages affichés se substitue à l’analyse, mais on
nous prend ouvertement pour des enfants, en faisant comme si on ne serait pas
capable de saisir une analyse plus fine.
Comme on le voit, c’est l’appel à l’émotion qui prime. Notez
que ces enfants, des petites filles – elle sont plus souvent préférés aux
petits garçons, sont présentées sans leurs parents. Comme si la société les
avait abandonnées, et donc comme si elles avaient trouvé elles-mêmes le chemin
de la conscience politique qui leur permet d’affirmer quelque chose de fort. C’est
la logique du bouclier humain, les enfants passent devant pour porter la parole
de leurs parents. Les questions sont nombreuses, certes les petites filles ont
le droit de penser, mais à l’évidence, elles portent d’abord le message de
leurs parents. C’est le premier niveau de la manipulation. Le second niveau
c’est d’en appeler à la pitié pour asseoir son pouvoir. Comment cela ?
N’aurez vous aucune pitié pour ces enfants ? Etes-vous encore un peu
humains ? On voit donc que de ne pas accepter cette propagande conduit
forcément à discuter de la cause et à remettre en question une analyse sommaire
de celle-ci. Par exemple en ce qui concerne Amada Traoré ou George Floyd, de
quoi s’agit-il ? Uniquement de racisme, de brutalité policière fascisant
ou de luttes des classes ? L’émotion causée par les panneaux tenus par les
enfants nous dit : c’est le racisme et le racisme c’est mal. Mais la
dernière proposition qui vient est voilée : un homme noir, justement parce
qu’il est victime du racisme ne saurait être coupable de quoi que ce soit. La
preuve, les enfants innocents nous le disent. Et si Traoré et Floyd ont été
effectivement assassinés, ils étaient innocents eux aussi de tout ce qu’on peut
leur reprocher, il vient qu’on ne saurait mettre par ailleurs en accusation les
comportements déviants de la communauté noire et de ses gangs.
Les enfants sont les véhicules parfaits pour la propagande
politique. Ci-dessus l’image représente une enfant dans un camp de migrants sur
une île grecque. La photo est construite ainsi, en arrière-plan un étalage de
misère, pour bien montrer que nous vivons dans un monde égoïste et donc qu’il
nous faut venir en aide à notre prochain. Il ne s’agit pas seulement d’accepter
les migrants, mais il s’agit de faire un don de sa personne – et un don
d’argent aux ONG qui s’en occupent. Au premier plan, avant de voir la petite
fille nous voyons le tee-shirt, écrit en anglais : on est mondialiste où on ne l’est pas. Cet
enfant est notre futur. Ce message est très compliqué à décrypter. D’un côté il
nous indique que nous sommes maintenant dépendant des jeunes migrants, nous
population vieillissante, et donc qu’il est de notre intérêt d’accueillir ces
enfants. La photo passe sous silence évidemment le fait que 90% des migrants
sont des hommes adultes parce que cela amoindrirait le message. Si on met des
hommes adultes, ça veut dire qu’ils ont abandonné leur famille dans leur pays
et que peut-être ils auraient dû y rester et se battre pour le transformer.
Mais il y a un autre message caché : « we are the future »,
c’est ce qui nous attend, la misère pour tout le monde ! C’est bien ce
qu’on a fait comprendre aux Grecs en les torturant de toutes les manières,
d’abord en leur diminuant les salaires et les retraites, en réduisant leur
accès à la santé et à l’école, mais ensuite en leur envoyant des milliers de
migrants qui leur pourrissent la vie et détruisent leur paysage et leur
environnement. La photo ci-dessous publiée dans l’édition du Monde du 4
mars 2020, entretient la confusion sur ce qui se passe dans les îles. On voit
une femme et des petits enfants – la mère qui veille sur sa progéniture c’est
bien l’image de la sainteté. Donc on parlera de la peur des migrants, des méchants
Grecs d’extrême droite qui empêchent les migrants de débarquer, mais c’est à
peine si on expliquera que ces migrants débarquent dans des canots fournis par
le gouvernement turc, et de l’enfer que vivent les habitants de ces îles. On
voit donc le rôle de l’enfant, susciter l’émotion et masquer finalement une
réalité très compliquée. Car qui peut nier que les migrants, chair à canon des
Turcs, ne souffrent pas ? Et les enfants sont là pour nous renforcer dans
notre culpabilité.
