samedi 3 septembre 2022

Défilé à l’université d’été du MEDEF des buses et des contrebuses

  

Sur la pelouse de l’hippodrome de Longchamp, Zelensky fait la manche 

C’est la rentrée, et tout le monde va dire au MEDEF combien c’est beau, c’est grandiose le profit et le capitalisme. Qu’on n’a jamais rien inventé de mieux, et donc les politiciens viennent vendre leurs services, histoire de mettre du beurre dans les épinards. L’invité d’honneur – ou de déshonneur, comme on veut – cette année était le président ukrainien qui est maintenu en vie sous la perfusion de centaines de milliards de dollars d’armes et de liquidités. Mais ces gens-là n’en ont jamais assez[1]. L’opinion publique se lasse des pitreries de Zelensky. On ne fait plus attention à ce qu’il dit et à ses mensonges. Si on avait un doute sur ce que représente Zelensky au niveau planétaire, il suffisait de le voir pérorer devant les grands patrons français, se traînant à leurs pieds pour quémander une petite place de laquais contre rémunération bien entendu. Répétant qu’il respectait les droits de l’homme – qu’il ait besoin de le dire en dit long sur son peu de certitude en la matière – il s’est vendu et a vendu les débris de l’Ukraine qu’il a contribué à détruire et dont le quart de la population est en fuite à l’étranger. Il leur a promis que la reconstruction de l’Ukraine était un marché bien juteux, 750 milliards de dollars, sur lequel ils pourraient faire des superprofits. Il a, proposé en échange de ces investissements massifs de vendre de l’électricité aux européens à un tarif faible. Encore faut-il qu’il ait la main sur cette fameuse électricité, la centrale de Zaporojie étant sous contrôle de l’armée russe ! Mais il suppose qu’il va gagner la guerre, c’est tout de même un pari risqué pour les investisseurs de miser leurs billes sur les mensonges zelenskiens. L’ennui c’est que de plus en plus de politiciens s’inquiètent de ses dérives et pensent qu’il a fait son temps à la tête de l’Etat ukrainien, ou du moins ce qu’il en reste. Il commence à être contesté à l’intérieur de son pays, les Américains sont de plus en plus réticents pour continuer à payer pour les caprices de l’OTAN, le Pape François représentant de l’Eglise catholique qui est encore écoutée en Pologne, ne l’a pas ménagé, Et il est menacé chez lui de destitution, voire d’un coup d’Etat, mais il vient réclamer de l’argent et des contrats au MEDEF comme si de rien n’était[2]. De l’argent et des armes il en a beaucoup obtenu, de quoi compenser l’asymétrie initiale entre les deux armées, mais qu’en a-t-il fait ? 

 

Le gouvernement était représenté en force. Voici maintenant un autre comique qui participe à ce défilé des féaux du grand patronat. Bruno Le Maire dont les prévisions sont toujours systématiquement détrompées par la réalité, l’homme qui a fait s’effondrer l’économie russe, nous dit qu’en fait il ne sait pas ce que sont des superprofits, et en plus il s’en flatte de ne pas le savoir. Il ne sait pas grand-chose en effet, mais on peut lui expliquer que les superprofits sont ceux qui sont déconnectés de la situation réelle des marchés et qui profitent par exemple de la guerre en Ukraine pour augmenter leurs prix bien plus que le prix des matières premières ne le voudrait. Beuno Le Maire tente ainsi de se démarquer de la première ministre qui avait, pour calmer la grogne de « l’aile gauche » de sa majorité dit très vaguement que peut être on pourrait en effet à réfléchir sur une taxation des super-profits. En vérité si les prix peuvent augmenter autant qu’ils le veulent, c’est parce que ces grandes firmes ne sont pas dans une situation de concurrence, mais soit ce sont des monopoles, soit des prix fabriqués par des cartels. Jouant de la peur de la pénurie, ils gonflent les prix, du pétrole, du blé ou de la moutarde ! Quand Bruno Le Maire fait ce genre de déclaration, c’est parce qu’il ne veut pas fâcher ses maîtres, il a dans l’idée de se présenter aux élections présidentielles en 2027 – avec, disons-le, des chances infimes de réussir – et donc il sait bien que de l’argent il va lui en falloir beaucoup. Mais en réalité sur le créneau de l’allégeance malsaine au patronat, il y a déjà une belle concurrence, Edouard Philippe ou Gérald Darmanin, y sont déjà et labourent le même terrain d’une politique affairiste, libérale et européiste. Le MEDEF qui n’a jamais assez de profits dans son escarcelle a demandé à Bruno Le Maire une nouvelle baisse des « charges », ce qu’ils appellent charges étant les cotisations sociales, soit un salaire socialisé, on comprend que le syndicat patronal vise aussi bien la déflation salariale, qu’une hausse de ses profits ou encore une accélération de la privatisation rampante de la Sécurité Sociale. 

