mercredi 13 janvier 2021

Les derniers jours de Trump et le chaos

  

L’apoplectique Trump en train d’éructer un de ses mensonges 

Le père Ubu va quitter la Maison Blanche. Et ce sera un soulagement pour tout le monde, y compris en dehors des Etats-Unis, même pour ceux qui n’aiment pas vraiment Biden. L’inanité de ceux qui pensaient à gauche que Trump ou Biden c’est la même chose, éclate maintenant au grand jour. On trouve même des trumpistes de gauche dont le cerveau gangréné par la logorrhée complotiste pense que Trump est l’anti-système. J’ai même trouvé des anarcho-trumpistes au motif qu’il n’aurait pas déclenché de guerre contrairement aux va-t-en-guerre démocrates. Que ce type soit cinglé cela devient une évidence. Mais on ne mesure pas à quel point il est aussi lâche. Quand il a encouragé ses maigres troupes de bras cassés à attaquer le Capitole, bien abrité derrière une vitre de protection en plexiglas, il est ensuite rapidement revenu en arrière, disant qu’il était avec la police et contre les trublions et que ceux-ci seraient châtiés comme ils le méritent. Mais en lâchant les chiens, il a donné des idées à l’extrême-droite américaine pour tenter de semer la panique dans un pays malade. Le FBI signalait que cette nébuleuse allait sans doute tenter de mener des actions violentes dans les 50 Etats de l’Union pour contester l’élection de Biden[1]. Si Trump a jeté beaucoup d’huile sur le feu, l’extrême-droite, même si elle compte quelques appuis dans la police et dans l’armée, est dans un tel état de désorganisation qu’elle ne peut arriver à quoi que ce soit, sauf à se ridiculiser. Devant les menaces de Trump et ses mensonges, Twitter et Facebook ont fermé ses comptes, puis ils ont fermé les comptes des QAnons – 70 000 comptes auraient été fermés – et d’autres complotistes de profession. Ici cela nous parait contraire à l’esprit de la démocratie. François Ruffin s’est même indigné, avançant qu’il n’était pas admissible de priver l’ancien président de la liberté d’expression, et que les GAFA ne pouvaient pas décider de cela[2].  Mais c’est oublié que Trump depuis des mois tente de fomenter un coup d’Etat non seulement en désinformant les populations, mais en les encourageant à la sédition et à renverser les institutions. Ce sont des choses qui ne passent pas aux Etats-Unis. De nombreux commentateurs ont comparé le comportement aléatoire de Trump à celui d’un potentat d’une république bananière, c’est le terme qu’ils ont employé, même chez les républicains. La popularité de Trump est en chute libre chez les Républicains même. Les derniers sondages montrent que seuls 45% des Républicains – donc moins de la moitié – approuvent le désordre néronien créé par Trump. On peut donc en déduire que seuls environ 20 à 25% des Américains se reconnaissent dans cette tendance putschiste qui ne veut pas dire son nom. Arnold Schwarzenegger, ancien gouverneur républicain de Californie, est sorti de sa retraite pour fustiger durement Trump qu’il a comparé à un nazi, évoquant la Nuit de Cristal par comparaison avec l’attaque sur le Capitole. Cette comparaison peut paraître exagérée parce que les séditieux américains sont bien trop désorganisés et divisés dans leurs buts, mais elle ne manque pas de fondements. Après la séance ratée du Capitole, beaucoup de conservateurs se sont éloignés encore un peu plus de Trump qui voit jour après jour son socle se rétrécir. Les chaînes conservatrices comme Foxnews qui l’avaient beaucoup aidé lors de son ascension développent maintenant des analyses plus critiques, développant l’idée que les élections n’ont pas été truquées. 

 