Suite à l’attaque de la Grèce par la Turquie, par migrants
interposés, on a vu circuler sur Internet une vidéo montrant des migrants qui
juste avant d’aller au-devant des journalistes occidentaux s’efforçaient de
faire pleurer leurs enfants, notamment en penchant leurs têtes au-dessus de la
fumée afin qu’ils aient les yeux bien rouges.
Ce cynisme montre combien ces critères larmoyants ont été intégrés par les
peuples venus du Tiers Monde. Ils savent parfaitement que l’effet sera très bon
sur les écrans. Plus l’enfant est petit et plus l’effet est fort. Les Turcs, à
cheval entre l’Occident et l’Orient, sont les maîtres dans ce genre de
fantaisies.
Migrants tentant de passer la
frontière gréco-turque, mars 2020
On se souvient de la manipulation des images du petit Aylan
Kurdi qui avaient ému le monde entier. Tous les journaux l’avaient reprise,
mais on a refusé de s’intéresser à la façon dont les Turcs avaient arrangé le
corps, lui mettant la tête dans l’eau, prenant des photos sous tous les angles
dans le but évident de s’en servir pour leur propagande. Il faut relier cette
image dramatique au chantage permanent que les Turcs font à l’Europe pour
obtenir des milliards qui leur servent soi-disant à retenir les migrants. C’est
un bail renouvelable tous les six mois, avec des demandes d’augmentation de la
rançon. Le fait que les Turcs se servent de ces images pour exercer un chantage
sur les Européens, montre une dissymétrie dans le traitement de
l’enfance : en Occident l’enfant se fait rare, et donc il devient précieux ;
en Orient, c’est l’inverse les enfants sont abondants et nombreux, du coup ils
sont moins protégés, on en a trop, on en exporte, on est moins sensible à leurs
misères.

La mort du petit Alan Kurdi
avait bouleversé le monde, mais les garde-côtes turcs avaient arrangé le corps
pour le photographier bien à l’aise
Remarquez que cette affaire du
petit Aylan Kurdi vient d’avoir une issue inattendue. Dans un procès qui s’est
tenu en Turquie, 2 Syriens et trois Turcs ont été condamnée pour avoir noyé
plusieurs personnes dont le petit Aylan Kurdi. Le tribunal retenant,
contrairement aux ONG, que les responsables de ces morts étaient d’abord les
passeurs.
Ce jugement qui a été rapporté par le New York Times est intervenu dans
la première quinzaine de mars 2020, mais les médias qui sont des propagandistes
de la mondialisation heureuse n’en ont pas fait état, eux qui avaient milité
pour que les frontières de l’Europe soient encore plus largement ouvertes. Il
faut faire des acrobaties en France pour le trouver. Mais parler sérieusement
de ce jugement, ce serait évidemment reconnaître que les images de la mort
d’Aylan Kurdi visaient d’abord à susciter l’émotion pour éviter de se poser des
questions sur les responsabilités.
Les pays musulmans et les
Palestiniens ont toujours eu tendance à abuser des fausses images pour se
victimiser et prendre la place des Juifs dans ce concours macabre de celui qui
aurait subi le plus d’outrages. Et donc dans ce sinistre concert, l’enfant est
bien entendu un sujet, une image de choix. Récemment on voyait l’image
suivante. Elle était diffusée par les pro-palestiniens comme la preuve que les
Israéliens – les sionistes – étaient de véritables fumiers matraquant,
martyrisant et tuant des petits enfants.
Cette image dont on ne connaît pas le contexte réel est bien entendu horrible,
seulement elle ne concerne pas Israël. En effet un rapide examen de la photo
montre que le militaire en question est un soldat chilien.
Pire encore, alors que la supercherie a été dénoncée, les propagandistes
pro-palestiniens pris la main dans le sac du mensonge n’ont pas retiré cette
image qu’on peut toujours voir sur Facebook avec la mention suivante :
« Un soldat israélien sur le dessus et un innocent enfant palestinien sous
sa rotule.
