dimanche 20 mars 2022

Quelle lecture géopolitique de la guerre en Ukraine peut-on faire ?

  

Je ne suis pas spécialiste de géopolitique, mais en tant que citoyen, puisque cette guerre nous concerne tous de près ou de loin, je vais essayer d’en faire une lecture. Il y a plusieurs lectures qu’on peut faire de la guerre en Ukraine. La première est celle que nous vendent les médias occidentaux. Par exemple dans Le monde daté du 18 mars 2022, Alain Frachon qui n’a jamais compris grand-chose a suggéré que la guerre déclenchée par la Russie était le résultat de la seule initiative maniaque de Poutine[1]. C’est tout juste s’il ne nous sert pas l’antienne selon laquelle Poutine est fou et seul responsable de cette guerre. Jacques Sapir qui connaît mieux la Russie que le malheureux Frachon, propagandiste de la mondialisation étatsunienne, a au contraire avancé que Poutine ne pouvait pas avoir pris la décision d’intervenir militairement en Ukraine tout seul C’est comme si on expliquait la guerre déclenchée par Hitler uniquement par sa folie, alors qu’il était mandaté par les gros industriels allemands qui le finançaient. On sait depuis très longtemps qu’Hitler et son parti avaient un mandat de ceux qui les finançaient. Cela a été révélé par les Mémoires de Von Papen[2]. Et le mandat considéré ne pouvait être qu’une forme de reconstitution de l’impérialisme allemand qui visait à une domination complète sur l’Europe, éventuellement avec la complicité des Etats-Unis. C’est une constante dans l’histoire de l’Allemagne, passée aussi bien que récente de construire sous sa direction un impérialisme européen. Ce projet poursuivi avec obstination est maintenant abouti avec l’aval des Américains, il s’appelle l’Union européenne[3], institution dans laquelle tous les postes clés sont détenus par des Allemands et où les économies concurrentes de l’Allemagne sont devenues naines à l’exemple de la France qui a accepté sa propre désindustrialisation et son appauvrissement continue depuis son entrée dans l’euro. Certes son aboutissement est particulièrement instable et mènera probablement à sa dissolution, mais ce projet existe bien et ne relève pas du fantasme. Regardons la carte ci-dessous, elle révèle la poussée expansionniste de l’Allemagne vers l’Est dans le moment de Seconde Guerre mondiale. C’est bien l’Allemagne qui a tout fait pour intégrer les anciens pays de l’Est qui étaient dans l’orbe de l’URSS ou qui lui appartenaient. Si nous regardons la guerre en Ukraine comme le résultat de la volonté expansionniste au long des siècles passés, il vient deux réflexions :

– la première est que l’OTAN[4] est le bras armé de ce projet qui n’est qu’à la marge un projet qui intéresse les Américains, même s’ils sont les premiers financiers de cette bureaucratie ;

– la seconde est que l’Allemagne, notamment pour des raisons gazières ne peut pas entrer directement en conflit avec la Russie. Et puis l’Allemagne qui fait la guerre à tout le monde, de la Yougoslavie, jusqu’à la Grèce en passant par l’Ukraine, le fait d’une manière détournée. Elle soutient tel ou tel campa belligérant – par exemple elle soutient et arme les Turcs qui attaquent périodiquement la Grèce, ou alors elle pille ce malheureux pays grâce à la logique de l’intégration monétaire, l’euro tuant plus sûrement que les chars la volonté d’émancipation des peuples périphériques.

Il est absolument urgent que la France sorte de l'OTAN et de l'Union européenne pour ne pas se laisser associer à ce désastre annoncé.

