jeudi 9 septembre 2021

Dernières nouvelles de la Cancel Culture

 

Pourquoi cette forme rétrograde de maccarthisme a-t-il pris tant d’importance dans le monde occidental, au point de passer pour une révolution culturelle ? Ce mouvement a été comparé à ce que faisaient les maoïstes à la fin des années soixante. C’est ce que j’avais fait[1]. Mais les proximités cachent de profondes différences. La première est que les WOKE sont tolérés par les Etats occidentaux qui jugent leur action tout à fait légitime.

La première idée qui nous vient est que cette Cancel Culture ou pensée WOKE est d’abord portée par des ignorants et des imbéciles. Ce n’est pas faux, mais c’est insuffisant parce que ceux-ci s’autolégitiment à partir de leur appartenance à des institutions tout à fait bourgeoises qui s’adjugent le droit de juger et de condamner tout ce qui ne leur plait pas. Laurent Mucchielli en a fait récemment les frais pour avoir dénoncer les conséquences d’une vaccination généralisée et contestable[2]

Geoffroy La Gasnerie, bourgeois décadent, dont la culture tient sur un timbre-poste, n’arriverait pas à vendre sa soupe aigre s’il ne s’abritait pas derrière le fait qu’il est un universitaire et donc qu’il parle au nom de la science, d’une science qui serait supérieure au bon sens. Même remarque pour le médiocre Éric Fassin qui n’est même pas arrivé à faire de thèse, mais qui a obtenu tout de même un poste de professeur. C’est de là qu’il va falloir partir, de quelques médiocres sociologues en mal de pouvoir qui cherchent à intervenir sur le cours des choses, non pas en faisant adhérer les masses populaires à leurs délires, mais à imposer dans les bibliothèques et les écoles des normes qui éradiquent la contradiction. Il serait erroné de croire que ce comportement fascisant vient seulement d’une gauche qui a perdu tout contact avec la réalité du peuple, le cas de Mucchielli montre que la droite peut engendre ce même type de pratique dès lors qu’elle se sent contestée dans ses aspirations.

Le fait que ce type de comportement maccarthiste soit porté par les universités, les journalistes et les maisons d’édition, montre à quel point ces institutions se sont effondrées dans leur fonctionnement. 

 

Il y a quelques mois, c’était Pépé le putois qui était dans le collimateur. Dénoncé comme propageant la culture du viol dans les têtes de nos jeunes bambins[3]. Un imbécile qui a pignon sur rue Charles M. Blow, éditorialiste au New York Times, du haut de sa suffisance et de ses maigres capacités d’analyse, nous expliquait tout ce qu’on n’aurait pas compris. En sommes en rigolant aux aventures de Pépé le putois, on serait déjà sur la mauvaise pente, à la limite du nazisme. La plupart des personnages de dessins animés qui ont été créés il y a plusieurs décennies sont dans le collimateur des WOKE. Cette éradication de la mémoire collective a été relancé ces jours derniers par la volonté du Conseil scolaire catholique de l’Ontario de détruire des livres et des bandes dessinées en grande quantités, notamment les aventures de Tintin et celles de Lucky Luke ou encore de ce malheureux Astérix[4]. Cette forme de débilité mentale a été menée par Suzy Kies une femme qui revendiquait faussement des origines autochtones pour justifier de son entreprise de destruction. Elle fut prise la main dans le sac du mensonge, elle n'avait aucun ancêtre autochtones[5]. Elle dût démissionner du parti libéral où elle copinait avec l’ignoble Trudeau, sorte de macron du Grand Nord, qui passe son temps à faire la main aux islamistes de tout poil. Tout cela alimenta un scandale de grande dimension, au Canada et dans le monde, et le Conseil de Providence dût suspendre cette entreprise de destruction massive[6]. Ce qui relève d’un refus de voir le Canada se talibaniser un peu plus. Le prétexte pris par Suzy Kies est que ces bandes dessinées donnent une présentation erronée des peuples autochtones et donc qu’il faut dans un esprit de réconciliation corrigé cela en expurgeant toutes les productions culturelles qui vont dans le sens qui ne lui plait pas à elle et à quelques-uns de ses collègues. 