Le soldat israélien a étouffé l'enfant à mort alors qu'il suppliait de respirer
comme George Floyd l'a fait.
Malheureusement, c'est une pratique normale des soldats israéliens en
Palestine. » Les BDS et les autres idiots utiles de la sphère
pro-palestiniennes s’abstiennent de relever ces mensonges flagrants.
L’important n’est il pas qu’on voit un enfant se faire maltraiter par un
militaire ? Il n’est pas israélien mais il aurait pu l’être ! Autant
faire un dessin ! Mais un dessin est tout de suite éventé comme mensonger.
Le dérèglement climatique est du
pain bénit pour l’utilisation des enfants dans la propagande. Evidemment le
réchauffement climatique et plus généralement l’empoisonnement de l’air, de
l’eau et de la terre est une réalité tangible et évidente, conséquence du
progrès technique et de la mondialisation, elle est le fait non pas de l’homme,
mais d’un système de « développement » qui a mis la nature et ses
créatures en esclavage. Greta Thunberg est utilisée par le lobby green washing
pour faire avancer les affaires des multinationales qui veulent travailler dans
le secteur de la transition écologique, avec subventions de l’Etat à
l’appui : développement des éoliennes, des panneaux solaires ou encore des
voitures électriques et de la construction. Greta Thunberg est le porte drapeau
de ceux qui prétendent que la technique est la solution pour nous guérir des
dégâts de la technique. Comment ce qui cause le problème pourrait-il être la
solution ? Greta Thunberg est fréquemment photographiée sur fond de
drapeau européen. Elle représente deux idées : d’une part sans progrès
technique et sans investissement dans la recherche on ne s’en sortira pas, et
d’autre part c’est à l’échelle mondiale que la question doit être posée. Si elle
plait autant aux milliardaires de Davos et à la bureaucratie européiste, c’est
que son discours est inscrit dans la logique d’un progressisme sans fin. Mais
il y a également qu’elle culpabilise. Elle met en avant en permanence l’idée
que les générations d’avant la sienne ont été égoïstes, et donc ce n’est pas
tant le système capitaliste qu’il faut changer, mais plutôt les comportements
individuels : ne pas oublier de fermer son robinet d’eau, d’éteindre son
ordinateur, ou encore acheter ses produits en vrac. Cette agressivité qui est
avancée contre une « génération » dépensière et égoïste convient très
bien aux multinationales, elles ne sont pas mises en accusation pour les dégâts
qu’elles font : pour les milliardaires de Davos il vaut mieux condamner
l’incivilité des consommateurs que les conduites criminelles de Coca Cola, de
Nestlé ou de Nutella. Greta Thunberg possède l’immense avantage de faire
beaucoup plus jeune que son âge, et de ce fait, elle parait tout à fait
innocente pour cause d’autisme, et comme on le sait la vérité sort de la bouche
des enfants.

Les spécialistes du marketing ont très bien compris cela,
ils ont donc vendu aux climato-sceptiques qui sont immensément riches la même
idée : faire passer leurs idées absurdes par le biais d’une concurrente de
l’activiste suédoise, jeune de préférence. La concurrence étant bien l’Alpha et
l’Omega du capitalisme. Naomi Seibt est en apparence le contraire de Greta
Thunberg, en effet, elle est le porte-parole du lobby climato-sceptique. Elle
n’a pas vingt ans, mais elle gagne déjà très bien sa vie en vendant la soupe
aigre du lobby climato-sceptique.
Elle serait payée officiellement entre 2500 et 3000 euros par mois par le Heartland
Insitute, un think tank conservateur. Mais elle est aussi invitée pour
faire des conférences un peu partout, ce qui améliore encore ses revenus, par
des boutiques comme la CPAC, un autre think tank conservateur très proche de
Trump. On l’a également déclarée comme fricotant avec des membres du parti AfD.