  

C’est donc un jeu qui se joue principalement à deux. L’Allemagne et la Russie, les Etats-Unis et l’OTAN apparaissent manipulés par l’Allemagne. On a donc un jeu de poupées russes, l’Allemagne pousse l’OTAN qui pousse l’Ukraine à ne pas respecter les accords de Minsk et qui se heurte à la puissance de feu russe pour son malheur. Je ne rappellerais pas ici le fait que la guerre dure dans le Donbass depuis huit ans maintenant, ni les innombrables provocations de l’OTAN manœuvrant dans la Mer Noire, seuls ceux qui manquent de mémoire les auront oubliées. Parmi les idées tenaces des Allemands, il y a celle de mettre la main d’une manière directe ou indirecte sur le gaz et le pétrole russe et sur les blés de l’Ukraine. C’était déjà on s’en souvient un des buts de l’opération Barbarossa en 1941, avec celui de réduire les Russes à une main d’œuvre abondante et quasi-gratuite car réduite à l’esclavage. Stratégiquement il s’agissait, comme aujourd’hui, de prendre le contrôle total de la Mer Noire. Il est encore trop tôt pour dire qui sera perdant à ce jeu de trompe-couillon. Pour ma part, je pense que l’Allemagne sera la grande perdante. En effet, apprentie sorcier, elle n’a pas compris le jeu dangereux qu’elle jouait, autrement dit, comme en 1941, elle a sous-estimé la résistance des Russes, et a cru qu’il lui serait facile d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN qu’elle a à sa main et dans l’Union européenne qu’elle contrôle sans partage. Ursula von der Leyen a lancé l’idée stupide d’une intégration accélérée de l’Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie, mais pour cela il faut, violer les règles qui déterminent l’intégration avec l’assentiment des 26 autres pays membres. Mais l’Union européenne a capitulé et a dit – contrairement sans doute à ce qu’elle avait fait miroiter à Zelensky – que le processus d’intégration prendrait des années. Après la guerre les Ukrainiens vont certainement s’interroger sur le rôle de pousse-au-crime de l’Allemagne et sur l’instrumentalisation de Zelensky qui les a entraînés dans cette salade. 

La Russie et la Chine ont scellé une alliance en bonne et due forme 

Les sanctions infligées à la Russie sont censées accompagner la guerre en Ukraine et faire plier Poutine. Cette fable oublie que les guerres déclenchées par les Etats-Unis, toutes plus meurtrières les unes que les autres, au Vietnam, en Irak, au Chili ou ailleurs, n’ont jamais fait l’objet d’un froncement de sourcil de la part de leurs vassaux européens. Toute cette gesticulation ne masquera pas les revers constants de la politique expansionniste des Etats-Unis et de l’OTAN. Manifestement ce ne sont plus les Etats-Unis qui mènent le jeu, ils se sont fait discrets, et ils se contentent de leur rôle de marchands d’armes. C’est l’impérialisme allemand, concurrent du premier en déconfiture évidente, qui a pris l’initiative et qui essaie d’avoir le beurre ukrainien et le gaz russe en même temps. Mais toute cette histoire nous parait mal pensée, les Allemands ne sont jamais très bons dès lors qu’ils jouent les rusés. Cette stratégie de la tension totalement inconséquente va être un piège pour l’Europe qui se sera alignée sur les imbécilités de Berlin et plus particulièrement pour l’Allemagne. Certains analystes un peu moins stupides qu’Alain Frachon commencent à comprendre que la Russie possède d’une certaine manière des alliés, à commencer par la Chine et l’Inde qui continuent à acheter au prix fort maintenant du gaz et du pétrole. Or il ne faut pas être bien malin pour comprendre que le dynamisme de l’économie ne se trouve ni en Europe ni aux Etats-Unis, mais bel et bien en Asie. Même en s’alliant avec les Etats-Unis, la vieille Europe n’a absolument pas les moyens de s’opposer à une alliance entre la Chine, la Russie et l’Inde qui représente de fait la moitié du monde, et qui pousse ses pions en Afrique qui est probablement un continent très prometteur. L’éviction progressive de la France au profit de la Russie et de la Chine en est le signe avant-coureur. Le camp occidental – dit le camp du bien ou de la démocratie – est rongé par ses divisions. Les exemples dans le domaine de la vente d’armes ne manquent pas, c’est l’Australie qui ouvertement prend Macron pour un con, sachant qu’il n’a pas les moyens intellectuels de répondre à la provocation de Camberra d’avoir déchiré son contrat pour l’achat de sous-marins. C’est également l’Allemagne qui au nom de l’Union européenne se réarme en achetant des avions de chasse américains pour cracher un peu plus sur l’adolescent qui fait semblant de présider la nation française mais qui, avec son ministre des affaires étrangères est incapable d’anticiper quoi que ce soit et de réagir. L’affaire de la vente de trente-cinq avions de chasse par l’Allemagne aux Etats-Unis est symptomatique[5]. En faisant cela, l’Allemagne flatte les Etats-Unis en pleine déconfiture qui se sont fait virer de partout, en Afghanistan comme en Syrie, mais elle affaiblit un peu plus l’industrie de l’armement français, alors que par ailleurs elle est partie prenante du programme SCAF – Système de combat aérien du futur – ce qui lui permet de piller tranquillement notre technologie sans fournir de contrepartie puisqu’en la matière les Français sont plus avancés que les Allemands. Macron trop occupé à se faire photographier mal rasé et en sweet-shirt d’un régiment de parachutistes n’a absolument rien dit de même que les divers candidats à la présidentielles qui ont la tête ailleurs manifestement[6]. Les Allemands suivent une mauvaise politique pensant que c’est leur intérêt pour retrouver une hégémonie perdue après la défaite de 1945, mais enfin ils suivent une politique, ce n’est pas le cas de la France dont les politiciens se perdent dans les sables des querelles stupides et inutiles. 