 

Soyons juste avec eux, les nazis, les talibans et les tenants de la Cancel culture, ont compris l’importance du langage et des représentations. Ils savent que c’est par là qu’ils peuvent être contrariés. Cette talibanisation généralisée qui vise à imposer des normes de pensée possède une logique propre et beaucoup de défauts. D’abord, j’insiste sur ce point, éradiquer une culture qui met en scène des différences culturelles n’est pas compatible avec l’idéal de la mondialisation. Celle-ci ne supporte que les pensées lisses et peu contrariantes. Le modèle ce sont les talibans qui n’aiment à peu près rien, ni la musique, ni les femmes, ni la peinture, ni les œuvres d’art. Et surtout par le rire. Mais le rire est l’essence même de la subversion. Or à l’évidence on ne peut guère rire d’autre chose que des différences. Le rire recèle une forme de cruauté qu’il faut bien assumer. C’était bien cette question qui était posée par les caricatures de Charlie qui avaient entraîné la haine mortelle des islamistes à leur endroit. Et évidemment si on rigolait des caricatures, c’était une manière de désigner l’Islam comme une religion faite pour maintenir des imbéciles dans l’ignorance. Il ne s’agit pas d’approuver Tintin ou Lucky Luke, productions pour lesquelles je n’ai jamais eu de goût, on peut évidemment les critiquer sous tous les angles, pourquoi pas. Mais ce qui est choquant c’est de vouloir les faire disparaître comme quelque chose qui fait peur. Dans cette affaire du Conseil scolaire de l’Ontario, il s’est agi, non seulement de purger les bibliothèques, mais aussi de bruler les livres et de les enterrer. Ces pratiques inquisitoriales sont proches de ce que faisaient les nazis et de ce que font les talibans. L’idée de liberté et de démocratie c’est le contraire, qu’on soit d’accord ou non avec Tintin, Hergé était en effet un nazi, on peut laisser les gens se faire une opinion par eux-mêmes, ils sont au moins aussi intelligents que la menteuse Suzy Kies qui se fait passer pour ce qu’elle n’est pas. Je fais remarquer que les WOKE au Canada ne se mobilise pas contre les publications des « pamphlets » du nazi Céline qui sont en vente libre dans ce pays. La volonté d’exterminer les Juifs manifestée par Céline serait-elle moins pernicieuse qu’un dessin animé de Tom & Jerry ? Mais je ne veux pas interdire Céline. Mon idée serait, comme disait Marx, plutôt de « rendre la honte plus honteuse en la livrant à la publicité »[7]. On retrouve ici l’idée de démocratie, en effet celle-ci suppose que les citoyens ont la capacité de se former un jugement par eux-mêmes et n’ont pas besoin en permanence d’un tuteur, souvent moins instruit qu’eux, qui leur indique ce qu’ils doivent penser. On trouve des crétins qui s’appliquent à réécrire les livres, comme cet Alan Gribben qui enlève le mot « nègre » des œuvres de Mark Twain pour le remplacer par le terme esclave[8]. Ce petit traficotage disqualifie évidemment ce vieux con qui ne semble ne pas avoir compris ce que c’était que l’histoire et que la culture c’était aussi de l’histoire, un reflet de ce qui s’est passé dans le temps. Ceci dit si ce crétin ne s’était pas lancé dans une telle entreprise de négationnisme intellectuel, il est probable que personne ne saurait qui il est. Autrement dit sa gloire très éphémère tient principalement au fait qu’il se permet de faire la leçon à Mark Twain ! 

La haine de la culture qu’on peut aussi définir comme la haine de soi, va très loin. Comme les nazis les WOKE veulent brûler les livres, et au Canada l’Eglise catholique le fait ! « Là où l'on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes » écrivait Heinrich Heine[9]. Mais les WOKE différent un peu des nazis qui voulaient se purifier par le feu, en ce sens qu’ils ne font pas que bruler les livres, ils les enterrent également ! Et là l’inconscient parle. En effet en enterrant des livres, ils s’enterrent eux-mêmes puisqu’évidemment ils pourchassent la culture qui les a formés plus ou moins bien. Mais enterrer des livres c’est aussi donner l’idée d’une résurrection possible, en plantant des graines. Ce sont des catholiques qui se livrent à cette fantaisie. Contrairement aux nazis, ils croient à la résurrection des corps et donc finalement des livres !

« En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » Jean, 12-24.

