jeudi 15 septembre 2022

Contre-offensive ukraino-atlantiste sur Kharkov et ses conséquences

 
 

Je disais il y a quelques jours que si l’OTAN, donc les USA, ne s’impliquaient pas plus dans la guerre directement sur le sol ukrainien, la guerre serait perdue pour eux[1]. Ils se sont donc pliés à cette logique et ont décidé de mettre le paquet pour avoir quelques victoires à montrer aux électeurs qui vont voter en novembre pour les élections de mid-term. On dit que l’OTAN en quelques mois a formé 100 000 soldats prêts à intervenir en manipulant des armes sophistiquées ; La reprise par les forces ukraino-atlantistes de la région de Kharkov est la première victoire enregistrée par les Etats-Unis depuis le début de la guerre. Est-elle provisoire ? Essayons de faire le point sur une situation embrouillée. La contre-offensive de l’OTAN en Ukraine s’est déroulée en deux temps, d’abord une attaque suicidaire sur Kherson qui s’est traduite par un massacre des soldats ukrainiens envoyés à la mort. Le but n’était pas de prendre Kherson, mais de distraire les défenses russes de la région de Kharkov. Et ensuite d’attaquer cette région, non pas pour reprendre des territoires comme on l’a dit, mais pour fixer les défenses russes et les encercler. Les Russes très inférieurs en nombre sur cette ligne de front, ont été contraints de se replier et donc d’abandonner des territoires. A ce propos il faut souligner deux points importants :

– d’abord l’armée russe ne s’est pas débandée, mais replier en bon ordre, du reste les forces ukraino-atlantistes n’ont pas fait de prisonniers. Sinon on les aurait présentés à la télévision. Elle n’a subi que très peu de pertes. Elle se trouvait dans un rapport défavorable de 1 russes pour 8 ukro-atlantistes.

– ensuite les populations ukrainiennes russophones sont parties vers la Russie ou vers des zones plus sûres du Donbass. Ils craignent l’épuration ethnique et ils ont raison, dans les villes d’Izum et de Kharkov on a commencé à chasser les personnes soupçonnées d’être pro-russes, on a commencé par arrêté les professeurs qui enseignaient le russe, ils iront en prison sans doute pour de longues années s’ils ne meurent pas avant sous la torture du SBU[2]. 

