Erdogan a obtenu gain de causes face aux faibles représentants de la Finlande et de la Suède
L’Union européenne a une mauvaise image de marque et ne tient encore debout que parce qu’elle déploie une communication coûteuse et à grande échelle pour faire croire qu’elle existe encore au-delà de sa corruption endémique et de son rôle de relais de la politique étatsunienne. Ces derniers temps, c’est le dictateur Erdogan qui révèle sa veulerie aussi bien que son inconsistance. Soyons précis, on peut et on doit détester Erdogan pour tout ce qu’il représente, mais en matière de diplomatie il est vraiment efficace, il sait ce qu’il fait et il obtient à peu près ce qu’il veut. La dernière farce européiste est de pousser la Suède – pays dont la diplomatie a l’intelligence d’une buse, coincée entre un salmigondis de politiquement correct et des velléités va-t-en-guerre otaniennes – et la Finlande qui, on ne sait pourquoi veut faire partie de l’OTAN. Or le sinistre Erdogan leur a fait savoir que la Turquie bloquerait la volonté d’adhésion à l’OTAN de ces deux pays congelés s’ils ne mettaient pas le PKK – le parti kurde qui lutte contre l’oppression turque et qui revendique un Etat national pour les Kurdes – sur la liste des organisations terroristes. Les Suédois et les Finlandais se sont pliés à cet oukase[1]. C’est évidemment un scandale énorme que de céder sur ce point, surtout au moment où la Turquie procède à un nettoyage ethnique dans le nord de la Syrie en chassant les Kurdes. Mais les européistes vont cacher leur misérable défaite diplomatique derrière une forme de realpolitik ignoble. Au fond c’est comme si au nom de la realpolitik on demandait le démantèlement de l’Ukraine. Cette très lourde défaite diplomatique de l’OTAN et de l’Union européenne aura forcément des conséquences d’abord en marginalisant les Kurdes que déjà ils n’ont jamais soutenus, les laissant littéralement crever sous les bombes turques. Car pour l’OTAN le seul ennemi ne peut être que la Russie et le seul pays au monde à soutenir ne peut donc être que l’Ukraine. Cette tactique qui consiste à lâcher les Kurdes pour faire plaisir à un partenaire très peu fiable, montre toute l’ineptie de la politique guerrière de l’OTAN en Ukraine.
Il y a pire, parce qu’il y a toujours pire avec les
européistes. Tandis que les bureaucrates otaniens et européistes tentaient de
convaincre les Suédois et les Finlandais de faire plaisir au dictateur Erdogan,
celui envoyait des migrants – on parle d’un millier – à l’assaut des frontières
de la Grèce[2]. A
l’évidence l’Union européenne d’Ursula von der Leyen regardait ailleurs et
laissait faire cette attaque, comme si la Grèce ne se trouvait pas à la
frontière de l’Union européenne. Il faut dire que l’Union européenne n’a aucune
doctrine sur rien, elle ne sait pas ce qu’est une frontière, et par ailleurs
elle prétend défendre le droit des migrants d’où qu’ils viennent à s’installer
où ils veulent, sauf évidemment s’ils sont Russes. Car être Russe est certainement
le plus grand péché dénoncé par les Eglises de l’Occident, l’OTAN, le FMI, la
Banque Mondiale et l’Union européenne. Les « journalistes »
européistes non seulement ne soutiennent pas les Grecs, comme toujours, mais
ils en rajoutent une couche pour les dénoncer comme de mauvais sujets. En 2015
on les désignait comme des dépensiers, des fainéants, des revanchards qui
voulaient piquer du pognon à la vertueuse Allemagne. Aujourd’hui on les dénonce
comme des fourbes qui n’ont comme but que de nuire aux pauvres migrants. Les
journaux de la bienpensance, Le monde, Der Spiegel, The gardian, plus
quelques autres boutiques dont le cartel allemand ARD et l’obscur Lighthouse
reports, se sont lancés dans une nouvelle croisade. Ne vous inquiétez pas
ils ne cherchent pas à nuire à la Turquie qui est une pièce maitresse de l’OTAN
dans sa guerre contre les Russes, mais au contraire ils dénoncent les Grecs qui
osent défendre leur frontière face aux assauts de la Turquie. Tout le monde
sait que les Turcs stockent les migrants à la frontière grecque et que
périodiquement Erdogan les fait partir à l’assaut de l’Europe, aussi bien pour
faire pression sur la Grèce que pourt obtenir des avantages – de l’argent
notamment – de la part de l’Union européenne. Mais ce le cartel de plumitifs
sans cervelle préfère dénoncer la Grèce[3].