Plus on les enterrera profondément, et plus ils seront féconds ! C’est indirectement ou inconsciemment un aveu de culpabilité. Au fond, incapable de faire la critique de la culture qu’ils ont consommé pendant des siècles, les WOKE préfèrent la cacher à leur regard et au regard des autres, des fois que cette culture ancienne qui plonge ses racines très loin dans l’Antiquité, interroge leur propre ignorance au risque de leur faire perdre leur magistère. Cette haine pour le savoir et cet amour de l’autodafé n’a été présent dans l’histoire de l’Occident qu’à trois reprises : l’Inquisition, le nazisme et aujourd’hui les adeptes de la cancel culture. Ailleurs ce fut le maoïsme, Pol Pot et les Khmers rouges puis aujourd’hui les suicidés de la culture occidentale et autres obsédés de la race. La critique de la culture occidentale est certainement salutaire et nécessaire, mais prendre ce prétexte pour installer une terreur intellectuelle est une monstruosité, un négationnisme de toute notre histoire. 

Une autre forme de Cancel culture 

An nom de la race, de l’origine autochtone ou non, on en vient à balancer des fatwas à la manière des talibans. Il ne s’agit pas de critiquer un point de vue, par exemple Eugène Sue avait été très critiqué notamment pour Les mystères de Paris en considération de la manière de parler des ouvriers, mais tout simplement d’interdire[10]. Donc un non ouvrier ne peut parler des ouvriers, un blanc ne peut pas parler des noirs, etc. il y a une sorte d’apartheid culturel qui va contre l’idée ancienne qui a formé l’Occident selon laquelle la culture doit produire de l’universel. Dans un article fort bienvenu, Stephen Carrière décrit l’affaire Amanda Gorman, cette obscure poétesse mais militante néo-féministe et néo-antiraciste Quelques personnes encore plus obscures qu’elle, ont eu l’idée saugrenue de traduire sa poésie que personne ne lit[11]. Le problème était que c’était des blancs qui voulaient le faire tollé, monstrueuse campagne de publicité qui semble finalement être le but ultime de cette fantaisie. Fayard qui a flairé, à tort à mon avis, la bonne affaire a fait réaliser une traduction politiquement correcte par Lous and the Yakuza, une chanteuse « belge » mais toute noire ! Ce racisme à l’envers nous indique que pour traduire une œuvre, il faut avoir la bonne couleur de peau ! Si tu n'as pas la bonne couleur, tu es exclu du processus, même si tu es compétent. Le problème n’est pas qu’Amanda Gorman soit ce qu’elle est, mais plutôt qu’elle se croit ce qu’elle n’est pas ! Elle croit à son importance parce qu’elle a acquis un quart d’heure de gloire justement parce que le système médiatique dominé par les blancs à la recherche d’une rédemption a décidé de la promouvoir au nom de ce qu’on appelle la discrimination positive. Parmi ses autres « qualités » si on peut dire, elle est diplômée de sociologie, on ne sait pas dans quelle sous-matière, mais qu’elle fut aussi la caution morale de Biden après l’affaire George Floyd et les Black lives matter. Elle est clairement le produit marketing du forcing qui est fait pour que les gens admettent une discrimination positive par la couleur de la peau. La pensée WOKE est donc bien une marchandise et un business comme un autre avec Amanda Gorman comme tête de gondole aux Etats-Unis. Ainsi va le spectacle et sa marchandisation dans le monde décomposé d’aujourd’hui.

Armanda Gorman, caution multiculturaliste de Joe Biden 

L’ennui avec tout ce cirque, c’est qu’il ramène avec lui une forme de puritanisme qui s’accommode bien de la pornographie ambiante, mais qui ne supporte pas de rire et de s’amuser. Les talibans, Macron, les WOKE sont tous les figures de ce nouvel autoritarisme qui ne veut pas dire son nom mais qui envahit la planète, que ce soit avec les obligations vaccinales au nom de la santé publique, ou les interdictions de toute sorte au nom du politiquement correct, la vie publique devient un enfer où les libertés de vivre et de penser se réduisent comme une peau de chagrin. Cependant, nous savons que les zones de résistance existent, les WOKE ont dû reculer face au tollé mondial que leur autodafé de Lucky Luke a provoqué, et chaque samedi des Français défilent contre les ambitions de Pfizer de nous piquer, comme des femmes en Afghanistan relèvent la tête courageusement contre les talibans, tandis que les hommes sont absents de la scène politique, quand les plus courageux d’entre eux ont pris la fuite en abandonnant femmes et enfants à leur triste sort, sans que les néo-féministes le lèvent un peu la voix, préférant défendre le port du voile pour les fillettes et prêtent à se battre pour imposer l’écriture inclusive. Comprenons cette offensive générale contre les libertés comme la conséquence de la mondialisation et de la démission des Etats au profit du marché. Certes il est beaucoup plus dangereux de protester contre les talibans en Afghanistan, que de cracher sur les imbéciles de la cancel culture, mais c’est en défendant la liberté ici, notamment contre l’imposition du voile, que nous aideront au mieux les femmes qui luttent pour leur survie en Afghanistan. 