Soldat américain dirigeant les manœuvres en Ukraine 

L’implication des Etats-Unis depuis au moins 2014 est maintenant avouée par de hauts responsables américains comme Evelyn Farkas qui avoue cela tranquillement dans une interview récente au New York Times : « Ces gars-là [de l'offensive anti-russe] ont été formés pendant huit ans par Special Ops. Ils ont appris la guerre irrégulière. Ils ont été formés par nos agents de renseignement sur la tromperie et les opérations psychologiques. »[3] Ce qui veut dire clairement que l’OTAN avait planifié l’intervention de la Russie en la provoquant de façon à faire apparaître aux yeux des Occidentaux crédules que Poutine portait la pleine responsabilité de la guerre. Cette offensive a été dirigée par des militaires britanniques, appuyée par des renseignements américains, et bien sûr ce sont les Etats-Unis qui ont fourni les armes et les munitions. C’est clairement une opération de l’OTAN en territoire ukrainien. On estime que 20% des militaires qui se battent sous le pavillon ukrainien sont américains, canadiens ou britanniques. On a vu des images télévisées de noirs qui parlaient américain et qui servaient directement sous le drapeau ukrainien, raconter que ce sont des mercenaires est juste un mensonge, ce sont bien des soldats américains et britanniques qui sont impliqués dans la guerre sur le terrain. Il devient de plus en plus évident que les forces ukrainiennes se battant pour délivrer leur patrie est juste le faux-nez des objectifs américains. C’est devenu tellement évident que même Le monde, journal atlantiste depuis toujours, parle maintenant d’une guerre entre l’Occident et la Russie. Selon Sylvain Feirrera, cette deuxième phase de la stratégie otanienne devrait se poursuivre avec une troisième phase, une attaque directe sur le Donbass pour le couper en deux et tenter de détacher Lougansk de Donetsk[4]. Cette troisième phase risque d’être contrariée par l’évacuation de l’armée russe des positions qu’elle tenait dans la région de Kharkov. Bien entendu les Russes ont réagi. D’abord en bombardant des centrales électriques pour couper le courant et empêcher les trains de circuler, trains qui auraient pu amener rapidement les soldats ukraino-atlantistes pour entrer dans le Donbass. Également la Douma vient de voter pour désigner l’Ukraine comme Etat terroriste. Cela peut paraître anodin, mais c’est un tournant dans la mesure où cela permettra de mobiliser plus de monde pour poursuivre la guerre. Jusqu’à présent cette opération spéciale n’avait pas beaucoup mobilisé de monde, environ 10% de l’armée russe. Ce revers russe a, contrairement à ce que disent les médias occidentaux, renforcé l’opinion russe pour en finir avec la guerre, soit défaire l’armée ukro-atlantiste. Loin de vouloir la fin de la guerre, l’opinion russe trouve la démarche de Poutine bien trop molle et demande une implication beaucoup plus forte. La propagande atlantiste tente de faire croire que des « élus » dissidents demanderaient la fin de la guerre et que Poutine passe devant un tribunal. Ce sont seulement quelques élus égarés du conseil municipal, autour de Dmitry Palyuga, de Saint-Pétersbourg qui sont dans cette tonalité, mais ils sont vraiment très isolés et ne représentent rien[5]. Aucun élu de la Douma n’est sur cette position. Ils ne représentent que la minorité pro-occidentale de la Russie, celle-là même qui a pleuré la mort de Gorbatchev. Les Russes sont d'autant plus remontés contre l'OTAN et l'Ukraine que tous les jours ils subissent des bombardements sur le territoire de la Russie, bombardements possibles grâce aux canons à longue portée américains. 

 

Si le temps a permis à l’OTAN de construire une riposte cohérente en Ukraine, il n’est pas certain qu’il lui reste beaucoup de temps encore avant que tout ne se déchire. Certes on peut être surpris par la veulerie politicienne de la gauche en France notamment qui se positionne de fait en suppôts des Etats-Unis, donc en acceptant une vassalisation de l’Europe et en refusant de lancer des manifestations en faveur d’une sortie de l’OTAN. Sortir de l’OTAN, s’émanciper de la vassalisation, c’était pourtant dans l’ADN de la gauche qui se pose toujours des questions sur les causes de sa disparition du paysage politique Mais la lutte de l’Occident façon atlantiste contre tout le reste du monde risque de devenir de plus en plus difficile. On vient de voir que l’Indonésie va rejoindre les BRICS qui compte déjà le Brésil, la Chine, l’inde, la Russie et l’Afrique du Sud. L’ensemble pèsera près de la moitié de la population mondiale et pourrait dans un futur proche amener de nouveaux pays africains dans lesquels les Chinois et les Russes sont déjà présents. Les perspectives électorales ne sont pas bonnes, au Brésil la probable élection de Lula va renforcer une ligne anti-américaine. En Europe l’hiver risque d’être difficile, de nombreux pays ne veulent pas suivre l’escalade de l’OTAN, la République Tchèque, la Hongrie, ou encore la Roumanie. Mais en outre l’Italie devrait probablement basculer à la fin du mois vers un gouvernement dirigé par Meloni. Or les Italiens qui déjà dans leur majorité n’étaient pas favorable à l’OTAN et à sa folie guerrière, risquent de l’être encore bien moins. La récession programmée dans l’Union européenne va sans doute déboucher sur des manifestations de plus en plus puissantes. Y compris en Angleterre où le décès de la reine a mis entre parenthèses les grèves très suivies et qui pourraient devenir une première étape dans une posture anti-guerre, sachant que la clownesque Liz Truss a promis que si l’occasion s’en présentait elle n’aurait pas peur d’appuyer sur le bouton et de provoquer l’anéantissement.   