Naomi Seibt sert à monter en épingle un faux débat entre les climato-sceptiques
et les green washing. Et pendant que ces deux idées toutes aussi fausses
s’affrontent, on ne parle pas de ce qui est décisif : l’avenir du
capitalisme et de l’impasse du green washing. Ces deux jeunes filles ont
beaucoup en commun : d’abord d’avoir compris très tôt quel rôle elles
jouaient et elles s’en servent pour nous culpabiliser, elles nous annoncent
qu’on doit se repentir, soit d’avoir nié le réchauffement climatique comme
Thunberg qui invoque les prêtres de l’ordre nouveau, les
« scientifiques », soit d’avoir justement cru à cette
« hérésie », Seibt. Mais au fond le discours est exactement le même,
il nous menace d’excommunication. Greta Thunberg et Naomi Seibt sont tout à
fait l’équivalent de Bernadette Soubirous, ou peut-être même de Jeanne d’Arc. Elles
représentent la pureté, la virginité, donc une parole de vérité, quoique Greta
Thunberg paraisse plus « authentique ». Seibt appuie sa propagande
également sur des travaux de « scientifiques » qui nient l’importance
du CO2 rejeté dans l’atmosphère comme facteur de déclanchement du réchauffement
climatique. Si depuis 2015, les climato-sceptiques avaient reculé, ils ont
depuis l’élection de Trump repris du poil de la bête. En France on trouve un
pseudo-scientifique qui fait ce travail.
Il a pris le relais de Claude Allègre,
mais on ne le voit pas à la télévision, parce que ça touche moins que le visage
d’une jeune fille, c’est cela qui explique d’abord l’émergence de Seibt.

1972, un village vietnamien
bombardé au napalm
La photo ci-dessus avait fait le tour du monde elle aussi.
Elle montre d’autant plus l’horreur de la guerre du Vietnam que la petite file
- Phan Thi Kim Phuc – est nue, donc beaucoup plus fragile. Cette image a fait
beaucoup plus pour mobiliser contre la guerre que les Etats-Unis menaient
contre le Viêt-Cong, que des tonnes d’analyses. Personne ne peut évidemment
nier que cette scène soit horrible. Cependant, on doit convenir qu’elle ne
permettait en aucun cas de comprendre ce qui se passait dans ce pays, et aussi
ce qu’était le Viêt-Cong. On va le comprendre un peu plus tard, et là encore
grâce à des images d’enfants. Bien avant les migrants africains ou syriens, les
Vietnamiens qui fuyaient, non pas la guerre, mais cette fois le régime d’Ho Chi
Minh que la gauche et l’extrême-gauche avait soutenu, le faisaient sur des
bateaux de fortune. On les appelait les boat people. Et comme l’opinion
avait soutenu le Viêt-Cong, elle s’est mise à soutenir ceux qui le
fuyaient. C’est d’ailleurs comme ça que
Kouchner s’est fait un nom avec l’équipée du bateau L’île de lumière. Il
prenait des photos toujours avec des enfants, le bon docteur avec un enfant
dans les bras, c’est le ticket gagnant. Un sac de riz et un enfant dans les bras,
ça fait une carrière politique, à gauche comme à droite ! La suite a été
moins glorieuse, et il fut dénoncé non seulement comme un arriviste, mais aussi
quelqu’un de cupide.

Kouchner se faisant
photographier avec un enfant dans les bras
Mais si on comprend bien la manipulation de ces images à des
fins politiques, apitoyer, on comprend peut-être un peu moins bien comment ça
marche. Pourquoi les Occidentaux sont-ils si sensibles à l’image de
l’enfant ? Ce n’est pas seulement une émotion naturelle, c’est une
construction mentale. Cette sensiblerie doit, selon moi, être comprise comme le
prolongement de la religion chrétienne. Dans l’Ancien Testament, l’enfant est
l’avenir, la récompense et la continuité. Il est le symbole du progrès. C’est
pourquoi il doit être éduqué en ce sens, parfois même avec sévérité s’il le
faut. Mais c’est le Nouveau Testament qui précise cette figure et son rôle.
D’abord parce que Jésus est l’enfant, à la fois innocent et prophète des temps
nouveaux. Il est très souvent représenté dans les images saintes et dans la
peinture de la Renaissance comme un nourrisson, entourée de personnes bien plus
âgées que lui. On le voit très fragile à l’image d’un nouveau-né, mais entourés
d’hommes vieux et chauves. On comprend bien qu’il est l’avenir, mais qu’il doit
être protégé. Quand Jésus est représenté plus âgé, on le voit souvent dans des
poses qui reflètent la parole divine : « Laissez les petits
enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est
pour ceux qui leur ressemblent ».