Borne ne rit plus 

Borne n’a pas été en reste, anciennement « de gauche » et « socialiste » dans une autre vie, elle a une capacité incroyable à parler pour ne rien dire, Macron aussi d’ailleurs, mais dans un style plus flamboyant cependant. Donc elle va montrer au MEDEF que non, la finance n’est pas son ennemi, c’est même le contraire. Mais comme elle fait semblant de gouverner et qu’officiellement elle est chargée de faire quelque chose pour tenter d’enrayer le réchauffement climatique, elle discourt sans faire de la peine à l’ombrageux Geoffroy Roux de Bézieux qui est très content des services de Macron, qui le dit, et qui en redemande. Voilà donc cette contrebuse qui avance d’abord qu’elle est bien d’accord avec le MEDEF pour serrer les couilles des chômeurs – on s’en serait douté, quoiqu’elle soit en désaccord avec un autre guignol de la gauche de droite sur ce point, Laurent Berger qui n’en veut pas[3]. Pour le réchauffement climatique, bien que Macron, du haut de son scooter des mers, nous ait dit que c’était fini de rire et de nous goberger en consommant n’importe quoi, Borne nous dit que non, la décroissance n’est pas à l’ordre du jour ! Pourquoi ? Ça ne vous regarde pas, et déjà que vous osiez poser cette question fait de vous un suspect potentiel. Donc si on comprend bien les deux têtes molles de l’exécutif, on vise la croissance, mais pas pour plus consommer ! Si ce n’est pas pour consommer puisque la fête est finie, c’est pour les superprofits, non ? Et le réchauffement climatique qui a transformé la planète en une sorte de sauna gratuit pour tout le monde ? Et bien la réponse de Borne c’est de demander, mais pas d’imposer bien sûr, les patrons sont irascibles, de réduire leur consommation d’énergie[4]. Au passage elle a bien souligné que les dépenses extravagantes des milliardaires qui prennent leurs jets privés ne sont pas concernés : son ennemi, ce n’est pas la finance, mais le petit commerce qui a oublié de fermer sa porte pour profiter de la climatisation va morfler des amendes plus ou moins salées, ou les pauvres qui se chauffent un petit peu trop l’hiver venu[5]. Les amendes et le rationnement à venir c’est pour les gueux, il ne faut pas ennuyer les milliardaires avec leurs jets privés ou leurs yachts. Ils ont déjà bien trop de soucis à porter sur leurs épaules le poids du monde. 

Roux de Bézieux ne veut pas de la réforme des retraites de Macron 

Malgré ses efforts pour se mettre bien dans les petits papiers de la haute finance, le gouvernement et Macron sont critiqués par le MEDEF. Pourquoi ? Parce que le MEDEF ne veut pas de la réforme des retraites, il juge qu’on en a déjà fait assez et que le financement d’icelles est assuré pour disons les trente prochaines années. Après, on ne sait pas où on en sera ! Roux de Bézieux l’a annoncé le 29 août lors de l’université d’été de sa boutique. Ces gens là n’ont pas la reconnaissance du ventre, Macron et Borne se mettent en quatre pour leur assurer des méga-profits, en retour ils pourraient bien laisser Macron s‘amuser à emmerder les retraités. Désavouant par avance les tentatives de reformes macroniennes sur le sujet, il y aura des retombées : si Macron abandonne son idée stupide, il avouera qu’il fait ce que le MEDEF et Bruxelles lui disent de faire, qu’il n’a pas un brin d’autonomie. Si à l’inverse il s’obstine – car ce n’est pas la première fois que Roux de Bézieux se dresse contre cette réforme hasardeuse, alors il risque de vois ses financements pour ses campagnes électorales fortement réduits. Ceci dit on sait très bien que la parole du MEDEF et de son président, ça ne vaut rien, comme la parole des Américains et de l’OTAN. Il y a tout juste un an, Roux de Bézieux promettait des augmentations de salaires. Cette promesse n’a pas été suivie d’effet, un peu comme quand le MEDEF promettait de créer 1 million d’emplois contre le CICE – au final il n’y a rien eu du tout. La hausse des salaires en moyenne sur un an a été de 3% ! Mais comme la hausse des prix a été de 6%, les salaires ont réellement baissé de 3 %, ce qui a entraîné bien évidemment un creusement des inégalités et une explosion extravagante des profits des plus riches ce qui alimente évidemment les rancœurs dans une situation socialement explosive[6].



[1] Grâce à cette manne, dans un pays pourtant exsangue, les députés ukrainiens se sont voté une augmentation de salaires de 70 %, ce qui a provoqué la colère des citoyens !

https://news.obozrevatel.com/society/poka-lyudi-sobirayut-po-grivne-na-bajraktaryi-v-seti-razrazilis-gnevom-na-reshenie-nardepov-povyisit-sebe-okladyi.htm

[2] https://www.investigaction.net/fr/le-sol-se-derobe-sous-les-pieds-de-zelensky/?fbclid=IwAR2mtDFK2iHB2U5b0-GXbKwrd5gjxWwpTLFh1zXjC6S2H04j8K68lHm8sPQ

[3] https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/08/30/laurent-berger-ce-n-est-pas-en-reduisant-les-droits-des-chomeurs-qu-on-atteindra-le-plein-emploi_6139488_823448.html

[4] https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/direct-elisabeth-borne-va-demander-aux-entreprises-de-reduire-leur-consommation-d-energie-de-10_5331709.html

[5] https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/energie-premieres-amendes-pour-les-portes-ouvertes-avec-la-climatisation-dans-les-magasins_5306155.html

[6] https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/edito-universite-d-ete-du-medef-les-augmentations-de-salaire-promises-n-ont-pas-eu-lieu-7900179514

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