Pendant que les idiots de la Macronie délirent sur les ondes, les gens sérieux ont engagé des négociations 

Les négociations entre l’Ukraine et la Russie qui n’ont jamais cessé depuis le premier jour de la guerre, vont probablement bientôt aboutir, laissant l’Ukraine à l’Etat de ruine, et les bonnes âmes allemandes sont très bien placées pour se saisir de ce vaste marché de la reconstruction qui se fera avec l’argent de l’Union européenne, c’est-à-dire avec nos impôts, tandis que Zelensky obtiendra peut-être, mais ce n’est pas sûr à cause de la concurrence de Greta Thunberg, le prix Nobel de la paix[7]. La conséquence des sanctions aura été des gains substantiels pour le capitalisme allemand à très court terme, et probablement Berlin tentera de réactiver rapidement Nord Stream II qui est à l’arrêt, faisant un pied de nez au gaz de schiste ruineux des Américains dont le prix est intéressant uniquement quand le prix du gaz russe s’envole. On remarque d’ailleurs que durant cette guerre en Ukraine, les Allemands n’ont jamais cessé d’acheter du gaz et du pétrole à la Russie, le payant très cher et permettant ainsi que cet argent entretienne l’effort de guerre de Poutine. Entre temps les sanctions économiques auront eu pour conséquence non seulement de renforcer un rapprochement indo-sino-russe, mais de pousser encore un peu plus la Russie à accélérer son autonomie agro-alimentaire et financière par rapport à l’Occident en pleine déconfiture. Certains pensent que la Chine bouffera la Russie, ils connaissent bien mal ce peuple pour le croire. Les relations entre la Russie et le reste de l’Europe sont comme nous le voyons très étroites, elles ont été pensées au fond comme si la[jb1]  mondialisation allait toujours aller de l’avant et finir par intégrer en même temps le marché russe et le marché chinois sous la houlette du capitalisme financier américain. Mais depuis la crise de 2008 nous voyons au contraire que les relations économiques entre les pays sont de plus en plus relâchées, tant du point de vue financier que du point de vue l’économie réelle. C’est ce qu’on appelle la démondialisation ou encore le retour des nations. Il faut regarder cela comme une crise du capitalisme : l’expansion de la zone allemande – qui se confond maintenant avec l’Union européenne, se heurte dans sa logique aux intérêts de la Russie qui ne veut pas devenir une dépendance de l’expansion germanique. C’est, je crois, le moment de dissoudre tous les organismes internationaux, l’OTAN, le FMI, l’ONU, l’Union européenne et de retourner au développement des relations bilatérales, au lieu de tenter en se servant des images de la guerre, d’expliquer que le camp du bien travaille pour la démocratie chez les autres, alors que ce mot est vide de sens déjà en Occident. 