Ce n’est plus de la realpolitik, ou du cynisme, c’est ouvertement de
l’imbécilité, avec en arrière-plan l’idée de promouvoir l’intégration de la
Turquie dans l’Union européenne. Donc ils dénoncent le fait que les Grecs
défendraient leur frontière qui est aussi pourtant, rappelons-le, celle de
l’Union européenne, d’une manière déloyale. On voit le mélange des genres des
européistes, le migrant est par définition sacré, toute entrave à sa mobilité
est par nature mauvaise – sauf s’il est russe bien entendu – et la Turquie est
malgré tout un partenaire plus intéressant que la Grèce. Il faut se méfier de
la Grèce, c’est le message éternel, comme de la Russie et d’ailleurs.
Ce soutient éhonté à la Turquie n'est pas populaire en Europe où la très grande majorité des Européens ne souhaite pas l’entrée de ce pays dans l’Union européenne, notez que la Turquie est candidate à devenir membre de l’Union européenne depuis 1987, soit trente-cinq ans. Elle n’y rentrera sans doute jamais mais cela permet à ce pays dirigé d’une main de fer par l’islamiste Erdogan d’encaisser de l’argent pour soi-disant mettre à niveau le pays. Les récentes candidatures de l’Ukraine et de la Moldavie si elles ne pourront probablement jamais se traduire par une adhésion en bonne et due forme vont pourtant rapporter à ces pays considérés comme des pièces maitresses du dispositif guerrier de l’OTAN de l’argent beaucoup d’argent. Les premières estimations laissent à penser qu’ils vont récolter chacun environ deux milliards d’euros, pour cette fameuse mise à niveau qui ne viendra jamais. Les conditions pour adhérer à l’Union européenne sont en effet drastiques aussi bien sur le plan économique, il faut une faible inflation, des finances publiques équilibrées, une privatisation quasi-totale des biens publics, que sur le plan politique, il faut par exemple lutter contre la corruption et assurer une vie démocratique, soit une liberté d’expression politique, deux critères qui seront loin d’exister en Ukraine et en Moldavie bien sûr. Où iront ces milliards ponctionnés sur les finances publiques des pays contributeurs comme l’Allemagne, la France ou l’Italie ? Une partie sans doute sur les comptes offshores de Zelensky et de ses affidés.
Cette utilisation des fonds européens risque de poser
problème au moment où par ailleurs la Banque Centrale Européenne commence à
relever ses taux pour lutter contre l’inflation. Pourquoi lutter contre
l’inflation ? On suppose que l’inflation ronge le pouvoir d’achat et que
cela engendre une spirale infernale des salaires et des prix. Cette vieille
thèse est relativement erronée, on le sait depuis très longtemps. En vérité, si
on lutte contre l’inflation, ce n’est pas pour protéger les salaires dont on se
moque comme de sa première chemise, mais pour protéger l’épargne et les
profits. Le problème est double, d’abord comprendre d’où vient l’inflation,
ensuite comment la combattre sans risquer de tuer l’activité et l’emploi. La
guerre en Ukraine a bon dos, et donc les Russes une fois de plus peuvent jouer
le rôle du bouc émissaire, ce qui évite les révisions doctrinales déchirantes.
Il est remarquable qu’au fil du temps le bouc émissaire change de figure, avant
c’était l’Etat dépensier qui était en accusation, ou alors les revendications
trop extravagantes des salariés qui voulaient des hausses de salaires.
Aujourd’hui c’est la Russie qui par la guerre enclenchée fait grimper le
prix des matières premières et du blé. Mais techniquement, l’inflation c’est
d’abord un excédent de liquidités en circulation en regard de la production
réelle. Autrement dit il faut se demander :
1. pourquoi l’excédent de monnaie n’a pas provoqué une
hausse suffisante de la production ?