La guerre de retour dans le Haut Karabakh 

L’OTAN a cependant ouvert un autre front en permettant à ses alliés, la Turquie et l’Azerbaïdjan de retourner massacrer, comme à leur habitude, un peu des Arméniens dans le Haut Karabakh[6]. Si les Ukrainiens ont de longue date la pratique des pogroms, les Turcs et les Azéris, les amis de l’OTAN eux ont celle du génocide des Arméniens. Evidemment les belles âmes européistes qui pleurnichent sur les malheurs de Zelensky et de ses sujets, détournent pudiquement les yeux et font comme si rien ne se passait de ce côté-là, comme ils ne s’intéressent pas à l’épuration ethnique que mènent les Turcs dans le nord de la Syrie. La volonté de ne pas voir revient à soutenir cette alliance turco-azéri en pensant que ce nouveau front obligera les Russes à intervenir une nouvelle fois pour sauver ce qui peut l’être encore du Haut-Karabakh et donc s’affaibliront dans leur offensive en Ukraine. Il ne faut pas dissocier ce conflit de ce qui se passe en Ukraine. C’est le même combat de l’impérialisme américain pour tenter de consolider son hégémonie. L’Union européenne par l’intermédiaire de la corrompue von der Leyen achète du gaz à l’Azerbaïdjan, comme si le dictateur qui est à la tête de ce malheureux pays était plus fréquentable que Poutine. Cette question risque de peser sur la destinée malheureuse de l’Union européenne – que certains prétendent confortée grâce à la guerre – que les Turcs, alliés bien peu fiables, ont commencé à revendiquer des eaux territoriales dans ce qui est pour l’instant du domaine de la Grèce, pays soi-disant membre de l’Union européenne, mais vrai paillasson sur lequel on essuie sa bonne conscience au nom d’une real politik[7].  L’opinion publique européenne est massivement hostile au panislamisme d’Erdogan. Il va falloir choisir, soit on soutient l’impérialisme américain et le panislamisme d’Erdogan pour abattre la Russie, soit on cherche une solution négociée. Les instances européennes ont pour l’instant choisi de se soumettre, en sabordant consciencieusement leur économie, affaiblissant l’euro qui était leur seule fierté, et en renforçant le dollar. Même les Allemands, traditionnellement alliés à la Turquie commencent à contester les orientations atlantistes d’Ursula von der Leyen. L’eurodéputé Martin Sonneborn a fait une sortie remarquée devant le parlement européen le 14 septembre 2022, sortie dans laquelle il qualifiait Ursula von der Leyen d’incompétente et de criminelle. Ils vont se rendre compte que la Commission européenne, bras politique des Etats-Unis, comme l’OTAN est son bras armé, est bien au-dessus des nations et que c’est justement là que se trouve le problème.



[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2022/09/la-sale-guerre-de-lotan-en-ukraine-et.html

[2] https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/09/une-chasse-lhomme-commence.html

[3] https://www.nytimes.com/2022/09/10/us/politics/ukraine-military-intelligence.html

[4] https://www.vududroit.com/2022/09/les-podcasts-de-vududroit-la-guerre-en-ukraine-video-n-8/?fbclid=IwAR3tTJu6iZTWWKPuvXO2TCW40RmPajLMlXKh8djWJVh7ks92e-77G1Hgs6Y 

[5] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/dmitry-palyuga-elu-russe-il-faut-se-debarrasser-de-poutine-pour-stopper-la-guerre-en-ukraine_2180110.html

[6] https://information.tv5monde.com/info/que-se-passe-t-il-la-frontiere-entre-l-azerbaidjan-et-l-armenie-471273

[7] https://www.liberation.fr/international/europe/erdogan-menace-la-grece-nous-pouvons-arriver-subitement-la-nuit-20220903_54BLRJPJJ5DLHCATSWN5YQUFVU/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pendant que les Etats-Unis flambent, Trump veut envahir le Panama et le Groenland !

    J’ai toujours considéré Trump et Musk pour des imbéciles, sans avoir de sympathie d’ailleurs pour le gâteux Biden et son équipe de va-...