Il indique la voie à suivre, mais également que le devenir de l’adulte est
de retourner à l’innocence enfantine. Même si certains textes peuvent être
ambigus, l’enfant reste du domaine de l’innocence, et c’est bien pour cela
qu’il est l’avenir. La femme, le plus souvent représenté par Marie, la Vierge
Immaculée, est la protectrice, elle joue un rôle moteur dans l’Histoire puisque
non seulement elle crée l’enfant, le porte et le protège, mais elle indique
aussi qu’il est l’avenir. Dans cette configuration la femme et l’enfant sont
indissociables.

Giovanni Bellini,
présentation de Jésus – fin du XVème siècle
Cette imagerie dérivée des bondieuseries ordinaires sera
très bien utilisée par la suite par le marketing publicitaire. L’enfant est la
récompense presqu’immédiate d’une vie de labeur, il la justifie. Il porte
d’ailleurs l’idée de croissance : « Soyez féconds, multipliez,
remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la
mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. »
C’est bien compatible avec le marché, et c’est un soutien d’un système qui
n’en finit pas de mourir. On voit les dégâts que ce paradigme a produits :
l’air n’est plus respirable, l’eau n’est plus bonne à boire, la terre est
empoisonnée. On sait combien la religion catholique s’est rangée très souvent,
pour ne pas dire toujours, du côté des propriétaires et du pouvoir. On a
souvent rapproché le protestantisme et l’esprit du capitalisme.
Mais dans les pays latins, le catholicisme n’était pas en reste et même
anticipait dans l’Italie du Nord de cette évolution

Lucas Cranach – Christ bénissant les
enfants, vers 1545
Les régimes fascistes ou islamiques ont beaucoup moins de
passion pour l’enfant et les femmes, et peut-être même pour l’économie. Les
nazis ne se gêneront pas pour gazer des enfants et leurs mères par millions,
les déporter, les maltraiter au nom d’une nécessaire purification de la race.
Mais on sait aussi qu’ils se révéleront le plus souvent païens et regarderont
la religion comme une entrave à l’émancipation des temps. En même temps qu’ils se comporteront comme
les ennemis du genre humain – ne sont-ils pas les premiers
« transhumanistes » en se proposant de corriger l’œuvre bien
imparfaite de Dieu – ils feront l’apologie de la technique, de la production
des armes jusque dans la confection et le fonctionnement des camps, comme si un
projet supérieur à la protection de la vie humaine devait être mis en œuvre par
tous les moyens. On verra d’ailleurs que dans l’imagerie nazie, ce n’est pas
l’enfant qui est mis en valeur au cœur du projet, mais le jeune homme,
l’adolescent imberbe et asexué. Dans les images ci-dessous, on voit que non
seulement il n’y a pas d’enfant, mais qu’en outre, les pères et les mères
ont disparus ! L’ordre ancien, père, mère, enfant, la famille
mononucléaire, sera restauré après la Libération. Mais ce sera le Parti Communiste
Français qui s’en chargera, car si Pétain et Vichy faisaient évidemment la
promotion de la famille, de la patrie et du travail, dans les faits ils ne
s’activèrent guère dans ce sens, bien au contraire, ce régime corrompu avait
franchi un palier dans l’étalage de ses turpitudes.
Ce sont au contraire les communistes qui feront la Sécurité sociale, en donnant
une large place à la famille et à l’enfant, avec les fameuses allocations
familiales. Maurice
Thorez et sa femme donneront l’exemple en poussant leurs propres enfants sur le
devant de l’image à la fois comme un bouclier et pour représenter l’avenir.

Entre le nazisme et le
communisme à la française, le changement de ton de la propagande est radical
Le pays où « l’enfant-roi » a été mis en avant de
manière systématique, ce sont les Etats-Unis, pays extrêmement conditionné par
des certitudes religieuses d’un autre âge. Mais l’enfant en se mariant avec
l’idée du marché devient un élément à part entière de la croissance économique.