2. et subsidiairement quels sont les rôles de la demande et
des profits dans ce désastre ?
L’excédent de liquidités, c’est d’abord la dette émise par les banques centrales, cette dette n’est pas seulement la dette publique comme font semblant de croire les économistes libéraux ou les européistes. Comme le montre le graphique suivant, elle se compose de trois parties, la dette publique qui correspond au niveau mondial à une année de PIB mondial, la dette des entreprises qui est à peu près équivalente, et la dette des ménages qui est un petit peu moins élevée. Cette croissance régulière de la dette vient de très loin. Elle est le résultat de ce qu’on a annoncé comme le Big Bang monétaire quand Reagan et Thatcher ont décidé de donner la possibilité aux banques de second rang de créer autant de monnaie qu’elles le voulaient, puis il devint nécessaire de continuer à produire de la monnaie pour couvrir les pertes récurrentes des banques et éviter une faillite colossale.
Evolution de
la dette mondiale
Le premier problème qui a
engendré l’inflation d’aujourd’hui est que l’excès de liquidités balancé sur
les marchés, n’a pas été épongé par une croissance de la production
équivalente. La raison essentielle à cela est que dans le même temps où les
Banques centrales et les banques de second range se livraient à une débauche de
création monétaire on mettait l’inflation sous l’éteignoir de deux
manières :
– d’abord en refusant d’alimenter la demande par des hausses
de salaires, on supposait que la baisse des taux d’intérêt et l’excédent de
monnaie en alimentant la hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée,
irait « naturellement » vers l’investissement et que l’investissement
ensuite se traduirait par une hausse de la production et de l’emploi. Il n’en a
rien été parce que les investisseurs sont des gens rationnels et ils
n’investissent pas s’il n’y a pas de demande, sauf pour faire des
investissements de productivité qui tireront l’emploi vers le bas. Donc cet
excèdent de monnaie s’est retrouvé oisif, il a alimenté la spéculation
boursière et immobilière, avec les crises récurrentes qui ont commencé à la fin
du XXème siècle et qui n’ont jamais cessées depuis. L’excès de
profit tuera à terme le profit.
– ensuite une grosse partie de ces liquidités est venue,
surtout dans la zone euro, consolider le bilan des banques de second rang qui
sans cela auraient été en faillite, si on avait laissé faire le darwinisme des
lois du marché, c’était le cas des banques espagnoles et italiennes. Mais cela
est la preuve que l’Union européenne n’existe pas sur le plan économique
puisque l’ensemble de ses membres sont placés sur des trajectoires de
croissance, d’inflation et de chômage différentes, ce qu’on sait depuis des
dizaines d’années, mais dont on ne tient jamais compte.
Evolution du bilan de la BCE
entre 2007 et 2017 en milliards d’euros
En attendant la corrompue Ursula von der Leyen qui semble travailler directement pour le compte des Américains, constatant l’échec des sept premières vagues de sanctions contre la Russie, tente d’en imposer une huitième[4], alors que les Allemands essaient d’imaginer comment ils vont pouvoir réenclencher Nord Stream I pour se chauffer cet hiver. Le chaos est définitif au sommet de l’Union européenne. Ainsi Thierry Breton essaie d’imposer un achat d’armes groupé pour l’ensemble des pays européens[5]. Sachant le degré de corruption qui atteint le marché très opaque des vaccins Pfizer sur l’impulsion d’Ursula von der Leyen, on peut craindre le pire. Il semble que cette volonté sera favorable à l’industrie d’armement américaine et détruira un peu plus les industries d’armement européennes. La réalité est celle-là : les turpitudes européistes dans son engagement guerrier contre la Russie mènent l’Union européenne directement vers la récession économique[6]. Ce choc brutal va mettre l’incompétente von der Leyen au pied du mur. On sait qu’une récession additionnée à une inflation galopante va faire éclater la zone euro. On le sent déjà avec une remontée des taux en Italie par exemple. La colère sociale est très forte en Europe, et déjà que la Commission européenne a une très mauvaise