Une large majorité des Américains considèrent que c’est une bonne chose maintenant de le faire partir au plus tôt parce qu’il a violé les règles de la démocratie[3]. Tout cela pour dire que les GAFA qui ont laissé pendant des années l’aigre locataire de la Maison Blanche déverser sa bile sur les réseaux sociaux, ne font en réalité que se mettre au diapason de l’opinion. De chez nous il peut paraitre curieux de vouloir faire partir Trump maintenant alors que la semaine prochaine il ne sera plus à la Maison Blanche, et certains pensent même que cela restera un facteur de division dans le pays. Mais sur place on dénonce régulièrement un comportement séditieux, et une maladie mentale. On peut donc se demander si la mise au ban de Trump et des cinglés violents qui le soutiennent n’est pas aussi une manière de faire retomber la tension et d’éviter une guerre civile. On a en effet fait état de menaces terroristes venant de l’extrême-droite visant à empêcher l’investiture de Biden[4]. Certes les potentiels insurgés ne semblent pas avoir de plan très clair, et surtout ils apparaissent très divisés entre les Proud boys, des néo-nazis et des QAnon. Pour l’instant la volonté de Trump de semer le chaos s’est retournée contre lui. Non seulement la grande majorité des Américains se détourne de lui, mais il semble que sa conduite l’amènera directement vers un procès en bonne et due forme. L’impossibilité pour les trumpistes d’avoir l’armée avec eux rend leur tentative de coup d’Etat vouée totalement à l’échec. Certes il ne faut pas minimiser les conséquences dramatiques que l’attitude du président déchu peut avoir sur les violences et les attentats à venir. Mais il semble que cela ne débouchera que sur un renforcement de Biden et du camp démocrate, le parti républicain apparaissant d’ores et déjà totalement fracturé pour ne pas avoir su mettre un terme à la folie de Trump. Il est possible que la procédure contre Trump n’aboutisse à rien parce que les délais sont trop courts, mais l’idée est de démontrer non seulement que ce type est dangereux, mais qu’en outre sa folie ne restera pas impunie. En vérité il est probable que les procès à venir pour les autres turpitudes de Trump, notamment sur le plan financier, seront autrement plus ravageuses. 

L’armée américaine a pris très au sérieux les projets de coup d’Etat des trumpistes, dans une résolution étonnante et inhabituelle, les chefs d’Etat major ont non seulement condamné les violences, mais avertit qu’ils ne seraient pas du côté des séditieux et qu’ils protègeraient la Constitution et la loi. Cette déclaration est en réalité aussi une réponse aux affirmations des sites complotistes selon lesquelles, Trump étant encore le chef des armées et qu’il pourrait décider d’arrêter entre 40 000 et 50 000 personnes qu’il ferait enfermer à Guantanamo après avoir imposé la loi mariale pour rétablir son pouvoir[5]. En même temps cela veut dire que l’armée est loyaliste et qu’elle a dépouillé Trump des derniers oripeaux de son pouvoir. C’est le général Matt Milley qui a mené cette contre-offensive, il est un ennemi de longue date de Trump qui l’avait piégé pour s’afficher avec lui au moment des émeutes pour se faire photographier avec lui, tentant de démontrer que l’armée était avec lui. Le FBI a de son côté annoncé que des centaines de militants pro-Trump seront poursuivis pour sédition[6]. Le fils Trump de son côté qui a l’air aussi débile que son père a menacé directement les élus républicains qui voteraient l’impeachment. Mais ce sont les derniers feux d’une famille dont tout le monde veut maintenant se débarrasser pour passer à autre chose[7]. En tous les cas l’armée et le FBI apparaissent comme les grands gagnants de la folie trumpiste car ce sont les seules institutions capables de protéger le pays de la guerre civile. 

 

Le slogan de Trump c’était Make America Great Again – MAGA – mais il a fait tout le contraire. Non seulement les Etats-Unis ont été marginalisés et ridiculisés par sa présidence, mais sa sortie a empêtré le pays dans des querelles qui seront longues à cicatriser. Comment dans de telles conditions le pays pourrait prendre des décisions fermes et résolues sur la scène internationale ? Un des éléments assez imprévus de cette prolongation absurde c’est que les punks qui ont attaqué le Capitole et qui s’apprêtent à récidiver ont agi comme de vulgaires Antifas. Ce qui d’une certaine manière légitime ces derniers, mais qui éloigne les traditionnels conservateurs qui votent pour la droite. Mais cela oblige également Biden et les démocrates à réussir non pas une révolution, mais à apaiser le pays. Beaucoup auraient aimé voir Sanders à la place de Biden pour assurer un vrai changement sur le plan économique et social. Mais vu l’état dans lequel se trouve le pays, je me demande si finalement ce n’est pas mieux que Biden ait été vainqueur.



[1] https://edition.cnn.com/2021/01/12/politics/donald-trump-legacy-joe-biden/index.html

[2] https://www.courrier-picard.fr/id155375/article/2021-01-10/la-fermeture-du-compte-twitter-de-donald-trump-scandaleuse-selon-le-depute

[3] https://www.ipsos.com/en-us/news-polls/abc-news-rioting-democracy-011021

[4] https://edition.cnn.com/2021/01/12/politics/congress-briefing-us-capitol-threats/index.html

[5] https://edition.cnn.com/2021/01/12/politics/joint-chiefs-condemn-sedition/index.html

[6] https://www.washingtonpost.com/local/legal-issues/capitol-riot-arrests-coffman-mostofsky/2021/01/12/634441e0-54f4-11eb-a08b-f1381ef3d207_story.html

[7] https://www.kake.com/story/43135762/eric-trump-just-threatened-every-republican-member-of-congress-over-todays-vote

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