samedi 16 janvier 2021

Retombées de l’affaire Kouchner-Duhamel

 

Alain Finkielkraut et Pascal Bruckner du temps où ils jouaient à la révolution sexuelle 

L’ouvrage de Camille Kouchner est excellent, quelles que soient les qualités littéraires qu’on lui reconnaisse ou qu’on lui dénie, puisqu’en effet il a dévoilé comment l’oligarchie se comporte dans la vie réelle de tous les jours. Ce sont des bandes sans foi ni loi, formées par des gens qui passent de la gauche à la droite sans honte. Mais ils n’oublient jamais leurs intérêts personnels et savent se recaser quoi qu’il arrive. De fait qu’ils soient de gauche ou de droite c’est du pareil au même pour eux, ils sont libéral-libertaire avant tout, et dès qu’ils ont une once de pouvoir politique, intellectuel ou médiatique, ils nous le font savoir. Il suffit de voir par exemple la fréquentation d’un diner du Siècle, boutique qui pense le capitalisme en phase terminale de mondialisation et qui se goberge des avantages financiers que cela leur procure[1]. Ils sont tous là les éditocrates, les faux intellectuels, ceux qui organisent le décervelage de leurs étudiants à Sciences Po ou à l’ENA. On les trouve tous, Michel Field, Olivier Duhamel, Denis Kessler, les uns viennent du maoïsme, les autres du trotskisme, mais ils ont tous en commun de venir de cette grande bourgeoisie qui n’a compris Mai 68 que comme une révolution culturelle leur donnant accès à de nouvelles possibilités de carrière, et rien d’autre. Pour nous qui venions d’un autre milieu que celui-là Mai 68 était avant tout un mouvement prolétaire, peut-être le dernier. Eux se sont adaptés, ils sont devenus mitterrandiens, puis européistes, puis un peu sarkozystes, puis évidemment macroniens. Et s’il faut se peindre en vert pour survivre dans ce marigot, ils le feront aussi au nom de l’écologie. Donc ces jours-ci ils sont tombés du mauvais côté de la morale ordinaire. Ne parlons pas d’Olivier Duhamel, médiocre constitutionnaliste, il est maintenant mort et enterré, et sa vie ne laissera pas plus de trace dans l’histoire qu’un pet sur une toile cirée. 

Mais voici Alain Finkielkraut, un vieil académicien mal reteint – et ce n’est pas par hasard qu’il partageait ce double déshonneur avec Valéry Giscard d’Estaing. Car que soit au Siècle ou à l’Académie, on n’en devient pas membre si d’une part on n’en a pas le désir, et si d’autre part on n’est pas parrainé. Et donc il a dérapé en disant que bon on embêtait un peu trop ce malheureux Duhamel qu’au fond l’adolescent Kouchner était peut-être consentant, que peut-être ce garçon n’était pas tout à fait un enfant. Et donc on lui a ressorti ses conneries pseudo-révolutionnaires du tant qu’il était jeune, voici ce qu’il écrivait bêtement :

« Le corps de l’enfant demeure aujourd’hui en Occident le dernier territoire inviolable et privé, l’unanime sanctuaire interdit : droit de cité à toutes les “perversions”, à la rigueur, mais chasse impitoyable à la sexualité enfantine, son exercice, sa convoitise. La subversion, si l’on y croit encore, ce serait de nos jours moins l’homosexualité que la pédérastie, la séduction des “innocents” (d’où le scandale que provoquent les livres de Tony Duvert alors qu’ils devraient stimuler, susciter des vocations, dessiller les yeux). »[2]

Erreur de jeunesse dira-t-on, et puis il avait commis ce « livre » en se mettant de moitié avec Pascal Bruckner. Et bien non puisqu’on retrouve ces tics débiles dans sa prise de position en faveur de l’ignoble Olivier Duhamel. Il paye son inconsistance d’un renvoie en bonne et due forme de la chaîne de télévision LCI où il jouait les donneurs de leçon. Victime collatérale des turpitudes de Duhamel, il va disparaitre lui aussi et n’aura rien laissé de ce qui aurait pu s’appeler une œuvre malgré le grand nombre d’ouvrages qu’il a produits malencontreusement. Faux philosophe, mais vrai opportuniste, le confusionnisme intéressé qui l’anima fut aussi sa perte et son déshonneur. 

 

Mais d’autres s’en vont encore dans cette étrange charrette. Elisabeth Guigou, vieille jument de retour de la gauche caviar et de l’européisme échevelé, à la peau mal retendue, est une autre victime du tsunami qui balaye les allées et les contre-allées du pouvoir. A 74 ans elle avait trouvé un petit fromage, récompense de son macronisme têtu en tant que présidente de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Elle avait été nommée à ce poste de branleuse au mois de décembre dernier, dans la plus grande discrétion, mais patatras ! A peine nommée déjà démissionnée ! Elle a beau eu dire qu’elle ne savait pas, sa proximité avérée avec le président du Siècle l’a liquidée. Comme on le voit des postes plus ou moins honorifiques, plus ou moins rémunérateurs, de magouilleurs se libèrent à grande vitesse et accélèrent le renouvellement de la bureaucratie néolibérale. 