Afghanes protestant contre les talibans à Herat le 2 septembre 2021

LE POINT DE VUE DE RAYMOND DEVOS

" C'est terrible, mais je suis bien obligé de le reconnaître : je suis raciste !

Je viens de m'en rendre compte en mettant en route ma lessive du jour : j’ai séparé le blanc des couleurs ! Affligeant ! Et dire que j'agis ainsi depuis des années ! Et circonstance aggravante, avec une lessive qui lave plus blanc que blanc ! C'est pathétique... Comme monsieur Jourdain dans un autre domaine, j'étais raciste sans le savoir !

Du coup, je suis d'une humeur noire. Ça ne va pas arranger les choses...

Oh, je savais que je n’étais pas blanc comme neige. J'ai connu des périodes noires. Dans un précédent emploi, on m'avait donné carte blanche. Résultat, j'ai monté une caisse noire ! Quelques temps plus tard, alors que j'étais déjà connu comme le loup blanc, j'ai travaillé au noir. Découvert, j'ai essayé de montrer patte blanche, mais j'ai été placé sur liste noire. Et comme disait le chanteur, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir !

Alors que faire ? Pour sûr, j'avais mangé mon pain blanc. Je dirais bien que j'ai pleuré à l'arme blanche, mais ça serait de l'humour noir. Alors, dans la glace, je me suis regardé dans le blanc des yeux. Pas question de me retrouver dans une misère noire ! L'avenir restait une page blanche. Inutile de voir tout en noir ! Je pouvais sortir blanchi de tout ce sombre passé. Finis les noirs projets ! Je serais désormais plus blanc que neige ! Finie la série noire !

Et patatras ! Voilà que je me découvre raciste ! Mais c'était cousu de fil blanc. Je dois être la bête noire de quelqu'un, c'est sûr. Tout de même, ce sera un jour à marquer d'une pierre blanche ! Bon, je ne vais pas tout peindre en noir. D'autant que c'est bientôt la semaine du blanc. Inutile de broyer du noir... Ni de me faire des cheveux blancs...

Allez, je vais me servir un petit noir. Et puis non, plutôt un petit blanc. Avec un morceau de chocolat noir. Et un peu de fromage blanc. Ça me remontera.

Tiens ! Il commence à faire nuit noire ! Je vais regarder un vieux film. En noir et blanc. Chouette, c'est une version originale, sous-titrée ! Si, si, c'est écrit dans le programme ! Noir sur blanc. "


[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/02/revolution-culturelle-en-occident.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/08/la-bataille-du-vaccin-nest-pas-terminee.html

[3] https://www.marianne.net/culture/cultures-pop/apres-pepe-le-putois-ces-sept-personnages-bientot-sur-la-sellette-de-la-cancel-culture

[4] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1817537/livres-autochtones-bibliotheques-ecoles-tintin-asterix-ontario-canada

[5] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1822333/livres-suzy-kies-gardienne-savoir-parti-liberal-autochtones

[6] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1822456/conseil-scolaire-providence-livres-tintin-suspendu-brules

[7] Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel [1843], éditions Costes, 1946.

[8] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/499428/nigger-huckleberry-twain

[9] « Les dieux en exil », La revue des deux Mondes, 2e série de la nouvelle période, tome 2,1853.

[10] https://actualitte.com/article/99460/tribunes/l-appropriation-culturelle-et-les-sensitivity-readers

[11] https://actualitte.com/article/99460/tribunes/l-appropriation-culturelle-et-les-sensitivity-readers

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