lundi 14 juin 2021

Fiasco de la manifestation contre les idées d’extrême-droite

 

Mélenchon enfariné 

Je crois que l'échec des manifestations du 12 juin 2021 est typique des erreurs stratégiques et tactiques des partis de gauche, et explique pourquoi ceux-ci sont hors-jeu politiquement pour un moment. Le samedi 12 juin 2021, une grande journée de manifestation avait été annoncée à grands coups de trompettes. Plus de cent organisations de gauche (113 disait Coquerel), plus 140 villes où devaient se tenir des rassemblements. Malgré cela il n’y avait que très peu de monde. Benoît Hamon disait que ce fiasco était la conséquence du climat de violence qu’il y a dans les manifestations ! « Les grandes manifestations populaires se font à des moments où on ne craint pas qu'il y ait des violences (...), je comprends qu'il y ait des gens qui hésitent à venir » a-t-il avancé contre toute évidence au micro de BFMTV. Coquerel lui disait qu’il ne fallait pas que ce genre de manifestation soit seulement là pour faire une photo de famille ! Mais en réalité, c’était un peu comme l’armée mexicaine. Que des généraux et peu de soldats ! A Paris il y avait un peu moins de 1000 personnes. C’était un échec complet. Si on suit les chiffres distribués, il vient que 100 organisations de gauche n’arrivent pas à dépasser 1000 personnes lors de ce type de rassemblement, soit moins de 10 personnes par organisation ! Cette myriade d’organisations de gauche n’était pas arrivée à trouver un slogan commun. Mélenchon fut enfariné comme un vulgaire Bernard Henry-Levy ! L’enfarineur fut interpelé par la police puis relâché au motif qu’enfariner quelqu’un n’est pas un délit ! C’est une leçon pour Damien Tarel qui s’il avait enfariné le clown de l’Elysée, ne se serait pas pris 4 mois de ballon. J’espère que cette leçon sera retenue par les contestataires anti-macroniens et que dorénavant au lieu de gifler le locataire de l’Elysée ils se contenteront de l’enfariner. 

Paris le 12 juin 2021 

Mais revenons aux véritables raisons de cet échec. D’abord le ridicule de cette manifestation était qu’elle se proposait de manifester contre des idées. C’est tellement flou que ça ne veut plus rien dire du tout. On peut manifester contre un pouvoir une organisation, mais contre des idées c’est un peu à côté de la plaque. On ne sait pas ce que recouvre cette idée saugrenue de manifester contre les idées de l’extrême-droite. Le vague de cette manifestation permet de ne fâcher personnes et les lobbies racialistes, indigénistes ou LGQBT peuvent toujours s’y reconnaître dans cette victimisation. Ce cette gauche de comédie qui se bat mollement contre les privatisations, la destruction de la Sécurité sociale ou le délabrement voulu de l’hôpital public n’a plus rien d’offensif. Elle tente de vivre sur la rente des vieux réflexes pavloviens de l’antifascisme. A force de dénoncer un fascisme pourtant réduit à l’état de fantôme depuis des lustres, la gauche de comédie se ridiculise et fait étalage de toute sa faiblesse. Si c’est stratégiquement idiot, tactiquement, c’est désastreux. Qui peut bien avoir envie de défiler avec Benoît Hamon et Éric Coquerel ? Qui veut se placer derrière Clémentine Autain et Jean-Luc Mélenchon ? Ça fait des années qu’on répète à cette bande d’apprentis-bureaucrates que le combat antifasciste n’est pas à l’ordre du jour, on a beau monter quelques événements isolés pour tenter de faire croire à une menace factieuse ou fasciste, le peuple n’y croit pas. Alors que de graves problèmes économiques, sociaux et environnementaux pèsent sur notre quotidien et que le pays est à cran, la gauche qui se cherche une raison de voter pour Macron, représentant d’une droite extrême et violente, au deuxième tour de la présidentielle, se perd dans des combats obscurs qui n’intéressent personne. Quelles sont les libertés menacées ? Le savent-ils ? Quand on a manifesté cet automne contre la loi sécurité globale, on visait précisément l’article 24 de cette loi. C’était extrêmement précis, il y a eu beaucoup de monde pendant des semaines. Et finalement cet article a été censuré fort justement par le Conseil constitutionnel[1]. Mais là nous n’avons rien de tel, on manifeste contre des idées – lesquelles ? – que certain parti pourrait adopter s’il arrivait au pouvoir, mais ce n’est pas sûr. Outre les caricatures qui ouvraient le cortège, il y avait donc cette incapacité à rassembler autour d’un terme porteur. 