 

La conséquence de ce retour des nations est que les pays de l’OCDE sont à la recherche de la pierre philosophale, c’est-à-dire à se passer du gaz et du pétrole russe. Dans une série de recommandations hilarantes, l’AIE – une autre bureaucratie qui ne sert pas à grand-chose – propose de faire la chasse au gaspi, avec les recommandations imbéciles de se doucher à l’eau froide comme le demande la malheureuse Pompili. Il est assez facile de comprendre que c’est équivalent à un emplâtre sur une jambe de bois[8], ajoutant doctement qu’en plus cela serait bon pour décarboner l’environnement ! On peut lire ces mesures qui n’ont mené à rien du tout par le passé, ci-dessous, ça relève plus de l’incantation que du sérieux. On n’a pas de stratège en Occident, mais on a des idées, des mauvaises idées ! Cette manière incertaine de voir les choses marque non seulement la fin du processus de mondialisation qui est contrarié aussi bien par l’Inde que par la Chine et la Russie, mais aussi d’un grand désarroi face à cette nouvelle crise du capitalisme. Mais s’il est vrai qu’une crise économique douloureuse est imminente, il est sans doute prématuré de parler de la fin du capitalisme, on peut considérer que la guerre est juste un signe avant-coureur de celle-ci elle l’annonce et la justifie, même si elle en est la conséquence plus que la cause. 

Petit rappel 

Colin Powell mentant devant l’ONU en présentant de fausses preuves d’armes bactériologiques fabriquées par les Irakiens, le 5 février 2003 

Nous sommes depuis quelques décennies sous le régime du deux poids, deux mesures. On remarque que si en Occident l’opinion, façonnée par les médias dominants, se mobilise largement pour l’Ukraine et ses exilés, celle-ci s’est bien moins inquiétée de la guerre en Irak engagée par les Américains très loin de leurs frontières et qui a provoqué sans doute plus de 200 000 morts et 2 millions de réfugiés[9]. On se souvient que cette guerre fut engagée avec enthousiasme par l’Occident sur la base d’un mensonge éhonté avancé par Colin Powell[10]. On l’a su tout de suite. Mais personne n’a bronché, pas plus Bernard Henry-Lévy que la Parti socialiste qui existait encore un peu. De même quand les Arméniens ont été agressés par l’armée de l’Azerbaïdjan avec la complicité des Turcs dans le Haut Karabagh, l’opinion occidentale ne s’est pas mobilisée, comme elle ne s’est pas mobilisée non plus quand les Turcs ont attaqué les Kurdes de Syrie et annexé une partie de la Syrie, pourtant ces conflits ont fait des milliers de morts. L’Union européenne et les Etats-Unis ne veulent pas froisser le dictateur Erdogan dont le bilan sanglant est bien pire que celui de Poutine. Ce qui veut dire que lorsque le président russe fait la guerre, c’est condamnable au plus haut point parce qu’il s’attaquerait à ce que l’Occident considère comme sa chasse gardée, mais quand les Turcs détruisent et chassent les Kurdes du nor de la Syrie, suite à une purification ethnique, c’est seulement regrettable et on regarde ailleurs. Cette indignation à géométrie variable est une arme aux mains stratégique des puissances occidentales qui veulent étendre leur empire. Les Allemands n’ont jamais condamné les actions de leurs alliés Turcs en Grèce, en Arménie ou au Kurdistan. Mais ils sont prompts à classer Poutine parmi les pires dictateurs. Ce sont pourtant les Russes qui en intervenant ont sauvé les Arméniens d’un désastre programmé dans le Haut Karabagh, et pas les Européens ou les Américains toujours à l’aise pour donner des leçons de démocratie, mais à condition que celles-ci s’effacent derrière les nécessités géostratégiques. Ménager l’Azerbaïdjan et la Turquie, deux pays musulmans, fait les affaires de l’OTAN et des Allemands qui ont désigné depuis avant la Seconde Guerre mondiale les Russes et jusqu’à aujourd’hui comme les ennemis à détruire. Les Arméniens comme les populations du Donbass ne comptent pour rien dans cette stratégie de long terme. L’histoire est bien mal enseigne dans les collèges et les lycées pour qu’on puisse croire encore que l’Occident est le camp aussi bien de la prospérité économique que celui de la démocratie.