image, celle-ci ne pourra que se dégrader encore. Dès lors quelle est la solution ? Il y a deux issues possibles, la première qui semble préférée par Ursula von der Leyen et de renter directement en guerre contre la Russie, au nom de la défense de la démocratie. Une bonne petite guerre pourrait détourner le regard des problèmes concrets. Mais l’Europe en a-t-elle les moyens ? Je ne le pense pas. L’Italie qui est en train de perdre son gouvernement pour cause de soutien inconsidéré à l’Ukraine[7], risque de ne pas suivre, l’Allemagne trainera les pieds, Macron dont le gouvernement est instable, probablement aussi. La seconde issue qui ne plairait pas aux Américains qui ont pris l’habitude de traiter le personnel politique européen comme de simples petits soldats de leur Empire, serait de se désengager de ce bourbier et de travailler à un scénario pour la paix avec la Russie. Cette issue est tout à fait envisageable si les tensions au sein du groupe dirigeant autour de Zelensky augmentent après la purge qu’il vient d’effectuer. Il n'a pas seulement viré un procureur et le chef du SBU, il a limogé plus de 600 cadres de haut niveau au motif qu’ils auraient couvert des traitres. A son tour il risque une révolution de palais qui pourrait réorienter la guerre vers une issue négociée, sachant que les soldats ukrainiens sont épuisés et que les Américains commencent à trouver la facture ruineuse pour le peu de résultat obtenu sur le terrain.
Ursula von der Leyen serrant la main au dictateur Ilham Aliev
Voici Ursula von der Leyen main dans la main avec Ilham Aliev, dictateur de l'Azerbaïdjan, qui voulait exterminer les Arméniens dans le Haut Karabakh. On a les amis qu'on peut au nom de la démocratie. Dans cette louche affaire il était allié à Erdogan, un autre dictateur, sans que l'Union européenne ne trouve à y redire. Rappelons que ce sont les armées russes qui ont empêché le massacre – il est d’ailleurs très probable à la vue de ce qui se passe aujourd’hui que cette attaque contre le Haut Karabakh ait été une provocation montée de toute pièce par les Américains. Maintenant Ursula veut acheter du gaz à Ilham Aliev qui voit là, la possibilité de redorer son blason. Comme on le voit l'Union européenne suit la politique étrangère américaine, elle se fout des Kurdes et des Arméniens et ne défend que l'Ukraine, parce que les Américains le lui disent et parce qu’elle pense que cela élargira à terme son marché. Les grands coups de trompette de cet accord entre l’Union européenne et Ilham Aliev, ne masquent pas cependant que ces livraisons un peu hypothétiques seront coûteuses et très insuffisantes pour compenser le gaz russe[8]. La fable selon laquelle l’Europe c’est la paix, risque ne plus faire beaucoup recette dans les mois à venir.
[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/29/accord-sur-l-adhesion-de-la-suede-et-de-la-finlande-a-l-otan-ankara-celebre-une-victoire-nationale-inquietude-et-indignation-a-stockholm_6132436_3210.html
[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/la-grece-empeche-plus-de-mille-migrants-venant-de-turquie-de-debarquer-sur-ses-iles-20220627
[3] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/28/a-la-frontiere-avec-la-turquie-des-migrants-enroles-de-force-par-la-police-grecque-pour-refouler-d-autres-migrants_6132286_3210.html
[4] https://www.nouvelobs.com/guerre-en-ukraine/20220717.OBS61010/l-union-europeenne-veut-durcir-les-sanctions-contre-la-russie-accusee-de-tir-de-missiles-depuis-une-centrale-nucleaire.html
[5] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/armement-les-pays-de-l-union-europeenne-vont-tester-des-achats-communs-926126.html
[6] https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/le-scenario-de-la-recession-doit-etre-desormais-anticipe-par-les-banques-europeennes-selon-la-bce-923940.html
[7] https://www.france24.com/fr/europe/20220715-italie-m5s-divis%C3%A9-incin%C3%A9rateur-romain-pourquoi-mario-draghi-a-pr%C3%A9sent%C3%A9-sa-d%C3%A9mission
[8] https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/gaz-l-ue-se-tourne-vers-l-azerbaidjan-pour-diversifier-ses-approvisionnements_2177221.html
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