 

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :

On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie  

Marc Guillaume lui était partout à la fois, indispensable à tous les pouvoirs qu’ils soient de droite ou de la simili gauche, il savait se faire apprécier de ses patrons. On disait qu’il avait forcé la main plusieurs fois au gouvernement pour faire passer quelque loi biscornue. Mais l’année 2020 lui fut fatale. La démission de l’ineffable Edouard Philippe amena au poste de premier ministre l’atrabilaire et comique Jean Castex qui le démissionna de son poste de secrétaire du gouvernement. Marc Guillaume avait pourtant donné des gages sérieux de souplesse de l’échine, indispensable au Conseil constitutionnel, autant qu’au secrétariat du gouvernement, on le disait faible avec les forts et fort avec les faibles[3]. Proche des lobbies des grandes entreprises il travaille pour eux, et on dit qu’il est à l’origineau Conseil constitutionnel de la censure de la taxe sur les hauts revenus à 75% qu’avait imprudemment promise François Hollande. Mais la bouffonnerie de ce courtisan n’a eu qu’un temps et ce temps a passé. Reversé dans la préfectorale, préfet de l’Île de France tout de même, ce qui lui permettait de ne pas trop s’éloigner des cercles du pouvoir, il est lui aussi dans la charrette des Duhaméliens de choc. Il a démissionné de toutes ses fonctions à Sciences Po, à l’ENA, au Siècle et quelques autres petits fromages, ne gardant que sa fonction de préfet, il faut bien manger. Lui aussi a dit qu’il ne savait rien. D’un côté on nous dit que tout le monde savait tour, et de l’autre chacun dit qu’il ne savait rien. Mais il est probable que d’ici peu Marc Guillaume soit débarqué de ce poste important et qu’il se retrouvera dans un placard doré à tenter d’attraper les mouches qui lui bourdonneront autour. Sciences Po est touché de plein fouet parce qu’Olivier Duhamel y faisait la pluie et le beau temps. Son directeur est aussi sur la sellette. Frédéric Mion étant comme le cul avec la chemise avec lui, les mauvais esprits veulent le voir démissionner, bien que lui aussi ne soit au courant de rien, vous pensez bien, encore qu’ensuite il ait admis être au courant de rumeur. Déjà cet intrigant avait des problèmes dans la gestion financière de cette boutique, mais voila que maintenant les étudiants qui en ont marre d’être pris pour des imbéciles se réveillent de leur long coma et demandent des comptes. Ça les changera de porter le voile ou de vouloir déboulonner des statues que d’agir contre Mion[4]. Le monde donnait le coup de pied à l’âne en remarquant qu’une réforme de cette institution pourrie était indispensable ici et maintenant[5].  

Brigitte Trogneux présentant son nouveau dentier à la presse 

Olivier Duhamel n’est pas chien, ni de droite, ni de gauche, voilà maintenant que son ombre plane sur l’Elysée. On a avancé qu’il avait eu un déjeuner secret avec une certaine Brigitte Trogneux qui en matière de détournement de mineurs en connait un rayon, mais qui l’aurait consulté sur le choix du premier ministre[6]. Certes cela se passait entre les deux tours de l’élection présidentielle, mais tout de même on comprend que droite ou gauche ce monde là est tout petit une sorte de village corse où tout le monde se connait et se tutoie, même si de temps à autre on sort les poignards pour éliminer un concurrent. Et comme tous ces gens passent leur temps à se rencontrer et à grenouiller, à marchander des places, ils n’ont guère le temps de réfléchir sérieusement aux nécessités de l’heure. Il est bien plus simple d’appliquer les directives de Bruxelles ou du patronat, ce qui revient finalement au même.



[1] https://meta.tv/liste-complete-des-participants-au-diner-du-siecle-du-26-fevrier-2020/?fbclid=IwAR009kk3jBMRhbhq6EnHbKCMCc5pxlcY6c6-Z8FBjTtru7e-bkjzbQkDzFM

[2] Pascal Bruckner, Le nouveau désordre amoureux, Le seuil,

[3] https://www.marianne.net/politique/marc-guillaume-technocrate-le-plus-puissant-de-france

[4] https://www.liberation.fr/debats/2021/01/13/affaire-duhamel-nous-etudiantes-et-etudiants-demandons-la-demission-du-directeur-de-science-po-frede_1815892

[5] https://www.liberation.fr/debats/2021/01/13/affaire-duhamel-nous-etudiantes-et-etudiants-demandons-la-demission-du-directeur-de-science-po-frede_1815892

[6] https://fr.sputniknews.com/france/202101141045067099-un-dejeuner-secret-avec-brigitte-macron-et-olivier-duhamel-a-eu-lieu-durant-lentre-deux-tours-en/?fbclid=IwAR1vgrcLTB0XNsDpMt11l-OoXIEpkV1H05CNbJvd8y66k0NGm13vpSsnfrg

 

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