Dans le développement de la société de consommation de masse, l’enfant est la
motivation pour la production de nouvelles marchandises, friandises,
hamburgers, jouets, vêtements, etc. mais il va devenir aussi tout naturellement
le support ou la caution morale de consommation douteuses. Ci-dessous on voit
la publicité pour Philip Morris. Le dessin est très soigné, mais surtout il
s’inspire des images saintes, de la Vierge protégeant l’enfant. Les plus
attentifs auront remarqué que cette image est la même et a les mêmes fonctions
que celle de Kouchner prenant dans ses bras un petit vietnamien. Que ce soit
dans le cas de Kouchner ou de Philip Morris, le but est le même : mentir
sur le produit qu’on espère vendre aux clients ! Que ceux-ci payent avec
de l’argent ou avec des votes. Nous restons dans le domaine de la marchandise
et de la propagande. Cependant le marché évolue, et on ne peut plus vendre des
cigarettes pour cause de cancer, alors on va vendre autre chose. De la
malbouffe comme on dit, ou alors de la bonté d’âme, et là c’est le rôle
principal des ONG qui rackettent et culpabilisent ceux qui ont les moyens.
Notez que c’est une façon de reprendre la main sur le plan de la morale à
l’Etat qui est considéré par le marché comme « amoral ». Un
comble !
Toujours en appuyant sur la culpabilité intrinsèque de
l’homme – et de la femme qui copinait avec le serpent, ne l’oublions pas – on
nous demande de sauver les enfants. En somme il s’agit de se racheter. Le terme
de rachat est bien compatible avec la logique du marché. Les ONG sont les
championnes du monde de la culpabilisation de masse. Comment se laver du
péché ? En donnant de l’argent, en se dépouillant de ses biens. Martin de
Tours partageant son manteau pour atteindre la sainteté. Save the children est
une puissante ONG qui réclame de l’argent en permanence, jusque dans les
distributeurs de billets ! Ce faisant elle ravive la charité comme un
idéal. Cette ONG a été créée en 1919, rapidement elle devint une puissance
internationale, et cette puissance à encore augmenter avec le retrait
progressif des Etats et la mondialisation. Tout cela grâce aux petits enfants
du Tiers Monde. Elle a même payé l’ineffable Ken Loach pour qu’il fasse un film
dédié à sa gloire, The Save the Children Fund Film. Son budget est
estimé par elle-même à 2,2 milliards de dollars. L'ancienne PDG de Save the Children
International, Helle Thorning-Schmidt, a reçu 309524,12 USD en 2018 ! Elle
met au cœur de ses employés une logique de compétitivité et de performances.
Sauver des enfants c’est leur marchandise en quelques sorte. Mais cela permet
aussi de développer une philosophie politique mondialiste.
Tout cela ne l’empêche pas d’être secouée par des polémiques
sur sa collusion avec les passeurs de migrants qui se font un fric fou avec les
migrants. Cette affaire est intéressante parce qu’elle montre que cette ONG –
mais les autres aussi sans doute – a d’autant plus d’importance qu’elle gère un
grand nombre de miséreux. Si le nombre de pauvres se tarissait, alors son
chiffre d’affaire s’effondrerait. Mais comme pour vendre des Kinder ou
des MacDo, l’image de l’enfant est décisive et doit suggérer la pitié. C’est
ce qui aide le consommateur à se sentir responsable de ceux qu’il croit plus
faible que lui !
Les dictateurs aiment les
enfants, c’est bien connu
Bonus :
En ce moment on essaie de nous faire pleurer par tous les
moyens sur le sort de malheureux réfugiés qui fuient la guerre et qui tentent
de pénétrer en Europe. Voici un exemple de ce que diffuse la propagande
erdoganienne et les ONG alliées :
Sur cette image on se dit que franchement c’est une honte
que de laisser se noyer des femmes et des enfants. Mais en réalité, c’est une
question de cadrage et de découpage. Voici l’image un peu plus complète :
Evidemment c’est différent. Parce que se noyer avec 40 cm
d’eau et avec des gilets de sauvetage, c’est tout de même assez fort.
Au passage on remarquera que le cadrage permet toujours une lecture
différenciée de la réalité.
https://twitter.com/i/status/1234743910334754819