On trouve le schéma ci-dessus sur les réseaux sociaux. Produit par La Horde et Reflex, cette myriade d’associations et de micro-partis est sensée nous faire comprendre que cette multiplication est la preuve d’une avancée réelle du fascisme dans notre pays. Mais c’est exactement le contraire, si le fascisme était un danger réel et immédiat, il serait facile de l’identitifier à un parti violent et insurrectionnel. La plupart de ces organisations et partis sont des coquilles vides qui n’existent que pour flatter les egos de leur créateur. De Lesquen ne représente rien, Jérôme Bourbon, non plus. Ce sont à peine des épouvantails à moineau. Classer également François Asselineau dans la fachosphère est une imbécilité sans nom, comme d’ailleurs pour Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan. Pour arriver à cet amalgame, il faut tordre complètement les propositions politiques des uns et des autres, sans que l’on comprenne souvent la logique qui y préside. Mais que vient faire RT – Russia Today – organe de propagande de la Russie sur notre sol dans cette nébuleuse ? La Russie poutinienne serait-elle devenue la matrice du nouveau fascisme mondial ? La Gauche patriote de l’acteur Frank de Lapersonne n’existe que sur le papier. Ceux qui comptent dans ce schéma, le RN, Valeurs actuelles, Zemmour, se sont éloignés radicalement de toute idée de coup d’Etat et de prise du pouvoir violente. Ils ne diffusent d’ailleurs pas d’idées qui iraient dans le sens d’une suppression des libertés démocratiques ou qui s’attaqueraient à la laïcité. On peut dire qu’ils cachent bien leur jeu, si on veut, mais on pourrait dire la même chose pour les organisations de gauche qui sous couvert de combats pour démocratie ne rêvent que de soumettre la France à un régime dictatorial de type stalinien, ce n’est pas sérieux. Le fait justement que la droite radicale – l’extrême-droite, la vraie – ne pèse rien rend caduque l’idée même d’une menace fasciste qui monterait. Le Front National s’est complètement « dédiabolisé », c’est juste une boutique comme une autre, libérale, européiste, affairiste.  Sa seule particularité est de prétendre lutter contre l’immigration. Les organisations d’extrême-droite, réduites à la portion congrue sur le plan de leurs effectifs, dénoncent d’ailleurs Marine Le Pen et le RN comme des politiciens de gauche, voire gauchistes. Mais en outre, les Français dans leur très grande majorité se méfient du RN comme de Marine Le Pen.

 

Manifestation à Rouen

En vérité, on n’a pas besoin d’être en accord avec les idées de droite ou d’extrême-droite pour comprendre que cette posture antifasciste est ridicule. Il n’est pas besoin de caricaturer les idées du RN pour s’en tenir à l’écart, il suffit de faire la critique de son programme qui est aussi changeant qu’à géométrie variable[2]. Mais cette paresse intellectuelle des « gens de gauche » leur évite en vérité de se poser la question suivante : pourquoi le RN est-il aujourd’hui le premier parti pour le vote ouvrier ? Se poser cette question les obligerait à réviser leur programme et à analyser autrement la question sociale, à écouter le peuple au lieu de vouloir l’éduquer. Allant d’échec en échec, la gauche se décompose de plus en plus depuis l’échec de Mélenchon à la présidentielle de 2017, et ressemble à un ramassis de groupuscules répulsifs. Normalement ses leaders devraient tenir compte de cela s’ils avaient un minimum de lucidité. Mais non, ils persistent dans l’erreur au lieu de disparaître et de laisser la place à plus compétents qu’eux. Vendredi je discutais avec des Insoumis qui faisaient la retape pour la manif. Je leur disais qu’au lieu de déconner avec un fascisme qui n’existe pas et avec la lutte contre l’islamophobie, ils feraient mieux de développer un programme attractif. Ils m’ont rétorqué qu’ils en avaient bien un excellent, l’Avenir en commun. Mais alors pourquoi ne pas le développer au lieu de persister dans l’erreur. Il est vrai que ce programme se heurte rapidement à sa possibilité d’être appliquer en restant dans l’Union européenne et avec la monnaie unique. Mais au moins il y aurait un débat d’idée. Macron bénéficie d’une voie royale, non pas parce qu’il est apprécié, c’est même l’inverse, mais parce que ses opposants sont à la limite du ridicule. Que cette gauche se noie dans des combats sans intérêt prouve à tout le moins que si elle est stupide, elle est l’alliée objectif du pitoyable Macron. Mélenchon devrait prendre sa retraite, chaque fois qu’il s’en va manifester, il se trompe de cortège et de combat. Il portera jusqu’à la fin de sa carrière politique – c’est pour bientôt – cette honte d’avoir défiler derrières les Frères Musulmans qui criaient Allahou akba. Clémentine Autain également et Benoît Hamon qui est dans un coma dépassé devrait faire un autre métier[3]. Benjamin Griveaux a eu au moins cette lucidité d’abandonner la politique. 

En campagne à Nantes, François de Rugy a été enfariné 

Le même jour le misérable François de Rugy qui a la prétention de se faire élire aux régionales, s’est fait enfariner à Nantes par une femme qui lui a crié : « Rends le homard ! ». Comme elle a eu raison de réclamer le homard ! Ce sinistre comédien a décidé de porter plainte non pas contre la farine, mais contre la femme qui l’a jetée[4] ! Décidemment le divorce du peuple d’avec les politicards de profession est consommé. Cette semaine le prouve. Evidemment au lieu de se poser la question de savoir pourquoi les relations entre les élus et le peuple sont aussi tendues depuis au moins le mouvement des Gilets jaunes, il s’en remet à l’antienne selon laquelle les enfarineurs ou les gifleurs seraient des sortes de terroristes ultra-violents qui n’auraient que pour objectif de détruire la démocratie. Mais la réalité est que le niveau d’exaspération des Français est tellement élevé qu’on peut craindre le pire. Les partis de gauche qui ont longtemps canalisé la colère populaire ont maintenant une crédibilité proche de zéro. François de Rugy vient d’EELV, ce parti soi-disant écologiste et soi-disant de gauche qui fournit périodiquement des cautions à la droite et des ministres en carton à Macron.


[1] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/20/le-conseil-constitutionnel-censure-l-ex-article-24-de-la-proposition-de-loi-securite-globale_6080897_3224.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/02/a-lextreme-droite-la-debandade-face.html

[3] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/05/le-poids-de-la-gauche-aujourdhui-et.html

[4] https://www.nicematin.com/faits-de-societe/rends-le-homard-enfarine-a-nantes-le-depute-lrem-francois-de-rugy-porte-plainte-694716

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