Toutes les guerres qui ont été déclenchées en sous-main par les Etats-Unis, l’OTAN et l’Allemagne au nom de la démocratie et de l’économie de marché se sont toutes très mal terminées, aux exemples ci-dessus on peut ajouter une longue liste, en Libye, au Liban, en Afghanistan, en Yougoslavie, le plus souvent amenant avec elles des partis musulmans au pouvoir avec toutes les conséquences néfastes que cela a pu avoir. Souvenez-vous de la révolution khomeyniste en Iran, soutenue par des « intellectuels » semi-idiots, Michel Foucault en tête, c’était en 1979, il y a plus de quarante années, soutenu par les Etats-Unis qui visaient de mettre la main sur le pétrole de ce pays, elle a installé un long chaos qui au bout de quarante années n’est pas près de finir. 

Le Haut Karabagh brûle en 2020 

Quand l’OTAN, c’est-à-dire les Américains cette fois-là, a bombardé la Serbie en 1999, avec des dommages collatéraux importants, personne n’a sorti les drapeaux Yougoslaves ou Serbes, personne n’a organisé des livraisons d’armes et de vivres aux Serbes sous les bombes, tout ça avait pour but de faire émerger un Etat mafieux, le Kosovo dépendant directement des Américains, et donc on s’en foutait un peu que les Serbes crèvent sous les bombes[11]. Non seulement l’opinion occidentale ne s’en est guère émue, mais l’OTAN est intervenue sur un territoire qui n’avait aucun accord avec elle, on mesure l’hypocrisie de du discours otanien qui nous raconte que l’OTAN ne peut pas intervenir en Ukraine parce que l’Ukraine n’appartient pas à l’OTAN, mais elle ne s’est pas gênée pour larguer ses bombes sur un pays qui ne lui avait rien demandé. Cela fait apparaître que pour l’OTAN les Ukrainiens ne sont que de la chair à canon, après les avoir poussés à défier Poutine, on les lâche en espérant qu’il y aura le plus de morts possibles pour diaboliser Poutine. L’OTAN, l’Allemagne et dans une moindre mesure comptent sur cela pour faire avancer leur idéologie et leurs pions sur le terrain et trouver un soutien dans l’opinion publique qui, n’en doutons pas, une fois la vague d’émotion retombée va se retourner contre ces apprentis sorciers. 

L’OTAN bombarde la Serbie pour l’amputer du Kosovo en 1999 

Notez bien que dans tous les petits textes d’humeur que j’écris sur cette malheureuse guerre, je n’ai jamais affirmé que Poutine avait eu raison d’entrer en Ukraine et par ailleurs je ne défends pas sa politique vis-à-vis de son peuple, notamment parce qu’elle est inégalitaire et favorise les oligarques, comme dans n’importe quel pays occidental, elle est en outre antidémocratique comme en France par exemple. Jacques Sapir condamne l’entrée de la Russie dans la guerre, et pense que si les revendications de Poutine sont légitimes, il aurait pu obtenir la même chose – le Donbass, la neutralité de l’Ukraine et la reconnaissance de la Crimée – sans franchir la frontière avec ses chars[12]. Personnellement je n’en sais rien du tout, la seule chose que je sais c’est qu’en Occident on nous raconte n’importe quoi sur ces conflits qui sont menés au nom de la marchandisation du monde. En 1992 Edouard Limonov annonçait qu’en séparant l’Ukraine de la Russie, les Occidentaux amèneraient tôt ou tard un conflit terrible, il dénonçait la Pérestroika comme un crime contre l’Humanité, trente années plus tard, on constate que malheureusement il ne s’est pas trompé[13]. 

PS 

Pour ceux qui s’intéressent à la guerre en Ukraine et qui cherchent à en comprendre la logique, je leur conseille de voir le film de Igor Lopatonok et Oliver Stone Ukraine on fire qu’inb trouve facilement sur la toile et qui montre deux choses :

– d’abord la division profonde de l’Ukraine, et notamment du rôle qu’une partie de son peuple a joué pendant la Seconde Guerre mondiale en s’engageant derrière Hitler, avec les exactions qui ont accompagné cet engagement. De très nombreux groupes d’extrême droite s’inscrivent dans cette continuité antisémite et anticommuniste, faisant du nazi Stepan Bandera un héros qui a son avenue à Kiev ;

– ensuite le rôle des Américains et des ONG qui sont contrôlées par eux et par l’Union européennes et qui ont préparé le coup d’Etat de Maïdan, avec les mêmes techniques, les mêmes slogans et le même design qui avaient été utilisés au Venezuela et un peu partout dans le monde pour renverser des gouvernements insuffisamment favorables à la logique du marché et à leurs intérêts.

Ce film date de 2017 il ne parle pas de la guerre qui nous préoccupe aujourd’hui, mais il l’annonce en quelque sorte comme  une conséquence de toutes ces manœuvres de l’Occident animé par deux impérialismes concurrents, celui des Etats-Unis qui s’ets mis en retrait, et celui de l’Allemagne. 


[1] Alain Frachon, « De quoi Poutine est-il le nom ? », Le monde, 18 mars 2022

[2] Sidney Warburg, Les soutiens secrets d’Hitler, Ethos, 2017.

[3] Annie Riz-Lacroix, Aux origines du carcan européen (1900-1960), Le temps des cerises, 2016.

[4] L’OTAN est l’acronyme de l’Organisation du Traité Atlantique Nord, censée donc protéger, les pays limitrophes de l’Atlantique Nord justement, sous le parapluie atomique américain et on se demande ce que fait cette boutique à manœuvrer dans les eaux de la Mer Noire.

[5] https://www.marianne.net/societe/defense/lallemagne-achete-des-f-35-americains-ah-elle-est-belle-leurope-de-la-defense

[6] https://www.usinenouvelle.com/article/l-allemagne-le-pire-de-nos-meilleurs-allies-en-matiere-de-defense.N1093099

[7] https://www.infobae.com/fr/2022/03/18/les-politiques-europeens-reclament-le-prix-nobel-de-la-paix-pour-zelenski-et-les-ukrainiens/

[8] https://www.latribune.fr/economie/international/l-aie-fait-la-chasse-au-gaspi-pour-se-passer-du-petrole-russe-et-accelerer-la-decarbonation-906458.html

[9] Une étude sérieuse publiée par Plos medicine, une revue américaine, avance le chiffre de 500 000 morts au moins entre 2003 et 2011. https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1001533

[10] https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/mort-de-colin-powell-ce-jour-de-2003-ou-il-a-menti-a-l-onu-et-justifie-la-guerre-en-irak-6a607e48-3019-11ec-b653-4cec8da29c4d

[11] Alex Troude, Géopolitique de la Serbie, Ellipses, 2006.

[12] https://www.youtube.com/watch?v=fz0GUySnfRI

[13] https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=TcAnqICVM7U&fbclid=IwAR12gjLOLv9g_xA5SQUNEhm2bP3g8JUp1kSlNMOn2dzWzpe8rU4-e6LmGCA


2 commentaires:

  1. L'article donne un éclairage surprenant sur les conséquences de l'impérialisme allemand dont je n'avais pas entendu parler jusqu'à présent. J'ajouterais une chose au sujet de votre texte : "les économies concurrentes de l’Allemagne sont devenues naines à l’exemple de la France qui a accepté sa propre désindustrialisation et son appauvrissement continue depuis son entrée dans l’euro" : en fait la soumission de l'économie Française à celle de l'Allemage et sa désindustrialisation datent d'avant la guerre de 1940 et c'est une des raisons de la capitulation rapide le France; voir l'ouvrage de Annie Lacroix Riz : le choix de la défaite. La France reste donc le gentil toutou maltraité de l'Allemagne et c'est le choix de notre oligarchie !
    Bien cordialement.
    Daniel

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  2. Oui, en gros je suis d'accord avec Annie Lacroix-Riz, ce qui ne vous étonnera pas ! Je viens de terminer son gros ouvrage sur la Non-épuration en France, c'est franchement édifiant. Si vous ne l'avez pas lu, je vous le conseille. Parfois elle exagère un peu, mais pas tellement, et les preuves sont accablantes. ça va dans le même sens que "Le choix de la défaite" et "Aux origines du carcan européen".
    Mais la pression est aujourd'hui très forte sur les dissidents, et la classe politique dans son entier s'est alignée sur le discours de l'OTAN, sans broncher.
    Bien amicalement.

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